Blanca_corvinus
La Rochelle, un quatorze décembre de 1459, en fin d'après-midi...
Elle tournait comme une hélice, impatiente, excitée comme une puce. Depuis des jours elle devait se contenir, ne rien dire, pas même à ses plus proches amies. Garder un secret, voilà bien une chose que Blanca ne savait et n'aimait pas faire, mais elle avait donné sa parole à Raoul. Coûte que coûte.
Le lieu c'était elle qui l'avait choisi. Parce que c'était à La Rochelle qu'ils avaient atterri ensemble, au hasard d'un voyage, tous les deux. A l'époque ils avaient débarqué sur une plage pleine de crottes de mouettes et s'étaient roulés sur le sable, sans même s'en rendre compte. C'est que l'amour rend non seulement aveugle mais aussi un peu con parfois... Bref, c'était un peu là que tout avait commencé, du moins c'est ce que Blanca aimait à penser. Alors quand Raoul lui avait demandé sa main...
Stop!! Ne sautons pas les étapes!
D'abord ils étaient retournés en Franche-Comté, puis l'avaient quittée avec armes et bagages, sans trop savoir quand ou si ils y reviendraient. Et puis un soir, à Montpellier, il lui avait dit:
Cette fois ma Corvinus tu as eu le temps de te décider. Je t'ai donné ta chance plusieurs fois d'aller voir ailleurs. Tu ne l'as pas fait. Alors il est temps que je fasse de toi une femme honnête.
Ce n'étaient peut-être pas ses paroles exactes, mais c'est ce que Blanca en avait retenu. Pas de bague, ni de cris de joie après qu'elle eût accepté, l'Raoul n'aurait pas apprécié. Mais cette demande avait du lui coûter beaucoup, lui qui n'aimait pas dévoiler ses sentiments.
Alors pourquoi se marier? Pourquoi après tout ce temps? Blanca ne pouvait pas répondre pour Raoul, mais en ce qui la concernait, il était le seul homme à avoir vu en elle autre chose qu'une bonne copine ou une conquête facile. Il était le seul à l'avoir suivie dans tous ses projets: les voyages, la politique, l'envie d'avoir un enfant... Il avait beau râler, pester en quasi permanence, qu'elle "ne l'écoutait jamais", qu'elle "n'en faisait toujours qu'à sa tête", il était toujours resté à ses côtés et l'avait soutenue, écoutée. Et ça, aucun autre homme n'avait été capable de le lui apporter.
Retour à La Rochelle, sous la neige de décembre. Le plus difficile dans tout ça, avait été de ne rien dire à personne. Pas d'invités, pas de fête, juste lui et elle. Eux. C'est tout.
Mais malgré tout, Blanca pensait très fort à son fils, Lupin, resté avec les Bretons et sa tante Hermine, à Oberthur et Psy, ses amies chéries qui lui en voudraient certainement de n'avoir rien dit. Mais pour une fois dans sa vie, Blanca avait décidé d'être égoïste. De ne penser qu'à elle et à son Rat, comme elle surnommait affectueusement Raoul.
Blanca donna un dernier coup d'oeil dans le miroir à sa tenue. Elle l'avait choisie rouge sang, car c'était moins salissant que le blanc et puis elle n'était plus vierge depuis longtemps. Rouge parce que le sang c'est la vie. Rouge aussi parce que le mariage aurait lieu dans un endroit symbolique pour eux, tout comme La Rochelle l'était et que, ma foi, le rouge s'accordait bien à ce genre d'endroit.
La nuit commençait à tomber. Il était temps qu'elle remplisse sa part du marché. Raoul devait être en train de préparer l'endroit pour la cérémonie et le curé allait débouler bientôt. Blanca sortit donc de l'auberge dans la pénombre naissante, drapée d'un manteau rouge accordé à sa robe, petite tache sombre sur le décor blanc des ruelles enneigées de La Rochelle.
Il fallait faire vite, Raoul et le curé devaient déjà s'impatienter. Blanca avisa une taverne illuminée et des voix qui s'en échappaient. Elle poussa la porte et entra, tout en vérifiant qu'elle avait bien emporté sa bourse. Elle espérait ne pas avoir à l'utiliser et trouver des âmes charitables qui accepteraient de l'aider. Mais elle l'avait emportée pour parer à toute éventualité.
B'soir!
lança-t-elle aux quelques clients présents.
