Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, 4, 5, 6, 7   >   >>

[RP] A Maison-Forte, "la Burgondière"

Irina
Le beau visage d’Aryanha se rembrunit. Sara sentit son cœur se serrer croyant avoir fait un impair en prononçant ces paroles qu’elle avait voulues inoffensives, voir de bon augure. Se pouvait-il que…

Le temps d’une seconde, un lourd silence s’abattit dans la salle à manger, puis la charmante hôte prononça des paroles rassurantes.

Avança sa main sur celle d’Aryanha, Sara la regarda en souriant. Elle voulait tant que les gens autour d’elle soient heureux et satisfaits de leurs sorts. Jour après jour, la fille de Julien devenait quelqu’un d’important en son cœur et faisait désormais de ses personnes importantes de sa vie.

Couvrant la main de sa marraine de la sienne, Sara ajouta :


Chère amie… l’addition d’êtres dans une famille est une chose…mais l’affection et l’importance de chaque membre pour les autres en est d’autant plus. En devenant ma marraine, tu deviens un membre important de ma vie…sache-le…et sache que je serais là pour toi…telle une filleule…telle une mère même…
_________________
Miglia150
Julien, le chanceux Julien, écoutait attentivement les propos des deux femmes et ne pouvait que sourire en voyant cette liaison se former peu à peu et les enlacer l'une à l'autre, il se disait que Sara serait une mère parfaite pour Son Ary qu'il aimait tant et qu'elle aussi était en train d'apprendre à aimer ; elles s'entendaient, il s'en rejouissait avec son sourire spontané et manifeste et ne manquait de verser du vin pour tenir cette ambiance de famille à l'affection ferme chaude et guillerette.

La gaffe de Sara, n'étant due qu'à un manque de lui qui n'avait pas retenu juste de raconter un fait si privé et intime de sa fille, mit à l'épreuve la conversation pour des instants qui passèrent par la tendresse d'une marraine qui rassurait sa filleule comme une fille avec une mère, d'une filleule qui encourageait sa marraine comme une mère avec une fille ; le père, qui aurait voulu serrer fort Son Ary, lui souvenir qu'il ne faut jamais perdre l'espoir et que le jour où son ventre s'épanouirait par une nouvelle créature engendrée viendrait, fut retenu par la tendresse que ce moment lui inspira.

Un moment si touchant et doux d'une mère dont le regard brillait déjà d'un feu follet de maternité capable de devenir une flemme bienveillante, d'une fille qui sentit en les paroles de cette femme connue peu à peu le reconfort d'une mère, les yeux de Julien brillèrent de vifs éclairs d'un bouleversement profond qui fallut rider son visage des gentes larmes d'un bonheur présent en préludant un futur encore plus grand.
Il les regarda toutes les deux, de derrière son calice de nectar exquis...
...Merci...
_________________
Aryanha
Commencement d’une journée à la Burgondière…

La brume de ce mois de février où la bise hurlait dans la cheminée et vous glaçait jusqu’aux os, se levait blanche et nébuleuse enveloppant la maison forte oubliée dans la campagne dijonnaise au milieu des vignes. Peu à peu, à mesure que le temps consommait le jour, de faibles lueurs perçaient la brumasse pour s’étendre avec clarté.
La Burgondière s’éveillait sous le caquetage incessant des poules et des oies qui se sauvaient en courant dans la cour et glissaient sur des flaques d’eau gelées, poursuivies par la Babette la cuisinière, armée d’un tranchoir en main.
La dame des lieux, Aryanha, finissait de brosser sa longue chevelure, le regard perdu dans sa mélancolie. Effectuant le brossage d’un geste spontané et répétitif, quelques cernes sous ses yeux révélaient des nuits sans sommeil.
La demeure s’animait sous le hennissement des chevaux que Govran sortait de l’écurie, puis…puis un déchirement dans le ciel.


Sparviero !

Il y avait si longtemps qu’elle ne l’avait entendu l’appeler, ni vu tournoyer dans son ciel tourmenté qu’Aryanha avait craint le pire pour son épervier.
Fermant la fenêtre qu’elle avait entrouvert pour assouvir sa curiosité et affirmer son désir de le revoir, Aryanha sortit de son logis en jetant une étole de fourrure sur ses épaules. Sparviero criait, planait au-dessus de la cour de la Burgondière et descendait du ciel doucement pour la réclamer à son gant. Quel plus doux moment que de tendre à nouveau son bras et de laisser le rapace se poser rudement sur son poing ganté, accrochant ses serres sur l’épaisseur du cuir ! Quel plus doux moment que d’effleurer son plumage velouté du bout des lèvres pour en sentir la chaleur !


