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[RP]Chronique d'une disparition annoncée

Ninouchka
[dimanche soir à l'Herminette]

La bourgmestre rentrait chez elle, exténuée par une journée bien remplie, trop remplie peut-être.

Une dernière journée de mandat de maire était toujours un peu difficile. Il fallait tout mettre en ordre, clôturer les comptes, établir le bilan économique de la mairie, ranger les documents, répondre aux derniers courriers, etc ... tout cela sans oublier les rendez-vous donnés aux uns et aux autres pour des transactions commerciales, des remises de prime ou tout simplement faire la causette avec les villageois.

Elle avançait à pas pressés dans les rues de Blois. Elle avait hâte de retrouver son époux, son calme qui lui permettait à elle de retrouver sa sérénité. Il avait toujours eu cet effet sur elle. A son contact, son impatience, sa nervosité, ses râleries, son côté bouillant se calmaient.

En approchant de chez elle, elle fut surprise par le manque de lumière. D'habitude, surtout quand il savait qu'elle rentrerait tard, Pépin allumait des bougies en plus grand nombre et en mettait aux fenêtres. Il faut dire qu'ils habitaient l'avenue du Parc et que celle-ci, un peu à l'écart du centre du village, n'était jamais éclairée. Elle ne bénéficiait pas des lampes à huile dont profitait le plein centre de Blois.

Elle pressa le pas, inquiète tout à coup.

Elle pénétra dans la maison, appelant son époux à plusieurs reprises malgré l'évidence. La maison était vide ... l'atelier aussi ... Il faisait un calme à couper au couteau partout.

Elle oublia qu'elle avait faim, qu'elle avait soif, elle se laissa tomber dans un fauteuil, l'esprit agacé par mille questions.

Il faut croire que sa fatigue était telle, qu'elle finit par sombrer dans un sommeil inconfortable, plein de rêves trop réalistes où se mêlaient des comptes qui ne tombaient pas juste, des pillards, des mines fermées parce qu'elles menaçaient de s'effondrer, des étals de marché vides ...

Elle se réveilla en sursaut, certaine d'avoir entendu du bruit. Elle se leva et se rendit compte qu'elle était complètement courbaturée , appela plusieurs fois Pépin, sûre qu'il venait de rentrer.

Après avoir fait le tour de la maison avec un brin d'anxiété, elle dut se rendre à l'évidence ... elle était la seule à occuper les lieux.

Elle se chauffa une tasse de lait et devant l'heure avancée de la nuit, presque certaine que le lendemain elle serait à nouveau maire et qu'il faudrait assumer, elle finit par aller se coucher, le coeur et l'esprit plein d'inquiétude.

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Dame de Talcy
Ninouchka
[lundi matin à l'Herminette]

Elle s'était éveillée très tôt, avait allongé le bras vers l'endroit où aurait dû se trouver son mari, mais sa main n'avait rencontré que le vide.

Elle retrouva instantanément ses esprits, s'assit dans son lit, examinant chaque détail de la chambre. Peut-être était-il rentré et déjà reparti ... mais non ... il n'aurait pas agi comme ça sans laisser le moindre signe de son passage. Toujours elle sentait les odeurs de lait chaud, de pain frais qui montaient jusque dans la chambre. Pas un jour il n'avait quitté la maison avant elle sans lui avoir préparé son petit-déjeûner. De plus, il la savait facilement inquiète, surtout depuis qu'il lui avait expliqué qu'il s'entraînait beaucoup à l'épée en utilisant une machine qu'elle avait qualifiée de diabolique.

Elle sortit du lit, fit une toilette sommaire façon "chat", s'habilla sans vraiment faire attention à ce qu'elle mettait ... signe de grande perturbation chez elle qui était assez coquette.

Elle descendit et eut la confirmation de ses craintes. Le feu était presque mort dans la cuisine, il n'y avait ni lait chaud ni pain frais ...

Elle s'assit sur la première chaise venue, au bord des larmes. Une angoisse sourde s'installait, venant polluer son esprit, emplissant son coeur. Elle imagina immédiatement le pire ...

Finalement, elle se rendit dans son bureau, écrivit un mot destiné au régisseur du Val Ancien, le domaine familial de Pépin, près de Montargis. Il s'y rendait parfois à cheval en empruntant un chemin qui coupait à travers champs et bois pour éviter le détour par Orléans. Elle l'avait fait une fois avec lui et estimait certains tronçons comme étant véritablement casse-gueule, mais Pépin était Pépin ... il pouvait être têtu cet homme-là quand il voulait !

