Bason
C'était à la lisière d'une forêt dont il avait oublié le nom. Il faisait nuit. Le ciel dégagé de tout nuage laissait apparaître clairement les étoiles scintillantes et la pleine lune sur la voûte céleste, et dont les rayons étaient la seule source de lumière dans l'obscurité. Il faisait froid et il avait neigé. En cette saison, la nuit tombait rapidement, et la température tombait vite sans les lointains rayons de l'astre solaire. Et il courait. Le moyen le plus efficace de se réchauffer, malgré le risque de glisser à cause d'une plaque de verglas qui se serait formé sur la route. Son objectif ne se trouvait plus très loin, quelques enjambées supplémentaires et il serait à l'abri du froid et de la faim. Et de la soif.
Posant la main sur la poignée de la porte, il la poussa et entra dans le bâtiment accompagnée par un souffle de vent glacé, le parfum de la mort. Les clients de l'auberge tournèrent la tête vers l'apparition quasi fantomatique. Tout de blanc vêtu, son capuchon n'inspirait pas confiance. Était-ce un brigand ? Un voleur ? Ou bien un assassin ? Et pourtant, rien de tout cela. Abaissant son couvre-chef l'homme bomba fièrement le torse, posant ses poings fermés sur ses hanches, et s'adressa d'une voix forte à la clientèle.
BONSOIR ! Je suis Bason ! AH-AH !
Il n'eut comme réponse qu'un vague « La porte, abruti ! » venant du fond de la salle, mais cela n'avait pas l'air de perturber ledit Bason plus que ça. Refermant la porte au froid du dehors, il se dirigea vers le comptoir du tavernier et commanda de quoi manger et boire. S'asseyant à une table, l'aubergiste lui apporta sa commande quelques minutes plus tard et au passage il lui demanda :
Vous v'nez pas du coin vous hein ? 'Vec vos vêtements étranges et vot' nom... Vous servez l'Eglise ou kekchoz comme ça ?
Bason lui répondit en souriant en coin :
Pas l'Eglise non... A vrai dire, je suis ici purement par hasard... Il y a quelques semaines un curé m'a retrouvé complètement nu au bord d'une route à quelques lieues d'ici. Il m'a récupéré, m'a donné ces vêtements et quelques écus.
Le patron soupira à l'écoute de cette histoire quasi-classique, puis demanda à son client :
Et qu'est-ce que vous faisiez dans l'coin ? Vous êtes marchand ?
Le sourire en coin de l'homme disparu alors aussi rapidement qu'il était venu :
A vrai dire je n'en sais rien, c'est assez difficile à expliquer... Vous auriez de quoi écrire et un pigeon ? J'ai un message à envoyer...
L'aubergiste acquiesça et apporta un parchemin et une plume pour écrire.
Ma chère Margot,
j'espère que tu recevras ce message, même si j'ignore si tu y répondras. De tous mes amis de Joinville tu es la seule que j'ai réussi à retrouver facilement. De l'eau a coulé sous les ponts, et tu dois te demander pourquoi j'ai subitement quitté le village et abandonné tout ce que je possédais du jour au lendemain. La vérité est que j'en sais autant que toi sur ce qui m'est arrivé ces cinq dernière années. Je me suis réveillé il y a quelques semaines avec un saint homme à mon chevet, non loin de Montmirail. Il m'a expliqué qu'il m'a retrouvé nu au bord de la route et, voyant que je respirais encore, m'a recueillit et m'a emmené dans son église. Moi qui me suis couché pour la dernière fois une nuit de 1455, je me suis réveillé un matin de 1460. J'ignore tout de ce qu'il s'est produit durant ce laps de temps, mais le curé m'a dit que la clé de ma guérison se trouve quelque part dans les méandres de mon esprit, et que retrouver des personnes familières pouvait accélérer le processus.
Je comprendrais que tu ne veuilles pas m'aider après si longtemps, ou même que tu ne veuilles pas croire à cette histoire de fou contée par un fou. Mais saches que je n'aurais jamais abandonné Joinville et mes amis sur un coup de tête, peu importe la raison qui m'a poussé à entreprendre cette folie. C'était sûrement nécessaire... Enfin, je l'espère.
En espérant avoir bientôt de tes nouvelles.
