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[RP] Errons, errons, petits patapons

Erraa
Des bruits de course dans l'escalier. Cela ne pouvait annoncer qu'une chose : Marguerite courrait pour venir à la rencontre de sa maîtresse. Et si elle courait c'est que quelqu'un attendait en bas. Encore et toujours le nez dans les comptes du Maine la bailli sourit en posant sa plume. Elle décompta dans sa tête le temps qu'il restait. Trois...Deux...Un... Petits coups discret sur la porte. Pile quand il fallait!

Entre Marguerite.
Comment saviez vous que c'était moi Madame?
Quand tu arrêteras de courir dans les escaliers en faisant le bruit d'un troupeau de sanglier pour ensuite toquer discrètement à la porte je serais plus embêtée pour trouver. Mais je saurais quand même que c'est toi puisque tu es la seule à avoir le droit de me déranger quand je travaille...
Mine déconfite de la servante qui se demande pourquoi elle a posé la question et si quelqu'un un jour trouvera le moyen de remonter le temps...Juste 5 minutes des fois ça serait utile.
Oui...Bien sur...Je n'y pensais plus...
Que veux tu? Qu'y a-t-il donc de si urgent?
Deux personnes en bas qui souhaitent vous entretenir.
Encore des éleveurs qui veulent savoir quand ils auront des vaches? Ils vont les avoir leur satanés vaches! Ne lisent ils donc jamais les annonces?!
Mine soupçonneuse de la baronne et inquiète de la servante.
Tu n'aurais pas osé me déranger pour ça n'est ce pas?
Non madame je n'aurais pas osé. J'ai bien compris la dernière fois. "Pas de râleur ou de pleurnicheur chez vous"
Mais alors vas tu me dire de qui il s'agit?
Ha! Oui oui! Bien sûr! C'est la baronne d'Entrammes Madame.
Et elle se crut obligée de continuer sur le ton de la confidence au cas ou l'étage, les murs, les tentures et la porte qui les séparaient ne soit pas suffisants pour que le son s'arrête avant les visiteuses.
L'ancienne fiancé de Monsieur le vicomte des Laridés.
Marguerite des fois tu es désespérente! Je sais qui est la baronne d'Etrammes merci!
Se levant pour se rendre au rez de chaussée, elle indiqua à l'adolescente qu'elle pouvait disposer d'un signe du menton. Puis elle se ravisa.
Vas préparer du thé, du lait miélé et des petits gateaux.

Le temps de faire quelques quelques mouvement pour se dérouiller les muscles, la baronne se dirigea vers le hall. En descendant les marches de marbres son cerveau tournait à plein régime. Comment allez se passer cet entretien? Parler d'un défunt n'est jamais facile. Mais en plus avec peut être une héritière à la clé ça ne sera vraiment pas facile.

Mary! Quel plaisir de te voir ici! Je suis ravie que tu es trouvé le courage de venir. Venez dans le salon, il y fera plus chaud et nous pourrons parler.

Reportant son attention sur la deuxième dame

Je ne crois pas avoir le plaisir de vous connaître.

Joignant le geste à la parole, elle dirigea ses invités vers le salon ou un feu brûlait dans la cheminée.
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Soren
[ Dans la campagne lavalloise, aux mains des mercenaires...]

La bande avait raté son coup, j'étais le seul à être fait prisonnier. Comme promis par Varshé, certains ont dû rendre des comptes pour leur incapacité à réaliser un plan sans accroc. Je passerais sur les détails, cela n'a pas grande importance de toutes façons. Quand à moi, ils m'avaient ligoté et se contentaient pour l'instant de me forcer à marcher sans aucun ménagement. La nourriture qu'on me donnait? Bah, je l'évitais soigneusement. Même un chien renâclerait à en manger. Il fallait juste être un mercenaire stupide pour manger ça! Je me contentais d'absorber un peu d'eau. Elle au moins semblait fraiche.

Les jours se sont succédé. On a marché, encore et encore. Visiblement irritée, la bande de Varshé avait décidé de remonter vers Laval. Enfin, c'est ce que je croyais avoir compris des bribes de conversation que j'ai réussi à intercepter ça et là.

Ce soir, Ils ont dressé le camp. J'ai la confirmation que l'on se trouve dans la campagne lavalloise. Avant le repas, Varshé est venu me voir. Il m'a dit qu'il espérait bien pour moi qu'il y aurait quelqu'un ici pour payer ma rançon. J'imagine qu'il faisait allusion aux informations qu'il a recueilli sur les vélins qu'il a trouvé sur moi pour espérer avoir une rançon ici, alors que je suis si loin de mes terres natales...

Maintenant adossé à un mur, je tente de détendre les liens qui enserrent mes mains. Je n'ai pas l'intention de voir ce qu'il arrivera si Varshé n'a pas sa rançon... non! Vraiment pas!

Soudain j'entends du bruit. J'essaie de deviner d'où il provient. Il y a une grande confusion dans le camp. Ça court à droite, à gauche. Des flèches se mettent à pleuvoir. J'essaie de me mettre à l'abri du mieux que je peux. Je tire sans ménagement sur la corde qui me retient à l'arbre. Je ne suis visiblement plus la priorité de celui qui me gardait. Des cris de douleurs...Le camp est attaqué? Par qui? Je m'en fous! Je n'ai pas envie de retomber sur une autre bande de malades!

Enfin, mes cordes se font plus lâche. Je m'étire, agrippe une flèche plantée au sol, non loin de moi. Avec la pointe j'essaie d'entailler mes liens, me libérer de cet arbre... sans me faire occire par l'un ou l'autre de ceux qui se battent ici.

