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Information and comments (1)
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[RP] L'boulin des gronronneurs.

Guennievre
Elle avait rejoint le patriarche Franchimont devant l'auberge. Celui-ci râlait comme à son habitude, et elle était bien contente de ne pas être pour une fois le sujet de ses foudres. Visiblement, Tig était en retard... ou pas.
Citation:
Pfff elle est partie sans nous !! elle m’agace !


Que pouvait-il bien être passé dans la tête de Tig ? Avait-elle perdu l'esprit ? Partir seule ainsi, à l'aventure, face à... à quoi au fait ? Une bête, un monstre, un homme ?

Elle le suivit jusqu'au point de rendez-vous, ses pensées tournées avec inquiétude vers son ex belle-soeur, qui était aussi son amie.

Petit grincement de dents et regard noir vers Elyane quand elle voit la main du Franchimont se poser sur son épaule. Note intérieurement de vérifier si la dame est sur sa liste des personnes à édenter, puis secoue la tête. Le moment était plutôt mal choisit pour faire une crise de jalousie.

S'amuse de voir Robin se débattre avec un jeune limier un peu fou, jette un regard un peu inquiet à la meute. Elle n'a jamais été très amie avec les chiens, et encore moins avec les loups. Hoche la tête sans un mot au commentaire de Robin sur l'absence de Tig.

Citation:
Guen et Ely ne vous éloignez pas à plus de 2 mètres de moi.


ça, c'est pas tombé dans l'oreille d'une sourde. Elle s'arrange pour le coller le plus possible, sans avoir à lui marcher dans les chausses non plus, tant qu'à faire. Elle le suit comme son ombre, jetant des regards inquiets autour d'elle, scrute le moindre recoin, main sur le pommeau de son épée. La forêt est dense, touffue, le regard ne porte pas loin. La bête pourrait être tapie n'importe où.
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Alidacheep
Ali entenda la rumeur que Axelle à disparu depuis son arrivée ici, elle décide d'aidée les chercheur avec des gâteaux qu'elle a faites aux pommes.

Bonjour les amis je suis venue vous apporter des gâteaux que j'ai fais, prenez-en autant que vous voulez vous en avez plus besoin que moi, vous resterez en forme c'est mieux pour la recherche. je reviendrais ta-l’heure si il y a quoi ce soit pour vous aidez comme gardez les enfants je suis là!

Elle les posa sur une table, et repartie pour refaire de nouveau des gâteaux aux pommes pour le soir.

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Tigalia
Tigalia s'enfonçait de plus en plus dans les bois avec cette même détermination ; celle de retrouver Axelle au plus vite.

La brune avait un défaut qui lui avait souvent apporté des embêtements, mais il fallait croire que ses aventures précédentes ne lui avait pas servi de leçon.
Agir et réfléchir aux détails après...enfin plutôt quand les ennuis vous tombent dessus.

Cet fois-ci le détail qu'elle avait omis n'était peut être pas si petit que ça.
Axelle avait disparue mais pourquoi ? et surtout qui avait bien pu faire cela ?
La jeune femme avait beau être enceinte elle avait l'air de bien savoir se défendre. Pourtant la ça n'avait pas suffi.
Mais pour le moment ce problème était bien loin dans l'esprit de Tigalia.

Elle avançait en tentant de repérer des traces d'un passage récent. Branches cassées ou trace dans la terre. Mais peut être que cela provenait juste d'une biche ou d'un sanglier passer par là.
La Franchimont était doucement en train de perdre tout reperds dans cette forêt qu'elle ne connaissait absolument pas.
Elle avait perdu la notion du temps. Était-elle ici depuis quelques minutes ? plusieurs heures ? Les grands arbres et la couche épaisse de nuages bas n'allaient en rien l'aider.

Dans un léger contre-bas Tigalia découvrit un ruisseau traversant la végétation. Elle entreprit donc de descendre pour aller se rafraichir un peu.
Sans qu'elle s'en rende compte sa cape se pris dans un buisson et un morceau de tissu resta accroché.

La brunette s'installa à genoux sur la rive et se rafraichit le visage car l'humidité de l'air combinée à ses efforts lui rendait l’impression d'étouffer littéralement.

Profitant de l'occasion pour remplir sa gourde, la brune sursauta de frayeur quand le banc de buissons de l'autre rive se mis à frémir.
Tétanisé sur ses jambes Tigalia attendait de voir se qui allait apparaitre de l'autre côté.

Aurait du t-elle prendre la fuite ?...probablement

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Lui....


Il ne voulait pas. Il avait dormi pourtant. Doucement, les yeux d’humus s’ouvrent. Le profil se dessine dans la pénombre. Une journée presque entière s’est écoulée. Le soleil décline, offrant à ses yeux l’ombre dont ils ont besoin. Les voix le laissent en paix, comme rassasiées. Seul le sifflement irrégulier qui s’échappe des lèvres bleues et sèches emplit la grotte.

Il avance sa main énorme. Couvre celle de la femelle. Glacée. Il se souvient que maman aussi avait les mains glacées. Qu’elle aimait se tenir prêt de l’âtre. Rapidement, il amasse quelques brindilles oubliées. Il n’a pas besoin de feu lui. Elles sont sèches et cassantes. Il s’affaire quelques minutes. Retrouve les gestes si longtemps inutiles. Les brindilles crépitent et rougeoient. Le feu éclaire le visage tuméfié de la femelle. La lueur ondulante lui donne une illusion de vie. Les branches sèches se consument vite. Il doit en chercher d’autres.

Il rampe, rapide, à quatre pattes au bord de son antre. Il s’arrête et grogne. Là en bas un groupe de males et de femelles. Ils s’agitent comme une fourmilière ridicule dérangée par un bâton. Ils ne sont pas dangereux. Ils sont insignifiants mais dérangeants. Il peut les écraser les uns après les autres. Mais son instinct reprend le dessus. Il ne veut pas perdre de temps. Les fourmis ne l’intéressent pas. Il se retourne et part dans l’autre sens. Suit les sinuosités de la pierre. Longtemps. Saletés de fourmis. Enfin, il débouche à l’air libre. Devant lui, la montagne se casse à pic. Il n’hésite pas. Il connaît. Il saute. Il atterrit plusieurs mètres en contrebas. Accroupi il scrute, hume, épie. Rien. Il engloutit des baies sur son passage, fait craquer quelques carapaces juteuses sous ses dents. Il s’approche du ruisseau, sans un bruit, caché par les herbes. A quelques toises de lui, le banc de buissons frémit. Il se fige. Aux aguets. Le repas sera copieux. Les lèvres craquelées s’étirent.
Tigalia
Le buisson frémissait de plus en plus devant Tigalia qui elle était incapable de bouger un cil. C'est alors qu'un ours apparut devant ses yeux. L'animal ne devait pas être loin de mesurer 9 pieds de haut. Se dressant sur ses pattes arrières il lâcha un grognement en regardant le petite brune se tenant sur son territoire de pêche préféré.

Ho non ...par le Créateur ...

Les deux pattes avant de l'ours brun tombèrent dans l'eau dans un grand fracas.
A cet instant une voix dans l'esprit de Tigalia lui cria

Sauve toi Tig ! Court dépêche toi !

