[Quelques jours plus tard à Beaulieu en Argonne]
Elle était enfin de retour chez elle,
elle avait quitté Vaud", avec le cur lourd, après tout elle était plutôt bien entourée là bas, Shillia toujours disponible , la Louve, pis Sabifax et Zution sans compter les autres aussi, mais elle avait le devoir de se pointer dans son fief, après tout elle était la baronne et devait gérer ses terres seule.
Une fois arrivée dans son petit domaine , elle salua ses gens, il faisait déjà nuit, elle avait fait exprès d'arriver tardivement, ne souhaitant pas à avoir à entendre les plaintes ; entre la famine, pis autres problèmes de gueux, la guerrière en avait pas le courage , elle avait déjà assez de soucis.
- dis donc, mes mariachis ils sont passés où?
je trouve le coin coin bien triste, on dirait que ça sent la MORT.
- baronne, nous sommes heureux de vous revoir enfin,
Rodrigue et Mickaël vous ont rejoint au Royaume de France, il me semble qu'ils se sont perdu en route, il se sont retrouvés à Porto, au lieu d'Angers.
- la saleté de Mickaël j'savais qu'il allait me laisser en plan un de ces quatre pour s'en retourner chez ses aïeux au Portugal , pfff l'a jamais supporté de bosser avec les trois autres, entre nous chanter de l'espagnol pour une femme comme moi, au lieu de chantonner en portugais ça a du lui les briser légèrement, saleté d'ibérique on ne peut pas leur faire confiance !
- en même temps, baronne, vous avez toujours repoussé leurs avances à vos gus, sont chaud les méditerranéens !
- ... si je n'étais pas aussi crevée, je vous aurais bien mis mon poing dans la tronche , vous... mais il me semble que depuis la mort de Manon, je n'ai plus personne sur qui compter ici pour me rendre quelques services.
Je vais me passer des services des mariachis, bien qu'il me manque un peu de gaieté en ce moment, mais vous ... elles sont terminées vos vacances, je suis de retour ; allez donc voir du côté des caves, si j'ai quelque chose à boire ou pas.
Il fixe pendant longtemps la baronne, il ne l'avait que peu rencontré,
la plupart du temps Zahra était bloquée à Nancy ou Vaudémont,
on ne pouvait pas dire qu'elle était une femme très proche de ses gens, connue pour ses excès , elle aimait les festivités surtout arrosée, ayant un profil militaire, ses gens avaient souvent peur de lui présenter leurs enfants, sans doute qu'ils craignaient que la baronne les enrôle dans une armée ou les entraine dans ses aventures musclées.
- Je souhaite, que le salon d'accueil soit assez propre pour demain,
j'attends de la visite, la baronne d'Ottange devrait venir certainement accompagnée, je compte sur vous pour que le domaine soit un minimum présentable ... on dirait une ruine, mais je n'ai pas assez d'écu pour le faire retaper.
Elle s'approche de lui, pis lui tend un coffre en bois
- humpf , ce n'est pas grand chose, mais se sont les étrennes, avec un peu de retard si vous pouvez partager avec les autres.
Elle lui donne un autre coffre.
- pis ceci vous le ramènerez dans la zone "peste" ou " lépreux" , débrouillez vous pour que se soit dispatché pour ces misérables un peu abandonnés de Dieu, j'coompte sur vous , peut-être que ceci éloignera les mauvais esprits pis mes maux en même temps.
Il est tout content le Robert, par contre tout cet élan de générosité de la baronne sentait le cadeau empoisonné, après tout lui demandait d'aller au quartier "grands malades", c'était comme lui demander de se pendre, mais il ne peut pas refuser, il se contente de hocher la tête, puis souffle timidement:
- z'êtes bien bonne ma baronne... tout sera comme vous voulez.
Elle lui sourit, pis monte à l'étage, claquant la porte de sa chambre,
elle regarde autour d'elle, c'est sûr que comparé à Vaudémont, cette chambre était plus spacieuse, pis sa couche plus douillette, tant pis, s'il manque de l'animation, tant pis si ça manque de coquetterie, elle n'est pas en position de faire la fête, tout juste la force de voir sur son chevet une bouteille déjà entamée, qu'elle se dépêche de boire à même la bouteille, assoiffée , le voyage fut long , elle se débarrasse de ses frusques, légèrement réchauffée par l'alcool; pis défait son lit pour se couvrir de ses draps, bouteille en main bientôt vide, elle la jette au sol, pis cherche des yeux une autre.
- bluuuuuuurp! MANON! MA BOUTEILLE *hips* j'ai SOIFFFFFFFFFFFFFF!
Constatant que personne ne se déplace pour lui tendre à boire, elle s'énerve un peu,
- comme t'es vilaine ma vielle Manon,*hips* même quand je suis pas bien dans ma peau tu me fous des vents, j'ai si soif ma Manon*hips*
Elle ferme ses mirettes, recherchant un peu sa lucidité,
pourquoi parle-t-elle des morts?
Réalisant que la vielle et morte il y a bien des lunes, pis que Beaulieu-en Argonne, cette chambre même lui rappelait que c'est ici qu'elle se confiait à elle ces dernières années, elle se met à à injurier un peu tout, déjà de nature vulgaire, elle n'a plus de limite une fois bourrée.
Dans le domaine, les quelques personnes qui sont présentes s'inquiètent.
