Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, 4   >   >>

[RP ouvert] Saurèla

Mhayri
La jeune fille avait levé la main par réflexe pour protéger son visage, avant de réaliser que la faiblesse du vieil homme ne représentait aucun danger, ou presque. Juste après la frayeur de le voir se réveiller d'un bond comme un mort revenant à la vie, elle fut inondée de soulagement : il était vivant ! Mais si faible...

Elle prit sa voix la plus douce, retira de ses épaules l'étole élimée de coton pour la poser sur les épaules du vieux tout en l’exhortant à se redresser.


"Je ne vous veux aucun mal, messer.
Vous êtes en vie, mais vous ne le resterez pas bien longtemps si vous restez ainsi au dehors. Venez donc avec moi, messer, je vais vous emmener au chaud et vous servir un peu de soupe au pain."


Avec fermeté mais sans brutalité, elle s'affairait à le remettre d'aplomb tout en l'encourageant de ses paroles rassurantes.
_________________
--Asemar


Non, non filheta...

Joignant le geste à la parole, il retira l'étole tout juste déposée sur ses épaules.

Garde toi au chaud! Mes os sont solides, je ne crains plus le froid. Mais toi...

Il promena un regard aimable sur elle. Elle était jeune et belle. Sa blondeur et ses traits fins lui donnait un air angélique. Il fut rassuré de voir que même réveillé, elle avait tout d'une apparition divine.
Il lui sourit, étirant ses lèvres sur une dentition fort mal achalandée, se faisant, son visage se plissa jusqu'au front.


Toi, tu n'as pas l'âge de tomber malade!
Allez, aide un vielhet à se relever.


Il lui tendit le bras et une fois fait, s'épousseta du plat de la main.

Je ne veux pas demander la charité à une si gentille filheta. Je ne pourrais rien t'offrir pour cette soupe tu le sais?
Mhayri
La Saurèla se mit à rire joyeusement.

"Si vous acceptez de manger ma pauvre soupe au pain avec moi, alors vous m'offrez déjà bien plus que vous ne le pensez, messer.

Allons, mettons-nous en route. Ma maison n'est pas bien loin, juste au pied de l'Eglise."


Cette fois, la blonde était bien décidée à ce que le vieil homme la suive. D'aucun auraient pu objecter qu'une femme seule sous le même toit qu'un homme était d'une indécence sans nom. A ceux-là, Mhayri aurait répondu crânement qu'il ne représentait absolument aucun danger pour sa précieuse virginité, et que son honneur serait bien plus sauf d'avoir sauvé une vie que d'avoir sauvé des apparences auxquels une paysanne comme elle, au demeurant, ne prêtait aucune attention.

Chemin faisant, elle se mit à papoter gaiement.


"Venez-vous de loin comme ça, messer ? Pourquoi n'avez-vous pas pris une chambre pour la nuit ? Ou demandé asile à l'Eglise ?"

Les lumières de la ville s'intensifiaient tandis qu'ils franchissaient la porte, sous les regards plissés et curieux des miliciens, qui reconnurent Mhayri et la laissèrent passer, non sans examiner son piteux compagnon, sans piper mot.

"Es amb ieu.*"

*Il est avec moi.

_________________
--Asemar


Clopinant à ses côtés, il se nourrissait déjà. Sa voix, sa fraîcheur, son calme.
La jeunesse a parfois l'effet d'un second souffle sur les vieux.
La Saurèla elle, le ramenait peu à peu à la vie. Oh, elle ne le ragaillardissait pas physiquement. Elle ne provoquait nul afflux sanguin;, nuls battements de coeur plus affirmés; sa fatigue ne s'envolait pas, balayée par l’enthousiasme de la petite.
Non, elle allégeait seulement sa lassitude, sa peine.

Tout le long du chemin, il garda les lèvres closes. Non par impolitesse, mais parce qu'il ne voyait rien à ajouter. Même lorsqu'elle l'interrogea, il se tût.
Si tout ce passait comme à son habitude, elle aurait la réponse à sa question sans qu'il ait à parler.