Elle attacha le message à la patte de son pigeon le plus rapide, espérant sans vraiment espérer qu'elle aurait de bonnes nouvelles. Après tout il pouvait avoir été retenu par le mauvais temps ou empêché de partir à cause d'un cheval blessé ou trente-six autre raisons plus banales les unes que les autres.

Puis elle partit vers la mairie où elle découvrit les résulats du vote. Elle était à nouveau mairesse.

Elle entra dans son bureau et pendant quelques heures ses soucis personnels furent obligés de passer à l'arrière-plan.



[lundi soir à L'herminette]

La journée s'était terminée avec un pigeon venu tout droit de Montargis. Non, messire Pépin n'était pas passé par le domaine depuis un certain temps, personne ne l'y avait vu.

Ninou blêmit. Si il n'était pas chez eux, ni au Val Ancien ...

Elle quitta son bureau précipitamment, pressée de rentrer et le redoutant en même temps. Il fallait qu'elle sache !

Elle courut tout le long du chemin pour enfin arriver devant une maison dont les fenêtres étaient aussi noires que la veille.

Elle s'arrêta, hésitante. Elle vit la maison d'Ali et Isly ses voisins, fut tentée pendant quelques instants d'aller les trouver malgré l'heure tardive.
Finalement elle se résolut à entrer chez elle. Elle savait que si elle voyait ses amis, elle allait fondre en larmes et qu'elle perdrait ce qui lui restait d'énergie pour agir.

Elle passa par la cuisine, relança le feu, mit chauffer de l'eau puis se dirigea vers son bureau. Quelques messages plus tard, elle revint s'asseoir devant une tisane brûlante et un quignon de pain accompagné d'un morceau de fromage. Elle se forçait à manger, consciente que si elle ne prenait pas de forces, elle ne pourrait assumer les heures difficiles qui l'attendaient car, elle en était certaine maintenant, il était arrivé quelque chose de grave à son mari. Cela faisait maintenant plus de quarante-huit heures qu'elle était sans nouvelles.

Elle envoya ses pigeons vers différentes personnes susceptibles de l'aider, dès le lendemain matin, en organisant des battues dans les champs et les bois, en vérifiant l'intérieur de bâtiments de ferme isolés, en longeant les quais de la Loire.

Elle alla s'étendre toute habillée sur son lit, les yeux grands ouverts dans le noir, l'esprit torturé par mille pensées plus douloureuses les unes que les autres. Celles qui lui faisaient le plus mal étaient celles où elle voyait Pépin, seul quelque part, souffrant, attendant de l'aide sans en trouver, affamé, assoiffé, gelé ... elle sentit couler des larmes sur ses joues et finit par sombrer dans un sommeil agité, plein de cauchemars dans lesquels ressurgissaient des images d'un passé difficile.

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Dame de Talcy
Ninouchka
[mardi à la mairie]

Le matin du mardi n'avait apporté aucun changement.

La bourgmestre avait quitté son domicile le coeur lourd se demandant comment elle allait assumer la journée.

Elle devait rencontrer des Blésois pour diverses raisons, passer en taverne dans la journée et en soirée.

La première chose que tous ceux qui la voyaient lui disaient c'était "Bonjour ... ça va ?" C'était un rituel auquel les gens étaient habitués à ce qu'elle réponde "ça va ... merci ... et vous ?"

A la première rencontre du jour, elle répondit donc "ça va ... merci ... et vous ?" .
Sa voix avait légèrement tremblé, mais celle à qui elle avait répondu ne l'avait pas remarqué ou avait mis le tremblement sur le compte du froid matinal.

Toute la matinée, elle parvint à donner le change. Pourtant son esprit partait constamment vers son mari. Elle avait reçu des réponses à ses messages et elle savait qu'on le recherchait activement.
Cela lui donnait la force de rester derrière son bureau ou de passer en coup de vent en taverne pour des rendez-vous.

Début d'après-midi, on frappa à la porte de son bureau d'une main hésitante. Cela arrivait assez souvent et dans ces cas-là, se doutant que c'était des personnes mal à l'aise, elle se levait, allait ouvrir la porte pour les accueillir.

