Thufthuf
[Après l'Orangeade Marquisale, retour Instinctif(s).]
Après avoir pris congé de ses hôtes du soir (mot qu'il aimerait passer au pluriel, cela va sans dire), notre boiteux s'était dirigé vers son lieu de travail. Il avait marché avec toute la hâte que lui permettait son état, autant à cause du froid que des promesses échangées durant les discussions silencieuses avec la Baronne.
Maintenant assis près du feu, porteur d'une tenue grenat griffée Cianfarano, une bouteille d'Hydromel spécial Madame, une coupe de fruits et deux verres posés sur la table, il attend. En totale désobéissance aux ordres de sa patronne, il a laissé la porte fermée, refusant l'entrée aux éventuels clients et est donc seul dans la grande salle à peine éclairée par les flammes dansant dans l'âtre.
Déclic d'un loquet, la porte près de la cheminée s'ouvre en silence, un pied passe la porte, nu. Habituellement, les nobles petons sont habillés de chausses hautes et moulantes, qui mettent encore plus en valeur ses cuisses laissées nues. Viennent ensuite un mollet, un genou, une cuisse cachée par l'habituelle cape longue et le reste du corps. Et la capuche, toujours. Sourire amusé du portier. Joueront-ils encore longtemps?
Thufthuf
[Sur la banquette... Beaucoup trop loin]
Se dévoiler, elle l'avait fait. Et bien fait. Tout au long du repas, elle n'avait eu de cesse de provoquer son invité, employé et futur amant. Ses pieds étant aussi agiles que son esprit inventif, elle avait pu pousser ThufThuf jusque dans ses derniers retranchements alors qu'il se devait de rester sérieux un maximum. Plusieurs fois il lui avait demandé, via leurs échanges de regards, de se calmer. Et la réponse n'avait jamais varié: toujours plus de provocation. A tel point que s'il n'avait été assez maître de lui-même, une tache sur ses braies l'aurait empêché de sortir de table le moment venu.
De même qu'il a fermé la porte principale peu de temps auparavant, Madame verrouille celle du couloir. Les voici seuls dans l'antichambre de la luxure, à l'aube d'une nuit qui s'annonce aussi intense et lascive que la danse des flammes dans l'âtre. Au crépitement des bûches viennent se mêler le frottement des pieds sur le tapis, le bruit discret d'un grain de raisin qui éclate, l'écoulement de la liqueur dans les verres puis, finalement, celui d'un corps féminin creusant sa place dans la banquette.
Depuis qu'elle est là, leurs regards n'ont cessé de se poser sur l'autre. Il l'observe, la détaille encore, toujours, et même si elle a gardé sa capuche, il sait qu'elle fait de même. Ses lèvres sont restées celles de la Baronne, alors que son corps est redevenu celui de Madame. Verre en main, il ressent toujours le doux frisson qui l'a parcouru quand leurs doigts se sont croisés, frôlés. A la voir ainsi assise, presque offerte, le gardien des lieux sent ses braies se déformer pour la énième fois de la soirée et continue de la détailler. La jambe est si impudiquement offerte qu'il a presque envie de se jeter sur elle sans préavis ni déclaration de guerre. Mais l'instant a été trop attendu pour ne pas le savourer. Et puis, la nuit est à eux. Ou ce qu'il en reste.
La soirée ne fut pas de tout repos, rapport au repas très épicé. Mais je ne la regrette pas. Et la vôtre?
Une main se tend, glisse sous la capuche, frôle une joue, glisse entre quelques mèches de cheveux et vient se refermer sur une nuque qu'elle connaît par coeur. Parcourue des dizaines de fois, sans jamais un geste de sa propriétaire pour se dérober, comme si elle avait su qu'il ne ferait rien qu'elle n'accepterait pas. Mais, ce soir, les doigts osent, et c'est avec délectation et douceur qu'ils poussent le lourd capuchon vers l'arrière, laissant le visage féminin se dévoiler peu à peu, à si faible vitesse qu'il serait aisé à sa propriétaire de l'arrêter.