Bon, voilà. Je cherche deux témoins. Pas pour un duel, mais pour un mariage.
Elle tournait comme une hélice, impatiente, excitée comme une puce. Depuis des jours elle devait se contenir, ne rien dire, pas même à ses plus proches amies. Garder un secret, voilà bien une chose que Blanca ne savait et n'aimait pas faire, mais elle avait donné sa parole à Raoul. Coûte que coûte.
Le lieu c'était elle qui l'avait choisi. Parce que c'était à La Rochelle qu'ils avaient atterri ensemble, au hasard d'un voyage, tous les deux. A l'époque ils avaient débarqué sur une plage pleine de crottes de mouettes et s'étaient roulés sur le sable, sans même s'en rendre compte. C'est que l'amour rend non seulement aveugle mais aussi un peu con parfois... Bref, c'était un peu là que tout avait commencé, du moins c'est ce que Blanca aimait à penser. Alors quand Raoul lui avait demandé sa main...
Stop!! Ne sautons pas les étapes!
D'abord ils étaient retournés en Franche-Comté, puis l'avaient quittée avec armes et bagages, sans trop savoir quand ou si ils y reviendraient. Et puis un soir, à Montpellier, il lui avait dit:
Cette fois ma Corvinus tu as eu le temps de te décider. Je t'ai donné ta chance plusieurs fois d'aller voir ailleurs. Tu ne l'as pas fait. Alors il est temps que je fasse de toi une femme honnête.
Ce n'étaient peut-être pas ses paroles exactes, mais c'est ce que Blanca en avait retenu. Pas de bague, ni de cris de joie après qu'elle eût accepté, l'Raoul n'aurait pas apprécié. Mais cette demande avait du lui coûter beaucoup, lui qui n'aimait pas dévoiler ses sentiments.
Alors pourquoi se marier? Pourquoi après tout ce temps? Blanca ne pouvait pas répondre pour Raoul, mais en ce qui la concernait, il était le seul homme à avoir vu en elle autre chose qu'une bonne copine ou une conquête facile. Il était le seul à l'avoir suivie dans tous ses projets: les voyages, la politique, l'envie d'avoir un enfant... Il avait beau râler, pester en quasi permanence, qu'elle "ne l'écoutait jamais", qu'elle "n'en faisait toujours qu'à sa tête", il était toujours resté à ses côtés et l'avait soutenue, écoutée. Et ça, aucun autre homme n'avait été capable de le lui apporter.
Retour à La Rochelle, sous la neige de décembre. Le plus difficile dans tout ça, avait été de ne rien dire à personne. Pas d'invités, pas de fête, juste lui et elle. Eux. C'est tout.
Mais malgré tout, Blanca pensait très fort à son fils, Lupin, resté avec les Bretons et sa tante Hermine, à Oberthur et Psy, ses amies chéries qui lui en voudraient certainement de n'avoir rien dit. Mais pour une fois dans sa vie, Blanca avait décidé d'être égoïste. De ne penser qu'à elle et à son Rat, comme elle surnommait affectueusement Raoul.
Blanca donna un dernier coup d'oeil dans le miroir à sa tenue. Elle l'avait choisie rouge sang, car c'était moins salissant que le blanc et puis elle n'était plus vierge depuis longtemps. Rouge parce que le sang c'est la vie. Rouge aussi parce que le mariage aurait lieu dans un endroit symbolique pour eux, tout comme La Rochelle l'était et que, ma foi, le rouge s'accordait bien à ce genre d'endroit.
La nuit commençait à tomber. Il était temps qu'elle remplisse sa part du marché. Raoul devait être en train de préparer l'endroit pour la cérémonie et le curé allait débouler bientôt. Blanca sortit donc de l'auberge dans la pénombre naissante, drapée d'un manteau rouge accordé à sa robe, petite tache sombre sur le décor blanc des ruelles enneigées de La Rochelle.
Il fallait faire vite, Raoul et le curé devaient déjà s'impatienter. Blanca avisa une taverne illuminée et des voix qui s'en échappaient. Elle poussa la porte et entra, tout en vérifiant qu'elle avait bien emporté sa bourse. Elle espérait ne pas avoir à l'utiliser et trouver des âmes charitables qui accepteraient de l'aider. Mais elle l'avait emportée pour parer à toute éventualité.
B'soir!
lança-t-elle aux quelques clients présents.
Bon, voilà. Je cherche deux témoins. Pas pour un duel, mais pour un mariage.