Gaston, incarné par Grimoald
Le petit Gaston était un gamin des rues. Il passait le plus clair de son temps en vadrouille.
Son passe-temps favori ? Échapper à la surveillance de sa mère qui l'élevait seule depuis la mort du gros Guy, son crétin de mari.
Le petit Gaston était âgé d'une dizaine de printemps à peine et il n'avait peur de rien, ni de personne.
Il était roux et rusé comme un renard !
Ses cheveux et ses tâches de rousseurs lui valait parfois les railleries de ses camarades, mais elles ne duraient jamais bien longtemps. Le petit Gaston était un dur-à-cuire !
-"Nan mais franchement Louis, t'as vu tous ces touristes qu'il y a en c'moment à Loches ? Et qu'ça s'ramène, et qu'ça repart !
Nan mais j'te jure ! En plus z'ont pas un denier en poche ! Et ils sont malins !
Tiens ! Regarde !"
Il montrait à Louis sa cicatrice au poignet en ajoutant à l'intention du gros Louis, un petit garçon joufflu du même âge...
-"T'sais comment j'me suis fait ça ? Bah j'vais te l'dire !
J'ai voulu couper la bourse d'un sale type ! Eh ben d'vine quoi ! Il avait une foutue dague !"
Le gros Louis regardait le petit Gaston avec ses gros yeux globuleux brillant d'admiration.
Le petit Gaston adorait ça, épater le gros Louis.
Il avançait d'un pas rapide lorsque soudain, au coin d'une ruelle, il virent une jeune fille un plus plus vielle qu'eux accompagné d'une vieille dame, probablement sa grand-mère. Il se pencha vers Louis et lui murmura : "Hey ! T'vois la mémé là-bas ? J'vais t'y fiche la trouille ! L'autre à côté, c't'une fille... j'crains rien !"
Et voilà que le petit Gaston plante le gros Louis au coin de la ruelle et s'avance vers les deux femmes, très lentement, tout doucement...
Puis soudain !
-"Hey ! Mémé ! File ta bourse tout d'suite ou j'te transforme en purée d'navet !"
Le petit Gaston n'était même pas armé... Il y allait au culot.... Et ça ne paie pas toujours...
Gaston, incarné par Grimoald
Le petit Gaston n'était pas un mauvais bougre, au fond. Mais il adorait faire le malin.
Seul, il était doux comme un agneau. Lorsque l'admiration brillait dans les yeux du gros Louis, il devenait un vrai petit diable pour épater la galerie.
Ne parlons point des filles, il aurait pu faire n'importe quoi pour arracher ne serait-ce qu'un petit signe à la belle Radegonde, une petite fille de son âge qui faisait vibrer le coeur de nombre de petits lochois.
La vieille dame prit la parole. Elle ne se mis point à tempêter, ou à battre le ciel avec ses mains ridées et engourdies par les années... Non, elle se contenta de le toucher en plein coeur.
Le petit resta bouche-bée. Il ne s'attendait point à cela !
-"Je... J'suis pas un râté !"
Il aurait voulu prendre ses jambes à son cou, honteux.
Mais le gros Louis le regardait, et il ne devait point faiblir.
Il fixait la vieille dame, la défiant du regard.
La jeune fille restait silencieuse, pourquoi ne prenait-elle pas la défense de la pauvre femme ?
Il la regardait du coin de l'oeil, méfiant. Elle finirait tôt ou tard par réagir, et le bambin ne voulait point se prendre une mandale. C'était d'ailleurs tout ce qu'il méritait.
Que faisait donc la mémé ?
Le petit était attéré... ça ne devait pas se passer comme ça....
Elle avait vu juste... Il voulait faire le dur.
Lorsque la bourse tomba sur le pavé, le petit resta un moment sans bouger. Ce n'était pas prévu... Il avait tout de suite l'air moins malin !
Il se pencha pour récupérer la bourse....
Les yeux baissé, pas fier de son geste, il allait la rendre à la vieille dame.
