[RP Semi-ouvert] De père en fille, on aime l'aventure

Korydwen.

[Même jour, toujours dans la chambre avec pâpa]

{ Qu'en penses-tu? ça te va? }

Kory fit un grand non en secouant la tête.
Elle avait écouté la relecture de son papa très sérieusement, et il avait oublié le plus important !

Kooory ! Kooory ! Mâma Kooory !

Comment ça, c'est pas clair ce qu'elle dit ? Meuh si, enfin !
Son papa avait oublié d'expliquer à sa maman que Kory réussissait ENFIN à prononcer les Rs. Bon, par TOUS les Rs, soit, mais devait-on réellement s'attarder sur ce petit détail tout minuscule ?

Kooory !

Tout en faisant un grand sourire à son papa, elle frappa dans ses mains pour montrer sa joie, et surveilla ensuite la plume qui dansait sur la lettre, pour s'assurer que la grande nouvelle était retranscrite.

Quand son papa reposa la plume, elle se retourna et, le serrant fort par le cou, lui fit un gros câlin. C'est qu'il faisait colère, ces jours-ci, son papa, comme un gros ours pas bien réveillé. Mais Kory elle savait bien que son papa c'était pas un méchant, alors s'il faisait colère c'était parce qu'il était triste. Elle aussi, elle était triste, surtout au moment de s'endormir, parce que sa maman lui manquait, alors elle comprenait.
Elle relâcha son étreinte un instant et fouilla dans sa petite besace pour en sortir son foulard-maman, avant de le tendre à son papa. Mâchouiller son foulard-maman ça lui faisait du bien, à elle, alors ça ferait du bien à son papa aussi, c'était obligé.

Mâma 'tot !
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Baudouin.

Petite au caractère bien trempé, ça c'était certain. Il regarda tendrement sa fille agiter la tête dans tous les sens. Il plissa son front, faisant mine de réfléchir et hocha la tête à son tour.

Quoi? Korrry? Korrry?? ça ne te va pas ce que j'ai écris?

Il se retenait pour ne pas éclater de rire, sa fille était tellement adorable ainsi.
Il fronça les sourcils, grogna un peu, puis fit un grand sourire à sa fille.

AAAAAh! Mais je sais ce qu'il manque! Tu as raison ma chérie! Papa a oublié le plus important!

Appliqué, il fit la correction, puis lui relut la missive.

Citation:

Ma petite Maman chérie que j'aime,

Je suis à Saumur avec Papa, nous y sommes très bien, j'y rencontre plein de gens: un monsieur avec une barbe magique qui tire la langue quand je tire sur sa barbe, un dame méchante qui m'a pincé et qui m'apprend des bêtises.
J'ai aussi mangé des noix et je n'aime pas ça du tout! C'est beuh! J'ai rencontré aussi un autre messire qui lui, mange des pommes, même qu'il m'en a fait goûté et puis Cerdanne aussi, elle est gentille. Et tu sais quoi?? Maintenant j'arrive très bien à faire les RRRRR!! Comme une grande. Je prononce très bien mon nom et tout le monde comprend parfaitement ce que je dis.

Tu me manques beaucoup beaucoup beaucoup, Papa dit que bientôt nous reprendrons la route du retour.

J'espère te revoir très très vite. Je t'aime fort.

Ta Kory qui est toujours très saze!!!

La plume fut posée et la fillette se pendit au cou de son père. La tendresse qu'elle lui donnait réchauffait bien souvent son coeur de vieux père. Le bonheur est si simple parfois. Spontanément, sa fille lui tendit le foulard-maman.

Il le prit et ne put s'empêcher de penser à Amy. Elle devait se sentir bien seule. Un frisson lui traversa l'âme. Il leur faudrait bientôt prendre la route du retour. Leur place était d'être près d'elle, que la famille soit réunie. Il respira le foulard mâchouillé et le tendit à nouveau à sa fille, la prenant dans ses bras et la serrant contre lui. La femme de sa vie, c'était ce petit bout de bonne femme qu'il aimait tant. Il se consacrerait donc à elle.

