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[RP] Dettes en sursis font des petits.

Judas
[Bourgogne, Décembre 1459.]

Les cloches de laudes sonnent. Judas s'avance dans les rues de Dijon, accompagné de deux ombres imposantes. Il est tôt, la neige a rendu le sol glissant, les trois silhouettes progressent le pas lourd. Les bottes laissent leur empreintes larges dans l'immaculé blanc, les bouches exhalent leur volutes chaud vaporeux dans l'atmosphère glaciale. Les capes trainent dans le sillon, effaçant ça et là quelques traces de leur passage, seul les murmures persistent en vague écho contre les murs des maisons. Le petit groupe perce le jour, le Von Frayner en tête. Badine en main, gants de cuir, chapeau ajusté, il est élégant et inquiétant à la fois avec ses yeux 'gris et ses cheveux noués sur sa nuque. Les ruelles restent coites de cet étrange cortège qui se fraye un chemin à la lueur des flambeaux, interdites et expectatrices. Un chuchotis fait taire tous les autres, et Judas s'immobilise devant une misérable bâtisse que la neige semble à tout moment être prête à faire s'écrouler.

C'est ici.


Les sbires escortant l'homme échangent un regard torve, le seigneur lui, renifle. A bien regarder la bicoque, il ne fait aucun doute que l'argent n'est pas le crédo de ses habitants. Mais Judas s'en moque. Mouvement de tête vers le chambranle assorti d'un ordre aux accents cyniques...

Achim, frappe-donc à la porte.

Il fallut que par un matin gelé dans les rues de Dijon, le marchand d'esclave vienne effacer quelques ardoises , à sa manière. Et point la plus douce. Judas était ainsi, pointilleux, ponctuel, généreux. Tant qu'on le lui rendait bien.

Un bruit de grand fracas ébranla le silence de la capitale Bourguignone et à la lueur des flammes on pu deviner une porte voler en éclat sous le tranchant austère d'une hache. Quelques pauvres échardes de bois vinrent saupoudrer le tapis blanc comme le triste aboutissement d'une dette envers le diable, Dijon frémit, Judas sourit.

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Envie de jouer?
Nyam
Nyam avait toujours été le"trop" de la famille. Fille du milieu d'une fratrie sans nombre où bâtards et légitimes se mêlaient avec indifférence puisqu'au final seul l'aîné hériterait du peu qu'il y avait à avoir... Pour les autres il faudrait travailler ou mourir... Et vu le temps qu'affichait cet hivers 1459, il était probable que beaucoup allait mourir... Quatrième ou cinquième fille, née d'une mère qui mourût en couche, allaitée au même sein que son demi-frère, né en même temps mais d'une des maîtresse de son père, elle n'avait reçue ni affection, ni attention.


De constitution fragile, elle ressemblait à une poupée de porcelaine avec son visage fin, sa peau blanche, ses grands yeux bleus et ses longs cheveux blonds, couleur de l'or pâle. Elle était devenue en grandissant trop belle pour être envoyée mendier dans les rues, sous peine de ne pas revenir, finissant violée dans le caniveau. A quatorze printemps, son seul trésor était sa virginité, que son père espérait monnayer contre un mariage avec un vieux bourgeois au regard vicieux. Elle le savait car elle l'avait entendu en parler. Mais elle ne pouvait pas dire non, elle ne pouvait pas échapper à cette vie simplement parce qu'elle n'en avait pas d'autre.

Un bouche de trop à nourrir, une fille de trop à doter, une rivale de trop pour sa dernière belle-mère qui n'appréçiait pas les regardes que les hommes portaient sur l'adolescente au lieu de les porter sur elle-même... Donc par vengeance, elle lui reprochait tout et n'importe quoi, le vol de nourriture, de mal travailler, d'être une fainéante, si bien que les coups pleuvaient plus facilement sur elle...

