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[RP] Finies les bouderies! Enfin presque.

Sorianne
Ooooooouh...

Résultat de la mine qu'elle s'est mise la veille au soir? Bingo!

La plainte s'éleva de sous le paquet de couvertures qui jonchaient le lit de l'auberge où logeait la brune. La frileuse s'était enroulée dedans pour lutter contre le froid, et elle s'en servait, maintenant qu'elle était réveillée, comme bouclier pour contrer lumière et bruits trop prononcés. Tellement heureuse de revoir la rasée et Maleus que les tournées avaient volé. Elle avait même eu droit à pas mal de choppes offertes de la part de Miramaz! Il allait falloir faire une croix. Quand elle se lèverait. Quand son mal de cheveux aura passé.

En prime, elle avait apprit que Col était en ville! D'ailleurs, à cette idée, la noiraude sortit le nez de sous les draps et c'est une So pâlotte qui apparue sous la crinière sombre et emmêlée. Ne pas se redresser trop vite... Et d'une main elle cacha ses pauvres yeux de la lumière du soleil qui semblait déjà haut, même s'il était plutôt glaciale. Depuis combien de temps n'avait-elle pas mis le nez dans une taverne? Des lustres lui semblait-il. Bah elle avait bien payé sa timidité à y entrer!

Emmitouflée dans les multiples couches de tissu, elle finit par se lever, avec bien du mal et complétement au radar avant de se diriger vers le broc qui prenait de la place sur la commode là bas. Se rafraîchir un peu avant de descendre et aller réclamer sa pitance, à défaut d'avoir Gaelante sous la main pour lui préparer de quoi se défaire de la gueule de bois. Où était la vieille femme d'ailleurs... Soupir...

A contrecœur, la brunette lâcha les draps qui lui tenaient bon chaud et frissonna quand ils tombèrent au sol. Elle eut soudain envie d'une chemise bien plus chaude... Encore plus en sentant l'eau glacée sur son visage, qu'elle s'empressa d'essuyer. Oh par Aristote, elle payait sa beuverie. Boitillant jusqu'à ses affaires, elle se dépêcha de se vêtir et enfila par dessus un lourd gilet dans l'espoir de se réchauffer un peu plus. Plus qu'à brosser ses cheveux corbeau et elle finit par descendre en prenant garde de ne pas trébucher dans ses jupes, à peu près présentable.

La salle principale de l'auberge n'était pas très grande, mais la grande cheminée offrait une chaleur réconfortante et la petite So s'y colla presque avant d'aller demander de quoi sustenter son maigre appétit.

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'ci Crok =)
Sorianne
Le repas devant elle, la noiraude contemplait le plat d'un air écœuré. La tête en appui sur sa main, accoudée à la table, elle triturait dans la gamelle sans réussir à avaler quoi que ce soit. Le temps au dehors ne lui donnait envie de rien, et elle désespérait voir Colhomban... Il était là. Ils le lui avaient dit... Mais où? Les auberges n'étaient pas des plus nombreuses, et il devait bien se trouver dans l'une d'entre elles. Peut-être même était-il dans une des chambres de celle là même où elle se trouvait à ce moment...

Un soupir...

Et Nominoée... Comment allait sa petite fille...? Col... Elle n'avait qu'une envie, que tout redevienne comme avant l'accident. Mais serait-ce seulement possible? Ils avaient chacun vécu un bon nombre de chose durant le temps où ils avaient vaqué chacun de leur côté... Elle même avait changé... Il lui en avait fait la remarque la fois où ils s'étaient retrouvés. Arriverait-elle à lui donner ce qu'il attendait? Était-elle encore digne de lui? Elle avait failli se laisser faire par un homme qui lui était pour ainsi dire inconnu... Qui sait ce qu'il serait advenu s'il était remonté la trouver?

Un soupir...