Mais quelque chose vint excité sa curiosité. Ce n'était point des pièces qu'il y avait dans la bourse. Mais qu'était donc ?
Il ne put s'empêcher de lentrouvrir et découvrit... une patte de mouton séchée, des graines, une bougie noire, et des champignon bizarres.
Le petit grimaça, mi effrayé, mi intrigué
-"Qu... Qu'est-ce que c'est ?"
Gaston, incarné par Grimoald
Le petit Gaston regardait la vieille femme avec ce regard plein d'interrogations.
Il se demandait à quoi pouvait bien servir ce pied de mouton séché, par exemple. Il se demandait à quoi servait tout ses drôles de machins qui semblait constitués toute la fortune de la vieille.
Enfin, la jeune fille qui semblait bien mal en point sembla se réveiller. Elle bougea d'abord, puis se pencha vers le petit Gaston qui tendait l'oreille.
Elle lui disait de ne point écouter la vieille dame, qu'elle tentait de lui fiche la trouille.
Avait-il vraiment peur ? Peut-être un peu, il faut bien l'avouer. Mais il était surtout très intrigué.
Elle lui dit de lui rendre la bourse... il le fit machinalement. Le petit Gaston rêvait d'être un voleur, mais ce n'en était point un.
Une fois, il avait essayé de couper la bourse d'un type qu'il avait prit pour un bourgeois fortuné... le gars en question avait sorti une dague et lui avait fait une belle cicatrice au poignet. Bref ! Il n'avait jamais voler, et l'idée de posséder cette bourse qui n'était point à lui, ça lui faisait une drôle d'impression. Il rendit donc la bourse sans rechigner.
-"Je... Tiens... Je... Tu diras rien à ma maman, hein ? Tu appelles pas les gardes, hein ?"
Il la regardait avec ses grand yeux inquiet. Bien sûr, il avait toujours son petit torse bombé.
N'oublions pas que le gros Louis regardait la scène de loin, et qu'il fallait qu'il pense que le petit Gaston était entrain de tenir tête à la jeune fille et à son effrayante grand-mère.
C'est alors que la fille lui présenta les divers objets. Le petit Gaston écoutait, stupéfait.
Il ne pouvait s'empêcher de sourire en penser à tout ce qu'il pourrait avec ce poil-à-gratter. Embêter les passants, c'était son loisir favori !
Et la jeune tenait dans ses mains une arme redoutable !
-"Moi j'dis que c'est pour faire des omelettes ! Maman elle fait souvent ça et elle met des champignons dedans. Bon... pas des comme ça. Ca, à tous les coup, c'en est qui donnent la colique !" lâcha t-il, pointant les champignons du doigt.
C'est alors que Minah lui proposa un marché qu'il ne pouvait refuser.
S'il se taisait, il aurait le gratte-cul !
-"J'dirais rien, promis ! Croix d'bois, croix d'fer !" déclara t-il, crachant par terre.
Il regarda longuement la vieille dame, puis posa ses deux petits yeux sur la jeune fille et lui offrit un petit sourire.
-"Moi c'est Gaston ! Gaston Lepic ! Et toi, t'es qui ?"
Gaston, incarné par Grimoald
Le petit Gaston regardait la jeune fille enrhumée avec cette pointe d'admiration que les enfants ont toujours pour les plus grands qu'eux.
Le gros Louis, lui restait toujours caché derrière son muret. Il les regardait sans mot dire.
De l'admiration pour le petit bonhomme aux cheveux roux, il devait en avoir certainement. Il faut dire que la mémé Glaviotte foutait la trouille. Bref ! Pas étonnant que le gros Louis restait derrière son muret.
Pendant ce temps, le petit Gaston se bouchait le nez après l'atterrissage fracassant des champignons sur le pavé. L'odeur était immonde !
La jeune fille de quelques années son aînée avait raison ! Ce n'était vraiment pas une bonne idée de faire une omelette avec ces drôles de... choses immondes et gluantes.
-"Pouaaahh !!" gémit-il en se pinçant le nez...