Alors comme elle ne pouvait servir dehors, on la dissimula sous la crasse, masquant la peau blanche, les cheveux blonds et le visage fin sous la suie. Et elle aidait à la maison, enfin maison était un bien grand mot au vue de la masure qu'ils habitaient, une misérable bicoque constituée d'une grande pièce où chacun dormait entassé les uns sur les autres, et d'une chambre attenante, que Nyam partageait avec ses parents et les plus jeunes des enfants sur lesquels elle veillait avec la patience que la quatrième compagne de son père n'avait pas.

La nuit était profonde, et tous se blottissaient les uns contres les autres pour avoir chaud, car il n'y avait pas l'argent pour acheter du bois, pas même pour acheter à manger, si bien que les ventres étaient maigres et qu'au moins l'un des petits dont le souffle rauque troublait la nuit, ne passerait pas le matin. Nyam en était attristée, mais elle ne pouvait rien y faire... Père avait emprunté de l'argent pour jouer aux combats, et au lieu de gagner comme il l'avait promis, il avait tout perdu... Et il avait perdu leurs économies dans la boisson pour oublier cela.

Les coups avaient plu dans la soirée, et un bel hématome avait fleuri sur la joue tendre de l'adolescente. Mais qu'importe, demain ce serait oublié... Sauf que demain n'aurait peut-être pas lieu, du moins pas comme il avait l'habitude d'être.

Un grand fracas raisonna dans la pièce de vie, tirant la maisonnée du sommeil, entraînant des cris effrayés et indignés. Que se passait-il donc ? Encore passablement éméché, son père s'extirpa de son matelas de misère et écarta le pan de tissus qui séparait les deux pièces. Mais au lieu de la voix de tonnerre qu'elle avait l'habitude d'entendre, Nyam ne perçut que des bredouillements suppliants.


Je vous en supplie... Je vais vous rembourser... Ne me tuez pas... Prenez... Prenez ce que vous voulez ! J'ai pleins d'enfants, prenez en un !

Nyam écarquilla les yeux. Son père était-il en train de les vendre ? Ce n'était pas possible... Il ne pouvait pas les vendre... Cela ne se faisait pas non ? Faire mendier ses enfants ou les faire travailler oui, mais pas les vendre... Ses pensées furent interrompue par un murmure arrogant. Visiblement ce que l'étranger voyait ne lui plaisait pas, il refusait l'offre... C'est alors que survint l'impensable. Le rideau s'ouvrit et la poigne de fer de son père se referma sur son bras, la tirant dans la pièce principale sans tenir compte de son cris de protestation. Là, il releva les mèches crasseuses de ses cheveux pour dégager un peu son visage tout aussi noir de crasse, mais surtout révéler les superbes prunelles bleus de ses yeux.

Elle a 14 ans ! Elle est travailleuse et docile, jamais un mot plus haut que l'autre ! Elle serait une bonne servante... En plus, elle est vierge, jamais touchée par un homme, j'y ais veillé ! Je voulais la filer en mariage au boucher contre de la viande au rabais, mais je vous la donne ! Pour payer ce que je vous dois...

Et Nyam de découvrir que quand on est le "trop" de la famille, on peut aisément servir de marchandise en paiement d'une dette comme on le ferait avec un cheval ou un cochon...
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*Frédéric Régent, Historien
Judas
Il suffit de peu de chose pour faire trembler le genre humain. Un peu d'argent, un peu de pouvoir, un peu de vice. La porte a cédé, le Frayner entre chez la petite gent de la ville comme en sa demeure et retient finalement un juron de dégout. L'air est trop vicié pour qu'il daigne le respirer de trop, à croire que la pauvreté avait d'autres préoccupations que de combattre la crasse. Le père se fait un peu brutaliser, quelques objets tombent en vrac. Judas lui est calme, en retrait, marionnettiste sournois qui contemple l'oeuvre de son joug, le bras de son pouvoir.

Mais la violence par procuration n'apaise pas.