Elle l'aimait. C'était sûr. Mais à quel point? Le temps n'avait-il pas estompé les sentiments qui avaient déjà eu bien du mal à être avoués? C'était Colhomban. Elle lui devait énormément. Il lui manquait. Elle voulait le rendre heureux, comme il le méritait. Mais elle doutait d'y arriver... Un effet de la gueule de bois? La brune s'en serait bien passée. Rejeter la faute sur un prêtre trop zélé aurait été trop aisé, même s'il n'y était pas pour rien. Le couvert raclait doucement le fond du plat, en un petit bruit discret mais les ronds dessinés avaient quelque chose d'hypnotisant...

Un soupir...

Et pourquoi était-elle venue là au final...? Pour rien. Un homme invisible, une Fourmi cloitrée et qu'elle n'arriverait sans doutes pas à voir... Pour échapper aux demandes de Col? Comment allait-il prendre le fait qu'elle ne se donne pas à lui malgré tout ce temps? Il était hors de question que certaines choses soient avouées. Le comprendrait-il? La So se sentit mal soudain... Un vertige... Alcool? La main sur laquelle elle appuyait sa tête vint se poser devant les yeux clos. Trop de questions pour sa pauvre tête malmenée. Les yeux se réouvrirent, et le regard vert se porta sur la fenêtre couverte de buée mais derrière laquelle on pouvait apercevoir la neige qui maculait les rues.

Une envie de fuite.
Fuir loin.
Loin de tout, et de tous.
Refaire sa vie là où on ne la connaitrait pas.
Qu'elle n'ait à se justifier de rien.
Le cœur au bord des lèvres, la noiraude à la mine sombre referma les paupières, le front marqué dans la main.

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'ci Crok =)
Sorianne
Il fallait passer le temps afin de ne pas le passer à bougonner et à ruminer après des souvenirs qui ne seraient sans doutes plus. A moins que le Très Haut, dans son infini bonté, ne lui offre une chance de se racheter. Mais de ça, rien n'était moins sûr, et la petite noiraude préférait ne point compter dessus. Dieu comme son bébé lui manquait... Sans doute avait-elle déjà une dent ou deux... Elle ne l'aurait pas vu grandir. Mère indigne. Oui, à cela aussi, il fallait qu'elle cesse de penser. Aussi s'était-elle tourné depuis quelques semaines, sur une activité qu'elle n'avait plus pratiqué depuis... Leur départ d'Angoulême.

Lors d'une balade dans les ruelles, Sorianne était en effet tombée tout à fait par hasard sur un marchand de tissu. Les rouleaux n'étaient en rien de grand luxe, mais de qualité suffisante pour en faire des choses pas trop mal. Elle avait donc vidé une partie de sa bourse sur le comptoir de l'artisan et était retournée à l'auberge délestée de quelques écus, mais encombrée de quelques mètres de tissus plutôt lourds.

Et ce jour, elle était assise, comme à l'accoutumée depuis quelques semaines, dans la pièce principale de l'auberge où elle logeait, près de la fenêtre pour voir clair, et non loin de la cheminée afin d'avoir chaud. L'aubergiste avait dû la prendre en pitié à la voir attendre ainsi chaque après midi, et dorénavant, il lui apportait de quoi satisfaire sa gourmandise, et à l’œil qui plus est. So le lui rendait bien, et passait un peu de temps à discuter avec lui.

Ses travaux sur les genoux, ces derniers appuyés au bord de la table qui lui faisait face, la jeune femme achevait son "œuvre". Oh certes, pas grand chose, et nullement compliqué, mais elle y avait mis tout son cœur et ne comptait plus les poupées aux doigts que cela lui avait valu... Ancienne tisserande, pour rappel. Toujours aussi douée aux travaux d'aiguilles. Un cadeau d'anniversaire. Un cadeau pour des retrouvailles toujours envisagées. La cape lourde, chaude et sombre, était finie. Ne manquait plus que le détail qui allait donner toute son importance au présent.

La petite langue sortie, preuve de sa concentration à effectuer sa tâche, la noiraude s'appliquait à broder en belles lettrines, les initiales de Colhomban. Un C pour son prénom, un E pour son nom.
... Et quand ce fut finit, la petite brune soupira en se calant au fond de son siège, et de caresser le tissu avec une petite moue. Aurait-elle l'occasion de la lui offrir?

