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[RP] L'boulin des gronronneurs.

Axelle, incarné par Maric


Qu’est-ce qui la fit rire ?

Les bougonnements scandalisés de son frère ?
Voir à quelle rapidité il grimpait ?

Fière la Bestiole.
Fière de voir le caractère bien trempé qui ne s’en laissait pas raconter.
Fière de le découvrir si agile, leste et rapide. Bientôt, la force viendrait en renfort, et bien téméraire celui qui oserait alors le défier ou le mettre en colère.
Fière d’être sa sœur, simplement, même si bien sûr, jamais elle ne poserait de mots sur la bouffée chaude qui emplissait sa poitrine.

Dans le bruissement des feuilles, il vint s’asseoir là, à ses cotés, leur bonne humeur éclatant cristalline dans la tranquillité du soir. Elle tourna la tête et détailla le profil fin et mutin auréolé de mèches folles, et les derniers soubresauts du fou rire s’apaisant, le noya d’un sourire bienveillant.


Tricheuse, p’tet bien qu’t’as raison. Moi, j’dirai plutôt qu’j’ai appris à m’servir d’toutes mes armes pis à rester vigilante, t’jours, ou presque.

Et le presque était là, en cet instant précis, où perdant son regard sur les lumières qui dessinaient vaguement les contours de la cité, sa main se fraya un passage vers celle de son frangin, et la saisit avec une douceur bien insolite. Acquiesçant à ses mots, silencieuse, les pieds battant le vide et main dans la sienne, elle se gorgeait de cet instant, sereine.




Chloee



Qu’il fait bon être une sale bête à huit pattes quand personne n’est la pour me déranger, de mes huit yeux globuleux, j’regarde l’immobilité, et lentement, je l’orne de fil de soie jusqu’à en faire mon repaire attitré.
Chloee


Je me rencogne et me cache. Adieu les jours paisibles, leurs pas font trembler les murs, leurs gestes trop grands, trop brutaux détruisent mes fils de soie que j’ai tant peiné à tisser, me balançant vertigineusement d’une poutre à un coin de table. Ils détruisent tout, sans même s’en rendre compte, et je n’ai d’autre choix que de me camoufler dans un recoin sombre, mais la nuit venue, entêtée et pleine d’espoir que je suis, je brode à nouveau le vide, dentelière infatigable et méticuleuse.
Axelle
Ses pas, mécaniques, l’avaient ramenée au Boulin. Sa main se posa sur la poignée, avec une lenteur étrange, pas de cri, pas de pleurs, pas de paroles. Le voyage du retour avait été baigné d’irréalité, comme le froid du fer qui mordait la paume de sa main.

La porte s’ouvrit dans le grincement habituel fendant la nuit, à la fois rassurant et terrifiant. L’odeur de poussière mêlée à celle du pain lui sauta à la gorge, mais pourtant elle referma la porte sur elle tout aussi lentement, sans réfléchir, comme si plus rien ne pouvait l’atteindre. Elle poussa le verrou, geste que jamais elle n’avait fait, puis sans prendre le temps d’allumer la moindre chandelle, déposa le panier du Bidule sur la paillasse désertée de Maric. La gamine dormait paisiblement, rassasiée de purée de carotte peu avant et les langes propres.

Il faisait froid et son souffle laissait un petit halo de buée qui troublait sa vision déjà maigre. Attrapant une couverture soigneusement pliée par son frère, elle couvrit encore sa fille, s’assurant de son bien être d’un doigt glissé dans le petit cou bien chaud et doux.

Puis, sans un bruit, elle se dirigea vers la petite table sur laquelle elle avait coutume de gérer ses commandes de farine, et s’assit droite, les pieds sagement posés l’un contre l’autre, le regard fixé sur le mur invisible. Et elle resta là.

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Engherran
Le chevalier était silencieux. Seuls le bruits de ses pas l'accompagnait vers le boulin. La nouvelle n'était pas simple à annoncer et les relations entre la Fouine et le Loup n'étaient pas des meilleures et n'allaient donc sans doute rien arranger. Mais il ne pouvait pas se taire. Axelle devait savoir.

Il se porta jusqu'à la porte du Boulin et frappa. Il savait qu'elle était de retour et qu'elle était revenue seule. Peu de gens l'avaient vu et au fond de lui, malgré les tensions, il espérait qu'elle n'avait pas de gros soucis.

Seul le silence répondit à son appel. Il essaya une nouvelle fois, mais ce fut à nouveau le silence. Pourtant elle semblait bel et bien présente. Les rumeurs qui la prétendaient bien plus sombre qu'avant ne devaient pas être complètement fausses. Aussi n'insista-t-il pas. Il sortit donc le pli qu'il lui avait préparé et la déposa devant la porte du Boulin bien au sec.