Thufthuf
[ Sur une banquette, de plus en plus proches.]
La nuque a beau être connue, avoir été arpentée tant et tant de fois, sa redécouverte est toujours un plaisir. Tout comme le fait de la sentir frémir sous ses doigts, noter la chair de poule qui ourle sa peau, sentir sur lui son souffle chaud et maintenant irrégulier.
Quelques instants de magie, puis les yeux apparaissent enfin, brillants, bleus comme la nuit. A ce moment, le sourire se fige, une main féminine retient la chute finale, comme pour le frustrer de sa "victoire". En contrepartie, lui offre un autre spectacle, tout aussi connu mais ne manquant pas de délice. La chair diaphane se dévoile, laisse apercevoir un sein galbé, des côtes saillants juste ce qu'il faut, un ventre à l'ombilic provoquant, une cuisse à la chair généreuse. Un véritable appel à la luxure, un ode au plaisir à venir.
Lâchant leurs jumelles océanes, les billes marron glissent sur la moitié de corps qui s'offre à elles. La dextre quant à elle, passe sous la cape, à la rencontre de la hanche restée cachée, s'y promène avec une douceur calculée tandis que ses lèvres font mine de répondre à leurs homologues.
Si fait... Mais je n'ai qu'une parole... Et sans ne veut pas dire avec...
Dérobade de dernière minute, canines plantées délicatement dans un cou aussi pâle que la lune, capuchon brusquement arraché, cascade corbeau libérée.
Thufthuf
[Sur une banquette. Soudés.]
Les vainqueurs? Les corps et les sens. L'essence des êtres. Les êtres de chair.
L'une sur l'un maintenant, dominante après avoir été dominée. Mais dominés, ils le sont toujours. Par leur désir, par leurs corps qui ont pris le contrôle de leur esprit. Le premier contact est violent. Baiser fougueux, gémissements assourdis, dents qui s'entrechoquent. Caresses fébriles, lui sous la cape, sur le dos, découvre. Sent la chemise qui s'ouvre, la peau qui s'agite sous le frisson, les mains féminines encore froides de la longue promenade qui se posent dessus.
Ce soir, il n'est pas le portier de Madame, elle n'est pas la Madame du portier. Ils sont deux amants qui se trouvent, se retrouvent. Corps en mouvement, souffles exhalés, sons étouffés. Essence d'hêtre qui se consume dans l'âtre, crépite, flammes bien pâles à côté de celles qui les habitent.
Sous elle, savoure, ne lui ôte pas sa cape, pas encore. Se noie dans ses yeux plus qu'il ne l'a jamais fait dans leurs bains. Rouille qui se dilue dans la nuit. Libère ses lèvres, enfin, après un long, très long moment. Sourit, taquin, coquin.
Bonsoir, Jehanne Audisio von Gobseck.
Thufthuf
[Partout, donc. Mais d'abord sur la banquette.]
Baillon de chair et de feu, bien incapable de faire taire quoi que ce soit. Surtout pas un désir exacerbé depuis si longtemps. Des semaines se sont écoulées depuis leur première rencontre, le premier bain, les premières caresses. Si leurs bassins se soudent, le fer lui se dresse, de plus en plus, lui extirpant un gémissement qui résonne dans leurs bouches.
La cape glisse, enfin. Elle pend, inutile, aux bras de la baronne maquerelle. Sa peau pâle est le réceptacle parfait aux jeux d'ombres créés par leurs mouvements et ceux des flammes de l'âtre. Ses courbes entièrement dévoilées continuent d'onduler sur lui, sous ses mains agiles qui se promènent, se faufilent, curieuses comme si c'était la première fois. Comme si? Non, c'est bien la première fois. Jusque là, elles s'étaient limitées aux frontières de l'obscurité dont la cape nimbait le corps de Madame.
