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[RP Semi-ouvert] De père en fille, on aime l'aventure

--Soeur_palmyre



Cela faisait maintenant presque trois semaines que Soeur Palmyre venait soigner cette petite fille, qui avait été blessée par une armée. La pauvrette avait reçu un sacré coup sur la tête et elle était blessée à une jambe. Heureusement pour la gamine, rien de casser, mais une belle plaie que Palmyre avait soigné du mieux qu'elle pouvait et comme chaque jour, elle venait pour changer le bandage.

Munie de son panier rempli de tout ce qu'il fallait, elle avait quitté le dispensaire et c'était rendu à l'auberge de Figolu. Elle savait exactement où trouver la petite et elle monta les marches sans qu'elle trouve âmes qui vivent. Quand elle arriva devant la chambrée, la porte était ouverte et elle pouvait entendre l'enfant pleurer.


Mais que ce passe-t-il ici ? Mon frère pourquoi cette enfant pleure-t-elle ?

Palmyre s'approcha de la petite et s'installa sur le lit et lui essuya les joues.

C'est fini petite Korydwen, ne pleurez plus !

Elle regarda le tavernier et attendit sa réponse.
Korydwen.
Plus le temps passait, plus Kory se doutait que c'était pas un rêve. Du coup, les larmes redoublaient sur ses joues, et elle continuait à sangloter en appelant son papa.
Même si elle rêvait pas, ça voulait pas dire qu'il était parti parti, son papa, il était ptetre juste à côté et il allait arriver et lui faire un câlin et elle aurait plus besoin de pleurer. Après tout il avait pas de raison de partir sans elle...

Son petit coeur s’accéléra encore quand elle vit la porte de la chambre s'ouvrir sur...le tavernier. Un instant, elle avait été persuadée que c'était son papa qui arrivait... Un instant seulement, parce que son papa il était grand et fort, pas comme le tavernier, en fait. Mais quand on espère fort quelque chose, des fois on croit le voir...


Pâpaaaaaaaaaa !

Elle avait du mal à respirer maintenant, tellement elle pleurait, mais d'avoir cru que son papa arrivait, et d'avoir vu le tavernier à la place, ça a fait que grossir son chagrin.
Même pas elle écoutait ce qu'il disait, le tavernier. Même pas ça l'intéressait... Sauf quand il parla de son papa. Quand il parla de son papa, elle tendit l'oreille et le temps s'arrêta d'un coup. Même son coeur, elle avait l'impression qu'il battait plus pour pas faire de bruit, pour qu'elle entende le monsieur parler de son papa... Sauf qu'apparemment, le monsieur il savait pas où était son papa, lui non plus, alors les sanglots de Kory reprirent de plus belle.

Même l'arrivée de la gentille dame en noir n'y changea rien. Ce qu'elle voulait, Kory, c'était son papa, rien d'autre.

_________________
--Tavernier_figolu


Le Figo, il se grattait la tête en se demandant s'il devait refermer la porte et faire comme s'il avait rien vu, rien entendu, ou s'il devait coller un crouton de pain dans le bec de la mioche pour la faire taire et éviter de faire fuir le peu de clients qui fréquentaient son auberge.
Elle lui répondait même pas, la gamine, elle l'ignorait et continuait à couiner en appelant son papa. Lui aussi il cherchait le vieux, il en pleurait pas pour autant, de pas le trouver.


Ptetre pour ça qu't'a laissée l'papa, t'couines trop.

La voix de la nonne le fit sursauter alors qu'il terminait sa remarque, et il se retourna pour la regarder d'un air penaud.

J'sais pas moi c'quoi l'blème là... L'papa l'a dû s'tirer sans elle, l'en avait marre d'la voir et d'l'entendre.

Toujours impressionné par les gens d'église, le tavernier sourit d'un air gêné et se gratta la tête en continuant...

L'mien d'papa c'ben c'qu'il a fait quand j'tions jeunes.
--Soeur_palmyre



Pâpaaaaaaaaaa !

J'sais pas moi c'quoi l'blème là... L'papa l'a dû s'tirer sans elle, l'en avait marre d'la voir et d'l'entendre.

L'mien d'papa c'ben c'qu'il a fait quand j'tions jeunes.


La soeur n'avait pas pour habitude de se fâcher, mais il y avait des choses à ne pas dire en présence d'une si jeune enfant !

