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[RP] Si on jouait à Cache-cache ?

Hema
Les paroles de Mahe se perdaient dans son esprit, un peu comme si elles résonnaient contre une paroi épaisse et impénétrable.
Ses seules réactions étaient de vagues hochements de tête, quelques haussements d'épaules, un ou deux secouements légers de tête pour répondre à la négative.
Mais en dehors de ces quelques gestes, aucune parole n'avait franchi ses lèvres.
Oui, elle était muette, jugeant le temps de réponse inopportun, n'ayant qu'une envie c'était de La voir.

Evidemment que Mahe la croyait à Ventadour, puisqu'elle avait préféré ne pas l'informer de son retour précipité.
Evidemment qu'elle était arrivée il y avait peu de temps, pour aussi vite que possible se rendre au chevet de la Rousse.
Evidemment qu'elle avait cherché quelque temps, mais pas longtemps, car une fois la Résidence de Saint Julien visitée, elle se doutait bien que la Princesse se trouvait chez Mahe.
Evidemment qu'elle avait eu raison de venir, puisqu'elle ne supportait pas d'être inutile loin, quitte à l'être tout autant près.
Evidemment qu'elle n'attendait qu'une seule chose, c'était la voir, la regarder, l'observer, la ressentir.

Ainsi, Hema suivait la jeune noble de naissance, sans dire quoique ce soit, sans jeter un regard sur les alentours, jusqu'à ce que Mahe s'arrête devant une lourde porte et se tourne vers elle.

Toujours pas réveillée...
Elle reste ici...
Crainte de la déplacer...
Non elle ne comprenait pas.
Non ils ne sont pas médicastre.
Non ils ne veulent pas lui faire de mal.
La moutarde pour remède.
Peu de monde au courant de l'état de la Princesse.
Ne pas s'inquiéter de sa famille.
Assez parler. Hochement de tête pour approuver.

Puis la porte s'ouvre sur une pièce tiède, dont la lueur des flammes dans la cheminée reflétait une chaleur bienfaisante sur un corps allongé derrière l'image de ce fauteuil qui ne permettait pas de savoir qui gisait là.
Pourtant, pas de question à ce sujet. C'était Aldraien.

Elle n'entend même pas les derniers mots de Mahe, ni Harchi qui se lève pour lui laisser la place.
Elle ne voit rien d'autres que ce corps dont la faible respiration, d'où elle est, n'est pas visible.
A nouveau, son esprit se remet en marche. Le voyage jusqu'à Ventadour. Etait-ce pour elle ? Etait-elle la cause de son état ? Serait-elle plus en forme sans avoir fait ce voyage ? L'entendrait-elle ? Sentirait-elle sa présence ? Que devait-elle lui dire ? Ne pas dire ?

Toujours figée devant la porte que Mahe avait refermée, Hema avait à peine entrouvert la bouche, prête à parler.
Mais pour dire quoi ?
Alors elle s'était avancée, doucement, comme pour ne pas la réveiller alors que pourtant, elle ne voulait qu'une chose, c'est que la Capitaine ouvre les yeux, lui sourit, la salue et lui demande : "Mais que fais-tu ici Hema ?"

Un sourire se place au coin de ses lèvres à cette pensée. Elle secoue doucement la tête pour chasser ces pensées qui n'étaient pas de circonstances, puis s'assied à ses côtés, sur la couche.
Instinctivement, sa main prend celle de la femme. C'était un geste automatique que n'importe qui avait. Peut-être que par le geste une certaine énergie s'éparpillait chez l'autre pour lui apporter un réconfort. Ou peut-être pas.

Le regard d'Hema scrute le visage d'Aldraien. Un visage pâle, si pâle, inspirant la maladie, l'inconfort, la mort.
Une grande inspiration se termine dans un long soupir, doux, fluide.
Aucun mot ne franchira ses lèvres ce jour là.

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Hema est une gamine d'une douzaine d'années.
Faut pas lui en vouloir si ses réactions sont... appropriées !

http://www.lesroyaumes.com/FichePersonnage.php?login=hema
Hannibal_de_cassel
Pour réussir, il ne suffit pas de prévoir. Il faut aussi savoir improviser.

Isaac Asimov

Il avait ramené de nombreuses choses de Ségur pour se rendre dans sa nouvelle demeure mais très peu de personnel préférant laisser tout se monde à ses vieilles habitudes. Il n'avait gardé pour lui que deux domestiques sans qui il ne serait rien,tout d'abord un jeune garçon qui lui servait à faire les courses des plus simples au plus farfelus qu'il surnommé " Mon garçon " Très original en effet mais ça lui évitait de passer pour un ahuri car il n'avait jamais réussi à se rappeler son nom. Le second était un vieil italien qui se dénommait "Fangio", incroyable pilote de voiture qui savait monter n'importe quel cheval à son meilleur niveau. Son seul soucis était qu'à pleine vitesse, il était toujours très juste dans les virages et la carrosserie en marquait quelques traces.

Et c'est un festival qu'avait donné Fangio pour effectuer la distance jusqu'à la rue de la Justice de Limoges. Les chevaux étaient éreintés et le conducteur ivre de joie, empli d'adrénaline furieuse. Hannibal, lui, était sur les nerfs, ses poings ne s'étaient pas desserrés depuis leurs départ, la marque de ses ongles laissant presque à certain endroit suinter de timides gouttes de sang.

D'un bon coup de semelle il envoya valser la porte du coche et failli en éborgner Mahelya au passage. Il sauta du haut de la voiture ne se souciant guère du marche pied, il était pas en vaillante santé mais son jeune âge lui permettait encore quelques prouesses physiques incroyables comme ce saut d'au moins 30 cm....bref.


Pas de révérence pour moi, ça m'a toujours donné la nausée et je préfère qu'on me regarde en face, Gardez ça pour ma Révérende Mère Nébisa. Je suis Hannibal, l'époux de la malheureuse. Si vous êtes Dame Mahelya, je vous remercie d'avance du soin que vous avez pris de mon épouse, sinon j'aimerai la voir au plus vite.


