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[RP] Dis-moi qui je suis !

Dante.tommaso
[Italie – La Serenissima Repubblica di Venezia – Septembre 1459]


- Humm Bellissima …. Signorina*…

Une main glissait sur l’épaule d’une oiselle aux formes généreuses. Cette dernière cambrait déjà les reins afin d’accentuer le mouvement de sa tête qui, penchée sur le côté, lui conférait une attitude de complet abandon. Mais l’Italien n’était pas dupe et même si ses doigts s’étaient emmêlés à la chevelure de la blonde vénitienne, il savait qu’elle n’était là que sur ordre de la taulière, feignant ses soupirs et ses gestes doux afin d’amadouer son bienfaiteur.

    Pupilles dilatées, souffle court, la flamme de l’envie s’allume en moi alors que j’imagine ce corps qui se vrillera bientôt sous mes assauts impudiques et je sais qu’il ne me faudra pas longtemps pour la prendre comme je le désire. Trop naïve, trop obéissante, la peur de ne pas donner satisfaction et de se faire réprimander, la blondine joue à la grande mais n’en est encore qu’aux balbutiements. Les catins défilent dans ma vie depuis trop longtemps pour que je me laisse avoir, jolis minois fusent-ils entre mes bras.
    Sourire désabusé, je laisse traîner mes lèvres sur le soyeux de sa peau, entre les deux monts que je caresse inlassablement. Dès lors, la blondine joue et m’offre son corps sans aucune retenue… Trop facile, cela en devient presque vexant…
    Alors pour épicer le jeu, je me détache d’elle, allonge mon bras et m’en vais saisir un verre de vin que je m’emploie à lui faire boire avant de goûter ses lèvres, happant sans vergogne sa lippe inférieure, mordant sa chair au goût fruitée comme je l’aime. Ma main libre s’insinue dans le dos de l’ingénue, la maintenant fermement contre mon torse et je sens une certaine résistance naitre en elle. Un sourire aux bords des lèvres apparait sur mon visage. Une lueur perfide étincelle dans mes pupilles, je sais qu’elle va enfin me donner ce que je désire. J’applique à nouveau mes dents sur sa chair tendre. La morsure en vient à faire apparaitre une petite perle de sang, je la lèche sans perdre un instant.
    Mes dents se plantent maintenant sur son épaule, remonte dans son cou, mes doigts s’éparpillent dans ses cheveux les tirant légèrement vers l’arrière. Je maintiens sa tête afin qu’elle ne m’échappe pas tandis que ma dextre a déjà retroussé sa robe et la fouille avec hardiesse et sans aucun ménagement. Mes gestes ont oublié la tendresse et la volupté de mes premiers baisers et soudain, une once de peur se lit sur son visage. Elle n’a pas l’habitude d’être entre des mains qui la malmènent aussi brutalement. Je le sais, je l’ai choisi pour ça. C’est la plus tendre du bordel que je fréquente ce soir et pas de chance pour elle, je ne ferai pas dans la dentelle.
    Maintenant, il est temps de passer aux choses sérieuses. Et tandis que je tire sur sa jambe afin de l’allonger sans ménagement, mes doigts ont déjà glissé sur son cou et telles des serres d'aigles maintiennent sa tête pour qu’elle ne m’échappe point, j’entends la porte de la chambre qui s’ouvre. Une présence s’approche. Rien qu’à la démarche je sais de qui il s’agit et tandis que je détache la ceinture de mes braies qui coulent hâtivement sur mes cuisses laissant apparaitre une partie de mon anatomie, ma voix gronde et claque comme un fouet.


- Tu choisis mal ton moment Lupino !

- Scusi messer Ceresa ma… Signora Ceresa** vous intime l’ordre de rentrer ! Une affaire de la plus haute importance requiert votre présence messer !

Un long soupir se fit entendre dans la pièce et déjà la main crispé sur le cou de la jeune femme se détendait imperceptiblement. Repoussant ce corps à l’allure juvénile sur les draps froissés, Dante se relevait hâtivement.

- C’est bon j’arrive…


    Il y a des jours comme ça où vous ne pouvez pas aller contre votre destin. Je regarde la garce qui échappe finalement à une triste soirée. Le fait de parler de ma mère et Lupino a réussi à me mettre en berne. Je le retiens celui-là, franchement. Encore un coup pareil et je le tue de mes mains. Ce n’est pas parce qu’il est à mon service depuis que je suis en âge de forniquer qu’il va m’empêcher de vivre comme je l’entends !


Une main sur ses braies que Dante remontait rapidement, une autre sur la botte qui trainait, l’italien tentait de rassembler ses affaires tout en s’habillant à la hâte. Le temps de passer son épée autour de sa taille, d’enfiler sa cape sur ses épaules et il sortit sans un mot ni même un regard pour la jolie blondine qui observait la scène surprise et sans aucun doute offusquée. Heureusement, Lupino connaissait bien son maître et ses méthodes expéditives aussi prit-il l’initiative de poser une bourse remplit de ducats sur la table en faisant signe à la donzelle de se taire puis il courut derrière son maitre, les pas des bottes claquants sur le marbre de la demeure qui tenait lieu de bordel.



[Palazzo Albertini – Quartier Castello -Venise]



Une colère sourde grondait entre les murs du palais. Des voix s’élevaient, des cris fusaient. Jamais encore on n’avait assisté à tel spectacle dans ces lieux de beauté et de grâce mais ce soir, oui ce soir, Dante explosait littéralement. Sa mère, celle qui lui avait donné la vie et élevé dans l’amour de ce dieu qu’elle glorifiait, cette femme qui ne lui pardonnait aucune incartade venait de lui arracher ses trente-deux années de vie. Quelques mots avaient suffis à tout détruire, tout dévaster. Plus jamais il ne la regarderait comme avant. Ses pupilles à l’éclat de l’acier vinrent se poser sur elle, le visage fermé, retenant ce cri qui désirait tant s’échapper de sa gorge.

- Pourquoi… pourquoi m’avez-vous fais ça mère ? Pourquoi me punir ainsi ? Toute ma vie je me suis dévoué à cette famille, toute ma vie j’ai voulu que vous soyez fière de moi… Que reste-t-il de tout ceci ?

Le visage en proie à un immense chagrin, Dante repoussa de la main cette femme qu’il ne connaissait pas. Tel un animal blessé, il préférait s’éloigner pour mieux panser ses plaies.

    Je suis là, je la regarde mais je ne la reconnais pas. Mes doigts se sont refermés, serrant les poings j’ai juste envie de cogner… frapper fort contre quelque chose ou quelqu’un qui me résisterait assez pour que je puisse le massacrer. Et je sens cette colère nauséabonde qui m’étreint et je sens ce dégout de cette vie m’arracher le cœur. Je ne peux plus la regarder en face. Cette mère que j’admirais n’est en fait qu’un monstre d’égoïsme, d’orgueil et de jalousie. Sandeo m’avait pris sous son aile pour m’offrir un avenir et elle, elle vient de réduire tout ce futur en poussière. Je sens mon cœur aux bords des lèvres, cet écœurement qui ne demande qu’à sortir et si je ne me retenais pas, je vomirais toute cette haine que j’ai pour elle juste là, pour lui montrer ce qu’elle vient de faire de moi. Et tel un moribond, je détourne mon regard, fait quelques pas en direction de la porte quand j’entends sa voix qui transperce les limbes dans lesquelles je me suis réfugié. Je m’arrête, frémis jusqu’à en trembler. Colère donne-moi la force de ne pas l'écharper…


- Dante…mon fils… vous ne pouvez que comprendre ma position… je ne pouvais pas vous…

- Silence…
    Je ne me retourne pas, je ne lui accorderai pas un dernier regard. Cette mère que je chérissais est morte ce soir. Les nerfs de ma mâchoire se contractent et je fais tout pour rester calme, respirant profondément avant de prendre la parole.


- Je ne veux plus vous entendre… Ce soir, vous m’avez perdu à jamais. Mais sachez que je ferai valoir mes droits. Mon père… mon père Sandeo est à peine sous terre que vous salissez sa mémoire. Je ne vous autorise point à blasphémer ainsi en ma présence… vous pourrez rester icelieu mais je ne veux plus que vous approchiez la demeure Ceresa ou il vous en cuira !

La porte claqua, le bruit résonna un moment entre les colonnes de marbre du palazzo Albertini. Au loin, les cloches du campanile de Saint Marc retentissaient dans le silence de la nuit tandis que la silhouette de Dante s’engouffrait dans les ruelles de la ville. Ce soir quelque chose venait de se briser en lui ; ce soir, une nouvelle vie commençait.

[Bonjour, merci de traduire les passages qui ne sont pas en français, cf règles d'or des arpenteurs. Bon jeu, Modo chef Judas.]


*Belle... demoiselle...
**Excusez-moi messire Ceresa mais.... dame Ceresa...

_________________
Dante.tommaso
[Royaume de France – Blaye – Octobre 1459]


    J’écris doucement quelques notes sur un vélin, quelques pensées et autres réflexions qui m’ont traversé l’esprit au cours des derniers jours afin de ne pas oublier même si certaines de ses idées n’ont que peu d’importance dans ma vie j’aime me souvenir, c’est plus fort que moi. Et c’est ainsi que j’ai rempli mes carnets de voyages avec les détails parfois les plus insignifiants... de Venise à Constantinople, de Coron à Alexandrie … Souvenirs qui me tirent un sourire, je lève ma plume, relis les derniers mots que cette dernière vient de coucher sur ce papier et j’attends… j’attends que l’encre sèche les yeux perdus dans le vague, pensant à cette dernière soirée à Venise… celle où j’ai claqué la porte de la forteresse de ma génitrice… je ne sais point si la souffrance qu’elle m’a infligé l’a au moins quelque peu perturbée, je n’ai pas de nouvelles et je n’en veux pas. Elle a distillé son venin le corps de mon père à peine déposé dans son caveau… je ne pourrais jamais lui pardonner. Quoi qu’elle fasse, quoi qu’elle dise, sa parole ne vaut rien et ses actions sont pour moi des affronts permanents…


Un soupir se fit entendre dans la petite auberge où Dante avait élu domicile depuis quelques jours. Sa vie avait pris une tournure à laquelle il ne s’attendait mais absolument pas et il lui fallait faire des efforts incommensurables afin de retrouver la paix à laquelle il aspirait depuis ce jour. Il avait parfois l’impression d’être pris au piège dans une immense toile d’araignée, ressemblant à ce petit moucheron que la velue s’apprêtait à bouffer avec délectation. Quoiqu’il fasse, rien ne pourrait le ramener en arrière et changer sa vie. Elle avait pris une direction radicalement opposée à celle qu’il s’était tracé depuis qu’il était en âge de le faire et maintenant, il lui fallait tout reconstruire. Mais en avait-il seulement envie ?

Un mouvement vers la porte d’entrée attira son attention. Sa pupille se rétrécit tel un chat qui observe sa proie pour finalement se dilater à nouveau, reprenant des proportions rassurantes. Le visage de cet homme au teint hâlé se détendit lentement dès lors qu’il eut reconnu son ami de toujours. Faisant signe à l’aubergiste afin que ce dernier apporte un second verre, il attendit que son compagnon soit installé pour faire couler le breuvage carmin qui déjà mettait ses papilles en appétence.

-Alors Lupino, j’espère que tu m’amènes des nouvelles qui sauront me mettre du baume au cœur mon ami. Un mois que nous sommes dans ce fichu village et je t’avouerai que ma patience à ses limites….

    Mes lèvres se retroussent légèrement, presque involontairement. Lupino sait pour me connaitre mieux que quiconque qu’à Venise j’aurais déjà mis les points sur les i à beaucoup de monde mais ici, je ne suis qu’un étranger que les gens regardent avec méfiance. D’ailleurs, la plupart du temps, ils m’évitent et me laissent tranquille au fin fond de ma taverne. A croire que les gens d’ici n’aiment point se mélanger aux autres… Drôle de mentalité et si je n’avais pas eu à rencontrer un informateur ici même à Blaye, je ne serais jamais venu jusqu’ici. Mais parfois votre destin vous entraîne sur des chemins des plus surprenants et qui ne sont pas pour vous plaire… Ceci dit, après un mois passé au milieu de nulle part, j’espère que Lupino aura de quoi satisfaire ma curiosité. J’en ai besoin, cela en devient vital pour moi… Il me faut des réponses, il me faut connaître cette vérité qui a su me détruire en quelques instants. Il me faut toucher du doigt le visage de celui par qui le malheur arrive…

- Messer Ceresa… Dante… il va falloir vous armer encore de patience mais nous allons enfin pouvoir quitter ce trou à rats où vous avez décidé de nous enterrer !

