Artheos
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A Dieppe, le travail était difficile à trouver. Des salaires d'esclavagistes à quatorze voire treize, une mine d'or où il fallait se présenter dès le matin pour oser espérer avec une pioche et un payement correct... mais Arthéos se levait tard ses derniers temps. Peut-être était-ce dû à sa blessure récente et aux mauvaises nuits blanches qu'il avait passées aux côtés du médecin qui tentait vainement d'apaiser le mal. Les larmes s'étaient échappées à plusieurs reprises de ses yeux bleus qui n'aspiraient qu'à la joie de vivre. Pourquoi tant de souffrances ? Il n'était même pas noble, il n'avait jamais fait de mal à personne ! Il n'avais jamais tué une mouche ou une abeille, dont d'ailleurs il adorait le mystérieux trajet de fleur en fleur. L'abeille était libre, elle volait, dans le sens du vent, se souciant seulement de sa colonnie, ignorant les hommes pour peu qu'ils n'aient pas un bouquet de fleurs fraîches en main ! L'abeille devait travailler, en quelque sorte, elle était proche d'Arthéos. Tous les deux agissaient pour d'autres, à qui ils obéissaient et devaient le respect. Y avait-il des nobles chez les abeilles ? Un jour peut-être le saurait-il... mais pour l'instant, faute de travail financièrement acceptable, le valet avait écouté sa maîtresse et s'était rendu à la pêche. Chaque jour il ramenait un poisson, qu'il mangeait. Si Ana.Lise l'avait vu avec une canne à pêche, il imaginait ses rires et son doux visage sourire une fois la bête hors de l'eau.
Malheureusement, Arthéos sentait que le rire ne viendrait plus jamais. Sa duchesse était triste, fatigué et ne sortait que rarement de sa chambre à l'auberge du Calva Dieppois. Elle avait demandé à son domestique de ne pas s'inquiéter pour elle. Il avait dit oui. Néanmoins, il espérait la voir en ville, parler avec elle en taverne. La seule fois où ils s'aperçurent, Ana.Lise lui expliqua énormément de projets. Le départ de Champagne, une nouvelle vie, contre toute attente. Arthéos avait souri. Les mots ne l'avaient guère convaincu. Pourtant il n'avait rien dit le valet, son sourire valait toutes les peines et les joies du monde. Tantôt festif, tantôt timide, tantôt triste, malheureux, amusé, satisfait. Jamais moqueur.
"Vous êtes le valet d' la dame brune ?
- Sa Grâce de Sedan, oui.
Il arrivait que certaines personnes l'interpellent en taverne. Tout le monde savait plus ou moins que le jeune attendait sa duchesse. Tous se demandaient si elle existait vraiment. On se moqua même du fantôme inexistant qu'Arthéos recherchait. Triste et blessé, il se retirait, silencieux, une larme sur sa joue rougie par le froid. Les larmes ne se glaçaient pas. Elle venait du coeur, et celui d'Arthéos bouait. Il s'inquiétait.
"Vous d'vez savoir qu'elle est partie, v'là... euh... cette nuit.
- Vous faites erreur, nous voyageons ensemble.
- On dirait qu' c'est la fin du voyage.
Cette réplique tourmenta Arthéos au plus profond de lui. Ana.Lise ? Partie ? Sans une lettre pour lui ? Partie où ? La fin du voyage... qu'allait-elle entreprendre ? Non, c'était impossible. Il quitta la taverne et si dirigea vers l'auberge municipale. Les volets de la fenêtre où il la voyait parfois regarder au loin, solennelle, étaient fermés. Elle devait probablement dormir. Il devait être la fin de l'après-midi. Il n'y croyait pas. Lentement, il monta les escaliers menant aux chambres. Il ne voulait pas la déranger. Le valet toucha la porte. Il laissa glisser sa main si douce, malgré les épreuves quotidiennes, mais il la retira bien vite quand une épine vint le blesser. Décidemment.
Arthéos savait qu'elle était derrière cette porte. Cela ne ressemblait pas à sa maîtresse que d'oublier quelqu'un, encore moins son homme de peine, son confident, son... son ami... Bien que l'amitié entre un noble et un domestique pourrait être très controversée et mal vue... Mais Ana.Lise n'était pas de ces gens qui jugeaient sans savoir. Ne comprenant pas tout, Arthéos se colla contre le mur du couloir et se laissa glisser jusqu'à atteindre le sol. Assis à côté de la porte, il attendait que celle-ci s'ouvre et laisse apparaître la duchesse.
Triste, perdu, confus, le jeune homme sortit un mouchoir que la duchesse avait brodé sur lui. Sur le tissu figurait un beau A en lettre majuscule. Que signifiait-il à cet instant ? L'initiale du domestique pour lequel la maîtresse avait cousu ? Ou l'initiale de la maîtresse à laquelle le valet pensait, inexorablement ?
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