Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Solstice d'hiver et lien de lierre.

Johanara
Tulles. Un verre de lait sous le museau.  Foutu village et foutu grossesse. C’est qu’elle s’emmerdait sacrement ce soir là. Inba , enceinte aussi, semblait moulue. Son fiancé tirait la tronche. Sa cadette Amaelle, devenue sacrement peste depuis quelques semaines était à la fois irritante et irritée. 

Lorqu’Inba partit rejoindre Morphée, il était encore tôt. Mais son départ sonnait la fin d’une soirée des plus barbantes. On ramassa châles, capeline, cartes et reste de rôti et on s’apprêta à rejoindre sa couche pour profiter de quelques heures de sommeil avant le départ pour Limoges. 

Et elle franchit le seuil de la porte, brise exquise dans la moiteur de l’ennui, un sourire enthousiaste ancré à ses lèvres carminées. Danae.

C’est le solstice d’hiver… Annonça t’elle, ravie à ses compagnons de tablée rendus moins mornes par son arrivée. 

Johanara l’observa intriguée. Qu’avait elle en tête ? Quelque cérémonie druidique ? A l’accoutumée, notre pieuse rouquine se serait offusquée de ces fêtes païennes, des croyances lunaires de son amie, de ses transes qui ressemblaient il fallait bien l’avouer à de la sorcellerie. Mais c’était Danae. Et dans le cœur de la Baronne, la gamine aux longs cheveux blonds vénitiens était mille fois bénie. 

Aussi s’exécuta t’elle, lorsque la petite rousse leur proposa de se déchausser et d’accepter qu’elle leur peigne des symboles sur les bras et le visage. 

Elle fit voler ses poulaines dans la taverne avant de dénouer les lourdes tresses qui retenaient l’abondante  masse cuivrée et bouclée de sa chevelure luxuriante.Elle devait sans doute ressembler à présent à ses sauvageonnes bretonnes qui foulaient de leurs pieds nus les hautes herbes verdoyantes et narguaient les cieux du Nord de leurs longues chevelures au vent et de leur regard clair. Et dont elle descendait du côté de sa mère, Feu Chasteté Claire d’Ambroise, moitié berrichonne, moitié bretonne. 

Alors que Danae leur colorait les lèvres de rouge, grâce à des baies, leur ami Indifred fit son apparition. Il n’était plus surpris de leurs fantaisies aussi se prêta t’il aisément au jeu. 

La jeune baronne s’approcha de lui, ses yeux vert de mer emplis de petits cœurs brillants ( Quelle niaise) et posa sa bouche sucrées sur celle du grand brun. Mais le jus avait séché. Elle écrasa alors une baie dans le creux de sa sénestre avant d’y tremper l’index et de le porter timidement aux lèvres d’Indi. Elle caressa sa lippe  du bout du doigts, la peignant d’amarante sans oser lever ses mirettes troublées vers lui. 

Dana entoura alors son poignet gracile d’un lien de lierre puis fit pareil avec le sien. 

Pour ce soir elles étaient liées par les poignets. Ni toi sans moi, ni moi sans toi…

_________________
Danae
[Laisse-moi t'emmener au pays des esprits de l'hiver]

Des picotements... Toute la journée, des picotements. Ils fourmillaient sur sa peau comme autant de minuscules insectes, en proie à une frénésie peu commune en ce morne jour d'hiver. La neige n'en finissait plus de tomber, tapissant de blanc tout ce qui s'offrait à son regard. Oh, elle aimait cela, la neige, mais aujourd'hui un malaise étreignait son jeune coeur, comme une impression d'être emplie à ras-bord de quelque chose qu'il lui fallait évacuer quelque part, et la neige ne parvenait pas à lui alléger l'esprit.

Elle marchait, d'un pas lent entre les arbres dénudés, en bordure d'une forêt, écoutant le pépiement des oiseaux. Son oreille fût attiré par le chant de l'un d'entre eux, se détachant parmi les sons flûtés de leurs voix aiguës. Un rouge-gorge vint se poser sur son épaule et lui chanter à nouveau ses trilles dans l'oreille. Depuis son réveil à Draguignan, Danaé avait constaté qu'elle ne faisait pas fuir les oiseaux. Ils venaient à elle spontanément, ils sentaient sûrement qu'elle n'avait aucune mauvaise intention vis à vis d'eux. D'une manière plus générale, elle répugnait à prendre la vie d'un animal, à manger leur chair. Cela lui soulevait le coeur quand on tentait de l'y pousser tout de même.

Les trilles se firent plus insistantes sur son épaule, la sortant de ses pensées. Elle y décela comme une invitation à suivre l'oiseau. Celui-ci, comme s'il avait capté qu'elle avait saisi ce qu'il attendait d'elle, prit son envol et pénétra aussitôt sous les arbres.