- Modère tes paroles Lupino où je te coupe la langue. J’aurais au moins gagné en tranquillité !

Soupirs désespérés devant l’attitude des plus irritables de son maitre, le dit Lupino, grand gaillard légèrement plus âgé que Dante à la chevelure aussi noire qu’une pointe de graphite, savait que l’héritier des Ceresa ne plaisantait pas. Il l’avait déjà vu à plusieurs reprises user de cette autorité sur de pauvres bougres qui l’avaient cherché et ne tenait pas à subir le même sort. Même si au fond de lui-même il se savait protégé par la place qu’il occupait, un coup de colère était vite arrivé. Surtout qu’en fin de compte Dante avait une personnalité si complexe que se fier aux apparences n’était aucunement gage de longévité.

L’âme damnée de Ceresa reprit la parole non sans avoir humecté ses lèvres et fait glisser le vin dans son gosier asséché. Faisant claquer sa langue contre son palais, il plongea son regard dans celui de Dante, cherchant à savoir si en fin de compte il était prompt à entendre la vérité. Gonflant les pectoraux, prenant un peu d’assurance, le deuxième italien se frotta les mains avant de reprendre la parole.


- Il va nous falloir bouger rapidement et nous diriger vers le duché voisin. Sortez donc votre carte que je vous montre… d’après les informations que j’ai eu, on retrouve des traces par ici et ici… il serait sage d’aller au plus près mais…. J’ai autre chose pour vous Messer…

Sortant de sa poche de gilet un petit bout de vélin froissé, Lupino le tend à Dante et les yeux de ce dernier s’écarquille sous l’information.

- Tu en es certain ?

Hochement de tête, le brun savait que son maître douterait alors il avait vérifié et revérifié l’information. D’ailleurs sa bourse de ducats s’était considérablement allégée et il lui faudrait redemander quelques pièces d’or pour soudoyer encore, ils n’étaient pas au bout de leur chemin.

-Bene… Andiamo… nous n’avons plus rien à faire ici. Départ à la tombée de la nuit et que je ne t’entende par râler parce que la route est longue…


    Je sais que j’exagère, je sais que ce n’est point un mauvais bougre mais il est là et si j’ai besoin de m’en prendre à quelqu’un cela sera lui. Avec la chance que je me traîne en ce moment, je ne vais pas aller agresser le premier péquin du village sinon je vais me retrouver dans les geôles du coin sans avoir compris ce qu’il m’arrivait…. Je plie ma carte, jette quelques pièces sur la table pour le vin ainsi que le pain et le fromage offert par l’aubergiste et nous sortons. Il nous reste encore beaucoup de choses à faire et à gérer. Il va me falloir écrire mais j’ai encore le temps… tout vient à point à qui sait attendre finalement.

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Dante.tommaso
Les jours et les lieues s’avalaient au fur et à mesure que Dante et Lupino avançaient dans la direction voulue. Bien que l’Italien se demandait encore comment tout se passerait entre eux et lui, il se forgeait sa propre opinion petit à petit et savait ce qu’il voulait vraiment au fond de lui. L’âme sombre qui surgissait du plus profond de ses entrailles ne voulait faire aucune concession. Sa vie avait été ruinée sur de simples paroles par cette mère si aimante qu’elle l’avait étouffé depuis aussi loin que remontait ses souvenirs, lui inculquant des valeurs qui s’en trouvaient faussées actuellement. Sans compter les préceptes religieux qu’elle s’était adjugée de lui donner allant jusqu’à lui administrer des châtiments corporels lorsqu’il commettait une faute et ce dès son plus jeune âge. Un mouvement d’épaule pour chasser ce souvenir âpre qui grouillait dans sa tête répandant son fiel dans son esprit au point de revoir la dernière fois où il avait reçu le fouet. Les marques qu’il avait alors gardé de longues semaines durant l’avait fait se tenir à carreau ne comprenant pas toujours pourquoi sa mère agissait ainsi. Machinalement, la douleur lancinante de son épaule se réveilla, lui rappelant la trace à jamais qu’il garderait.

Sourire amère, Dante avait le cœur aux bords des lèvres de penser à cette mère qui lui avait fait payer le prix de sa propre tromperie. Lui qui n’avait rien demandé avait reçu cette éducation parce qu’il lui rappelait constamment cette faute. Depuis sa venue au monde, il avait payé pour les fautes d’autrui et maintenant qu’il savait cette sordide vérité, sa haine envers cette femme et cet homme n’allait qu’en augmentant au point de le rendre fou de douleurs. Mais l’homme avait le don de masquer ses souffrances et ce fut le visage certes fermé mais emprunt à un tumulte intérieur des plus furieux qu’il releva la tête. Voyant que le soleil allait bientôt se coucher, Dante héla son homme de confiance.


- Lupino… nous nous arrêterons au prochain village. Il me faut rédiger quelques courriers. Il est temps maintenant….

Le brun se retourna, croisant le regard de son maître su que sa décision serait irrévocable. Dans un sens ou dans un autre, Dante avait cet air buté qu’il lui connaissait que trop bien. Grimaçant légèrement, Lupino sut que rien ne pourrait faire changer d’avis le fils Ceresa… du moins dans l’immédiat. Hochement de tête de la part du bras droit, il donna un coup de talon dans le flanc de son cheval. Bientôt les toits des premières chaumières s’affichèrent devant leurs yeux et il sut ce qu’il avait à faire.


    Voilà nous y sommes, je ne peux plus reculer. Il faut qu’ils sachent. Pourquoi devrais-je porter le poids de cette faute seul… plus le choix, d’ailleurs elle-même ne me l’a pas laissé. J’ai vu dans le regard de Lupino la peur que cet acte pouvait engendrer mais qui sème le vent récolte la tempête… Je dois porter et assumer les erreurs de mes parents depuis ma venue au monde, aucune alternative m’est offerte alors andiamo !


La porte de l’auberge fut passée, Dante s’adressa à l’homme qui servait quelques verres à une clientèle hétéroclite puis alla s’asseoir dans un coin. Lueur pâle de la petite bougie posée sur la table, elle vacilla légèrement lorsque l’homme prit place. Le temps de sortir son écritoire de voyage et l’aubergiste lui avait apporté un pichet de vin frais à l’arôme envoutant qui fit frémir les papilles du bonhomme. Versant une bonne rasade dans le gobelet d’étain qui était posé à côté, il ne se fit pas prier pour faire descendre le breuvage dans sa gorge asséchée par la poussière de la route et sentant peu à peu une douceur l’envahir, il prit donc sa plume et commença à rédiger ses courriers.



A vous l’aîné, Elicas de Pendragon, héritier de Theodore Pendragon,
Salutations.

A l’heure actuelle, vos yeux se posent sur ces quelques lignes et mon nom doit vous apparaitre complètement inconnu. Toutefois, je gage que bientôt vous le maudirez… mais avant d’en arriver là, venons-en au fait de ce courrier. Me voilà, moi simple commerçant italien, à vous écrire car l’heure est grave. En effet, je suis détenteur d’une information qu’il me faut partager avec votre personne et tout membre de votre famille qui se sentira plus ou moins concerné par cette affaire que je vais porter à votre connaissance.

Permettez-moi de sourire légèrement car je sais que je vous agace déjà et ce n’est point fini… Alors pour en venir au cœur du sujet qui nous préoccupe aujourd’hui, je me dois donc de vous faire part d’une nouvelle que vous prendrez comme vous le voudrez. Il ne m’appartient point de vous dicter votre conduite mais je vous ferai part de la mienne à la fin de cette missive. Donc, revenons à nos moutons ou plutôt à notre famille. Oui, vous avez très bien lu… Notre famille puisqu’il est de fait que votre père Théodore Pendragon le bien nommé a fait un nouveau petit bâtard... Oh vous ne vous attendiez point peut être ? Pourtant il est de notoriété publique d’après les renseignements que j’ai eus récemment que ce fut quelqu’un qui donnait énormément de sa personne… Bref, je ne suis pas là pour lui intenter un procès mais simplement pour… pour quoi d’ailleurs ? Allez savoir !

Me voilà à trente-deux ans avec une famille que je ne connaissais point, légitime et illégitime, peu m’importe. Je n’ai pas demandé à faire partie des vôtres, on m’a imposé cette nouvelle comme je viens vous la donner. Mais rassurez-vous cher … frère, je ne demande aucune légitimité. Je suis né Ceresa et Ceresa je le resterai. Alors pourquoi me manifester me demanderez-vous ? Tout simplement pour vous faire part qu’un nouveau frère vit de part le monde, que cette nouvelle a été pour moi un choc et que j’ai eu besoin de retrouver celui qui avait ainsi pourri ma vie. Malheureusement on m’a aussi appris que celui qui a donc engrossé ma mère sans pour autant assumer sa paternité puisqu’il était déjà marié est mort et bien mort. J’arrive donc trop tard pour pouvoir le regarder en face et lui dire tout le bien que j’éprouve envers lui. Et puisque j’ai souffert de cette annonce, autant en faire profiter les autres membres de cette famille, qu’elle connaisse la vérité et souffre en cœur avec moi ! Ce n’est point trop demandé n’est-ce pas ?

Mon insolence vous surprendra mais devant cette triste histoire je ne peux qu’être amertume et écœurement ne vous en déplaise… Aussi je vais laisser ma plume et sans aucun doute vous foutre la paix à laquelle vous aspirez soudainement. Ne vous faites pas d’entorse au cerveau en ce qui me concerne cher frère, j’ai grandi sans famille depuis que je suis venu au monde, je peux très bien continuer… Vous voilà gardien d’un secret de famille, je vous laisse seul juge de savoir ce que vous en ferez. Soit le taire à jamais, soit en faire part aux autres Pendragon encore en vie… Vous êtes l’aîné et le garant de la bonne tenue de cette famille, vous agirez au mieux de ses intérêts.

Ah et puis si vous mettiez ma parole en doute, sachez que ma mère, Signora Maddalena Paola Ceresa née Alberti est encore en vie. Et que si vous désirez plus de renseignements afin de savoir si mensonge sur cette filiation il y a, je vous conseille de prendre directement contact avec elle. Je doute qu’elle soit ravie de vous donner des détails d’avec votre, que dis-je, notre père mais à la guerre comme à la guerre, vous saurez sans doute vous y prendre pour la faire parler.

Addio

Fait à Bordeaux, le 9 novembre 1459


    Je relis une dernière fois ce courrier assassin, en sable l’écriture afin que l’encre sèche plus rapidement puis je l’enroule avant de le fermer correctement par un sceau de cire. Dernier geste avant d’ouvrir les hostilités, dernier rempart avant que soit lancé cette révélation… Je ne peux que penser à ce père qui m’a élevé comme son propre fils me soustrayant à l’influence de ma mère durant toutes ses années… Je comprends mieux pourquoi il a tenu, dès mon plus jeune âge, à m’emmener avec lui durant ses voyages et à faire de moi ce que je suis… Sandeo Lodovico Ceresa, il sera toujours mon père et je suis fier d’être son fils !

_________________
Dante.tommaso
[France – Saint Liziers – Novembre 1459 --- Quand on cherche, on trouve]

    D’Italie à la France, le voyage avait été long, très long, trop long… maintenant que Lupino m’a donné des noms, je sais ce que je dois faire. Envoyé une missive à l’ainé, cela a été fait rapidement mais je veux voir, savoir, comprendre, faire connaissance ? Non peut être pas, à quoi cela servait-il finalement ? Ma vie a été réduite à néant le jour où mère a prononcé ces tristes paroles et rien ne changera cette situation. Il me faut vivre avec mais je ne peux m’empêcher de penser à toute cette histoire et bien évidemment il me faut aller jusqu’au bout désormais pour m’en défaire, m’en débarrasser, la mettre dans un tiroir et ne plus y penser. Advienne que pourra, je ne peux plus faire machine arrière.