Ca y est! Je tire un coup sec et la corde cède. Le combat est toujours aussi féroce. Dans le brouhaha, je discerne un langage avec lequel je ne suis guère familier? Des anglois? Peut-être... mais à vrai dire, je m'en fous! Je n'ai plus qu'une idée en tête : détaler le plus loin. La pénombre de la forêt devrait m'être propice! Adieu Varshé! Au plaisir de ne pas te recroiser une autre fois! Et désolé si finalement, tu n'auras jamais ta rançon...

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Marylune
Marylune n'attendit pas longtemps, puisque de toute façon, elle discutait à voix basse avec sa soeur.

Je vais gagné, I swear it! (je le jure)
Je l'espère pour toi en tout cas.

Vous remarquerez, chers lecteurs, qu'Helena parle moins souvent en anglais que sa grande soeur. Ceci est dû à l'âge qu'elle avait à son arrivée en France et plusieurs autres facteurs, comme une éducation plus sérieuse et une attention particulière à ne pas mélanger deux langues et à se faire comprendre de tous. Quand on vous dit que la petite est plus sage que la grande...

Mary! Quel plaisir de te voir ici! Je suis ravie que tu es trouvé le courage de venir. Venez dans le salon, il y fera plus chaud et nous pourrons parler.
Ah! Erraa! I hope (j'espère) ne pas vous avoir dérangé. J'aurais dû prévenir de mon arrivée, but (mais) je serais arrivée en même temps than the (que le) messager.

Elle allait se diriger vers le salon dont elle connaissait très bien le chemin quand Erraa lui fit remarquer qu'elle ne connaissait pas sa soeur. Oups!


Je ne crois pas avoir le plaisir de vous connaître.
Of course! (Bien sûr) J'ai oublié de vous présenter ma jeune soeur: Helena de la Mirandole. Elle vivait aussi à Mayenne lorsqu'elle était jeune, mais la vie a voulu qu'elle quitte la maison rapidement après moi. Sauf qu'elle n'y est jamais retournée définitivement. C'est bien beau les voyages, mais l'amour vous rend vite sédentaire!

Et un clin d'oeil malicieux à sa soeur. Un! Une mine boudeuse dissimulée, Helena fit la révérence comme on la lui avait enseigné suivit d'un ''enchantée''. La rouquine sourit à la blondinette et elles allèrent ensuite au salon. Une fois dans la pièce, Marylune reprit la conversation

Je ne vous ai pas dit! Helena sera ma vassale bientôt. Elle aura donc une terre là où elle a grandit. Tiens, ça me fait penser que je dois refaire la demande à notre nouvel héraut.

Peut-être une de moins que la dernière fois puisque son cousin Thoramir, qu'elle désirait comme vassal, venait de disparaitre... Mort au combat? Qui sait...? La famille vivait dans l'attente de ses nouvelles, espérant ne serait-ce qu'un petit signe de vie. La guerre, c'est l'attente interminable de savoir qui sont les proches qui meurent et ceux qui reviennent dans le stress et le désespoir.
Marylune n'avait encore rien dit à Helena. Celle-ci se faisait déjà du sang d'encre pour son amoureux à elle: un ponantais. Elle ne le connaissait pas, mais si un ponantais avait le droit de survivre, c'était celui-ci, parce que sa perte causerait un chagrin inconsolable à sa petite soeur. Elle avait connu la douleur d'un amour perdu et ne supporterait pas de voir sa blondinette dans le même état qu'elle, un an plus tôt.
S'était-elle perdue dans ses pensées un moment? La rouquine remis son sourire en place et passa à autre chose.


Sinon, vous vous portez bien Madame la Baronne?
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(Deuil royal... bannière à venir)
Loh
[ Il paraît que nous sommes dans le Maine. Enfin! ]

Nous sommes installés, ma protectrice enflammée et moi, au campement de Rachelle. Il se trouve à Laval. Dans le Maine. A la frontière de l'Anjou. De la Bretagne. Là où j'ai passé toute mon enfance. Chez nos éternels ennemis.

Il ne m'est jamais rien arrivé là-bas pourtant. Il est vrai qu'étant une inconnue, j'étais une enfant ordinaire. Comme les autres. Dans la mesure du possible bien entendu puisque j'étais la seule jeunette de l'établissement. N'ayant grandi qu'avec Dieu, ses préceptes et ses Dames de Droiture. J'ai alors appris à m'amuser à ma manière. Elle n'était très certainement pas la bonne, certes. Mais j'en garde de terribles larmes de joie. Des grenouillettes dans le bénitier. Une souris dans la chapelle. Un colorant bleu d'origine minérale dans la bassine d'une des Soeurs. Bref. Des bêtises!

Mon amie saxonne a troqué sa tenue masculine contre une robe. Elle est belle. Mais de plus en plus étrange. Elle se fait plus calme. Moins impulsive. Quel est donc ce changement? Un homme? Un objet? Seurn l'a-t-il menacé? Essaient-ils de me montrer l'exemple? De m'éduquer sans que je le sache directement? Mmh... Je les aime quand même ces deux grandes bringues! D'ailleurs, où est mon guerrier?! Je n'ai plus aucune nouvelles de lui! J'espère que tout va bien!

De mon côté, j'ai troqué ma sombre et épaisse cape de voyage hivernale contre une claire, en étamine. Les braies sont rangées. Troquées contre une robe de velours dans les tons du ciel. Juste au corps. Large dans le bas. A peine brodée. Simple. J'aime cette couleur évasive. Surtout lorsque de légers nuages blancs aux formes imaginaires viennent s'y cacher. Ma jeune taille est mise en évidence par une mince ceinture, claire elle aussi. Mes nouvelles bottes lacées sont tout aussi claires que mon élégante couverture vestimentaire. Ma chevelure, quant à elle, est tressée largement par bandelettes de cuir fin. Laissant mes boucles naturelles venir chatouiller partiellement mon visage pâlot. Vais-je plaire à ma maman? Vais-je sentir bon? Le contraire ferait mal à l'orgueil. Surtout lorsqu'on a mis quelques piécettes de côté dans ce but. Achevons le tout de ma compagne de voyage silencieuse : ma besace de cuir. Tous mes trésors y sont présents. Je les emporte toujours à mes côtés.

