Else
Une route de campagne.
La poussière humide, les arbres poudrés, lamère moiteur de lair, le sifflement du vent. Un soleil morne perce sans conviction l'atmosphère blanchâtre au dessus des champs limousins. De loin en loin, des bosquets engourdis balancent doucement leurs feuilles lourdes d'eau. Enfin vous voyez le genre : la parfaite carte postale bucolique, version pré-hivernale.
Mais regardez-y de plus près Vous ne voyez rien qui cloche ?
Ouais. Les guirlandes dans les hêtres. Bon.
Mais encore ?
Le chemin malmené porte encore l'empreinte d'une horde de cavaliers. Rien d'étonnant, me direz-vous : en ces temps tourmentés, les hommes en armes sont monnaie courante. Fort bien.
Et là, ne distingue-t-on pas la trace d'une chute dans le magma boueux ? Oui, bon, d'accord : on ne va pas s'émouvoir à chaque fois qu'un péquenot glisse dans la gadoue... Mais regardez mieux, à la fin ! Là, tout à côté...
Voi-là ! Ah ben quand même...
Là, entre les brins dherbes alourdis, une main blême dépasse dune ornière. Alors, ça mérite qu'on s'y intéresse, ou non ?
Approchez-vous donc, jetez un il en contrebas :vous pourrez voir une jeune femme allongée dans le fossé, la neige et le coma. Silhouette amaigrie, boueuse. Autour du visage hâve, une couronne de boucles blondes. Le vent d'Autan a repoussé les pans de son manteau brun et plante ses griffes à travers l'épais tissu de son surcot détrempé.
Approchez-vous encore : un frisson irrégulier agite ses membres, qui nest pas seulement le jeu du vent. Les plus téméraires pourront même percevoir les mouvements spasmodiques de ses paupières, et sentir un souffle séchapper de sa bouche bleuie.
La poussière humide, les arbres poudrés, lamère moiteur de lair, le sifflement du vent. Un soleil morne perce sans conviction l'atmosphère blanchâtre au dessus des champs limousins. De loin en loin, des bosquets engourdis balancent doucement leurs feuilles lourdes d'eau. Enfin vous voyez le genre : la parfaite carte postale bucolique, version pré-hivernale.
Mais regardez-y de plus près Vous ne voyez rien qui cloche ?
Ouais. Les guirlandes dans les hêtres. Bon.
Mais encore ?
Le chemin malmené porte encore l'empreinte d'une horde de cavaliers. Rien d'étonnant, me direz-vous : en ces temps tourmentés, les hommes en armes sont monnaie courante. Fort bien.
Et là, ne distingue-t-on pas la trace d'une chute dans le magma boueux ? Oui, bon, d'accord : on ne va pas s'émouvoir à chaque fois qu'un péquenot glisse dans la gadoue... Mais regardez mieux, à la fin ! Là, tout à côté...
Voi-là ! Ah ben quand même...
Là, entre les brins dherbes alourdis, une main blême dépasse dune ornière. Alors, ça mérite qu'on s'y intéresse, ou non ?
Approchez-vous donc, jetez un il en contrebas :vous pourrez voir une jeune femme allongée dans le fossé, la neige et le coma. Silhouette amaigrie, boueuse. Autour du visage hâve, une couronne de boucles blondes. Le vent d'Autan a repoussé les pans de son manteau brun et plante ses griffes à travers l'épais tissu de son surcot détrempé.
Approchez-vous encore : un frisson irrégulier agite ses membres, qui nest pas seulement le jeu du vent. Les plus téméraires pourront même percevoir les mouvements spasmodiques de ses paupières, et sentir un souffle séchapper de sa bouche bleuie.
*Dérivé, évidemment, du titre d'un sonnet du jeune Arthur Rimbaud, Le dormeur du val.