Baudouin.

Les jours passaient, se succédant les uns aux autres. Le père et la fille avaient quitté Saumur et c'est sans un regard derrière lui que le vieux soldat s'était éloigné des contrées angevines. Il était juste un peu plus silencieux et un peu plus grognon qu'à son habitude. Il est parfois difficile de tourner certaines pages.

Arrivés à Montmirail, il avait trouvé une petite auberge accueillante. Bientôt, ils seraient chez lui. Il redoutait de retrouver une masure à moitié effondrée, déjà qu'elle était en piteux état. Il lui faudrait sans doute loger à l'auberge de Mortagne. Il n'imaginait pas faire dormir sa fille au milieu de nulle part.

Pensif, il s'était occupé de Faran pendant qu'une gentille servante donnait son bain à Kory. La petite était frigorifiée et affamée. Étrangement, elle ressentait l'humeur maussade de son paternel car depuis Saumur, elle semblait plus triste. Ou alors, c'était sa mère qui lui manquait...

Il remonta dans leur chambre, les pieds lourds et s'assit à la table, sa fille finissant de s'habiller pour la nuit. Il sortit plume et vélin et sans mot dire, se mit à écrire.

Chère Amy,

Comment te portes-tu? J'espère que tu dors mieux? J'espère aussi que tu as reçu la missive que j'ai écrite pour Kory, elle était toute impatiente de te l'envoyer. Comment se porte Gwenn? Je ne doute pas qu'il soit choyé par toi, je sais combien tu es attentionnée et douce.

Notre périple continue. Demain nous arriverons à Mortagne. J'y réglerai mes affaires avant de faire un court voyage en Bretagne. Tu manques beaucoup à ta fille. Elle est plus triste ces derniers jours et je pense que l'excursion en Bretagne sera sans doute moins longue que ce que j'avais prévu.

Quant à nous... Tout ce que je veux, c'est que nous ne nous disputions plus. Que nous soyons amis, ou plus qu'amis... ça c'est à toi de décider. Tu sais ce qu'incombe la vie avec moi, tu me connais assez. Alors je ne veux pas t'imposer d'être ton compagnon alors que souvent je ne serai pas là.

Amy, prends soin de toi, je t'envoie cette missive à Angoulême, peut-être pourrions-nous t'y retrouver sur la route du retour? Cela ferait une surprise à Korydwen et je serai heureux de te revoir loin de Sarlat.

Nous t'embrassons tous les deux bien fort et que le Très-Haut te garde.

Tendrement.

Baudouin

Il posa sa plume un instant et regarda sa fille aux cheveux mouillés. Elle ressemblait à sa mère, bien que son caractère soit différent, elle avait le charme d'Amy. Il sourit et plia avec soin la lettre. Le destin l'avait rattrapé finalement. Cerdanne était définitivement loin de lui, hors de sa vie, il fallait l'accepter. Son avenir, c'était ce petit bout de brune et Amy...

Korydwen.

Si ça avait été sa maman, qui lui avait donné le bain, Kory aurait été en train d'éclabousser partout en tapant des mains sur la surface de l'eau, ou bien en train de se balancer d'avant en arrière pour faire des vagues - mais pas celles qui font vraoum. Sauf que voilà, c'était pas sa maman qui lui donnait le bain. La dame était gentille, là n'était pas le problème, mais c'était pas sa maman. Du coup, Kory se tenait toute sage, un peu intimidée, et se laissait frotter et rincer sans trop rechigner.
Autant, aller patauger toute habillée dans le lac, elle adorait, autant prendre un bain c'était tout autre chose. En général, c'était une activité animée et épuisante, surtout pour sa maman. Pas facile de frotter un petit vers de terre qui gigote dans tous les sens et vous éclabousse à la première occasion avant d'essayer de s’échapper en escaladant la cuvette du bain.
Enfin, puisque la servante n'était pas sa maman, elle n'eut pas ces problèmes, et ce fut une Kory plutôt calme que son papa retrouva dans la chambre.

