Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Retrouvailles épistolaires, et autre...

Bason
C'était à la lisière d'une forêt dont il avait oublié le nom. Il faisait nuit. Le ciel dégagé de tout nuage laissait apparaître clairement les étoiles scintillantes et la pleine lune sur la voûte céleste, et dont les rayons étaient la seule source de lumière dans l'obscurité. Il faisait froid et il avait neigé. En cette saison, la nuit tombait rapidement, et la température tombait vite sans les lointains rayons de l'astre solaire. Et il courait. Le moyen le plus efficace de se réchauffer, malgré le risque de glisser à cause d'une plaque de verglas qui se serait formé sur la route. Son objectif ne se trouvait plus très loin, quelques enjambées supplémentaires et il serait à l'abri du froid et de la faim. Et de la soif.

Posant la main sur la poignée de la porte, il la poussa et entra dans le bâtiment accompagnée par un souffle de vent glacé, le parfum de la mort. Les clients de l'auberge tournèrent la tête vers l'apparition quasi fantomatique. Tout de blanc vêtu, son capuchon n'inspirait pas confiance. Était-ce un brigand ? Un voleur ? Ou bien un assassin ? Et pourtant, rien de tout cela. Abaissant son couvre-chef l'homme bomba fièrement le torse, posant ses poings fermés sur ses hanches, et s'adressa d'une voix forte à la clientèle.


BONSOIR ! Je suis Bason ! AH-AH !

Il n'eut comme réponse qu'un vague « La porte, abruti ! » venant du fond de la salle, mais cela n'avait pas l'air de perturber ledit Bason plus que ça. Refermant la porte au froid du dehors, il se dirigea vers le comptoir du tavernier et commanda de quoi manger et boire. S'asseyant à une table, l'aubergiste lui apporta sa commande quelques minutes plus tard et au passage il lui demanda :

Vous v'nez pas du coin vous hein ? 'Vec vos vêtements étranges et vot' nom... Vous servez l'Eglise ou kekchoz comme ça ?

Bason lui répondit en souriant en coin :

Pas l'Eglise non... A vrai dire, je suis ici purement par hasard... Il y a quelques semaines un curé m'a retrouvé complètement nu au bord d'une route à quelques lieues d'ici. Il m'a récupéré, m'a donné ces vêtements et quelques écus.

Le patron soupira à l'écoute de cette histoire quasi-classique, puis demanda à son client :

Et qu'est-ce que vous faisiez dans l'coin ? Vous êtes marchand ?

Le sourire en coin de l'homme disparu alors aussi rapidement qu'il était venu :

A vrai dire je n'en sais rien, c'est assez difficile à expliquer... Vous auriez de quoi écrire et un pigeon ? J'ai un message à envoyer...

L'aubergiste acquiesça et apporta un parchemin et une plume pour écrire.




Ma chère Margot,

j'espère que tu recevras ce message, même si j'ignore si tu y répondras. De tous mes amis de Joinville tu es la seule que j'ai réussi à retrouver facilement. De l'eau a coulé sous les ponts, et tu dois te demander pourquoi j'ai subitement quitté le village et abandonné tout ce que je possédais du jour au lendemain. La vérité est que j'en sais autant que toi sur ce qui m'est arrivé ces cinq dernière années. Je me suis réveillé il y a quelques semaines avec un saint homme à mon chevet, non loin de Montmirail. Il m'a expliqué qu'il m'a retrouvé nu au bord de la route et, voyant que je respirais encore, m'a recueillit et m'a emmené dans son église. Moi qui me suis couché pour la dernière fois une nuit de 1455, je me suis réveillé un matin de 1460. J'ignore tout de ce qu'il s'est produit durant ce laps de temps, mais le curé m'a dit que la clé de ma guérison se trouve quelque part dans les méandres de mon esprit, et que retrouver des personnes familières pouvait accélérer le processus.

Je comprendrais que tu ne veuilles pas m'aider après si longtemps, ou même que tu ne veuilles pas croire à cette histoire de fou contée par un fou. Mais saches que je n'aurais jamais abandonné Joinville et mes amis sur un coup de tête, peu importe la raison qui m'a poussé à entreprendre cette folie. C'était sûrement nécessaire... Enfin, je l'espère.

