Charlemagne_vf
[Death Becomes Béatrice]*
Prince de France endeuillé, Charlemagne Henri Lévan arrivait en la Sainte et Parisienne Chapelle. Suivi de près par sa gouvernante, véritable garde, à l'affut, il venait mener une Reine à son tombeau, une mère à son berceau.
L'Infant, fier Castelmaure, descendant de Roi, descendant de Pairs, au sang empreint de ces noms : Béatrice, Guise, Lhise, Knightingale, se dirige vers le gisant de la Première.
Alors que ses yeux s'élèvent, se détournant des pavés glacés, l'Altesse Royale voit cet homme embrasser SA mère, son aimée génitrice, sa défunte. Le cur jaloux du garçon se serre devant cet inconnu au geste infâme.
Peu avant, le Roi de Lotharingie s'est fait annoncer en pompe, et Charlemagne les méprise tous, ces êtres qui se pensent important devant le corps de la Reine de France.
L'Aiglon hésite un moment à apostropher le barbu, lui demandant quel était son geste. Mais il n'est pas encore aigle, il n'est pas encore Charles de Castelmaure. Le lourd héritage qui pourtant le destine à pourfendre par la lame et la plume affaisse un enfant plus qu'il ne l'élève, jusqu'à ce qu'il montre force et courage d'assumer. Charlemagne, s'il est orgueilleux et conscient de son importante hérédité, n'assume pas encore.
Froid, et la démarche sûre, le garçon approche de la dépouille, et faisant fi des gardes, il s'élève sur la pointe des pieds afin d'imiter le soldat.
Il dépose ses lèvres sur la joue de Béatrice, et étend avec peine ses bras vers elle.
Celui qui s'est promis, après cette sombre soirée de fuite, de ne plus pleurer, verse une larme.
Elle est là, elle est devant lui, dormant, inerte. Jusqu'alors, il n'avait pas vu la Reine de France, pas plus que son époux le Roi, son père, morts.
Ô la douce présence maternelle, dont la froideur est tranchante, mais dont le contact est brûlant.
Un mot aussi, se mêle à la larme, et la voix tremblante d'un enfant qui pleure, d'un enfant qui renifle tente d'exprimer son amour.
Je t'aime maman.
Mère si lointaine de son vivant, si pesante dans la mort, mais si aimante en ces instants de connivence avec ses enfants.
Le temps passe, et le Prince semble rester longtemps ainsi.
Enfin, dans une dernière inspiration, il s'éloigne, après avoir déposé sur les lèvres royales et maternelles, un baiser.
Aurélien Maledent de Feytiat est sa cible, et le regard guiséen se pose dans celui du prélat.
Quelle est ma place, Monsieur ?
Quelle est la place d'un Fils de France orphelin, au milieu de tous ces enfants de la France, venus rendre hommage à leur défunte ?
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* La mort sied à Béatrice.
édit pour coquille.
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Prince de France endeuillé, Charlemagne Henri Lévan arrivait en la Sainte et Parisienne Chapelle. Suivi de près par sa gouvernante, véritable garde, à l'affut, il venait mener une Reine à son tombeau, une mère à son berceau.
L'Infant, fier Castelmaure, descendant de Roi, descendant de Pairs, au sang empreint de ces noms : Béatrice, Guise, Lhise, Knightingale, se dirige vers le gisant de la Première.
Alors que ses yeux s'élèvent, se détournant des pavés glacés, l'Altesse Royale voit cet homme embrasser SA mère, son aimée génitrice, sa défunte. Le cur jaloux du garçon se serre devant cet inconnu au geste infâme.
Peu avant, le Roi de Lotharingie s'est fait annoncer en pompe, et Charlemagne les méprise tous, ces êtres qui se pensent important devant le corps de la Reine de France.
L'Aiglon hésite un moment à apostropher le barbu, lui demandant quel était son geste. Mais il n'est pas encore aigle, il n'est pas encore Charles de Castelmaure. Le lourd héritage qui pourtant le destine à pourfendre par la lame et la plume affaisse un enfant plus qu'il ne l'élève, jusqu'à ce qu'il montre force et courage d'assumer. Charlemagne, s'il est orgueilleux et conscient de son importante hérédité, n'assume pas encore.
Froid, et la démarche sûre, le garçon approche de la dépouille, et faisant fi des gardes, il s'élève sur la pointe des pieds afin d'imiter le soldat.
Il dépose ses lèvres sur la joue de Béatrice, et étend avec peine ses bras vers elle.
Celui qui s'est promis, après cette sombre soirée de fuite, de ne plus pleurer, verse une larme.
Elle est là, elle est devant lui, dormant, inerte. Jusqu'alors, il n'avait pas vu la Reine de France, pas plus que son époux le Roi, son père, morts.
Ô la douce présence maternelle, dont la froideur est tranchante, mais dont le contact est brûlant.
Un mot aussi, se mêle à la larme, et la voix tremblante d'un enfant qui pleure, d'un enfant qui renifle tente d'exprimer son amour.
Je t'aime maman.
Mère si lointaine de son vivant, si pesante dans la mort, mais si aimante en ces instants de connivence avec ses enfants.
Le temps passe, et le Prince semble rester longtemps ainsi.
Enfin, dans une dernière inspiration, il s'éloigne, après avoir déposé sur les lèvres royales et maternelles, un baiser.
Aurélien Maledent de Feytiat est sa cible, et le regard guiséen se pose dans celui du prélat.
Quelle est ma place, Monsieur ?
Quelle est la place d'un Fils de France orphelin, au milieu de tous ces enfants de la France, venus rendre hommage à leur défunte ?
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* La mort sied à Béatrice.
édit pour coquille.
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