Citation:
Chère Axelle,

Si tu lis ces lignes c'est que je n'ai pas pu te rencontrer en personne. Je voulais t'informer que j'ai déposé ton frère, le parrain de mon fils et le compagnon de ma fille chez les moines. Je ne sais comment il se porte réellement, mais il est très faible et j'ai craint pour sa santé.

Je sais que les frères sauront prendre soin de lui. J'espère que tu ne m'en voudras pas d'avoir pris cette décision sans t'en avertir, mais je tenais le mettre à l'abris de l'hiver et du froid.

Chou' est retournée à la tanière si jamais tu souhaitas la voir ou lui écrire. Prends soin de toi et des tiens.

Je t'embrasse (même si tu n'aimes pas ça).

Amitiés.

Le Loup


Avant de partir, il sortit de ses affaires le long couteau qu'il lui avait offert et qui du fait des circonstances était revenu vers lui. Il le déposa avec soin sur la lettre afin que celle-ci ne s'envole pas . Ainsi Axelle allait pouvoir récupérer son cadeau. Tout cela fait, le Chevalier reprit la route de sa demeure, après avoir jeté un dernier regard vers le Boulin avant de disparaître.
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Axelle
Depuis combien de temps était elle rentrée à Embrun ? Même si ses journées étaient réglées comme du papier à musique, elle n’en avait pas la moindre idée. Après être restée assise immobile, groggy, une vague d’agitation l’avait entrainée. Elle avait sorti tous ses sacs de grains et de farine, les vendant les un après les autres jusqu’au dernier. Puis elle avait rangé toutes les corbeilles à pains, entassant les bannetons de toutes formes de gestes mécaniques, sans réfléchir plus avant à ce quelle faisait. Du bois avait été coupé et amassé avec soin, assez pour tenir un long moment sans avoir à bucheronner. Et enfin, elle avait balayé, effaçant les derniers vestiges d’activité de ce boulin qui n’était plus qu’un vague abri, dénué de sens et dont les rouages ne tourneraient plus, laissant les lieux dans le silence le plus complet.

Ainsi s’étaient écoulés les premiers jours. Préparatifs d’une longue retraite sur elle même. Et puis il y avait eu la visite d’Engherran. Elle se souvenait seulement avoir laissé son vélin se tacher d’encre quand sa main s’était immobilisée, stoïque. Elle n’avait pas bronché, pas même relevé la tête, seul le grattement de la plume sur la page s’était tu. Et elle avait attendu, là, que les pas s’éloignent étouffés de neige. Longtemps après, comme pour s’assurer qu’il n’y aurait plus de retour possible, elle s’était levée, imperturbable, avait tiré les verrous et ouvert la porte. Lentement elle avait ramassé la lettre et le couteau gravé d’une fouine dans des entrelacs travaillés. Quand elle avait lu la lettre, si son visage n’avait pas reflété la moindre émotion, son poing, lui, s’était serré sur l’arme à s’en faire blanchir les articulations. Puis porte reverrouillée, elle avait minutieusement rangé la lettre et glissé la lame à sa ceinture, avant de reprendre son ouvrage, indifférente à l’encre qui fusait sur la page.

Et ce matin là, en se levant, aucune question ne vint à son esprit, cette journée sera semblable aux autres. Rituel inébranlable.

D’abord faire chauffer de l’eau et se frotter au crin, avec force, sans omettre le moindre recoin de sa peau, comme pour se débarrasser d’un gâchis collant. Puis, les soins donnés au Bidule, elle la couvrait avec soin et sortait panier sous le bras, marchant sans plus voir le paysage enneigé ni les branches ployant sous le givre, vers le monastère. Arrivée, elle longeait tête basse les couloirs anonymes dans le froissement de sa cape, jusqu'à la porte de la cellule de Maric. Elle frappait toujours à la porte, stupidement, sans jamais avoir de réponse, alors elle entrait, refermant la porte avec soin. Toujours, elle posait le Bidule au bout du lit de son frère, puis tirait la chaise massive et s’asseyait là, près de lui, de longues heures, muette, serrant sa main dans la sienne, les yeux dans le vague. Quand sa fille commençait à s’agiter, elle se levait, remontait et lissait les couvertures sur le corps immobile et malade de Maric, déposait un baiser long et chaud sur son front et repartait, l’allure impassible.