Il tique lorsque même la cruche qui s'écrase au sol n'a rien d'autre à verser que de la poussière. Et ce bon à rien qui n'a que le fruit de son foutre à offrir lui arrache un rictus de pitié, ou de lassitude. Quand on passe sa vie à engrosser des bordelières au lieu de se saigner aux champs, on a forcément que de l'engeance à donner, ou à revendre. Regardez-le, ce pauvre diable, regardez-le piocher dans sa tripotée de mômes avec sa pogne leste et son poil dans la paume... Le seigneur crache sur le sol, son homme de main sur le paysan. Celui-là même qui a compris qu'un enfant n'est qu'un créancier donné par la nature.


Lorsque j'ai laissé à tes soins ces terres, nous avions convenu d'un arrangement que tu sembles avoir oublié. Une fois le mois, une récolte, le trois quart qui me revient et le quart que vous gardez. Je n'ai pas vu la couleur de MON dû depuis déjà trimestre. Hé quoi, viendrais-je te prendre un rejeton pour chaque grain que tu me dois?

Rire gras, avec la poule pondeuse qui caractérisait bien la femme de paysan, Judas pouvait bien s'accommoder de chair nouvelle pour de longues années encore.

Mais la dérision ne paye pas.


La vie était ainsi faite, les paysans travaillaient des terres qui ne leur appartenaient pas pour manger comme des rats le reste de la récolte. Le maigre tribut de la misère. D'un geste dédaigneux il saisit le menton de ce qu'on lui propose en échange. Un échange. Un échange de vie, comme si tout était si naturel. Il secoue la tête, tout en se demandant jusqu'à quand il faudrait terroriser le petit pour obtenir du grand. La gamine est maigrelette, mais elle est vierge. La Rose Noire pourrait être cliente, ou la pourpre. Judas la jauge comme on inspecte une marchandise avant de l'acheter, passe son pouce en cuir d'agneau sur le bleu de sa joue pour essuyer toute cette saleté comme on dépoussière un vieux bibelot pour se donner une idée de sa valeur.

Mais les bleus ne se lavent pas.


Tu ne perds rien pour attendre.


L'anthracite se perdit une infime seconde dans le marine ourlé de crin blond. Comme si les prunelles avaient une mémoire , Judas se détourna du regard de l'adolescente avec cette impression en cobalt sur le noir de ses tourments. Sa voix cassée si particulière intima une réponse comme on sonne un glas.


Dis moi son nom, si tant est qu'elle en ait un.
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Envie de jouer?
Nyam
Comme quoi les mots ont plus de pouvoir que les actions... En un mot, une Reyne peu entrainer dans la guerre tout un pays, et en une phrase, un étranger peut condamner une encore presque enfant à une vie d'esclavage. Car, c'était ce qu'il venait de faire en demandant son nom... Il acceptait le marché, du moins pour l'instant...

Quand à son prénom, c'était un peu une plaisanterie... Car en fait, elle n'en avait pas vraiment. Seulement en bébé sans mère, elle avait eu moins que les autres, aussi répétait-elle souvent le mot "miam" et son demi frère de répéter en écorchant... Nyam était resté et c'était ainsi qu'on l'appelait. Mais cela, il ne le saurait pas parce que personne ne se soucierait de le lui expliquer, pas même Nyam elle-même.


Elle s'appelle Nyam !

Son père était effrayé. Il avait besoin de ce sursis. Mais ce n'était rien comparé à la peur de l'adolescente quand l'homme effleura sa joue meurtrie. Qu'allait-il faire d'elle ? La vendre, la battre, la violer ? Aussi elle se rétracta sous son contact. Et elle attendit...
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*Frédéric Régent, Historien
Judas
Nyam. Etrange nom pour une jeune Françoyse. Judas tendit un index menaçant vers le père de l'enfant.

Pour cette fois je te prend un enfant, mais ne te crois pas sorti d'affaire, je te laisse juste un délais pour me rendre les sacs que tu me dois. D'ici huit lunes je reviendrai, et si tu n'honores pas notre contrat je saignerai tout ce qui s'apparente de près ou de loin à ta famille.