Fini la partie description rébarbative, passons à la suite!


Je suis seule dans la roulotte colorée. Je reviens du marché lavallois. Syu doit sûrement explorer les horizons. Même s'il est vrai que j'ai pris un malin plaisir à la semer. Mais elle n'est pas dupe. Elle sait reconnaître lorsque j'ai besoin de me retrouver seule. Sinon, elle m'aurait retrouvée comme haricot avec la couleur rouge.

Un vélin de qualité sous la paluche, je me suis procurée une plume d'oie et de l'encre aussi sombre qu'un ciel d'hiver sans étoiles. A un marchand des plus arrogants. Avec qui j'ai dû négocier durement le prix final. Jamais plus! Quoiqu'il en soit...




Dame de Gorron,
Madame la Baronne,
Erraa de la Huchaudière,

Vous ne me connaissez guère. Mais n'ayez crainte. Je ne cherche aucunement à mendier quelques piécettes. J'ai de quoi survivre.

Je viens à vous car, prenez-moi pour une fol dinguo ou non, je possède un médaillon d'or appartenant à votre domaine. J'en ai dessiné un minuscule croquis au bas de ce vélin pour vous le prouver. Je le porte depuis ma naissance. Je n'en connais, hélas, pas encore sa signification. Mais j'ai l'intime conviction qu'il est lié à ma famille.

Dame Esquimote et Dame Feuilllle, croisées quelques jours plus tôt dans un lieu bien connu de Laval, m'ont conseillés de vous écrire.

Pouvons-nous nous rencontrer? Nous voir? Nous parler?
Dites-moi oui! J'en ai besoin! Je cherche désespérément mes parents!

Avec mes respects les plus respectueux,

Cette lettre est pompeuse. Rigide. Maladroite. Suppliante. Elle n'est certes pas parfaite. Mais elle fera l'affaire. Je dois savoir. Je ne dois plus perdre mon temps.

Je plie soigneusement le parchemin et le serre d'un fil de coton. Je sors ensuite de mes appartements de fortune. Pressée. Courant presque. Sans cape sur les épaules. A bas la température glaciale!

- " Messire Jacqouille! Dame sa fiancée! Pouvez-vous m'aider? J'ai une missive à transmettre! Et je ne sais où m'adresser! "
Syuzanna.
Les rues de la ville l'ont attiré, et c'est le coeur léger que la Saxonne se ballade dans Laval. Les marchands se bousculent, présentant sur les étales les meilleurs produits, d'après leurs dires. Tantôt de la viande, tantôt des étoffes, tantôt ceci, tantôt cela... La rousse ne résiste pas au plaisir de gouter quelques mets appétissants, de vaquer parmi les robes toutes plus soyeuses les unes que les autres, de tester le tranchant d'une lame sur son pouce. Elle s'offre d'ailleurs le luxe d'une cape au col bordé d'hermine. Cher, mais chaud.

Ses oreilles, puis tous ses sens, sont soudain captivés par une joute amicale, proposée au beau milieu d'une place. Une estrade rudimentaire a été bâtie, et deux hommes s'affrontent à l'aide d'épées émoussées. Le but est visiblement de toucher en premier son adversaire. Syu, croisant les bras, observe la scène. Les jouteurs sont, l'un lent, l'autre plus rapide. Mais ne savent visiblement pas réellement se battre.
Soudain, le combat prend fin, et le gagnant est applaudit par la foule.


- Qui osera affronter Yvan le Terrible ? beugle l'animateur. Quel homme sera assez fou pour tenter le combat ?

Sans trop réfléchir, la rousse lève le bras.

- Moi ! Moi, je peux le faire.

La foule, autour d'elle, éclate de rire, bientôt repris par ledit Yvan, qui plante ses prunelles dans ceux de la Saxonne.

- Le combat n'est pas pour les femmes, rouspette l'animateur en oubliant aussitôt l'intervention de Syu.

Mais celle-ci n'est pas décidée à abandonner. Elle peut largement ne faire qu'une bouchée du Terrible. Elle s'approche donc, et grimpe agilement sur l'estrade. Puis, elle s'empare de l'épée, et la fait tourner pour en tester l'équilibre.

- Le Terrible Yvan craint-il donc tant de perdre contre une femme, pour refuser d'emblée de combattre contre moi ?

La menuaille se mit à beugler, comme toujours dans ces cas là. Yvan l'observe, amusé.

- Ma foi, si elle veut se ridiculiser, allons-y !

N'ajoutant plus un mot, le combat débute. Il la teste, avec quelques mouvements du bras. Mais la jeune femme pare les coups facilement, et attaque à son tour. Ses mouvements sont fluides, naturels. Elle bondit partout tel un cabri, évitant, parant, fonçant, sautillant. Yvan le Terrible s'essouffle bien vite. Ses boucles brunes viennent s'écraser contre son visage à la peau mate. Ses yeux bleus ne la quittent pas, et ses sourcils se froncent alors que le sourire de la Saxonne s'élargit à chaque pas. Puis, cessant de jouer, elle achève le combat rapidement. Et le Terrible invaincu se retrouve avec une lame sous la gorge. La foule applaudit, siffle, tape des pieds. Syu sourit toujours, reprenant son souffle, et s'écarte de son adversaire, qui s'incline. Elle se recule, et lance l'épée à l'animateur, qui n'en revient pas. La mise, dix écus, se retrouve bientôt entre les mains de la jeune femme, qui saute de l'estrade. Saluant le Terrible, elle s'efface dans la foule qui scandrait bien son nom mais ne le connait pas. Aussi les cris de "La Rousse, la Rousse !" résonnent un peu partout, jusqu'à ce que Syu dispraisse.