Langes propres, petit ventre plein, sa fille replongée dans le sommeil, elle grignotait un quignon de pain du bout des lèvres, le regard fixé sur la petite fenêtre, sans pourtant espérer y voir la moindre silhouette. Puis elle s’installait à sa table et noircirait des pages et des pages de calculs, des croquis, de notes, d’une écriture petite et régulière, jusque tard dans la nuit, ne soufflant sa chandelle que quand les lignes dansaient trop devant ses yeux.

Alors, elle se glissait contre le petit corps chaud de l’enfant endormi sur la paillasse, et plongeait dans un sommeil que rien n’agitait plus, ni rêves, ni cauchemars.

Ainsi avait été hier, ainsi était aujourd’hui, ainsi serait demain.

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Axelle
Il faisait presque nuit, les vélins s’entassaient sur un coin de sa table en une pile à présent trop haute pour rester droite. Peut importait, tout était noté dans sa tête, l’écriture ne servait que d’exutoire pour ne pas penser. Certains détails avaient même été écrits deux, trois fois, se confondant avec des esquisses de visages barbus, son visage. Tout était inutile, sauf, peut être la première page où été noté :

« La Ruche. Village Artisanal. Qu’que part où il fait chaud et qu’j’pourrai bouffer des pèches et renifler la lavande. L’reste, j’m’en tape, j’saurai faire. »

Le visage de Fel, lui, était ancré dans ses prunelles.

Le vent sifflait au travers des volets clos, faisant légèrement vaciller la flamme de la chandelle dégoulinante. Le Bidule roupillait, bienheureuse et insouciante emmitouflée dans son panier.

En plein milieu d’un énième croquis, la main de la Bestiole s’immobilisa soudain et son regard se redressa, vivant, enfin. D’un geste brusque elle se leva, tranchant le silence lourd qui régnait dans les lieux depuis des semaines dans le basculement de la chaise qui s’écrasa au sol sans pour autant attirer l’attention de la Bestiole qui n’entendit pas même le Bidule râler dans son sommeil.

Poing serré à l’extrême sur son bout de fusain, elle se planta face au mur blanchi à la chaux et d’un geste plein de hargne, l’écriture rapide, hachée elle le couvrit d’un simple mot, criant.

« DISPARAIS »


Le chaos de ses pensées se déversa comme un torrent démentiel en traçant les quelques bâtons qui formaient ces lettres appuyées et rageuses. Le fusain ne put que céder sous la force de son geste.

« Disparais ». Dans son esprit, plus aucun doute, ces longues journées de torpeur n’avaient servi qu’à une seule chose. Faire émerger la certitude que c’est bien là la seule chose que Fel ait vraiment désiré d’elle. Qu’elle disparaisse. Trop encombrante. Trop dérangeante dans sa vie d’ours solitaire. Elle regarda le mot qui grondait, réduisant le fusain en poudre dans son poing serré qu’elle envoya à toute volée dans un craquement sourd contre le mur, y laissant la trace ensanglantée de sa peau éclatée mêlée au noir charbonneux. Elle n’eut même pas mal sous les os qui se brisèrent. Les os se ressouderaient, eux.

La voix rauque, le front appuyé sur le mur souillé, elle murmura.


J’vais t’offrir c’qu’t’ veux, j’vais disparaître.


Elle resta ainsi un long moment, une larme, une seule, glissant sur sa joue, mais si lourde d’amertume qu’elle aurait pu briser le plancher en s’y éclatant dans un petit bruit sec. Elle resta si longtemps que c’est le jour naissant qui lui fit remonter le nez. Lentement, elle se redressa, insensible à sa main bleuie en gonflée et étrangement elle nota dans un coin de sa tête : « passer chez un rebouteur », puis avec un naturel résigné, enfourna dans sa besace, quelques vêtements, quelques vivres, son bracelet et une petite vierge de bois sculpté. Avec lenteur, elle retira son alliance, la passa au seul ruban qu’elle possédait, noir, et le noua autour de son cou en grimaçant sous ses doigts gourds. Aucune importance.

Les lourds verrous une dernière fois furent ouverts, pour ne plus jamais être refermés, besace sur une épaule, panier du Bidule coincé sur la hanche.

Sa mule pour une fois fut docile quand elle la chargea, comme si la bête comprenait que le moment n’était pas à la gaudriole. Elle prit les rênes d’une main et lança simplement, comme si le Bidule pouvait comprendre :


On s’en va.

Et la marche régulière, le regard rivé sur le chemin, elle partit. Son mariage était brisé, son frère mourant sans qu’elle n'ait plus d’espoir, mais pourtant une étincelle de vie s’accrochait farouchement à elle, sous le dessin d’un arcane de tarot au fond de sa poche.

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