Assis dans cette auberge, Dante observait les gens. Souriant en coin, son visage ne trahissait aucun sentiment particulier, aucune émotion. Les plus durs, les plus chaotiques, les plus mortels il les enfouissait dans les tréfonds de son âme sinon il risquait rapidement de faire un malheur. Mais pour le moment tout se passait bien. Il réagissait comme à l’accoutumée, charmant et distant à la fois, sourire aux bords des lèvres histoire d’être agréable… De toute manière, les gens de ce petit village semblaient accueillants et forts sympathiques. Différents de Blaye où lui l’étranger avait eu du mal à trouver sa place les quelques semaines où il avait été contraint et forcé de rester. Tant que Lupino n’avait pas eu les informations concernant cette famille, il leur avait été impossible de bouger. Et au lieu de rester à Bordeaux comme initialement il l’avait prévu, Dante s’était vite rendu compte que la vie dans cette grande ville était hors de prix et qu’il valait mieux se replier sur un petit village afin de préserver leur finance qui bien que conséquente devait perdurer un moment, ne sachant quand la fin de son voyage s’amorcerait. Donc, installation dans un petit village qui ne payait pas de mine mais quel petit village finalement ! Dévoré par des querelles intestines, la moindre vente sur le marché d’untel créait une jalousie sans précédent ce qui avait pour effet de mettre le feu aux poudres chez les autres. Ses pensées dérivèrent vers la jeune fille rencontré là bas, charmante et au visage d’ange qu’il lui avait offert une étole avant de partir. Une madone au visage de porcelaine, il ne pouvait qu’être subjugué par cette beauté intemporelle mais son passé le rattrapait, son avenir en dépendait et il n’était guère sentimentaliste. A moins d’avoir du répondant ou de savoir lui accrocher le cœur mais jusque là, personne n’avait su l’alpaguer et lui-même savait très bien nager en eaux troubles évitant soigneusement les pièges qu’on pouvait lui tendre. Et puis il fallait rester réaliste, après les révélations de sa mère, il n’était pas prêt à prendre une épouse et à avoir une descendance. Les petites choses qui courent partout en vous appelant papa ce n’était vraiment pas fait pour lui. Mais revenons à cette histoire qui l’amenait donc jusqu’à Saint Lizier.

Sortant de l’auberge municipale, Dante prit la direction de la fontaine au cœur de la place du village. Il avait donné rendez-vous à Lupino à midi afin que ce dernier lui donne les dernières informations glanées à droite ou à gauche chez quelques informateurs peu scrupuleux de dévoiler pour quelques piécettes d’or la vie d’autrui. Le brun posa alors son fessier sur la margelle de pierre et bien que le froid le saisit un instant, il ne bougea pas. A la guerre comme à la guerre, il en avait vu d’autres dans les pays qu’il avait visités et ce n’était pas la morsure de la froidure qui allait le faire bouger. Le clocher de l’église fit retentir les douze coups de midi ce qui fit lever les pupilles bleutés de l’Italien dans sa direction. Et Lupino qui se faisait attendre… la bonne humeur apparente de Dante n’allait pas durer si son homme de confiance venait à ne pointer le bout de son museau rapidement. Détendant les muscles de sa nuque, Dante tourna alors son visage vers la droite et vit enfin arriver le bonhomme d’un pas nonchalant.


- Lupino je te paie pour être rapide et non pas ressembler à ces femmes qui vont au lavoir du coin en faisant la causette ! Dio mio, tu faisais quoi encore ?

Relevant le menton avec fierté tout en observant la tenue légèrement débraillée de son interlocuteur, la tignasse en bataille et l’air benêt qu’il se trimballait, Dante écarquilla ses mirettes avant de rire franchement en tapant l’épaule de son ami.

- Toi, tu as trouvé une donzelle à trousser dans un tas de foin ! Lupino… j’espère au moins que tu as mes informations sinon gare à toi, je te tranche la langue et pense bien à tout ce que tu ne pourras plus faire avec !

Rire franc et sonore, Dante avait attrapé son ami par les épaules et lui murmura :


- J’espère qu’elle en valait le coup au moins et qu’elle t’a donné du plaisir l’ami ! Bastardo, fais attention à toi Lupino, ne l’engrosse pas sinon tu risques d’avoir doublement des ennuis…

Le regard noir de Dante fut vite trahit par la bonne humeur qu’il ressentait et il ne put s’empêcher de bousculer son compagnon, le chahutant gentiment tandis que celui-ci lui donnait quelques détails de ses galipettes campagnardes. Et les deux hommes rirent un moment avant que Dante reprenne son sérieux.

- Alors Lupino, elle vit bien dans ce village, tu en es certain ? L’ainé m’a répondu comme je m’y attendais… guère enchanté d’avoir un autre bastard pour frère ce qui m’arrange mais avant de le rencontrer comme il le propose, j’aimerais me faire une idée de cette famille Pendragon… Et si cette Thaïs habite dans le coin autant savoir à qui j’ai affaire…

- Tu voudras la rencontrer ?

- Non… non pas forcément… je veux juste l’observer… curiosité légitime quand une famille te tombe sur le coin de la figure à mon âge… je vois très bien qui est cet Elicas, je le devine et je le déteste déjà… de toute manière il n’aime pas les Italiens au moins il a le mérite d’être franc !


    J’éclate de rire en voyant que Lupino me tutoie à nouveau. Lorsque nous sommes seuls, il se laisse aller à être familier mais dans un lieu public en général, il aime jouer les distants pour mieux berner son monde et en apprendre plus facilement sur les autres... il aurait pu être comédien s'il n'avait pas été recueilli par mon père... je soupire à nouveau pour cacher ma colère, cette colère sourde qui monte en moi rapidement depuis que cette missive est arrivée jusqu’à moi. Le légitime n’avait pas de temps à perdre, ça tombait bien moi non plus, il me proposait une rencontre, il l’aurait et rapidement. Je ne suis pas homme à me défiler et je veux le regarder droit dans les yeux et voir le reflet de ce père qui est mien dans son regard. Son nom je m’en tape, qu’il se le garde, j’ai le mien et il est amplement suffisant. Je ne demande rien à ses inconnus que le droit de savoir de qui je suis le fils pour reconstruire ma vie qui s’est écroulée il y a quelques semaines. Mon père, Sandeo, a tout fait pour me protéger de ces gens, je veux savoir pourquoi… je me tourne vers Lupino et il sait dans quelle tourmente je me trouve. Si j’avais eu un frère, j’aurais aimé que cela soit lui. Chaque pas que je fais, il les accompagne, chaque pensée que j’ai il les devine, chaque acte qui est mien est le sien… mon ami, mon double, mon âme damnée, mon frère… Depuis trente ans il suit mes pas comme si j’étais sa vie, plus vieux que moi de quelques années, il a toujours été un compagnon de tous les instants et je n’ai confiance qu’en lui désormais… ma vie semble si vide soudainement… je soupire, passe une main sur ma nuque, je suis las de tout ça et je sens la main fraternelle sur mon épaule… un signe de tête, un regard complice et me voilà qui lui lance en avançant en direction de l’auberge.

- Alors dis-moi, comment était la petite que tu as coincée dans ce foin ? Tu ne voudrais point me la présenter parce que là j’aimerai bien me glisser entre des cuisses accueillantes…

Une bourrade dans l’épaule de Lupino et Dante détalait déjà comme un lapin en riant, trouvant refuge devant un bon verre de vin à une table de la taverne municipale.
_________________
Eliane_
[Dans les ruelles de Saint Liziers]

L’air frais de l’hiver doucement s’annonce, se glisse sur la peau laiteuse et son sourire en coin traduit son arrogance. Il ne la mordra pas, il ne brûlera plus ses cuisses par sa morsure glacée…Désormais, Eliane était correctement vêtue, ses jambes fines étaient recouvertes de braies nouvellement acquises. Elle avait enfin tout pour ressembler à une villageoise banale, l’uniforme et la façade.

Ces journées étaient commandées par une lutte quotidienne vers la normalité. Le visage toujours souriant cachait en son sein une dualité complexe et épuisante. Les regards, de force, étaient rivés vers les hommes. Son assurance de femme cachait sa virginité par de vils subterfuges limités eux même par son trop peu de connaissances. Il allait lui falloir s’instruire et plus les nuits passaient plus Eliane songeait à côtoyer des lieux de plaisirs ouverts aux hommes, pour que son ignorance jamais ne la trahisse.

Nouvellement parée, l’esprit embrumé Eliane s’avance dans les ruelles qui savent si bien la soulager. La pucelle se fait discrète et se rapproche sensiblement d’un quartier qu’elle ne connait que trop bien. La prudence était de rigueur dans un si petit village. Les ragots volaient contre quelques pièces, l’adultère se vendait au prix fort et parmi les catins de misère se glissait de perfides femmes. La blonde distinguait sans mal ces femelles, trop fières pour avoir connu la véritable indigence, trop parfumées pour être de ces traines misères habituées aux lieux putrides…Pire que des putains, des créatures vénales.

Vidant sa bourse dans la main d’une nouvelle conquête, la blonde subit la vengeance de l’hiver.
Au fur et à mesure que les habits glissent sur sa peau, le froid la saisit, lui arrache quelques frissons, fait durcir le sommet de ses monts. L’air se faufile, vicieux, scélérat. Ce n’est désormais qu’à cette femelle si grassement payée qu’Eliane devra la source de sa chaleur.

Le temps passe et les doigts glissés dans la chevelure rousse, Eliane est sortie de sa torpeur par une agitation étrange. Vulgairement rhabillée, les cheveux encore en bataille, une putain s’avance et ne peut retenir des rires et des exclamations à couper l’envie et la concentration de la blonde. Soupirs.

Les filles vous n’allez pas me croire ! Regardez ! Secouant une bourse bien remplie, la ribaude laisse sa joie s’exprimer au profit de la prudence.
Et devinez ! Cet homme a été le meilleur client que j’ai pu connaitre depuis ces années !! Et ce n’est pas le meilleur !
Les putains rient de bon cœur et intriguées s’avancent, suspendues aux paroles, aux ragots juteux.

Outre qu’il soit doté comme un étalon…et qu'il m'ait donné bien deux ou trois cris de joie ! Oui, mes amies !! Sachez que le meilleur est que j’ai eu tout ceci pour quelques renseignements seulement ! Je vous informe donc…Que ce valet qui mesure…Après une brève description physique, la concentration d’Eliane ne se relâche pas, au contraire.

Elle repousse la putain, et s’avance…. Dites-vous bien, qu’il cherchait des informations sur la famille Pendragon…Il m’aura suffi de donner le nom de Thais, la tavernière que tout le monde connait ici pour avoir cette somme !

Le cœur d’Eliane cesse brutalement de battre, les yeux rivés sur la brailleuse, elle reste pétrifiée. L’angoisse s’invite en elle, coule dans ses veines jusqu’à frapper ses tempes d’une légère sueur froide.
S’animant et posant sa main sur l’épaule de l’informatrice, la blonde s’efforce pour trouver les mots…

Que voulait-il, le sais-tu ?

Surprise par la main de la blonde, la ribaude la jauge avant de rétorquer. Apparemment ils ont fait de la route jusqu’ici pour la trouver, elle et d’autres membres. Tu comprendras que je me moquais un peu du pourquoi du comment...Repoussant sèchement la vierge, elle s’exclame une dernière fois. Il est temps que je me pose, mes pauvres jambes!

Le rire gras qu’elle lance, sonne la fin de cette pause joviale, elles retournaient toutes à leurs occupations. Un moment de détente parmi ces journées parfois trop lourde à supporter.
La putain s’avance vers elle, désirant en bonne perfectionniste, finir ce qu’elle avait commencé. A cette quête, Eliane s’y refuse, lui octroyant simplement le droit de la rhabiller et de lui redonner une apparence convenable. L’esprit est désormais trop occupé pour retrouver cette quiétude, cet abandon.