La servante avait été excusée, et c'était maintenant à Kory de s'habiller pour la nuit, comme une grande. Tournant sa petite chainse de lin dans tous les sens, elle posa ses grands yeux noirs sur son papa, attablé et tout occupé à écrire. Il était triste, son papa. Sa maman aussi, elle était triste. Là, son papa lui disait que sa maman était triste parce que Kory lui manquait, mais Kory elle avait vu sa maman triste aussi quand elles étaient réunies. Est-ce qu'on devenait triste, quand on devenait grand ? Kory voulait pas grandir, si c'était pour devenir triste. Mais c'est vrai que se baigner, s'habiller, se brosser les cheveux, c'était des choses de grands, et c'était pas drôle. Forcément, si les grands faisaient que des choses pas drôles, ils pouvaient devenir que tristes.

Sourcils froncés, elle essaya d'enfiler sa chainse, mais ça devait pas être dans le bon sens parce que sa tête passait pas dans ce trou là. Re-tournage du vêtement dans tous les sens, re-observation de son papa tout affairé à agiter sa plume...
C'est vrai ça, les grands, elle les voyait jamais à quatre pattes en train de chercher des cachettes. Elle les voyait rarement courir, aussi. Ca traînait les chausses, un grand. Ca se disputait avec les autres grands, aussi. Et puis ça se battait des fois... Ca faisait la guerre, ça tuait d'autres grands, des petits aussi des fois, elle avait entendu dire.
Nan, grandir, c'était pas pour elle, vraiment.

Chainse enfilée, en partie tout du moins - la tête était passée, les bras, c'était une autre histoire -, Kory prit la très importante décision de ne jamais devenir une grande grande. En plus, les seuls moments où elle voyait son papa sourire, c'est quand il s'occupait d'elle. Elle aimait bien, Kory, voir son papa sourire.

Pâpa ? couincée Kooory !
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Amarante.

Angoulême, garde-blessé ...

Elle restait au chevet du Bleizhmorgan et ce n'était pas une sinécure. Du genre ours plus mal lécher que mal lécher il se posait là le patriarche breton de la famille, mais au moins, ça avait l'avantage de l'empêcher de trop penser à sa fille et à ce voyage qui n'en finissait pas ...

Un beau matin, quelqu'un frappa à la porte de la petite maisonnée où elle était installée avec son malade. C'était un jeune homme qui lui tendit une missive. Il lui expliqua qu'il arrivait de Sarlat et qu'on lui avait dit de venir ici pour qu'elle ait ce message qui était arrivé là-bas. Elle remercia le jeune homme, improvisé messager en lui donnant une pièce et en reprenant place dans son fauteuil, elle lut la missive.

C'était une lettre de sa fille, écrite par Baudouin et ces quelques mots lui arrachèrent un grand sourire. Elle relut les mots écrits plusieurs fois et fini par essuyer ses yeux où pointait quelques larmes. Son ange n'aimait pas les noix et elle arrivait enfin à dire les Rs. Elle avait raté ça, mais elle savait qu'elle lui raconterait tout dès qu'elle serait revenue ...

Ce vélin-là, elle allait le garder bien précieusement. Un trésor bien plus précieux que le plus beau des bijoux ... Sa fille, son ange, sa merveille ... Elle remercierait Lyly pour avoir eu l'idée de lui fait envoyer cette missive à Angoulême.

Les jours passaient et Gwen se remettait petit à petit. Elle n'avait plus trop envie de retourner à Sarlat. Pourquoi y retourner ? Là-bas, elle était seule et si elle y retournait, elle se morfondrait encore. Au moins avec Gwen, elle était obligée de prendre sur elle puisqu'elle devait veiller sur lui ...

Quelques jours plus tard, elle reçut un pigeon. Cette fois le message venait de Baudouin. Comme elle n'avait pas répondu à Kory, elle comptait le faire plus tard, elle profiterait de répondre à Baudouin pour le faire avec sa fille ... Elle parcourut les lignes écrites de cette écriture qui ne lui faisait plus battre le coeur ...

