Onze heures au clocher, et l'attente se poursuivait. Longue, angoissante, incertaine. Adossé au tronc d'arbre Marcello scrutait le silence et se perdait en questions sans réponse.
C'est vrai, Myléna était forte, en parfaite santé. Mais de son passé de soldat Marcello savait que la violence de la douleur pouvait parfois mettre à terre même le plus redoutable des guerriers. Que se passait-il rééllement de l'autre côté de ces murs? Hermine trouvait-elle que tout se passait pour le mieux? Et Mylèna, était-elle seulement encore consciente? Bien sûr, sa place à lui n'était pas de l'autre côté de cette maudite porte. Mais Dieu qu'il aurait aimé pouvoir souffrir à sa place!
Et alors le cri qu'il attendait finit par jaillir. Rien de surprenant en somme, accoucher ne s'est jamais fait en silence.
Oui tout était logique....tout sauf que ce cri là était bien plus fort que les autres.
D'un bond Marcello se releva.
Tous ces silences. Et ses cris qui peu à peu montaient en puissance, pour s'éteindre brusquement comme si un mauvais génie avait empêché le son de sortir de ce lieu. C'était long. Trop long. Quelque chose n'était pas normal. Et ça Marcello le sentait.
Et lui était là, dehors, impuissant aux souffrances qui torturaient celle qu'il aimait bien plus que sa propre vie. C'est auprés d'elle qu'il devait se trouver.
Silence à nouveau. Cette fois le soldat s'avança vers la porte, approcha la main de la poignée, et retint son geste au dernier moment.
Non. Il ne fallait pas qu'il entre. Aprés tout que pourrait-il pour elle dans l'état de nerf où il se trouvait, à part peut-être ajouter son angoisse à la sienne?
Alors Marcello recula, lentement, les yeux rivés sur le battant de bois derrière lequel à nouveau plus un bruit ne filtrait. Et finalement fit volte face, et se dirigea vers le seul
lieu qui pouvait encore lui procurer sinon la paix, du moins un infime rempart aux images et aux souvenirs qu'il n'aurait jamais voulu revoir ressurgir...
Ce n'est qu'une bonne demi heure plus tard que Marcello revint, constatant vaguement au passage que Feuille et Mael avaient finalement désertés les abords de l'officine.
De l'intérieur ne filtrait plus à présent que la voix à peine audible d'Hermine qui, puisqu'en toute logique elle ne se parlait sûrement pas à elle même, signifiait au moins que Myléna n'avait pas perdu conscience. Alors, laissant passer un profond soupir, le soldat prit place sur une souche d'arbre, baissa le regard fixant le sol sans vraiment le voir, et à nouveau, attendit...
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