Elle quitta donc son siège, se dirigea vers la porte, l'ouvrit et se trouva face à un gamin d'une dizaine d'années.
Il lui tendit un parchemin en lui disant brièvement "C'est pour vous", puis il s'encourut.

Pas le temps de le remercier en lui donnant quelques sous, pas le temps de lui demander d'où venait le message ...

Elle déroula le petit rouleau, le coeur prêt à s'arrêter de battre si ...

Elle se secoua, se dit qu'elle recevait des tas de messages chaque jour et que tous n'annonçaient pas des mauvaises nouvelles.

Elle commença à lire, sentit qu'elle manquait d'air, chercha une chaise pour s'y asseoir, recommença sa lecture



Citation:
Chère Dame Ninou,

Nous ne nous connaissoyons pas, mais j'ai chez moi un sire qui semble vous connoitre. Nous l'avions retrouvé dans le bois, alors que nous chassoyons des lapereaux.

Il semble avoir été attaqué par quelques malendrins alors qu'il pratiquait l'art de la lame auprès de quelque machine étrange. Nous l'avions retrouvé affalé, le corps couvert de blessures et tout blanc.

Nous l'avions ramené dans not chaumière, donné à mangeoyer quand il ouvrait quelque peu les yeux, mais les seuls mots qu'il a sorti de sa bouche étaient pour une certaine Ninou.

Vous estiez nommée Bourgmestre de Blois, aussi, nous avions pensé à vous.

Le sire n'est pas en forme, et ses blessures se sont abimées. Nous ne savions pas pour combien de temps le Très Haut va le laisser parmi nous. Nous estions à une lieue sur la route de la mine entre Blois et Patay.Vous pouvez passoyer quand vous le désirez, nous cultivions la terre de notre chaumière.

Tristement à vous

Georges

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Dame de Talcy
Ninouchka
[mardi soir entre Blois et Patay]

Ninouchka se redressa, le coeur en déroute, les yeux pleins de larmes en pensant à son mari.

Elle s'assit à son bureau, termina le travail urgent, tria ce qui restait pour en déléguer une partie à son adjoint.

Puis elle rentra chez elle, rassembla quelques vêtements et un peu de linge appartenant à Pépin. Elle prit aussi une somme d'argent assez importante destinée à ceux qui s'occupaient de lui.

Elle mangea pour ne pas faiblir, puis elle se rendit en taverne. Elle avait des gens à rencontrer, des transactions à conclure.

Elle ne resta pas longtemps en taverne, pressée de prendre la route de Patay. Elle parut sans doute peu amène aux Blésois mais elle avait bien du mal à garder son calme, à ne pas fondre en larmes.

Enfin elle put s'échapper et elle prit la route de Patay.

Une lieue à parcourir seule dans la nuit noire. Personne à Blois ne savait encore ce qui s'était passé. Elle gardait sa douleur pour elle. Elle avait toujours été comme ça. Elle parlait de ses problèmes quand ils étaient réglés ou presque ou alors quand elle commençait à les maîtriser.

Elle marchait d'un pas rapide, ne pensant même pas aux risques encourus par une femme seule sur une route déserte.

Elle n'entendait pas les mille bruits de la forêt ni ceux plus ténus des champs. Elle ne remarquait pas la chouette sur son piquet de clôture, elle ne se préoccupait pas des petits rongeurs qui traversaient le chemin devant elle.

Arriver près de lui, le serrer dans ses bras, l'embrasser, le soigner ... elle ne pensait qu'à ça !

Enfin, elle aperçut une petite ferme perdue au milieu des champs. Elle n'y avait jamais fait attention auparavant.

Il faut dire que chaque fois qu'elle avait été à Patay, c'était avec Pépin et parfois d'autres et qu'elle ne regardait pas nécessairement plus loin que celui qui, à l'époque, n'était pas encore son mari.

Patay ... que de souvenirs ... mais dans l'immédiat il ne s'agissait pas de souvenirs mais bien de la dure réalité. Le message de Georges ne laissait guère d'espoir.

Arrivée devant la porte, elle frappa en donnant son nom. A cette heure les paysans vivant aussi isolés n'ouvraient plus à personne.

Elle vit quelqu'un à la fenêtre et l'instant d'après on ouvrait l'huis.