Sparviero ! J’ai eu si peur de ne plus te revoir !


L’histoire qui la liait au rapace dépassait l’entendement et faisait partie du mystère. La femme et l’oiseau se comprenaient, se livraient leur secret, Aryanha lui chuchotant des mots cachés, Sparviero plongeant son regard d’ocre dans le sien…il était devenu son messager.
A l’angle du bâtiment du logis, se dressait une petite tour. Passant par la cuisine, Aryanha y chaparda quelques morceaux de viande fraîche et rejoignit la tourelle ouverte sur l’extérieur. Là elle laissa l’épervier prendre la nourriture dans sa main. Point besoin de l’attacher sur un perchoir en bois, son épervier possédait ce don mystérieux de fidélité et de liberté, sentiment pourtant contradictoire, n’était-il pas son messager prisonnier du ciel ?
La bise rentrait par l’ouverture de la petite tour et balayait rudement les cheveux de la jeune femme, fouettant son visage de son souffle glacé. De la paille sur le sol isolait ses pieds enfermés dans ses bottes. Sparviero visitait la tour et se posait sur les appuis de pierre en poussant des petits cris.

Des heures s’écoulaient et le ciel d’un bleu lumineux dominait. Pourtant ce vent froid venant du nord et chassant les nuages ne cessait pas de se glisser dans chaque recoin et la tour restait sa prédilection ; Sans effet sur le rapace, Aryanha, elle, frissonnait et son regard devenait des plus brûlant. S’appuyant contre le mur glacial, elle ferma un instant les yeux prise de vertige. Elle devait descendre, rentrer se réchauffer. Ses pas lui semblaient lourds, et les marches de la tour si hautes. Poussant la porte de bois, elle se retrouva dans la cour ensoleillée. Son étole glissa de ses épaules, son regard se brouilla et elle ne vit que les ténèbres.

Dans la brume de son inconscient, elle ne sentit pas les bras fermes qui la portaient, ni les voix qui ordonnaient, ni le lit chaud et moelleux où elle fut déposée.

La fièvre avait envahi son corps et son esprit, cette maudite fièvre d’Artois qui venait sournoisement dans ses moments de faiblesse. Cette fièvre souvent accompagnée de toux, qu’elle avait ramené d’un de ses voyages en traversant l’Artois.

_________________
Irina
Il faisait froid en ce jour de février et le vent s’amusait à le rappeler en chacune de ses bourrasques. Il ne neigeait plus depuis des jours maintenant, mais la mince couverture blanche persistait ça et là sur les terres bourguignonnes. Le ciel grisé jouait avec les rayons pâles d’un soleil frileux finissant par disparaître pour de bon de longues heures durant. Les jours s’allongeaient, certes, mais avec une lenteur qui n’avait d’égal que la hâte de voir le printemps arriver.

Un carrosse noir blasonné de bleu, de rouge et d’or s’arrêta au bout du chemin. Sara du Fennec en débarqua, emmitouflé dans un manteau de laine, une écharpe enroulée autour de sa gorge frileuse. De sa main gantée, elle tenait un panier tressé recouvert d’un linge brodé. Une nuée blanchâtre s’échappait de sa bouche à chacune de ses respirations.

Elle avait préféré marcher le reste du parcours afin de s’imprégner de ce silence régnant sur cette nature morte, immortalisée de givre. Le chemin était mystérieux et beau, bordé d’arbres magnifiques qui devaient être plus beaux encore lorsque parés de leurs feuilles. La Burgondière élevait ses murs rigides de pierres en une droiture solide se mariant avec les courbes amples de la végétation environnante. Sara observait la demeure grandir à chacun de ses pas, songeant à la langueur qui habitait l’âme d’Aryanha, celle qu’elle venait visiter.