Mon frère enfin voyons, gardez vos remarque pour vous, vous voyez bien que cette enfant est perdue sans son père, n'allez pas lui faire peur un peu plus !

Palmyre regarda alors la petite et la prit contre elle pour la consoler un peu, même si elle ne valait pas un câlin de ses parents. Elle regarda de nouveau le tavernier.

Il est peut-être parti au village ? Il ne vous a rien dit la dernière fois que vous l'avez vu ? C'était quand la dernière fois que vous l'avez vu ? Êtes-vous venu pour une chose précise ou est-ce les cris de la jeune demoiselle qui vous ont attiré ?

Palmyre consolait Korydwen en lui essuyant les yeux et le nez et en lui frottant le dos, puis elle la regarda, un sourire rassurant et doux sur le visage.

On va bien le retrouver et si j'ai bien compris, votre maman ne voyage pas avec vous c'est bien ça ? Il va donc revenir, il n'y a pas de raison. Comment peut-on laisser une si jolie petite fille ?

Pas évident de trouver des mots pour rassurer une enfant qui se retrouve seule. Combien d'enfants étaient abandonnés ainsi simplement parce qu'ils revenaient trop cher en nourriture ou en entretient. Elle en avait plein l'orphelinat. Mais avant d'envisager cela pour cette petite, il fallait retrouver tous les morceaux du puzzle.
--Tavernier_figolu


Sermonné par la nonne, le Figo dansa d'un pied sur l'autre en regardant ses chausses. Manquerait plus qu'il contrarie une femme d'église et se fâche avec le Très Haut...

D'solé m'soeur, m'femelle m'dit t'jours qu'j'cause avant d'penser.

Il tendit le vélin à la soeur, quand elle lui demanda ce qui l'avait amené dans la chambre.

N'a r'çu un pigeon pour l'vi...l'papa. Et j'crois bien qu'j'l'ai vu l'dernière fois y'a une paire d'jours, c'est qu'j'surveille pas t'jours l'z'allées v'nues d'la clientèle moi.

Devant le regard insistant de la femme d'église, il sourit d'un air gêné et continua à passer d'un pied sur l'autre avant de jeter un regard en coin à la mioche.

Vaut mieux qu'y r'vienne l'papa, pasque j'fais pas l'nourrice moi.

Sous entendu, si la couineuse se retrouve seule, qu'on l'en débarrasse vite fait pour libérer la chambre.
--Soeur_palmyre




C'était pas un mauvais bougre ce tavernier. Elle le voyait souvent aux offices, mais il ne savait pas s'y prendre avec les enfants en prenant cet air bougon.

N'a r'çu un pigeon pour l'vi...l'papa. Et j'crois bien qu'j'l'ai vu l'dernière fois y'a une paire d'jours, c'est qu'j'surveille pas t'jours l'z'allées v'nues d'la clientèle moi.

La soeur tendit la main, lâchant un peu l'enfant pour prendre le vélin plié.

Deux jours vous dites ? Humm !!

Elle regarda le parchemin, puis la petite. Et si le père revenait et que la lettre était ouverte, il allait crier et il en aurait le droit, mais d'un autre côté s'il ne revenait pas ... Elle regarda encore une fois la missive qui était fermée d'un ruban vert.

Est-ce que je l'ouvre ? Ca dit peut-être où est le papa peut-être ?

Elle regarda le tavernier puis la petite puis prit sur elle d'ouvrir cette missive. Le Très Haut lui pardonnerait.

Je l'ouvre !

Elle décacheta le vélin et le déroula puis se mit à lire à voix haute :

A Baudouin de Brélidy ...

Cher Baudouin ...

J'attendais avec inquiétude cette réponse qui c'est fait attendre, mais avec laquelle j'ai été rassurée. Je ne sais pas quel temps il fait à Avranches, mais ici il fait un froid glacial et je suis ravi de savoir que tu as interrompu ton voyage pour vous tenir au chaud ... Du moins je pense que c'est pour cette raison que vous êtes immobilisé ?

Je te demande de faire attention et de bien demander tes LPs. J'ai appris que des armées étaient aux frontières de la Bretagne, alors je t'en prie soit très prudent ...

Pour ma part Gwen va mieux et je vais rentrer à Sarlat ... Pour chercher mes affaires ! J'ai décidé de retourner vivre en Bretagne, ton besoin d'un retour aux sources à réveiller le mien ... Mais cette fois je vais y rester, pour ne plus en partir. Quand je serais là-bas et que je me serais installée confortablement, je viendrais chercher Kory ... Si bien sûr vous êtes toujours à Avranches, sinon on se croisera peut-être en Bretagne ...