Elle pénétra dans une pièce illuminée par deux bougies et le feu dans la cheminée.

Georges et sa femme lui montrèrent immédiatement un homme gisant sur un matelas de fortune près du feu.

Son coeur s'arrêta un instant, repartit de façon saccadée. Lui ! C'était lui !

Elle regarda les paysans qui lui firent signe qu'elle pouvait s'approcher. Elle mit une main fraîche sur le front brûlant de Pépin qui gémit doucement, elle déposa un doux baiser sur les lèvres de celui qu'elle aimait. Pendant un moment elle resta sans bouger, simplement occupée à le contempler, cherchant au fond d'elle la force dont elle allait avoir besoin.

Elle se releva pour prendre une des deux bougies et l'approcher de son époux. Elle s'aperçut alors de son teint cireux, de ses joues creusées, de ses yeux comme enfoncés.

Elle eut un choc et un murmure de désespoir lui échappa. Elle le découvrit en partie pour voir l'état des plaies. Elles avaient vilaine allure malgré qu'elles avaient visiblement été nettoyées.

Ninouchka se redressa, regarda ceux qui avaient recueilli son époux.

Elle leur demanda la permission de rester là jusqu'au petit matin, ce qu'ils lui accordèrent de bon coeur.

Elle s'allongea près de Pépin, à même le sol de terre battue sur une simple couverture. Elle lui prit la main et laissant couler ses larmes sans bruit, elle tenta de trouver le sommeil.

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Dame de Talcy
Ninouchka
[Mercredi soir entre Blois et Patay]

La bourgmestre une fois sa journée finie avait repris la route de Patay.

Personne ne saurait jamais dans quel état d'esprit elle avait quitté la petite ferme le matin même, torturée à l'idée que son mari puisse remettre son âme au Très-Haut en son absence, le coeur chaviré en pensant à ce qu'il devait souffrir.

Elle avait fait la route en devant combattre son envie permanente de faire demi-tour.

La première chose qu'elle avait faite en arrivant à son bureau avait été d'écrire un mot à son amie Leanore pour lui demander des plantes. Il fallait absolument faire tomber cette fièvre ou au moins soulager la douleur.



Citation:
Bonjour Lea,

Pardonne-moi de t'annoncer la nouvelle sans ménagement mais mon désarroi est immense.
Je ne sais si la nouvelle de l'agression de Pépin entre Blois et Patay t'es parvenue ... il est dans un état très grave et j'aurais besoin de tes connaissances des simples et de tes talents pour les assembler afin de le soulager quelque peu.
Il est dévoré par la fièvre et les plaies dont son corps est recouvert sont infectées. Si tu pouvais m'envoyer de quoi apaiser la douleur et la fièvre, je te serais infiniment reconnaissante.
Je t'embrasse
Ninou



La journée de travail à la mairie l'avait aidée à faire passer le temps, mais maintenant qu'elle le pouvait, elle se hâtait, trouvant chaque pas trop court.

Enfin, elle fut devant la ferme de Georges, elle frappa selon un code qu'il lui avait donné et sans attendre la porte s'ouvrit.

La femme de Georges lui fit signe de ne pas faire de bruit et lui chuchota que le sire venait de s'endormir.

Elle lui montra aussi qu'ils avaient mis deux ou trois couvertures l'une sur l'autre pour elle afin qu'elle soit un peu mieux installée.

Ninou, émue aux larmes par la gentillesse de ces braves gens, prit la femme dans ses bras et l'embrassa chaleureusement.

Avant de se coucher, elle posa très légèrement sa main sur le front de Pépin, espérant contre tout espoir que la fièvre aurait diminué.
Hélas ... on était loin du compte ! Il brûlait davantage encore que la veille et gémissait dans son sommeil.

Comme la nuit précédente, elle prit sa main dans la sienne, sentit qu'il serrait faiblement ses doigts autour des siens, en fut bouleversée et prit alors la décision de faire ce que lui avait proposé un Blésois ... le ramener à Blois.

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Dame de Talcy
Ninouchka
Plusieurs Blésois de ses amis avaient proposé à la mairesse d'aller chercher Pépin afin de le ramener chez lui.

Elle avait hésité devant la souffrance que ça risquait de représenter pour lui, puis à force d'y réfléchir à plusieurs, ils avaient décidé de barder littéralement une charrette avec des couvertures.