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'ci Crok =)
Colhomban
Quelques flocons épars tombés de-ça de-là par la fenêtre. Le brun décolla sa main froide du carreau de sa chambre et recula jusqu'à un large fauteuil qui l'avait recueilli plusieurs soirs de suite, tour à tour ivre mort, triste, abattu, satisfait, joyeux, malheureux, réfléchi,...

Ce soir un long soupir marqua l'assise, et il posa une tête bien lourde sur l'accoudoir du siège moelleux. Depuis combien de temps avait-il rêvé de cette conversation ? Depuis combien de semaines espérait-il cette entrevue qu'il avait tant de fois répéter en pensées ? Une douleur vive lui vrilla le crâne, et il pressa ses paumes sur ses yeux, chassant les larmes qu'il se refusait de laisser couler.

Dieu qu'il l'avait aimé. Il serait allé la chercher jusqu'en enfer si elle y était allée. Il l'aurait suivi, sauvé, porté, traîné... Mais rien de cela n'aurait suffi à les rapprocher. Depuis trop de mois maintenant ils s'étaient éloignés, leur façon de penser, de prendre la vie, les côtés sombres de leurs personnalités, leurs vécus séparés, tout cela avait mis fin au couple qu'ils étaient. Car une seule année passée loin l'un de l'autre avait anéanti toutes celles qu'ils avaient bravé ensemble.

12 mois...
365 jours...
De si petits jours...

Des yeux le brun chercha sa bouteille d'eau de vie. Celle qui le suivait à travers ses voyages. Sa meilleure amie, confidente, son appui. Il s'en versa une rasade qu'il but tout aussi promptement, se massa encore le visage et ferma les yeux.

Sa femme. Non sa compagne. Sorianne était sa compagne. Compagne... Rien que le mot détenait à lui seul tout le sous entendu de leur relation. Ils avaient vécu ensemble durant 5 années, avaient voyagé, déménageaient, puis s'étaient fiancés, et avant de concrétiser leur union le rêve s'était brisé. Ils auraient fait un de ces couples parfaits. De ceux qui ne se disputent que pour des broutilles, les doigts entrelacés jusqu'au bout de la vie. Ils auraient fini dans un petit village, avançant dans les difficultés quotidiennes aussi facilement qu'ils le pouvaient. Car rien ne les avait jamais arrêté dans leurs projets. Elle se serait épanouie en mairesse, et lui aurait développé sa communauté en taillant la pierre des plus activement. Un enfant, deux, puis trois, auraient égaillés leur vie calme. Les aléas des guerres, les prises de décisions, les conflits, les questions sur la religion, tout cela leur aurait été épargné. Un couple parfait.


Par-fait.

Colhomban prononça le mot à haute voix et éclata de rire.

Pourquoi s'est-il fourvoyé si longtemps ? Une phrase qu'elle avait dit lui revenait en mémoire : "Nous nous en sommes voulus pour des choses que nous aurions pu nous pardonner." Pardonner son infidélité ? Elle qui avait couché avec ce mercenaire... Pardonner sa fuite ? Lui qui avait si peur en la revoyant dans ce couloir sombre, le ventre rond... Ils avaient leurs torts, bien qu'il fallait concéder que pour le coup elle en avait plus que lui. Mais le pardon n'était pas chose facile...

Le nobliau sourit, s'arcbouta sur son siège, posa ses coudes sur ses genoux et se pencha en avant, la nuque basse.

Lylla.
Oui il l'espérait.
Une main tendue ne se refusait pas.
Pas maintenant.
Il en avait besoin.
Peut-être trop besoin...

Elle était son espoir, son coin de soleil, son calme peut-être avant la tempête, une épaule, une aide, un confort, une oreille aussi. De la chaleur en cet hiver interminable. Une amie sur qui compter. Voilà qui était rare pour le brun qui n'en avait plus un seul depuis longtemps.

Il se redressa, retourna à la fenêtre d'un pas chancelant et finit sa bouteille.

Demain, se promit-il, demain serait un autre jour.

Sur sa table une cape dormait. Cousues de fil d'or deux initiales brillaient à la lueur du feu dans la cheminée. Un lourd tissu noir marquant le deuil d'un amour perdu.

Oui. Il la porterait.


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