La Franchimont se redressa en une seconde et se mit à courir le long de la rive aussi vite que ses jambes lui permettait. Abandonnant sa gourde sur place, elle détaler le plus vite possible pour échapper aux griffes de l'animal sauvage. Son esprit de survit avait était le plus fort et il la guidait à travers ces bois.
La brune courra ainsi de longues minutes, trébuchant par instant mais se relevant et repartant aussi vite.
Elle décida de s'arrêter que lorsqu’elle se rendit compte que la nuit commençait à tomber. A bout de souffle, Tig du prend appuis contre un arbre pour se reprendre.

La nuit était en train de gagner du terrain. Comment allait elle faire pour se sortir de la ...elle le savait ...elle était perdu dans cette forêt.
Il fallait qu'elle arrive à s'orienter mais comment ?
Ses yeux se levèrent vers le ciel dans l'espoir de voir un coin dégager, mais au lieu de ça une goutte de pluie lui tomba sur la joue.


Il ne manquait plus que ça !

Reprenant sa route entre les arbres, la brune chercher un moyen de se sortir de se mauvais pas.

La nuit maintenant installée et des trombes d'eau se déversant sans relâche sur la terre devenue glissante, Tigalia avançait prudemment.

Mais à cet instant elle se pris le pied dans une racine et en voulant se rattraper elle glissa dans la boue et dévala une pente de plusieurs mètre de hauteur.
Elle cria tout au long de sa descente infernale.
La chute finale lui arracha un gémissement de douleur. Elle senti un éclair traverser son ancienne blessure à peine cicatrisée.

La brune était à bout. Allongé sur le flan elle n'avait plus la force de se relever.
Tigalia ferma les yeux un instant, ne sentant plus que les gouttes de pluie lui tomber sur le visage.
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Serguei.novgorod , incarné par Axelle
[Dans la gueule du Lion]

Lascif, le félin, alangui, léonin. La rousse est endormie, dans la couché à ses côtés. Epuisés, les deux, mais lui est éveillé. Un pan du drap glissé sur la cuisse masculine, seule l’extrémité de la jambe est laissée à l’air, ainsi que le torse creusé des striures musculeuses ; un bras replié derrière sa tête, il est demi assis, et l’observe. Pourquoi elle, est en vie ? Elle a pourtant cette chevelure de feu et ces formes généreuses qui lui font commettre ces… choses. Pire encore, c’est son corps et son cœur à lui qui saignent d’elle, quand elle n’est pas là… Ou quand elle est là, à l’empreinte de ses ongles dont elle martèle la peau rugueuse, dans autant de spasmes sauvages de délice.
La sauvagerie léonine est en suspends ; latente, elle sommeille à un Sergueï plutôt calme ces temps-ci. Ils passeront sûrement une journée de plus à s’aimer, leurs corps entremêlés, enlacés, tendus…sûrement. C’est du moins ce que le slave imaginait de son avenir tout proche, jusqu’à ce que la lettre lui soit transmise. Cette lettre. De Sa main.
A la lecture de la missive, le large corps se tend, nerveux ; équin, il piafferait mais ce sont bien les babines qui se rehaussent, découvrant les canines acérés et serrées de rage. Il lui a fait du mal, lui, ce type qu’il n’a pas supporté de voir à ses côtés, déjà. Celui-là. Les mâchoires aussi serrées que les larges doigts sur le vélin, l’azur se voile d’ire ; il paiera. Cher. Non content d’avoir dérobé le trésor du Lion, il l’a enterré un peu plus loin, le fourbe, le rat, le scélérat. L’Ours paiera, oui. Cher.
Furieux, il fait les cent pas dans la pièce, et au travers d’une énième volte-face, croise du regard la couche où Elle dort… paisible, pour une fois. Il peut dessiner du regard la silhouette sous le drap ; il en connaît chaque once, chaque pore de ce derme là qu’il a tant parcouru de ses lèvres, de ses paumes aimantes. Mais il doit la retrouver, cette petite fauvette qu’il a jadis sauvée, au détour d’un voyage ; inanimée dans un fossé, il l’a recueillie, soignée, protégée… et abandonnée. Oh, pas par manque d’affection, non ; il faut parfois s’éloigner pour protéger, par amour, justement. Le slave ferme un instant les yeux, inspire ; il ne peut pas rester là sans rien faire. Alors il franchit la maigre distance qui le sépare d’un bureau, griffonne quelques mots pour expliquer son départ, sans omettre un « je t’aime » assez inédit pour être souligné ; le parchemin plié vient rapidement se glisser à demi caché sous l’oreiller de la naïade, et les lèvres chaudes couleur vieux rose embrassent le front endormi, tendrement, longuement. Il inspire son parfum, yeux clos comme pour mieux le retenir, puis se redresse enfin. Quelques habits sont glissés dans la besace, quelques pains glanés dans les réserves et Lada bientôt le mène bien vite sur les chemins.
La crinière platine au vent, les sourcils légèrement froncés de ce qu’il est soucieux… Et il en sera ainsi jusqu’à ce qu’il soit arrivé à destination, quelques jours plus tard. Le voyage se passe ainsi ; trop peu de repos, trop peu de repas, qu’importe : ce qui compte, c’est la retrouver. Aura-t-elle changé ? Son corps déjà aura-t-il rendu visible la vie qui y couve ? Il lui a promis d’être là pour l’enfant, jamais bien loin d’elle, et lui… Lui, ce foutu responsable de la situation, il l’a abandonnée. Vengeance. Violence. Virulence. Les trois compagnes, pendant toutes ces années d’un Sergueï rageur de ce qu’il a reçu comme éducation, le retrouvent peu à peu. La carcasse lourde est tendue, les muscles bandés, la rage couve, comme elle explosera bientôt. Immense. Impitoyable.
Embrun est enfin rejoint, petit village sans importance excepté qu’elle y vit. Enfin, un peu à l’écart. C’est mieux. Les quelques lieues sont rapidement parcourues, et la masure, enfin gagnée. La porte entrouverte l’inquiète et c’est aux aguets, sourcils froncés, qu’il la repousse de l’une de ses larges paumes. L’acier examine la pièce, comme il demeure sur le pas de la porte, attentif et intrigué ; nulle trace d’Elle, pas un bruit, pas un chat… Il va rentrer plus avant lorsqu’il aperçoit le rebord de la table, et le sang qui le macule. Horrifié, il bondit presque jusqu’à la mince flaque, glisse son index sur la trace, le porte à ses lèvres, scellant ses paupières. Il le connaît, ce goût là, le chasseur. Quand il a extirpé le corps malade du fossé, il y a si longtemps, il n’a pas su résister, et a fait le même geste que celui qu’il vient de faire. Le Lion a goûté l’agnelle, sans toutefois lui porter atteinte, en aucune façon.
C’est le sien, ce sang-là, il le sait. Se redressant, il rouvre les yeux ; il n’est plus de bleu, mais bien un iris teinté de sombre, dilaté, furieux. Très vite, il cherche ce qu’il trouve : d’autres traces jonchent le sol d’autant de gouttes éparses ; régulières, elles forment presque une ligne, jusqu’à la porte laissée béante.
A l’extérieur de nouveau, le fauve mira les environs, tous ses sens sur le qui-vive… Rien ; le soleil annonçait presque midi, et malgré le temps couvert, la chaleur est palpable. Elle n’était cependant pas responsable de ce que la sueur perlait à son front. C’était l’appréhension, la tension, l’inquiétude, et le tracas, chez Sergueï, ça n’était pas dédié au commun des mortels. Elle était grosse, blessée. Donc fragile, donc lente, donc un fardeau à son agresseur. Les yeux rivés au sol, il suivit la trace, qui se faisait moins visible… La forêt…
Il jura, en russe, sa langue maternelle. La végétation, l’atmosphère étouffante, oppressante, cette impression d’être confiné ; sans compter les bruits et les marques pollueuses, qui rendraient la chasse ardue. Inspirant puissamment, il ôta sa chemise, et la glissa dans la besace, pour faciliter ses mouvements. Il fera corps avec la sylve, pour retrouver celle qui, sans être de son sang, est bel et bien sa sœur.
Il s’enfonce, peu à peu. Plus profondément, à chaque pas ; plus loin, toujours, dans l’enfer vert. Il observe, examine les traces ; à celles laissées par un animal ou un être humain s’ajoutent d’autres empreintes de pas, différentes, plus fraîches, plus… féminines. Pourtant, il sait d’un seul coup d’œil que ce ne sont pas celles d’Axelle, et la perplexité lui fait presser le pas. Aguerri à la progression en forêt, il avance prestement, il sait quoi chercher, et il sait où, surtout. Au détour d’un branchage, il trouve un carré de tissu déchiré, le décroche, le porte à son nez pour en respirer le parfum ; ce n’est pas elle, encore. L’oreille attirée par le bruit d’un ruisseau, il se dirigea aussitôt vers lui : la boue et son caractère demi aqueux auront sûrement pu sauver quelques meilleures traces.
Une gourde jonche le sol ; il se penche pour la ramasser. A côté des traces de la femelle sont visibles celles d’un ours, sûrement un mâle, de belle taille, en plus. Peu importe, elle n’est pas Axelle, il le sait. La vie est dangereuse… Tant pis pour la femme.
La nuit tomba plus rapidement qu’il ne l’aurait imaginée, et la pluie, avec tout ça, s’invita à la danse. Nouveau juron, plus grave de colère. Il choisit plusieurs chemins, se laissant finalement gagner par l’instinct, celui-là qui l’aura toujours aidé. Il entendit un cri, au loin, féminin ; pas le sien, toujours. L’ours aura sûrement posé sa lourde patte sur l’égarée. Ainsi allait la vie, c’était un fait. Il a entendu un groupe faire une battue à quelque distance, pas bien loin… Où sont-ils, il ne le sait guère.
Et finalement, il la trouve l’antre. Celle du démon, celle qu’il imagine découcher, béante, sur un abîme infernal. Celle où celle se trouve, peut-être. Il pénètre, lentement, les yeux plissés pour tenter de distinguer qui un homme, qui Axelle. Les pas sont mesurés, étouffés comme il en a l’habitude et…
Il la voit, elle est là, allongée au sol froid. Livide, ensanglantée ; il se rue vers elle, porte sa main à la blessure de sa tête, et d’une voix douce, presque paternelle, mais fébrile d’inquiétude :