Il suffoquait, l'odeur était atroce. Mais il en faut peu pour détourner l'attention du petit bout d'homme de cette puanteur.
En effet, la jeune fille faisait sauter les graines dans sa main et le petit Gaston regardait la valse des graines, émerveillé.
Il trépignait d'impatience en les voyant. Il voulait les tenir, les faire sauter dans sa petite main à son tour !
Mais d'abord, Minah voulu s'assurer de sa loyauté. Il réitéra son serment aussitôt.
-"J'ai dis "croix d'bois, croix d'fer"... Si j'mens ! Baaah... j'vais pourrir sur la Lune ! Pire encore ! J'vais m'faire foudroyer par le Très-Haut !
Maman, elle dis toujours que quand je mens, bah le bon Dieu il le sait... et qu'il est pas content, mais alors pas du tout !
Un jour, j'ai raconté des cracs à maman. Et bah t'sais quoi ? Bah le lendemain, la Radegonde donnait un baiser d'amoureux à ce crétin de Louis sous le vieux chêne près du verger !"
Il reçut les graines et sourit jusqu'aux oreilles. Il était aux anges le gamin !
C'est alors qu'elle se présenta. La jeune fille avait un nom : Minah. Et la vieille... bah c'était mémé Glaviotte !
Il lui répondit par un autre sourire qui voulait dire : "j'suis enchanté d'faire ta connaissance"...
Mais les enfants n'ont point besoin de blablater ni de se faire des courbettes comme les adultes. Non, un simple sourire suffit.
Elle lui demanda alors s'il connaissait une bonne taverne.
C'est que le petit ne fréquentait pas beaucoup les tavernes. D'ailleurs, si la mère apprenait qu'il y mettait les pieds, il se prendrait très certainement un sacré tannée.
Mais il bomba son petit torse pour impressionné la jeune fille et fit comme s'il était un habitué des tavernes, un véritable pilier de comptoir.
-"J'connais une taverne ! Elle est pas très loin d'ici !
Y'a toujours un drôle de nain qui entre et qui sort à n'importe quel heure du jour et de la nuit. Pis y'a la tavernière... l'est un peu bizarre. C't'une grande elle aussi, mais c'pas une adulte.
J'peux v'nir avec vous ?"
Bien sûr, il n'avait jamais eu l'occasion de parler avec cette tavernière, ni de l'approcher.
Peut-être le petit coquin l'avait-il matter une fois ou lorsqu'elle sortait de la taverne.
On ne sait pas vraiment pourquoi, mais il doit y avoir un raison, il pensait que cette taverne était un lieu où ils seraient bien accueillis... Erreur ?
Gaston, incarné par Grimoald
[Dans la rue...]
Il faisait un froid de canard et le petit Gaston semmitouflait dans sa petite veste en laine tout rapiécée, cousue main par la mère pour son adorable petit monstre.
Il regardait Minah et mémé Glaviote et se sentait une vague de fierté l'envahir lorsque la jeune fille lui dit que c'était lui le chef, qu'elles le suivraient.
Mais il n'était point vraiment rassuré non plus le petit Gaston !
A la vérité, il n'était jamais entrer dans une taverne une seule fois avec sa maman.
Mais seul, avec deux inconnues... ça, c'était de la bêtise ! Et ça, ça rendait à la fois inquiet et fou de joie notre petit Gaston.
Alors Minah fit descendre sa grand-mère du muret. Ils purent enfin se mettre en marche.
Il était temps ! A rester ainsi dehors par ce froid, leurs os n'auraient point tardé à se transformer en glace !
Alors ils se mirent en marche. Et ils marchèrent d'un pas rapide. Du moins, aussi rapide que les petites jambes du petit Gaston le permettaient.
-" T'sais quoi, Minah ? J'vais pas prier pour la Radegonde ! Le Louis, j'vais y casser les dents ! J'vais y mettre une raclée, une sacré rouste comme jamais on a vu pareil rouste avant.