La jeune femme réfléchit à un possible stratagème pour obtenir d’autres informations pour ainsi éclaircir les désirs de cet homme. Ils devaient donc être à la taverne de Thais, qui fort heureusement, s’occupait de son enfant malade dans sa chaumière.
Eliane subit un dernier baiser dans le cou de la part de la putain et inspirée par Machiavel, elle s’avance vers la dite taverne.
D’un geste, elle ressert son bustier, retrousse un peu sa jupe et remonte ses manches jusqu’à ce que le début de la fleur de Lys se dessine dans le creux de son bras droit. Pour sûr, la Marâtre pour une fois, lui rendait service avec cette flétrissure.


[Dans la Taverne municipale]

La porte est poussée, son regard scrute aussitôt la pièce à la recherche du valet. Quelques regards insistants lui permettent de le repérer et de découvrir également son Maître. Un homme élégant, charmant même pourrait-elle penser s’il avait des formes plus féminines…Elle croise son regard, le salue d’un signe de tête et lui lance un regard impudent, presque pervers.

Un pas devant l’autre, elle s’avance vers le comptoir et commande. S’emparant alors d’une bouteille de vin pour l’apporter à ces deux hommes, l’italienne se présenta à leur table.
Elle transpire la fierté, l’impudence mais qu’importe, peut être que cela se fondra à l’image de la putain rebelle qu’elle désire incarner.

buongiorno Messires…Je tenais à offrir l’un de ces meilleurs vins aux étrangers que vous êtes. Et comme les rumeurs vont bon train, j’ai commandé un Chianti pour de braves italiens. …Il va de soi que ce gage de générosité n’est dû qu’à la condition…de cet homme, ou plutôt ce Maître…Qui j’en suis sûre, me payera suffisamment pour que j’oublie le prix de ce vin que je vous offre…en guise d’appât.

Prenant une chaise qu’elle glisse entre les deux hommes, mais néanmoins au plus près du Dante, Eliane reste assurée et confiante.

Dites-moi…Vous savez que vous avez Messire, un valet qui aura su délier la langue de ma bonne amie…Que d’éloges pour les talents cachés de ce soit disant…étalon…Si un client m’offrait autant de plaisir qu’il a su lui en donner, j’aurai assurément gagné ma journée !

La blonde débouche la bouteille, plongeant tour à tour, ses iris dans les yeux des deux hommes pour les jauger sans ménagement et les aguicher par cette lueur coquine.

Elle les sert, les laisse humer ce délicat vin et met en place le stratagème. Jouant de ses doigts fins sur sa nuque pour feinter un simple déplacement de mèche, elle en profite pour dégager sa nuque et montrer sa peau laiteuse au Maître.

Dites-moi…Si votre valet prend la peine de se distraire, en est-il de même pour vous Messire ? A moins que vous ayez soupé des putains italiennes…

"Lance toi, donne toi les moyens de le plonger dans tes filets…et cela même si c’est la première fois que tu toucheras un mâle...N’hésite pas, ne transpire pas…Imagine le autrement…"

Elle se laisse alors le loisir de l’imaginer autre, telle une femme…L’instinct de prédatrice se fait alors plus assuré et elle se laisse aller à un contact et non des moindres. Sa main se pose sur son menton pour le forcer à pivoter son visage. Une poigne douce mais ferme qui lui permet de jouer à loisir de cette chair tendre. Elle dépose un baiser sur son cou, remonte lentement, soufflant cet air provocant jusqu’à mordiller son lobe…

Avouez que la compagnie de mon corps tout en savourant ce vin, de nos terres, serait un luxe…hum ? De plus, je serais vous donner les informations…que vous recherchez.

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Dante.tommaso
[A jouer avec le feu, on s'y brûle les ailes !]


- Tu vas faire quoi Dante ? Une fois que tu auras rencontré cet Elicas…. Rentrer à Venise ou bien rester sur les terres françaises ?

- La compagnie est gérée par Mario et tu sais tout autant que moi qu’il peut se passer de moi pour un moment toutefois, j’avoue que la Serenissima me manque… Sa splendeur, ses beautés, sa décadence… ici nous sommes trop sages Lupino, vraiment trop sage…

    Rire amer se mêlant au rire moqueur que j’ai pour mon ami tout autant que pour moi, Lupino sait très bien de quoi je parle. Les tripots, l’alcool et les femmes me manquent mais aussi nos voyages à bord de la « Speranza ». Ces paysages grandioses, d’une beauté qui chavire et subjugue, ses marchés aux saveurs enivrantes qui vous invitent au voyage, ces femmes aux charmes d’un autre temps à couper le souffle qui s’offrent sous les promesses usitées qu’elles seront l’unique dans mon cœur… je ressens un froid immense d’être ainsi au loin de ce qui fait ma vie et je n’ai qu’une hâte, repartir rapidement. Que j’ai un frère, une sœur, plusieurs même m’importe peu au final. La colère m’a aveuglé un moment et j’en ai voulu et surement que je lui en veux encore à cette mère qui est mienne d’avoir dicté plus de trente ans de ma vie mais maintenant, je relativise et ce n’est que de la curiosité qui me pousse à venir rencontrer ces personnes. Mes perles bleutées se posent sur des jeunes femmes là-bas au loin qui semblent comploter. Un sourire étire mes lèvres au coin gauche relevé. Tout semble si différent de Venise ici, tout paraît si hors du temps… Je reporte mon attention sur Lupino. Il est comme moi, en proie à une envie de bouger et je vais m’atteler à nous satisfaire rapidement.


La petite auberge du village n’était guère grande mais les clients ne se bousculaient pas pour la remplir. A croire que Saint-Liziers était dépourvu de population ou alors très peu. Depuis leur arrivée, Dante et Lupino n’avaient guère eu le loisir de pouvoir échanger quelques conversations avec les habitants du cru ce qui les rendait maussade au final. L’italien leva sa main et fit signe vers le comptoir afin qu’on leur ramène une cruche de vin. Au moins, ils pouvaient se régaler avec ce breuvage qui avait autant de caractère qu’un teint plaisant.

- J’ai écris un nouveau courrier à cet Elicas afin de le prévenir que j’acceptais la rencontre sur le domaine Pendragon… Tu me trouveras quelqu’un de confiance pour le lui faire remettre en mains propres. Je ne veux pas d’intermédiaire en plus du porteur…

Dante se recula sur sa chaise tout en massant sa nuque contractée sous l’effet de la tension de toute cette histoire. Il était temps que tout ceci prenne fin car il commençait à avoir des difficultés à dormir et même à réfléchir correctement.

- Dio mio, il faut vraiment que ça se fasse rapidement tout ceci. Je n’en peux plus de tout ça…

Abattu, légèrement excédé de cet imprévu qui depuis quelques semaines dirigeait sa vie, Ceresa aurait voulu faire bouger les montagnes plus vite que cela était nécessaire. Malheureusement, la vie avait ses impératifs et il devait s’y plier. En attendant, il ferait connaissance, de loin ou de près suivant la tournure des évènements avec cette famille qui lui tombait tout cru dans le bec. Et en parlant de faire connaissance, il fallait qu’il s’attèle à rencontrer cette Thaïs Wolback né Pendragon qui serait pour lui une sœur, enfin simplement demi-sœur de par leur père. Lupino lui avait décrit mais rien ne ressemblait plus à une blonde qu’à une autre blonde et d’ailleurs, d’un coup d’œil rapide, il sourit en coin en voyant une représentante s’approcher d’eux. Se penchant vers son compagnon de toujours, il lui glissa sans même prêter attention à son entourage.

- Et que dis-tu de celle-là Lupino ? Assez plaisante pour la mettre dans ton lit ?

    J’éclate de rire. De ce rire faux qui donne le change un moment à cette salle que je manie à la perfection. Mais mon cœur n’est pas à la joie, non mon cœur est déchiré entre la raison et ma volonté de rester fidèle à ce père qui m’a élevé. Il a tant fait pour moi, je lui dois tout et pourtant, cette famille qui se dresse devant moi m’avale et m’entraine dans un tourbillon d’incertitudes, me blessant tout en me subjuguant. Ma curiosité me pousse à vouloir tout comprendre, tout connaître mais je les hais déjà. Je hais ce père qui est donc le mien, je le hais au point d’avoir souhaité sa mort si elle n’était pas déjà survenue. Et je hais ce sang qui coule dans mes veines. Je ne suis pas Ceresa et pourtant je le crie haut et fort. Pendragon n’est qu’un nom que je maudis tant je l’exècre. Je me permettrais de maudire ses représentants lorsque je les aurais rencontrés. Une voix quelque peu mélodieuse mais qui se veux trop aguicheuse me tire de ma rêverie et je pose mes mirettes sur la traînée qui tente de s’offrir sans aucune retenue. Mon éternel sourire en coin apparait et je jette un coup d’œil à Lupino qui n’en perd pas une miette.


- Du chianti… et bien ma fois, si vous n’avez rien d’autre cela sera suffisant. Pour ma part, je préfère les vins grecs qu’il m’arrive parfois de ramener au cours de mes voyages. Mais soit, vu que vous y mettez du cœur à nous le proposer…

Pupilles rétrécies telles les iris d’un chat, Dante observait sans montrer la moindre émotion sur son visage. Juste lèva-t-il un sourcil lorsque la blonde lui parla de valet, de maitre et d’étalon. Se rejetant sur sa chaise, un bras négligemment posé sur le dossier tandis que de l’autre il jouait avec son gobelet, le voilà qui reprenait la parole.

- Diavolo…Valet ? Ma qui vous parle de Valet ? Lupino est un ami, mon bras droit pour être exact et en aucun cas je n’ai l’esprit aussi réducteur pour l’affubler de ce mot si… ma comment dit-on dans votre langue… tssss aucune importance mais je vous prierais de ne point employer de tels termes en ma présence signorina, vous risqueriez de me déplaire rapidement !

Et voilà que la jeune femme se lançait à l’assaut de Dante. N’ayant rien d’autre à faire pour le moment que d’attendre afin de trouver celle qu’il cherchait, l’entreprise dans laquelle la blonde se lançait l’amusa jusqu’à ce qu’elle lui parle de renseignements qu’elle pourrait lui donner. Là, une main ferme et puissante stoppa le manège, lui enserrant les doigts qui lui maintenaient le menton et la fit reculer jusqu’à la faire s’asseoir sur une chaise à ses côtés. Sans la quitter des yeux, il l’observa de haut en bas, le visage fermé, le regard assombrit par la colère puis sa voix aux intonations naturellement basses mais à l’accent tranchant se fit à nouveau entendre.

- Je ne sais pas à quel jeu vous vous amusez avec moi mais vous risquez d’y laisser des plumes signorina. Je vous assure que je n’ai ni la patience ni même l’envie de plaisanter. Soit vous avez des informations et je vous paierai un bon prix, soit vous essayer de m’entourlouper et vous y laisserez sans aucun doute la vie ! A prendre ou à laisser.

Puis se penchant vers cette proie qui saurait l’amuser un court instant, il vint lui murmurer tout contre son oreille.

Quand aux femmes, je les préfère courtisanes et non offerte au premier venu, qu’elles soient de ma patrie ou d’ailleurs… Un minimum de savoir vivre m’intéresse plus que des lignes parfaites qui ne combleront que ma vue et point mon esprit… Mais vous pouvez vous offrir à Lupino si tel est votre désir !

Un éclat de rire moqueur résonna dans la taverne. Dante observait sans lâcher prise toutefois, il recula son visage pendant un long moment avant de reprendre son sérieux, ses traits se durcirent volontairement.

- Mais avant de jouer les putains dans le lit de mon ami, il serait préférable pour vous de parler. J’ai des doutes que vous puissiez encore le faire par la suite !