Inflexible, cruel et malin. Tel était Judas en affaires. Il fit signe à l'un de ses sbires de porter son gage tandis qu'il commençait déjà à faire volte face. Pas un regard de plus à la captive, pas une once d'émotion quant à l'injuste de la situation. Le misérable avait joué, le misérable avait perdu. Il était évident que d'ici les quelques jours laissés dans sa grande bonté pour se faire rembourser rien n'aurait vraiment changé, évident que les sent-la-pisse resteraient de misérables insectes sur lesquels il cracherait toute sa colère lorsqu'ils entraveraient la bonne marche de son empire.

Considère que ... "Nyam".. est une chanceuse.

Il la dévisagea froidement, elle à qui il n'avait pas encore adressé un seul mot. On ne parle pas aux marchandises... La cape épaisse traina dans son sillage poussiéreux et il quitta la masure non sans le soulagement de retrouver l'air pur et le claquant du froid de décembre. A l'ombre à la hache, il fit un signe de menton lorsqu'il retrouva le pavé de la rue.

Nettoie moi tout ça, Achim...

Il fallut que par un matin gelé dans les rues de Dijon, le marchand d'esclave vienne effacer quelques ardoises , à sa manière. Et point la plus douce. Judas était ainsi, pointilleux, ponctuel, généreux. Tant qu'on le lui rendait bien. Un cri d'effroi ébranla le silence de la capitale Bourguignone et à la lueur des flammes on pu deviner un incendie naissant sous le bras austère d'un Noble seigneur. Quelques pauvres éclats de feu vinrent saupoudrer le tapis blanc comme le triste aboutissement d'une dette envers le diable, Dijon frémit, Judas sourit.

Parce que les mots ne suffisent pas.

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Envie de jouer?
Nyam
Les yeux s'écarquillèrent d'horreur quand les flammes s'élevèrent dans ce qui était son ancienne demeure. Les cris de terreur des membres de sa famille retentirent dans la nuit. Plusieurs silhouettes s'échappèrent de la masure incendiée et disparurent dans l'obscurité. Mais elle entendait les hurlements d'agonie de ceux qui périssaient par le feu. Et ce souvenir la hanterait toute sa vie.

Chargée sur l'épaule d'une des brutes de son nouveau "propriétaire, afin qu'elle ne perdra pas de valeur en s'écorchant ou en ayant les pieds gelés, Nyam tourna son regard pleins de larmes vers l'homme, le contemplant incrédule après qu'il lui ait dis qu'elle était chanceuse.... Quoi que non pas elle... "Nyam"... Un objet, une chose à sa disposition... Les hommes se détournèrent et partirent, indifférents, l'emportant vers sa nouvelle vie.

Les larmes tracèrent des sillons presque propres sur ses joues noires de crasse...

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*Frédéric Régent, Historien
Judas
[Petit Bolchen]

La route avait été rapide, portés par des palefrois pressés de retrouver la douceur des écuries du domaine, les hommes s'en étaient revenus transis de froid , mordus par l'aube naissante et ses cristaux faisant briller les pierres du chemin. Judas mit un pied à terre, écrasant une touffe d'herbe rigidifiée qui se brisa en plusieurs morceaux. Le crissement de ses bottes, les reniflements de l'enfant, la respiration saccadée des chevaux, tant de bruits donnant à la scène une atmosphère étrange et désagréable dans le silence de prime. L'un des hommes ramena les montures, tandis que l'autre suivit le maistre des lieux, l'enfant roulée dans une couverture entre ses bras, en mariée. Les lévriers vinrent à leur rencontre, les accueillant en une fête enjouée vite remerciée par un coup de pied dans la gueule.


Ayoub, mène-la aux bains, je vais l'y rejoindre.