Faisant sauter la bourse pleine d'or entre ses mains, elle s'éloigne en pouffant, amusée au plus haut point. Voilà une belle journée, comme elle les aime, songe-t-elle, en rêvant devant une étale de bijoux. Elle aperçoit alors deux collier tout à fait identiques. Des pierres mauves, rares, affirme le marchand. Ni une ni deux, la voici munit des deux merveilles. Il lui faut trouver Loh, maintenant. Où peut-elle être ? Au campement ?

La rousse se met à courir, faisant fi des bonnes manières. Elle arrive bientôt devant le flot de roulotte. Cherche celle qu'elle occupe avec la demoiselle, la trouve, mais point de Loh. S'éloigne, revient sur ses pas et...


- Loh !

Elle trotte vers elle et tend un sachet de tissu, contenant le cadeau.

- Voici pour toi. Tu n'as pas oublié ? Nous disions que nous devrons avoir quelque chose de semblable toutes deux. Je crois avoir trouvé quelque chose qui fera l'affaire. Qu'en penses-tu ?
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Erraa
Les voila toutes les trois dans le salon. Mary s'y est dirigée sans aucune aide. Bien sur puisqu'elle a vécu ici.

Of course! (Bien sûr) J'ai oublié de vous présenter ma jeune soeur: Helena de la Mirandole. Elle vivait aussi à Mayenne lorsqu'elle était jeune, mais la vie a voulu qu'elle quitte la maison rapidement après moi. Sauf qu'elle n'y est jamais retournée définitivement. C'est bien beau les voyages, mais l'amour vous rend vite sédentaire!
Enchantée, demoiselle.

Assises sur les confortables fauteuils, Marguerite ne tarda pas à faire irruption avec les petites choses demandées, qu'elle déposa sur la petite table avant de repartir après une révérence.

Sinon, vous vous portez bien Madame la Baronne?
Oui merci je vais bien. J'ai eu quelques surprises qui ont mis mes nerfs à l'épreuve mais j'en suis contente.

Erraa allait se lancer dans des explications détaillées qui aurait ennuyées tout le monde quand Marguerite refit son apparition toute menue dans un coin de la pièce attendant qu'on lui donne la parole. La baronne s'adressa aux soeurs avant de reporter son attention sur sa servante.

Veuillez m'excuser. Oui Marguerite? Qu'y a-t-il encore? Que faut il faire pour avoir un peu de tranquillité?
Mais madame une lettre vient d'arrivée
Et ça ne peut pas attendre que ces demoiselles soient reparties?
Mais...Il a dit que c'est urgent...
Qui ça "il"? ... Bon donne moi cette lettre et débrouille toi pour que la prochaine fois que je te vois la baronne d'Entrammes et sa future vassale soient parties.
Bien madame.

Le vélin en main, Erraa devenait blême au fur et à mesure de la lecture. Sans un mot, la baronne tendit la lettre à l'autre baronne la main tremblante. Y avait mieux comme entrée en matière. Après un petit moment où la brune pensait que la rousse avait lu elle réussi à dire quelque mots.

Voudrez vous être là?
Marylune
Il lui semblait qu'il s'agissait d'un courrier important. Plus important que les Mirandole? Alors ce devait être une urgence!! Mais non! Elle blague la Baronne. Ça se voyait dans son visage et Helena ne put retenir un sourire en coin. Marylune était loin d'être une snobinarde finie et elle ne s'importuna pas du tout de la présence de la servante. C'était une femme facile d'approche, dit-on. La biche du Maine si le vote des surnoms des nobles mainois pouvait se terminer.

Le visage d'Erraa n'était pas à la blague et c'est là que la biche en question fronça les sourcils. Que se passait-il? Polie qu'elle était, la poney rose patienta et la réponse espérée se traduisit par la lecture de la lettre. La Baronne d'Entrammes regarda Erraa, puis le parchemin. Elle hocha la tête, jeta un coup d'oeil inquiet à sa soeur et commença à lire, rapidement quand même.


Voudrez vous être là?

Marylune avait les sourcils froncés.

Loh... ce nom ne me dit rien. Et Gaelant n'a jamais eu de femme dans sa vie en dehors de moi. Aucune. Même pas d'amourette.

L'art de faire confiance aveuglément aux propos d'un homme. Au moins, dans ce cas-ci, c'était bien vrai. L'ours était sauvage jusqu'à ce que la biche l'apprivoise.

I don't know how this girl got that medallion... (je ne sais pas comment cette fille a eu ce médaillon) Et Gaelant n'aurait jamais fait faire de bijoux. Tout ce qu'il avait, c'était son sceau.

D'un geste inconscient, elle toucha la bague en question qui était accrochée à une chaine en or dans son cou.

Et s'il avait fait le médaillon pour te l'offrir?

Marylune regarda sa soeur qui marquait un point, puis Erraa. Il aurait donc été volé, mais quel âge avait la fille en question?


Aurait-elle vraiment ce médaillon depuis sa naissance? Tu es Baronne de Gorron depuis moins d'un an et Gaelant l'a été pendant un an ou deux avant toi. Ça n'aurait aucun sens... Sinon, les archives? Avant Gaelant, il a du y avoir quelqu'un. Ou alors...

Elle se questionnait comme une Sherlock Holmes amatrice, perdue dans ses pensées, menant une piste dans sa tête. Quelque chose clochait...

