Abondance.
- "Toutes les bonnes choses ont une fin"
[Vaudémont Mi-Janvier 1460 ]
Elle était revenue depuis quelques semaines en Empire la baronne,
faisant une longue halte chez les comtois, obéissant à une levée de ban,
l'ex guerrière était des moins enthousiaste à devoir porter à nouveau les armes, elle qui s'était battue durant plusieurs mois successifs, dans une guerre sans fin au Royaume de France, elle revenait avec des souvenirs , gravés dans sa peau, mais aussi dans sa caboche. On dit que la guerre "c'est mal" c'est "moche", on dit que la paix c'est "mieux", la Zahra ne savait pas quoi penser elle, elle était accroc à l'aventure, la baston, une source de montée d'adrénaline sûre, accompagnée de ses autres passe temps comme la "beuverie", on pouvait dire qu'elle avait été servi à l'opposé de cet Est , à l'Ouest oui, elle s'était éclatée au sens propre comme figuré.
Malheureusement, toute bonne chose a une fin, depuis quelques mois elle avait pris conscience des conséquences de ses batailles, ses bras et son ventre encore écorchés étaient là pour le lui rappeler, elle qui pensait avoir fait un saut d'entre les morts, elle qui espérait que le Très Haut l'avait ramené de son coma non éthylique pour une fois, afin de pouvoir profiter pleinement du temps qu'il lui restait dans ce bas monde.
La Zahra souffrait de "ses "excès , elle avait hérité d'une chose qui arrive bien souvent à ces êtres qui ne connaissent pas ce qu'est le mot modération, elle était dans le temps fraîche comme une rose, mais une rose qui ne carburait qu'à l'eau de vie, la brune n'a jamais su ce qu'était le gout de l'eau depuis ses 12 ans,elle pouvait compter sur les doigts de sa main les tentatives de "sevrages" échouées.
Une déception qu'elle gardait secrètement dans sa mémoire, rien à y faire, malgré les retraites spirituelles qu'elle se forçait de faire depuis quelques temps, elle s'accrochait à la foi, en priant le bon dieu, peut-être que sa soif s'apaisera, malheureusement rien à faire, la baronne pouvait rester sobre une vingtaine de jours, puis faire une rechute du jours au lendemain pouvant ingurgiter des litres et des litres de boisson alcoolisée, comme si elle voulait rattraper le temps perdu, comme si elle voulait se faire pardonner par son corps de l'avoir priver de sa principale addiction.
Elle en avait fait rire plus d'un et plus d'une, avec ses crises de délire éthylique en taverne, que se soit en Lorraine ou à l'autre bout du Royaume, elle en avait fait même pleurer des gens.
Aujourd'hui elle était là, planter sur son pieux, devant le visage d'un homme, qui affichait un air sévère, elle le regardait les yeux plein d'espoir, refermant sa chemise d'une main, puis s'essuyant le front trempé d'une sueur froide.
"- je viens de rentrer ici à Vaud", je me sens fébrile, si je vous ai appelé c'est pour cela.
Je ne vous ai pas fait venir pour me dicter ce que je dois faire, ou ce que je ne devrais pas faire.
Elle ferme les yeux pour fuir son regard, pis soupire profondément.
- ça a commencé il y a quelques jours, ou mois, je ne sais plus.
Je me fatigue beaucoup, sans rien avoir fait, ce n'est pas dans mes habitudes.
Pendant qu'elle parle nerveusement à son interlocuteur, il profite de balayer du regard la chambre de la baronne, pour une noble , elle paraissait bien modeste sa demeure, visiblement Zahra s'était absentée depuis longtemps des lieux, la propriété était pas très grande, mais il pouvait voir facilement le désordre, puis reconnaître le profil d'une alcoolique, les bouteilles vides à son chevet, un tas de flasques vidées , ou renversées à même le sol, sa couche était parfumée par l'alcool.
La brune qui se tenait en face, le blanc des yeux qu'il pouvait qualifié pour le moment de "jaune dil", son visage était pâle. Il profite de son moment d'inattention pour s'approcher d'elle puis redécouvre ses plaies, ré-ouvrant sa chemise.
Elle râle, puis lui retire sa main,
- décidément, vous ne servez à rien! Vous pensez qu'en fixant niaisement ma bedaine vous allez découvrir ce que je peux avoir.... vous faites dans le charlatanisme un point c'est tout.
Je me demande à quoi vous servent ces années d'études universitaire , ces tas d'années passaient à lire des bouquins, pour me gerber ici en une fois, que MON SEUL REMÈDE EST LE SEVRAGE!
Elle s'assoit doucement, puis tente de se relever,
- FOUTEZ LE CAMP!
- mais baronne vous...
- taisez vous, j'ai deviné mon gland!
Elle fouille dans son corsage, en sort une flasque, pis la jette sur le visage de l'homme, avant de refouiller à nouveau pour en sortir une bourse, elle l'ouvre, puis en sort une cinquantaine d'écus, elle grimace de douleur, mais aussi de haine, elle radine la baronne, elle trime pour trouver les écus, puis a souvent à faire la manche indirecte au près de ses camarades généreux.
Elle rit nerveusement, laissant en même temps quelques larmes coulées.
Zahra douille, si elle a contacté ce type, c'était pour qu'il l'aide tout simplement, mais au contraire lui s'acharnait sur elle, elle s'attendait à avoir quelque chose de solide, pourquoi pas de l'opium? Une fois défoncée elle ne sentira plus rien, mais non, il lui offre une seule solution miracle "la sobriété" forcée .
- J'imagine que vous voulez ça !
Lui tend ses pièces à contre coeur.
Il est plutôt patient avec ses "patients", il s'en est pris des bouteilles, puis des crachats depuis son entrée, malgré cela il restait là.
- 50 ÉCUS et MON CUL pour votre p****** de consultation, pis ZERO solution, je n'attendais pas moins d'un "médicastre" ....
Le plus terrible pour un médecin devait être certainement le manque de coopération et de bonne foi des patients parfois, à croire qu'ils étaient suicidaires, se prendre des noms d'oiseau, pis même des coups à quelque occasion, n'étaient rien comparé à ce qui se préparait pour l'alcoolique.
- Vos blessures ont été correctement pansées par ce médecin maure que vous m'avez décrit, mais aussi par votre amie "la fumeuse de joint" ou Cerdanne. Vos maux ne viennent pas de la guerre baronne Zahra.
Il dit cela en se dirigeant vers la porte ouverte de la chambre,
puis dépose les écus avant de sortir en claquant la porte.