"Es amb ieu."

La démonstration allait commencer, ils allaient le refouler, le ridiculiser et lui ordonner de passer la nuit dehors.
Mais cette fois... Rien...
Ils entraient en ville.

Alors le vieux, un peu surpris ouvrit la bouche.


Sans toi filheta, je n'aurais pas passé les gardes. Voilà pourquoi je suis resté dehors.
Si j'étais arrivé avant la tombée de la nuit, j'aurais pu entrer... Mais passé une certaine heure, même un vieil homme effraye les hommes d'armes en ce comtat...
C'est le lot de ceux qui comme moi sont devenus vagabonds...


Un soupire qui n'avait rien de triste se glissa hors de lui. Un soupire qui voulait seulement dire, c'est comme ça, on y peut rien.
Mhayri
La blonde et le vieillard avaient dépassé les soldats depuis quelques mètres lorsqu'il lui répondit enfin. Elle se retourna brusquement, visiblement choquée par la réponse qui lui était donnée.
Dans son visage expressif et ouvert se lisait non pas de la pitié, ni même de la tristesse. Non, ses yeux émeraude luisaient d'une saine colère, que ses lèvres pincées scellaient de leur mieux.

Elle prit deux longues inspirations, articulant silencieusement un juron, lançant des regards flamboyants aux deux gardes qui leur tournaient déjà le dos, puis elle soupira. Il n'était pas l'heure de refaire le monde, et si la ville lui avait paru accueillante, à elle, comment pouvait-elle juger de ce que d'autres vivaient ?

Elle conduisit le vieil homme jusque devant sa demeure en silence, ruminant sur sa naïveté et sur ses rêveries pleines de regrets, qu'elle considérait maintenant avec une amère culpabilité : comment osait-elle se plaindre, alors qu'elle avait tant et que d'autres n'avaient pas même le droit de se mettre à l'abri des murs de la cité et de ses gardes ?

La Saurèla poussa la porte de la masure. La demeure était propre, mais humble. Constituée d'une seule et unique pièce, elle ne disposait que de deux meubles : une table, et une chaise. Un peu à l'écart de l'âtre encore tiède au dessus duquel pendait une petite marmite usée, un petit lit de paille sur lequel était étendu un drap troué à plusieurs endroits.
L'endroit sentait le propre, malgré son exiguïté et sa petitesse, et quelques fleurs séchées, par-ci par-là, égaillaient l'ensemble de façon sobre. Sur la table se trouvait un panier, avec quelques morceaux de pain et des fruits secs.


"Les temps sont ce qu'ils sont, et je ne suis personne pour juger des décisions que prennent nos dirigeants", fit-elle d'une voix encore un peu tremblante, avant de se tourner vers le vieillard, en souriant pour se détendre.
"Mais le cœur d'Oc bat encore dans la poitrine de certains."

Elle lui désigna la chaise pour l'inviter à s'y asseoir, tandis qu'elle ravivait l'âtre et s'employait à en remuer le contenu.

"Il y a plus d'eau qu'autre chose, mais ça vous réchauffera."

"La Soupe au Pain", cela voulait tout dire : de l'eau, légèrement parfumée des quelques légumes qu'elle avait grappillés sur le marché, et dans laquelle elle tremperait du pain au dernier moment pour lui donner consistance. Y avait-il meilleur moyen de recycler le pain un peu rassi de la veille ?

Edit ortho.

_________________
--Asemar



La place était sobre.
La demeure d'une paysanne, simple et sans faste. Mais elle semblait avoir absorbée une part de sa propriétaire. Il s'y sentait bien. Oh bien sûr, on pourrait dire qu'un homme vivant dans les rues, se sentirait bien n'importe où, du moment qu'il ait un toit au dessus de la tête.
Mais non. Il se dégageait de la chaumière une chaleur particulière.
Elle sentait la bonté.