Danaé hésita. Inba l'avait mise en garde sur le fait de se promener seule dans des endroits inconnus, et lui avait demandé de ne pas trop s'éloigner d'elle sans lui en toucher un mot auparavant... Mais la tentation fût plus forte que les recommandations. Un appel résonnait au creux de sa poitrine, et elle y répondit en s'élançant à la suite du rouge-gorge.

Il la fit courir un moment, sautillant de branche en branche tandis qu'elle s'efforçait de ne pas le perdre de vue, regardant à peine où elle posait le pied, pied qui de toute façon, semblait trouver les endroits où s'aventurer sans risque sans qu'elle ait à y réfléchir.

Il la mena jusqu'à une clairière. Les arbres alentours étaient si serrés qu'elle ne distinguait plus par où elle était arrivée. Elle était... perdue. Mais loin de s'en inquiéter, elle suivit l'oiseau plus loin, jusqu'à une petite étendue d'eau surplombée de quelques rochers épars. L'oiseau se posa sur une pierre plate, l'invita à y prendre elle-même place d'une série de pépiements enthousiastes.

Danaé se posa aussi légèrement qu'une feuille au bord de l'eau, le vent jouant dans ses cheveux. Les picotements sur sa peau se firent plus fort, et elle plongea son regard dans l'onde paisible. Elle sentit sa conscience lui échapper comme cela lui était encore arrivé récemment et fût entrainée au plus profond de d'elle-même, les yeux rivés au coeur de l'eau. Elle vit à nouveau cette femme aux cheveux de jais, un diadème ceignant son front, qui lui tendait les bras. Sa voix résonna dans la tête de Danaé : solstice d'hiver. Elle dérivait, dans cette conscience entre les conscience, incapable de retrouver le chemin vers son propre moi. Elle sentit alors qu'on la guidait avec douceur, une chaleur l'étreignait et la poussait dans la bonne direction.

Danaé ouvrit les yeux, frissonnante. La nuit était tombée, elle ignorait combien d'heures avaient pu passer. Le corps rendu douloureux par l'immobilité et le froid, elle se releva, et retrouva sans peine son chemin jusqu'aux abord du village. Les fourmillements dans ses membres se faisaient plus pressants, et elle se hâta vers le quartier des tavernes.

Lorsqu'elle les trouva enfin, ses amis, sa famille, ce groupe de personnes qui étaient en si peu de temps devenus toute sa vie, elle leur servit son plus joli sourire, manière de s'excuser pour son absence curieuse et prolongée. Inba ne gronda même pas, tant elle était fourbue, et prit congé sans tarder.

Regardant les autres, elle annonça que c'était le solstice d'hiver, l'agitation en elle ne cessant de grandir.

Il la laissèrent dessiner sur leurs bras les symboles qu'elle sentait naitre sur les siens. Comme si elle ne faisait que les révéler, déjà présents, mais cachés. Le symbole sur sa nuque fût esquissé sur le poignet gauche de chacun, et sur les joues, elle dessina des éclairs pour Johanara et elle, des vagues pour Amaelle, des spirales pour Stromboli et des courbes pour Indifred. Tous se mirent pieds nus à sa demande. Le sol était en terre battue, et sa conscience lui soufflait qu'il fallait être au contact de la terre ce soir.

Tout cela semblait les amuser follement. La gamine en profitait, pour une fois qu'on ne la regardait pas d'un air terrifié... Elle finalisa le tout en liant son poignet à celui de Johanara avec une tige de lierre, et tandis qu'elle entrelaçait le végétal, elle sentit la présence de la baronne emplir son propre coeur. Un lien semblait mis à jour, qu'on ne pouvait distinguer, mais qu'elle sentait bien présent.

Jo émit l'envie de dessiner à son tour sur Danaé, et celle-ci lui offrit ses épaules, curieuse de savoir ce que cela donnerait. Elle frémit sous la caresse de son doigt, mais n'en laissa rien paraître. C'était du breton. Danaé connaissait-elle le breton ? Non, elle n'y entendait rien. La baronne lui dit qu'elle expliquerait plus tard ce qu'elle avait écrit.

La jeune fille finit par se lever et se placer au centre de la pièce, une énergie palpitant au coeur même de sa poitrine. Regardant autour d'elle un bref moment, elle vit tous rassemblés et sourit. Puis ses yeux se fermèrent et la tempête qui couvait en elle se déchaîna tandis qu'elle levait lentement les bras vers le ciel.
Johanara


Qu'est ce que Danae fabriquait encore? Est qu'est ce qu'elle avait à frétiller d'impatience et d'exitation à cause du solstice d'hiver? Pour Johanara, c'était une nuit comme les autres , et à dire vrai elle attendait Mars avec impatience, car pour elle, les longues nuits de Janvier et de Février n'étaient que froid, ennui, noirceur et fatigue.

Elle se laissa faire pourtant. Curieuse mais méfiante. Et fut donc obligée de lever les bras aussi lorsque Danae se mit à gesticuler.

Ses amis la regardaient avec inquiétude. Ils savaient qu'elle était enceinte et que les transes de Danae s'averaient parfois violente.

