« Elle était parfaite Alice. »
La gamine albinos lui rendit grand sourire. Elle était fière ! Ça, elle était fière, hein ! Sa maman, elle l'avait félicité par sa révérence. Elle avait pas passé des heures à s'entraîner dans les salles du Louvre pour rien, hein. Maintenant, c'est comme si elle était un peu plus grande. Elle savait presque faire des révérences comme les grands, alors c'est comme si elle avait grandit un peu plus, hein ? Elle se retint quand même un peu de sauter de joie quand Eilinn lui dit qu'elle était parfaite. Ça se faisait pas de sauter de joie. Si elle voulait faire plaisir à sa maman, fallait pas qu'elle se laisse aller à ça. Mais le sourire, ça, elle n'avait pu l'empêcher.
Alors qu'elle retenait les muscles de ses jambes de se contractait pour sauter sur sa jeune mère, la porte derrière s'ouvrit, laissant passer une grande dame avec des cheveux noirs et avec un ventre bien rond. Peut-être qu'elle mangeait trop ? En tout cas, elle la connaissait pas, elle. Qu'importe, c'était quelqu'un qui arrivait, Aliénor avait fait une révérence, alors elle aussi elle devait en faire une, nan ? Avec moins d'hésitation, elle la fit donc. Elle jeta ensuite un coup dil à l'adolescente aux yeux d'azurs pour qu'elle lui en dise plus. Elle l'appela juste Typhanie, mais Aliénor avait dit que ça devait être la vassale de sa mère. Sa vassale ? La gamine savait même pas que sa maman en avait fait venir une. Elle connaissait même pas les vassales qu'elle avait, d'ailleurs. Mais par contre, Eilinn, elle présentait d'abord sa dame de compagnie. Comme personne la regardait, elle fit pas la lippe boudeuse qu'elle aurait pu arborer en pareil manquement à l'étiquette, mais c'était quand même trop. Et quand la vicomtesse d'Avize vint vers elle, elle posa une main sur l'épaule de la fillette et la rapprocha un peu d'elle.
« Par contre, je crois que c'est la première fois que tu rencontres ma fille adoptive, Alice. Je l'ai recueilli l'hiver dernier sur le perron de ma porte, avant de la faire devenir pupille de la Reyne Béatritz. J'ai finalement repris sa tutelle par la suite... Elle était en sécurité dans le sud de la France, mais je l'ai faite venir ici. »
Et la gamine de se gonfler d'orgueil. D'abord, elle s'était mise derrière elle pour la présenter ! Et en plus, elle l'avait prise contre elle ! Et pis elle avait bien plus détaillé que pour Aliénor. Bon, elle voulait la pardonner, alors. S'était sa fille quand même, fallait bien qu'elle soit un peu clémente envers sa maman. Bon, et puis la vassale, elle lui répondait quand même. Bon, et il fallait quand même dire quelque chose en retour. Mais qu'est-ce qu'elle pouvait répondre à ça ? Elle avait jamais vraiment vu le Limousin, en plus ! Mais Eilinn, elle l'avait présenté comme pupille. Alors fallait qu'elle se comporte un peu comme tel. Euh... Qu'est-ce qu'elle pouvait dire ?
« Oui ! Je suis sûre que c'est très jolie ! finit-elle par énoncer avec un sourire. »
Mais déjà maman, elle reprenait place derrière son bureau. Il y eût un grand silence. L'albinos se demanda si elle devait pas dire quelque chose. Mais au Louvre, on lui avait dit que, parfois, faut laisser un peu de temps aux gens pour qu'ils puissent parler. Alors, elle resta juste debout devant le bureau à regarder sa maman en attendant qu'elle parle.
Et puis la nouvelle vint. Ça fit quand même l'effet d'un point dans le ventre à la petite, qui eut le souffle coupé pendant quelques instants. Hein ? Sa maman allait se marier ? Mais... Nan ! Ça se pouvait pas ! C'était sa maman à elle ! Il pouvait pas y avoir un papa qui venait se mettre avec elles ! Ça voudrait dire qu'elle aurait plus sa maman pour elle, et ça se pouvait pas, ça ! D'autant plus que le papa, il allait être simplet ! Elle savait pas bien ce que ça voulait dire, mais vu comment Eilinn, elle l'avait dit, c'était sûrement pas quelque chose de bien. Donc nan, ça pouvait juste pas se faire !
Ou alors... Ou alors, ça voulait dire qu'Eilinn allait l'abandonner, comme l'avait fait sa dernière maman. Elle lui avait dit qu'elle l'avait adoptée pour qu'elle puisse être Pupille de la Reyne, alors maintenant qu'elle pouvait plus être pupille, Eilinn elle pouvait plus la supporter ? En plus, tout le monde il disait qu'avec ses yeux et sa peau, elle était l'enfant du Sans-Nom. Peut-être que finalement quelqu'un il avait convaincu Eilinn que c'était vrai. Et elle avait décidé de l'éloigner juste pour mettre la malédiction loin. Nan, ça se pouvait pas !
Les yeux emplis de larme, voilà la petite albinos qui fait le tour du bureau d'un pas alarmé, puis, tirant de ses mains sur la jupe de la robe de sa mère, dit d'une voix tremblante :
« Ça... Ça veut dire que tu veux plus être maman ? »
_________________