Elle gesticule dans son lit, pis s'enchaine très rapidement une succession de spasmes lui arrachant des hurlements, elle n'en peut plus , voila ce qui lui faisait peur depuis quelques semaines, ces douleurs abdominales, à croire que ses entrailles faisaient la guerre.
- AU SECOURS!*hips* AHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH
Dans les escaliers ça se bouscule, juste le bruit de pas pressé, pis la porte de sa chambre s'ouvre, sous le regard effrayé de Robert, se trouve la brune baronne, en transe? En souffrance, à moitié découverte sur son lit, trempée de la tête au pied, elle sue à grosse goutte.. se tenant le ventre recroquevillé sur elle...
- NE VOUS APPROCHEZ PAS*hips* restez là où vous êtes*hips* ça se calme ; ça va aller !*hips* ça passe , ça va passer*hips*
qu'elle enchaine, visiblement au bout du rouleau, elle s'essuie les mirettes encore pleine de larmes, ...
- faut me changer tout ça*hips* ça sent mauvais*hips* j'ai renversé ma bouteille de vin rouge partout*hips*
Paradoxale comme souvent, elle lui demande de ne pas s'approcher et en même temps elle lui ordonne de lui changer sa literie, il vient à elle les pas hésitant, elle peut être imprévisible quand elle est dans cet état, il regarde avec horreur ce qu'elle décrit comme étant du vin rouge, du sang.
- C'est dégueulasse, c'est à cause de ma Manon*hips* elle me fait faire que des bêtises*hips*
Elle passe sa main sur le peu de vêtement qu'elle porte, pis grimace légèrement en voyant les dégâts,
- si j'avais été coquine ces derniers mois, j'aurais*hips* pu penser que je suis sur le point d'accoucher*hips* mais visiblement, la chose ne sort pas de mon jardin paradisiaque *hips* ROBERT jurez sur votre vie et celle de ceux qui vous sont cher à votre coeur*hips* de ne rien dire *hips* de ne pas me juger*hips* le vin rouge tâche de partout, et pourtant Dieu sait que dans cette foutue bouteille c'est de l'eau de vie clair que j'ai bu, elle était un peu jaune , plus foncée je dirais peut-être dorée comme l'or*blurp* OUPS pardon*hips* mais tout juste bu cette élixir de la mort qui tue, que déjà ça ressort de partout!
Elle s'agrippe à lui, le suppliant ainsi pendant des heures,
il fait appel à son épouse, une jeune fille d'à peine quelques printemps,
Zahra se braque, refusant qu'ils se mettent tout les deux à l'aider.
Très rapidement, elle se laisse faire, la literie est changée, pis la baronne est toilettée et remis au lit,
bordée comme une enfant, quelques prières sont récitées à son chevet le reste de la nuit, tantôt ronflant et gémissant de douleur pendant son sommeil.
Pourtant le petit matin sera un autre jour, elle se relèvera certainement avec l'air de rien comme tant de lendemain de nuit d'enfer.
Le soleil se lève, pis la matinée s'est déjà écoulée,
elle est toujours sur son lit,
- bonjour.
Merci, je vous remercie.
Dans quelques jours il me faudra me déplacer à Nancy, certainement pour me distraire.... mais surtout pour y rencontrer un médecin,
notez moi son nom dans un coin s'il vous plaît, afin que je me souviens.
Forcejaune, je vais remettre ma vie entre les mains de cette hérétique , vu que dieu me fout la mort aux trousses.
Elle éclate de rire nerveusement,
- z'avez vu de vos propres mirettes Robert, mes trousses en sang ! Je me dis depuis quelques jours que c'est une illusion, pourtant je me purge , mes entrailles sont en train de se barrer tout doucement mais sûrement.
Gueule de bois , pis crue , sa façon de causer si naturelle,
familière à tout casser, elle se confiait à lui, sans gène, sans honte.
- baronne Zahra, vous allez vous en remettre, nous sommes là.
Dieu est grand et dans sa miséricorde il vous sortira de là.
Elle se relève avec son aide, sans plus rien dire, comme si le fait de causer du Très Haut, la plonge dans une méditation, elle devrait y croire, mais pourtant elle n'y arrive pas, recevoir des coups d'épées, pis se faire taper avec des coups de bâton, se faire fouetter par les mains d'ennemis elle pouvait le supporter, elle pouvait justifier ses douleurs, ses blessures, par contre voir ces chutes de sang, pis ressentir ces douleurs sans avoir reçu de coup, elle ne le supportait pas, depuis sa tendre enfance, elle n'a jamais eu le souvenir d'être rester au lit pour une quelconque maladie, elle ne savait pas ce qu'était la maladie, la fatigue même, pis aujourd'hui elle était là, lasse de cette bataille avec elle même.
Elle s'habille toujours avec leur aide, n'ayant pas une très grande autonomie de ses mouvements, fébrile, teint pâlichon...
- j'ai faim, allons donc manger, en attendant ma chemise, Mélodie ...
faut bien que je le dis à quelqu'un ... que ça ne tourne pas rond à Beaulieu, que ça ne tourne pas rond chez moi... vous n'avez pas reçu de missives?
J'attends Calyce... je l'attends.
Tout en disant ceci, elle descend doucement, une nouvelle journée débutait, soif arrosée, douleurs lancinantes , pis survie à n'importe quel prix.