Il reprit alors son souffle avec deux longues respirations et c'est d'un calme olympien et d'une voix étrangement intelligible qu'il se métamorphosa en Hannibal l'Apothicaire.

Pouvez vous me conduire à la souffrante, faites moi suivre de l'eau frémissante, des braises rougeoyantes et un litre de prune au moins.
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Mahelya
La Rouquine se releva aussitôt, pas besoin de lui dire les choses deux fois. Elle regarda donc l'homme dans les yeux comme il le lui avait demandé. Elle claqua des doigts afin qu'Harchi prenne note de toutes les recommandations qui étaient à présent données. L’Époux d'Aldraien était un homme instruit et semblait connaître les plantes bien mieux que le fameux Baumé Dicinal.
Aussitôt le Valet se rapprocha et semblait écouter attentivement. Avec ce Messire La Princesse serait sauvée. Mahelya hésitait du coup à lui sauter dans les bras. La jeune fille de 11 ans se tenait à présent bien droite, face au "sauveur" elle en était certaine.


- Bonjour, oui c'est bien moi Mahelya. Je vous emmène de suite à son Altesse Aldraien. Se retournant vers son Valet. Elle ajouta : Harchi se charge de ramener de suite ce que vous demandez. Se félicitant intérieurement d'avoir dépenser des sommes faramineuse en prune, elle avait tout ce dont Hannibal l'Apothicaire avait besoin. Elle tourna les talons et à n'en pas douter le Prince la suivait. Le vieux soldat avait quant à lui déjà disparu probablement dans les cuisines.

La porte d'entrée, restée ouverte fut passée rapidement et les escaliers gravis tout autant. Pourtant une fois sur le palier La rousse crut bon d'ajouter.


- Un médicastre est venu il y a deux jour, il a diagnostiqué un excès de bile noire, depuis la Princesse reçois la quantité de Moutarde prescrite. L'homme nous a assuré que se serait sans danger pour votre enfant grandissant en son sein.
...


Admirez la pause marquée...
Mahelya ne ralentissait pas la cadence, avançant toujours rapidement et bientôt elle serait devant la lourde porte de chêne.


Pour autant son Altesse Aldraien ne s'est point réveillée, aussi nous essayons toutes les deux heures de la nourrir avec un biberon de lait. C'est le seul moyen que nous avons trouvé pour ne pas qu'elle ne dépérisse, et surtout pour ne pas qu'elle s'étouffe.
Nous avons fait attention à garder le feu vivant nuit et jour.


Elle se trouvait à présent face à la porte, dernier rempart devant la statue marmoréenne.

- Votre Épouse, reçoit en ce moment même la visite d'Hema, sa jeune protégée qui a fait le voyage depuis Ventadour.

La fine main blanche toqua deux fois contre le bois, avant de se saisir de la poignée et d’ouvrir la porte doucement. Aussitôt une douce chaleur se fit ressentir, tandis que l'ombre des flemmes dansantes dans l'âtre se répercutaient sur les murs de pierre.

Hema ?... Hema tu es là ? Hannibal de Cassel, l'Epoux d'Aldraien vient d'arriver. Il souhaite l'examiner.

Elle se dégagea de l'accès afin de laisser entrer l’Époux arrivé comme le "Messie". Un fin sourire s'esquissa sur son visage aux traits marqués de fatigue quand elle constata, qu'Harchi suivit de Bertille arrivaient en haut de l'escalier avec le nécessaire demandé, l'eau fumante et frémissante, que tenait la gouvernante dans un chaudron, les braises rougeoyantes que tenait Harchi dans un sceau en fer d'une main, l'autre portant une lourde et volumineuse bouteille qu'elle reconnut comme étant celle de la Prune.

- Tout est là, pouvons-nous vous aider en quoi que ce soit ?

Les prunelles vertes se posèrent alors une fraction de secondes sur le corps immobile, et son cœur si pressé depuis ces deux derniers jours, se desserra un petit peu. " Votre Altesse, votre époux est là. Voyez que vous ne devez pas abandonner. "
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Hema
Levant les yeux vers la porte, il lui semblait qu'elle venait à peine d'arriver, et déjà on lui demander de partir.
Dans un léger soupir en observant le visage d'Aldraien, elle frôle la joue pâle d'un revers de main avant de se lever.


Bien... J'imagine que plus que l'examiner vous souhaitez être seul avec elle, non ?...

Son regard empli de peine se fixe vaguement dans celui d'Hannibal.
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Hema est une gamine d'une douzaine d'années.
Faut pas lui en vouloir si ses réactions sont... appropriées !

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--Harchi


[Domir ?! se reposer ?! ... c'est quoi ?]

Elle était autoritaire sa rousse quand elle le voulait. Mais le vieux soldat ne s'en offusqué pas, il savait que ce n'était pas de la méchanceté et puis après tout il avait été pris pour cela depuis onze ans maintenant : Servir une petite capricieuse qui finalement se révéler de jour en jour comme ayant un cœur immense.
Autant elle pouvait se montrer cruelle et sans pitié parfois autant le plus souvent elle était un ange.
Harchi n'avait pas attendu la fin du dialogue entre sa Filia et le Prince, aussitôt les directives obtenues, il avait littéralement foncé dans la cuisine. Heureusement Bertille allait préparer une soupe aussi, le foyer était-il ardent et l'eau sur le feu.


- Bertille peux-tu avec la pince, mettre quelques braises rougissantes dans le sceau en fer ?
- Ben oui, mais qui c'est qu'est là ?
- L’Époux de la Princesse vient d'arriver, il va probablement tenter de la soigner. Tu peux aussi garder l'eau ? Il en a besoin apparemment, moi je file à la cave.