- Axelle… Ma Fauvette…

Axelle
Rien. Elle ne sentait rien, hormis un froid diffus et collant. Son esprit vagabondait dans des sphères étranges, en compagnie d’un jeune garçon qu’elle se refusait à quitter. Non, rien n’aurait pu l’en éloigner et la faire revenir. Sa volonté s’y refusait farouchement. Mais il suffit d’une voix, d’une présence, d’un sentiment, d’un souvenir pour que la volonté s’effondre parfois. Le visage du gamin se déforma et s’effaça doucement, alors que celui lumineux du Lion apparut.

« -Axelle… Ma Fauvette… »

Cette voix, cette même voix, qui bien des mois et des mois auparavant, l’avait extirpée du même néant. L’appel irrésistible de cette voix chaude et protectrice, elle ne pouvait que le suivre, encore. Sergueï. Elle remontait lentement à la surface tel un noyé qui suit un rayon de lumière, le cœur pourtant déchiré de laisser le gamin.

Les yeux toujours clos, sa main suivait le rayon jusqu’à venir enserrer le puissant poignet proche d’elle. Sergueï était là. Elle ne craignait plus rien. Son odeur réchauffait ses veines. Elle accepta de remonter, de le suivre. Lentement. Doucement. Elle aurait presque pu sourire. Mais succédant aux brumes diffuses et cotonneuses, l’éclat acéré de la souffrance s’imposa. Terrible. Insupportable.

Son corps gémissait silencieux, meurtri, blessé. Son esprit reprenait conscience. Les deux se bataillant pour être le plus douloureux.

« Et si tu ne reçois plus de lettre de moi pendant plus de quatre jours d'affilée ces temps-ci, c'est que le Très Haut aura décidé que mon temps est révolu. »


Son ventre prit en tenaille, son flanc brulant, sa tête l’élançant, les pensées les plus noires s’entrechoquant. Elle suffoquait, elle voulait repartir, laisser les taches noires devant ses yeux l’emporter, repartir et ne plus jamais revenir. Mais c’était trop tard, elle ne pouvait plus reculer.

Un hurlement infernal explosa de ses lèvres. La meurtrissure du corps embrassait cruellement l’image du cadavre de l’Ours ensanglanté, au dessus duquel un visage tout droit sorti des ténèbres de la folie entamait une danse macabre. Elle hurlait, comme pour extirper d’elle la douleur et la terreur engrangée depuis des heures, depuis des jours, depuis des semaines.

Sous l’assaut du marteau dans sa tête, de la tenaille sur son ventre, elle tentait vainement de trouver de l’air. Elle y parvenait parfois quand la tenaille qui lui broyait les chaires se desserrait. Mais le répit n’était qu’un leurre sournois pour revenir déchiqueter ses entrailles avec plus de force encore. Le temps cruel s’étirait, jouant de sa torture. Elle hurlait, le corps se tordant comme une furie prise au piège, ne sachant plus par où s’échapper.

Tout n’était que souffrance, elle en était le jouet. Les visions folles se succédaient, la terrifiant. Sa main serrait le poignet fort, toujours plus fort. Le souffle lui manquait, mais le hurlement dément persistait, tranchant la nuit.

Un ultime déchirement, aux portes de l’enfer. Elle pria pour pouvoir y entrer, imaginant ses flammes bien plus douces, même pour elle.

Dans un dernier sursaut, exterminant ses dernières forces, ses jambes se replièrent et s’écartèrent, son buste se redressa dans le sifflement sinistre de la respiration vainqueur du hurlement.

Le silence retomba aussi soudainement que son buste sur le sol de pierre. Un voile noir l’enveloppa.

Puis aussi fragiles que le hurlement avait été puissant, des pleurs se firent entendre, miaulements d’un chaton perdu. Petite chose magnifique au milieu du chaos.

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Lui....


Là, tapit sans un bruit, il attend que la proie se montre. Un grognement sourd. Il tâte le sol, empoignant un caillou lourd et tranchant. Les herbes frissonnent et se couchent, le crin se montre. Le sanglier le fixe de ses yeux ronds. Les lèvres s’étirent, les yeux d’humus le transpercent déjà. L’animal reste immobile avant de détaler, la terre jaillit sous ses sabots. Il bondit, plus rapide. L’enserre contre son flanc. Le crin rugueux écorche la peau. Le visage se fend davantage. La lutte est belle. Il joue, attend, se délecte de la fureur de la bête. Enfin, le caillou s’écrase sur le groin, encore eu encore. Eclate les chaires ruisselantes et chaudes. Il aime. C’est finit. Il a gagné. Il gagne toujours.