La gamine leur avait déjà donné des sueurs froides. Parfois elle était comme hors d'elle même... Quel étrange mal la frappait? Pouvait on vraiment se fier à ce qu'elle racontait?

La petite rousse avait certifié avec aplomb que l'enfant qui naîtrait, serait une fille.

Bâtarde et femme. De quoi bien commencer dans la vie... La Baronne ne voulait pas prêter foi aux élucubrations d'une enfant paumée mais se surprenait parfois à choisir des prénoms féminins et à exclure toute éventualité d'un autre descendant mâle.

La course de son palpitant s'accéléra en son sein, lorsqu'elle posa ses émeraudes sur le fin minois de son amie.

Danae transpirait à grosses gouttes, et son regard, vague et hagard, semblait perdu loin, très loin, bien trop loin pour que les mirettes de la baronne puissent s'y ancrer.

Le lien de lierre tirait sur le poignet d'albâtre de Johanara, mettant à mal la chair.

Que diable venait elle faire en cette galère??

_________________
Danae
Elle était loin, la gamine rousse. Loin d'eux, loin de tout, perdue quelque part. Appelez cela comme vous voudrez : folie, épilepsie, hypnose... Le résultat n'en restait pas moins qu'elle était désormais absente, perdue dans une semi-obscurité glacée.

Elle avait froid, et quelque part, elle sentait que son corps était mis à mal, trop tendu, traversé de convulsions horriblement fortes. Elle était debout, les bras levés, raide comme la corde d'un arc, comme un lien entre terre et ciel, soumis aux caprices d'un vent violent.

Le vent soufflait d'ailleurs, faisant voleter ses cheveux et ceux de Johanara. La robe de la baronne fouettait les flancs de Danaé, qui ne le sentait pas. Les fenêtres et la porte s'étaient ouvertes avec fracas, y avait-il donc une tempête à l'extérieur ? Le froid grandissait en elle, et avec lui, la douleur. Une secousse plus forte dans son corps frêle fit basculer sa tête vers l'arrière, les yeux toujours fixés sur l'invisible, la bouche ouverte sur un cri de souffrance muet.

Elle était l'oeil du cyclone, mais elle sentait quelqu'un d'autre à sa périphérie... Qui donc était là ? Présence familière et douce, répondant à l'appel de son coeur... Jo ! Les mots retentirent à nouveau, comme plus tôt, dans son esprit : solstice d'hiver... Le froid gagnait l'enfant toute entière, et elle sentait son coeur ralentir, les doigts froid de la mort s'étaient déjà posés dessus.

Dans son "délire", elle aperçut des formes, des couleurs, on aurait dit des esprits mi-humains, mi-animaux. Ils chuchotaient autour d'elle, effleuraient ses cheveux, comme heureux de l'accueillir à cette fête où elle avait débarqué sans trop s'annoncer. Esprits de l'hiver ? Démons ?
Leur danse étourdissait Danaé, leur souffle n'était pas chaud, mais gelé. Ils l'appelaient à se perdre avec eux, et elle fut tenté de répondre à cet appel et de lâcher toute prise sur ce qui la retenait encore.

Etaient-ce des bribes de souvenirs qui remontaient à la surface de sa mémoire presque vierge ? Toujours est-il que Danaé sentit une autre présence, dans ce monde froid où elle était prisonnière, la douce chaleur qui l'avait guidée plus tôt.

De ses lèvres s'échappa un nom, prononcé dans un souffle, et énoncé en écho par Johanara : Dana...

Une nouvelle décharge dans son petit corps et la chaleur y grandit, chassant le froid meurtrier qui l'étreignait. Elle irradiait maintenant, comme en proie à une forte de fièvre : Je suis le feu...

Le vent ne soufflait plus, l'enfant était brûlante et ses genoux se dérobèrent sous elle. Elle s'effondra sur le sol comme une poupée de chiffons, entrainant la baronne toujours liée à son poignet dans sa chute. Délirant et se tordant sur le sol, elle gémissait de douleur, percluse de crampes.

Stromboli et Indifred, désemparrés par une situation qui leur avait échappé dès le départ, convinrent qu'il fallait couper cette tige de lierre liant les deux jeunes filles, la baronne semblant subir en écho tout ce que subissait Danaé.

Ce fût Indi, inquiet pour sa bien-aimée baronne qui trancha le lierre à l'aide de sa dague.

Un hurlement dément retentit alors dans la taverne transformée quelque lieu de cérémonie occulte. Un hurlement déchirant qui s'échappait de la gorge de la gamine tandis qu'elle crispait les doigts sur sa poitrine. Une douleur blanche, brûlante, qui irradiait. Qui donc avait osé ?

Elle fût brutalement ramenée à elle-même, haletante, le visage baigné de larmes. Stromboli la tenait contre lui.


J'ai maaaaal... Elle leva son poignet à hauteur de ses yeux et constata le lierre tranché. Du sang s'en échappait. Il avait sans doute entamé sa chair...
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)