... ... ...

Je t'écrirais le jour de mon départ et te tiendrais au fait de l'avancer de celui-ci ...

Embrasse ma petite merveille pour moi et dis lui bien que sa maman l'aime énormément et qu'elle me manque beaucoup.

Prend soin de vous deux.
A bientôt
Amy


Elle avait éludé un passage du courrier exprès qu'elle jugeait inutile ...

C'est une lettre de votre maman. Elle dit qu'elle retourne à Sarlat, on peut peut-être lui écrire là-bas et avec un peu de chance elle recevrait la lettre avant son départ pour la Bretagne. Qu'en dites-vous ? Elle n'a pas l'air de savoir que vous avez été blessé demoiselle ...

Elle essayait de se convaincre que ce qu'elle faisait était bien, mais si le père revenait, ça allait chauffer ...
Korydwen.
Kory secoua la tête en pleurant toujours et en se frottant un oeil.
Non, sa maman voyageait pas avec eux. Elle était restée à la maison et les avait laissés partir à l'aventure entre papa et fille.
Le gentil sourire de la dame en noir lui faisait un peu de bien, et elle pleurait un peu moins, mais elle continuait à hoqueter de gros sanglots qui la secouaient toute entière.

Elle serra plus fort contre elle son foulard-maman, regarda la lettre changer de mains, puis être ouverte par la dame en noir, et essaya fort de rester silencieuse pendant que la dame lisait de sa voix posée.

Baudouin ? C'était son papa ça... Sarlat, c'était là que la maison de Kory était ! Sa maison, et sa maman ! Venir chercher Kory ?
Elle leva ses grands yeux noirs et humides vers la dame, une petite lueur d'espoir au fond du regard... Oui, c'était bien une lettre de sa maman, elle le savait, ça, parce que c'était elle, la merveille.
Comme pour confirmer ce que Kory venait de comprendre, la dame en noir acheva sa lecture avec les trois lettres du prénom de sa maman.


Mâma ? Voi' mâma 'tôt ?


Elle hoqueta un nouveau sanglot et renifla bruyamment.

Mâma pâpa ?

Peut-être que sa maman savait où il était, son papa. Peut-être qu'il était parti la chercher pour lui faire une surprise...
La dame en noir elle l'avait dit : son papa il l'aurait pas laissée toute seule comme ça. Le monsieur il avait dit que son papa en avait eu marre d'elle, mais bon, Kory elle préférait écouter la dame en noir, là.

_________________
--Tavernier_figolu


Il écouta la lecture de la lettre en dansant toujours d'un pied sur l'autre, pressé d'en finir. Ecrire à la mère ? Bonne idée ! Le Figo opina exagérément du chef. Comme si ça l'intéressait, tout ça...

L'papa l'a payé l'chambre jusqu'à d'main, s'y r'vient pas d'ci là moi j'garde pas l'mioche, j'tions pas bonne soe... Hum.

Il toussota d'un air gêné et regarda ses chausses en rougissant. Pas tous les jours qu'il causait avec une bonne soeur, alors forcément...
Changement de pied encore, il releva la tête vers la femme d'église.


J'vions pas ouvert l'lettre, 'lors si l'papa y r'vient c'tout d'votre faute hein...

Et comme il était arrivé, il repartit, trainant une chausse après l'autre d'un pas débonnaire, laissant la soeur se débrouiller avec la mioche et tous les problèmes qui n'allaient certainement pas manquer de la suivre.
--Soeur_palmyre




La lecture avait été faite et la petite se calmait un peu. La soeur posa le vélin devant elle et regarda le tavernier puis la fillette.

Mâma ? Voi' mâma 'tôt ?

Que lui dire ? Même si elle écrivait à la mère de cette enfant, il faudrait un certain temps avant que celle-ci arrive.

Mâma pâpa ?

Là, elle ne comprit pas tout et se contenta de sourire à la petite.

L'papa l'a payé l'chambre jusqu'à d'main, s'y r'vient pas d'ci là moi j'garde pas l'mioche, j'tions pas bonne soe... Hum.

J'vions pas ouvert l'lettre, 'lors si l'papa y r'vient c'tout d'votre faute hein...