Il s’assoit et découpe sa prise, méticuleux. Et enfin mange, se maquillant, grotesque. Au loin, l’eau claque soudain. Il relève la tête, sans cesser son festin. Un ours se dresse, une femelle fuit. Il mange. Indifférent. La femelle est la proie du plantigrade. Ainsi sont les règles de la forêt. A chacun ses prises. A chacun son territoire.

Rassasié, il abandonne le reste de carcasse, bientôt il ne restera plus rien.

Chargé de nouvelles branches, il rentre à l’antre. Par l’arrière. Les fourmis l’ennuient. Il grimpe, suspendu sur la roche. Il va vite. Plein de force. Il longe la pierre à nouveau. Il s’arrête. Elle hurle. Il s’agenouille, file à quatre pattes dans les méandres rocheux. Il observe. Une silhouette large se découpe au dessus de la femelle. Il hume. Il attend. Il écoute.

Le cri cesse. Un autre se fait entendre. Un cri de petit, de tout petit.

Maman ne se sera pas en colère.

Il n’a plus rien à faire à faire là, seulement reculer silencieux, et trouver une autre antre pour se terrer jusqu’à ce que la faim le tenaille de nouveau.

Viens… trouvons un refuge où je pourrai continuer de t’aimer…. Encore…

La ferme la minaudeuse, j’veux roupiller !

Pas de champignons pour le dessert ?

Maman surveille mon Ange, il est temps de dormir. Vite !
Guennievre
Depuis combien de temps errent-ils ainsi dans cette forêt dense, à la recherche d'un quelconque indice les mettant sur la voie pour retrouver Axelle ? Elle n'en avait strictement aucune idée.
Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle avait faim et soif, que la chaleur ambiante n'était en aucun cas dissipée par la fraicheur relative du sous-bois, dont l'air immobile était chargé de l'odeur méphytique de l'humus en décomposition.
Elle dérapait sur la mousse, butait sur les racines, jurant entre ses dents à chaque fois qu'elle trébuchait. Elle commençait à avoir cette forêt en horreur, et était à la limite de tout envoyer au Sans Nom. Et toujours aucune trace d'Axelle, ni de son ravisseur. A croire qu'ils avaient fait fausse route... Ou que toute cette histoire n'avait existé que dans leur imagination.
Oui, c'est cela... Si ça se trouve, ils s'étaient inquiétés pour rien, il y avait peut être une autre explication rationnelle à l'état macabre du taudis de la jeune femme.
Vraiment ?
Elle secoua la tête. Elle s'égarait, la fatigue lui jouant des tours. Elle pencha la tête en arrière, tentant de voir le ciel à travers quelques percées de la canopée. Mais de sombres nuages l'obscurcissaient, et on pouvait entendre de sourds grondements dans le lointain.
Attends... C'est bien le tonnerre, hein ?

A l'instar de son groupe, elle s'arrêta et tendit l'oreille, puis repartit, rassurée. Oui, ce n'était que le tonnerre, répercuté par les parois des montagnes alentours. L'orage était loin, mais le temps allait leur manquer. La nuit allait tomber tôt, et il aurait été très imprudent de se faire surprendre par elle. Un coup à se faire surprendre aussi par la bête.
Elle frissonna. Etait-ce à la pensée de cette chose immonde et cruelle, ou était-ce dû à la brusque chute de la température ? Elle n'eut pas le temps de se poser la question. Un cri se fit entendre.
Proche.
Très proche.
Mais où ?
Elle regarda ses compagnons de route avec perplexité.


Vous avez entendu ça ?

Question purement réthorique. Il aurait fallut être sourd pour ne pas l'entendre. Qui était-ce ? Axelle ? Tig ? Une autre victime de la bête sanguinaire ?
D'où provenait le cri ? La forêt faisait perdre tout sens de l'orientation et déformait les sons.
Elle resta un long moment immobile, n'osant respirer, dans l'attente d'un nouveau cri qui la renseignerait sur la direction à prendre. En vain. A part le roulement continu du tonnerre, qui devenait de plus en plus fort, illuminant le ciel de ses éclairs et le clapotement de la pluie qui commençait à tomber en grosses gouttes, rien ne filtrait aux alentours.
Alors elle décida de se fier à son instinct. Prise d'une inspiration subite, elle se rua quelque part sur sa droite, sans vérifier si ses compagnons de route la suivaient. De longues minutes durant, elle progressa au pas de course. Fini de trébucher et de glisser comme un ours pataud. A présent elle bondissait par dessus les obstacles et négociait les aspérités du terrain avec la grâce et l'agilité d'une biche. Même son épée battant à son flanc n'arrivait à altérer sa démarche.

Il pleuvait à seaux à présent. Elle était trempée, les vêtements à tordre, alourdis par l'eau. Elle s'arrêta, tentant de prendre un quelconque repère. Par où devait-elle aller ? Tous ces maudits arbres se ressemblaient, et comble de l'exaspération, la nuit était à présent tombée, on y voyait comme à travers une poêle. On alluma les torches, on la traita de folle de vouloir continuer.
Mais elle se sentait proche, toute proche à présent. La femme qui avait crié ne pouvait plus être bien loin.

Puis un nouveau cri, plus long, plus fort se fit entendre. Elle pu en déterminer parfaitement l'origine, et se rua au devant, sans penser une seconde à sa propre sécurité. Quelques centaines de mètres plus loin, elle vit une trace de chute le long d'une forte pente, qui avait laissé une longue et profonde traînée dans le sol meuble, mélange de pourriture et de terre détrempée. Et en bas de cette pente, une forme gisait, immobile.

Elle se précipita vers elle, la retourna pour mieux la voir. Blêmit en la reconnaissant
.

Par le Très Haut ! Tig !

Se retournant vers ses compagnons.

C'est Tig !

Du sang maculait ses vêtements, qui étaient déchirés par endroits. Elle était blessée. Sa respiration était faible, elle était d'une pâleur inquiétante.
Se débarassant de sa cape, elle l'en enveloppa, tentant de lui parler pour la ramener à elle.


Tiens bon Tig, on va te sortir de là.

Et à ses compagnons :

Il faut la ramener au village. Elle est sérieusement blessée.
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Bidule_embrun
[tu entres ou tu sors?]