Que la jeune femme souffre de fièvre mélancolique touchait au plus haut point Sara. N’avait-elle pas, elle aussi, parfois tendance à se laisser sombrer vers cette état de lassitude ? N’avait-elle pas ces singuliers sauts d’humeur indomptables et violents ? L’esprit était une chose impalpable et insidieusement changeant; il était parfois si difficile de comprendre comment un changement d’état se manifestait. Aussi, Sara ne pouvait savoir ce qui aiderait Aryanha a se défaire de son affliction, elle seule pouvait le découvrir, mais la blonde Dijonnaise était déterminé à poser un baume (aussi léger soit-il) sur le jour de sa petite marraine. Cette affection qu’elle avait pour Aryanha était indéfinissable; un sentiment de protection dû à l’état d’ainesse de Sara et du fait qu’elle deviendrait bientôt sa belle-mère; mais aussi un attachement qui avait tout à voir avec l’état du cœur, un élan spontané d’estime et de bonne entente qu’elle souhaitait cultiver.

Ces réflexions mena le pas de Sara jusqu’aux grandes portes de la demeure. Elle cogna trois grands coups d’un poing assuré. Un domestique ouvrit prestement un des pans de bois s’effaçant pour la laisser entrer.


Le bon jour, j’ai pris l’initiative de venir visiter Dame Aryanha sans me faire préalablement annoncer… Je ne sais si elle est disposé à me rencontrer; je suis Sara du Fennec, sa filleule.

La domestique opina du chef, se rappelant d’avoir déjà vu la visiteuse entre les murs de la demeure. Sara se tint dans le vestibule sans ciller, tenant l’anse de son panier de ses deux mains; attendant une réponse de la femme.
_________________
Aryanha
[La veille de l’arrivée de Sara du Fennec…]

C’est le chevalier Roland d’Ars qui vous a portée sur votre couche. Il était très inquiet. Il m’a ordonné de rester à votre chevet, que je ne devais point vous laisser pour mangeailler ou dormir sinon il me clouerait à la porterie si je manquais à ce devoir.

Anceline hoquetait de peur.

Il est parti lui-même chercher remède à l’abbaye.
Les moines, avec l’accord de l’abbé, Dieu le béni, l’ont fourni en plantes et décoctions pour vous soigner.


Aryanha ouvrait difficilement ses paupières. Le flot de paroles de sa servante résonner douloureusement dans sa tête fébrile.

Frère Evrard n’arrête pas de prier, il dit que c’est une punition du ciel, seul Dieu décidera de la guérison.

Une faible lumière vacillait et dansait sur les murs. Le feu flambait dans la cheminée, Aryanha l’entendait crépiter. Anceline l’aidait à se redresser pour lui faire boire une tisane aux vertus médicinales. Après quelques gorgées, Aryanha reposait sa tête sur les oreillers. L’impression d’avoir fourni un énorme effort.
Puis la mine d’Anceline s’assombrit, doucement elle ajouta :


Govran le boiteux n’était pas content, il voulait chercher un médicastre à Dijon, mais le chevalier n’a pas voulu en disant que c’était tous des charlatans. Ils se sont disputés.
La Babette vous a fait une bonne souplette…faudra la boire pour reprendre des forces.


Anceline posa une large étole en laine sur les épaules d’Aryanha. Puis s’approchant de l’âtre, elle remua les braises pour activer le feu.

Et…mon ép… ? Aryanha n’avait plus la force de parler, et une quinte de toux lui arracha des larmes, se tenant la poitrine, elle se calma. Mon ép…épervier… ?

L’oiseau qui rôde et tourne au dessus de la maison ?
Hum…la Babette a voulu le chasser à coup de jet de pierre parce qu’il a tué de jeunes poulets. Govran s’est encore violentement mis en colère et a menacé la Babette avec sa dague de l’occire s’il elle touchait une seule plume du rapace.
Depuis, il va nourrir l’épervier dans la petite tour et la Babette a peur de lui, elle ne sort plus qu’avec son tranchoir en main.


Aryanha ferma les yeux un instant.
Que se passait-il donc ici ? Des discordes, des menaces…
Elle trempa ses lèvres dans la soupe qu’Anceline lui présentait. La chaleur de la préparation glissait dans sa gorge irritée et apaisait ainsi l’inflammation. Soudain, Aryanha remarqua un pli sur la petite table ronde à trépied.


Qu’est-ce … ?

Anceline babultia milles excuses, ce qui fit froncer les sourcils de la Vénitienne.

Un coursier est venu remettre cette lettre tantôt.