La Radegonde, elle sera impressionnée, je deviendrais son chevalier, et elle me donnera un baiser d'amoureux ! T'comprends ?"
A peine le temps de bablater qu'ils se trouvaient tous les quatres devant la Cloche sur Loches.
Le petit Gaston se retourna afin de vérifier qu'il n'avait perdu personne en route.
Tout le monde était là : mémé Glaviotte, Minah et le gros Louis qui n'avait pas décoché un mot depuis le début mais qui suivaient sagement bien qu'on voyait bien qu'il était terrorisé au fond.
Le petit garçon, roux comme le renard, ouvrit la porte et fit entrer tout ce beau monde dans la taverne...
[Dans la taverne...]
Le petit Gaston regardait tout autour de lui, un peu effrayé par l'endroit.
Oh.. cette taverne n'avait rien d'un bouge ou d'un tripot, bien au contraire. C'était une bonne maison.
Mais enfin ! C'était une taverne ! Et ça, c'était excitant parce qu'il n'y avait que les adultes qui avaient le droit d'y entrer !
Il y avait le nain, toujours au comptoir, et la tavernière qui donnait ses instructions à une blonde qui ne tardât point à filer.
A leur entrée, comme un message de bienvenu : "Bonjour, bonjour, bienvenue aux Cloches sur Loches...".
La tavernière n'avait point encore levé la tête vers eux. Elle était plongée dans une lettre, et demandais conseil aux nains qui les regardait avec un air amusé.
Il restèrent là planté un moment. C'est alors que la jeune tavernière se mit à les fixer avec l'air d'avoir vu le Sans-Nom entrer dans sa taverne.
-"Hihi... C'p'tete une folledingue..." chuchota t-il à Minah.
Le petit Gaston fit assoir tout le beau monde. Le gros Louis, lui n'était vraiment pas rassuré du tout. Il restait toujours muet comme une carpe.
C'était son heure au petit rouquin, plus que jamais, il avait envie de faire son malin.
Et puis il voulait impressionnée Minah.
Alors, comme un grand, il tapa sur la table et essaya de faire sa grosse voix :
-"Tavernière ! On a soif !"
Gaston, incarné par Grimoald
Le petit Gaston était très fier d'être dans cette taverne devant cette grande fille qu'il voulait impressionné.
Cependant, il voyait bien que la tavernière le regardais d'un mauvais. Lui en particulier, plus que les trois autres.
Il ne comprit pas d'abord, la jeune tavernière ne disait.
Mais il comprit en voyant cette saleté de nain se mettre à rire aux larmes.
Il comprit lorsqu'il proposa, entre deux éclats de rire, de leur servir un "jus de carotte".
Le petit Gaston comprit vite. Ce n'était pas la première fois et il échappait rarement aux blagues pas drôles du tout sur les roux.
Ses petits camarades le surnommait "poil-de-carotte"... et cela ne manquait jamais de le mettre dans une rage folle.
-"Hey ! Toi le nain ! T'veux pas qu'j'te serve une soupe ?! Parait qu'ça fait grandir !" cria t-il, vert de rage.
Puis Minah leur promit un verre de lait.
Il lui offrit un beau sourire et, bombant son petit torse, déclara : "Moi, je vais prendre une bière !"
Bien entendu, le petit Gaston n'avait jamais eu l'occasion de goûter à la bière.
Mais que ne ferait-on point pour faire son malin ?
Mais faut dire qu'il ne s'était pas attirer la sympathie de la tavernière...
D'une part, il était roux ! D'autres part, son "tavernière, on a soif !"... c'était un peu limite !
- "Je ne sers pas les chieurs de ton espèce."grinça t-elle
Le petit Gaston en resta bouche-bée pendant quelque instant.
Puis la tavernière vint prendre les commandes des autres.
Le petit Gaston était vert de rage.
Il tapa du pied par terre et fronça les sourcil.
Le bambin, d'à peine dix ans d'âge, se mit à crier : "Je veux une bière ! Humpf !" ... puis il croisa les bras.