*Je vais mieux , je n'ai plus mal, enfin je crois... je n'ai plus chaud, c'est juste bien tout du moins...
J'ai entendu Papa, il est là tout prêt j'en suis sûre, il aime maman et il m'aime aussi.
Maman m'aime, c'normal non ?C'ma maman ! Je l'aime moi aussi.
Je voulais partir finalement je reste. Je suis bien ici, ma bulle est le plus merveilleux endroit du monde, la déco est ce qu'elle est,forcément, mais elle est si douce, si moelleuse.
Je veux grandir encore. Je suis toute petite. Mais ma bulle ne grandit plus... Je serai bientôt trop serrée.
Non pas ça pas encore je n'aime pas quand j'ai chaud... Ma bulle me serre si fort , j'ai mal, j'étouffe... Où aller? Où puis-je donc me fourrer , comment me mettre pour me sentir mieux?Je n'ai pas assez de force pour résister, je vais être écrasée.
Je meurs...
Adieu Maman. Adieu Papa. J'aurai tellement aimé te conn.... Mais ... mais c'est quoi ce truc ?
Rhooo c'est pénible ces yeux qui servent à rien ou presque il faut que je me rapproche, encore un peu ...
Et si c'était la chandelle promise par Papa pour m'indiquer la sortie? Je dois m'en assurer, une chose est sûre ça n'y était pas hier et je connais l'endroit comme ma poche !
Mais c'est dur d'avancer, si dur... Oh ben ça alors je suis coincée! Mamannn! J'ai mal je suis coincée, j'étouffe ! En plus mon fichu cordon s'est encore mis autour de mon cou et cette fois j'arrive pas à l'enlever.
Je pleure, enfin je crois que c'est ça de pleurer. Je sens que maman a mal aussi, c'est peut-être de ma faute je n'aurais pas dû essayer ce nouveau chemin...
Et si je remontais ? Oui c'est ça je vais rebrousser chemin, si seulement je n'avais pas tant grandi , c'était tout de même plus simple quand je n'étais qu'un tétard pour faire demi-tour.
Oh oh ça recommence , NON! JE VEUX RE-MON-TER pas descendre MAMANN, j'ai peur parle-moi!
Il fait si chaud , si chaud. J'avance je sens que j'avance, mais c'est si serré, que je regrette d'être partie à l'aventure , pourquoi ai-je quitté ma bulle si spacieuse... C'était bien à moi de me plaindre de son étroitesse, si j'avais su bon sang...
Mais c'est quoi ce bruit ? Maman? Maman? c'est toi cette voix, c'est si rauque, si puissant, même en colère je ne t'ai jamais entendue ainsi. T'as mal ma petite maman? Moi aussi je souffre.
J'y suis presque, je vois la chandelle! Papa a tenu promesse, il s'est rappelé que j'avais peur du noir! Il fait de plus en plus froid,Oh c'est serré mais c'est pas possiiiiiiiiible .
Je gliiiiiiiiiiiiiiiisssse

Oh bravo!
Où suis-je?
Qui suis-je ?
Qui sont ces gens?
J'en ai marre , y a qu'à moi que ça arrive des trucs pareils... MAMAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAN*

Puis aussi fragile que le hurlement avait été puissant, des pleurs se firent entendre, miaulements d’un chaton perdu. Petite chose magnifique au milieu du chaos.(*)

(*)copyright JD Axelle[/i]

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Serguei.novgorod , incarné par Axelle
Le visage penché vers elle, le temps s’est suspendu, un instant. Et dans le même intervalle de temps – combien a-t-il duré ? Une seconde, une minute, une heure, un siècle ? -, il la croit morte. L’idée est chassée aussi sec, comme pour rejeter l’idée-même qu’elle puisse périr un jour. La rampe masculine se dirigeait vers la petite main féminine pour en tâter le pouls quand, faute d’examiner le poignet d’Axelle, c’est le sien qui subit la convoitise de son vis-à-vis. Surpris, il accuse le coup, et bénit chacun des efforts qu’elle fait pour enserrer la base de sa main. Chaque spasme est un salut ; chaque sursaut est bon signe. Elle vit. Et c’est tout ce qui compte à l’instant précis.

Pour autant, il n’est pas rassuré, loin de là ; il est furieux d’impuissance, furieux de n’avoir pas été là pour empêcher ce sang-là de couler alors qu’il lui avait promis de toujours la protéger d’un quelconque danger. Il a échoué, par deux fois : l’ours s’est approché, une autre bête l’a blessée. Qui est-ce, d’ailleurs ? Fel ? Non. Non, pas Fel. Il avait des défauts, mais pas celui-là.

Il la regarde, et pour la première fois, la mort ne semble pas attirante, ne paraît pas plaisante. Et pour la toute première fois même, elle l’effraie. Elle le terrifie, elle le noie presque d’angoisse. Le sang. La déchirure. La douleur qui prend le corps féminin, le malmène dans un étrier de souffrance. Il les connaît ces entrailles là qui, chaudes, entaillées par sa main, déversent les abîmes, livrent à sa vue et à son sens olfactif les plus obscurs secrets des corps. Il les sait, par cœur. Mais pas celles-là, et pis encore, il n’en veut pas. Il ne peut pas. Pas elle. Pas Axelle.

A l’insoutenable silence succéda l’horreur du cri, bestial, animal. Les yeux écarquillés, la rage de l’impuissance palpable à la boule formée de part et d’autre de son visage par la crispation de sa mâchoire, la voir ainsi est si douloureux au Lion qu’une furtive seconde, il se voit l’achever, férocement, pour abréger ses souffrances. L’idée est repoussée aussi sec, la large et puissante main retenue, les yeux rivés sur elle, encore. Que peut-il faire, sinon assister à ce qui se déroule devant lui ? Oubliés l’antre, l’éventuel coupable, la nuit ; il n’a en tête que ce cri qui résonne à son esprit, et qui continuera de le hanter jusqu’à sa mort. Ce cri-là, c’est celui de la culpabilité de l’abandon, c’est celui de l’absence, c’est celui de la cruauté, c’est celui des heurts, c’est celui de la séparation. Ce qu’il n’imagine pas, c’est justement le scindement qui se trame au corps féminin.

Elle vrille, se crispe, se tord ; elle suffoque, elle appelle, elle étouffe. Et lui, marmonnant en russe pour la rassurer, resserre ses mains à ses poignets, comme pour combattre la douleur, comme pour conférer une partie de sa force à sa Fauvette bien malingre. Et elle le lui rend. C’est bien. Souffrir est vivre, combattre… survivre.

Il s’accroche à cette douleur, sans oser la nourrir, et les murmures deviennent mots sourds, lourds, graves : elle doit rester avec lui, elle n’a pas le droit de partir, Axelle. Pas comme ça. Pas maintenant. Pas dans ses bras. Lorsqu’elle se redresse soudain, c’est d’un infime mouvement de recul qu’il accueille le geste, stupéfait. Les cuisses féminines s’écartent, laissent passer l’enfant. Chétif. Ensanglanté. Poisseux de vie.

Il en a vu, des ventres féminins dégobiller leurs tripes sous ses mains, il en a déjà fouillé les viscères, il en a même déjà extirpé de là, des enfançons. Déjà. Mais celui-ci, c’est le sien. Celle-ci, pardon. Il fixe le petit être, médusé. Dans d’autres circonstances, la large main se serait abattue sur le visage, implacable, jusqu’à ce que le minuscule thorax devienne immobile. Mais celui-ci, c’est le sien. Il ne l’étouffera pas.

Elle est retombée, inerte au sol, sa Fauvette. Il la regarde, encore incrédule, ôte ses yeux de l’enfant, presque pour nier ce qui vient de se passer. Mais la petite fille est bel et bien là, il entend ses piaillements : on ne peut contrôler certains sens.

La chemise ôtée précédemment lui sert enfin à emmailloter la fille d’Axelle, à la fois pour la réchauffer et pour la protéger ; les deux corps bientôt séparés sont portés dans les bras du géant slave, et la demeure de l’embrunaise, rejointe.

Les laissant se reposer, Sergueï s’assit au sol, le dos appuyé contre le mur ; l’heure des réponses viendrait plus tard.