A peine la phrase terminée, que les pas lourd du vieil homme se faisait entendre sur l’échelle de bois qui conduisait à une cavité creusée à même la pierre et qui débouchait dans la cuisine. Quand la petite maitresse avait acheté ces quatre murs de pierre, elle avait eu la bonne surprise de découvrir cette "cachette". Amatrice de bons vins elle avait donc tout naturellement décidé d'utiliser l'espace pour sa cave. Il était dit dans sa famille que le nectar de raisin gardait tout son arôme lorsqu'il n'était pas exposé à la lumière. Et c'est qu'en une année à arpenter les marchés, il y en avait des bouteilles maintenant.
Le vieux valet chercher l'une des très grosses bouteilles acquises récemment, elle devait être facile à trouver dans cet amas de poussière, pour sur elle n'aurait pas eu le temps d'en être recouverte.
Les opales usées parcouraient les étagères, et là, sur le mur du fond, à hauteur d'homme trônait le petit trésor. Il s'en saisit d'une avant de remonter quatre à quatre l'échelle de meunier.

En arrivant dans la cuisine il eu la satisfaction de constater que la gouvernante avait tout préparé. Il prit le sceau de fer aux braises ardentes, et commença à s'engouffrer dans l'entrée afin de prendre l'escalier cette fois. C'est qu'il entretenait sa forme le soldat.


- Aides-moi en apportant l'eau, veux-tu.

Et les deux domestiques s'engouffrèrent dans l'escalier. Au premier étage, sa filia (*), informait le Prince de ce qui avait été fait. Un bon point pour la Rouquine. L'Epoux pourrait ainsi ausculter en toute connaissance de cause. Il ne leur fallu que quelques pas supplémentaire pour arrivé à leur hauteur. Le vieux soldat entra dans la chambre et déposa au coté du lit le nécessaire demandé et rapporté. Bertille une fois délestée de sa charge retourna directement en cuisine.

- Voilà votre Alt... Seigneur Hannibal tout est là

Les opales se posèrent sur le corps endormi. Ce que la Princesse pouvait ressembler à Silvine... Puis elles glissèrent sur la petite Hema. La Pauvre venait d'arriver, et il comprenait la tristesse qui se dégageait d'elle alors qu'elle pensait déjà devoir quitter le chevet de la Princesse. Il se rapprocha d'elle, et posa une main protectrice sur son épaule et un sourire bienveillant. Bien sur que non le Prince n'allait pas la faire sortir...

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(*) fille en latin
Hannibal_de_cassel
Le secret, c’est la meilleure et la pire des choses. La pire si l’on se referme sur soi. La meilleure quand on veut jouer l’effet de surprise.

Jacques Chirac et oui, un grand homme... en cm

Hannibal avait franchi le pas de porte avec hardiesse juste derrière les talons de la jeune rouquine, il était étrangement partagé entre la hâte d'être au chevet de son épouse et la peur d'y découvrir sa compagne mourante voir même pire. Alors pour garder un semblant de sang froid il se concentra sur les mots de l'hôte sans prêter nulle attention au lieu en lui même. Il aurait été aux portes de l'enfer que rien n'y interpellerait.

Mais soudain son cœur sursauta, genre un triple salko, triple lutz et triple boucle piquée à la suite...


votre enfant grandissant en son sein.

Ce petit bout de phrase à lui seul failli lui provoquer une attaque cardiaque pas piquée des hannetons. Il eu l'impression d'un immense fourmillement dans la tête, des associations de mots se fracassaient dans son esprit... enfant .... parents... père... famille.... femme !
C'est alors sur cette dernière image que son pied en suspens pendant la fraction de seconde la plus longue de sa jeune vie reprit contact avec le sol et son vagabondage intellectuel également.
Il comprit juste à la fin après une bonne suée qu'Héma était à son chevet à présent, il l'aimait vraiment beaucoup cette petite.

Entrant dans la chambre Hannibal aurait du rester figé devant son épouse dans un état si précaire mais là où l'étrangeté du gaillard l'avait fait fuir de bien des tracas, il resta imperturbable et serein. Il fit glisser alors sur le parquet son lourd sac qui se vida à moitié par terre. Des objets, des sacs et de petits récipients sortirent alors, certains allant même jusqu'à rouler derrière les meubles.

Il s'approcha alors de sa colombine Aldraien, lui déposant un doux baiser sur le front. Ce n'était qu'une faible marque de tendresse par rapport aux feux ardents qui incendiaient son cœur mais il n'avait pas le temps de faire mieux.

Ensuite son regard changea et il devint concentré à son paroxysme.


Hema, Mahelya, je vais avoir besoin de vous deux. J'ai besoin de mains habiles, de têtes qui savent lire et de personnes réactives. Je ne vous demande même pas si vous avez envie ou pas de m'aider, il le faut c'est tout.

D'un geste assuré il vira les multiples couvertures qui recouvraient le lit afin de dénuder le corps de son épouse.

Il faut me trouver le mélange de thym et d'usnée dans mon sac, c'est un sachet bleu, et le faire bruler sur les cendres de la cheminée sans l'ouvrir. Ça va assainir la pièce et éviter quelle se choppe un vilain mal.
Il me faut aussi la bouteille en terre cuite violette, c'est une macération de clou de girofle et de romarin dans de l'huile d'argan. Vous la reconnaitrez à l'odeur. Il faut en tartiner entièrement son corps cela va tonifier sa peau et l'aider à se réchauffer sans transpirer.


Il s’essuya le front de la manche, dégageant les premières gouttes de sueur qui passaient les rides marquées de son visage.

