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[RP] Les feux de Nemours

Mariealice
Marie avait suivi silencieuse le début des opérations, la bénédiction etc.... Puis elle avait fini par ce dire qu'elle avait été suffisamment dans la place et qu'elle n'avait rien à y faire de toute façon depuis le début.

Une brune se mit donc en devoir de suivre une blonde, aussi silencieusement et discrètement que possible, ne doutant pas que de toute façon le couple n'ait autre chose à faire que de compter les gens autour du lit.

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Aimbaud
Non.

Fit-il en se laissant repousser pour poser le dos dans les remous contrariés des couvertures. Il ne dormait pas du tout. En témoignaient ses yeux grands ouverts dans le noir, qui guettaient la silhouette de Clémence. Attentif à ses réactions, l'air de rien, il observait les pourtours plus clairs de son buste, ses quelques brins blonds qui sortaient de l'ombre, et le reflet moiré de son oeil qui apparaissait entre deux battements de paupières. Il resta là pensif, profitant du silence, du grand méandre de ses idées, et du calme parfait qui découlait de tout cela. Puis décroisant les mains, il en fit grimper une sur la taille finaude de sa voisine — une taille qui, bien que peu vallonée n'en était pas moins douce — afin de conclure l'accord marital par quelques caresses en cerceau ainsi qu'un soupir réjoui.

La soif soudain se rappela à lui. Tout le vin qu'il avait bu ne l'ayant que peu désaltéré, il se hissa au bord du lit pour séparer les pans des tentures d'une main aveugle, qui laissa passer dans la niche du lit un courant d'air froid. La peau humide picotée de chair de poule, le marquis jeta un coup d'oeil à l'extérieur. Dans la pièce vide et silencieuse, les dernières chandelles se noyaient dans leur cire avec de petits crachotements de fumée. Rubans et épis de blés parsemaient le sol en souvenir de la fête.

D'une carafe d'argent posée sur la table de nuit, Aimbaud remplit une coupe d'eau à raz-bord et étancha sa soif jusqu'à la dernière goutte. Puis, l'idée lui venant à retard, il percuta l'étrange concept selon lequel il n'était plus seul pour lui, et servit aussi un verre à sa femme dont les traits lui apparaissaient désormais à la lumière feutrée échappée des rideaux. Peut-être qu'avec le temps, ces gestes les plus simples leur sembleraient naturels...

Lui tendant la coupe, penché à son côté, il ajouta :


Souhaitez-vous que je me retire pour dormir seule ?

Il avait ses propres appartements dans l'aile opposée de l'hôtel familial qu'il fréquentait depuis petit. Et peut-être vallait-il mieux ne pas brusquer les choses plus qu'elles ne l'étaient déjà, en imposant sa présence à la jeune-femme tout au long de la nuit...
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Clemence.de.lepine
Tandis qu'il quittait le lit et s'en éloignait, Clémence fondait, quasiment dans son sillage et parce que le temps pressait, à l'autre bout du lit. Elle y récupéra sa chemise immaculée qu'elle observa un instant d'un air sceptique, lorgnant d'un œil dubitatif les oreillers où elle était installée plus tôt, et revenant au vêtement qu'elle serrait jalousement contre son cœur. Elle était pourtant persuadée de l'avoir laissé juste à ses côtés tout à l'heure, alors par quel miracle avait-il atterri aussi loin ? Reléguant ses questions métaphysiques au dernier plan, elle s'empressa d'enfiler la lingerie convoitée avant le retour de son époux. En abandonnant la couche, il avait en quelques sortes brisé leur intimité. Et Clémence s'était vue là, nue et vulnérable, presque honteuse alors, et dans un élan scandalisé il avait fallu qu'elle retrouve un peu de sa dignité en retrouvant sa chemise.

Et puis, Aimbaud... Aimbaud qui lui amène de quoi rafraîchir son gosier asséché à force de plaintes et de soupirs. Sauveur de ces dames. Elle lui jette un long regard presque enamouré, reconnaissante de l'attention et attendrie de la prévenance, avant de se reprendre et de quasiment lui arracher la coupe des mains en murmurant un vague « Merci ». Battant des cils, l'idée lui vient un instant que cette eau lui serait bien plus salvatrice sur le crâne que sur la langue et elle hésite à se l'y verser, à se refroidir le front, à définitivement dissiper cette drogue qui lui donne maintenant presque la nausée.

A genoux sur le lit, face au marquis, presque splendide dans cette chemise blanche sur laquelle se fondent ses longues boucles blondes, elle fronce le nez et porte finalement le hanap à ses lèvres si rouges d'avoir ce soir trop de fois caressé l'épiderme. De quelques gorgées avides elle en vide le contenu et, si peu rassasiée, se pourlèche soigneusement la lippe afin de n'en perdre une goutte. La question d'Aimbaud la décontenance et elle reste un moment à le regarder, indécise, partagée.

D'un côté, elle a envie de lui sauter au cou et de l'étreindre à lui couper le souffle, lui criant de ne pas la laisser, qu'elle a peur du noir, et du lever de soleil, et des petits oiseaux qui chantent le matin, et de tous ces bruits inconnus dans cet hôtel inconnu. De l'autre, elle a envie de lui laisser le choix, la mine blasée, parce que c'est lui l'homme et que c'est lui qui décide, et que si l'envie lui prend de la faire sienne à nouveau dans la nuit ou le matin, elle n'aura rien à en dire, tout comme s'il décide de la rejeter et de partir ronfler de son côté, rien à dire, rien à en redire, rien. Alors, elle opte pour la troisième solution.