Il y en avait plusieurs couches sur le fond de la charrette ainsi que des couvertures roulées sur les côtés pour l'empêcher de bouger et d'aller cogner les bords. De plus, ils avaient prévu de quoi le couvrir chaudement.

Si le vent était tombé et si il ne neigeait plus, par contre c'était un froid vif qui s'était installé. Un froid qui risquait de faire des dégâts.

Ils étaient partis à plusieurs, empruntant la route de Patay qu'ils connaissaient tous si bien.

Ninouchka perdue dans ses pensées écoutait ses compagnons qui parlaient sans arrêt ... d'abord parce qu'ils étaient naturellement bavards ... puis parce qu'il était évident qu'ils essayaient de lui changer les idées.

Passant devant une minuscule potale (*) au milieu des champs, elle adressa une prière au Très-Haut, le remerciant d'avoir mis sur son chemin les amis précieux qu'elle avait aussi bien au sein de la mairie que dans sa vie privée.

Arrivés chez Georges, elle avait laissé faire les hommes, profitant de ces instants pour refaire le paquet avec les effets de Pépin, aider la femme du paysan à tout replier et surtout dédommager le couple de toute la peine qu'il avait prise.

Le chemin avait été lent et pénible, nettement plus silencieux qu'à l'aller. Elle veillait sur son mari pendant que les hommes eux, essayaient d'éviter les nids-de-poule, les gros cailloux, les ornières, les branches cassées ... tout ce qui pouvait secouer la charrette.

Enfin, ils étaient parvenus à Blois et la dernière épreuve aussi bien pour Pépin que pour eux avait été de le monter à l'étage pour l'installer dans son lit.

Puis ils étaient repartis et elle avait commencé à s'organiser.



(*)potale : en français de Belgique (et plutôt en Wallonie) petite niche ou petite chapelle murale dans laquelle on dépose une statuette de saint, ou de la Vierge ou encore du Sacré-Coeur

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Dame de Talcy
--Leanore.
Il était encore tôt lorsqu'on frappa à sa porte. Elle finissait d'attiser le feu dans l'âtre afin qu'il reprenne vigueur et se préparait à prendre le premier repas de la journée. Elle aimait ce moment de solitude, encore toute engourdie de sommeil, son esprit et son coeur se réveillant de concert.
Elle fut étonnée d'avoir une visite aussi matinale, et songea de suite à une urgence médicale. Un homme qu'elle ne connaissait pas se tenait là, s'assura de l'identité de la personne qu'il cherchait et lui tendit la missive. Une écriture fine et féminine courrait sur le vélin que Léanore s'empressa de déchiffrer.

Son visage pâlit au fur et mesure que ses yeux s'agrandissaient en lisant le message. Ninou était dans la peine, Ninou à qui elle avait pu échanger quelques mots dernièrement lors de son voyage à Blois. Elle se prit à songer que leur destin parfois se ressemblaient tant et que lorsqu'elles croyaient toutes deux toucher le bonheur, aussitôt le sort voulait qu'il s'échappe.

Elle ne pouvait quitter Orléans. Elle fit entrer l'homme afin qu'il ne reste pas dans la froidure de l'hiver et courut préparer un échantillon de remèdes. Elle espérait que cela serait suffisant car les plaies infectées pouvaient conduire à la mort.

Une fois le panier rempli, elle s'assit à son bureau pour écrire les instructions afin que Ninou sache quoi faire de toutes ces fioles, onguents et sachets d'herbes.

« Chère Ninou,
Je ne peux te dire à quel point mon coeur s'est serré en te lisant. Malheureusement je ne puis venir mais je t'envoie les remèdes que j'utilise habituellement pour ce genre de maux dont tu me parles. Je ne cache pas que l'infection des plaies et la fièvre sont mauvais signes. Les sachets, les fioles et les onguents sont étiquettés, tu ne pourras pas te tromper.
Pour les plaies superficielles, tu nettoies avec la lotion de thym et tu appliques du miel pour la cicatrisation. Une infusion de tilleul calmera les douleurs (l'infusion, tu jettes les plantes dans l'eau bouillante)
Si une plaie suppure beaucoup tu nettoieras la plaie avec une lotion de feuilles de cassis et d'essence de marjolaine. Tu donneras une décoction de bardane pour aider à traiter l'infection (la décoction se prépare ainsi : faire bouillir l'eau avec la bardane en recouvrant pour que les éléments guérisseurs ne s'échappent pas) Il faudra faire des cataplasmes aussi de ces mêmes feuilles séchées.
Si il y a des contusions, tu mets l'onguent d'arnica.
Enfin pour les fièvres, tu prépares une décoction d'écorce de hêtre séchée. Une tasse toutes les deux heures.

