Eulaly_de_baylaucq
Non je n'inonderai pas la halle de toutes les promenades, ballades, marches, randonnées et expéditions que fait Eulaly, seule ou en bonne compagnie, mais celle-ci est suffisamment intéressante -enfin je pense, car comme vous, je n'en connais pas la suite- pour qu'on la développe ici.
Afin de garantir le suspense, je tairai pour le moment le nom de celui qui vient d'offrir un bras fort galant à la jeune damoiselle mais les tournaisiens avec un peu de bouteille sauront bien qui il est avant la fin de ce texte.
Pour les autres, il faut simplement savoir qu'il a bien le double de son âge, une solide réputation de coureur de jupons et un charme tout particulier qui se ferait se pâmer nombre de femmes... celles qui ne le connaissaient pas trop tout au moins.
Il faut aussi savoir que lorsqu'ils sortent ensemble, ce soir-là, tels un couple de tourtereaux qu'ils ne sont pas au demeurant, il fait déjà nuit depuis plusieurs heures, que le ciel d'hiver, dégagé, leur offre une lune, pleine, presque rousse qui joue dans leurs prunelles et sur leurs peaux leur donnant de jolis reflets nacrés.
Romantique à souhait.
Si c'est à ce moment que vous vous dites "Oulà !" en vous rongeant les ongles d'inquiétude pour la vertu de la petite, elle, ne s'en fait pas du tout à ce sujet.
Il lui a promis qu'il ne tenterait rien. Et, sans pouvoir expliquer pourquoi, elle lui fait une confiance absolue.
C'est étrange d'ailleurs parce qu'en quelques soirées qu'elle le connaissait, il lui avait dit qu'il lui faudrait apprendre à ne pas l'écouter, lui avait demandé de se mettre nue, s'était mis presque nu lui-même, avait profité de sa naïveté pour lui faire avaler des couleuvres et l'avait saoûlée.
Mais le fait était qu'elle se sentait bien, sereine à son bras. Nul silence pesant, nul malaise, nulle ambiguïté, juste le son tranquille de leurs pas sur les pavés encore trempés de neige fondue, brune d'une boue sale, seul détail, peut-être, à faire tâche dans ce tableau idyllique.
Ils parlaient de tout et de rien, souriant, riant même parfois.
Pour sûr, il gagnait à être connu.
Mais si les bons mots et les gentilles piques allaient bon train, une question, terriblement indiscrète, taraudait la gamine. Elle hésita beaucoup à la poser et peut-être, sûrement d'ailleurs, allait-elle gâcher cet agréable moment. Toutes les recommandations de sa marraine concernant sa curiosité malsaine, sa manière trop directe de dire les choses au risque de blesser ses interlocuteurs, lui revinrent en mémoire.
Il lui en voudrait peut-être. Elle se lançait quand même. Incorrigible.
Pourquoi avez-vous laissé dame Mélusine si longtemps seule ?
Sans vraiment avoir jamais pu approfondir leur relation, Eulaly avait déjà rencontré la médicastre et elle n'ignorait pas que cette dernière et l'homme à son bras avaient eu une relation privilégiée, de celles qui conduisent souvent devant l'autel d'une église pour se faire des promesses éternelles.
Elle avait aussi constaté l'immense tristesse sur le visage blême de la douce, sage, intelligente brune qui se désespérait de revoir un jour celui qui l'avait laissée pour un interminable voyage au pays du brocciu.
Vous ne l'aimez donc plus ?
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Afin de garantir le suspense, je tairai pour le moment le nom de celui qui vient d'offrir un bras fort galant à la jeune damoiselle mais les tournaisiens avec un peu de bouteille sauront bien qui il est avant la fin de ce texte.
Pour les autres, il faut simplement savoir qu'il a bien le double de son âge, une solide réputation de coureur de jupons et un charme tout particulier qui se ferait se pâmer nombre de femmes... celles qui ne le connaissaient pas trop tout au moins.
Il faut aussi savoir que lorsqu'ils sortent ensemble, ce soir-là, tels un couple de tourtereaux qu'ils ne sont pas au demeurant, il fait déjà nuit depuis plusieurs heures, que le ciel d'hiver, dégagé, leur offre une lune, pleine, presque rousse qui joue dans leurs prunelles et sur leurs peaux leur donnant de jolis reflets nacrés.
Romantique à souhait.
Si c'est à ce moment que vous vous dites "Oulà !" en vous rongeant les ongles d'inquiétude pour la vertu de la petite, elle, ne s'en fait pas du tout à ce sujet.
Il lui a promis qu'il ne tenterait rien. Et, sans pouvoir expliquer pourquoi, elle lui fait une confiance absolue.
C'est étrange d'ailleurs parce qu'en quelques soirées qu'elle le connaissait, il lui avait dit qu'il lui faudrait apprendre à ne pas l'écouter, lui avait demandé de se mettre nue, s'était mis presque nu lui-même, avait profité de sa naïveté pour lui faire avaler des couleuvres et l'avait saoûlée.
Mais le fait était qu'elle se sentait bien, sereine à son bras. Nul silence pesant, nul malaise, nulle ambiguïté, juste le son tranquille de leurs pas sur les pavés encore trempés de neige fondue, brune d'une boue sale, seul détail, peut-être, à faire tâche dans ce tableau idyllique.
Ils parlaient de tout et de rien, souriant, riant même parfois.
Pour sûr, il gagnait à être connu.
Mais si les bons mots et les gentilles piques allaient bon train, une question, terriblement indiscrète, taraudait la gamine. Elle hésita beaucoup à la poser et peut-être, sûrement d'ailleurs, allait-elle gâcher cet agréable moment. Toutes les recommandations de sa marraine concernant sa curiosité malsaine, sa manière trop directe de dire les choses au risque de blesser ses interlocuteurs, lui revinrent en mémoire.
Il lui en voudrait peut-être. Elle se lançait quand même. Incorrigible.
Pourquoi avez-vous laissé dame Mélusine si longtemps seule ?
Sans vraiment avoir jamais pu approfondir leur relation, Eulaly avait déjà rencontré la médicastre et elle n'ignorait pas que cette dernière et l'homme à son bras avaient eu une relation privilégiée, de celles qui conduisent souvent devant l'autel d'une église pour se faire des promesses éternelles.
Elle avait aussi constaté l'immense tristesse sur le visage blême de la douce, sage, intelligente brune qui se désespérait de revoir un jour celui qui l'avait laissée pour un interminable voyage au pays du brocciu.
Vous ne l'aimez donc plus ?
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