Palmyre ne dit rien sur la remarque de la bonne soeur et elle le regarda sans sourciller jusqu'à ce qu'il quitte la chambrine. La soeur replia la lettre et la donna à la petite. C'était une lettre de sa maman, elle lui revenait de droit. Si le père revenait, elle lui expliquerait leur inquiétude et le pourquoi de l'ouverture de cette missive.

Bien, nous allons déjà changer le bandage et nous verront demain pour écrire a votre maman. Rien ne sert de se précipiter surtout si votre papa revient.

Elle s'occupa donc de soigner la petite comme elle le faisait chaque jour, mais au lieu de la laisser comme elle le faisait à chaque fois, elle resta avec elle pour ne pas la laisser seule.



[Le lendemain]


Ne voyant toujours pas revenir le père de la petite, la soeur était restée avec elle durant toute la nuit. Cette pauvrette ne pouvait rester seule. Au levé du jour et après avoir dormi sommairement sur le fauteuil, elle se leva pour sa prière matinale puis elle marcha vers le secrétaire qui était dans la pièce. Elle prit un parchemin et une plume, regarda la petite avec tendresse et tristesse puis chercha les mots qu'elle allait mettre.

Bien ! Alors que dire ?

Plume en main, elle trempa la pointe dans l'encrier.


Citation:
A la maman de la petite Korydwen
De Soeur Palmyre, Avranches


Dame, nous ne nous connaissons pas, mais si je vous écris, c'est que je suis bien ennuyé. Votre époux n'a pas donné signe de vie depuis maintenant deux jours. Je m'inquiète peut-être pour rien, mais il a laissé votre enfant seule dans une auberge où elle ne pourra pas rester bien longtemps. Bien sûr votre petite, je m'en occupe depuis qu'ils nous ont été amenés tous les deux après l'attaque de l'armée et je vous rassure, votre fille va très bien et ses blessures se remettent très bien.

Le tenancier de l'auberge ne la gardera pas. Peut-être avez-vous des nouvelles de votre époux et si cela est le cas, pouvez-vous m'en faire part ? Sinon je vous demanderais de venir chercher au plus vite votre fille qui est somme toute perdu et qui a peur.

Il est préférable que je la prenne avec moi. Elle viendra donc au dispensaire qui est rattaché a l'église Saint-Gervais où vous pourrez désormais envoyer vos missives.

Qu'Aristote vous garde et vous protège.
Soeur Palmyre



Elle attendit que la petite se réveille, qu'elle ait mangé, puis elles partirent toutes les deux en prenant toutes leurs affaires. L'enfant pouvait marcher, elle boitait un peu parce que la cicatrice tirait un peu sur la jambe. Elle sortit courageusement pour envoyer la missive destiner à sa maman du pigeonnier municipale et ensuite aller au dispensaire.

Votre maman sera bientôt là ! Il ne faut pas vous inquiéter, mais il faudra rester avec moi au dispensaire, le temps qu'elle arrive. Et si votre papa revient et bien vous retournerez avec lui !
Korydwen.
[Les jours passent au dispensaire]

Elle avait pleuré tout le long du chemin, de l'auberge au dispensaire. Elle avait plus vraiment bobo à la jambe, ça tirait un peu mais c'était tout. Sa tête allait bien aussi, elle avait plus aucune trace de l'attaque des méchants de ce côté là. Non, si elle pleurait c'était pas parce qu'elle avait mal quelque part, ou plutôt si, mais c'était pas un bobo que la dame en noir avait l'air de pouvoir soigner.
Quitter la chambre qu'elle avait occupée avec son papa, ça lui avait cassé quelque chose dans le coeur, elle savait pas trop quoi. A l'auberge, elle se disait que son papa allait revenir, mais une fois au dispensaire, elle se le disait plus...

Le soir, elle avait peur de s'endormir. Est-ce que la dame en noir serait toujours là, quand elle se réveillerait au matin ? Son papa il avait pas été là, lui, quand elle s'était réveillée... Elle la connaissait pas beaucoup, la dame en noir, mais loin de sa maman et sans son papa, c'était le seul visage familier dans son monde tout de travers, alors fallait pas qu'elle disparaisse.
Quand enfin, elle finissait par s'endormir, elle rêvait de son papa, de sa maman aussi, ils étaient tous les trois et ils partaient à l'aventure sur les routes, et ils prenaient le bateau, ou alors ils allaient à la pêche... Et puis le rêve se transformait et Kory se retrouvait toute seule dans le noir, et elle essayait de crier et de pleurer pour qu'on vienne la chercher, mais elle avait plus de voix, alors elle restait dans le noir, toute seule, muette et apeurée, perdue dans un rêve sans couleurs et sans espoir.
Après tout ça, elle se réveillait en sursaut et en pleurs, appelant son papa et sa maman, et la dame en noir - qui ne semblait pas disparaitre - passait de longues minutes à la calmer en la berçant et en lui frottant le dos, comme aurait fait sa maman.