Le Von Frayner poussa la porte de Castel Bolchen, délaissa sa cape dénouée qui tomba au sol comme un vulgaire chiffon avant d'être ramassée par une esclave. Le feu dans l'immense âtre de la salle commune grondait comme un vieux matou, procurant une salve de bien être à quiconque franchissait le seul de l'endroit. Au mur, des tapisseries de Bourgogne, des dames à la Licorne. Loin de l'ambiance débauchée des nuits décadentes, sa demeure semblait tendre les bras à un délassement chaste et paisible. Les candélabres éclairaient les longues tables de ripailles qui accueilleraient bien assez tôt quelques invités, du moins lorsque Judas serait d'humeur à festoyer. Des cuisines attenantes s'échappaient de suaves fumets invitant le repu à se trouver encore un peu affamé.

Ayoub traversa la grand pièce sans sembler prêter attention à son maistre qui s'appuyait pensivement sur le chambranle du foyer, observant les flammes lécher les chaudrons. La cheminée tenant presque toute la largeur de la salle accueillait des bancs pour s’asseoir dessous et des paniers en vannerie pour y glisser les pieds. Judas pausa quelques minutes, absorbé par dieu savait quelles pensées. Il s'anima de nouveau pour prendre la direction de la pièce d'eau, ôtant ses gants et son chapeau qui découvrit ses cheveux en catogan.

La jeune Nyam avait été dénudée par une servante et plongée dans un baquet d'eau chaude, Judas entra dans la salle d'eau et s'assit près du bain sur un fauteuil, bras croisés. La servante frottait la peau de l'enfant, qui s'avéra être d'une pâleur presque immaculée, si on omettait les bleus et autres traces de coups fleurissant sur son corps frêle. Corps de femme naissant, a peine pubère. Les yeux anthracites du Frayner parcoururent l'osseux des clavicules, le piquant de ses seins fraîchement découverts, sans aucune gêne.


Tu es ici chez moi, désormais oublie ce qui a fait ta vie passée, elle n'a jamais existé.

Un mouvement de menton arrogant intima à la femme au savon de frotter plus fort. Un seau d'eau s'abattit en averse sur les cheveux blonds et raide de Nyam, sans crier gare, découvrant un visage fin exempt de toute crasse. La souillon offrit à son maistre une nature fort belle, qui hélas entre ses mains ne manquerait pas de devenir plus souvent usée qu'attirante. Le destin ne restait clément qu'au gré des conditions, autant dire que celle de la captive s'annonçait difficile.

Parle donc! Je n'aime pas converser au vent. Sais-tu au moins délier ta langue, ou faudra-t-il que je m'en occupe?
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Envie de jouer?
Nyam
Le voyage avait été un calvaire sans nom. Le froid d'abord... Une horreur quand on sait que la pauvre fille ne portait qu'une robe de toile grossière élimée et pas de chausses... Et ce n'était pas la simple couverture dans laquelle on l'avait emmitouflée qui allait y changer quelque chose. La chevauchée ensuite... Elle n'était jamais montée à cheval, et l'expérience fut des plus déplaisantes. Les cahots de la monture lui donnèrent la nausée, mais elle serra les lèvres de peur de subir des représailles si elle vomissait.

Et enfin, son esprit ne cessait de lui renvoyer les images de sa maison en flamme, et les cris des membres de sa famille alors que le feu dévorait leur corps. Et plus que le reste, c'était cela qui la maintenait consciente, terrifiée à l'idée qu'elle suivrait le chemin des siens. La mort par crémation... Elle préférait encore les coups...

La chevauchée finit par s'achever. L'homme qui était en charge d'elle descendit de selle et la prit dans ses bras avec presque de la délicatesse. Elle ne comprenait pas qu'il prenait soin d'elle non par gentillesse mais parce qu'elle était un objet de son maître. Aussi se réfugiait-elle craintive contre la tunique qui dissimulait la cotte de mailles. Il y eut des jappements de chien, bien vite interrompu, puis un ordre, tout aussi vite exécuté.