Axelle
Combien de temps s’était il écoulé ? Des heures, des jours, des mois, des années peut-être. La bestiole n’en savait rien, et c’était bien la dernière de ses préoccupations quand difficilement les onyx s’ouvrirent. Longtemps ce qu’il restait du toit joua avec les brumes persistantes avant d’accepter d’arrêter la partie de cache cache.

Elle observait, immobile sur le dos, cherchant un sens à tout cela. Et doucement, les images, les odeurs, les sons, se frayèrent un chemin. L’odeur de la vielle lavande sèche, un regard noir et tranchant qui fuse sous un chapeau aux larges bords, un coup de coude dans les côtes, des notes de musiques et des doigts qui claquent, ses pieds qui frappent le sol brûlant, le tintement pointu de son bracelet.

Petit à petit sa vie reprenait constance dans son esprit encore enfiévré.

Et soudain tout déboula à une vitesse folle, le chantage du vieux, sa fuite, la toux qui lui consumait tout l’intérieur, et enfin, Sergueï. Ses lèvres s’étirèrent douloureusement pour articuler son prénom, sans qu’aucun son n’en sorte. Elle persista pourtant, la bouche pleine du goût amer de l’écorce de saule blanc et d’un fond de bouillon. Et petit à petit une voix enrouée revenue d’outre tombe se fit entendre.


Sergueï ? T’es où, j’t’vois pas.


Son buste était comprimé, rendant sa respiration difficile, et son crane cognait plus encore qu’après la pire cuite imaginable. Elle baissa les yeux, et regarda un instant sa poitrine enserrée de bandages. Déjà qu’elle en avait peu, voila que le blond avait décidé de tout faire disparaître et la transformer en planche à pain. Elle allait grogner quand une tâche noire accrocha son attention.

Doucement elle tourna la tête. Une touffe brune d’où dépassait un minuscule bout de nez, et cinq petits doigts. Petits, c’était peu dire. Ridiculement petits aurait été plus approprié. Elle fronça les sourcils se demandant ce que pouvait bien être cette chose à coté d’elle, quand soudain son esprit émergeât et elle comprit.

Elle se redressa, les yeux exorbités avant d’être rejetée par la douleur sur la paillasse.


Sergueï !

C’est quoi ça ? J’t’avais dit qu’un jour une de tes conquêtes allait t’faire un p’tit dans l’dos ! Mais p’quoi l’est là ? A coté d’moi ? Foutre dieux, ça fait un mal de chien ! M’dis pas qu’j’suis encore tombée dans un ravin, c’fait trop mal. Mais c’truc la, ce…. Bébé…

Grimace de dégout

P’quoi t’fous ça à coté de moi ? S’tu crois qu’vais m’en occuper à la place d’sa mère, t’fourres l’doigt dans l’œil, mais ‘lors jusqu’au coude ! J’t’le dis moi ! Non mais ! Pis c’va nous ralentir ! On va pas rester dans ces montagnes, hein ! Trop casse gueule, r’garde encore dans quel état j’suis ! Trop d’crevasses dans c’trou !

Sergueï, l’est où la mère du bidule ! T’vas m’faire l’plaisir d'lui ramener son chiard hein ! Pfff, c’t’y pas possible d’écarter les cuisses et d’filer sans assumer ses responsabilités. Fallait m’écouter, tête d’pioche qu’t’es. J’savais qu’ça t’tomberait d’ssus un de ces quatre ! M’dis pas qu’t’veux l’garder ! Mortecouille Sergueï, t’vas pas l’garder hein!

Elle aurait bien pu continuer des heures et des heures, mais sa voix s’évanouit par le manque d’air, alors que l’indignation, elle, continuait à piquer ses joues de rouge.
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Bidule_embrun
[le Poussin et le lion (cherchez pas c'est pas une fable^^)]

*Il faut bien se rendre à l'évidence , je suis loin de maman à présent. Et cette main qui m'enserre et veut me coller ce linge sur le corps et me faire me tenir tranquille . Grrr mais c'est possible!
Alors j'essaie de me débattre , je vocifère : j'ai froid! J'ai faim !
D'ailleurs, j'ai beau tenter de pomper tout ce que je peux , ça passe plus! C'est que ce fichu lion que voici, m'a coupé mon seul et unique cordon. Un cordon tout neuf qui avait presque pas servi , vous imaginez? Encore heureux que je n'ai pas eu la troisième jambe comme papa, parce qu'il m'l'aurait coupée aussi .
J'ai faim, si faim et maman qui ne se réveille pas... Mais comment j'ai pu me mettre dans pareille galère moi, c'est pas possible, si seulement j'étais restée sagement là où papa m'avait mise!

Au tout début j'ai cru que c'était lui, oh oui j'y ai cru de toutes mes forces.
Il était là tout prêt , il m'a recueillie , m'a emmaillotée . J'ai vu dans ses yeux , qu'il était disons troublé si ce n'est ému. A ce moment-là, j'étais sûre que c'était lui. Vous savez le grand des tremblements de terre ! Mais quand je l'ai vu me couper mon cordon alors là j'ai compris. C'est pas mon papa, c'est un voleur d'enfant!
Alors j'ai crié , j'ai crié, j'ai appelé : MAMAAAAAANNNNNNN MAMAAANNNN ! J'ai pleuré, j'ai hurlé même à me rompre le cou.
Mais rien n'y a fait, elle n'a pas bougé...
Il a dû lui faire du mal, à ma maman, ma petite maman...
Si seulement l'Ours avait été là , mon papa, il nous aurait protégé lui... Mais il est parti il nous a abandonnées et à présent on est seules, et on nous a volées toutes les deux. Quand le lion nous a emmenées au début j'ai continué de m'égosiller, mais j'ai compris que ça ne servait à rien et puis surtout, j'avais sommeil, sommeil alors je me suis endormie...

A présent , je sais que je ne dois plus bouger de toute manière dans la prison de lin qu'il m'a faite je ne peux rien faire. Je ne comprends pas pourquoi il a serré autant , moi ce que je préfère c'est pédaler avec mes pieds , mais là y a pas moyen... Il m'a posée près de maman, au moins je peux la surveiller de là. Oh papa mon petit papa, si tu savais comme je m'en veux, j'ai échoué, tu m'avais pourtant demandé de plus laisser approcher quiconque de maman. Mais aussi y a pas idée de confier ça à un têtard. Ça se saurait si un têtard pouvait battre un lion! Un rat aurait pu lui filer un coup de main à la limite, et encore par intérêt, mais une salamandre!
Bon au moins contre maman , j'ai chaud , mais j'ai toujours aussi faim. C'est quand qu'on mange ? J'ai la dalle, j'ai les crocs, je vais finir par bouffer du lion moi si ça continue.
Oh maman bouge ... maman bouge, elle remue , elle se réveille! Bon surtout ne pas l'effrayer, je ne vais rien dire , je vais être bien sage et comme ça hop, elle rebranche mon cordon et le dîner est servi.
Elle parle au lion, elle connaît son nom. Pourquoi elle ne me parle pas à moi ? Mais qu'est-ce qu'elle dit , elle me reconnaît pas ou quoi?

Mamannn!!! MAAAAAAAAMAAAAAAAAAAAAnnn!!