En espérant avoir bientôt de tes nouvelles.

Affectueusement,
Bason


Roulant le morceau de parchemin, il sortit pour laisser prendre son envol au message, et loua une chambre à l'aubergiste pour la nuit, espérant bientôt recevoir une réponse de son amie... Non sans souhaiter la bonne soirée aux autres clients, à SA manière.

BONSOIR ! C'était Bason ! AH-AH !
Miss.
[ Dijon, Bourgogne ]

Une brune assise dans son fauteuil, nombreux tissus sur les genoux, en train de coudre et un jeune garçon non loin, venu l'aider à construire une armoire.

- Je n'comprends vraiment pas comment vous faites pour passer autant d'temps là d'ssus m'dame ! Surtout qu'vous avez l'air d'vous faire plus de mal qu'aut'chose !
- Ca m'occupe. Et puis tu exagères, je ne me pique pas tout le temps !


Léger grognement de la part d'une Miss contrariée. Elle avait certes les doigts abîmés depuis qu'elle s'était remise à la couture, mais n'aimait pas trop qu'on le remarque. La jeune femme soupira en regardant le bout de ses doigts et regarda le jeune garçon.

- Tu penses avoir terminé dans longtemps ?
- Non m'dame j'ai bientôt fini !
- Parfait, il faut que j'aille au marché, j'ai des achats à faire. Et par pitié appelle-moi Miss..
- J'viens avec vous m'da .. euh .. Miss! J'vais vous aider !
- C'est adorable Flavien, mais je ne t'ai demandé de l'aide que pour cette maudite armoire ..
- Non, ça m'fait plaisir, puis je n'vous laisse pas l'choix.


La brune sourit. Pour sûr que ce jeune homme était serviable et courageux pour son âge. Elle se sentait si seule dans cette fromagerie qu'elle faisait appel au jeune homme pour un oui ou pour un non, lui était content car la donzelle le payait bien, et la d'Euphor ravie de pouvoir bavarder avec quelqu'un.

- Je ne manquerai pas de vanter tes mérites auprès de ton père, Flavien.

Les tissus furent balancés sur le fauteuil où était installée la brune quelques minutes plus tôt.
Elle s'enroula dans son châle en laine, pris sa besace et sortit accompagné de Flavien.
La fromagerie étant en plein centre-ville, les deux jeunes gens n'eurent que quelques pas à faire pour se retrouver sur la place du marché.
Les commerçants étaient en forme, faisant tout un tas d'éloges sur les produits qu'ils vendaient, d'un sourire, la brune les saluait en passant, à la recherche d'un laitier … Puis éventuellement d'un tisserand, après .. Ben oui, ce n'était pas une femme pour rien.


Alors qu'elle déambulait à travers la place, un jeune garçon lui fonça dans les jambes tête baissée. Un « Oh » de surprise s'échappa d'abord de la bouche de la Bourguignonne, s'inquiétant pour le gamin ayant le nez dans ses jupons.
La petite tête blonde releva le museau, et, regarda la donzelle avec un sourire jusqu'aux oreilles.


- M'dame Margot ! J'savais que je pouvais vous trouver ici !
On m'a demandé de vous apporter ceci.


Le petit replaça correctement sa toque sur sa tête et donna une missive à la brune, tout fier.
Miss pris alors le parchemin et glissa quelques écus dans la dextre du gamin avant qu'il ne file aussi rapidement qu'il était arrivé …


Sous le regard curieux de Flavien, elle pris connaissance de la lettre. Lettre qui la laissa bouche bée sur le moment.
Elle pensa d'abord qu'il était impossible que son acolyte de toujours soit de retour .. Pas après tant de temps … et pourtant … « Montmirail, pas loin de Montmirail. »


- Flavien, on rentre, tu vas seller mon cheval pendant que je prépare quelques affaires !
- Rien d'grave j'espère ?
- Non, que du bon Flavien, que du bon ! Je pars pour Montmirail ! On m'y attend !