D'après moi, c'est un coup monté Erraa...
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(Deuil royal... bannière à venir)
Loh
[ Domaine Royal. Comté du Maine. Laval. C'est bientôt fini? Presque! Campement de Rachelle. ]

Dame Fiancée vient d'emporter la missive. J'ai encore les bras à l'horizontal, les doigts alertes. J'écarquille les mirettes en orientant ma caboche vers le bruit. Et quel doux boucan! Je connais cette voix! Surtout si elle est empreinte de jovialité!

- " Syu! Qu'est-ce que c'est? "

Je souris de curiosité, empoignant le tissu mystérieux avec délicatesse. Je plisse légèrement le regard en le plongeant dans le sien. Un fifrelin suspicieuse tout de même. Puis, je force mon attention à se concentrer sur le paquet.

- " Oh Suy... "

On en avait parlé. On était d'accord. Mais l'émotion est souvent imprévisible. Et c'est tant mieux.

- " Un énorme merci. Tu es une amie! Une mère! Une soeur! J'en raffole! "

Je la serre dans mes bras, gardant en main le précieux bien. Laissant toutefois tomber l'emballage au sol. Je recule ensuite un tantinet afin de la fixer de mes deux azurs. Mais pas trop. Juste ce qu'il faut.

- " Viens avec moi dans la roulotte! J'ai une surprise pour toi! De quoi te bichonner! De quoi te transformer en une vraie femme! C'était mon rôle chez les nonnes! Prendre soin des gens! "

Je n'ajoute rien de plus. Elle ne doit pas savoir que j'ai réussi à me procurer de l'huile parfumée, un peigne en bois, un bustier, et bien d'autres encore. Mais chut! Cela doit rester une surprise!

- " Suis-moi! Nous nous attacherons mutuellement notre collier lorsque nous serons prêtes! Et nous ne l'enlèverons plus! Nous parlerons également de Seurn!"

Sans attendre de réponse réactive, j'empoigne sa paluche la plus proche de la mienne et je l'attire où je le désire. Bousculant quelques personnes au passage. M'excusant à tout va de ma fougueuse jeunesse.

Dans la foulée, je n'oublie pas d'ajouter...

- " Nous avons un potentiel rendez-vous, dépêche-toi! "
Soren
[ Comté du Maine. Laval. Campement de Rachelle. A la recherche de la donzelle perdue]

Loh... Syu... Cela fait maintenant plusieurs jours que je me suis mis activement à leur recherche.C'est ainsi que j'ai mis un pied, un tout petit pied, dans le monde des chuchoteurs de Laval. Un monde plus fermé, plus discret. Un monde parallèle à celui que je vois et je cotoie chaque jour. Un monde où tout se sait et où tout peut se savoir. De piécette distribuée en chuchotement, de fausse piste en renseignement pertinent, je suis finalement arrivé au campeur de voyageurs. Trois sources différentes m'ont confirmé l'information. Trois sources... Trois salaires.

Dans le camp, les tentes se succèdent aux roulottes. Des gens déambulent ça et là, sans but apparent. Ça rit, ça danse, ça mange, ça chante. Cela ressemble à une sorte de désordre organisé... comme tous les camps que j'ai déjà connu. C'est bon enfant, c'est convivial. L'ambiance me plait. Oui, cela ne m'étonnerait guère que Loh se soit plu icelieu. Près d'un feu, deux chasseurs discutent autour d'un lapin qui se fait désirer autour de sa broche. Loh? Ce nom leur est inconnu. Au loin, près d'une roulotte, un cheval attend paisiblement la prochaine course. Se peut-il que..? Non! Il n'a pas de la bonne robe. Bon! Je pense que ça ira plus vite comme cela. Je racle ma gorge et ma voix masculine à l'accent scandinave résonne dans le camp.


Loh !... Syuzanna! C'est Seurn!

Mon regard balaie l'horizon à la recherche d'une tête brune ou rousse connue.

Loh de la Huchaudière ! Syuzanna NicDougal! Si vous êtes ici, il y a un danois qui aimerait vous revoir!

Un gamin au visage crotté et aux cheveux noirs hirsutes me tire par la manche en me tendant la main. Je lève les yeux au ciel. Je fouille ensuite dans ma bourse pour en sortir 10 deniers. Le gamin ne dit rien mais pointe du doigt une roulotte. Toucherai-je enfin au but? Ma voix monte d'un ton.

Loh? Aurais-tu utilisé une certaine pièce danoise magique?
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Syuzanna.
La jeune fille semble ravie. Syu sourit, toute contente. Et se laisse entrainée de bon gré. Est-il seulement possible de refuser quelque chose à Loh ?
Retour dans la roulotte. Tout est toujours aussi chatoyant. Alors que la porte se referme sur elles, il lui semble entendre vaguement son nom. Mais cela n'est pas possible. Elle n'a donné son identité à personne. Et la seule personne susceptible de l'appeler se trouve dans la roulotte, avec elle. Peut-être que Soren... Mais non, il doit être mort à l'heure qu'il est. Les brigands n'ont pas du lui laisser la vie sauve, et sinon... Il serait déjà avec elles.
Dire que la demoiselle veut justement parler de lui. Argh, voilà qui s'annonce compliqué. Mais la rousse garde son sourire radieux. Il ne faut pas inquiéter Loh.


- Alors, lance-t-elle. Tu voulais me montrer quelque chose ? Qu'est-ce donc ?

Elle observe tout autour d'elle, cherchant ce que sa jeune amie peut bien vouloir lui faire voir. Replaçant une mèche de cheveux, elle prend place sur le lit, tout en observant la jeune fille. Que peut-elle bien avoir en tête ?
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Erraa
D'après moi, c'est un coup monté Erraa...

