Prunille.
Des pas qui s'approchent. Le regard embué s'éclaire d'une lueur d'espoir, ces pas sont féminins, il ne peut s'agir que de Délia, puisqu'il n'y avait guère plus que sur le soutien et l'amour indéfectible de sa marraine qu'elle pouvait compter. Sa chère marraine, elle lui en avait pourtant fait voir des vertes et des pas mûres !
Une rotation de tête plus tard, l'étincelle d'espoir s'est muée en un éclair. La présence féminine qui envahit son champ de vision n'est pas la Baronne de Fayence, mais celle d'Oraison. Jehanne Audisio von Gobseck. La maîtresse de son époux, la future mère d'un bâtard de sang Sabran, sa désormais rivale. Elle s'approche, toute de douceur vêtue, et lui glisse un :
- Ce n'est rien, vous savez mon amie, votre corps change, les nausées s'en iront bien vite, et bientôt, vous le sentirez bouger en vous.
Regret de n'avoir des yeux revolver, une fois qu'elle a compris. C'est qu'il lui faut quelques secondes pour réaliser la perfidie de la remarque de Jehanne. Un volcan entre en éruption dans la tête de Fréjus, qui se fait violence pour résister à la tentation de l'empoigner par le col (quoique de col sa robe n'avait point, il faudrait qu'elle trouve un autre morceau de tissu auquel prendre prise), et de lui coller une bonne beigne bien sentie. Mais elle n'avait plus frappé personne depuis bien trop longtemps, aussi cela ne fut guère dur pour elle de réprimer cette pulsion.
L'envie de se mettre à crier aussi était bel et bien là. Mais quel scandale cela serait... Toute la Provence saurait qu'elle était cocue, que son époux allait produire un bâtard et qu'elle était incapable de concevoir un enfant. Alors, fermant un instant les yeux, elle prit sur elle pour ne point élever la voix. Presque un murmure, que seule Jehanne pourrait entendre, mais ferme et incisif.
Gardez vos fielleuses remarques pour vous, je vous interdis de m'adresser la parole, dorénavant.
J'ai tout découvert, tout. Vous êtes indigne du titre et du nom que vous portez, les apparences ne me tromperont plus. Gardez donc votre hypocrisie pour quelqu'un d'autre que moi, et allez vous en avant que je ne vous fasse traduire devant le tribunal héraldique !
Elle espérait que l'Orangette s'en irait sans plus un mot, mais n'en étant point assurée... Elle se leva elle-même, si furieuse que ses mains en tremblaient. Décidée à s'éloigner, sans trouver personne vers qui se tourner. Elle ne s'était jamais sentie aussi seule qu'en cet instant précis. Deux nouvelles larmes s'échappèrent de sous ses paupières, elle feint de l'ignorer, et finit par se diriger vers Atchepttas.
Nous devrions commencer, tant pis pour les retardataires. Tout ceci n'a que trop traîné, qu'on en finisse.
Et la jeune Vicomtesse de lancer un regard suffisamment éloquent vers son héraut pour lui signifier qu'elle ne tenait pas à ce qu'on lui pose de question sur son état.
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Une rotation de tête plus tard, l'étincelle d'espoir s'est muée en un éclair. La présence féminine qui envahit son champ de vision n'est pas la Baronne de Fayence, mais celle d'Oraison. Jehanne Audisio von Gobseck. La maîtresse de son époux, la future mère d'un bâtard de sang Sabran, sa désormais rivale. Elle s'approche, toute de douceur vêtue, et lui glisse un :
- Ce n'est rien, vous savez mon amie, votre corps change, les nausées s'en iront bien vite, et bientôt, vous le sentirez bouger en vous.
Regret de n'avoir des yeux revolver, une fois qu'elle a compris. C'est qu'il lui faut quelques secondes pour réaliser la perfidie de la remarque de Jehanne. Un volcan entre en éruption dans la tête de Fréjus, qui se fait violence pour résister à la tentation de l'empoigner par le col (quoique de col sa robe n'avait point, il faudrait qu'elle trouve un autre morceau de tissu auquel prendre prise), et de lui coller une bonne beigne bien sentie. Mais elle n'avait plus frappé personne depuis bien trop longtemps, aussi cela ne fut guère dur pour elle de réprimer cette pulsion.
L'envie de se mettre à crier aussi était bel et bien là. Mais quel scandale cela serait... Toute la Provence saurait qu'elle était cocue, que son époux allait produire un bâtard et qu'elle était incapable de concevoir un enfant. Alors, fermant un instant les yeux, elle prit sur elle pour ne point élever la voix. Presque un murmure, que seule Jehanne pourrait entendre, mais ferme et incisif.
Gardez vos fielleuses remarques pour vous, je vous interdis de m'adresser la parole, dorénavant.
J'ai tout découvert, tout. Vous êtes indigne du titre et du nom que vous portez, les apparences ne me tromperont plus. Gardez donc votre hypocrisie pour quelqu'un d'autre que moi, et allez vous en avant que je ne vous fasse traduire devant le tribunal héraldique !
Elle espérait que l'Orangette s'en irait sans plus un mot, mais n'en étant point assurée... Elle se leva elle-même, si furieuse que ses mains en tremblaient. Décidée à s'éloigner, sans trouver personne vers qui se tourner. Elle ne s'était jamais sentie aussi seule qu'en cet instant précis. Deux nouvelles larmes s'échappèrent de sous ses paupières, elle feint de l'ignorer, et finit par se diriger vers Atchepttas.
Nous devrions commencer, tant pis pour les retardataires. Tout ceci n'a que trop traîné, qu'on en finisse.
Et la jeune Vicomtesse de lancer un regard suffisamment éloquent vers son héraut pour lui signifier qu'elle ne tenait pas à ce qu'on lui pose de question sur son état.
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