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[RP ouvert]Rien qu'une pomme

Elilind
...Succulente !

Enfin c'est l'impression qu'en avait Eli depuis le bout de la rue. De jolis fruits bien ronds et bien rouges. Elle avait encore en bouche le gout de sa dernière miche de pain rassis, et il semblait que même un fond de chope ne pourrait lui faire échapper à ce supplice des papilles. Un nuage couvrit le soleil froid et un frisson la parcourut de la tête aux pieds nus. La dernière fois qu'elle avait vu de l'eau en grande quantité remontait à sa journée de pêche et ses pieds calleux étaient noirs de crasse, sans parler des ongles de ses mains. Elle avait bien eu des chaussures un jour, mais va savoir où elle les avait perdues celles ci.

La promesse d'un fruit en cette saison ne pouvait être qu'un réconfort. Sans se soucier de fouiller ses poches à la recherche d'un écu solitaire - le dernier était parti en taverne -, la brune s'avança vers l'étal comme une servante en commission pour sa maison, portant fièrement ses vêtements raccommodés.

Fixant un point à l'horizon droit devant, sa main gauche, dont une cicatrice profonde couvrait le poignet, surgit sur une pomme et disparut aussitôt, le reste du corps continuant d'avancer l'air de rien.
Quelques mètres plus loin, le cri du commerçant retentit délicieusement à ses oreilles, alors que ses dents croquaient le fruit.

Malheureusement la foule lui fit échapper des mains son larcin et elle le regarda rouler sur le sol avec horreur.

Le pied de quelqu'un se posa sur la pomme. Interdite, elle hésita à foncer pour le récupérer ou à filer sans demander son reste, le vendeur se rapprochant dangereusement de sa proie.


f'chier !

Incrustez-vous!

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L'oiseau qui vole n'a pas de maitre.
Pallas
La foule était dense dans les rues et s’agglutinait autour des étals du marché. Ambiance de bourg grouillant : les uns fouaillant dans leurs bourses à la recherche d’écus sonnants en échange d’un pain, de légumes ou, pour les plus riches, d’un beau morceau de viande rouge à la graisse luisante ; d’autres haranguant le chaland.

Il est beau ! Il est beau mon poisson ! pêché du matin !
Approchez ! Admirez ces beaux poulets ! Approchez !

Ça et là, des groupes d’hommes, de femmes absorbés dans leurs conversations, sujets divers, paroles qui se mêlent au brouhaha général.
Naviguant dans ce flot, Pallas marchait d’un pas lent, flânant, musardant entre les étals, serrant contre sa poitrine sa miche de pain quotidienne. Elle s’aventurait de rues en ruelles, découvrait peu à peu cette province. Elle savait qu’elle resterait en Anjou pour un bon moment… autant essayer de s’acclimater au mieux.

Soudain, un cri … une voix forte couvrant le gentil bourdonnement du marché. La taille menue de la Pallas l’empêchait de voir nettement. La foule massée bouchait son horizon. Seuls les cris lui parvenaient :


Voleur ! Au voleur ! … Mes pommes ! …

Pallas n’en écouta pas davantage. Quelque chose venait de heurter son pied, qui faillit la faire trébucher. Elle baissa le regard pendant qu’elle tentait de retrouver son équilibre. A moitié fichée sous sa semelle, elle reconnut une pomme dont la boue, qui la souillait, laissait entrevoir la rougeur brillante.
Alors qu’elle s’apprêtait prestement à attraper le fruit, Pallas redressa la tête, son regard croisa deux yeux gris à la fois contrariés et déterminés. Mais pire que cela, en arrière plan, elle voyait se dessiner une lourde silhouette accompagnée des cris rauques qu’elle avait entendus un instant plus tôt.
Sans plus réfléchir, par réflexe peut-être, son pied appuya sur le fruit qui s’enfonça tout à fait dans la boue de la ruelle. Un coup d’œil et un demi sourire vers l’étrangère qui lui faisait face, elle approcha son index de ses lèvres :


Chut !
Elilind
Non, mais... Non, mais ! Mais qu'est-ce qu'elle fait ?! Elilind dévisagea l'inconnue avec de grands yeux effarés.

Hé ! Mais c'ma po...

Chut !

Le vendeur de pommes la bouscula à cet instant, criant et gesticulant après son voleur.

Oh ! J'suis pas de la viande, enflure !