Diantre, quelle sotte cette Anceline !
Elle l’assommait de son caquetage et en oubliait le nécessaire. Elle reconnut l’empreinte du sceau…Sara. Une bouffée de chaleur l’envahit et un sourire se dessina sur son visage blême. Elle brisa le sceau de la missive et déplia la feuille. A la lecture des premiers mots, Aryanha sentait une force intérieure renaître. Sara avait ce don de s’intéresser à chacun, une femme douce et généreuse.


Laisse-moi seule, Anceline.

Aryanha put ainsi lire la lettre dans le silence et l’intimité.


[A l’arrivée de Sara du Fennec…]

Une visite…tiens !
Anceline reconnut de suite la visiteuse en ouvrant la porte sur Sara.
Comment aurait-elle pu l’oublier ? Peu de visiteur traversait le seuil de la demeure. Qu’à cela ne tienne ! Moins de travail mais moins de commérages aussi. Des sauvages, des sauvages les maîtres de la Burgondière ! Combien de fois Anceline l’avait confié à la Babette en épluchant les légumes et en vidant quelques poulardes !
Elle la fit entrer en effectuant une rapide révérence et en convoitant le panier d’un léger regard à la dérobée.


Citation:
Le bon jour, j’ai pris l’initiative de venir visiter Dame Aryanha sans me faire préalablement annoncer… Je ne sais si elle est disposé à me rencontrer; je suis Sara du Fennec, sa filleule.


Anceline confia que la visite ne pouvait qu’être appréciée par sa maîtresse, que celle ci commençait à se lever mais que son regard restait toujours aussi triste.

Je vais la prévenir de votre présence !


Ce jour, Aryanha s’était levée et restait prés du feu enveloppée dans sa robe d’intérieure, ses cheveux soigneusement tressés par Anceline tombaient en une lourde et longue natte. Assise sur une chaise d'ébène, frileusement garnie de coussins, ses pieds étroits posées sur une chaufferette, elle laissait son regard se perdre sur les braises de l’âtre. L’annonce d’Anceline la ranima un instant.

Sara ?…Va vite la quérir !
Elle n’a point besoin de s’annoncer…pas ici.

_________________
Irina
À la suite de la servante, Sara traversa le vestibule, puis longea un long corridor aux murs drapés de tapisseries brodées de merveilles. Au pied d’un vaste escalier, la domestique s’effaça assurant que sa maîtresse l’attendait dans le salon à la droite du premier palier. Remerciant la femme d’un sourire, Sara monta les marches avec lenteur jusqu’à ce qu’elle entre, à pas feutrés dans le salon clair et silencieux.

Elle fit un pas dans la pièce, voyant la silhouette frêle de sa marraine assise près du feu. D’une voix douce, afin de ne point la faire sursauter, elle la salua :


Chère Aryanha… j’espère que ma visite impromptue ne te déplait point. Je ne compte pas te fatiguer…simplement t’assurer de mes pensées et ma présence dans ces jours plus difficiles.

Sara avança vers Aryanha, la châtelaine de la Burgondière était pâle mais son visage semblait reposé. La visiteuse posa son panier sur une table basse puis se défit de ses gants tout en parlant.

Comment te portes-tu ? J’ai pensé que quelques douceurs te ferait du bien. Je t’ai apporté des petits gâteaux au beurre et au miel, de la confiture de groseilles bien sucrée... et des feuilles de menthe fraîches pour te faire une bonne infusion. J'en cultive des plants en pot pour en avoir toute l'année... Il n'y a rien de meilleur, et cela a beaucoup plus de goût que les feuilles séchées...

Sara déposa les victuailles sur la table et vint trouver sa marraine, posant ses mains sur les siennes.
_________________
Aryanha
Le feu crépitait dans la cheminée, sa chaleur réchauffait les mains glacées d’Aryanha, refermées sur une lettre posée sur ses cuisses. Pépé prenait de ses nouvelles…elle sourit affectueusement.
Connaissait-il les humeurs des femmes ? Sûrement...mais que connaissait-il des humeurs de sa propre fille ?
Connaissait-il cette aptitude à se perdre dans cette affliction jusqu’à ce que le mal l'emporte dans la fièvre ?
Cette fièvre d’Artois qu’elle connaissait si bien, qui survenait sournoisement dés que ses forces physique et morale défaillaient. Elle était cet effroyable mal qui apparaissait au bord de ses colères désespérées ou ses dépits secrets, et plongeait Aryanha dans un feu confusionnel à en perdre le sommeil, à en oublier de se nourrir.
Si les remèdes apportaient sa guérison, l’entrée de Sara dans la pièce apportait son apaisement.


