Kayhan
[Dans un coin de campagne paumé en bordure de Touraine]
Elle a les fesses posées sur une semblant de grosse caillasse fichée dans la boue d'un sentier, qui longe plus ou moins la route principale.
Les genoux sous le menton et le fauchon posé en travers des cuisses.
Position dont la brunette a pris l'habitude lorsqu'elle compte, d'un air peu amène, les écus et deniers venant gonfler sa bourse.
Pas mal. Mais...
Insuffisant pour ses projets futurs.
Ils coûteront cher.
Ça, ça devra attendre, encore et toujours.
Insuffisant pour ses projets immédiats.
L'endroit est vide de tous bouge ou auberge qui permettraient un repos à peu près décent aux routiers et voyageurs.
Ça, ça devra attendre aussi, mais juste un peu.
Très peu même, avec un petit coup de pouce de mère Chance.
Un frisson. Elle est lasse, engourdie par le froid, et tend l'oreille.
Ses deux compagnons de route ne sont pas loin dans les abords du chemin, c'est certain,
Mais elle ne les entend pas. Encore heureux.
Les leçons rentrent au fil des jours de chasse et la brune est satisfaite.
Alors elle étire un sourire sur ses lèvres gercées par le vent glacé qui souffle en Touraine.
La Touraine...
Quittée il y a longtemps maintenant.
Laissée avec colère même, sous la fatigue d'y entendre monter crescendo le doux sifflement de bêtes à écailles et à sang froid.
Elle avait promis de ne pas y remettre les bottes, mais avait fini par venir volontairement lui prêter son épée.
Elle avait vendu tous ses biens à Tours depuis longtemps, mais la voilà qui veut maintenant ouvrir un boui-boui en rase-campagne tourangelle.
Elle s'était d'ailleurs aussi juré de ne jamais reprendre durablement un équipier, mais s'en était flanquée d'un... et berrichon qui plus est. Carrément.
Elle n'avait jamais accepté de faire dans le stage ludique, mais elle formait celui-ci, et faisait suivre une autre.
On peut dire que c'est une fin d'année bourrée d'imprévus pour la bourrique Tourangeau-Languedocienne.
M'enfin, elle gère. Les habitudes sont de mauvaises choses, parait.
Y donner de temps en temps un petit coup de balais préserverait de l'acédie.
La Provence, l'Armagnac, et l'Aragon s'étaient révélés bien ennuyeux.
Quoi que l'Aragon... Kay grimace en y repensant.
Certainement qu'elle n'y refichera jamais les bottes.
La Savoie et lHelvétie avaient été plus distrayantes.
La Guyenne et le Toulousain aux côtés des Corbeaux s'étaient révélés décevants.
Elle secoue sa tignasse. Au moins n'a t-elle pas chômé.
En un peu moins de deux années loin de la Touraine, elle n'aura pas souvent posé le balluchon.
Usant.
Par contre elle aura vu défiler du paysage varié, et un paquet de patrons tout aussi divers pour embaucher ses services.
Amusant.
Les muscles de la mercenaire tirent et lui arrachant un bref grognement lorsqu'elle lève enfin son fessard du cailloux faisant office de siège, faute de mieux,
Elle s'enfonce à nouveau dans les futaies, rejoindre les autres, préparer la nuit à venir.
Demain, elle espère pouvoir monnayer l'acquisition d'une vieille bâtisse laissée visiblement plus ou moins à l'abandon, repérée plus en amont de route, pour en faire un sommaire hôtel borgne.
Bref, il faudra donc que les affaires soient bonnes ce jour, comme les suivants.
Quand les épées sont sans maître et désuvrées par une trêve, elles font de mauvaises invitées aux mauvaises frontières.
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Elle a les fesses posées sur une semblant de grosse caillasse fichée dans la boue d'un sentier, qui longe plus ou moins la route principale.
Les genoux sous le menton et le fauchon posé en travers des cuisses.
Position dont la brunette a pris l'habitude lorsqu'elle compte, d'un air peu amène, les écus et deniers venant gonfler sa bourse.
Pas mal. Mais...
Insuffisant pour ses projets futurs.
Ils coûteront cher.
Ça, ça devra attendre, encore et toujours.
Insuffisant pour ses projets immédiats.
L'endroit est vide de tous bouge ou auberge qui permettraient un repos à peu près décent aux routiers et voyageurs.
Ça, ça devra attendre aussi, mais juste un peu.
Très peu même, avec un petit coup de pouce de mère Chance.
Un frisson. Elle est lasse, engourdie par le froid, et tend l'oreille.
Ses deux compagnons de route ne sont pas loin dans les abords du chemin, c'est certain,
Mais elle ne les entend pas. Encore heureux.
Les leçons rentrent au fil des jours de chasse et la brune est satisfaite.
Alors elle étire un sourire sur ses lèvres gercées par le vent glacé qui souffle en Touraine.
La Touraine...
Quittée il y a longtemps maintenant.
Laissée avec colère même, sous la fatigue d'y entendre monter crescendo le doux sifflement de bêtes à écailles et à sang froid.
Elle avait promis de ne pas y remettre les bottes, mais avait fini par venir volontairement lui prêter son épée.
Elle avait vendu tous ses biens à Tours depuis longtemps, mais la voilà qui veut maintenant ouvrir un boui-boui en rase-campagne tourangelle.
Elle s'était d'ailleurs aussi juré de ne jamais reprendre durablement un équipier, mais s'en était flanquée d'un... et berrichon qui plus est. Carrément.
Elle n'avait jamais accepté de faire dans le stage ludique, mais elle formait celui-ci, et faisait suivre une autre.
On peut dire que c'est une fin d'année bourrée d'imprévus pour la bourrique Tourangeau-Languedocienne.
M'enfin, elle gère. Les habitudes sont de mauvaises choses, parait.
Y donner de temps en temps un petit coup de balais préserverait de l'acédie.
La Provence, l'Armagnac, et l'Aragon s'étaient révélés bien ennuyeux.
Quoi que l'Aragon... Kay grimace en y repensant.
Certainement qu'elle n'y refichera jamais les bottes.
La Savoie et lHelvétie avaient été plus distrayantes.
La Guyenne et le Toulousain aux côtés des Corbeaux s'étaient révélés décevants.
Elle secoue sa tignasse. Au moins n'a t-elle pas chômé.
En un peu moins de deux années loin de la Touraine, elle n'aura pas souvent posé le balluchon.
Usant.
Par contre elle aura vu défiler du paysage varié, et un paquet de patrons tout aussi divers pour embaucher ses services.
Amusant.
Les muscles de la mercenaire tirent et lui arrachant un bref grognement lorsqu'elle lève enfin son fessard du cailloux faisant office de siège, faute de mieux,
Elle s'enfonce à nouveau dans les futaies, rejoindre les autres, préparer la nuit à venir.
Demain, elle espère pouvoir monnayer l'acquisition d'une vieille bâtisse laissée visiblement plus ou moins à l'abandon, repérée plus en amont de route, pour en faire un sommaire hôtel borgne.
Bref, il faudra donc que les affaires soient bonnes ce jour, comme les suivants.
Quand les épées sont sans maître et désuvrées par une trêve, elles font de mauvaises invitées aux mauvaises frontières.
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