Le choc! Toutes les hypothèses avaient été envisagées, le meurtre, le vol, le médaillon qui serait plus ancien. Tout. Mais pas le coup monté. Et si c'était juste une escroc qui avait fait une reproduction du médaillon? Oui, Mary avait surement raison.

Oui...Ca ne peut être que ça vous avez raison. Je vais la faire venir et on la démasquera. Enfin...Si vous voulez être présente.

La baronne se leva et se dirigea vers le mur de gauche ou se situait le secrétaire. Elle y prit de quoi écrire et se réinstalla dans le fauteuil.



De moi Erraa De La Huchaudière, baronne de Gorron
A Loh

Effectivement je ne vous connais point. Vous imaginez surement ma surprise à vous lire. Vous pouvez venir me rencontrer dans mon chateau au nord de Laval. Montrez votre médaillon aux gardes ils vous laisseront entrer. Je donnerais des ordres.



La baronne appela Marguerite et fit partir la lettre. Il ne restait plus qu'à attendre.

Voilà. Voulez vous d'autre gateaux? Ou quelque chose à boire peut être?
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Loh
[ Dans une roulotte colorée et parfumée. Au campement de Rachelle. ]


- Ferme les mirettes. Tu as confiance? "

Je connais déjà la réponse. Ma protectrice saxonne est réticente. Je suis même certaine qu'elle se demande même ce que je traficote. A croire que je suis imprévisible, pleine de surprises. Apte aux bêtises.

Face à la guerrière, mes mains fines se posent sur ses épaules. De chaque côté. Lentement, je me poste face à son dos. Et je la guide vers nos couches de fortune. La mienne plus précisément.

- " Je vais te demander de t'allonger. Et de toujours fermer les yeux. Et ne triche pas! On ne les ouvre pas! Tu as confiance? "

Seconde prononciation. Phrase doublement tranchante de la bouche d'une potentielle "de la Huchaudière".

Enfin allongée sur le dos, je lui écarte les bras du corps. Pour plus d'aisance. Je me permets ensuite de tirer sur les lacets de sa robe de femme. Pas comme une brute voyons. Tout en douceur. Que vous me croyez ou non. Je la désserre de sa féminité. Je la sens respirer de liberté. Je souris. Même si elle ne le voit pas.

- " Je vais chercher quelques flacons. Ne bouge toujours pas... "

Peur qu'elle prenne la fuite? Oui!

- " ... s'il-te-plaît. "

Un bruit métallique se fait entendre. Un bruissement de plusieurs tissus s'ensuit. Un tintement d'échos en verre fait la queue. Je reviens auprès de mon aînée. Je pose mes mystères à côté de nous. A droite. Car oui, je suis droitière. Et je glisse mes genoux de chaque côté de ses hanches. Mes jambes suivant la direction des siennes.

Je ne dis toujours rien. Je ne cesse de sourire. J'imagine très bien la panique dans les pensées de ma protectrice. Surtout que je délasse à nouveau son affublement tant détesté. Uniquement dans le dos. Au point de me montrer l'éclat écureuil de sa peau verneuil. Il n'y a là aucun voyeurisme. J'ai exécuté cet acte à plusieurs reprises au couvent de la Mère Sérénité. Même sur Seurn. Lorsqu'il était à demi conscient. Sauf que je ne le chevauchais pas de cette manière!./i]

- " Cela va être légèrement froid. "

[i]Je relève les manches de ma chemise claire. Avec soin. J'empoigne ensuite un des flacons à ma droite. Un doux "schpouk" chatouille nos esgourdes. Un liquide perlé en sort pour caresser la paume de ma main libre. Je repose le pot sur le sol de bois. Et j'enlace mes doigts entre eux afin de répandre l'étrange liquide parfumé sur la totalité de mes deux mains.


- " A présent, détends-toi. Tu as besoin que quelqu'un prenne soin de toi. "

Ma voix est douce. Rassurante. Mélodieuse. C'est le but! Mes paluches se font agiles. Caressantes. Relaxantes. Massantes. Ondulées. Elles prennent soin de la moindre parcelle de peau. Elles l'hydratent. Elles la relâchent. Elles malaxent. Le manège dure de longues minutes. Tantôt, j'utilise le bout de mes doigts. Tantôt, le côté de ma main. De temps à autre, c'est la paume entière qui remonte son échine. Je joue avec mon talent. Ses envies. Je tente d'écouter ses grognements de bien-être en souriant.

Toc. Toc. Toc.


Je me fige. Ma tignasse aussi doit être dans la même position. Chaque mèche est dressée sur ma tête. Je ne m'attendais pas du tout à ce que quelqu'un nous dérange. Mmmh... Un chiffon. Une loque. Un vieux tissu. Il me faut quelque chose pour essuyer mes mains. Ma robe? Non! Celle de Syu? Certainement pas! Les couvertures pour dormir? Si c'est pour se réveiller avec un semblant de crachat au milieu du visage, non plus! Je soupire.

- " Je vais voir. Ne bouge pas! "

Mon ton est un tantinet autoritaire. Sans le vouloir. C'est bien la première fois. Je suis simplement irritée. Coupée en plein élan.

Les mains relevées et exposées comme un médecin après une opération délicate, je me dirige vers la porte. D'un coup de bassin, de popotin et de mordillement de dents, j'arrive enfin à l'ouvrir. Je grogne à peine un bonjour. C'est un homme. Inconnu. Je le regarde à la manière d'un bovin. Il sent le lapin. Et il grignote comme lui. Est-ce un tique? Il me rend chèvre. L'homme me tend une lettre. Je fais la moue. Je roule des yeux. C'est bien ma veine tiens! D'un geste maladroit, je coince le fin paquet entre mes coudes. Je tente un sourire. Cela ressemble plus à une grimace qu'autre chose. Il ne bouge pas. Il semble regarder derrière moi. J'écarquille les mirettes d'incompréhension. Je me retourne. J'ouvre la bouche en me rendant compte de la situation. Syu est à moitié dévêtue. Et ce cochonou la zieute ouvertement! Je me tourne à nouveau vers lui. Il a la caboche penchée et le regard brillant. D'un coup de pied violent, je referme la porte. Tant pis s'il s'est coincé le bout du nez! C'est de sa faute!