Quel plaisir de recevoir ta visite Sara. Ce n’est point pour me déplaire.
Et je te remercie pour avoir pousser tes pas jusqu’à moi.

Les mains de Sara restaient douces et chaudes sur les siennes, elles étaient réconfortantes.

Ce n’est qu’une fièvre désespérante…
Bien heureusement, après avoir consumé mon sang et ébranlé mon esprit, elle s’est épuisée.
J’ai eu des jours difficiles…oui.
Et cette toux, qui n’en finissait plus, m’a accablée.


Elle soupirait émue, se rendant compte que son mal avait affolé les siens plus qu’il ne le fallait.

J’ai honte de montrer tant de mélancolie. Je ne suis qu’un pauvre esprit qui pleure sur soi.

A quoi bon confier ses maux qui parfois la rongeaient.
Elle serrait les mains de Sara.


Je t’ai toi, …pépé …et mon Ale que j’aime au-delà des mots, et sans lui, mon époux, le soleil ne se lève plus sur mes jours.

Détournant son regard sur le panier resté sur la table, elle ajouta en souriant.

Tes petits gâteaux au beurre et au miel adouciront ma gorge, après avoir contentés ma gourmandise !
Et une infusion de menthe fraîche me ravigotera, je suivrai ton conseil !
Tu as là, une bonne idée d’en garder toute l’année. Ainsi vois-tu, je peux en profiter !


Aryanha eut un semblant de rire.
_________________
Irina
La voix d’Aryanha semblait placide et son débit pondéré, pourtant Sara n’était point dupe de ce chagrin indéfinissable qu’elle sentait au fond des mots que la jeune femme prononçaient. Comment lui dire que parfois, elle souffrait aussi de cet état impitoyable qu’était la mélancolie ? Comment lui faire savoir avec subtilité qu’elle n’avait aucunement à se sentir honteuse de ce fléau puisqu’il s’exprimait chez les personnes aux âmes les plus sensibles ? Il fallait simplement le lui dire, sans doute.

La visiteuse approcha un fauteuil et se défit de son col, absorbant en son esprit ces quelques secondes de silence qui se figèrent entre elle et Aryanha. Le silence était parfois doux et paisible. Lorsque l’étoffe fut enlevée et posé sur le dossier du fauteuil, Sara regarda sa future belle-fille et posa une main apaisante sur la sienne.


Oh, Aryanha… L’hiver est difficile, et beaucoup souffrent de différents maux que seuls le temps et le repos appui la guérison. Nous sommes toujours beaucoup plus fort que l’on ne le croit…
Hochant la tête, la femme poursuivi :
Je ne suis pas là pour te faire la morale -j’ai horreur qu’on me la fasse- mais tu dois savoir que ton père tient énormément à toi et ses inquiétudes son légitimes et simplement motivées par son affection à ton égard. Nous sommes là pour toi… Et n’ai pas honte d’avoir quelques grisailles, je connais que très peu de gens qui n’en souffrent pas… et la plupart sont trop orgueilleux pour le dire…

Les lèvres de Sara formèrent un sourire.

Et ne dis pas que tu es une pauvre d’esprit ! Nenni, c’est faux ! Dis plutôt que tu es une riche de cœur ! Moi, c'est ce que je pense !Lui faisant un clin d’œil complice, la femme ajouta : Eh bien, tu dois goûter à un petit gâteau maintenant !

Bien sûr, les années qui s’accumulaient chez Sara lui avait appris ces choses et Aryanha devait aussi le savoir étant donné son éducation raffinée. Mais la blonde Dijonnaise savait que trop que l’on ne perçoit rarement son esprit tel qu’il est réellement trop occupé que l’on est a faire abstraction de ces trésors enfouis au fond de nous.
_________________
Aryanha
Sara avait une voix douce au timbre chaud, les mots, qu’elle prononçait, semblaient bercer Aryanha. La petite vénitienne l’écoutait apaisée, sa propre mère aurait eu ces paroles. A cet instant, un éclair de son enfance jaillit et le souvenir de sa mère lui tenant les mains et lui parlant avec cette douceur lui apparut. Ce geste simple et affectueux qui a le don de bouleverser votre cœur.