Peut-être que si elle n'avait rien dit, s'était incliné sur le sol devant tant de majesté - le type avait l'air de porter une couronne tellement ses cheveux se hérissaient sur sa tête furieuse -, peut-être qu'il serait passé à côté d'elles.

T'as pas vu un voleur d'pommes, clocharde ?

Se retenant de lui mettre un coup de poing dans la face - une clocharde ! elle ! - Elilind afficha un grand sourire courtois et complètement faux.

Nan, j'suis là avec ma collègue p'faire des courses pour m'd'ame.
qu'elle dit en désignant de la tête la femme qui avait voulu l'aider.

L'homme parut dubitatif, et l'impression de déjà-vu dû faire tilt dans sa cervelle de moineau.

Où tu l'as mis ?!

Ah, ben voilà. Il se réveillait le bon m'sieur. Elilind plongea son regard dans la fille qui devait se racheter pour avoir gâcher SA pomme.

Maintenant tu l'assommes.
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L'oiseau qui vole n'a pas de maitre.
Pallas
Le marchand filait, fendait la foule bousculant à droite, à gauche pour frayer sa route. La fille aux yeux gris avait bien évidemment eu la bonne idée de se trouver sur son passage. Bousculade assurée. Insulte qui fuse en direction du furibond.

Oh ! J'suis pas de la viande, enflure !

Aïe ! mauvaise idée… pouvait pas la boucler celle-là ! « Chut ! » c’est pas une invitation à tailler le bout de gras ! … enfin, en Anjou … peut-être …

T'as pas vu un voleur d'pommes, clocharde ?

Nan, j'suis là avec ma collègue p'faire des courses pour m'd'ame.

Pallas écarquilla les yeux, incrédule. Voilà qu’elle l’embarquait dans sa galère. L’homme promena son regard de la fille à Pallas, de Pallas à la fille, toutes deux immobiles. Pallas imprima imperceptiblement son poids sur son pied droit qui cachait le délit, enfonçant inexorablement sa sandale dans la boue collante.
Pauvre pomme … s’ra plus vraiment comestible … pensait-elle quand soudain le marchand se redressa de toute sa hauteur, mains sur les hanches, regard sombre et rictus nerveux aux lèvres.


Où tu l'as mis ?!

Houla ! ça se corsait … Mais le pire était à venir quand Pallas entendit distinctement la voleuse lui lancer avec aplomb :

Maintenant tu l'assommes.

Hein ???!!!

Le sol sembla trembler sous les pieds de la jeune fille, un bourdonnement sourd envahit son cerveau. Réfléchir …. Réfléchir … elle était incapable de réfléchir ! Dans un sursaut (réflexe de survie ou simple bêtise, on se sait pas…) sans prendre le temps de comprendre ce qu’elle faisait à cet instant, Pallas fixa le sol à la recherche de qui, de quoi … de ça ! Une pierre !
La suite fut rapide, un peu floue. Elle agrippe la pierre, vise et … pleine poire ! L’autre chancelle, hurle. Mouvement dans la foule, des têtes qui se tournent …
Pallas agrippa à plein mains la pomme couverte de boue et dans son élan pour fuir, cria à sa camarade de galère :


Rest’pas plantée ! Cours !
Elilind
Elilind la regarda balancer sa pierre dans la face du type avec un sourire amusé. Elle avait du cran celle-là. Sauf que le coup ne suffit pas à assommer le vendeur, mais attira plutôt l'attention sur elles.

Fallait l'assommer, pas le faire enrager !

La brune reconnut tout de même une bonne présence d'esprit à son acolyte tombée du ciel quand elle récupéra la pomme, fruit de l'interdit. Après tout, elle commençait à valoir cher celle-là.

Rest’pas plantée ! Cours !

Très bonne idée. Elilind démarra comme une flèche, rejoignant sa comparse. Au bout de quelques slaloms entre les passants, elle l'aggrippa par la manche et la fit se propulser avec elle dans un tas de paille dans une petite ruelle adjointe. Tout en douceur, Eli lui appuya fortement sur la tête pour qu'elle disparaisse dans les brins, la suivant dans la cachette improvisée.

Oh fait, moi c'est Eli.

Chuchota-t-elle.
Elle tint sa langue quelques minutes, puis se mordit les lèvres quelques secondes avant de se mettre à pouffer pour finir par éclater de rire, tout en essayant de rester le plus silencieux possible.