Les paluches en l'air telle une noble pédante, je reprends ma place sur Syu. Sans vraiment réfléchir. Laissant tomber la missive près de la caboche de la sanguine.

- " Pourrais-tu me la lire? Nous n'avons aucun secret. Elle est à mon nom. Je me demande bien qui c'est! "

Pendant qu'elle s'exécute, je me remets à la tâche. Fermant mes océans pour une meilleure concentration. Mais surtout pour calmer cet énervement nouveau.
Soren
[ Dans la campement de Rachelle, près de la roulotte de Loh...]

Ca va, ça vient dans ce camp de voyageurs. Il y a de l'agitation partout... mais il n'y a ni Loh ni Syuzanna. Je pose mes fesses sur une vieille pierre grise. Je passe négligemment ma main dans les cheveux. C'est encore une fausse piste! Une de plus! Mais où ont-elles bien pu poser leurs affaires? A quelques pas de moi, un corbeau me dévisage de son regard noir. Je n'aime pas ça. Même si je ne suis pas supersticieux, mais certains trouvent le corbeau est un oiseau de mauvaise augure. File toi! File... Je ne veux pas te voir! Je me lève brusquement faisant mine de l'attraper lorsque je bouscule involontairement un individu qui passait pas là.

Oh! Excusez-moi l'ami! Je chassais le corbeau et...

L'homme se relève péniblement. Je lui tend la main et lui epoussète les vêtements. Finalement, ils ont raison ceux qui pensent que le corbeau est un oiseau de mauvaise augure! L'homme s'apprête à reprendre son chemin lorsque je le hèle à nouveau.

Oh... Tant que j'y pense. Je cherche la roulotte de Loh de la Huchaudière. Savez-vous où elle se trouve?

D'un geste de la main, il me désigne l'endroit d'où il vient. Je le remercie. Si c'est vrai, alors le corbeau n'est peut-être pas un si mauvais volatile que celà. Je m'approche. J'entends des voix à l'intérieur. Je frappe.

Loh? Syuzanna? Vous êtes là? C'est moi! Soren Eriksen!
_________________
Syuzanna.
Qu'est-ce que cela signifie ? La rousse ne peut s'empêcher de grogner. Voilà bien une chose qui ne lui est jamais arrivé. Un message ? Et quasiment nue ? Ce n'est pas tant le fait d'être dévêtue qui la gêne, mais plutôt le fait d'être tripotée par Loh. D'être tripotée tout court. La dernière personne qui avait mis ses mains là où la jeune fille pose les siennes, les avait subitement perdues. La seule différence, c'est que cette fois-ci, c'est une jeune fille, et non plus un homme ivre de son Clan. Comme ils avaient ri, cette fois là, avec son père...

Syu secoue la tête, se concentrant d'avantage sur ce qui est en train de se passer. On frappe soudain à la porte. La jeune fille quitte le lit pour ouvrir, et revient avec une lettre, qu'elle lui demande de lire. Lire ? Existe-t-il pire torture ?! Bien, il lui faut se concentrer. Enelia lui a appris, il suffit juste de se remémorer la musique. La blonde avait dit, lors du difficile apprentissage, que les lettres étaient des notes, et qu'il fallait entendre leurs sons, pour pouvoir lire. Voyons voir, ce ne doit pas être bien plus compliqué que de transpercer le crâne d'une sanglier en pleine course...

Lentement, mais sûrement, elle déchiffre la partition. En plus de pouvoir déchiffrer la mélodie, elle en comprend le sens. Voilà qui est appréciable. Elle conclue la lecture par la prononciation du nom de l'expéditrice. Erraa de la Huchaudière.


- Ta mère, murmure-t-elle.

Elle replie le parchemin, songeuse. Elle réalise soudain que ni Loh ni elle n'ont eu le privilège de connaître leurs mères. De grandir aux côtés de ces femmes. Sa propre génitrice était réputée pour être douce, délicate, généreuse, à fort caractère également, et d'une grande beauté. Les vieux du Clan disaient qu'elle avait la chevelure qui tombait jusqu'à ses hanches. Rousse, comme la sienne. On disait aussi au village que Syu ressemblait à sa mère. Sauf que la fille était bien plus sauvage que la mère, et que la couche de poussière sur son visage faisait disparaitre une éventuelle beauté.

La rousse se concentre de nouveau sur le moment présent, chassant de ses pensées tout ce qui concerne son passé. Ce que lui fait la demoiselle n'est pas si désagréable. Elle sent ses muscles se détendre. La tension du voyage disparaître. Lorsqu'elle entend de nouveau frapper à la porte. Les laissera-t-on jamais tranquille ? Une vox d'homme, derrière le battant de bois. Mais la jeune femme ne comprend pas un traître mot de ce qu'il dit.


- Qui est-ce donc encore ? râle-t-elle.
_________________
Loh
[ Toujours dans la roulotte. Mais pas pour longtemps. ]

Toc. Toc. Toc.

Ah non! Si c'est encore lui...
Syu semble si détendue. Quel dommage de s'arrêter une nouvelle fois! Je me lève. Les mains huileuses. Le plus délicatement possible, je m'appuie un tantinet sur le dos de mon "cobaye". Je reste un instant devant la porte, m'apprêtant à manger tout cru le messager pervers insistant. Lorsque j'entends une voix. Qui ne me semble pas si inconnue que cela. Un timbre que j'espère vivant depuis des jours. De la même manière que précédemment, j'ouvre l'accès à mes mirettes de hiboux océans.