Miglia est un père admirable. Et le jour de mon adoption a été un grand jour.
Le bonheur lui échappait, je suis heureuse qu’il le trouve enfin avec toi.
Il me tarde votre mariage. J’espère que ce n’est point mon certificat qui fait défaut dans le retard, il m’a été remis quand j’ai été baptisée à Vérone par le padre Ambros, curé de Vérone et évêque de Venise, c’est lui-même qui nous a mariés, Aleryk et moi, toujours à Vérone.


Un sourire nostalgique s’afficha sur les lèvres d’Aryanha et ses yeux d’un bleu profond brillèrent.
Ah…Verona ! La villa San Stefano et son allée de cyprès, Monteforte d’Alpone qui se dressait sur ses pierres d’ocre !


En effet, l’hiver est difficile dans ces contrées…et vous plonge dans une sombre mélancolie.
Parfois… l’impression qu’il ne suffit pas d’être …riche de coeur.
Mais une chose dont je suis fière, c’est la famille que nous formons. Quoiqu’il arrive nous serons toujours unis par ce lien.


Aryanha remonta son étole sur ses épaules…elle frissonnait.
Une mélancolie qui l’emparait alors que la vie lui souriait, alors qu’une famille était présente pour la réconforter, un époux aimant. Allez comprendre les secrets de l’ âme !


Oui Sara…Goûtons à un de tes petits gâteaux…ils m’ouvriront l’appétit !

Croquant dans le biscuit au miel, Aryanha laissa échapper un Mmmmm.

Tu as tous les dons Sara…surtout ne me dis pas que tu vas broder toi-même ta robe de mariée sinon je vais être jalouse de tes talents !
Toi aussi tu mérites une médaille tiens !

Elle observa Sara. Ses mèches blondes s'échappant de sa coiffe, son regard bleu clair illuminant son doux visage d'albâtre.... Aryanha se sentait si bien auprès d'elle, en totale confiance. Un bien être l'enveloppait.

Merci Sara...merci d'être là.
_________________
Irina
Le goût du beurre était réconfortant et celui, sucré, du miel adoucissait les papilles gustatives, faisant remonter une douce nostalgie de l’enfance. La composition de ses petits gâteaux croustillants remontaient à plusieurs générations, partant sans aucun doute de l’île d’Éire, là où la lignée maternelle de Sara, les O’Dea, était originaire. Dégustant avec lenteur le biscuit, elle se souvint des gestes que sa tante Moyreen lui avaient enseignés afin de poursuivre cette tradition culinaire.

Je n’ai aucun mérite pour ces gâteaux… C’est probablement une de mes seules réussites culinaires; une recette familiale qui me fait toujours du bien à concocter et surtout à déguster... Pour le reste j’estime faire de la cuisine de survie… Sara ricana doucement. Julien s’ennuie sans doute du faste des repas de son Italie… Il me faudrait engager une cuisinière.

De fines ridules ourlaient le coin des yeux espiègles de Sara lorsqu’elle évoquait son fiancé. Julien la rendait heureuse car il incarnait ce qu’elle avait toujours voulu avoir comme compagnon; bien plus qu’un amoureux, il était un complice de tous les instants. La blonde Dijonnaise lissa sa jupe du plat de la main, faisant disparaître quelques miettes égarées.

Il me tarde aussi d’être au jour de notre mariage, pratiquement tous les détails sont réglés mais il y a encore quelques dispositions des plus importantes à prendre, concernant la cérémonie. Ce jour sera probablement un des plus merveilleux de ma vie… comme celui où j’ai rencontré ton père…

Les yeux de Sara parcoururent le joli visage d’Aryanha. Cette jeune femme l’avait rapidement accepté et une affection naturelle avait grandit entre elles. Aussi, les paroles échangées en ce jour coulaient sans ambages, sans sous entendus ou duplicité. Sara en était enchantée et était surtout immensément émue par la sincérité des mots de sa future belle-fille.

Aryanha…à toi, je puis le dire sans trouble; j’ai été effrayé par les sentiments que j’ai éprouvé pour ton père à notre rencontre. Mes émotions furent si emportés que j’ai fui ! Je me demandais alors pourquoi une personne telle que lui pouvait me porter ces attentions si distinctives ! Tu vois combien mon âme peut être tourmenté parfois ! Mais il est impossible de fuir les sentiments véritables, car sans lui, je ne pouvais vivre…je l’ai vraiment ressentie. Mon existence n’a pas été toujours facile, tu sais… et avec Julien, je sens que toutes mes épreuves passées n’ont pas été vaines. Il est sans doute l’aboutissement de tous mes chemins tortueux; le ciel après les enfers !