Oh ben puisque c'est ça puisque personne s'occupe de moi, je vais crier un bon coup!*
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Serguei.novgorod, incarné par Axelle
[A fond de cale dans l’air silencieux
Oublier cette putain de pluie, la nuit est finie
Peut-être enfin demain nous appartient
Même si je n’suis rien, si j’suis personne, personne
Un grain de poussière dans la grisaille
Un parfum qui vient de quelque part
Où les portes ne sont pas closes…]*

Non, elles ne sont pas closes, les paupières féminines, du moins plus maintenant. Plusieurs jours à attendre, à s’occuper comme il pouvait de la piailleuse ; il avait même dû dénicher une biquette pour pouvoir nourrir la pisseuse, alors que sa mère, elle, demeurait livrée à son propre combat, intérieur, dont elle seule pouvait se sortir. Mais la pluie cessa, et la nuit finit ; victorieuse sur les abîmes dans lesquelles elle était plongée, Axelle revint parmi ses proches.


[Je suis d’ailleurs mais où est cet ailleurs ?
On me trouve parfois là-haut sous les toits
Il est des enfers, d’un monde meilleur
Tu l’retrouves parfois là-haut sous les toits
Son regard est sombre comme un ciel d’hiver, clair
Son regard est fou lorsque l’univers, clair, flamboie]**


Le sombre, il le connaît le Lion, il l’a vécu, il y a grandi, là-bas, au sein des terres gelées de son pays d’origine. Il les sait, ces gouffres obscurs où plongent parfois les gens, il les y entraîne, parfois, les y traîne, même. La violence, la mort, le sang, la douleur ; toutes des amantes qu’il a su dompter, qu’il a su créer, tant de fois. Son corps en porte les stigmates, d’ailleurs. Son ombre flirte souvent avec celle, fantomatique, du passeur funeste, dans un ballet sensuel ; danse macabre qui voit un tiers couché, et les deux ombres entamer une gigue irlandaise autour des bras en croix du défunt***. Mais pas là. Dans cette pièce-là, l’ombre sergueïenne a guetté l’arrivée de celle de sa partenaire habituelle, glaneuse de vies éteintes, avec appréhension, et formulons-le, angoisse. Fou, le regard perdu, posé sur elle, à ne savoir quoi faire ; elle a été plongée dans une nuit de ténèbres, et lui, dans un froid glacial, d’impuissance.


[Ton ailleurs est bien ici, sauf erreur
Tu te couches parfois au creux de mes bras
Et l'on oublie souvent le jour et l'heure
On se touche parfois du bout de nos doigts
Les nuits sans soleil, quel ange nous veille ?
Les nuits sans soleil, un singe nous veille, je veille
Le monde est comme toi, le monde est bleu
Comme toi, je veille
La nuit porte conseil et je sais le mal que l'on nous fait
Le mal que l'on nous fait parfois
Et mon humeur est sombre
Le monde est brun comme toi.]**


La nuit porte conseil, paraît-il… Mais elle n’a pour l’heure apporté que des doutes et des questions ; comment un assassin en vient-il à nourrir un chérubin ? Comment se fait-il qu’il n’ait pas abandonné un corps si proche du trépas ? La seule réponse possible est que c’était elle, et que, comme il l’avait tirée d’un fossé il y a de cela un temps certain, il était venu la tirer d’un autre guêpier, ces derniers jours. Mais c’était sa place, tout comme celle de la bestiole était auprès de lui ; ensemble, toujours, d’une façon ou d’une autre. Il en a passé des heures, allongé auprès d’elle, à caresser ses cheveux, à lui parler, à lui dire toutes ces choses qu’il n’a jamais osé lui dire ; à quel point elle compte, à quel point elle lui est précieuse, à quel point il a bien plus besoin d’elle qu’elle n’a nécessité ses interventions, et combien il est et sera là, pour la veiller. Et elle a ouvert les yeux, finalement, alors qu’il était assis de nouveau, contre le mur.

A l’appel de son nom, il redressa la tête, puis se leva, comme elle changeait de position. Surpris, médusé plutôt, il l’écouta lui adresser des remontrances injustifiées, puis s’approcha, apaisant. Inquiet un instant pour l’enfant, il la prit entre ses bras, et s’assit sur la couche, à côté de la brindille. Il prit la parole, d’une voix douce, pour la calmer :


- Calme toi, ma Fauvette. C’pas une crevasse qui t’a fait ça ; j’sais pas c’que c’est, ou qui c’est, mais c’pas ça l’important. C’te môme, c’pas la mienne, c’est la tienne. A toi, ta mioche. J’l’ai nourrie comme j’ai pu, et j’t’ai soignée, comme j’pouvais, mais j’t’assure que c’te gamine là, elle sort d’tes entrailles. Très franchement, à la soigner, ta môme, maintenant que j’ai retrouvé le sourire que tu sois en vie, j´préfère te dire… J´ai failli perdre mon sang froid****. J’te mens pas, t’sais qu’j’aime pas ça, et j’étais présent. T’sais qu’j’t’aime, hein ? T’sais que j’me souviendrai toujours d’nos moments… Le Bonheur, les soupirs, les chanson pour rire****... Ca m’reste en tête, ça m’étourdit, ça m’tourne la tête, et je ferais le tour du monde que ça ne tournerait pas plus que ça, la terre n'est pas assez folle pour m'étourdir autant que toi... Je sais bien, hein car c'est pour la vie qu'on s'aime et si y avait pas de vie, même, nous on s'aimerait quand même. Mais t’sais, j’voudrais bien, moi, traîner avec toi qui ne ressemble à personne****, m’tirer d’ici avec toi, mais c’pas possible. Ta vie, c’t’ici, et la mienne, là-bas. T’peux pas vouloir v’nir avec moi, Axelle. Pourquoi vouloir toujours plus beau, plus loin plus haut, et vouloir décrocher la lune quand on a les étoiles ? Quand les certitudes s'effondrent en quelques secondes ; sache que du berceau à la tombe, c'est dur pour tout l'monde. J’sais qu’t’as mal, j’sais qu’c’est dur, j’ai tout ça, mais t’laisses pas abattre, t’laisses pas tomber toi-même. Alors t’vas m’dire « Rester debout mais à quel prix ? Sacrifier son instinct et ses envies les plus essentielles ? » ; alors j’te répondrai qu’aujourd’hui, et avec elle, c’est l’premier jour du reste de ta vie.*****

Un regard à l’enfant, puis à sa mère :

- C’ton oisillon, ma Fauvette. Mais j’te la donnerai que si j’sais qu’tu lui f’ras pas d’mal.








*Etienne Daho, Des heures hindoues, légèrement modifiée
** Etienne Daho, Bleu comme toi, légèrement modifiée
***Allusion à une danse traditionnelle écossaise, dansée autour de deux épées en croix
**** Etienne Daho, Week end à Rome, légèrement modifiée
***** Etienne Daho, Le premier jour, légèrement modifiée


note de jd Axelle à jd Serg: à toi qui connais ma Daho fanitude, juste, merci, merci, merci
Axelle
[Il n'est pas de hasard,
Il est des rendez-vous,
Pas de coïncidence,
Allez vers son destin,
L'amour au creux des mains,
La démarche paisible.] (1)

Elle cligne des yeux la bestiole. Doucement son accès d’indignation s’estompe quand il se décide à prendre ses responsabilités et à prendre l’enfant qui est le sien. Oui, il lui parle, elle l’écoute, mais elle n’entend que ce qu’elle veut –ou ce qu’elle peut- esprit malade, incapable de comprendre que, si l’histoire se répète c’en est pourtant une nouvelle. Elle fronce les sourcils, les brumes s’accrochant encore à sa mémoire. La seule chose qu’elle comprend, c’est qu’il partira, sans elle, un jour. La voix se fit douce et calme pour lui répondre.