- " Seurn? Est-ce toi? "

Durant la moitié d'un sablier, je reste là. A l'observer. Comme s'il n'existait pas. Comme si je n'y croyais pas. Comme si j'avais à faire à un fantôme.

- " Seurn... "

Je murmure. Je caresse le son du bout des cordes vocales. Sans crier "poupouffe", ne me souciant même pas du sommeil apaisé de ma protectrice, je saute dans les bras de mon guerrier danois. Je me colle contre son torse musclé. J’enfouis ma tignasse dans son cou. Mon visage frôlant une partie de sa peau chaude. Et j'enroule mes bras autour de son buste. Abîmant son mantel de l'huile parfumée. Sans vraiment le vouloir, bien entendu!

- " Seurn... j'ai cru que tu étais mort! "

Jamais deux sans trois prononciations du prénom. J'ouvre les yeux. Tendre colère. Je me recule légèrement, prenant le loisir d'observer son visage. Plaquant mes paluches dégoulinantes sur ses joues. Je me poste sur la pointe des pieds. Ma gouvernante reste plus grande que moi, certes. Mais mentalement, cela aide beaucoup à acquérir de l'autorité.

- " Viens, entre! "

Syuzanna a le dos dégarni, entourée de flacons colorés, couchée comme un morse bronzant sur une plage. La pose ne me choque pas. Alors que je me lave les mains, je ne cesse de fatrouiller.

- " Syu était justement entrain de me lire une lettre de... "

La pièce danoise tombe à peine. Une lettre de ma mère. Erraa de la Huchaudière. Ma bouche s'ouvre soudain. Comme si j'essayais d'avaler trois épis de maïs entier. J'en arrive même à lâcher le tissu qui me permet de m'essuyer mes mains humides. Il tombe dans la bassine d'eau. En réalité, je ne m'attendais guère à une réponse si rapide. Et surtout, si réaliste. Depuis le temps que je pense à cette rencontre, la voici palpable. Oppressante. Proche. Excitante!

J'arrache le parchemin des mains de la saxonne. Je lis. Je relis. Je rerelis. Je relève la tête. Je zieute la signature. Je frôle le vélin d'excellente qualité. Je lâche le tout, commençant à m'agiter en tout sens. Le papier vole haut dans la roulotte, il danse une valse rythmée. Je retire la serviette trempée. Je l'éjecte dans un coin de la pièce en un "sploutch" ragoutant. Je m'en occuperai plus tard! Je reluque mon portrait dans le reflet limpide. Je me lisse les cheveux. Je les attache. Je défroisse ma robe. Je l'enlève pour en enfiler une autre. Une propre. Me souciant peu de la présence masculine. Je lasse mes bottes. Je les délasse. Je revêts mes chausses. Je roule mes bas de laine. Je mets en évidence mon pendentif doré. Je cherche ma cape. Je ne la trouve pas. Bref. De quoi réveiller un troupeau entier de sangliers.

Bien cela plus tard, me voici prête. Avec l'aide et l'avis de mes deux amis étrangers. Syu en a profité pour enfiler la tenue de son choix. Même si j'ai insisté pour qu'elle enfile le corset que je lui ai acheté récemment. Quant à Seurn, on s'est toutes les deux occupées de lui. Le chef d’œuvre sortant du trio est spectaculaire!

- " Vite, dépêchons-nous! Les chevaux! Où sont-ils? "

Je regarde dans tous les sens. D'une manière tellement perdue et répétée que mon amie saxonne aurait eu le temps d'apporter six fois nos destriers. Nous nous dirigeons ensuite vers les étables du camp, entraînée par mes deux aînés. Nous habillons nos bêtes, avec l'aide de Dame Jacquette et son fiancé. Je lui souris. Maladroitement. Je suis tellement impatiente! Alors que ma guerrière tente de calmer ma jeune frénésie, j'enjambe la selle de ma blanche jument. Et sans attendre mon reste, je claque des rênes. Mes talons entrent en contact avec le flan de l'animal reposé. Est-ce que je sais où je vais? Plus ou moins. Je me fais d'ailleurs arrêter en cours de lancée par Seurn. Réorientant notre trajectoire via la carte du Royaume que la fille de chef de Clan possède. Que ferai-je sans eux deux?

- " Le voici. "

Je regarde mes deux compagnons.Un à gauche. Un à droite. Nous sommes aussi épuisés que nos montures. Je me rends soudain compte que je ne leur ai pas demandé leur avis. Ils sont venus avec moi de leur propre gré. De manière indissociable. Comme notre groupe champenois. Comme une famille soudée. Naturellement reconnaissants les uns vis-à-vis des autres.

Sans un mot, nous descendons de nos chevaux. Qui a mis le premier pied à terre? Aucune idée. Tous ensemble selon moi. Atterrissant calmement sur un sol noble. Mon héritage. Mes origines.

Nous avançons, pensif, vers l'entrée du castel. Immense, il nous toise de sa splendeur. Je suis impressionnée. J'ai peur. Et si j'étais déçue? Et si je n'avais rien à voir avec cette Dame? Et si elle était détestable? Et si... J'hésite. Je me fige. Je regarde en face de moi. Dans le vague. Le vide. Lorsque je sens une main chaude se poser sur moi. Puis une deuxième. Syu. Seurn. Je les regarde. Tour à tour. Je dois avoir les mirettes brillantes. Le froid cela! Mon œil!

- " Lançons-nous. Restons ensemble. "

Mon ton est décidé. Et ma poigne sur le heurtoir cherche son courage au plus profond de mon âme et mes entrailles.
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