Il me faut la prune aussi !!!!!
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Elisa.
    «Les amis sont des compagnons de voyage, qui nous aident à avancer sur le chemin d'une vie plus heureuse. »
        Pythagore



Toujours assise dans cette forêt boueuse. La Malemort s’était mise à prier sur cette tombe improvisée. Pouvait-il en être autrement ? Avait-elle cru un jour pouvoir se retrouver dans cette situation ? Ce sentiment de n’être plus rien. Son fils là, sans vie, retourné auprès d’Aristote. Son compagnon priant lui aussi auprès des moines. Et… et sa sœur qui après une courte missive lui disant adieu, s’en était allé. Aujourd’hui, on venait lui demander de ses nouvelles… Mais qu’en savait-elle ? Qu’en savait-elle ?
Ces derniers jours, elle avait eu la sensation de ne plus pouvoir respirer. Coincée entre sa sœur et son compagnon. Entre l'envie de profiter de ce nouveau couple qu’elle formait, et de cet essentiel qu’elle était avec l’épouse de son frère.
Comment réussir à trouver le bon équilibre entre les deux ? Ayant parfois envie d’être seul avec lui. Ayant parfois envie d’être avec les deux. L’équilibre… Elle devait trouver l’équilibre…

Et la pluie se remit à tomber, la Malemort se leva alors rapidement. N’oubliant pas de se signer une dernière fois et d’embrasser la pierre froide qui faisait office de tombe. Cette pierre où elle avait fait graver dessus : GLM… Gossuin de Lahaye Malemort. Son fils.


[Quelques jours plus tard]

Mahelya avait répondu à sa lettre. L’informant qu’Aldraien se trouvait chez elle. Elle ne l’avait pas abandonné ? Alors pourquoi cette lettre d’adieu ? Cette lettre où elle lui disait de prendre soins d’elle et de son époux ? Pourquoi alors ? Hein pourquoi Rouquine ? On ne parle pas des choses qu’on ne sait pas. On ne juge pas de chose dont on ne connaît pas les tenants et les aboutissants. Non ! On ne fait pas !
Lui écrire ? Pour lui dire quoi de plus ? Pour lui dire quoi encore ? Ne savait-elle pas déjà tout ?
Et si vraiment Aldraien en venait à baisser les bras, ce n’était pas une lettre qu’il lui fallait… Juste sa présence… Mais cela aurait-il encore le même effet qu’auparavant ? Le même effet que durant cette guerre quand elles partageaient le même lit ? Quand la Malemort dormait tout contre elle, veillant l’une sur elle durant ces longues nuits noires…

La Malemort se leva d’un bond.


Non ! Non ! Ce n’est pas une lettre qu’il lui faut. Mon Tout…

Et c’est ainsi que la princesse partie rapidement. Elle sortie de son appartement limousin. Direction la taverne la plus proche. La taverne où Mahelya allait souvent. Elle entra en claquant la porte. Les soiffards habituels étaient tous là.

Cinquante pièces d’or pour celui qui me dira où vit la jeune Mahelya !

Les badots ne mirent pas longtemps à se réveiller, et trouver un élan de géni pour lui crier :

Justice ! Rue de la Justice !

Et la bourse pleine, qui avait été promis, fut rapidement jetée sur la grande tablée. De quoi leur payer des tournées pour les trois prochaines journées à coup sur. Elisa, pendant ce temps, sortie de la taverne, prenant donc la direction de la rue de la justice.
Elle avançait la Malemort, sans vraiment savoir où s’arrêter. Regardant par les fenêtres comme un voleur chercherait de quoi voler dans les maisons… La Malemort, elle… Ne cherchait qu’à retrouver sa moitié. Et là, par une fenêtre, elle aperçut une animation étrange. Des valets qui faisaient des aller retour... Et… Oh ! Mais c’était son frère là ! Mais… Mais… et voilà qu’il était hors de vision.

Un long soupire sortie d’entre les lèvres de la chancelière. Devait-elle entrer ? Aldraien semblait bien entourée. Son époux, Son amie Mahelya, des valets, et sûrement d’autres… Avait-on réellement besoin d’elle ? Elisa resta de longues minutes ainsi à méditer le pour et le contre… Alors qu’inconsciemment, sa main était venue taper contre la porte de bois… La porte d’entrée…

Serait-elle de trop ?

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--Harchi


[Repos Enfin ?... ou pas]

Le Prince semblait parfaitement maitriser la situation aussi, Harchi n’estima pas nécessaire de rester dans la chambre surtout que la Princesse était dévêtue et qu'il pensait à juste titre qu'il n'avait pas à voir de ses opales le corps Princier dans sa plus simple tenue. La main s'éloigna de l'épaule de la petite brune, mais le sourire resta sur les traits marqués du visage usé. Sans plus de bruit que nécessaire, il sortit de la chambre et referma la porte non sans avoir donné au Prince avant la bouteille de Prune tant désirée.

Le vieux soldat descendait les escalier doucement, pensant qu'enfin il pourrait peut-être dormir un peu, bien que débusquer le Paillard lui occupait encore une grande partie de l'esprit. Il fallait vraiment qu'il lui fasse payer son affront, son agression, son infamie et à ne pas oublier qu'il avait l'autorisation de lui faire couler le sang. Vague sourire qui se dessinait sur le visage marqué par le temps.
Il en était là de ses réflexions quand des coups se firent entendre sur la porte d'entrée. Tirelipimpom sur le chiwawa* qui donc venait là ? Les marches restantes furent descendues quatre à quatre et c'est donc un Harchi essoufflé et passablement anxieux - Fallait pas non plus que tout le monde découvre que des Princes et Princesses se trouvaient dans la maison non protégée - qui ouvrit la porte.


- Bonjour ? puis-vous aider ? c'est à quel suje..... Oh Votre Altesse.

Les opales s'écarquillèrent tandis que le Valet effectué une révérence. Punaise toute la famille royale s'était donnée rendez-vous rue de la Justice ? Ah bah non bien sur sa Filia avait du lui écrire pour la prévenir qu'Aldraien se trouvait ici. Essayant de retrouver contenance, il balbutia.

- Euh ... Aldraien ... Son Altesses, je suppose que vous ... euh ... êtes là pour elle ? Si vous voulez bien me suivre, je vous y emmène.

Et sans attendre de réponse qui était somme toute évidente, Harchi se redressa et invita la Princesse a entrer et à le suivre dans l'escalier.