Je te souhaite beaucoup de courage Ninou et si tu as besoin encore n'hésite pas.

Je t�embrasse affectueusement

Léanore »

Lorsque l'encre fut sèche, elle replia soigneusement le vélin et tendit le tout à l'homme.


« Faites vite je vous en prie !!. »
Woolfrik
En se balandant devant la taverne du Blésois Crépitant, Woolfrik entendit certaines personnes parler d'un certain Pépin, mari de Ninouchka, qui était très mal en point. Woolfrik, étant nouvelle arrivant dans cette bourgarde, commencer à se questionner à çe sujet.
En revenant vers son élevage, actuellement vide, il s'appuya sur la cloture en bois et pensa à ce qu'il venait d'entendre.
Il décida au final d'envoyer un pigeon à son amie.


Citation:
Bonjour Ninou,

C'est avec un grand désaroi que j'apprend la nouvelle au sujet de votre cher conjoint, et je souhaite de tout coeur qu'il se rétablisse au plus vite.

Je ne mis connais point dans tout ce qui est plante et médecina, mais je peux vous garantir que si vous avez besoin d'une quelconque aide qui puisse l'aider ou de quoi que se soit d'autre, je serai là.

J'espère que ce petit message vous redonnera un peu de joie et d'espoir, et j'espère, encore une fois, que votre cher mari ce rétablisse.

Bon courage et à très bientôt.

Woolfrik Bordegivre.


*Un petit tour à l'église s'impose ...*
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Ne buvez jamais au commande d'un cheval , vous risquerez d'en renverser.
Ninouchka
Leanore, fidèle à elle-même, avait répondu très rapidement à Ninou. Non seulement elle avait répondu avec toutes les explications nécessaires, mais elle lui avait fait envoyer les produits.

Depuis, la lotion de thym, le pot de miel, la lotion de cassis et marjolaine ne quittaient pas le chevet de Pépin. Ninouchka suivait rigoureusement les instructions de Lea. Ce n'était pourtant pas facile ! Les plaies avaient vilaine allure et de plus elle voyait bien qu'elle lui faisait mal en le soignant. Il n'était pas rare qu'elle ne puisse retenir ses larmes en le voyant souffrir surtout quand elle devait retirer les cataplasmes séchés de feuilles de bardane.

Elle préparait infusions et décoctions chaque jour. Elle revenait de la mairie toutes les deux heures pour les faire ingurgiter à Pépin.
Il n'avalait plus que ça d'ailleurs. L'appétit l'avait quitté.

Hélas, aucune amélioration ne se dessinait et la bourgmestre commençait à perdre lentement espoir.

C'est au beau milieu d'un accès de désespoir, qu'un pigeon lui apporta une missive.

Elle l'avait prise, avait déroulé le mince parchemin, avait immédiatement été voir la signature car l'écriture lui était inconnue.

Elle sourit ... Woolfrik ... un jeune Blésois de fraîche date qu'elle avait eu l'occasion de rencontrer. Un jeune prometteur comme il y en avait de temps en temps.

Elle lut les mots qu'il lui adressait et retrouva un peu de courage. Touchée par cette attention, Ninou alla s'assurer que Pépin était installé du mieux possible, qu'il n'avait besoin de rien, puis elle rejoignit son bureau de mairesse pour un moment

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Dame de Talcy
Lililith
A la Bicoque, on chuchotait. Les murs savaient peut-être écouter, mais Lili avait deux oreilles et elles fonctionnaient parfaitement bien.
Pouvait-on s'étonner alors qu'elle entende ce qui se disait entre les Grands ?
Non.

Lili marchait, se dirigeait vers l'Herminette.
C'était aujourd'hui un nouveau jour.
Elle s'arrêta, repris son souffle.
Frappa à la porte doucement, soudain redevenue timide.
Elle serrait quelque chose très fort dans sa main.


Nina... ?
Nina ?
T'es là, Nina ?
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