Sara fit tourner dans son annulaire, la bague de fiançailles que Julien lui avait offert. Son regard bleuté se perdait dans ses souvenirs, faisant remonter quelques émotions vives qui lui embuèrent légèrement les yeux. Pourtant, un sourire s’étendit sur ses lèvres car elle était heureuse; fortunée d’avoir trouvé la personne que la vie lui destinait. En riant, elle ajouta :

Il faut faire vite pour le mariage, non seulement parce qu’il me tarde de devenir l’épouse de ton père, mais surtout parce que ma robe ne sera plus de saison ! Oh ! Elle me nargue à chaque fois que je mets le pied dans mon atelier de couture ! Je te rassure, je ne l’ai point brodé !

L’échange entre les deux femmes se poursuivit entre deux sourires et quelques confidences. Sara était contente d’avoir apporté quelques chaleurs aux instants de solitude d’Aryanha. Trop rapidement, le temps passa et le soir commença à tomber donnant le signal des aurevoirs. Sara ajusta son col de lainage près de son cou, laissant les pans d’étoffe chaude traîner sur ses épaules et se leva, afin de prendre congé.

Ces instants partagés avec toi furent très précieux. Je vais rentrer avant que la nuit n’arrive complètement. Prends bien soin de toi…

Spontanément, Sara se pencha sur Aryanha et déposa un baiser sur son front. Puis après encore quelques salutations, la blonde Dijonnaise prit congé.
_________________
Aryanha
Quelques pas, et Aryanha observait Sara partir de la Burgondiere à travers les carreaux de la fenêtre à meneaux. Les paroles de sa future belle-mère lui avaient réchauffé le cœur. Mais comment expliquer qu’elle se sentait si lasse ? La fièvre, la toux l’avaient épuisée. Il fallait reprendre sa vie en main et ne regarder que l’espoir. Les projets nourris avec son époux lui donnaient un souffle d’ardeur et elle savait qu’ils n’étaient point contes frivoles.

Anceline entrait doucement dans la pièce. Lorgnant avec gourmandise le panier contenant les douceurs, elle annonça qu’elle l’emportait pour le ranger quand d’une voix impérieuse, Aryanha lui ordonna de laisser le panier. Anceline se retira penaude.

La nuit tombait…Quelle idée son époux avait-il eu de s’enfermer à cette heure dans la prière ?
Pourquoi Dieu a-t-il établi la prière ?
Elle avait crié !
Autour d’elle personne, personne pour l’entendre grâce à Dieu !


Aryanha sortit et descendit les marches du premier étage, elle franchit la grande salle en s’emparant d’une chandelle, et longea un corridor sombre. Au bout, elle poussa une porte en chêne dont l’huis grinça. La petite chapelle sombre s’éclaira faiblement et une odeur d’humidité régnait. Aryanha posa la chandelle sur une étagère contre le mur en grosse pierre humide. Il y faisait frais mais moins froid qu’au dehors grâce au foyer de la cuisine juste a coté. Aryanha s’agenouilla sur le prie dieu dans la pénombre. Une génuflexion pour une prière pieuse, ainsi elle se sentirait plus près de son époux…promis, elle irait à l’église…bientôt.
_________________
Aleryk
Haaaa mais il n’aimait pas ça du tout, aller par obligation prier chez les moines ! Il était heureux que ce petit épisode soit terminé et de pouvoir enfin retrouver sa douce épouse. C’est donc sans se retourne et sans regret aucun qu’il laissa les lourdes portes du monastère se refermer derrière lui.

Il prit immédiatement la direction de leur demeure et poussa son fidèle étalon au grand galop au travers le vignoble bourguignon.
Les sabots du destrier claquèrent dans la cour de la Burgondière qui cette fois était ouverte pour son plus grand plaisir de ne pas devoir attendre qu’un de ces paresseux d’homme de main finissent sa sieste pour venir ouvrir les portes.
Il sauta de cheval ne prenant même pas le soin de le confier au palefrenier dont de toute manière il ne connaissait même pas le nom. Son épouse s’était occupée de tout à la maison, y compris du recrutement du personnel et elle avait comme toujours très bien fait les choses. Ale lui, pendant ce temps là, usait ses braies à l’université ou se faisait mal aux genoux à prier entouré de moines.