Son Altesse Hannibal est à ses cotés, et Hema et Mahelya sont restées pour l'assister. Mais votre présence sera assurément la bienvenue. Je vous en prie suivez-moi. La Princesse est installée dans la chambre de Mahelya à l'étage.

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* Inspiré de la chanson de Carlos
Hema
Hannibal_de_cassel a écrit:
Il faut me trouver le mélange de thym et d'usnée dans mon sac, c'est un sachet bleu, et le faire bruler sur les cendres de la cheminée sans l'ouvrir. Ça va assainir la pièce et éviter quelle se choppe un vilain mal.
Il me faut aussi la bouteille en terre cuite violette, c'est une macération de clou de girofle et de romarin dans de l'huile d'argan. Vous la reconnaitrez à l'odeur. Il faut en tartiner entièrement son corps cela va tonifier sa peau et l'aider à se réchauffer sans transpirer.


Elle était pas vraiment en état Hema.
Non seulement elle avait voyagé toute une journée et toute une nuit, mais en plus la nuit précédent le départ n'avait vraiment pas été reposante.
L'arrivée avait été angoissante, sous le stress, et son corps ainsi que son esprit s'étaient comme relâchés lorsqu'elle était arrivée auprès d'Aldraien.
Pas de cernes sous les yeux, non, faut pas abuser, mais elle sentait que si elle s'allongeait, ce qu'elle ne comptait pas faire, elle s'endormirait alors dans un profond sommeil dont peu de choses pourraient la sortir.

Mais elle ne voulait, ni ne pouvait dire non à l'époux de la Rousse.
Et en se répétant "sachet bleu", "sachet bleu", elle s'était dirigée vers la besace qui s'était vidée de quelques ustensiles lorsqu'elle avait été jetée au sol.
Sachet bleu en main, elle se dirige vers la cheminée, dégage une partie des braises pour n'en garder que des cendres bien chaudes sur lesquelles elle dépose le sachet d'herbes censé assainir l'air.
C'est vrai que l'air était lourd, mais le froid mordant et l'état fiévreux de la Princesse ne permettaient pas d'aérer ne serait-ce que quelques minutes.

Et la prune. Il fallait de la prune.
Prête à partir à la recherche de l'alcool, sans savoir, bien sûr, qu'elle avait déjà été quémandée auprès de Harchi, Hema ouvre la porte...

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Hema est une gamine d'une douzaine d'années.
Faut pas lui en vouloir si ses réactions sont... appropriées !

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Mahelya
[Dans la Chambre aux cotés du Prince, de la Princesse et d'Hema]

Le temps qui semblait immobile ces derniers jours, défilait à présent en quatrième vitesse. Tout allait vite, tout était en mouvement ce qui contrastait avec la léthargie des heures précédentes. La Rouquine écouta les instructions du Prince, voilà que les deux jeunes-filles allaient devenir des aides-soignantes. Un coup d’œil des prunelles émeraudes vers la petite brune qui se précipitait déjà vers les différents sachets étalés par terre et nichés au creux de la besace, pour savoir ce que Mahelya devait trouver. Il était inutile que les deux jeunes filles cherchent la même chose. Si Hema prenait le sachet, la bouteille en terre cuite était donc la mission de la Flammèche.
La trouver fut plus ardu, elle n'était ni dans la besace, ni par-terre à proximité proche de cette dernière.
A quatre pattes, l’Étincelle parcourait toute la chambre, scrutant sous les meubles à la recherche du moindre objet violet. Ce que ça l'agaçait de ne pas trouver la macération.
Quand soudain, sous le lit en plein milieu, les yeux de la Rouquine furent attirés par une bouteille qui oscillait encore suite à sa fuite du sac du Prince.
Sans réfléchir, Mahe plongea littéralement sous la couche. C'était un peu poussiéreux. Keuf Keuf ... Petite toux afin de faire sortir les grains de poussière qui s'étaient insidieusement invités dans son petit nez. La fine main blanche se saisit avec fermeté de l'objet. Et c'est une Mahelya échevelée qui réapparut.


- J'ai trouvé !

La princesse était mise à nue, et c'est à ce moment là que la jeune fille constata que son Valet avait eu la délicatesse de quitter l'endroit. Un bon point pour lui.
Se remémorant les consignes d'Hannibal, la bouteille de terre cuite fut humée. Petit moue. Ça sentait fort, mais pas de doute c'était le bon flacon. Aussitôt les fines mains blanches se mirent à "tartiner" le corps de la statue marmoréenne.
Une odeur de thym, légère, se répandait à présent dans la pièce. Hema avait trouvé. Mais la Flammèche ne releva pas le nez, pas pour l'instant du moins. Alors que la macération s'étalait progressivement sur le corps, la jeune rousse constatait pour la première fois dans ce clair-obscure que procurait la cheminée, toutes les marques et cicatrices qu'affichait la peaux d'Aldraien. Là, sans crier gare, des petites perles d'eau salée suintaient silencieusement des yeux de Mahelya. Toutes les larmes retenues depuis la mort de Nanou semblaient vouloir quitter le petit corps de la Rouquine. "Tenez bon Votre Altesse, je vous en prie ! Tenez bon ! Je vous interdis de mourir ! Je vous interdis de me laisser vous aussi !". Telles étaient les pensées de la jeune fille à la vision brouillée par les larmes. Cependant un mouvement d'une silhouette de sa taille attira son attention.


- Hema ?
Elle devait vouloir chercher la prune, mais la bouteille était déjà là. Tiens d'ailleurs, elle était à coté du Prince. Encore un coup d'Harchi sans doute. La Rousselotte s'apprêtait à lui dire de revenir mais la porte de la Chambre s'ouvrit.