Voilà ce qu'il lui fallait à la Bourguignonne, voyager ! Partir et oublier la routine quelque temps.
La brune trottinait déjà sur le chemin de la fromagerie, nerveuse et excitée de la nouvelle. Jupon en main pour ne pas qu'ils traînent par terre – et surtout pour ne pas marcher dessus -.
Une fois devant chez elle, elle poussa brusquement la porte en bois, s'installa sur son petit bureau et sortit son nécessaire d'écriture pour répondre à son fol ami.




Bason, mon Bason …

Est-ce vraiment toi ? Suis-je en train de rêver comme souvent je l'ai fait de te revoir ? J'ose espérer que non !
Je suis à Dijon mon ami, pas bien loin de Joinville, souviens toi …
J'espère que tu vas bien, depuis toutes ces années …
Tu ne vas pas bouger Bason, j'arrive. Je prends la route pour Montmirail dès que cette missive sera accrochée à un pigeon. Je viens te chercher, je te ramène chez toi Bason, en Bourgogne.

Angélyque va être si contente de te revoir … Elle est Duchesse tu sais ?
Bon, je t'expliquerai tout ce que tu as manqué de vive voix !

Je t'embrasse,







Quelques gouttes de violette à la fin comme à son habitude.
La lettre fut rapidement roulée et attachée à la patte d'un pigeon alors qu'elle se jeta dans sa chambre et vida tout un tas de vêtements dans ses malles. Une fois celles-ci bouclées, Miss les traîna dehors et chercha Flavien du regard.


- Flavien ?
- J'suis là m'da ... Miss ! Vot' ch'val est prêt !


Miss lui sourit et lui donna une bourse pleine d'écus.

- Merci pour tout. On se revoit bientôt Flavien !
- Soyez prudente !


La Bourguignonne accrocha ses malles à son destrier, le chevaucha et pris la route direction le Maine ...
_________________
Bason
Quelques jours plus tard Bason était rentré de son périple pour retrouver l'adresse de son amie, et après une dure journée de labeur à la mine pour gagner sa croûte, se rendait chez lui pour vérifier si la belle Bourguignonne n'avait pas répondu à son message. Chaque soir il sortait en courant de la mine, parfois même en oubliant son salaire, en espérant que cette fois-ci le messager à plume serait là, à l'attendre docilement. Et à chaque fois il était déçu. Rien, le néant le plus total. Cette absence de réponse était à l'image de cette absence de souvenir responsable de son malheur. Et comme chaque soir depuis le départ du pigeon, il allait à la taverne se saouler pour ne plus y penser, dire a des inconnus qu'il les aimait, chanter des chansons paillardes à tue-tête jusqu'à pas d'heure et finalement se faire raccompagner par la garde jusqu'à son humble logis... Bref, il essayait de passer une bonne soirée, en somme. A chaque fois qu'il entrait dans la taverne et s'asseyait à une table -après avoir salué d'une voix claire et forte les autres clients de la taverne-, il changeait radicalement d'attitude et faisait la gueule. Généralement le patron arrivait et lui demandait :

- Bin dis-donc vous tirez une de ces tête ! Qu'est-ce qui vous arrive ?


Et ce à quoi Bason répondait comme à son habitude, en fondant en larmes comme un petit enfant qui s'est écorché le genou :

- Elle m'aime pluuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuus !

Et chaque matin il se réveillait avec la gueule de bois, espérant recevoir une autre bonne nouvelle que les 15% de réduction sur le porc à la Boucherie Sanzo. Car malgré tout, il croyait en son amie comme il l'avait toujours fait auparavant. Mais ce sentiment était-il réciproque ?

Quelques minutes plus tard, un hurlement retentit dans tout le village. Bason courait en direction de la taverne en poussant des cris de joie et en gueulant « Elle arrive ! Elle arrive » et que des curieux sortaient la tête de chez eux, croyant qu'un fou prêchait pour la énième fois la fin du monde. Entrant dans l'auberge, il posa fièrement ses poings sur les hanches en bombant le torse pour déclamer son :


- BONSOIR ! Je suis Bason ! AH-AH !

Puis son :

- Tavernier ! A boire !

Il s'assit. Le patron arriva peu de temps après et en lui tendant sa choppe, lui demanda :

- C'est vous qui hurliez comme un sourd dans la rue ? J'crois qu'j'vous préférais déprimé en fin de compte...


- Non mais vous comprenez pas : elle m'a répondu ! Elle sera bientôt là ! Tout va changer j'vous dis !

