Meleagre
[Ou comment posséder le seul pigeon atteint de strabisme, à mille lieues à la ronde...]
Un tas de plumes s'amoncelait près de son bureau...
Une plume par mot, à ce rythme il allait épuiser tous les volatiles du Royaume...
Après avoir longuement mâchouillé celle qu'il tenait à la main, il l'envoya valser au sommet du monticule, et en prit une nouvelle.
Cela faisait deux heures qu'il planchait au-dessus du vélin. Deux heures pour trouver les bons mots. L'inspiration lui manquait horriblement... Et en prime il se retrouvait avec du duvet de piaf dans la bouche, sensation extrêmement désagréable au demeurant.
A croire qu'une muse entendit ses appels, puisqu'un éclair de génie traversa son esprit (et chez lui, c'est rare)...
Un tas de plumes s'amoncelait près de son bureau...
Une plume par mot, à ce rythme il allait épuiser tous les volatiles du Royaume...
Après avoir longuement mâchouillé celle qu'il tenait à la main, il l'envoya valser au sommet du monticule, et en prit une nouvelle.
Cela faisait deux heures qu'il planchait au-dessus du vélin. Deux heures pour trouver les bons mots. L'inspiration lui manquait horriblement... Et en prime il se retrouvait avec du duvet de piaf dans la bouche, sensation extrêmement désagréable au demeurant.
A croire qu'une muse entendit ses appels, puisqu'un éclair de génie traversa son esprit (et chez lui, c'est rare)...
Citation:
Jean,
Après plusieurs jours sans nouvelles, force a été de constater que l'inquiétude s'est légèrement emparée de moi.
J'entends d'ici ton rire à la lecture de ces mots, et si tu te permets de m'en reparler je te couperais ton approvisionnement en calva, que ce soit su.
Comme tu n'as pas jugé bon, intendant indigne que tu es, de me prévenir de ta petite escapade, j'ai du tirer les vers du nez à une de tes "connaissances"... Sache que me retrouver dans ce bordel, entouré de femmes aussi peu vêtues que toi tu es intelligent, m'a quelque peu contrarié... Mais nous le savons tous, les monnaies sonnantes et trébuchantes font des miracles, et au lieu d'écarter les cuisses ton amie à bien voulu dénier ouvrir la bouche. Ainsi donc te voici parti en "voyage" chez "ta famille"... Soit, en décryptant un peu le tout, en beuverie avancée chez ton alcoolique de frère...
J'attacherais cette missive à un de mes meilleurs pigeons. Je compte qu'il te retrouve d'ici deux jours minimum, et donc de te revoir à mes côtés avant le milieu de la semaine à venir.
Si tu ne reviens pas d'ici là je me verrais dans l'obligation de me passer de tes services. Malheureusement, tu as suivi mes affaires d'un peu trop près pour que je te laisse couler des jours paisibles... Si tu décides de ne pas revenir je t'encourage à partir loin, ou en tout cas à ne dormir que d'un oeil, que d'une oreille... Cela étant, je sais que tu as horreur de la vue du sang, donc je demanderais à ce qu'on ne te laisse pas le temps de le voir couler...
Donc en un mot comme en cent : ramène tes fesses de suite !
Jean,
Après plusieurs jours sans nouvelles, force a été de constater que l'inquiétude s'est légèrement emparée de moi.
J'entends d'ici ton rire à la lecture de ces mots, et si tu te permets de m'en reparler je te couperais ton approvisionnement en calva, que ce soit su.
Comme tu n'as pas jugé bon, intendant indigne que tu es, de me prévenir de ta petite escapade, j'ai du tirer les vers du nez à une de tes "connaissances"... Sache que me retrouver dans ce bordel, entouré de femmes aussi peu vêtues que toi tu es intelligent, m'a quelque peu contrarié... Mais nous le savons tous, les monnaies sonnantes et trébuchantes font des miracles, et au lieu d'écarter les cuisses ton amie à bien voulu dénier ouvrir la bouche. Ainsi donc te voici parti en "voyage" chez "ta famille"... Soit, en décryptant un peu le tout, en beuverie avancée chez ton alcoolique de frère...
J'attacherais cette missive à un de mes meilleurs pigeons. Je compte qu'il te retrouve d'ici deux jours minimum, et donc de te revoir à mes côtés avant le milieu de la semaine à venir.
Si tu ne reviens pas d'ici là je me verrais dans l'obligation de me passer de tes services. Malheureusement, tu as suivi mes affaires d'un peu trop près pour que je te laisse couler des jours paisibles... Si tu décides de ne pas revenir je t'encourage à partir loin, ou en tout cas à ne dormir que d'un oeil, que d'une oreille... Cela étant, je sais que tu as horreur de la vue du sang, donc je demanderais à ce qu'on ne te laisse pas le temps de le voir couler...
Donc en un mot comme en cent : ramène tes fesses de suite !
Petite relecture de circonstances...
Autant de plumes pour ça... M'enfin il fallait bien qu'il se force à asseoir un poil son autorité tout de même.
Une fois le parchemin scellé, il se dirigea vers le pigeonnier.
Sans torche bien évidemment, en pleine nuit sans lune.
Après avoir donc glissé au moins une vingtaine de fois sur des tas de fientes et autres joyeusetés, il réussit à attraper le bon volatile.
Enfin le bon... De près comme de loin ils se ressemblaient tous, il fallait bien le dire.
Mais tous étaient, normalement, bien dressés.
Allez...
Et de donner une impulsion au biset.
Impulsion se soldant par deux trois petits bonds maladroits...
Bordel de chiotte...
Mais va ! Cours ! Vole ! Fais quelque chose !
Généralement à ce moment intervient la réaction naturelle du pigeon que l'on stresse, à savoir donc une dilatation des zones basses, et tout ce qui vient avec.
Par chance, ce dernier semblait avoir compris qu'il ne valait mieux pas prendre trop de risque, et se laissa sagement guider entre les mains de son maître...
...qui le jeta de toutes ses forces en l'air, priant pour qu'un pigeon ne soit pas comme une tartine, à toujours s'écraser à terre du mauvais côté.
Après deux trois battements d'ailes plus qu'incertains, il s'envola enfin.
En zig-zag, mais au moins dans la bonne direction.
Tout du moins c'était l'impression donnée, mais le jeune Normand fit rapidement demi-tour pour ne pas subir plus amplement la morsure du froid, et ne vit pas le plumeau changer de cap, manquant de peu de s'empaffer dans le toit du manoir, puis s'éloigner vers l'horizon... Mais pas le bon...
_________________