Une lueur perverse traversa le regard de l’Italien. Ses penchants n’étaient pas à remettre en cause mais ceux de Lupino non plus. Si la jeune catin qu’il avait eu entre ses bras dans la matinée était repartie comblée c’était qu’il avait estimé qu’elle pouvait lui servir pour le renseigner. Mais celle-ci avait sans doute trop parlé pour se laisser une chance de ne pas subir quelques sévices de la part du second de Dante. Bien que ce dernier reconnu en la blonde une beauté saisissante, sa mission n’admettait aucune tergiversation. De plus, il avait une sainte horreur lorsqu’on s’offrait à lui. Prédateur il était, prédateur il aimait sentir ce sentiment qui vous glaçait les veines sous l’effet de la peur et là, la blondine essayait d’inverser les rôles. Bien mal lui en prenait !

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Eliane_
La comédie est un art qui peut difficilement être maitrisé par tous. Son approche avait été maladroite voir grossière, là était son tort premier. Les doigts sont saisit par le Maître et ses traits se font aussi durs que sa voix était tranchante. La blonde était troublée mais n’en laissa rien paraître.
Si elle savait embraser, dompter des femmes, sa première approche avec un homme eut un résultat tout autre. A croire que ces êtres-ci avaient un mode de fonctionnement différent. Ce qui aurait pu inviter une femme à offrir son cou pour d’autres caresses se transforma en réaction froide quasiment frigide. Elle y réfléchira désormais à deux fois avant de retenter cette expérience avec un mâle. La pucelle aurait certainement bien des choses à apprendre sur eux…avant d’oser prétendre à ce rôle de putain.

Lorgnant le valet sous les paroles de Dante, la jeune femme lui lance un regard glacial et arrogant, celui-là même qui se traduirait par un vulgaire « Essaye si tu l’oses, tu verras ce qu’il t’en cuira ».

Le séant posé sur sa chaise, le buste droit, la putain subit la menace. Au vu de sa nervosité, l’idée se forge dans son esprit, il désirait certainement nuire aux Pendragon. Cette famille qui avait su l’accueillir à bras ouverts, l’intégrer aisément mais sans réussir toutefois à combler ce sentiment d’instabilité, de vide que l’on peut ressentir à être ainsi balancée entre deux mondes, deux familles…deux univers si distincts. Le caractère des Piccolini était unique, posé sur les valeurs d’une famille patriarcale, de la débauche, du jeu et des écus mal acquis. La famille Pendragon était plus posée, plus saine mais aussi plus élargie au point qu’elle préférait se concentrer sur quelques membres afin de ne point s’étouffer.

Prisonnière de son propre rôle, de son propre dessein et de cette soudaine solitude, Eliane inspire profondément et prenant ses aises, improvise. Il allait de soi que son idée première avait emprunté un chemin plus étroit, plus sinueux, celui-là même qu’empreinte certain coupe gorge.

Bien…Apparemment les approches directes vous hérissent le poil, messire. Dans ce cas, nous allons parler affaire…
Prenant une grande bouffée et noyant ses iris noirs dans l’océan de l’étrange, Eliane poursuit d’une voix plus faible.

Il semblerait que vous recherchiez des Pendragon et j’ai les informations qui vous conduiront directement à eux. Toutefois, si vous désirez ces informations, vous allez devoir me suivre seul dans une chambre à l’étage. Ces gens sont très appréciés et puissants et je risquerai également ma peau, si ces gueux venaient à m’entendre vendre de telles informations…Quant à votre bras droit, je me refuserai à parler en sa présence, il m’effraie quelque peu et je préfère la prudence.

Se relevant donc, s’écartant légèrement de l’italien, Eliane l’observe et tend sa main. Une invitation était lancée, s’il désirait avoir ses informations, il allait devoir la suivre qu’il le veuille ou non. Le regard qu’elle lui lance est rempli de conviction et d’assurance, et pourtant s’il pouvait le supplier de la suivre, elle s’y résoudrait.

Je passerai devant si vous avez-vous-même peur que je vous entraine dans un possible guet-apens.

"La menace ne sera pas lancée que par toi, bougre."

Il y a des chambres, je vous laisserai choisir celle qui vous plaira…Intime, si vous le souhaitez...A sa dernière remarque, elle affiche un sourire moqueur qui attendrit quelque peu ses traits si sec.

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Dante.tommaso
[Que vous avez de grandes dents.... C'est pour mieux te manger ! ]


Prudence… avait-elle bien parlé de prudence ? Dante baissa les paupières un court instant et se mordit l’intérieur de la joue afin de ne pas éclater de rire au nez de cette jolie blonde. Franchement, il ne savait pas de lui ou de Lupino qui était le plus dangereux des deux. La perversité avec laquelle il lui arrivait de maltraiter les femmes était égale à celle de son ami et pour cela ils s’entendaient à merveille. Toutefois, Dante avait ce petit savoir vivre qu’il mettait plus souvent en avant que son bras droit et c'était ce qui faisait la différence entre les deux comparses. Sourire en coin, il finit par relever ses pupilles, les plongeant dans le regard charbonneux de la blonde brindille qui se tenait à ses côtés. Fouillant sans vergogne à la recherche d’une réponse cachée, son sourire s’étira comme convaincu de la suite des évènements.

- Et bien soit ! Nous allons parler affaire vous et moi. Lupino restera donc ici à s’enivrer vaillamment avec le chianti que vous nous avez si justement offert.

Sans laisser le temps à la donzelle de réfléchir plus que de raison, Dante était déjà sur ses deux pieds répondant à son invitation. Tendant à son tour la main, il la glissait dans celle beaucoup plus petite de la jeune fille. Et d’un geste ferme, referma ses doigts autour des siens pour la maintenir à sa merci. Puis d’un geste sec, il attira son corps souple contre le sien sans pour autant la toucher. Et son souffle vint se perdre dans le cou de la blondine avant de rouler sur sa joue remontant une nouvelle fois vers l’oreille qu’il devina petite et délicate.

- Ouvrez donc le chemin ma belle de nuit. Même si la peur est un sentiment que j’ignore je préfère vous avoir devant moi que derrière !

    Les dès sont jetés et je sens un frémissement d’impatience parcourir mon dos en attendant de savoir ce que cette donzelle a à me révéler. Peut être est-ce simplement une illusion, bonne à me soulager de quelques pièces d’or mais peu m’importe. Ma quête concernant les Pendragon me fait suivre n’importe quelle petite trace, si infime soit-elle. Ma main se resserre sur celle de ma compagne et nous commençons à monter les marches. Machinalement, je donne le change et attire son corps contre le mien, passant pour n’importe quel client qui viendrait à vouloir prendre du bon temps avec la jolie catin du coin. Et si j’en profitais pour…. Mes doigts s’échappent des siens pour glisser sur sa taille fine, venant se loger sur son ventre. Ma poigne de fer n’admet aucun refus de sa part. Elle a tenu à avoir affaire à moi, elle en subira les conséquences si tel est son désir. Je ne peux pas m’empêcher d’humer sa chevelure qui me fait l’effet d’une douceur au milieu de ce monde crasseux et infâme. Un coup d’œil rapide sur ses magnifiques courbes revenant sur son visage aux traits si fins me fait presque mal. Son être semble camoufler autre chose que la putain de bas étage qui se jette à la tête du client et je me demande un bref instant pourquoi fait-elle cela tout en chassant ce sentiment étrange qui fait écho en moi.


La voix rauque de Dante résonna tandis que la dernière marche venait d’être franchit et qu’une hésitation se fit sentir chez l’italien.

- Dis-moi quelle chambre tu préfères cher ange, tant qu’à faire autant faire comme bon te semble et aller jusqu’au bout de tes désirs. Tu mènes la danse ce soir, profite de l’occasion…

    Profite ma belle, profite de pouvoir encore voler de tes propres ailes. Je te jure qu’à la moindre incartade ton sang coulera. Je lui offre un sourire presque naïf afin de la rassurer. Il ne faudrait pas qu’elle se doute… non, je la veux à ma merci et non pas menant la danse même si c’est ce qu’elle croit. Je porte mon regard vers le sien, détend mes traits afin que la dureté que j’y vois chaque matin disparaisse légèrement faisant place à ce désir d’avoir une belle femme entre mes bras quelques instants. Tout n’est que comédie, tout ne doit être que comédie. On m’a menti toute ma vie désormais je joue à ma façon afin d’obtenir ce que je souhaite.


Le stilleto dans la botte de Dante était facile d’accès et l’italien n’attendait qu’un seul faux pas pour s’en servir. Si la blonde venait à l’entrainer dans un traquenard, la lame perforerait rapidement sa jugulaire et en quelques secondes cela serait finit de cette beauté parfaite et sans âge. Ses voyages lui avaient appris à la prudence même si l’arrogance était de mise. Cacher ses intentions jusqu’à la dernière seconde lui avait souvent sauvé la vie et là, dans cette taverne certes d’ordinaire accueillante, tout pouvait arriver. Et tandis qu’il attendait que l'enchanteresse lui ouvre la porte d’une pièce qui servait de chambre, l’italien était sur le qui-vive afin de la diriger vers une autre alcôve. Donner d’une main, reprendre de l’autre, c’était ce qu’il y avait de mieux pour arriver à ses fins… entier. Respiration profonde feignant l’impatience, les doigts de Dante jouaient déjà le long de sa cuisse.

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Eliane_
Sa fierté revit à l’idée de ne pas avoir à le supplier d’accepter sa requête. Il se lève donc et sans qu’elle n’ait le temps d’enchainer quelques mots, il s’empare de sa main, empoignant ses doigts et la séquestrant dans son rôle et son inquiétude. Les yeux restent fixent pour ne pas qu’elle songe à mal et, lentement les pas s’enchainent, l’éloignant de toute aide extérieure et la rapprochant d’un être bien plus vicieux.
A ses côtés, elle tente de rester froide, impassible, maître d’elle-même mais les doutes se mêlent à cette forte odeur de perfidie qu’il dégage. Les doigts toujours malmenés, elle ne lui offre aucune grimace trop fière et insolente pour lui céder cette offrande. Eliane reste concentrée, l’esprit est dirigé vers ce qui va se tramer une fois les marchent gravies. Il déverse sur elle son souffle, son assurance sans faille qui ignore le sens même de la peur, pure arrogance ou réalité, il ne semblait pourtant pas être homme à bluffer.

Les marches sont franchies peu à peu, laissant tout le loisir à cet homme de profiter de la putain qu’elle devait incarner. Les doigts enfin sont libres et elle les déplie doucement face à la douleur, il se permet quelques gestes qui la mettent à l’épreuve. Il était le premier homme à poser la main sur elle, le seul à effleurer son ventre, humer son odeur et cette idée la plongeait dans un trouble certain. Une telle novice en la matière ne pouvait prétendre incarner le rôle d’une dépravée, d’une putain sans tabou. Feintant l’assurance, elle se doit désormais de se faire violence pour ne point effriter l’essence même de son personnage.

Il lui propose donc de choisir la chambre et en cela un léger soupir de soulagement vient à naître, un soupir qui pourtant se dissipe…Eliane avait trouvé plus pervers qu’elle, c’était une évidence. Son souffle viril dérange quelques mèches, il s’impatiente et la blonde se doit de prendre une décision rapidement.

"Tu t’es mise dans une situation cocasse, périlleuse serait même le mot le plus adéquate. Regarde-toi, écoute toi penser alors que ton assurance commence à se briser. Ce mur qui fait ta force, qui cache tes vices les plus infâmes, s’ébranle désormais car tu sais qu’il t’impressionne…Ce n’est pas une putain que tu peux cravacher, ce n’est pas une femelle hargneuse que tu peux dompter…C’est un mâle…Et tu ignores tout des réactions, de la force de cette espèce…Et tu t’apprêtes à t’enfermer avec cette source d’inconnu."

Sortie de ses pensées, la jeune femme sent naître en elle un frisson qui longe son échine, gravit ses tempes pour y déverser une froideur extrême et pour cause, sa main puissante se glisse le long de sa cuisse et elle écarte violement sa main.

Ce fût le geste de trop, la crainte de trop qui commençait à l’insupporter. Elle n’aimait pas se laisser envahir par les doutes et encore moins une crainte capable de lui asséner des sueurs froides. Le visage aussitôt se referme et elle tourne ce dernier vers lui… « Que je trépasse si je faiblis »…un dicton qui prend désormais tout son sens et qui lui ordonne de rétablir cette impertinence et cette insouciance naturelle.