Elle acquiesce et lui tend un petit sourire.


Je suis toujours Clémence de L’Épine, et vous êtes toujours Aimbaud de Josselinière. Nous nous supporterions difficilement au réveil, n'est-ce pas ?

N'est-ce pas ?

Forcément.

Débarrassés de leurs drogues, ils trouveraient bien le moyen de rapidement réapprendre à se détester. Et si mieux vaut tard que jamais, mieux vaut tard que trop tôt également.

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Aimbaud
Aimbaud observa la marquise parler avec une expression égale, cillant fréquemment sous l'effet de la fatigue, et sûrement de ses nombreux tics. Il aima à voir qu'elle était toute échevelée, ses boucles lisses emmêlées les unes aux autres dans le col de sa chemisette, si bien qu'il eut l'envie d'y mettre la main pour assagir le tableau. Mais jugeant que le contexte ne s'y prêtait plus guère, il se contenta d'y toucher avec les yeux. Il ne fallait pas, en outre, paraître trop attendri envers Clémence, car certainement la jeune-femme y verrait là une marque de faiblesse dont elle s'empresserait de jouer et de rire dès qu'elle en aurait l'occasion.

Conscient que son devoir s'arrêtait là, le jeune Bourguignon fouilla les draps tièdes à la recherche de ses hauts-de-chausse et tourna le dos à Clémence pour s'en revêtir. L'on entendit plus dans la chambrée que le crépitement des dernières flammes et le froissement pudique des fines laines que l'on enfile en vitesse. Tissu frais sur peau moins propre.

Réprimant un bâillement en contractant les mâchoires, Aimbaud passa la tête hors du col de sa chemise et s'écrasa les yeux dans les paumes pour les frotter. Il lui semblait n'avoir pas dormi depuis trois jours, tant cette journée carnavalesque avait été riche en événements, et il eut voulu se donner quelques claques pour se maintenir éveillé sur le chemin jusqu'à sa chambre. Il allait voir bien assez vite que l'air glacé des couloirs se chargerait de le stimuler.


À demain, ma dame.

Fit-il en se tournant vers Clémence pour lui presser simplement la main. Là dessus, il s'engouffra derechef par la fente des tentures, se couvrit les épaules d'un mantel de panne pourpre et quitta la pièce, le pas pesant, pour s'en aller trouver ses quartiers, et cette chambre qu'il n'avait pas habitée depuis l'époque où — garçonnet et encore seulement fils de duc — il entreposait ses figurines Chevalier du Chaos et ses posters parcheminés de troubadours désormais passés de mode... Le couvre-lit même était à l'effigie de Joli Jean-Peur, le destrier fougueux... Le bonhomme s'y coucha comme une masse.

Étrange journée, vraiment.

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Kilia
[ Interlude: Fin]

Main qui se perd dans les bouclettes dorés.
Oui, c'est ta maman ma chérie.

Elle écoute la petite en silence quelque peu navrée que l'enfante soit déjà en age de percevoir la réalité de leur monde. L'age de l’insouciance et des rêves s'échappe bien trop vite. Murmure....

Ne grandit pas trop vite...

Elle sait que l'enfant est déjà bien loin. Surement que le creux de son bras est devenu celui de sa nièce et que l'enfant a rejoint sa maman en rêve. Non, tu ne seras peut être jamais princesse, mais cela importe peu. La réalité est moins réelle que tu ne le penses et pour moi tu es bien la petite fille d'une Reyne et bien la petite princesse de mon monde

La duchesse resta ainsi sans bouger, la journée avait été longue mais le sommeil se cacha d'elle. Les souvenirs remontaient comme l'embrun des mers, l'entrainant dans des sourires salvateurs. Kilia avait se pouvoir d'oublier le mauvais, d'effacer le pire pour ne garder que le bon. Combien de fois avait-elle oublié qui était ses ennemis? Les rancœurs s'effaçant comme si une femme de ménage s'évertuait sans cesse à effacer les marques d’autrefois , faisait s'envoler les poussières du passé, réparant les blessures.
Elle repensa à Aimbaud et sa femme, ayant maintenant du mal à comprendre sa colère de la soirée. Surement l'aimait-elle plus qu'elle ne voulait le dire, et plus qu'elle ne l'avait jamais montré, et que de le voir entouré de tous ces faiseur de bonne pensée la navrait, pourquoi avait-il grandit si vite? Cœur de pacotille ce dit-elle. Tu n'es qu'une pauvre sentimentale voulant se cacher sur des airs qui ne tiennent pas 5 minutes. Pourtant elle était loin d'être blanche comme neige, elle avait tué pour de vils raisons, elle avait combattus, manigancé tant de fois, s'était délectée de ses vengeances, et sa cape était rouge afin de mieux se mêler au sang.

Le chant du coq s'entendit au loin. Elle n'avait pas encore bougé. Pourtant non loin de là, son époux, et ses enfants l'attendaient. Elle ouvrit son bras délicatement pour ne pas réveiller la petite princesse et tout doucement s’extirpa du lit, laissant en cadeau les dernières pâtes de fruit sur la table de chevet. Parcourant les couloirs, elle se rappela de la période de chanteur de Aimbaud et comment il avait pu leur casser les oreilles en taverne, tout comme Fitzounette l'avait fait avant, une étrange chanson lui vint en tête et elle ne put s'empêcher de fredonner

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Dict Lumière de l'Anjou,EX-Paire. Future Reyne! Note JNCP: "Peut mieux faire"
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