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L'oiseau qui vole n'a pas de maitre.
Pallas
Course folle dans les ruelles, les deux inconscientes fuyaient les vociférations hystériques du marchand, mues par l’irrésistible besoin de ne plus retomber dans ses filets.

Aaaah !! Eeeeeh !!!

L’inconnue l’avait agrippée et entraînée plongeant dans une meule de paille qui pourrissait au fond d’une ruelle. Pas le temps de reprendre souffle qu’elle sentit la main de son acolyte appuyer sur sa tête pour l’immerger totalement au cœur de la meule. Si ce n’était l’odeur âcre et les démangeaisons qui se faisaient sentir au contact de la paille, Pallas trouvait la planque idéale … au moins y avait-on chaud.
Après quelques instants de silence, les oreilles en éveil, l’inconnue se présenta, à mi-voix.


Oh fait, moi c'est Eli.

Pallas … moi c’est Pallas … répondit la jeune fille sur un ton renfrogné.

Pallas serrait toujours dans sa main la pomme gâtée. Las ! elle avait perdu sa miche de pain dans la course ! Elle se résuma la situation mentalement.

Donc … ma journée aurait dû se borner à bouloter ma miche de pain et casser du caillou à la mine. Au lieu de ça, j’ai dû violer une dizaine de lois du coin ... complicité de vol, agression, coups et blessure, délit de fuite … pffff ! Et moi qui croyais ma liberté gagnée !

Elle se voyait déjà les fers aux pieds, traînée comme une malpropre au pilori ! Elle fut sortie de ses obscures pensées par l’éclat de rire de sa voisine.

Mais … elle est fêlée ! Fallait que j’tombe sur une folle ! Chuuuuut ! tu vas nous faire repérer ! Mais pourquoi j’ai pas passé mon chemin tout à l’heure ? Tout ça pour une pomme !

Sur ces mots, Pallas leva la main entre les brins de paille épars qui l’environnaient et la tint devant les yeux de la fille.

Désolée, hein … l’est plus vraiment appétissante.

Devant le regard contrarié de son vis-à-vis, Pallas ne put se retenir de sourire. Elle lui aurait bien écrasé le fruit en pleine face et l’aurait volontiers plantée là, mais indescriptiblement, elle trouvait cette fille, quelque peu crasseuse, plutôt sympathique. Il fallait lui rendre grâce. Pallas s’ennuyait à mourir depuis son arrivée dans la province. Sa seule distraction résidait à pousser des wagonnets dans une mine et le soir venu, elle ne trouvait guère de monde sur la place du village ou en taverne. Elle se demandait si la fameuse guerre dont elle avait ouï parler au cours de ses pérégrinations n’avait pas eu raison de la joie de vivre du peuple.
Au moins, cette mésaventure venait mettre un peu de sel dans son quotidien. Elle espérait toutefois qu’elle s’en tirerait à bon compte.


Dis, tu m’as embarquée dans une belle galère … Alors, on fait quoi maintenant ? On prend racine ?
Elilind
Tout ça pour une pomme... Et alors ?! Faut bien savoir définir ses priorités dans la vie, et Eli l'avait parfaitement fait pour aujourd'hui.

Doit 'core être bonne. File voir !

Elle essuya la pomme pleine de boue dans la paille et la ressortit un peu plus brillante mais toujours aussi peu ragoutante.

Mouais... Bonne pour un cochon.


...On prend racine ?

Vu qu'celle là l'es pu mangeable, va falloir qu'on aille en r'piquer une autre, fin deux, vu qu'on est deux.

Logique non ? Sauf que devant la tête que lui fit sa comparse, elle s'dit que finalement ça devait pas être une très très bonne idée. Elle avait déjà failli perdre sa main gauche une fois - la cicatrice qui lui courait sur le poignet en attestait tout les jours - on allait pas tenter l'Aristote de la corriger pour l'même chose !
Elilind tourna le fruit sous toutes ses coutures, en proie à une réflexion profonde. Soudain, son visage s'éclaira comme un phare dans la nuit.


N'empêche qu'elle vaut chère celle-là maint'nant. On d'vrait la vendre comme si c'était la pomme de la reine ! 'Sure que y'aurait un couillon pour l'acheter au moins 100 écus !