Le Bourguignon lui montra alors la lettre parfumée envoyée par son amie. Il l'avait lu au moins une dizaine de fois avant de se rendre compte qu'il n'était plus seul et qu'apparemment disparaître sans laisser de trace pendant plusieurs années pouvait laisser une amitié intacte, voir plus forte que jamais.

- Moi j'dis, si elle est jolie vous avez un coup à tenter ! Héhé !

Il laissa alors Bason avec sa bière, méditant sur cette phrase pleine de sens. Et si c'était ce qu'il s'était passé ? Un explication complètement capilotractée lui traversa alors l'esprit.

"Sainte Mère de... Je me suis enfuis de Joinville car je lui ai fais un enfant et que je refusais de le reconnaître, suite à quoi elle a commencé à me pourchasser dans tout le pays. Et comme un idiot je me suis jeté dans les griffes de la veuve noire ! Elle va me buter c'est sur ! Ou pire, me passer la bague au doigt !"

Des frissons d'effroi lui parcoururent l'échine. Il secoua la tête pour chasser cette idée tordue de ses pensées, bu cul-sec sa boisson et commanda un autre breuvage. Ce soir, il était heureux... Mais il avait quand même besoin d'une bonne cuite.
Miss.
[ Quelque part entre Dijon et Montmirail ]

Voilà maintenant des heures que Miss avait pris la route, la nuit tombait et le froid commençait à se faire sentir.
Son destrier semblait épuisé, il faut dire qu'elle ne lui avait pas laissé une seconde de répit depuis le départ de Dijon. Une pause était malheureusement indispensable.
La brune descendit de sa monture pour se dégourdir les jambes et s'approcha d'un étang qui n'était pas loin de la route, laissant la bête y plonger le nez. Pendant ce temps la Bourguignonne scrutait les alentours, apercevant au loin de la lumière, une auberge.
Caressant d'une main la jument la brune murmura :


- Nous passerons la nuit ici.

C'est d'un pas décidé que la donzelle s'approcha du lieu éclairé et donna des coups dans la grande porte, en attente d'une réponse.
Des bruits sourds résonnaient, ainsi que des bruits de sabots s'approchant de la porte. Une vieille femme passa la tête dehors et s'adressa à Miss.


- B'soir, qu'est-ce que j'peux pour vous ?
- Bonsoir, je voyage et j'aimerais savoir s'il vous reste une chambre pour la nuit ?
- Vous êtes ?
- Margot d'Euphor, mais on m'appelle Miss.


La vieille femme rentra de nouveau la tête chez elle et se mit à crier :

- Edmmmond, prépare la troisième chambre on a une nouvelle pour c'soir.

La vieille femme ouvrit la porte et invita Miss à rentrer. Rassurée de ne pas avoir un nom à coucher dehors, Miss s'approcha.

- Mon mari va s'occuper d'mettre vot' ch'val à l'abri.

La brune hocha la tête et pris connaissance des lieux. L'endroit était accueillant, une cheminée était allumée dans un coin de la pièce et de grands escaliers semblaient se rendre aux chambres. Margot enleva doucement sa cape et son châle qu'elle posa sur le dos d'une chaise haute, face au comptoir. Elle ne cachait pas l'épée qu'elle possédait ni même la dague accrochée à sa ceinture. Dissuadant ainsi qui que ce soit de s'approcher de trop près.

- Qu'est-ce que j'vous sers ? Demanda la vieille en passant derrière son comptoir.
- Du pain et du potage sera parfait, je vous remercie.


Et de sourire à la dame qui malgré son air renfermé avait l'air serviable. L'odeur qui se dégageait lui mettait l'eau à la bouche et l'écuelle ne mit pas longtemps à arriver. Elle remercia la femme d'un hochement de tête et avala la soupe en quelques minutes, zieutant en même temps, curieuse, les autres tables autour.
Toutes sortes de personnes y étaient installées. Ils étaient plus ou moins bien habillés, pas tous souriant, souvent en petit groupe de trois ou quatre. Certains regardaient curieusement la brune aussi, sans doute se demandaient-ils ce qu'une femme seule faisait ici, au milieu de nulle part.