L'homme posa son bâton contre le mur et gagna la chaise à petits pas.


Mercè filheta. Voudrais tu faire encore plaisir à un vieil homme?
Ne me donne plus du vous. Je ne suis pas noble, je ne suis pas riche. Je ne suis qu'une âme qui attend d'être délivrée.
Et appelle moi Asemar, ça me changera des injures que j'entends lorsque l'on m'interpelle.
Tu es un ange, je ne retire pas mes mots... Je ne doute pas qu'il y ait plus que le coeur d'Oc qui bat en toi. Et crois moi, les puissants ne sont pas forcément les pires.
Ils n'ont aucune idée de quoi le monde est fait... Ce sont les loups qui se battent pour eux, les plus dangereux.


Un nouveau soupire de ponctuation et il tourna vers elle un visage enjoué.

Je n'oserai critiquer ton hospitalité filheta et ta soupe réchauffe déjà mon coeur! Elle sera la meilleure que je n'ai mangé depuis des lustres.
Je ne me plains pas de ma vie tu sais. Mais les moments que tu m'offres sont aussi rares que précieux à mes yeux.


Ses yeux qui, s'embuèrent l'espace d'un instant. Mais très vite ils disparurent, masquant son trouble à la jeune fille, sous les plis de son visage qui se ridait d'un sourire.
Mhayri
La jeune fille ne répondit pas. A peine une petite maladresse au moment de servir le bol laissa-t-elle paraître son émotion, et elle s'en sentit un peu bête. Les compliments du vieillard l'avaient touchée, au point de la faire rosir.

Ce qu'elle ne s'avouait pas, c'est que le vieil homme lui rappelait quelqu'un qu'elle avait aimé du fond de son cœur d'enfant, et dont la disparition avait été le début d'une tragédie dans sa famille, tragédie qui l'avait poussée à partir, un jour du mois de Janvier 1460.

Alors elle se tut. Ou plutôt, elle remplaça les mots qu'elle n'avait pas par une mélodie improvisée qu'elle chantonna du bout des lèvres tout en faisant le service. Puis, tandis que le vieil Asemar se restaurait, elle prépara la paillasse, secouant la paille pour que le couchage soit moins raide, étendant le drap près du feu pour qu'il soit plus chaud et confortable.

Enfin, elle s'assit en face du vieux et lui sourit en attrapant une noix.


"Je te trouverai un foyer. Et si je ne t'en trouve pas, je veillerai sur tes vieux jours."

Elle baissa les yeux avec pudeur avant de proférer le mensonge suivant.

"Je suis seule, je n'ai pas de famille à charge. Je te paierai une chambre à l'auberge, si tu veux, en échange de tes conseils et de tes sagesses."
"Et je gagnerai cette manche contre la solitude", ajouta-t-elle intérieurement. Inutile de dire au vieil homme qu'elle travaillait si dur pour envoyer quelques écus chaque semaine à sa vieille mère, inutile de parler de son père tant haï. Inutile de parler des siens et de sa fuite.

Sans laisser à Asemar l'occasion de lui répondre, elle termina.

"La paillasse est prête, vas donc te reposer. L'aube n'est pas loin, je vais aller à la mine un peu plus tôt, ainsi tu pourras dormir tranquillement."
_________________
--Asemar


La soupe était accompagnée d'un spectacle attendrissant. Le petit ange se mit à chantonner, visiblement troublé.
Il ne put retenir un sourire en marmonnant un mercè.
Devant lui, le bol fumait. La douce odeur de légumes qui s'en échappait venait flatter son odorat et il dut faire appel à toute sa retenue pour ne pas se jeter dessus.
Asemar ne mangeait pas souvent et il ne prenait de repas si plaisant qu'encore moins souvent. Il voulait rendre hommage à son hôte en se comportant dignement.