Ses yeux se mirent à briller de cupidité. Elle tenait le début de sa fortune, c't'ait sûr. La fortune elle l'avait déjà eu une fois dans sa vie, mais un nobliot lui avait tout piqué. Alors si elle pouvait en rouler un dans la farine en se remplissant les poches ce ne serait pas plus mal.

T'me suis ?

La brune se leva d'un bond du tas de paille, s'époussetant avec une dignité toute... royale.
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L'oiseau qui vole n'a pas de maitre.
Pallas
La fille ne tarda pas pour récupérer son précieux bien. En la regardant essuyer le fruit et l'inspecter en la brandissant devant ses yeux scrutateurs, Pallas remarqua la cicatrice qui ornait son fin poigné.

Pallas écoutait sa nouvelle compagne avec incrédulité. Manquerait plus qu'elle recommence le cirque qui avait failli lui coûter quelque jours de geôle ! Mais quand l'autre insinua que cette pomme pouvait leur apporter fortune sur le dos d'un pigeon local, ses bras lui en tombèrent.
La jeune fille n'était pas ce qu'on peu appeler une sainte nitouche, mais son peu d'expérience de la vie, ses 17 ans, ne lui avaient pas offert l'oportunité d'explorer et d'expérimenter les aventures qui sortaient des sentiers battus et des limites légales ... quoique ... pouvait-on considérer sa propre fuite du domaine familial comme un acte illicite ? Jamais elle ne s'était posé la question, trop empressée de gagner une liberté qui lui était chère...


Trève de cogitations ! Miss Pomme emmergeait du tas de paille en secouant ses nippes.

T'me suis ?

Tout en s'évertuant à se libérer de la meule avec un peu de dignité, ôtant les brins de paille prisonniers de sa chevelure, Pallas rejoignit sa comparse dans la ruelle et attrapa son bras pour stopper son élan.

Attends ... deux minutes Eli ... tu veux que je t'suive où ? Qu'est-ce que t'as en tête ? J'aime pas foncer tête baissée sans savoir où j'mets les pieds ... m'ont déjà joué un sale tour avec une pomme, si tu vois c'que j'veux dire...

Les yeux de la jeune fille retombèrent sur la cicatrice au poigné.

Et ça, c'est quoi ? Comment t'as pu te faire un truc pareil ?
Regort
Regort aimait trainer au marché entre deux travaux au château. Déformation professionnelle oblige, il y voyait des écus entrant dans les caisses ducales partout. Tiens, une miche de pain vendue ? 23 centimes pour les caisses. Oh, et là du vin vendu, plus loin un sceau. Son pauvre esprit dérangé entendait déjà le son des pièces s'entrechoquant. Douce mélodie de la trésorerie. Plus loin une pomme...volée ? Ô malheureuse taxes qui s'enfuient.

Mais enfin, ce n'était plus son âge de courir après les voleurs. Et puis il ne faisait vraiment de tort à personne en laissant courir les voleurs de pommes. Une pierre qui vole...n'amasse pas mousse. Et finit dans la frimousse du marchand. Haussement d'épaules, beaucoup de bruit pour un fruit dont l'usufruit est perdu dans la boue. Mais il avait perdu son décompte, voilà qui était fâcheux. Tant pis, il se rattrapera la prochaine fois.

Repartant vers le château, il prit le chemin des ruelles sinueuses. ''Un raccourci'' qu'il disait. Malheureusement bien vite le vieil homme et son sens de l'orientation légendaire tournaient en rond. S'adossant sur un mur au coin d'une ruelle, il grommela dans sa barbe qu'il n'aurait jamais.


Pfff, c'est malin ça. Je vais louper le cours de grec.

Une vieille botte de paille d'où sortent deux femmes. Une nouvelle mode ? Hum, à noter de faire le tour de son étable. En attendant, voilà une bonne occasion de retrouver son chemin. Décollant son séant des pierres murales, il s'exclama :

Hey ! S'il vous plait !

Pressant le pas il s'approcha.

Auriez-vous l'amabilité d'indiquer son chemin à un vieux gâteux ?

Ne pas lésiner sur le pathos, c'est toujours plus vendeur.
Pallas
Pallas n'avait pas fini de poser sa question qu'un homme les interpelle ... Aïe ! Pas bon ça ...
Et voilà qu'il s'approchait ! L'autre fille avait plus d'expérience, à n'en pas douter, pour filer entre les pattes d'opportuns. Ni une, ni deux, la voilà qui dégage son bras, lâche le reste piteux de la pomme qui se retrouve une fois encore aux pieds de Pallas et file comme le vent.