Le baillon disparaît, le libère en provoquant un grognement qui couvre presque le son rauque qui lui emplit l'oreille. "Delta" Un nom de plus, un secret supplémentaire. Lui s'en moque. Sa seule envie, c'est de posséder cette femme qui le provoque depuis si longtemps, cette procuratrice de plaisir pour les autres alors qu'elle lui refusait le sien. Refuser? En fait non. Mais les conditions de son obtention ne satisfaisaient pas le portier. Mais ce soir, enfin, elle sera sienne, et il sera sien.
Lui reste ThufThuf. Aucune envie de s'oublier, ni de se perdre, juste d'assouvir un désir cuisant. Un désir motivé seulement par son instinct et ses phéromones. Son amour est promis à une autre. Point commun entre eux, seuls les corps parlent. Et ils parlent bien. Profitant qu'elle lui offre son cou, y pose la bouche, aussi sauvage que le sont leurs corps qui se cherchent de plus en plus frénétiquement.
Thufthuf
[Sur la banquette, sous l'amante...]
La chemise épaisse atterrit au sol, rejoint la cape. Parures inutiles, désuètes, sans vie. Entre eux, la chaleur grimpe encore, à mesure que les caresses se font plus précises, plus proches, plus pressantes. Le fer est chauffé à blanc, le sang porté à ébullition. Les lèvres glissent sur la peau offerte, se font moins gourmandes, effleurent seulement le dessin qui couvre l'épaule, en suivent les contours, embrassent la vieille blessure.
Seuls les flammes qui crépitent et les soupirs et gémissements des deux futurs amant ponctuent le silence qui emplit la pièce. La danse lascive se poursuit, les jambes laiteuses se posent sur la toile rugueuse des braies, le bosquet entretenu contre la forêt vierge, le fourreau sur l'épée. Presque.
Nouvelles ondulations féminines, grognements masculins suivi d'un coup de reins, mains (im)posées sur les hanches d'albâtre. Bassins soudés, souffles coupés, soupirs. Quelques longues secondes d'immobilité, de silence. La bouche quitte l'épaule, les regards se croisent, les corps se remettent en mouvement. Doucement d'abord. Les mains calleuses quittent leur position, repartent explorer une croupe qui ne semble demander que ça. Sourire, soupirs.
Thufthuf
[Sur la banquette, sous l'amante. Mais pas que.]
Enfin, oui. Lui ne dit rien en ce moment, bâillonné par la noble bouche. Gémissement étouffé alors qu'elle plante ses dents blanches dans le carmin de sa lèvre, geste qui appellent vengeance. Si la jambe est presque morte, les bras sont forts encore, et le corps féminin se voit soulevé, puis relâché. Bruit mat de la croupe retombant sur les braies, absence du souffle de la baronne de sa bouche, signe du battement de cur manqué. Si elle peut être gourmande, il sait être féroce. Et, après la quasi tendresse des (re)trouvailles, les instincts ont repris le dessus.
Mis en appétit, mord lui aussi, un rien plus fort qu'elle. S'il n'est le maître en temps normal, il entend bien profiter pleinement de sa victoire de ce soir. Pour que le renversement de situation soit complet, il bascule, profitant toujours de la surprise de sa compagne. La banquette, heureusement, est aussi longue que profonde. La blancheur de la peau de celle qui l'occupe maintenant pleinement tranche sur le grenat sombre du tissu tout autant qu'elle contraste avec le teint hâlé de ThufThuf qui, au dessus d'elle, sourit. Puis grogne à nouveau alors que, conscience reprise, sa compagne a replongé les dents, dans son cou cette fois, déclenchant une nouvelle vengeance sous forme d'une ondulation appuyée.
Les deux amants ne manquent ni d'armes, ni de volonté. Et c'est dans une violente tendresse, accentuée à chaque nouvelle contre attaque, que se déroule la première passe (d'armes). Soupirs, grognements, gémissements et autres sons des corps qui s'unissent les accompagnent, rythment la joute des corps et des esprits. Un seul vainqueur: le plaisir.