- Oh Harchi ?! Murmure de surprise, décidément ce vieux soldat était partout.
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Elisa.
    « L'amitié est une âme en deux corps»
        Aristote



Pourquoi cette main était elle venu frapper contre la porte ? L’inconscient nous joue parfois de drôle de tour… Et bien évidemment… Pour une fois, la porte s’ouvrit rapidement… Même pas le temps de partir en courant comme une voleuse, ou de se cacher et finir d’observer la fenêtre…
M’enfin ! Tu n’es pas une voleuse, Elisa ! Tu as le droit toi aussi d’être auprès d’elle ! Tu as le droit… !
Nul le temps d’ouvrir la bouche, la Malemort reconnu le vieux valet qui était venu lui apporter les lettres de Mahelya. Elle n’arrive même pas à sourire. Tandis qu’il se courbe… Etait-il l’heure de penser au protocole ? Qu’en avait-on à faire ?


Oui, je suis là pour Aldraien. J’aimerai pouvoir aller à ses côtés, je vous prie.

Tenter de garder son sang froid. Le pauvre valet n’avait rien fait pour qu’on lui déverse son anxiété dessus. Inspire… Expire… Inspire… Expire. Le valet parti directement vers les escaliers, il semblait un peu confus, mais il avait retrouvé l’usage normal de la parole.

Ne pensez-vous pas que nous serons trop dans cet…

Et même pas le temps de finir sa phrase, que la Malemort se retrouve en haut des escaliers, la porte ouverte sur la jeune Hema. La rouquine, Mahelya, héla rapidement le vieux valet. Elisa pendant ce temps s’écarta d’un pas sur le côté afin de montrer sa présence. Désirée ou non… Elle n’en avait finalement que faire.
L’agitation faisait rage dans cette petite chambrée, était-ce finalement le plus adéquater pour le repos de quelqu’un ? Regardant la maîtresse des lieux.


Je suis venue pour… pour… Elle.

Son regard noir semblait perdu. Les éclats d’or ne brillaient plus. Comme éteint. Et sans vraiment attendre une proposition, une invitation, voir même une acceptation pour entrer dans la pièce, la Malemort dépasse le valet, dépasse Hema, passant devant Mahelya. Ses prunelles noires s’étant fixés sur le corps allongé de sa sœur.
Elle continuait de s’approcher, son pas ralentit, quand elle arriva à la hauteur de son frère. Sa main vient agripper la sienne, comme pour tenter de calmer cette angoisse qu’il faisait ressentir dans la pièce. Elle n’est pourtant pas elle-même rassurée la Lahaye… Mais elle tente de garder la tête froide…

Ses prunelles finissent pas lâcher le corps de sa sœur, pour se noyer dans les yeux de son frère. Ses prunelles noires, sans vie, qui commence à se noyer dans des larmes jusque là retenues.


N’Hanny… Laisses… Laisses moi quelques instants… Juste… Quelques instants avant de lui administrer tes drogues. S’il te plait…

Ses yeux débordent de ses larmes… Les mêmes larmes qui se mettent à couler désormais le long de ses joues. Comment a-t-elle pu se mettre dans cet état ? Ainsi, allongée, son visage blanc, contrastant avec le roux flamboyant de ses cheveux.
Et c’est finalement sans attendre une répondre de son frère, qu’elle vient se mettre tout près de sa sœur. S’allongeant tout à côté d’elle. Son front venant se plaquer contre le sien. Sa main venant serrer la sienne. Ses joues toujours humides par ses larmes, sans arriver à les contrôler face à l’image de son bouchon en face d’elle. Et c’est ainsi… sans bouger. Oubliant qu’elles ne sont pas seules dans cette chambre, qu’elle ferme les yeux. Entrouvrant la bouche… On pu entendre faiblement…


Deux âmes pour un Tout…
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Aldraien
    « Je t'attends sur le banc comme on attend la mort en espérant la vie
    Je t'attends comme on attend voir pointer le jour quand il n'est que la nuit. »
    D.Saez
- Mère, pourquoi n’ai-je pas pu grandir à vos côtés ?
- Tu connais la réponse à cette question.
- C’est toujours la faute du Très-Haut.
- Toujours.

Dialogue entre une rousse et son sosie avec quelques années et la rousseur en moins. Etrangement, la Malemort avait l’aspect d’une adolescente, allez savoir pourquoi ; les rêves sont emplis de mystères en tout genre, comme celui de voir une mère et une fille discuter alors que l’une est morte depuis plus de trente ans.
En réalité, c’est un dialogue avec elle-même qu’elle est entrain de mener, son subconscient ayant seulement décidé de donner une autre forme à cette autre elle-même. C’est qu’elle a tendance à avoir plusieurs personnalités parfois la rousse, même si cette particularité n’est connue que d’une poignée de personnes. La plupart au front, l’autre entrain de brigander on-ne-savait-où et la dernière, enfin, quelque part dans Limoges, probablement au Pavillon des Emissaires, à vivre sa vie comme elle aurait toujours dû le faire, sans se soucier de cette rousse allongée au fond d’un lit.
Du moins c’est-ce qu’elle pensait, du fond de son inconscience ; et ce dont elle s’était convaincue au fil des jours qui défilaient. La nuit et le jour pour elle n’avait aucune signification : les yeux fermés, la nuit était éternelle. Si elle entendait la rare agitation autour d’elle, où les paroles qui étaient parfois prononcées dans l’espoir d’un réveil, d’une réaction, elle n’en montrait strictement rien ; figée dans cette allure de statue digne, de marbre face au temps qui pouvait passer.