Quant à la jeune fille, elle restait idiote et immobile, regardant avec effroi, l'homme s'approcher et le délit planté sur le sol.

Flûte ! zut ! zlute !

Il était là, maintenant, devant elle, tout sourire et d'une voix aimable ... trop aimable ... méfiance ma fille ... il enchaîna :

Auriez-vous l'amabilité d'indiquer son chemin à un vieux gâteux ?

Il ne devait pas être du coin, celui-là, et il était bien mal tombé. La gamine ne connaissait pas vraiment la ville. Rouge de confusion, elle bredouilla quelques mots incohérents.

Beuh ... euh ... hum ... c't'à dire ... euh ... v...v'z'allez où... parc'que ... moi ...

Elle interrompit soudain sa diarrhée verbale quand elle vit que l'homme fixait la pomme à terre. Par reflexe son pied shoota le fruit qu'il envoya quelques mètres plus loin, sous la paille de la meule.
Elle devint cramoisie tandis que lui affichait toujours son drôle de sourire.


Voilà, suis fichue, bonne pour la geôle, marmonnait-t-elle entre ses dents.
Regort
Discret froncement de sourcils. L'une des deux s'enfuit, était-il si effrayant ? Bah, il sera toujours temps de se consacre à cette existentielle question une autre fois. Son regard se baladait maintenant de l'endroit où un instant plus tôt se trouvaient les restes d'une pomme au visage empourpré de la demoiselle. La pomme... serait-ce celle qui a causé bien du désordre il y a peu ? Après tout, qu'importe. Ajouter ces vagabondes à sa liste de confessions à recevoir est une option à envisager. Mais les deux premiers noms avaient déjà de quoi l'occuper de longues heures. Il sourit distraitement en y repensant, avant de chasser ses songes pour revenir à la présente situation. Un bon chaste sage doit savoir chasser ses songes sans chocs stressant.

L'aide qu'il venait quérir semble en tous cas compromise, la gamine a l'air tout autant pommée, si je puis me permettre l'expression. A quelque chose, malheur est bon. Une idée commence à lui trotter dans la tête. Mais il va falloir gagner sa confiance, et si possible celle de la fuyarde. Ainsi que retrouver son chemin, il n'avait pas prévu d'emménager dans la ruelle.


Hum, nous voilà bien avancé. Mais l'on finit toujours par s'en sortir. Je dois me rendre au château, et vous ?

Un ton amical et un fin sourire.
Une large main usée qui se tend.
Le vieux bienveillant se veut rassurant,
Il a une confiance à acquérir.
Pallas
Hum, nous voilà bien avancé. Mais l'on finit toujours par s'en sortir. Je dois me rendre au château, et vous ?

Au château ?! Pallas n'avait jamais approché la grande bâtisse. D'une, ses journées à la mine lui laissaient bien peu de temps pour une flânerie culturo-touristique, de deux, elle préférait éviter tout rapprochement avec se qui ressemblait de près ou de loin à l'incarnation de l'autorité. Tout ce qu'elle souhaitait c'était de rester suffisamment transparente et discrète pour protéger sa belle, mais fragile, liberté nouvelle.

Le vieil homme tendit une main amicale, toujours souriant.

L'a pas l'air méchant le vieux, songeait-elle. Et puis, avec un peu de chance, il n'a rien vu ... ou fait tout comme....

Pallas joingnit sa main à celle qui lui était tendue, rendant le sourire, scellant ainsi le statuquo sur les événements passés.

Sieur .... mon nom est Pallas. Ce matin, ma seule intention était de quérir une miche de pain au marché avant de prendre le chemin de la mine d'or. Cette course qui devait être rapide a été ... plus longue que prévue... on va dire.

Elle jeta un oeil furtif vers la meule, le rose aux joues revenant à la charge et elle réalisa qu'elle ferait sans doute mieux de quitter les lieux du délit. Au bras d'un vieil homme débonnaire, elle n'éveillerait aucun soupçon.

J'ai perdu bien trop de temps pour espérer une embauche à la mine, alors je veux bien vous mener jusqu'au château ... A tous les deux, nous pourrions sans doute retrouver notre chemin, sieur .... sieur ?
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