Comme Gwen se reposait et c'était rare ces dernières temps, elle en profita pour s'installer près de la cheminée dans le fauteuil et prenant plume et vélin écrivit ...

Citation:

Cher Baudouin ...

Je vais bien merci. Non je ne dors pas beaucoup mieux et je pense que je retrouverais le sommeille quand j'aurais ma fille auprès de moi, mais ça n'est pas très grave comme ça je veille sur le sommeil de Gwen, quand il veut bien dormir, car ce n'est pas un malade facile, mais je ne plains pas, au moins ça m'occupe l'esprit en vous attendant ...

Oui j'ai reçu la lettre que tu as bien voulu écrire pour Kory. Elle était arrivée à Sarlat, mais Lyly me l'a fait envoyer ici, je l'ai donc reçu il y a quelques jours. Je suis très fière d'elle et j'ai hâte d'entendre ça. D'entendre tout ce qu'elle a, à me raconter, de la serrer contre moi, elle me manque tant ...

Tu l'embrasseras pour moi et surtout dis lui que je l'aime et que je pense à elle tous les jours qu'Aristote fait !

Nous maintenant ...

Que dire à part que je suis lasse. Lasse de me battre pour quelque chose que je n'aurais jamais, que tu refuses de me donner. Je suis épuisé de toutes ses absences, ne m'en veut pas de n'être qu'une femme. De vouloir de l'attention et de l'amour de l'homme qu'elle aime. J'aimerais revoir cette lueur que tu avais dans le regard quand on s'est rencontré ... Mais je sais qu'elle est partie définitivement et moi ... L'amour que j'avais pour toi s'est épuisé ... Je le pensais intarissable, mais la source au fond de mon coeur et vide ... Asséché ...

Je sais que tu repartiras, c'est la vie que tu as choisie et je ne veux pas la vivre la mienne à t'attendre indéfiniment. La Rose est ta vie désormais et si tu t'y sens heureux et bien soit ... Retournes y ... Je te demanderais qu'une seule chose et cette chose ne sera pas négociable ...

Si tu tiens tant que ça à ce que nous restions ami et que nos rapports soient les plus calme possible, n'emmène jamais Kory là-bas. Ce n'est pas que j'ai honte de ton travail, bien au contraire, ce que tu fais pour ses filles c'est bien. Tu sais que je l'ai compris, nous en avons déjà parlé. Ma mère serait peut-être encore en vie si elle avait eu un homme comme toi pour la protéger de cette brute. Je veux simplement protéger Kory des horreurs de la vie le plus longtemps possible, alors si tu tiens encore un peu à moi, ne l'emmène pas là-bas ... S'il te plait ...

Après, je suis d'accord, pour Kory il nous faut être en harmonie, même si nous ne sommes que des amis. Tu sais que tu garderas toujours une grande place dans mon coeur. Tu es jusqu'à maintenant le seul homme que j'ai jamais aimé et en cela tu auras toujours une place privilégier dans mon coeur. Je sais que tu seras là toujours pour ta fille ou même pour moi si j'ai besoin et tu sais que je ne t'empêcherais jamais de la voir... Et pour être honnête, je pense sincèrement que nous serons de meilleurs amis que des amants ...

Moi qui ne voulais pas écrire trop long, je crois que c'est raté. Si tu le veux, nous en reparlerons quand vous serez à Angoulême. Et oui je serais ravie de vous voir ici. Préviens moi quelque jour avant votre arrivée que je nous réserve une chambre dans une auberge. La maison de Gwen ne supportera pas quatre personnes ...

Prenez soin de vous deux !
Tendrement
Amarante

Elle posa sa plume et regarda les flammes vaciller dans l'âtre. En écrivant ses mots, elle se rendit compte qu'elle était plus soulagée que peiné. Tout ce qu'il y avait eu entre lui et elle, était bien tari. Seule l'amitié pour le bien de leur fille resterait ...

Elle sécha l'encre, enroula le vélin et le ferma avec un petit ruban vert puis elle partit au pigeonnier pour que le message s'envole vers Mortagne ...
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