Sa maman serait bientôt là... La dame en noir le disait, le répétait sans arrêt.
Sa maman serait bientôt là... Mais son papa ?

_________________
Amarante.
[Sarlat, jour du déménagement]


Elle avait vu Rodrielle et sa famille juste avant de partir d'Angoulême et elles s'étaient donné rendez-vous à Périgueux. Quand elle arriva à Sarlat, elle ouvrit la porte de sa petite chaumière et ouvrit les volets et les fenêtres pour aérer un peu puis parti chercher le chariot dans grange. Là elle vit qu'un pigeon attendait dans le pigeonnier ...

Comme il n'y avait plus rien pour ce pauvre animal qui attendait là depuis elle ne savait combien de jours, elle lui donna à manger et à boire puis s'installa sur une meule de foin et se mit à lire le vélin. Plus elle parcourait les lignes, plus elle devenait livide. Sa fille blessée ? Baudouin disparu ? Non c'était un cauchemar ! Ca ne pouvait pas être vrai et pourtant ça l'était bien ... Pourtant, pourtant il n'avait rien dit dans son dernier courrier !!!

Heureusement qu'elle était assise parce que là, elle se serait effondrée sur le sol. Elle avait du mal à respirer et elle était à deux doigts de s'évanouir. Son bébé blessé ! Et même si la soeur avait dit qu'elle allait bien, elle n'en revenait pas que Baudouin ne lui ait rien dit. Baudouin ! Rhaaaa ! Il allait le lui payer cher. Elle allait chercher SA fille et plus jamais il ne partirait avec elle seul ! Terminé ! Fini !

C'est la rage qui la fit se relever. Elle tira la charrette jusque devant la maison, mit le frein pour qu'elle ne parte pas et entra dans sa chaumière prendre un vélin et une plume. Elle allait tout d'abord écrire à la soeur. C'était le plus important et ensuite elle écrirait à Rodrielle ...

Un coup d'oeil rapide pour voir le nom de la soeur sur le vélin reçu et elle griffonna d'une main tremblante ...



Citation:


De Amarante Dehuit-Kermawen. Sarlat
A Soeur Palmyre. Avranches

Ma soeur, je vous sais gré de m'avoir écrit ses nouvelles dont je n'étais point mise au fait. Je savais mon ...
*petite hésitation sur le mot à employer* ... Epoux bloqué dans votre village, mais je pensais que c'était dû au froid et non parce qu'ils étaient blessés. Et non je n'ai pas de nouvelles de lui !

Je vais venir chercher ma fille dans les plus brefs délais, seulement cela risque de prendre un peu de temps, car je suis en plein déménagement. Je ferais cependant aussi vite que possible, mais je vais vous envoyer quelqu'un qui pourra prendre en charge Kory jusqu'à mon arrivée.

Je vais vous envoyer une femme du nom de Rodrielle. Elle sera dans votre village bien avant moi. Elle a été la directrice d'un grand orphelinat de Paris et j'ai toute confiance en elle. Le seul souci c'est que Kory ne la connait pas, alors si vous pouviez lui en parler pour qu'elle ne soit pas prise au dépourvu, je vous en saurais gré.

Comme, je vais bouger, je vous écrirais et vous tiendrait au fait d'où je me trouve. Surtout dite à ma fille que maman sera bientôt là et que je l'aime très fort. Je vais ajouter un petit mot pour elle a la fin de cette missive.

Il va de soit que vous serez dédommager comme il se doit.
Merci mille fois de prendre soin de ma fille.

Amarante.


****************

Pour mon ange
De maman

Ma puce, ma petite merveille. Je vais venir te chercher dès que je le pourrais. Je m'occupe d'envoyer tous les meubles en Bretagne et dès que c'est parti je viens te chercher mon ange. C'est une question de quelques jours, plus le trajet qui me mènera à toi. Pour que tu sois moins seule, j'ai demandé à une amie en qui j'ai toute confiance de venir te voir. Quand elle sera là, surtout reste bien avec elle. Je ne serais pas très longue après elle.