Les jours passaient sans que rien ne change, la statue restait intacte et l’inquiétude de la jeune Mahelya également. La Malemort était loin de se douter que cette enfant faisait tout ce qui était en son pouvoir pour la ramener à elle. Les paroles qui lui étaient adressées n’avaient aucun écho, si ce n’est cette pointe dans le cœur de la trentenaire qui parfois lui rappelait qu’elle était encore bel et bien en vie, quoi qu’elle en dise.
Elle était loin d’imaginer également toutes les lettres qui pouvaient partir de la Rue de la Justice pour être envoyées à des personnes se trouvant parfois à des semaines de voyage de là ; bien que la plupart n’eurent besoin de voyager que de quelques kilomètres pour rejoindre leurs destinataires. Elle était encore plus loin de pouvoir prendre conscience de l’agitation qu’elle allait créer parmi les personnes qui faisaient partie de sa vie.
Tout ça, pour elle, qui les avait finalement abandonnés en cessant de se battre pour continuer à vivre. Le méritait-elle vraiment ? Qu’y pouvait-elle ? Sans son Autre, elle n’était rien que cette ombre dans les ténèbres, qu’un pantin de chair allongé dans un lit. Pourtant ils restaient, et défilaient dans la chambre au chevet de cet être pâle à l’intérieur duquel grandissait une vie.

Mahelya, Harchi, Hema…
Hema, la petite Hema qui ne devait pas comprendre ce qui arrivait à la Malemort. Elle aussi, elle l’avait abandonné. Elle devait s’en poser des questions.
Pour la première fois depuis plusieurs jours, elle avait ressenti un picotement sur sa main, un signe que son corps comprenait que quelqu’un la touchait. Quelque chose d’infime, bien entendu, pas assez pour la réveiller, pour lui redonner cette force qui avait maintenu la flamme allumée si longtemps, mais tout de même.
Cette petite avait éclairé sa vie, quelque part, et elle lui en était profondément reconnaissante. Elle aurait tellement voulu lui offrir plus, mais elle savait aussi que ce n’était pas le souhait de l’enfant, trop attachée à sa liberté. Elle aurait voulu se réveiller pour lui sourire et lui demander si la pêche avait été bonne à Ventadour, si Marron ne lui en avait pas fait voir de toutes les couleurs ; mais elle n’en avait pas la force. Pas plus qu’elle n’avait la force de répondre aux supplications d’Harchi ou aux prières silencieuses de Mahelya.
Mahelya à qui elle s’était attachée aussi, en bien peu de temps, et qui devait se sentir bien mal de voir la Princesse ainsi diminuée. Celle qu’elle appelait toujours « Altesse », même lorsqu’elles étaient en privé, jusqu’à ce que la Malemort lui rappelle encore une fois que son prénom suffisait amplement.

Le contact des lèvres de son Epoux sur son front était une sensation quelque peu irréelle pour la statue de marbre.
Son mari était sorti de son atelier pour la rejoindre ? On l’avait donc prévenu, et il avait accouru lui aussi. Encore une personne qu’elle avait lâchement abandonnée, lâchement abandonnée alors que leur enfant grandissait en son sein et qu’il n’était même pas encore au courant - enfin le pensait elle, ignorant que Mahelya avait fait la confession - et qui, par amour, l’avait rejoint pour s’occuper d’elle. Elle n’avait jamais eu l’occasion d’admirer ses talents pour l’herboristerie et l’usage médicinale qu’il pouvait faire des plantes et autres drogues. Tout juste savait elle qu’il possédait un savoir immense sur ce sujet, et qu’il pratiquait des expériences étranges dans son Atelier. L’Atelier était sa pièce à lui, où la rousse n’avait que rarement mis les pieds. Les seules exceptions arrivèrent lorsqu’elle avait quelques invités à lui présenter, et tout ce qui aurait pu la mettre sur la piste des expériences qui y étaient menées avait alors été précieusement recouvert de tissu.
Pour autant, elle n’avait jamais cherché à en savoir plus. Elle se souvient d’une discussion à ce sujet avec sa sœur où elle lui avait conseillé de lui laisser son jardin secret, et c’est-ce qu’elle avait fait ; cette pièce était la sienne, et il y faisait ce qu’il souhaitait sans se faire interroger constamment.

La chaleur de la pièce était telle qu’elle ne remarqua aucun changement lorsque son corps fut mis à nu et que les couvertures qui la recouvraient furent retirées. L’odeur du thym qui commençait à se répandre n’était pas dérangeante pour la Malemort, et la mixture étrange étalée par Mahelya ne changeait rien à son sommeil de plomb, bien que le contact et le contact de cette huile bizarre n’était pas vraiment agréable.
C’était sans compter sur Elle, son arrivée et le son de sa voix parvenu aux oreilles de la Malemort remit en marche le cerveau jusque là somnolant. Serait-il possible qu’Elisa soit réellement là, ou n’était-ce qu’un tour de son esprit malade souhaitant la faire souffrir un peu plus ? Ce serait alors une illusion drôlement crédible qui irait jusqu’à imiter le contact de ce corps contre le sien, qui a passé de nombreuses nuits à ses côtés alors qu’elle n’osait plus fermer l’œil. Ce contact qui avait toujours été là lorsqu’elle était au plus mal.
Elisa…

Elle était vraiment là, alors. Cette phrase murmurée à son oreille le lui confirme. Une âme pour un rien, deux âmes pour un tout. Cette phrase qui avait été prononcée un jour pour montrer qu’elle ne pouvait pas vivre l’une sans l’autre. Elle est de retour. Elle lui a pardonné. C’est assez pour lui redonner envie.
Tressaillement de la Malemort ; la main qui est dans la sienne est serrée fébrilement avec le peu de forces dont elle dispose, signe pour montrer qu’elle est là, tout près.
Un soupir s’échappe des lèvres jusque là scellées dans un silence d’or, soupir de renaissance qui anime ce visage dont les yeux sont encore clos. C’est infime, mais c’est bien là.
Le pantin a repris vie.
Deux âmes pour un Tout. Il n’en fallait pas moins à la rousse pour vouloir se battre à nouveau. Sa sœur et toutes les personnes présentes dans la pièce seraient les témoins de cet éveil comme ils en ont chacun été les acteurs à leur manière. Peut-être, bientôt, ces yeux s’ouvriraient ils et des sons sortiraient de cette bouche pâteuse et encore endormie.