Sans hésitation il entra directement dans le grand hall, pressé de serrer son épouse dans ses bras.


Arya ! Ou te caches-tu mon cœur ?

Sans attendre la réponse il gravit quatre à quatre les marches du grand escalier, espérant secrètement qu’en ce début de journée, sa douce épouse fut encore au lit.
Aryanha
Aryanha ouvrit les yeux, et écouta, appuyée au prie-dieu. Pas le temps de se concentrer sur une prière, peut être même un peu soulagée qu'on la dérange par un appel. Un signe de croix d’un geste des plus rapides et elle se redressa comme un ressort. Poussant la porte qui longeait le corridor, elle sortit de l’oratoire brusquement. Le passage était sombre et débouchait sur la grande salle. Elle entendit des pas courir dans l’escalier en chêne qui geignait à chaque marches sous le poids qui les escaladait. Elle se précipita hors de la pièce, l’impression de talonner un courant d’air.

Ale… ?…Aleryk !

Ce ne pouvait être que son époux pour surgir quand on ne l’attendait pas. Elle laissa choir son étole sur le sol dallé de marbre de Bourgogne. Ce sol qu’elle avait fait changer dés son arrivée à la Burgondière parce que les vieilles pierres rustiques et grises ne lui convenaient point.
Elle poursuivit son époux jusqu’à l’étage… ça ne pouvait qu’être lui.


Mon Valentin ? …


Un sourire se déssina sur ses jolies lèvres roses…Son Seigneur d’époux serait-il venu ce jour…ce jour des amoureux…juste pour elle ?
Aryanha remonta le bas de sa longue tunique et gravit à son tour les marches qui se mirent elles aussi à grincer à leur tour.

_________________
Aleryk
Arrivé à l’étage Aleryk se dirigeât vers la chambre, puisque maintenant il savait ou elle se trouvait et donc ne risquait plus de rentrer dans celle d’une des servantes de son épouse.
Lorsqu’il posa la main sur la poignée de la porte, il entendit la douce voix de son épouse provenant de l’autre bout du couloir. Elle n’était donc plus au lit mais déjà bien éveillée et donc très probablement … habillée. Zut de zut ! J’arrive trop tard …


Il se retourna et la vit arriver au-dessus des escaliers remontant sa tuniques le long de ses jambes, presque jusqu’aux genoux, afin de pouvoir se déplacer plus rapidement.
Le sourire qu’elle arborait et ses longs cheveux défaits qui entouraient son si joli visage firent battre le cœur de son époux, comme à chaque fois qu’il la retrouvait.
La voyant presser le pas tout en soulevant encore un peu plus son vêtement, Aleryk ne put s’empêcher de sourire à son tour.


Bonjour ma chérie ! Tu es déjà debout à cette heure ?
Tu sembles avoir bien du mal à te déplacer avec cette longue tunique, ne penses-tu pas qu’il serait plus simple de l’ôter ?


Il la prit dans ses bras et l’embrassa tendrement.

Tu m’as manqué mon amour !
Aryanha
Dans ses bras…elle s’y blottit tendrement, transportée sous son baiser. Le retrouver après de longues journées, après ses occupations, après ses prières au monastère, après ses livres, après son admiration des plus audacieuse envers sa duchesse, après … après ?…Ah non ! Il était là, il était là pour elle, elle le savait, elle le lisait dans son regard. Mais que disait-il ?…Ha !…

D’ôter ma robe ?
Parbleu ! Je n’ai point envie d’être de nouveau malade !


Enlacée, sa tête posée contre le pourpoint qui habillait son torse, elle pouvait respirer son odeur…hum…son odeur…son nez se pinça. Elle retira légèrement sa tête.

Les moines n’ont point d’étuve pour chasser ces effluves sauvages qui vous surprennent parfois en fin de journée ou …au bout de quelques jours ?

Elle lui sourit d’un air espiègle. Elle adorait le taquiner et elle en saisissait l’occasion quand elle l’avait tout à elle, même si dans son regard, elle lisait qu’il aurait aimé profiter de la situation tout autrement.
Se redressant sur la pointe des pieds, elle déposa sur ses lèvres un doux baiser…


Vous m’avez manqué messire mon époux…tu m’as manqué mon amour.
_________________
See the RP information <<   <   1, 2, 3, 4, 5, 6, 7   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)