Une fois le ventre plein, la Bourguignonne se leva et déposa une bourse pleine d'écus devant la femme.

- Je partirai tôt demain matin, c'est pour la nuit et le souper.
- Bien, votre chambre c'est la troisième porte à gauche.


Miss hocha la tête, ramassa ses affaires et se dirigea vers les escaliers, suivant les instructions de l'aubergiste pour rejoindre le lieu qu'elle avait réservé.
Une petite chambre où se trouve un lit et un petit bureau. Modeste mais agréable.
Sans plus attendre, elle s'installa sur le tabouret en face du bureau, sortit de quoi écrire et rédigea une lettre à Kay, connaissance du Berry avec qui elle s'était liée d'amitié.




Ma Kay,

Ca y est, je suis partie de Dijon. Il était temps, tu vas me dire.
Je dois rejoindre un ami dans le Maine, un vieux pote que j'avais perdu de vue pendant des années .. Je passe donc tout près de la Touraine, y es-tu encore, toi et les autres ?
C'est que vous m'manquez, ça me ferait plaisir de vous y retrouver un peu. Avec tout ce qui s'est passé ces derniers temps, je crois que ça me fera le plus grand bien, et puis, je dois t'avouer qu'à Dijon, les soirées picoles non rien à voir avec celles qu'on s'est tapées en Berry !
J'en souris rien que d'y penser.

Bon, sur ce je vais aller me coucher, je reprends la route tôt demain matin, je compte mettre le moins de temps possible pour arriver.

Tiens moi au courant,

Ta Copine de Picole.



PS : Bisou.



Quelques gouttes de violettes en bas de la lettre, et sur le pigeon, aussi. Elle aimait bien la brune que rien qu'à sentir le messager à plume arriver on sache que c'est elle !

Une fois le tout ranger et la porte fermée à double tour, Miss se déshabilla, se jeta dans le lit qui se mit à grincer et souffla sur le cierge.
Le lendemain une longue journée de route l'attendait.

_________________
Kayhan
[Tours, une nuit d'hiver, entre deux parties de chasse en battue sauvage]

L'Enece Morticinus, dicte la Crève Charogne, donc.
La brunette y repense parfois.
De bons moments passés au sein d'une armée composée... d'un peu de tout on va dire.
Elle y avait rencontré pas mal de gens biens, et avait adoré.
Alors oui, les gens bien, au sein de l'Enece, c'était spécial.
Ça collait pas forcément aux standards...

Miss faisait partie du lot.
Inconnue pour la brunette jusqu'alors, rapidement elle était devenue pour elle LA copine de picole.
De fait les deux brunes, jusqu'à point d'heure, se mettaient régulièrement de solides bitures en Berry sous Régence.

Depuis, chacune avait pris un chemin différent.

Miss semblait au regard de leurs échanges épistolaires être retournée en Bourgogne.

Kay elle, en était à sa seconde Compagnie Franche.
Elle en avait eu marre de changer de patrons tous les deux mois maximum, alternant guerres et pillages.
Écorcheur, c'est voir défiler les paysages et les employeurs entre deux périodes de roue libre sur les noeuds.
Plusieurs années à ce régime ont eu raison d'une bonne part de sa sociabilité.

L'Enece, puis les Corbeaux et enfin le Coeur Navré lui ont fait redécouvrir un peu les plaisirs qu'il peut y avoir à croiser des têtes récurrentes dans le paysage.
Dont celle de Miss, par exemple, qu'elle avait trouvé à manquer dès son retour à Bourges pour à nouveau rejoindre les rangs de l'Enece.
La Miss était plus là.
Envolée, la copine de picole...

Et voici qu'elle reçoit une nouvelle lettre de sa part, qui sent la violette à vingt lieues comme de coutume, l'informant de ce qu'elle ferait un saut sous peu par Touraine.
Aussitôt, la Tourangeau-Lodévoise prend sa plume pour lui répondre, un franc sourire lui barrant la figure :




Chère Miss,

Bonjorn !

Oui je suis et nous sommes tous revenus en villes de Touraine.
Ceux appartenant au Cœur Navré se regrouperont pour quelques temps en capitale, histoire de...
Ben picoler déjà, hein. On a pas mal de choses à fêter, faut dire, de mon côté.
Du tien aussi, je suppose !
Mais enfin des soirées à picoler, sans ma copine de picole, c'est un peu comme une tisane sans calva : fadasse.