Emmenée sans qu'on lui demanda son avis, Nyam fut conduite dans une salle en pierre à l'atmosphère moite. Une servante prépara un bain, faisant chauffer de l'eau dans une grande marmite de la pièce voisine. Tant d'eau chaude paraissait un luxe sans nom aux yeux de l'adolescente qui avait plus souvent l'estomac vide que plein. La femme étrangère commença à la déshabiller d'une main experte, alors que l'homme qui l'avait amené ne quittait pas la pièce. Sous la crasse de son visage, les joues rosirent de gène. Nul homme ne l'avait jamais vu nue....

Nyam n'eut pas le temps de s’appesantir sur la question. Elle fut plongée dans le bac d'eau chaude, la faisant frisonner alors que le sang recommençait à circuler dans ses membres gelés. L'éponge frottant sur sa peau juvénile la lavait autant qu'elle la meurtrissait tant la servante frottait fort. La crasse partant dévoila une peau d'une blancheur d’albâtre et un corps aux courbes pleines de grâce et d'innocence. Sa poitrine naissante était encore fort peu développée de par sa maigreur liée aux privations de nourriture. Mais elle promettait d'être une jeune fille splendide une fois qu'on aurait retirer jusqu'à la moindre trace de crasse de sa personne.

Les hématomes qui couvraient sa peau par endroit étaient de diverses couleurs en fonction du temps écoulé depuis le coup qui les avaient créé. L'adolescente était tellement renfermée dans sa coquille qu'elle n'avait pas entendu l'homme entrer... Le responsable de ceci... La raison de sa présence en ces murs... Si bien qu'elle sursauta violemment quand il prit la parole, tremblante de terreur. Oublier sa vie d'avant ? Mais pourquoi.... Elle ne comprenait pas...

Le sceau d'eau s'abattant sur sa tête lui arracha un petit cris surpris. Le nettoyage continua... La servante s'attaqua à ses cheveux, les libérant de quatorze années de crasse accumulées. Nyam contempla les longues mèches d'un blond presque blanc. Elle ne se rappelait même plus que ses cheveux étaient de cette couleur. L'éponge sur son visage la prit au dépourvu, l’empêchant d'admirer plus longtemps les longues mèches d'or blanc. Bientôt, son visage enfin propre, offrit la pureté de ses traits délicats au regard de l'homme... Hormis l'hématome sur sa joue, il était exempte de défaut ou de cicatrices, son père ayant veillé à ne pas gâcher sa seule chance de peut-être faire fortune en la vendant pour un mariage.

Soudain il lui parla, et elle eut peur. Levant ses deux prunelles d'un azur limpide sur ce nouveau maître dont elle ne connaissait rien, pas même le fait qu'il avait tout les droits sur elle, elle resta silencieuse un moment, ne sachant pas quoi dire. Finalement, elle ouvrit la bouche pour demander d'une voix légère, presque un murmure.


Pourquoi avoir fait du mal à mes petits frères ?

C'était tout Nyam ça... S'inquiéter pour des demi-frères plus jeunes qu'elle dont le sort n’intéressait personne d'autre que la gamine qui les avait presque élevé.
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*Frédéric Régent, Historien
Judas
Un coup de badine vint s'abattre sur le crane de l'enfant. Judas ne la battrait jamais sur le tendre de la chair, la gamine était fort belle pour être défigurée. C'était d'ailleurs sa seule chance.

Quels frères?! N'as tu pas entendu ce que je t'ai dis?

La voix masculine de Judas claqua bien plus fort que sa correction. Lorsqu'il sortait de sa réserve, apparaissait une petite veine bleutée sur les tempes du Frayner, battant comme un mauvais présage pour celui qui la provoquait. Il fit signe à la femme au savon de cendre.

Iris, nettoie-lui mieux les esgourdes, voilà qu'elle se fait sourde.


Ce qu'elle fit, avec force, nul doute que la manoeuvre devait-être fort désagréable pour la jeune blonde. Judas reposa sa badine, soupira d'exaspération. Il était temps d'expliquer à l'enfant ce qu'il attendrait d'elle, durant les jours et les années à venir. Il s'enfonça dans son siège , un index tendu soutenant par la tempe sa tête à la longue et raide chevelure sombre, nouée. Il dévisagea l'enfant, à la fois pensif et observateur.