Je t'aime mon ange, soit forte.

Ta maman à qui tu manques beaucoup.
Amy



Elle retourna au pigeonnier où le volatile avait mangé et bu. Elle l'attrapa, accrocha bien le vélin fermé d'un ruban vert et le renvoya d'où il venait. Avranches !

De retour dans la maison pour le deuxième courrier. Celui-là serait bien plus direct. Elle connaissait assez Rodrielle pour savoir qu'elle ne se perdrait pas en considération inutile et qu'elle ferait ce qu'elle allait lui demander sans attendre.



Citation:


D'Amy
A Rod

Ma belle,

Je sais qu'on devait se voir à Périgueux, mais j'ai un grand service à te demander. En rentrant j'ai reçu un courrier me disant que Kory et Baudouin étaient blessés et qu'en prime Baudouin avait disparu, laissant ma fille seule dans une auberge.

C'est une soeur qui s'en occupe pour l'instant, mais avec le déménagement qui est déjà bien engagé, je ne peux partir et tout planter. Tu sais comme j'ai confiance en toi alors je vais te demander de partir pour Avranches le plus tôt possible et d'aller récupérer Kory qui doit avoir peur d'être seule. Demande Soeur Palmyre c'est elle qui s'en occupe.

Je t'en prie fais cela pour moi, je sais comme tu aimes les enfants et là il s'agit de ma fille. Va la trouver le temps que je vienne la chercher. Je règle ce déménagement au plus vite et j'arrive.

Je te laisse une bourse d'écus qui couvrira tes frais et ceux de la soeur le cas échéant.

Amy.



Là pas question d'envoyer un pigeon. Elle partit au village et demanda à un gamin de lui servir de coursier. Elle lui donna deux belles pièces et il partit aussitôt à la recherche de Rodrielle à Périgueux.
_________________

Les Fées Tisserandes ici
Korydwen.
Ils étaient longs, les jours, au dispensaire.
Si sa vie n'était pas toute chamboulée, Kory passerait ses journées à explorer la ville, maintenant que ses blessures allaient mieux. Elle se serait sans doute même aventurée dans une taverne ou deux, histoire de voir si quelqu'un n'avait pas quelque gourmandise qu'elle pourrait quémander.
Mais sa vie l'était, toute chamboulée, et Kory était triste. En quelques jours seulement, l'aventureuse curieuse et pleine de vie était devenu une petite fille apeurée qui n'osait pas quitter l'enceinte du dispensaire et qui ne parlait presque plus.

Ils étaient longs, les jours, mais Kory avait vite trouvé son occupation.
La dame en noir avait dit que sa maman serait bientôt là, mais elle avait dit aussi qu'avant d'être là, sa maman écrirait certainement. Du coup, Kory passait ses journées assise sur le petit banc de bois face au pigeonnier du dispensaire, surveillant les allées et venues des volatiles. La dame en noir avait bien essayé de la faire bouger, mais devant ses pleurs elle avait dû se résoudre à la laisser surveiller les pigeons, puisque c'était la seule chose qui semblait la calmer un peu.

Dès qu'un pigeon faisait son entrée, Kory se laissait glisser du petit banc et allait voir le nouveau venu. Sa maman mettait toujours un ruban vert sur ses lettres, alors elles étaient pas dures à repérer.
Sauf que jusqu'à présent, elle avait pas vu de ruban vert, alors elle commençait à se demander si sa maman aussi l'avait pas laissée. Ptetre qu'elle aussi elle avait disparu, comme son papa, au milieu de la nuit. Et donc elle écrirait jamais, et elle viendrait jamais chercher Kory, et Kory resterait avec la dame en noir pour toujours...
Elle en était là de ses inquiétudes, des larmes commençant à venir lui brûler les yeux, quand elle vit un nouveau pigeon arriver.
Les réflexions oubliées, les larmes reparties aussi vite qu'elles avaient essayé d'arriver, Kory se laissa glisser de son banc et alla courir après le volatile pour voir s'il avait un ruban vert quelque part. Oui, elle voyait un ruban vert ! Ah ! Sa maman avait pas disparu, elle l'avait pas laissée, elle lui avait écrit !
Après plusieurs minutes d'une course poursuite intense avec le pigeon, Kory finit par l'attraper et le serra fort contre elle avant de partir en courant à l'intérieur du dispensaire pour trouver la dame en noir. Bah oui, elle sait pas lire, Kory...