Viens Miss.
Fais halte à Tours dès que tu le peux.
Viens, pis rejoins le Cœur Navré avec à sa tête le Croque Mitaine chauve et manchot qui nous a recrutées en son temps.

Tu verras ici, point d'ennui.
Point de buveurs d'herbes noyées de flotte.
Point de bêtes à écailles et à sang froid dans la cavalerie du Cœur pour se dire vertueux en cachant un comportement de simple crevard.
Ici, on s'assume et on sert la Touraine, tant que Touraine veut de nous.
Enfile tes cuirs, empoigne ta ferraille et un cheval, et viens cueillir les fleurs rustiques poussant aux frontières.

Fais signe quand tu arrives.
Les soirées du Berry Libre me manquent.
Les étuves de Jacques Cœur itou.
A Tours, point de thermes encore, mais beaucoup de choses sont à faire.

A te voir bientôt autour d'un godet, donc,

Adishatz !

Kay


Et la petite brune de faire filer le pigeon pour qu'il retourne à sa maîtresse, sans s'être départie encore de son sourire.
_________________
Bason
En italique la narration du récit, en gras la narration normale


Bref. Je devais rencontrer le conseiller du comte pour obtenir une parcelle de terre à cultiver pour pas cher. J'ai mis la bure que je mets pour aller à la mine, aller à la taverne et les entretiens importants. Je suis allé à la Sénéchaussée et j'ai hurlé :

- BON-SOIR ! Je suis Bason ! Ah ah !

Ils m'ont regardés bizarrement et ont appelés la garde. C'étaient les deux gardes qui me raccompagnaient régulièrement jusqu'à chez moi quand j'avais trop bu en taverne. Ils m'ont traînés sur le sol jusqu'à la sortie J'ai essayé de leur expliquer que j'avais rendez-vous avec le comte.

- Non mais sérieusement, je suis sobre ! J'ai rendez-vous avec le conseiller du c-ATTENTION UNE FLAQUE DE BOUE !

Ils se sont arrêtés. Je les ai regardés. Ils m'ont regardés. Je les ai regardés. Ils m'ont regardés. J'ai regardé vers le bâtiments dont nous venions de sortir. Je leur ai demandé s'ils allaient me laisser voir le conseiller du comte ou non. Ils se sont regardés. Ils m'ont traîné dans la boue. Le conseiller du comte est arrivé en demandant qu'est-ce que c'était ce cirque.

- Non mais c'est quoi ce cirque ? On vous entend depuis l'autre bout du duché !

Les gardes ont expliqués que j'étais un alcoolique notoire probablement fou qui hurlait son nom à chaque fois qu'il entrait dans une pièce, et que je prétendais avoir rendez-vous avec lui. Il m'a regardé. Je l'ai regardé. Il a regardé les gardes. Les gardes m'ont regardés.

- Quel est votre nom, sieur... ?

Les gardes ont essayés de me retenir, mais dans une accès de force surhumaine je me suis levé, bombant fièrement le torse, les poings sur les hanches, et j'ai répondu :

BON-SOIR ! Je suis Bason ! Ah ah ! Vous m'avez sans doute déjà entendu !

Il m'a regardé bizarrement, puis il s'est souvenu de moi.

- Ah... Vous. Suivez-moi, je vous emmène dans la salle d'attente.


Je l'ai suivi. Il m'a emmené dans une pièce principalement meublée de chaises. Je me suis assis. Avec moi, il y avait un homme qui parlait avec ses index, un chauve qui semblait déjà bien alcoolisé et qui dormait à moitié. On m'a appelé, je suis entré dans le bureau du conseiller. Il m'a dit de m'asseoir. Je me suis assis. Il m'a demandé quel type de culture je voulais exploiter. J'y vais bien réfléchit, et j'avais décidé de prendre un potager, car les gens aiment la soupe de légumes. Il m'a demandé si j'étais sûr. Je l'étais.

