A l'attention de mes chers, voire exorbitants, dirigeants,
Je suis Kev de Glasgow, Seigneur de Serley, premier bourgmestre d'Eauze, et ancien conseiller de notre comté.
Alors que dans ma chaumière régnait quelque bonne humeur à l'occasion de la Noël, j'eus le grand déplaisir de voir à nouveau passer le questeur, pour une nouvelle taxe, une de plus. Il portait couleur de notre cité, et déclamait haut la parole de notre cher bourgmestre.
Je ne m'attarderais pas sur la fâcheuse habitude qu'à ce maire, ou même les maires récents, de cette cité à demander en pleurnichant le paiement de telle ou telle taxe : c'est pas de ma faute ma bonne dame, on me pressure, ayez pitié de moi... Ressaisissez vous et assumez, vous avez choisi pour assumer le frais de lever une taxe, sachez le faire avec courage.
Ce qui vous vaut cette missive, c'est l'apparente incapacité de nos dirigeants à estimer ce que leurs concitoyens peuvent assumer.
Personnellement, je me dois de payer une somme comprise entre 80 et 100 écus, ce que je ne peux faire, ne disposant pas de cette somme.
A l'heure actuelle, je ne dispose pour toute fortune pécuniaire que de 32 écus, et je laisserais volontiers toute personne pouvant en douter vérifier mes livres de comptes et mes caisses...
Pour tout revenu, je travaille moi-même deux champs de maïs, et ne dispose pas de fonds suffisant pour acheter les matières premières pour faire fonctionner ma boucherie.
Que me rapportent ces champs? Je produits en 9 jours 38 sacs, dont 2 me servent à semer à nouveau. En 9 jours, j'en utilise 27 pour me nourrir, ce qui m'en laisse 9 libre à la vente, l'équivalent de 1 par jour. Soit une rentrée d'argent de 2.50 écus par jour.
Pour payer cette taxe, je me dois donc de verser le revenu de plus d'un mois de travail de mes champs, à compter que je n'ai aucune dépense par ailleurs.
Or, mes chers dirigeants, oublieriez-vous qu'un étudiant paie prix d'or ses études? Je travaille seul, pour que mes dépenses soient plus faibles dans ce domaine. Mais je dépense tout de même 5 écus à chaque fois que je souhaite pousser la porte de l'université...
Par ailleurs, la taxe régulière de la cité, dont la dernière remonte à moins d'un mois si je ne me trompe et qui me concernant avoisinait les 45 écus.
Ma bourse est vide, je ne peux payer votre taxe, je ne la paierais pas, qu'importent les conséquences, vous-même en êtes la cause.
J'avoues avoir depuis plusieurs mois, comme nombre de mes amis qui sont loin d'être les premiers pécores venus, l'envie de fuir ce pays qui fut jadis prospère et accueillant, et semble désormais voué à ne rester que ruines et désolation. C'est là un carton de plus qui est fait dans ma demeure...
Je me tiendrais à votre disposition pour vous répondre quelques heures aujourd'hui et les jours à venir sur cette gargote, prêt à discourir ou à débattre avec vous si cela vous sied.
Avec la marque de mon profond respect,
Kev de Glasgow,
Seigneur de Serley.