Je suis Judas Von Frayner, seigneur de ce castel, et désormais tu m'appelleras Maistre. N'oublie pas ce que je vais te dire à cet instant, car chaque fois que tu dérogeras aux règles de ma maison tu seras châtiée. En échange de ta fidélité et de tes services, tu mangeras à ta faim, tu seras logée dans l'aile est et tu tiendras une place privilégiée d'intouchable dans ma demeure. Je te protégerai, et tu m'obéiras. Tu auras l'occasion de regarder autour de toi, tu verras bien vite que certains n'ont pas ta chance, et si tu ne prends pas mes paroles au serieux il t'en cuira, tu prendras leur place définitivement.

Il se pencha vers Nyam, tendant l'oreille, murmurant un "Oui Maistre" pour qu'elle l'imite docilement.
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Envie de jouer?
Nyam
La voix qui claqua plus que le coup l'effraya. Les coups, elle avait l'habitude, son père n'ayan pas été tendre. Mais cette voix dure, inflexible, la terrifiait. Elle rentra la tête dans les épaules, craintive. Le nettoyage de ses oreilles qui suivit fut désagreable, un rappel agressif de sa nouvelle condition.

S'en suivit des explications précises sur l'identité de son nouveau Maître, car tel était-il maintenant. Elle aurait à manger, et de quoi se vêtir, protégée des coups et des attentions des hommes en échange de sa soumission et de son obeissance. C'était presque une amélioration par rapport à sa vie passée, si ce n'est que l'homme l'effrayait, avec son regard implacable et son indifférence au meurtre.

Serrant ses mains fines sur sa poitrine nue, elle murmura craintivement d'une voix minuscule.


Oui Maitre...

La servante la sortit du bain, indifférente à ses joues rougissantes de part son corps à peine sortant de l'enfance exposé au regard, le trésor de sa virginité couronné e'une petite toison du même or blanc que ses longues mèches de cheveux. Elle fut séchée et habillée d'une robe simple mais propre.

Iris prit un coussin sur lequel reposait un etrange collier relié à une chaine en argent. La servante le tendit au Maitre comme une offrande. Les yeux d'azurs détaillèrent avec résignation le symbole de sa servitude.

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*Frédéric Régent, Historien
Judas
Une petite souris. C'était ce à quoi lui faisait penser la gamine. Un sourire carnassier se dessina sur les traits de Judas. L'enfant semblait se résigner, et c'était une bonne chose, cela éviterai de la battre. Il se détendit dans son fauteuil, retrouvant l'assise du dossier confortable et dévisageant la Frêle. Belle enfant.... Iris porta le collier de métal, le seigneur fit une moue. Il jaugea l'objet auquel il tenait, soupesant mentalement le pour et le contre. Dans un soupir, il déclara finalement:

Oui, après tout... Ne le destinais-je pas à mon plus fidèle chien...

Il s'en saisit presque amoureusement, et se pencha au dessus du bac, passant au cou gracile pas plus épais que celui d'un Lévrier la pièce qu'il avait faite faire avec inspiration.

Iris te conduiras à ta chambre, lorsque le soir j'irais me coucher ta porte sera verrouillée et réouverte aux Laudes pour les premières prières. Je t'interdis de sortir du domaine et je te conseille de ne pas vaquer trop loin de moi si jamais j'ai besoin de toi. Sais tu lire, écrire? Sinon il faudra vite arranger cela...


Le Von Frayner se leva, toisant la jeune blonde de toute sa hauteur. Il ramena les fines menottes dans son dos.

C'est ainsi, les mains dans le dos que tu devras t'adresser à moi ou à mes amis désormais. Comprends-tu?