- Bon très bien, vous êtes désormais l'heureux acquéreur de ce magnifique... Potager... Mais faites attention, c'est assez difficile à vendre. Et maintenant sortez, je crois que ce n'est pas dans la boue que les gardes vous ont traînés...

Quand je suis sortis du bureau, les deux gardes étaient en train de maîtriser l'homme aux index, qui voulait tuer l'ivrogne pour venger la mort de la chèvre de son index gauche. Pendant ce temps, l'ivrogne était en train de s'étouffer dans son propre vomi. Moi j'étais couvert de boue, je n'avais plus un seul écu et j'avais un potager invendable dont il fallait que je me débarrasse. Bref, j'ai rencontré le conseiller du comte.

L'aubergiste regarda Bason en haussant les sourcils et en soupirant, lui donnant au passage sa commande pour repartir ensuite en cuisine. Après avoir lavé ses vêtements et par miracle s'était à peu près débarrassé de l'odeur, il s'est tout de suite rendu en taverne pour trouver une solution pour vendre son potager nouvellement acquis. Buvant d'une traite le contenu de sa choppe, l'idée lui vint aussi rapidement que l'alcool se propageait dans son corps. Une sorte de spectacle. Pour récolter des fonds pour une œuvre quelconque. Dans le cas présent, la sienne. Et ça s'appellerait... Le... Le...

- BASONETHON !
Miss.
[ Sur les routes, Chinon, puis Montmirail, enfin ! ]



La brune avait repris la route aussitôt le parchemin de sa Kay reçu. Depuis que le temps qu'elle devait aller les retrouver, ses ami(e)s de l'Enece …
C'est tout excitée qu'elle traversa les petits villages tourangeaux, ne prenant même pas la peine de faire de halte autre que de très rapide pause-pipi.

C'est après trois autres longs jours qu'elle arriva enfin à Chinon. Miss était descendu de son cheval et s'était précipité dans la première taverne en vue, et, pas manqué, déjà les trois amies de la Bourguignonne était autour d'une chope : Kay, Furette et Estainoise.
Grand moment d'émotion, la brune avait embrassé ses trois amies sans cacher sa joie. Elles étaient toutes ivres environ trente minutes plus tard, copine de picole qu'on vous a dit.

Ce dimanche passé à Chinon fit un bien fou à la donzelle, ragots à volonté, boisson et repos, un peu quand même.
Elle avait posé des questions sur cette nouvelle compagnie du Coeur Navré. J'y vais ti, j'y vais ti pas …. La brune s'était renseignée auprès des membres et du monstre Falco.
C'est sans donner de réponse qu'elle avait repris la route, voulant d'abord en toucher un mot avec son amie Angélyque, qui était toujours de bons conseils.

C'est donc la banane jusqu'aux oreilles et ayant encore un peu le hoquet que Margot retrouva les sentiers boueux le dimanche soir.
Elle avait déjà traîné à Chinon, il lui fallait rattraper le retard pour être à l'heure chez son ami qui devait l'attendre avec impatience.
C'est souvent au galop qu'elle traversait les diverses contrées, jour et nuit, parvenant avec difficulté à penser à autre chose que le froid qui semblait endormir tous ces membres, oubliant la fatigue qui commençait à lui peser doucement.

C'est les cheveux en bataille, nez rouge et cernée que la brune arriva à Montmirail.
Soupir de soulagement, la brune confia sa jument à un homme placé devant la taverne municipale, le remerciant en lui donnant une poignée d'écus.

Miss se laissa tomber dans le fauteuil, épuisée. La ville semblait calme, vide, ennuyeuse. Ses yeux se fermèrent doucement jusqu'à ce que le grincement de la porte la fit sursauter. Curieuse, elle se retourna et ouvrit de grands yeux, surprise.
C'était lui. Elle en était certaine mais il était devenu si mince .. Lui qui se portait peut être un peu trop bien il y a cinq ans …. C'est pourtant sans réfléchir plus loin que la brune quitta ses coussins d'un bond et alla sauter dans les bras de Bason. Bras autour du coup, ils tombèrent tous deux à la renverse, riant une fois par terre.

- Bason !!! Ca fait si longtemps …. Tu m'as manqué !

Et de l'étouffer sous un tas de bisous sonore et parfois baveux.
Les jours qui allaient suivre étaient prometteurs.