Une fois la dame en noir trouvée, et Kory installée sur ses genoux, lecture fut faite du courrier de sa maman. Oui, parce que heureusement, c'était bien un courrier de sa maman. Si quelqu'un d'autre avait eu la mauvaise idée d'utiliser un ruban vert autour d'une toute autre lettre, Kory aurait été inconsolable...




Pour mon ange
De maman

Ma puce, ma petite merveille. Je vais venir te chercher dès que je le pourrais. Je m'occupe d'envoyer tous les meubles en Bretagne et dès que c'est parti je viens te chercher mon ange. C'est une question de quelques jours, plus le trajet qui me mènera à toi. Pour que tu sois moins seule, j'ai demandé à une amie en qui j'ai toute confiance de venir te voir. Quand elle sera là, surtout reste bien avec elle. Je ne serais pas très longue après elle.

Je t'aime mon ange, soit forte.

Ta maman à qui tu manques beaucoup.
Amy


La dame en noir l'avait lu, sa maman l'avait écrit. Elle allait venir bientôt, elle l'aimait, elle lui demandait d'être forte...

Voi' mâma 'tôt...

Bah oui, quelques jours, quelques minutes... Sa maman allait arriver bientôt, c'était tout ce qu'elle savait, et puis c'était tout ce qui comptait.
_________________
Rodrielle
Et elle pendant s'temps là... Périgueux.


Rodrielle, Fralis et Elouan étaient arrivés depuis peu au lieu de rendez-vous. Ils avaient retrouvé Amarante à Angoulême et avaient décidé de faire un petit bout de voyage avec eux pour fêter ces retrouvailles. A vrai dire, la petite famille Corleone n'avait pas grand chose à faire, si ce n'est voyager. Ils profitaient tous les trois de cette nouvelle vie ensemble pour arpenter le Royaume et profiter de leurs haltes pour leur activité favorite ; le brigandage. Et oui ! Comme on ne change pas une équipe qui gagne (ou qui va gagner), Rodrielle apprenait à son nouveau compagnon (trop doux à son gout) et son fils l'art du combat et de la ruse. Et elle adorait cela !

Enfin, là n'était finalement pas la question puisqu'ils se retrouvaient donc à Périgueux où ils devaient retrouver Amarante et son ami pour filer en Bretagne, si ses souvenirs étaient bons. Ils étaient donc, ce soir là, tous les trois en train de manger (encore) en taverne lorsque le pigeon vint s'affaler, à moitié mort, sur la table. D'un air de dégout, l'italienne attrapa la lettre attachée à la patte de l'animal avant de l'envoyer valser. C'était Amarante.

Changement de plan ! On repart !

Sans plus de cérémonie, l'italienne termina son repas et fila dans sa chambre reprendre ses affaires. Il n'y avait pas à tarder ; Amarante était son amie et la Corleone allait l'aider. Elle pouvait bien lui faire cela vu l'aide que la jeune femme lui avait également fourni à l'orphelinat. Mais avant de partir, l'italienne attrapa plume et vélin.



De Rodrielle Corleone
A Amarante.

Bella !

J'ai bien reçu ton courrier.
Nous partons dès aujourd'hui pour arriver le plus vite possible. J'espère que ta fille se porte bien, on ne peut pas dire que je fasse confiance à ces sœurs mais au moins elle n'est pas seule, c'est l'essentiel. Dans tous les cas, je peux être là bas dans quelques jours.

Je te tiens au courant le plus vite possible !

Prends soin de toi.
Rodrielle C.



Pigeon envoyé, il n'y avait plus qu'à s'en aller !



_________

[Quelques jours plus tard]


Avranches ! Enfin !
Le voyage avait été expédié rapidement. Ils n'avaient fait que de très courtes pauses pour arriver le plus vite possible auprès de Kory. Mais le plus dur était la suite : trouver cette fameuse nonne et la petite. Enfin, difficile, oui et non ; l'italienne n'avait pas la langue dans sa poche et avait réussi, tant bien que mal, à trouver suffisamment d'informations pour se rendre au dispensaire. Peu de monde, tant mieux.

Buongiorno* Je cherche Soeur Palmyre, s'il vous plait.