Il semblait s'être adoucit, mais ne faisait que tester sa nouvelle arrivée.
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Envie de jouer?
Nyam
Le collier se refermant sur sa gorge blanche eut un cliquetis sinistre aux oreilles de l'adolescente. Le metal était relativement léger, doublé d'une etoffe douce pour protéger sa peau des meurtrissures de l'argent. La chaine pendante fut nouée à sa taille fine car il aurait été peu pratique pour Judas de la tenir en laisse toute la journée.

Les doux yeux bleus se posèrent sur le Maître. Il avait l'air satisfait d'ell pour l'instant. Cela lui eviterait peut-être des coups... S'en suivi des explications sur ce qu'allait être sa vie. Avoir une chambre qui s'apparentrait à une cage, servir un homme selon ses moindres désirs, se soumettre et se taire...


Je ne sais pas lire... Mais je sais reconnaitre mon prénom et l'écrire.... Maître...

Nyam se senti un peu misérable. Personne ne s'était inquiété de son education avant... Quand à maintenant, elle ne savait pas trop ce que l'on allait attendre d'elle au quotidien. Et quand il lui prit les mains pour les placer dans son dos, elle trembla, effrayée à l'idée qu'il la frappe. Elle serra fort ses mains dans son dos, acquieçant frénétiquement pour qu'il ota rapidemen sa main de sur elle.

Oui Maitre...
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*Frédéric Régent, Historien
Judas
Judas fronça des sourcils contrariés. Ainsi, une fille de paysan n'était pas lettrée, quelle évidence. Pourtant il lui faudrait apprendre, et vite, afin de pouvoir la sortir avec lui... Se tenir en société impliquait quelques critères basiques, comme savoir parler correctement ou encore savoir écrire parfaitement. Nyam serait souvent préposée aux lettres interminables, aux messages en tout genre et aux tâches les plus diverses. La jeune femme sortait de la fange pour épouser le velours d'une vie de châtelaine, à quelques exceptions près qu'elle n'aurait le choix de rien.

Il te faudra apprendre alors, je te ferai étudier tous les soirs, une servante ignare est une indésirable sous mon toit.


Il se leva.

Iris va te conduire à ta chambrine. Tiens toi prête pour le diner.


Sans lui jeter un regard de plus il s'en détourna et sortit de la pièce, retrouvant l'air sec et frais des couloirs. Ce fut donc le début d'une relation étrange en le maistre et l'esclave...
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Envie de jouer?
Nyam
Ignare... C'était un adjectif dur aux oreilles de l'adolescente déjà fort malmenée par l'existence. Elle ne savait certes pas lire ni écrire, mais elle savait coudre, cuisiner et élever un enfant ne lui posait aucune difficulté puisqu'elle avait aidé à s'occuper de ses frères.

Non... Plus de frères... Il avait été clair... Alors autant s'y faire pour ne pas le mettre en colère... Elle pleurerait plus tard, quand elle serait seule... Elle allait donc apprendre à lire aussi, parce que c'était ce qu'il voulait... Parce qu'il était le Maître, elle l'esclave... Il se détourna sans un autre regard après avoir transmis ses exigences quand à ce qu'elle allait faire dans l'immédiat.

La servante, qui se nommait donc Iris, la guida jusqu'à la petite chambre sous les toits qui serait désormais la sienne de manière définitive. La pièce était petite mais propre, avec une paillasse d'allure confortable, une petite table avec une cuvette en porcelaine et un brot d'eau pour sa toilette. Une chaise devant la fenêtre munie de barreaux ouvraient sur les jardins où elle voyait déambuler les jardiniers et d'autres personnes... La porte était munie d'un lourd verrou.

Iris la coiffa, relevant ses longs cheveux fins en un chignon soigné d'or blanc, puis elle l'avandonna seule, fermant la porte à clé, s'en retournant aux cuisines pour préparer le repas pour le Maître. Une fois le battant clos, les larmes refoulées se libérèrent et des sanglots s'échappèrent de la gorge de Nyam.

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*Frédéric Régent, Historien
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