Affectueusement,
Bason
Roulant le morceau de parchemin, il sortit pour laisser prendre son envol au message, et loua une chambre à l'aubergiste pour la nuit, espérant bientôt recevoir une réponse de son amie... Non sans souhaiter la bonne soirée aux autres clients, à SA manière.
BONSOIR ! C'était Bason ! AH-AH !
Posant la main sur la poignée de la porte, il la poussa et entra dans le bâtiment accompagnée par un souffle de vent glacé, le parfum de la mort. Les clients de l'auberge tournèrent la tête vers l'apparition quasi fantomatique. Tout de blanc vêtu, son capuchon n'inspirait pas confiance. Était-ce un brigand ? Un voleur ? Ou bien un assassin ? Et pourtant, rien de tout cela. Abaissant son couvre-chef l'homme bomba fièrement le torse, posant ses poings fermés sur ses hanches, et s'adressa d'une voix forte à la clientèle.
BONSOIR ! Je suis Bason ! AH-AH !
Il n'eut comme réponse qu'un vague « La porte, abruti ! » venant du fond de la salle, mais cela n'avait pas l'air de perturber ledit Bason plus que ça. Refermant la porte au froid du dehors, il se dirigea vers le comptoir du tavernier et commanda de quoi manger et boire. S'asseyant à une table, l'aubergiste lui apporta sa commande quelques minutes plus tard et au passage il lui demanda :
Vous v'nez pas du coin vous hein ? 'Vec vos vêtements étranges et vot' nom... Vous servez l'Eglise ou kekchoz comme ça ?
Bason lui répondit en souriant en coin :
Pas l'Eglise non... A vrai dire, je suis ici purement par hasard... Il y a quelques semaines un curé m'a retrouvé complètement nu au bord d'une route à quelques lieues d'ici. Il m'a récupéré, m'a donné ces vêtements et quelques écus.
Le patron soupira à l'écoute de cette histoire quasi-classique, puis demanda à son client :
Et qu'est-ce que vous faisiez dans l'coin ? Vous êtes marchand ?
Le sourire en coin de l'homme disparu alors aussi rapidement qu'il était venu :
A vrai dire je n'en sais rien, c'est assez difficile à expliquer... Vous auriez de quoi écrire et un pigeon ? J'ai un message à envoyer...
L'aubergiste acquiesça et apporta un parchemin et une plume pour écrire.
Ma chère Margot,
j'espère que tu recevras ce message, même si j'ignore si tu y répondras. De tous mes amis de Joinville tu es la seule que j'ai réussi à retrouver facilement. De l'eau a coulé sous les ponts, et tu dois te demander pourquoi j'ai subitement quitté le village et abandonné tout ce que je possédais du jour au lendemain. La vérité est que j'en sais autant que toi sur ce qui m'est arrivé ces cinq dernière années. Je me suis réveillé il y a quelques semaines avec un saint homme à mon chevet, non loin de Montmirail. Il m'a expliqué qu'il m'a retrouvé nu au bord de la route et, voyant que je respirais encore, m'a recueillit et m'a emmené dans son église. Moi qui me suis couché pour la dernière fois une nuit de 1455, je me suis réveillé un matin de 1460. J'ignore tout de ce qu'il s'est produit durant ce laps de temps, mais le curé m'a dit que la clé de ma guérison se trouve quelque part dans les méandres de mon esprit, et que retrouver des personnes familières pouvait accélérer le processus.
Je comprendrais que tu ne veuilles pas m'aider après si longtemps, ou même que tu ne veuilles pas croire à cette histoire de fou contée par un fou. Mais saches que je n'aurais jamais abandonné Joinville et mes amis sur un coup de tête, peu importe la raison qui m'a poussé à entreprendre cette folie. C'était sûrement nécessaire... Enfin, je l'espère.
En espérant avoir bientôt de tes nouvelles.
Affectueusement,
Bason
Roulant le morceau de parchemin, il sortit pour laisser prendre son envol au message, et loua une chambre à l'aubergiste pour la nuit, espérant bientôt recevoir une réponse de son amie... Non sans souhaiter la bonne soirée aux autres clients, à SA manière.
BONSOIR ! C'était Bason ! AH-AH !