Puisqu'on ne vivra jamais tous les deux, puisqu'on est fous, puisqu'on est seuls, puisqu'ils sont si nombreux, même la morale parle pour eux, j´aimerais quand même te dire (2)…. Tu es l'ami intime, celui que j’appelle, dans mes soirs de déprime, quand l'espoir se fait la belle, tu es celui qui reste, quand l'ennui assassine… Tu es la bonne oreille, qui sais tout de ma vie, et quand j’ai sommeil, celui qui veille mes nuits (3). Pour toujours. Quoique je fasse, quoique tu fasses.

Elle le regarde, les yeux noirs et cernés lui bouffant la figure, gamine implorante.

Mais si je dis trop de conneries, je veux bien me taire, rien que pour te plaire (4). Cause qu’faut pas m'laisser traîner là, seule avec ces idées-là. J'suis pas si forte que tu crois oh non. Pas si forte que ça.. (5)

Se taire, il en est une qui ne semble pas savoir le faire. Et interloquée de sentir son cœur la piquer en entendant les pleurs de l’enfant, elle regarde le nouveau né, soudain curieuse, se prenant à vouloir le serrer contre elle et murmure, presque inaudible.

Fais la somme de toi et moi, et donne-moi le résultat, fais de nous 2 la preuve par 3 qu'on sème et qu'on s'aimera. Encore. (6)

Les paroles de Sergueï explosent soudain de sens dans son esprit qui sort enfin de sa torpeur. Tout se remet en place. Tout défile, à une vitesse vertigineuse. La colère feinte de Sergueï, son départ brutal, les mois, seule, terrée dans la masure, refusant de voir qui que ce soit, persuadée que la solitude est la seule compagne qui ne la reniera pas. Le froid piquant de l’hiver qui la pousse à se réchauffer dans la taverne de la ville encore inconnue, le défit lancé, cette histoire de viande à gagner contre la séduction d’un Ours. Lui. Felryn. Elle gémit doucement sous son ventre qui se noue. Des volutes, des corps qui se fondent, immatériels.

Je l'aime. C’est rien de le dire, à quoi ça va me servir si c'est pour souffrir et faire souffrir. Je sais, je sème pourtant le doute et le tourment. (7)


Et le dire pourtant, elle l’avait fait, et s’était sentie trahie. Si trahie qu’elle avait ravagé sa masure de fureur. Il avait pourtant suffit d’une porte ouverte à toute volée, et d’un col de fourrure sur lequel son nez ahuri avait buté, et la colère s’était aussi vite envolée, pour ne laisser qu’un fourmillement irrésistible au creux de son ventre. Ventre, qui leur avait servi de prétexte, pour un jeu pudiquement sensuel et savoureusement exaltant dont le dessert sur ses lèvres l’avait drogué, ouvrant en elle la brèche sans fond de l’addiction. Baiser exaltant de retenue et de réserve, prémices de découvertes insoupçonnées. Puis tout s’enchainait, vertigineux. Sa grossesse. Son cœur qui explose, quand elle découvre qu’il lui demande de lui passer la corde autour du cou en jouant au pendu. Sa trahison, « disparais », la patte en feu, leurs derniers mots à Lyon. Quatre jours.

Les yeux perdus se posent sur Serguei, puis sur l’enfant, pour revenir sur Serguei.


[Vivre l'enfer mourir au combat,
Veux-tu faire de moi ce que je ne suis pas
Je veux bien tenter l'effort de regarder en face
Mais le silence est mort et le tien me glace
Mon âme soeur cherche l'erreur
Plus mon sang se vide et plus tu as peur] (8 )

Demain, demain, ce sera mieux, je me dis, tout va changer, j'aimerais bien (9). Oh, Sergueï, s’tu savais c’que j’ai fait, j’ai tout cassé Serg, même lui j’crois. T’as raison de protéger l’enfant contre moi. C’t’un garçon ? Une fille ? Oh, foutre dieu, qu’est ce que j’ai fait ? J’ai dormi longtemps? Une lettre, j’ai reçu une lettre, dis moi oui, je t’en supplie, dis moi oui ! Comment moi, gringalette, j’ai pu faire tant de mal ? Oh, Sergueï, dis-moi que j’suis pas un monstre ! J’sais aimer hein, toi t’l’sais, hein, j’sais aimer.

[Seule et sans réponse
Ton absence
Me lacère] (10)

Ses yeux fous et pleins de larmes balayent la masure, quand soudain ils se figent sur la tâche rougeâtre sur la pierre. Son visage se décompose. Fébrile sa main, instinctivement cherche le pendentif à son cou. Il n’y était plus. Elle va pour poser la question au Lion, mais reste muette. Non, Sergueï n’aurait jamais pris le pendentif, jamais il ne se serait permis. Non, ça, cette chose, celle elle qui l’avait pris. Elle tremble quand les dernières brumes libèrent sa mémoire. Elle revoit, ici, le visage ravagé de folie et de cruauté, jouant à la lancer de murs en mur, sans qu’elle ne puisse rien faire. Sa puissance face à son impuissance. Elle n’avait rien pu faire, elle n’avait même pas eu le temps de comprendre que la douleur, déjà, la lacerait de toutes parts.

Ne dis rien ! Jamais ! A personne ! Ca le ferrai revenir ! Tais-toi. Pour eux, pour toi. Pour toujours. Oui.


Dans une grimace elle se releva brusquement. Tant pis pour la douleur des plaies mal refermées. Tout plutôt que de rester une seconde de plus dans cette masure. Elle regarda Sergueï, les yeux plantés au plus profond des siens, et la voix soudain dure et implacable trancha.


J'suis tombée dans une crevasse, t'entends, j'suis tombée dans une crevasse!


Elle mentait, elle savait que pas un instant il ne serait dupe, mais elle savait qu’il comprendrait, et accepterait.

Prenant appui sur la paillasse, sa voix retrouva de la douceur, mais les onyx à présent fuyaient le regard félin, il aurait lu trop de choses. Il la connaissait trop. Le protéger, protéger l’enfant, se protéger, plus rien d’autre importait.


J’ferai pas de mal à l’enfant, mais faut partir, maintenant, tout d’suite. S’t’m’aimes, m’pose pas questions, partons d’cette masure. S’t’plait. Il fut long le chemin, et les pièges nombreux, avant que l'on se trouve (1) et j’veux pas t’perdre, toi aussi, mon frère.


1 : Etienne Daho, Ouverture.
2 : Francis Cabrel, L’encre de tes yeux.
3 : Grégoire, L’ami intime, modifié.
4 : Mademoiselle K, Me Taire Te Plaire.
5 : Louis Bertignac Ces Idées-là, légèrement modifié.
6 : Zazie, La Preuve Par Trois.
7 : Zazie, Avant l’amour.
8 : Zazie, A ma place.
9 : Zazie, les lendemains qui déchantent.
10 : Archimède, A l’ombre et seul, légèrement modifié
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