Les paupières closes, il s'enivra du fumet de la soupe. Cachée parmi les senteurs, se cachait celle de la bonté. Cette chaleur qui rendait savoureux n'importe quel pain rassis.

Toujours en silence, il plongea sa cuillère en bois dans le bol, ravivant ainsi le parfum qui avait envahi la pièce.
Une larme s'échappa de son oeil à l'instant même où sa bouche goûta à la soupe.

C'est à ce moment qu'elle s'assit face à lui, souriante. Elle parla, lui intimant presque des ordres. Le vielhet ne répondit rien, mangeant lentement son bouillon. Il grimaça une ou deux fois, comme pour montrer un désaccord dont il ne voulait pas faire part pour le moment.
De toute façon, elle ne lui laisserait surement pas refuser alors il se contenta de hocher la tête.

Lorsque l'un eut finit de se sustenter et l'autre de parler, il leva les yeux vers elle.


Je ne dormirai pas sur ta paillasse filheta. Je mange ta soupe, je ne prendrai pas ta couche. Je suis sale et puant. Je me coucherai devant l'âtre pour quelques heures.

Levant la main devant lui, il la commanda de ne pas répondre.

Va travailler. Je sortirai ensuite pour gagner ce que la charité me donnera. Si tu le veux, je reviendrai ce soir et à ce moment là, nous parlerons. Tu me raconteras ta vie, je te dirai la mienne. Ensuite... Nous verrons.

Il ne voulait pas la décevoir, il ne voulait pas espérer. Ce soir, elle regretterait peut être ses mots et le chasserait, ce soir il se sera peut être enfuit.
Pour le moment, il ne voulait pas y penser. Il voulait seulement trouver ce qui pourrait rendre le bonheur qu'il avait reçu.
Mhayri
La discrétion et la délicatesse ne tiennent parfois qu'à peu de chose. A un sourire et un hochement de tête, qui dissimulent qu'on a remarqué cette petite larme, et qui rendent à chacun sa pudeur.

La Saurèla écouta parler Asemar et soupira avant de laisser échapper un petit rire. A tête de mule, tête de mule et demi ? Elle avait été stupide de présumer que cet homme lui obéirait. Qui était-elle pour s'imposer ainsi ?
Le sentiment d'habitude, peut-être, et ce souvenir qui s'était greffé à cette rencontre l'avaient rendue plus familière qu'elle ne l'aurait dû.


"Oc ben, Asemar. Fas coma lo volès*", répondit-elle dans un charmant sourire.

Elle se leva, prit une autre noix tout en resserrant sur ses épaules son étole.


"Je serai de retour avant les vêpres**. Si vous avez besoin de moi, je serai à la mine au nord."

Elle l'observa quelques instants, en silence, puis lui sourit à nouveau. Tout était dit, il ne lui restait qu'à rejoindre l'aube naissante au dehors.

Elle ne devait revenir que de longues heures plus tard, alors que le soleil pâlissait, exténuée et couverte de poussière mais portant fièrement une miche de pain fraiche.


*Très bien, fais comme tu le souhaites.
** Prières du soir qui avaient lieu entre 17h et 19h30.

_________________
--Asemar


Il n'avait que peu dormi.
Couché à peine la Saurèla partie, il s'était réveillé alors que le soleil était encore bas. Était-ce dû à l'excitation de la rencontre avec le petit ange?
Ou se sentait-il redevant?
Quoiqu'il en soit, à peine debout, il quitta la chaumière.

La journée fût longue et son périple ardu.
Il fit de son mieux; gagna quelques écus en travaillant de sa voix dans une taverne; résista à l'envie de les boire; trouva un étal d'où les pauvres hères de son espèce n'était pas chassés.

Il en reparti, un petit paquet sous le bras et l'air gaillard. Un petit remerciement pour la filheta, la promesse d'une belle soirée et encore quelques écus et deniers en poche.