_________________
Bason
Lorsqu'on se réveille un matin dans un lieu inconnu avec un inconnu à son chevet, cinq ans après s'être couché, le tout accompagné d'une migraine terrible qui nous fait justement regretter que nous nous soyons réveillé, quelle est notre première réaction ? On hausse les épaules, on se dit qu'on rêve probablement et qu'en nous réveillant tout redeviendra normal. Puis, on tombe dans les pommes. En nous réveillant plus tard dans le même cadre et dans les mêmes conditions, le doute commence à s'installer. Des vandales auraient -ils transformés dans la nuit son atelier et sa forge en église ? Afin d'être sûr, Bason avait appelé l'homme qui veillait à son chevet lors de son premier réveil, et il lui demanda s'il était décorateur d'intérieur et si c'était le cas, s'il était possible d'utiliser de rajouter de tentures, car la pierre c'était classe, mais que ça rendait pas l'endroit très chaleureux. L'homme d'église, le regarda bizarrement puis éclata de rire, mais voyant que le convalescent était tout à fait sérieux, lui demanda d'un air grave, avec un accent du sud, s'il pouvait lui raconter la dernière chose dont il se souvenait.

- Et bien... Je rentrais chez moi après avoir passé la soirée en taverne avec des amis. Il faisait assez lourd, cette nuit là, mais il y avait un petit vent rafraîchissant qui rendrait supportable n'importe quelle nuit d'été... Mais pourquoi il fait aussi froid ? Il neige à Joinville ? En août ? Et puis si vous êtes pas décorateur d'intérieur et que ce n'est pas chez moi... Je suis OU ?!

Le saint homme lui posa la main sur l'épaule, en lui disant qu'il allait devoir être fort, et que ce n'était malheureusement pas une mauvaise blague. Et c'est ainsi qu'en quelques instants une vie, et un esprit (déjà fragile avant cela) peuvent être brisés. Enfin, jusqu'à ce jour.

Allant à la taverne comme tous les soirs pour décompresser après le travail, mais surtout car il n'y avait pas grand chose d'autre à faire à Montmirail. Ouvrant la porte et se préparer à lancer son fameux « BON-SOIR ! Je suis Bason ! Ah ah ! », il s'arrêta net, surpris de voir que son amie de toujours était déjà arrivée. Même si un grand nombre de ses souvenirs s'étaient envolés, ou étaient vagues dans le meilleur des cas, jamais Bason n'aurait pu oublier cette démarche, cette voix, ce parfum... Et les moments qu'il avait passé en sa compagnie. C'est pourquoi les retrouvailles des deux compères furent sans aucun doute la meilleure chose qui était arrivé au Bourguignon depuis bien longtemps.

Ils restèrent deux jours à Montmirail. Deux jours durant lesquels les deux amis retrouvèrent leurs délires d'antan, si bien que de son côté le jeune homme se sentait revivre. Les nuits étaient particulièrement comiques, puisqu'ils dormaient dans le même lit malgré ses protestations, qui cessèrent immédiatement quand la jeune femme enfila sa chemise de nuit. Car même amnésique, il n'en restait pas moins homme ! Ce dont Miss se rendit compte, lorsqu'elle lui demanda s'il gardait un saucisson dans ses braies (la seule chose qu'il gardait la nuit, en fait). C'est ainsi qu'il du lui répondre d'un air gêné :


- Héhéhéhéhé... Heeeeem... Non non, c'est pas un saucisson...

La destination des deux voyageurs se rapprochait davantage de jour en jour. Bason était toujours aussi plein de questions, mais il était au moins certain qu'il ne quittera plus jamais ses amis sans les prévenir... Et qu'il ne quitterait plus jamais Margot. Il avait besoin d'elle pour recouvrer ses souvenirs perdu dans les profondeurs insondables de sa mémoire. Le père Verti (l'homme qui l'avait soigné) lui avait promis de lui envoyer un pigeon s'il apprenait des choses sur son passé. Mais pour le moment, il devait se concentrer sur son avenir, sa vie future vie à Dijon, ayant déjà questionné de long, en large et en travers son amie à propos de cette ville. Mais tant que c'était plus vivant que Montmirail... Le reste, il s'en fichait un peu.
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)