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Mahelya
[Il y a deux sortes de temps : y a le temps qui attend et le temps qui espère...] de Jacques Brel Paroles de la chanson L'Ostendaise

Et les deux sortes de temps se trouvaient là, dans cette chambre. La Rouquine attendait et espérait que son Valet ose troubler la quiétude des lieux avec une solution miracle. Là le regard encore humides de larmes difficilement contenues, elle vit alors une silhouette s'avancer.Vision brouillée et floue, pourtant cette silhouette, droite, digne ne pouvait être que la Princesse Elisa. Elle parlait, mais qui oserait l’interrompre ?
Bien sur qu'elle était là pour Elle. Comme tous ceux ici présent.
Harchi par pudeur, ferma la porte préférant se retirer de la scène qui se jouait.
La Flammèche se recula lorsque l'ombre princière glissa devant ses prunelles émeraudes encore floutées.
Pas un bruit, pas un son.
Le temps s'étirait vers l'infini enraciné dans l'instant présent.
Immobile... Immobile les minutes... Immobiles les gens... Même les oiseaux dehors semblaient avoir interrompu leur chant. Même les battements de cœurs paraissaient avoir suspendus leur douce mélodie torturée par l'angoisse, la crainte, la peur.
Plus rien ne bouge tous les curieux retiennent leur respiration. Se peut-il que même les moires de la Grèce antiques aient retenu la folle course des ciseaux sur le fil ? (*)
Pas un son, pas un bruit.
Tout se faisait et se défaisait par le regard. Hema ! Hema ... Ou es-tu ?
Le Rousse se sentait perdue que se passait-il dans cette chambre ? Était-ce une naissance ou bien une veillée mortuaire ?
L'apparition de la Princesse basculait la chambre dans l'irréel. Finalement elle était venue.
Silence. La mort était-elle présente ? Contraste saisissant par rapport à quelques minutes auparavant.
Soudain une voix nouée raisonna dans le néant de la pièce. Elisa venait pour renvoyer la faucheuse dans ses ombres funestes.
Pas un mot, pas un soupire.

Désormais les larmes coulaient abondamment sur le visage encore juvénile tandis qu'elle regardait les deux princesses l'une à coté de l'autre. Deux statues marmoréenne au lieu d'une. Bien que jeune, et bien qu'elle ne connaissait pas tout des deux femmes, elle avait bien compris que l'une ne pourrait vivre sans l'autre. Était-ce une tragédie qui se jouait sous ses yeux ? Que pouvait-elle faire ?
Elle si jeune ? elle si faible ? elle si inutile ? elle si ... Angevine ?...
Et le ventre se noua violemment, tandis que des vagues d'eau salée s'échappaient de ses yeux. Oui, elle avait été élevée avec nombre d'a priori. Oui elle avait cru un temps ces cruelles sornettes. Mais voilà, ce qu'elle savait à présent c'est qu'elle aimait et s'était attachée à cette femme allongée sur ce lit, et par ricochet aimait la brune à ses cotés. Les yeux écarquillés de douleur et de crainte, elle se tourna vers le Prince.
L'air lui manquait. Elle n'avait surement pas fait tout ce qu'elle pouvait, si la princesse mourrait se serait de sa faute à Elle, L'angevine...

Soudain un soupire...

Les émeraudes se tournèrent.


- Elle a bougé ? Là !!! Elle a bougé ?...

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(*) Le mythe des Moires et du fil de la vie.
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Hema
Hema était restée en retrait, dans un coin, se sentant bien inutile.
Il y avait trop de monde dans cette pièce.
Trop d'énergies palpables même pour elle qui ne savait pas les ressentir.
Trop de peine.
Trop de craintes.
Trop de tristesse.

Pensant que personne ne remarquerait son absence, Hema se décide à quitter cette chambre surchauffée, emplie d'une douce fumée dont l'odeur n'était certes pas désagréable, mais suffocante pour la jeune fille.
Oui, elle suffoquait.
Etait-ce son imagination ?
Etait-ce un trop plein de sentiments ?
Toujours est-il qu'elle avait besoin de sortir. Elle le devait.
Et alors, d'un geste discret, elle s'éclipse pour ensuite se mettre à dévaler les escaliers et rejoindre l'extérieur en prenant une profonde inspiration.

Le soupir qui suivit était parlant.
La jeune Hema avait du mal à vivre la situation mais consciente de l'état d'Aldraien, elle ne pouvait pas se permettre de se lamenter sur son sort.
Le plus simple était la fuite.
Et c'est ce qu'elle fit. Courant aussi vite qu'elle le pouvait, elle prit la direction de sa roulotte pour s'y enfermer, ne se rendant même pas compte que des larmes coulaient sur ses joues rosies par la chaleur de la chambre.

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Hema est une gamine d'une douzaine d'années.
Faut pas lui en vouloir si ses réactions sont... appropriées !

http://www.lesroyaumes.com/FichePersonnage.php?login=hema
Hannibal_de_cassel
A force de bonté, de patience et d'amour, il est sans doute possible de sortir un homme, une femme, du marais d'ennui et de souffrance dans lequel nous pataugeons tous. Mais rien, personne, ne peut empêcher la multitude de se ruer vers sa fatalité.

René Barjavel


Certaines choses sont immuables et pour Hannibal l'arrivée de sa sœur à ce moment précis était de cet acabit. Il connaissait cette petite brunette depuis son enfance et son épouse aussi passionnément qu'il ne pouvait oublier que l'une sans l'autre c'était posséder une enveloppe sans âme. Ce n'était ni avec dédain, ni avec reproche qu'il laissa sa place à Elisa sachant pertinemment que s'il y avait guérison elle était le meilleur des remèdes.

Il resta droit, stoïque devant ce corps qu'il avait prit temps de plaisir à admirer pendant leurs ébats ne voyant que cette peau si blanche et si douce, oubliant ces innombrables cicatrices.
La seule modification qui lui importait c'était ce petit ventre qui allait enfler jusqu'à donner naissance à un enfant qu'il aimait déjà .

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