Peut-être influencé par la petite, il regagna la chaumière en chantonnant. Une vieille mélopée surgissant de son enfance. Un chant que sa propre mère affectionnait particulièrement.
Peut-être l'apprendrait-il à la filheta ce soir.

A moins que... Soudain, sa bonne humeur disparût.


Oui... Elle aura changé d'avis... Elle se sera rendu compte de son erreur. De la folie de se lier d'amitié avec un vielhet...

Sa mine se grisa. Son pas s'alourdit. Il n'était plus très loin de la bicoque et l'heure des vêpres était passée depuis un moment.
Il n'avait qu'un moyen de savoir s'il était toujours le bienvenu.


Saurèla ? Saurèla c'est Asemar ! Tu es là ?

Un appel lancé a travers la porte. Pas bien fort, un peu timide.
Mhayri
Ne voyant pas revenir Asemar, la Saurèla, épuisée et un peu chagrine, était allée se chercher un peu d'eau au puit pour se laver le visage et rallonger un peu la soupe du soir.

Et puisque la solitude devait à nouveau être sa compagne, elle n'était guère pressée de retourner chez elle.
C'est cependant ce qu'elle fit, trainant la patte, s'étant arrêtée sur le chemin en taverne pour y trinquer avec quelques amis. Finalement, les vêpres étaient passées depuis un bout de temps lorsqu'elle retourna sur ses pas.

Tête en l'air, en dialogue silencieux avec les étoiles, elle ne remarqua pas immédiatement la silhouette devant sa porte. En s'approchant, ses espoirs se transformèrent en certitude.


"Asemar !" fit-elle, d'une voix forte et joyeuse à la silhouette qui lui tournait encore le dos. Elle pressa le pas tant qu'elle put, faisant attention à ne pas renverser l'eau qu'elle portait dans son sceau, tentant de ne pas laisser transparaître ses doutes et son soulagement, sa fierté le disputant à sa joie.

Quand enfin elle fut à sa hauteur, elle lui fit signe de pousser la porte pour qu'ils entrent.


"Avez-vous passé une bonne journée ? J'ai ramené du pain frais pour le souper" ajouta-t-elle avec naturel.
_________________
--Asemar


Il n'eut pas longtemps à attendre.
La voix cristalline de la filheta retentit derrière lui. Son nom, chanté si joyeusement, rassura son vieux coeur.
Elle ne le chasserait pas ce soir!

Il se tourna vers elle, le visage encore une fois noyé sous les plis de son sourire
.

Saurèla ! Te voilà mon enfant ! J'ai cru un instant que tu...

Poussant la porte pour lui ouvrir le chemin, il marqua une pause pour cacher son trouble.

J'ai cru que tu t'étais perdue au fond de la mine !

Il lui sourit, de toute sa dentition désordonnée.

Ma foy, la journée a été agréable. J'ai même pu te ramener un petit quelque chose. En remerciement.

Joignant l'acte à la parole, il déposa le paquet encore fermé sur la table. Ce n'était rien de bien extraordinaire. Quelques pièces de porc. Il n'y avait pas là, viande de qualité, plutôt de bas morceaux. Mais qui pourraient égayer quelques soupes.

Je te laisse l'ouvrir, je m'occupe de réveiller le feu si tu le veux bien.

Se faisant, il s'accroupi devant l'âtre et s'activa.
Mhayri
La blonde pouffa de rire en déposant sa bassine.

"Me perdre ? Dans la mine ? Pfffoua ! J'y passe mes journées depuis que je suis arrivée en ville, ça ne risque pas !"

Elle semblait d'excellente humeur. La Curieuse versa un peu d'eau dans le bol lavé pour s'en rincer le visage et se décrasser les mains, puis elle prit le paquet que le vieux avait déposé sur la table, incapable de se retenir davantage.

Elle déballa les morceaux de viande avec des yeux ronds de surprise, les manipulant comme s'ils étaient des pierres précieuses ou des objets fragiles et sacrés.


"Miladeu ! De la viande...Asemar, tu as fait des folies !"

