Judas
« Les ruses et les machinations ténébreuses ont été imaginées par les hommes pour venir en aide à leur lâcheté. »
Euripide
Lorsqu'il fait son apparition dans la pièce principale de l'auberge, Judas est livide. La situation est déplaisante, l'air venait à manquer auprès du lit des femmes. Ne sachant comment chasser les images qui viennent perturber son détachement naturel, il pose les yeux sur Moran et son idiome murmurée. Il ne sait pas ce que veut dire son baragouinage d'ibère, mais il persiffle de mécontentement, comme si quoi qu'il se dise, tout était inutile. Comme si tout était écrit. Le seigneur croisa le regard de son homme, tenta d'y lire les mêmes craintes que les siennes. Au fond, il se moquait d'exprimer tant de veulerie, l'idée qu'ils n'étaient que des hommes, incapable de faire pencher les choix de la nature le rassurait. Ne pas être seul face à l'adversité, voilà une lâcheté dont Judas abusait souvent.
Où est le cheval?
Première idée qui lui vint à l'esprit. Tuer l'animal. Ils se débrouilleraient bien pour le retour, si tant est que la beste de malheur avait encore une cavalière... Attendre Nevers? Pourquoi? Ce ne serait que repousser le sort scellé par Judas. Sans attendre de réponse, il sortit d'un pas résigné en direction des écuries où le Lisreux avait dû mettre les chevaux au repos. Les poings serrés dans ses gants de cuir, le VF vint retrouver sa propre monture, a distance respectable de Visgrade. Il avait été précautionneusement allégé du poids des sacoches qui pendaient presque proprement sur un abreuvoir. La badine y fut délogée, brandie avec force elle fouetta l'air dans un sifflement perfide.
Le coup cuisant qui s'abattit sur la croupe de l'incriminé, suivit d'une pluie d'autres plus virulents. Il le battit avec rage, hurlant sa colère, crachant avec véhémence des reproches insensées. Les coups exutoires, durs prétextes à apaiser toute l'impuissance de Judas, claquèrent tellement fort qu'ils affolèrent toutes les bestes aux alentours. Yeux fous et ruades, le chaos s'empara de l'écurie, mais les mains meurtrières ne relâchèrent pas leurs efforts. Frapper un animal entravé... veulerie, bassesse. Il frappa, encore et encore, jusqu'à écumer de fatigue, jusqu'à sentir ses bras s'engourdir et voir le cuir se lacérer de zébrures vermillons.
Si la roide mourrait, il mangerait cette chair attendrie par les coups, jusqu'à s'en faire péter la panse, jusqu'à en être malade.
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Euripide
Lorsqu'il fait son apparition dans la pièce principale de l'auberge, Judas est livide. La situation est déplaisante, l'air venait à manquer auprès du lit des femmes. Ne sachant comment chasser les images qui viennent perturber son détachement naturel, il pose les yeux sur Moran et son idiome murmurée. Il ne sait pas ce que veut dire son baragouinage d'ibère, mais il persiffle de mécontentement, comme si quoi qu'il se dise, tout était inutile. Comme si tout était écrit. Le seigneur croisa le regard de son homme, tenta d'y lire les mêmes craintes que les siennes. Au fond, il se moquait d'exprimer tant de veulerie, l'idée qu'ils n'étaient que des hommes, incapable de faire pencher les choix de la nature le rassurait. Ne pas être seul face à l'adversité, voilà une lâcheté dont Judas abusait souvent.
Où est le cheval?
Première idée qui lui vint à l'esprit. Tuer l'animal. Ils se débrouilleraient bien pour le retour, si tant est que la beste de malheur avait encore une cavalière... Attendre Nevers? Pourquoi? Ce ne serait que repousser le sort scellé par Judas. Sans attendre de réponse, il sortit d'un pas résigné en direction des écuries où le Lisreux avait dû mettre les chevaux au repos. Les poings serrés dans ses gants de cuir, le VF vint retrouver sa propre monture, a distance respectable de Visgrade. Il avait été précautionneusement allégé du poids des sacoches qui pendaient presque proprement sur un abreuvoir. La badine y fut délogée, brandie avec force elle fouetta l'air dans un sifflement perfide.
Le coup cuisant qui s'abattit sur la croupe de l'incriminé, suivit d'une pluie d'autres plus virulents. Il le battit avec rage, hurlant sa colère, crachant avec véhémence des reproches insensées. Les coups exutoires, durs prétextes à apaiser toute l'impuissance de Judas, claquèrent tellement fort qu'ils affolèrent toutes les bestes aux alentours. Yeux fous et ruades, le chaos s'empara de l'écurie, mais les mains meurtrières ne relâchèrent pas leurs efforts. Frapper un animal entravé... veulerie, bassesse. Il frappa, encore et encore, jusqu'à écumer de fatigue, jusqu'à sentir ses bras s'engourdir et voir le cuir se lacérer de zébrures vermillons.
Si la roide mourrait, il mangerait cette chair attendrie par les coups, jusqu'à s'en faire péter la panse, jusqu'à en être malade.
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