Vous ne toucherez cela qu’une fois que j’aurais amassé l’argent…Et osez faire un geste déplacé sans me payer et je tairai les informations que vous désirez.


[A l'étage puis, la chambre.]

Eliane se rapproche d’une porte qui devait être libre et la pousse. A l’intérieur un bureau, une petite armoire, une couche et une table de chevet ainsi que quelques éléments pour répondre à un besoin de confort. Une chambre plutôt bien arrangée, loin d’être modeste, elle valait son prix.

Reprenant la main de l’italien elle l’invite à pénétrer dans la chambre qu’elle referme doucement derrière elle. De dos, la main encore accrochée à la poignée, elle inspire profondément et elle se donne le courage nécessaire. C’était la première fois qu’elle prenait un tel risque, mais la seconde fois qu’elle allait devoir prendre sur elle et se faire forte…Ce n’était pas un fer rouge cette fois qui menaçait sa personne, c’était un être qui lui semblait être un vil manipulateur, encore plus redoutable car il savait incarner cette prestance digne des êtres les plus charismatiques.
Sans un mot, elle se rapproche de lui et pose son attention sur son ceinturon qui retenait la bourse bien remplie.

Je vais vous soulager de cela…Ensuite, nous pourrons commencer à parler. Liant les mots aux gestes, elle fixe ses iris et défait doucement sa bourse pour la poser sur le bureau. Là, le cœur frappe sa poitrine, cet amas de sang lui chauffe désormais les tempes et ses mains en deviennent presque moites…L’appréhension la contrôle. Elle désirait lui nuire, l’étouffer sous un tissus, enserrer son cou jusqu’à ce qu’il lui rende son dernier souffle mais jamais elle n’avait tué…Il ne lui restait qu’une seule chose à faire…Donner vie à son personnage, le laisser aller et qui sait, peut-être prier...

La jeune blonde revient vers lui, dénudant uniquement ses épaules et sa nuque avant de venir chercher son contact. D’une main, elle effleure sa peau à travers les tissus, non pour lui plaire, juste pour tâter toute trace d’arme qui pourrait lui nuire…Elle avance ses lèvres près de son oreille, sa voix se veut toujours aussi ferme mais elle se fait plus délicate encore, plus mielleuse…

Le chef…des Pendragon est Arthur Pendragon, il est en somme l’héritier, celui à qui incombe bien des responsabilités…Il y a bien des membres dans cette famille mais à Saint-Lizier…Il n’y en a que trois…

Eliane continue doucement sa fouille et défait la chemise de Dante avant de le pousser sur la couche. Du regard, elle cherche ce qui pourrait à la limite servir d’arme et le destin s’abat sur le chandelier…Elle se laisse envahir par le personnage. Son esprit, pour la rassurer et guider ses gestes transforme l’image de cet homme en une femme qui saurait attiser sa quiétude et son envie…Aussitôt, elle le chevauche, enserrant sa taille de ses cuisses.

Les murmures se poursuivent dans le creux de l’oreille, tandis que la pucelle s’empare du chandelier posé sur la table de chevet.

Vous y trouverez simplement Marsou, Thais et Gael son époux et Eliane la dernière batarde. Les deux femmes sont nées grâce au même père……Théodore Pendragon…Un coureur apparemment… Quant à l’autre, je l’ignore…Mais c’est d’après la putain de ruelle, une Thais que vous cherchez...Elle réside à deux ruelles d'ici...

Le chandelier désormais bien en main, elle approche ses lèvres feintant un baiser et elle abat l’arme en direction de son visage…
Et je ne vous laisserai rien faire de mal à ma sœur ! La voix devient claire, le regard plongé dans les yeux du Dante…Une seule conviction l’anime, elle doit lui porter ce coup à tout prix…

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Dante.tommaso
[Bon sang ne saurait mentir ! ]


- PUTTA NAAAAAA….

    Le mot s’échappe de ma bouche tandis que j’essaie d’éviter l’arme que la blondine tient dans ses mains. Un chandelier et puis quoi encore ? Elle ne pouvait pas faire ça proprement, nan faut qu’elle essaie de me défigurer en plus. Le mouvement de ma tête sur le côté est vif mais pas assez, je sens l’objet lourd lécher ma peau et rencontrer mes os. Bastarda… tu vas me le payer, tu vas mourir de mes mains, ici et maintenant… Mais pour qui te prends-tu ? Je me doutais que tes sourires cachaient un tour à ta manière. Que crois-tu, que parce que ton petit corps parfait ondulait sous mes yeux j’allais complètement te faire confiance. Aucune femme n’a cette prérogative et toi pas plus qu’une autre. Ma tête ne me ferait pas souffrir que je rirais de cette situation. Avec un peu plus de conviction, tu aurais presque réussi à me faire ressentir quelques émotions dans le bas de mon ventre mais ce que tu as fais là… tu gagnes à être connu faut bien l’avouer, essayer de tuer un homme alors que l’acte n’est même pas consommé… J’espère pour toi que ta mort sera plus belle que ta vie !


Et pendant que Dante essayait de recouvrer ses esprits, tentant de garder les yeux ouverts malgré le sang qui commençait à couler sur son visage, une de ses mains attrapa la jolie catin par le cou, serrant de toutes ses forces tandis que l’autre s’enroulait autour de sa taille, la bloquant afin de la basculer sur le lit et se faire maitre de la situation. Les yeux injectés de sang par la rage qui lui vrillait ses pensées, la haine chevillée au corps, l’Italien ne ferait pas dans le délicat. Si une chose l’exaspérait plus qu’une autre c’était qu’on essaie de le tuer alors qu’il était sagement installé à profiter de l’instant qui passait.

Son corps penché au-dessus de celui de sa victime, le sang goutant sur le cou de la blondine, il l’observait alors que la pièce commençait à tanguer mais ses doigts ne voulaient pas lâcher prise. Au contraire, il sentait la pression augmenter autour de ce cou gracile dont il pouvait palper la peau avec délectation. Et soudain une idée perverse vint fracasser l’autre côté de son cerveau. Sa main libre qui jusque-là s’était posée sur l’une des cuisses de la donzelle remonta rapidement puis il les lui écarta violemment, un rictus malfaisant aux coins de ses lèvres.


- Tu voulais t’amuser un peu avec moi ma jolie… et bien je vais t’apprendre qu’il ne faut pas provoquer sans savoir où l’on met les pieds et surtout à qui on a affaire !

Une douleur vive lui traversa la tête à l’instant même où l’italien s’apprêtait à remonter la jupe de sa proie sur le haut de ses cuisses pour fouiller sans vergogne ce doux jardin secret qui lui tendait les bras. Secouant sa tête légèrement de droite à gauche, Dante sentit rapidement que les choses n’allaient pas forcément tourner à son avantage mais plus têtu que lui ça n’existait que peu aussi, il chassa avec conviction les lamentations de bonne femme qu’il sentait venir dans son esprit, relégua la douleur dans un coin de sa tête et tira d’un coup sec sur le corps de la blondinette afin de rapprocher son corps du sien sans pour autant lui lâcher le cou. Il l’avait vu à l’œuvre et savait que sa force était sa colère. Mais sa colère pour quoi ?


    Le doute m’envahit. J’essaie de comprendre pourquoi cette... puttana a eu ce geste envers moi, pourquoi a-t-elle voulu me fracasser la gueule si gentiment. Je n’ai même pas levé la main sur elle pour la faire parler, je me suis contenté de la laisser faire et c’est comme ça qu’elle me remercie… Dante réfléchit, tu as dû louper quelque chose. Chasse ta rage et reprends-toi… Elle t’a parlé des Pendragon, t’avouant ce que tu savais déjà d’ailleurs. Pas très rusée la petite. Tous ceux que Lupino a interrogé lui ont dis la même chose. Mais où ai-je fais un faux pas ?


Les battements de son cœur commencèrent à résonner dans sa tête, s’accélérant invariablement. Sa respiration s’harmonisa à ce rythme lourd et pesant et soudain, le détail qui s’était perdu entre la haine et la douleur, entre le geste et l’immobilisme, entre l’incompréhension et la stupéfaction éclata au milieu de son crâne. Le mot « sœur » s’afficha en lettres de sang et un haut de cœur, surement dû au choc qu’il avait eu, lui prit les entrailles. Posant un regard médusé sur la blondine, il la regarda sans vraiment la voir. Le flou commençait à le gagner mais avant de tomber sur ce corps aux contours plus qu’incertains, Dante marmonna avant de sombrer dans le néant absolu.

- Mer*da ! Je ne lui voulais… aucun mal à Thaïs… je voulais juste connaitre… ma sœur….
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Eliane_
Le cri puissant s’élève dans la pièce alors que le chandelier heurte violement la cible. La tête de Dante est touchée, au grand soulagement d’Eliane. L’arme encore en main, paralysée par cet acte violent dont elle était la seule maîtresse, le cœur s’emballe, frappant sa poitrine jusqu’à lui arracher une grimace de douleur. Les pensées alors se bousculent, la culpabilisent…

"Qu’as-tu fait…l’as-tu réellement tué ? Regarde ce sang qui coule…Vois ta brutalité, vois combien l’Eden s’éloigne de toi…Damnée, tu seras damnée !"

La haine l’avait aveuglée mais le pire restait cette impression de soulagement qui apaisait cette forte tension. Elle le désirait mort pour ne point avoir à subir sa vengeance, elle le désirait inerte pour savoir la famille Pendragon en sécurité…Elle voulait que l’irréparable soit.

Mais le Très Haut quant à lui, punit les indésirables et les âmes en perdition…

Une main s’empare brutalement de sa gorge et l’enserre. Le geste fut si soudain qu’il fit naître la peur et la surprise dans le regard d’Eliane.
La main relâche l’arme pour se poser instinctivement sur cette main masculine et dégager son emprise. La gorge est empoignée, retenant ainsi ses cris, étouffant ses jurons. Le regard de cet homme n’est plus le même, ce sadisme, cette perversité qu’elle avait pu ressentir à ses côtés était libre de tout contrôle…

Le souffle se fait rare et la douleur vive alors qu’une main se glisse contre sa taille pour affirmer la position de l’italien. Ses gouttes de sang coulent sur sa peau, ses fines mains tachées griffent, enserrent, sans parvenir à lui offrir une once de répit….
Les iris obscurs ne les quittent pas, lui et cette soif de vengeance. Fière, haineuse, elle ne sourcille même pas quand cette main vient à écarter sèchement ses cuisses, quand la menace est crachée au visage. Les craintes se sont dissipées car désormais une seule idée la préoccupe…Survivre avant que l’air ne lui manque totalement. Elle retire ses ongles de sa chair, ferme le poing et dans un dernier élan vient frapper son visage, cette plaie ensanglantée...

Vaffanc*** ! L’insulte et ce geste furent puisés dans ses dernières réserves d’air…L’expression du visage alors change, le regard si fixe devient brumeux, le corps lui devient plus fébrile…Ce manque d’air enserre ses tripes, la plonge dans une certaine obscurité…Elle suffoque et tente de résister à cette sensation mortelle...

Attirée d’un coup vif contre lui, elle ne sent désormais que son odeur... Son bras qui la retient contre lui, reste la seule chose sur laquelle ce corps féminin se repose, tel un support solide…La tête maintenue par la poigne lui évite de flancher…Les yeux se ferment peu à peu, contraint par cette vague de fatigue…

"Seigneur…ce n’est pas aujourd’hui…que je subirais ton jugement…"

Le temps parait étrangement long à ce moment précis. Sa soif de vie fait durer cet état désagréable entre la vie et la mort…Non, elle ne veut pas crever ainsi, c’était une évidence. Elle méritait meilleure mort.

Soudain la pression se relâche…Le corps féminin tombe lourdement sur la couche alors que l’air s’engouffre en elle, s’immisçant dans ses poumons, alimentant à nouveau ces organes vitaux…Elle inspire, respire…Savoure…
Les yeux s’ouvrent alors qu’elle entend les dernières paroles de l’italien. Celui-là même qui sombre peu de temps après, à ses côtés…
La main se porte sur sa gorge endolorie, la masse. Le corps reste immobile quelques temps, il lui faut reprendre ses forces, ses esprits. Son regard se porte sur celui de l’italien et voilà que le tourment renait. Elle avait donc failli tuer son demi-frère…

Redressant doucement son buste, elle retourne l’italien pour voir au mieux son corps et sa plaie. Une main sur son poitrail, elle le sent encore respirer.