Elle se tourna vers Asemar et lui dédia un sourire lumineux.

"Quelle misère que je sois trop pauvre pour le mettre en salaison ! Ca nous aurait tenu toute un mois ! De la viande !"

Elle alla chercher un couteau, qu'elle passa dans l'eau de son bol avant de commencer à découper la viande. Ce n'est qu'alors qu'elle réalisa qu'elle manquait à tous ses devoirs d'hôtesse. Gênée, elle se tourna vers le vieil homme, les mains déjà empoissées par la viande.

"Euh... Installe-toi, fais comme chez toi. Je vais découper la viande et la mettre à mijoter dans la soupe. Si je tarde, nous ne mangerons pas avant la minuit !

Racontes-moi donc, qu'as-tu fait de beau aujourd'hui ?"


Ce disant, la jeune femme s'activait passionnément pour remplir sa nouvelle mission : les régaler d'une soupe a la viande ! Intérieurement, elle réfléchissait déjà à la possibilité d'emprunter le four d'un boulanger pour faire cuire un pain de viande. L'idée lui plaisait assez...
_________________
--Asemar


L'enthousiasme de sa nouvelle amie lui étirait le visage en un sourire presque constant.
Sa fraîcheur lui permettait encore de s'émerveiller pour quelques bas morceaux d'un porc bien maigre. Mais qu'importe, cela aussi réchauffait son coeur.


Ma journée fut certainement moins épuisante que la tienne filheta. Je me suis contenté de divertir de mes histoires quelques soiffards en taverne. Je leur ai conté de vieilles histoires du Gavaudan, je leur ai narré la chute du Puy et d'autres histoires de notre comtat.
J'ai du leur donné ce qu'ils attendaient car ils m'ont payé grassement pour ça...


Et il en était heureux. Il n'avait pas eu à mendier, à demander l'aumône et c'est fièrement qu'il avait payé le boucher. Cela ne lui était pas arrivé depuis bien longtemps...

Ensuite je me suis un peu promené, je me suis assis dans un coin et j'ai ouvert mes esgourdes. J'ai écouté quelques nouvelles du monde, comme les vieux de mon âge aiment à faire.
Rien de bien trépidant vois tu!


Joignant les mains sur son ventre, il passa ensuite quelques minutes à regarder son hôtesse s'affairer.

Et toi Saurèla ? Je me doute que ta journée n'a pas été de tout repos... Mais j'aimerais entendre ta vie.

Droit au but? Oui, mais avec bonhomie!
Mhayri
La jeune fille suspendit ses gestes quelques instants. Elle venait de réaliser qu'elle n'avait même pas donné son nom au vieillard... Cela, et tant d'autres détails, lui prouvait qu'elle n'était pas encore remise. Pas complètement. Pas suffisamment pour se livrer.

Raconter sa vie ? Avec une longue inspiration, elle reprit ses préparatifs, mit de la viande de côté pour la cuisiner plus tard et en ajouta le reste dans la soupe.

Lorsqu'elle fut certaine que tout était prêt, et qu'il ne restait plus qu'à attendre, elle s'assit près du feu.


"Ma vie, Asemar ? Elle n'a pas grand chose que d'ordinaire. Je suis une fille de paysans sur au moins trois générations. J'ai deux frères et une soeur. Je n'ai jamais connu que ça de ma vie. Je m'appelle Mhayri, mais tout le monde à la maison m'appelait Saurèla. Comme toi."

Elle se tourna vers le vieil homme pour lui sourire, mais ce sourire-là était creux : la jeune fille était ailleurs.

"Et puis, je suis partie. On pourrait dire que je suis une mauvaise fille, je crois. J'ai quitté ma famille pour venir en ville, et me voilà."

Elle s'interrompit, observant le feu sous la marmite.

"Et toi? Quelle est ton histoire ?"
_________________
See the RP information <<   <   1, 2, 3, 4   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)