Drôle de demande pour une tatouée vêtue d'une tunique de cuir que de quérir une bonne soeur. C'est d'ailleurs ce que l'italienne pensait à cet instant. Il fallait vraiment qu'elle apprécie Amarante pour faire ça !





*Bonjour

_________________
--Soeur_palmyre



Les jours passaient tranquillement dans la petite ville d'Avranches et la petite poupée qu'elle avait sous sa garde se remettait doucement de ses blessures maintenant. Elle avait remarqué qu'elle ne boitait presque plus, ce qui était une bonne chose. Il aurait été dommage qu'une enfant de cet âge ait déjà des problèmes pour bouger. Le très haut veillait sur elle, la soeur en était persuadée.

Ce jour-là, comme il ne faisait pas trop mauvais à l'extérieur, elles étaient sorties toutes les deux et comme chaque jour, la petite restait des heures assises sur le banc de bois, qui se trouvait devant le pigeonnier. Elle avait bien essayé de la faire bouger mais rien n'y faisait, elle observait l'arrivée de chaque pigeon, mais bien souvent la déception était de mise.

Enfin ce jour, alors qu'elle était comme à l'accoutumé assise sur le banc, elle se précipita dans le pigeonnier et arriva vers elle en serrant le pauvre animal contre elle. Palmyre arrêta donc ce qu'elle faisait pour lui prendre l'oiseau, lui enlever le vélin et relâcher la pauvre bête qui repartit illico vers le pigeonnier. Elle s'installa alors sur le banc et fit grimper la pépète sur ses genoux.

Le vélin portait le même ruban que la missive qu'elle avait reçu à l'auberge, il y avait donc de grandes chances que ce soit enfin la lettre tant attendu et effectivement, elle l'était. Elle commença donc la lecture, d'abord en silence puis à haute voix quand cela concernait la petite fille qui était installée sur ses genoux.

Une fois le courrier lu, elle la regarda et lui sourit.


Voi' mâma 'tôt...

Oui jeune fille, vous allez voir votre maman bientôt, très bientôt !

Elle était contente pour cette petite puce, elle ne finirait pas dans un orphelinat comme beaucoup d'enfants.


****************


[Plusieurs jours après la réception du courrier]


Comme demandé dans la missive, la soeur avait bien expliqué à Korydwen qu'une dame allait venir pour rester avec elle et que cette dame était une amie de sa maman. Qu'elle venait là pour voir si tout allait bien et qu'il faudrait rester avec elle et surtout être sage.

Les soins des quelques malades venaient d'être donné et c'était l'heure du repas désormais. Les quelques soeurs qui se trouvaient là, étaient réunis autour de la table ainsi que leur petite invitée, quand elles virent entrer une femme habillée de cuir et avec un tatouage sur le visage. Pour peu que cela soit surprenant, elle ne fit aucun commentaire alors que ses consoeurs n'étaient pas du tout rassuré par la présence de cette femme.


Buongiorno* Je cherche Soeur Palmyre, s'il vous plait.

Hochant la tête, elle se leva et s'avança vers l'inconnue, fronçant les sourcils à l'encontre des autres nones qui avaient visiblement peur !

Bonjour ma soeur ! Je suis soeur Palmyre. Que puis-je pour vous ?
Rodrielle
L'une des sœurs s'était levée aussitôt la demande de Rodrielle faite. L'italienne inclina la tête devant la nonne, ne sachant pas réellement comment réagir face à de telles personnes. Donc la simplicité était de rigueur, surtout vu les regards apeurés des autres religieuses. Qu'avaient-elles donc ? Oh ! Le tatouage, peut être ? C'est vrai que beaucoup n'y étaient pas encore habitués ! Ainsi, pour les rassurées, la Tatouée leur sourit avant de retourner sur la Sœur Palmyre.

Je suis Rodrielle Corleone, l'amie d'Amarante.
Elle m'a prévenu que sa petite fille, Korydwen, était avec vous et souhaiterait que je la récupère.



Sa phrase restait en suspend, en questionnement. Elle espérait que la petite était bien ici et que la Sœur ne ferait pas d'histoire pour qu'elle reprenne la petite. Pourvu qu'elle ne se fie pas aux apparences, en quelques sortes. Mais la Tatouée gardait toujours son sourire poli et agréable. Et puis, si elle(s) faisai(en)t des histoires, la Corleone saurait comment récupérer la petite d'Amy comme elle l'avait promis.

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