Bastàrdo…."Pourquoi n’as-tu pas dit simplement ce qu’il en était…"

Rongée à nouveau par la culpabilité, elle se penche sur son corps, s’emparant de sa manche pour essuyer son visage et voir alors la plaie qu’elle lui avait infligée. Prenant le temps de se poser, elle en profite pour appuyer sur la plaie et attendre que le sang coagule légèrement. Les yeux détaillent l’italien, se demandant bien quelle partie de son corps pouvait être hérité de son père…

Les esprits reviennent, à nouveau prêt…La tête se tourne vers la porte. Lupino !!

Se relevant brusquement, manquant de flancher, elle pose sa main sur la serrure….La porte était bien verrouillée…
"Ho mon dieu…dans quelle galère je me suis enrôlée…L’italien n’est pas revenu à lui, le bras droit va surement remonter à cause de son cri…Il…Il va me tuer !"
Retournant aux côtés de l’italien, elle s’agenouille sur la couche et relève la tête de son demi-frère….Ses doigts se perdent sur la plaie qu'elle comprime, les yeux se ferment alors que l'engoisse l'envahit...

Réveille-toi…réveille-toi avant qu’il n’arrive….Réveille-toi…

Si elle avait pu assomer le Dante par fourberie, la chose allait être moins assurée avec le Lupino. Elle ne pourrait essuyer deux vengeances d'une telle violence...Une évidence qui d'ailleurs ne la rassure pas le moins du monde. Une seule chance alors pour s'en sortir en vie, inviter le Maître à se réveiller...Farfouillant dans la doublure de sa robe, elle en sort un petit flacon, ce dernier servait pour réveiller Sambre lors de ses crises. Un remède efficace qui titillait l'odorat et qu'elle ne quittait par conséquent, jamais. Le débouchant, elle le place alors sous les narines de l'italien...Désormais, il lui faut attendre...


*Va te faire cuir un oeuf ? en + imagé..
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Dante.tommaso
[Aide-moi à ne pas sombrer ou bien c'est la mort assurée ! ]


    Souvenirs, souvenirs quand tu nous tiens… Ce corps aux lignes parfaites qui ondule devant moi et roule des hanches comme une douce invitation à se faire prendre dans le creux de mes bras… ce visage aux traits fins et délicats d’une madone antique qui me fait l’effet d’un ange posé sur ma route afin de soulager toute cette misère qui m’attire vers le fond en désirant me plonger dans ce marasme de sentiments contradictoires qui sont miens… ce port de tête digne d’une reine qui regarde avec dédain ces sujets et me prend pour l’un d’eux… cette catin qui semble issue d’un autre monde, venue d’ailleurs pour soulager les âmes autant que les corps… cette… puttanaa qui m’a défoncé le crâne pour pouvoir m’empêcher de faire du mal à sa sœur… je me bats avec ces souvenirs, ma respiration cherche une goulée d’air et me voilà qui écarquille grand mes yeux, fixant le plafond en me demandant où je suis.


- ARRRRRRGGGGGGGG !

    Ma main se porte à mon front, mon crâne va exploser sous la douleur pulsative que je ressens. Mais quelle petite conne d’avoir voulu me fendre la tête. Je porte une main à cette blessure dont le sang a déjà commencé à sécher, cligne des yeux cherche à me rappeler sa dernière phrase, la mienne et tout me revient en mémoire provoquant en moi le martyre. Dans un éclair de lucidité j’essaie de chasser les souvenirs qui m’assaillent de toute part, les mots que ma mère a prononcé avant mon départ, les conversations avec Lupino et maintenant elle…


- ASSEZZZZZZZZZZZZ !

Les deux mains sur ses oreilles, Dante essayait de chasser cette folie qui s’immisçait dans ses veines à le rendre vulnérable à tout. La tempête qui se jouait autour de sa conscience le mettait genou à terre, chose qu’il n’envisageait pas une seconde. Il était celui qui détenait les rênes, il était le maitre de sa destinée mais tout semblait lui échapper depuis quelques temps. * Pourquoi mère avez-vous donc forniqué avec cet homme ? Ne pouviez-vous donc pas vous contenter d’un amour platonique et courtois comme les jeunes femmes de votre condition se targuent de demander aux hommes trop empressés ? Seriez-vous donc une catin sous vos grands airs de petite bourgeoise à l’esprit étriqué et aux convenances parfaites ? Pourquoi … pourquoi… pourquoi… * Tant de questions et aucune réponse ne lui serait accordée. Et il le savait l’Italien. Sa mère ne lui avait donné aucune explication acceptable et il ne lui en avait pas laissé le temps d’ailleurs, trop blessé de cette trahison qu’il ressentait pour celui qui l’avait élevé. Sandeo, ce père aimant qui était le sien. Pendragon n’existait que dans les souvenirs de ceux qui l’avaient connu, lui jamais il ne pourrait se faire une idée de son géniteur. Alors pourquoi être là, pourquoi chercher à connaître cette fratrie qui était sienne. Une question qui en amenait une autre et puis encore une autre jusqu’à l’infinie. Jamais Dante n’aurait de réponse à ces questions. Et s’il était là c’était que sa place était sans aucun doute parmi les siens qu’il le veuille ou non. Les siens… drôle de mot qui malmenait ses pensées et soudain son regard se posa sur la blonde à ses côtés, celle-là même qui avait voulu le tuer. Et tout lui revint en mémoire… Thaïs, sa sœur et elle… son autre… parente. Dante ferma les yeux comprenant soudain qu’il avait failli tuer un être de son propre sang. Respirant profondément, il rassemblait au plus profond de lui la force nécessaire pour ne pas lui en vouloir pour le geste malheureux qu’elle avait eu à son encontre tout comme il devait se pardonner d'avoir lever la main sur elle mais il était difficile à l’Italien d’effacer ce moment d’égarement...

Bloquant l'air quelques secondes dans ses poumons, le brun finit par soulever ses paupières puis doucement se redressa sur le lit. Ses yeux se posèrent sur sa chemise recouverte de sang et un long soupire s’échappa d’entre ses lèvres.


- Quel gâchis ! Vous ne pouviez pas vous contenter de parler au lieu d’essayer de me faire rejoindre le Très-Haut…


Mais alors qu’il s’apprêtait à lui demander son nom, des coups violents furent portés sur la porte de la chambre. Et la voix reconnaissable entre mille se fit entendre.


- DANTE….. DANTE…. MESSER CERESA*…. Ouvrez cette porte…. DANTEEEEEE…


Un soupir et une grimace plus loin, Dante essayait de se lever afin de faire taire l’opportun mais une petite faiblesse le prit et il dut se rattraper à sa blonde de sœur. S’affalant à nouveau sur la couche l’entrainant avec lui dans sa chute, Dante ne put s’empêcher de glisser une de ses mains dans le creux de ses reins, bloquant le corps de la jeune femme contre le sien. Son visage à quelques centimètres de celui qui lui apparaissait désormais sous un jour nouveau, il observa attentivement cet ange exterminateur cherchant naïvement un air familier à ses propres traits mais de violents coups retentirent à nouveau. Et l’Italien se mit à murmurer avec une douceur infinie contrastant avec la violence de ses gestes dont il avait usé quelques instants plus tôt.

- Il vaut mieux lui ouvrir sinon Lupino est capable d’enfoncer la porte et je vous assure que contrairement à moi, il ne vous loupera pas !

Fermant les yeux, la lâchant à regret non sans avoir laissé sa main couler le long de sa taille avant de rejoindre la fraîcheur des draps, Dante se redressa doucement cette fois, permettant à sa tête meurtrie de ne pas subir un second étourdissement. Cette journée commençait à lui peser et un bon alcool fort serait le bienvenu afin d’oublier toutes les turpitudes de ce triste monde.


* messire Ceresa
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Eliane_
Sa main posée sur son front, elle espère silencieusement son réveil. Dans cette chambre, Eliane ne peut retenir ce sentiment de solitude qui envahit ses veines et qui lui procure un frisson d’effroi. Peut-être qu’elle tenait entre ses doigts le cadavre d’un frère qu’elle n’aurait pas eu le temps de connaître. La lèvre inférieure mordue, l’appréhension vrille ses tripes face à cette sordide idée.
Que penserait Thaïs et les autres si elle venait à annoncer la fin tragique de ce bâtard ? Alors le cerveau de la blonde réfléchit autrement, plus efficacement…Pourquoi diable lui dire qu’elle est une meurtrière après tout, cela lui causerait bien des torts pour rien et puis si Lupino venait à entrer, elle ne serait plus de ce monde.

Se relevant légèrement, elle se dirige vers la vasque et déchirant un lambeau de la doublure de sa robe, elle imbibe ce dernier pour essuyer son visage et sa gorge de cette teinte rougeâtre, de ce sang qui n’est pas le sien. L’eau fraîche lui arrache un soupir de bien-être ainsi qu’une légère grimace. La peau si fine de sa gorge était devenue si sensible qu’un simple toucher la lançait. La chevelure arrangée pour cacher au mieux sa gorge, la nuque et le front lavés, elle souffle sa peine. Elle réfléchit plus posément et se permet quelques regards vers l’inconscient, ou le macchabé, cela restait à découvrir. Le voyant encore salit de sang, elle se résous à lui offrir un avenir post mortel plus sain et glorieux…

Déchirant un nouveau morceau, le trempant dans l’eau, elle se rapproche de son frère pour lui prodiguer les mêmes soins et nettoyer sa chevelure et son visage des dernières traces de sang séché. Peut-être était-ce d’ailleurs ce contact frais qui le fit reprendre subitement conscience…

Les yeux écarquillés devant son réveil, elle ne sait comment réagir alors qu’elle s’était déjà imaginée l’enterrer…Son agitation toutefois, repousse à plus tard ce questionnement. Il semble troublé, submergé par des pensées étranges et violentes. Restant stoïque, Eliane s’immobilise et patiente le temps qu’il retrouve enfin ses esprits…pour de bon.

Ce moment finit par arriver et sa réplique la fait quelque peu sourire. La blonde était plus soulagée que prévu et eut bien du mal à cacher ce sourire en coin. Mais le visage doucement perd cette innocence quand une voix grave et forte se fait entendre. Celle-là même qui lui arrache un sursaut et scelle pour un temps sa bouche.

Dante…Etait-ce donc là le nom de son frère ? Les iris se posent sur ce dernier, plein de surprise et d’interrogation alors qu’il tente de se redresser.
Qu’allait-il faire avec Lupino…Se venger ?...Le laisser l’agresser ? Les doutes s’immiscent en elle, semant le trouble et la crainte qu’elle est trop fière d’avouer.

Suivant son mouvement, elle se relève et le voyant soudainement flancher, elle retient sa taille mais le poids eu raison de son déséquilibre. Le corps lourd se laisse aller, s’écroule sous l’étourdissement, emportant avec lui le corps de la blonde. Le souffle coupé par la rencontre, Eliane se tétanise. Sa main virile se bloque dans le creux de ses reins, rendant le regard d’Eliane aussi austère et insistant que faire se peut.
Il la retenait ainsi, profitant alors de la proximité pour l’observer et découvrir le visage de sa sœur. Une attitude qu’elle ne pouvait condamner pour en avoir fait de même dans son sommeil.
Elle l’analyse donc à nouveau…peinant à trouver une quelconque ressemblance physique. Les yeux sont trop clairs, sa chevelure trop sombre…La ressemblance devait alors être ailleurs.

Ses paroles qu’il glissa avec cette douceur étrange, renforça cette sensation d’intimité et de découverte. S’il n’avait été homme, elle aurait alors savouré le moment pour baiser sa peau et saisir ses lèvres. Ses doigts fins se glissent alors sur sa joue pour lui adresser une simple caresse, comme une excuse pour son geste meurtrier.
Ils partageaient apparemment cette même haine et agressivité…Cette fierté…

Les paroles de Lupino retentissent à nouveau, brisant cet instant et les renvoyant à leur réalité. Soulagée de le savoir vivant et lucide, elle n’en reste pas moins sur ses gardes, anxieuse de sa réaction et du comportement de Lupino. Il s’écarte donc, effleurant sa taille et intérieurement Eliane sourit. S’il savait…

Désormais debout, elle en fait de même et se mettant à part, rhabille ses épaules pour se donner une meilleure apparence. Un dernier coup d’œil avant l’entrée en scène du bras droit, et un triste constat. La couche était défaite, des gouttes de sang parsemait les tissus et les marques sur le cou d’Eliane, de même, la plaie de Dante n’allait pas passer inaperçue. Son corps, prudent, se déplace vers celui de Dante. Toujours aussi méfiante et inquiète, elle se cache derrière sa taille imposante, masquant ainsi sa peur inavouée du Lupino.

Sa main se glisse dans celle de Dante, non, elle n’était pas une faible brebis…Elle avait juste trouvé un frère, un vrai. Un lien avec les Pendragon, plus entier, plus semblable.

Vous pouvez ouvrir, Dante…Je suis prête. Le regard franc se heurte alors à celui de Dante. Qu’importe la crainte, elle saurait se débrouiller…

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Dante.tommaso
    Une main, cette main, douce, gracile et si réelle se glisse dans la mienne dans un geste si familier et pourtant elle n’est qu’une étrangère. Je la dévisage un instant cherchant à réaliser ce que tout cela comporte comme évidence et j’hésite. Une légère crispation raidit mon corps. J’ai trouvé une sœur. Non pas celle que je cherchais mais une inconnue, pas encore mentionné dans mes recherches sur ce passé qui me hante et me bouffe de l’intérieur. J’ai mal de vouloir savoir et pourtant c’est si évident qu’il faut que j’aille jusqu’au bout. Et je me rends compte que mon calvaire va prendre fin. Elle, cette sœur tombée du ciel ou de nulle part peu m’importe, va m’apporter quelques réponses dans cette quête au savoir absolu. Mes paupières se ferment et je respire profondément. Combien sommes-nous de ces bâtards nés du même père ? Je commence à me poser de sérieuses questions. On m’avait mentionné Thaïs, je me retrouve avec cette inconnue en supplément et avec moi nous sommes déjà trois. Les années à venir peuvent encore nous apporter leur lot de surprise.


- Lurido porco *

    Je ne peux que lâcher quelques mots entre mes dents serrées mais je me reprends très vite, serre la main de la jeune demoiselle à mes côtés comme pour lui donner du courage puis je m’avance pour ouvrir la porte et laisser entrer Lupino.

Tout va très vite. Lupino déjà bien énervé que personne ne lui réponde dans l’immédiat devint rouge de colère lorsqu’il vit le visage tuméfié de son ami. Son sang ne fit qu’un tour, son regard se figea sur la blonde derrière Dante, se faisant meurtrier et ne cherchant pas à se cacher, il sortit le poignard qu’il gardait constamment à la ceinture, menaçant Eliane et fonçant sur sa proie. Il était capable du pire comme du meilleur mais toujours fidèle à Ceresa, il tuait pour lui quelque soit la personne qu’il avait en face de lui. Mais alors qu’il s’apprêtait à lever l’arme vers la poupée blonde, l’ombre de Dante s’interposa, stoppant net l’intention et le mouvement de l’homme.

- Lupino, basta ! questa giovane donna è mia sorella! **

    Stoppé net le Lupino, c’était une bonne chose de faite parce que sinon, je ne donnais pas cher de la peau de ma sœur… sœur, quel mot étrange de le prononcer ainsi. Il va falloir que je m’habitue et je crains que cela ne mette du temps avant que je sois à l’aise avec ce genre de propos mais il le faudra…. Ou pas. J’ai réfléchi, tourné la situation mille fois dans ma tête et j’arrive toujours à la même conclusion. Mon regard coule vers la blonde, je tire légèrement sur sa main pour la mettre à ma hauteur afin que Lupino la voit complètement puis mes doigts se portent à ma blessure lorsque je vois mon ami froncer les sourcils.


- Petit incident de parcours on va dire ! Nous avons fais connaissance un peu… brusquement !

Sourire en coin, Dante observa en se taisant subitement. Puis, le voilà qu’il portait la main de sa sœur à ses lèvres et effleurait à peine la douceur de sa peau.

- Mais permets moi de me présenter, je suis Dante Tommaso Ceresa et en l’occurrence un des nombreux bâtards de feu mon père Théodore Pendragon. Toutefois…

Et voilà que l’Italien plongea à cet instant même ses mirettes azurées dans celles obscures de sa sœur, sondant son âme ou simplement cherchant à se perdre dans cet inconnu qui lui faisait face… Secouant la tête il reprit rapidement.

- Toutefois, Je suis né Ceresa et Ceresa je resterai ! Je ne souhaite aucune reconnaissance de la part de cette famille qui fait de moi cet être meurtri que je n’étais point avant de connaitre leur nom. Je suis venu jusqu’ici afin de mettre des visages sur un nom, voir si une ressemblance entre les Pendragon et moi-même était effective… je me rends compte aujourd’hui que ce n’était guère ce qu’il fallait faire.


Dante lâcha la main de sa sœur puis fit quelques pas cherchant dans son esprit ce qu’il allait faire par la suite. Tout devint rapidement lumineux. Il avait des affaires à traiter ici et en Italie. Il allait prendre le temps de remettre dans l’ordre dans ce tumulte intérieur qui le malmenait en voyageant un peu et puis après, oui après il rentrerait à Venise. Se stoppant devant la jeune fille, il mit les mains sur ses épaules, geste nouveau pour lui mais qui se voulait affectif lui qui ne l’était guère sauf avec les femmes qu’il mettait dans son lit.


- Bene… tout ceci est nouveau pour moi et je ne suis pas très doué pour les relations durables et surtout démonstratives donc je vais faire court signorina…. Je ne connais même pas ton nom… bref… Je ne vais pas envenimer la situation qui est mienne. Je vais repartir d’où je viens et tu diras à Thaïs… non ne lui dit rien finalement c’est aussi bien. Je crois que de toute manière je ne suis pas le bienvenu dans cette famille et je préfère être libre de mes choix et de mes opinions concernant les autres donc … je suis heureux de t’avoir rencontré même si ce fut quelque peu brutal mais je préfère en rester là !

    Sourire narquois sur mes lèvres, je baise à nouveau la main de cette sœur que je pense ne revoir jamais puis tourne les talons pour faire signe à Lupino que tout cette comédie a assez duré ! Il est temps de partir, il est temps de refermer cette page de ma vie. Je me doute que l’aîné sera ravi de voir que finalement j’ai abandonné mon idée de le rencontrer. De toute manière, il ne semblait guère enchanté de ma venue, je lui retire donc l’épine que j’avais logée moi-même dans son pied.


- Signorina, si le cœur vous dit un jour de venir à Venise, je serais heureux de vous y recevoir mais sans arme et avec un beau sourire !

    Je continue à sourire pour effacer ces souvenirs de notre rencontre qui déjà s’estompent. Il me faut aller de l’avant et c’est ce que je m’apprête à faire…. Rapidement.



*sale porc
**ça suffit ! cette jeune femme est ma soeur !

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Eliane_
La réaction face à son geste la laisse perplexe. Avait-elle été trop naturelle, trop soudaine ? A vrai dire, Eliane restait elle-même surprise.
Les mâles la répugnaient de par l’image qu’elle avait eue de cet unique homme de référence…
Et pourtant, cette assurance qu’il dégageait l’attirait, telle une étoffe de protection dans laquelle il serait bon de se lover. Le laissant à ce moment d’hésitation, elle sourit intérieurement en sentant qu’il enserre sa main.

L’heure du Lupino est là. La scène se passe rapidement, l’arme menaçante est sortie.. A peine eut-elle le temps de se reculer d’un pas que Dante s’interpose efficacement pour lui éviter de perdre la vie.

Il pose alors le mot de sœur pour justifier son geste, l’annonce officielle n’en reste pas moins troublante. Quant à la suite des évènements, la blonde ne sait comment réagir.
L’italien se permet certains gestes affectueux tout en restant distant. Son désir de renouer avec la famille ne semble pas lui tenir à cœur, il s’apprête d’ailleurs déjà à partir, les talons sont tournés, la porte franchie.

Le cœur alors s’emballe. Cette scène d’abandon, elle n’aurait jamais pensé la revivre et encore moins imaginer que cela puisse créer en elle, un tel afflux de sensations et d’hésitations.
Pourquoi diable ressentait-elle cela à nouveau, après tant d’effort pour se faire aussi insensible, tant d’années…Ce comportement l’écœure autant qu’il l’affaiblie. C’était là, une baffe en plein visage…

Alors, elle se raisonne…Tentant de calmer ce cœur et ce trouble par de veines explications.

"Tu ne le connais pas…Il a failli te tuer…Regarde, il s’en care l’oignon de toi et de la famille Pendragon…Observe le partir sans sourciller et toi, lamentable que tu es, tu veux l’en empêcher…où est passé ta fierté?...
Tu veux courir après un mâle ?...Laisse le partir ! Cette race te conduira à ta perte, regarde ton père…Il a bien conduit ta mère au suicide…Il n’en vaut pas la peine…Oublie le."


Elle inspire. Les yeux sont fixes, totalement vides…Le sang afflue, irrigue son esprit alors que cela lui semble inefficace.
La porte est franchie, elle ne les voit déjà plus dans son champs de vision…

"C’est un mâle ! Tu ne pas lui faire confiance…Ce n’est…"
"Ta gueule !"


Avec hâte et angoisse, elle sort de la chambre et reste à quelques pas d’eux alors qu’ils s’apprêtent déjà à descendre…

Eliane ! ….Elle lance cela avec force, pour attirer l’attention…
Elle veut les retenir un instant pour qu’ils écoutent au moins ces paroles…

"Ni regret, ni remords…Tend cette main une dernière fois, dans l’espoir qu’elle soit retenue."

Je m’appelle Eliane Piccolini…Pendragon, malgré moi. Ma famille maternelle est italienne et ceux qui sont encore en vie résident en Lorraine. Je suis la benjamine de ces deux familles...
Je n’ai jamais connu Théodore, notre père. Les seuls souvenirs sont des lettres écrites à ma mère et le chagrin de cette dernière qui s’est laissée dépérir…
Je n’ai pas réellement d’attache et je me suis souvent retrouvée livrée à moi-même, alors j'ai voulu par curiosité connaître cet homme et cette famille…
Je fus surprise de voir que je ne suis pas la seule batarde, écœurée de voir que ma mère n’était qu’une conquête parmi d’autres, mais soulagée de le savoir mort...


S’approchant légèrement d’eux, le pas se fait plus affirmé et la voix moins troublée.

La famille Pendragon m’a accueillie mais il n’empêche que cette solitude reste…Je ne comprenais pas ce qui pouvait me lier à eux...
Je ne m’y sens pas plus à ma place et avoir découvert autant de vérités me laisse sur une note amère.

Toutefois, nous avons plus de chose en commun que vous ne le croyez…Vous êtes ce lien avec les Pendragon, ce lien qui n’a rien à voir avec cette bonté qu’ils dégagent….
Si Théodore avait des vices, une personnalité calculatrice, manipulatrice, perfide…Nous devons avouer que deux progénitures, ont hérité de cela…Vous..et moi.
Alors…ne partez pas sans moi…


Partir de Saint-Liziers, elle y songe de plus en plus.
Même si la famille était sacrée, même si on ne pouvait cracher sur tous ceux qui la composent, même si les pères et mères devaient être respectés, Eliane avait compris depuis son entrée au couvent, que tout ceci n’était bon que pour les contes…
La réalité est plus complexe…Elle n’avait jamais pu pardonner à sa mère son abandon tout comme elle ne pouvait pardonner à un homme d’être ce qu’il est…

Son bras se tend à nouveau…la main est glissée dans celle de Dante…Un geste fraternel, lourd de sens pour la blonde…un geste qui coûte cher en courage...Un geste qu’elle sait pourtant si facile à rejeter…

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