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[RP] Accepte la mort; puisque c'est toi qui viens à elle.

Judas
[Petit Bolchen, Bourgogne]

Soirée ordinaire sur les terres de Judas. Le domaine somnole à la quiétude des candélabres qui éclairent l'antre du Von Frayner. Chacun s'occupe comme il peut ou comme il le doit, le seigneur lui est dans les cuisines où il joue avec ses chiens. Il lance à même le sol les os qu'il pioche directement dans les casserons , regardant avec un rictus découvrant ses canines ses Lévriers se disputer la manne. Qu'il est distrayant d'observer les bestes aux longues pattes et aux torses côtelés qui chahutent insouciants dans la grande pièce. Lorsqu'ils s'attrapent au cou, simulant un massacre, ils se lâchent bien vite. Délaissent l'oreille pointue pour les membres osseux qui les portent fièrement, cherchent l'approbation où le courroux qui couve dans le timbre rauque de leur maistre. Les jeux de la guerre ne distraient pas que les hommes, c'est tout un règne qui s'y prête. La senestre vient tapoter le poil ras et luisant, claquant le saillant musculeux et sec d'un geste reconnaissant ou détaché. Le groupe de Lévriers n'a pas de nom, Judas ne s'encombre pas de fioriture... Un râclement de gorge et tout accoure, fidèlement.

La maisonnée n'est pas aux heures fastes, la nuit s'annonce paisible... En apparence. Vêtu d'une simple chemise, de braies brodées et d'une ceinture de cuir qu'il délie complètement, il a l'air débraillé. La décontraction n'est pas habitude du marchand d'esclaves, pourtant avec ses cheveux lâchés tombant sur ses épaules et ses gestes joueurs c'est un Judas délesté de toutes les obligations de son rang qui agite le silence a peine crépitant de l'immense pièce. Il a chassé les servantes, juste pour jouir d'un moment de relâchement loin de leur yeux.

Les crocs se plantent dans l'irrésistible ouvrage cuirassé, attirés par les gestes provocateurs de leur maistre et l'odeur animale de la peau tannée... Ils répondent au jeu avec ferveur. Une pensée démagogue zèbre...Les hommes devraient tous êtres des chiens parfois, pour le plaisir de les voir obéir sans rechigner. Pour apprendre la loyauté, l'amour inconditionnel et obsessionnel, démesuré... Abjecte. Pour s'écraser un peu sous la pure race et mourir avec humilité.

Décrivant un cercle large il tire sur la ceinture au bout de laquelle l'un de ses protégé s'encagne, grognant d'excitation. Pour un peu, l'animal ne toucherait plus terre. Ramenant le lien qui les unit au plus près de son visage, Judas se met dangereusement au niveau de la gueule aux babines toutes retroussées. Pupilles qui se jaugent, il en est une qui ne défie pas mais qui craint malgré son pouvoir ignoré... D'un mouvement malheureux, il pourrait défigurer celui qui l'asservit... Et c'est d'un jappement presque honteux qu'il lâche prise, provoquant le rire orgueilleux du Von Frayner.

Pleutre hein...

La main flatte le compagnon qui vient serpenter dans les jambes, léchant les pieds nus jusqu'à se coucher, soumis.

Mais bon chasseur.

Faute d'épouse ou encore d'enfant, la meute de vènerie était l"un de ses meilleurs investissements, aussi ne fallait-il pas trop remettre en cause sa passion presque envahissante pour les sacro-saints longs museaux...

_________________

Nous sommes les folles plumes des inspirations sans règles...
Cerdanne
[ Les chemins...Petit Bolchen ]

La nuit…
Les yeux marine scrutent le ciel une dernière fois, avant de se fixer sur les fumées qui se dressent comme des épées sur le soleil couchant..

Le sac de cuir, léger comme une plume souligne à peine la silhouette qui s’en va vers le domaine que l’on devine au loin.
Les branches craquent sous le pas léger.

S’arrêtent les pas, à nouveau.
Les chemins sous le crépuscule se gomment et Cerdanne n’a plus qu’une hâte.
Chasser le froid qui la transperce jusqu’aux os.

Le visage tressaille à peine, pourtant elle se retourne très souvent. Fixant derrière elle, les bois humides et noirs.
Nerveuse, elle l’est un peu.
Rien ne perturbe la tranquillité des frondaisons pourtant.
Mais elle a le sentiment qu’elle n’aurait peut être pas du s’attarder aussi longtemps dans cette maudite taverne.

L’idée était bonne pourtant.
Ventre à remplir, corps à réchauffer et à reposer.
Peu de monde et ce monde là ….
Tranquilles habitués qui noyaient leur misérable vie dans un mauvais vin.

Il avait fallu qu’il entre pour que s’envolent ses pensées dorées de vendeuses de vapeurs opiacées.
L’ours avait vieilli, l’ours était aigri.
L’ours aurait du hiberner. L’hiver, l’hiver ! …
Les ours se planquent ! Pas lui !
Et pour un endormi, il posait beaucoup de questions.
A coup de regards la plupart du temps…
Epuisée,agacée, elle avait fini, sous les remarques acerbes, par laisser le fiel couler de sa bouche.
Un mot en entraine un autre et de réponses laconiques en grognements, elle laissa la bile prendre le chemin des crocs de l’ours.
Passablement énervée, elle avait coupé court aux retrouvailles, prétextant une longue marche avant la tombée de la nuit et l’envie de faire bonne figure auprès des deux bruns qui vivaient au domaine.
Fin de la soirée « je me souviens d’un temps… »

La taverne était bien loin et les souvenirs aussi.
L’ours, avait du regagner sa tanière et dormir enfin, et devant elle, les murs imposants de l’antre du VF l’appelaient.

Le domaine du Petit Bolchen…l’issue de son voyage.

La nuit était tombée et la promesse d’un bon feu lui rendit enfin un semblant de sourire…
L’édifice était largement éclairé et sans peine, la Provençale se dirigea vers l’entrée.
Sans plus de manière, elle entra et s’immobilisa dans le vaste hall.


Olà !! ….Quelqu’un ?
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Baudouin.
[La vieillesse est un état de repos quant aux sens. Lorsque la violence des passions s’est relâchée, on se voit délivré d’une foule de tyrans forcenés.*
Ou pas...]


Il était las et tout au fond de lui quelque chose d'amer lui bouffait l'existence.
Pourquoi avait-il cherché à savoir si elle était vivante?
Pourquoi était-il allé jusqu'à la retrouver?
Ne devait-il pas oublier, tourner la page, comme elle semblait l'avoir fait.

Tout lui était devenu insupportable depuis quelque temps et ses seuls moments de paix étaient auprès de son engeance, une petite fille de deux ans qui réussissait à apaiser les plaies de son vieux père.

Prédateur.
Il pistait.
Il humait l'air autant qu'il ressentait le sol sous ses pas.
Si certains de ses sens défaillaient avec les ans, d'autres n'en étaient que plus actifs, acérés.
Il pistait sa proie, son obsession, sa souffrance, sa joie.
Il la suivait sans peine, de loin, il la devinait dans l'ombre nocturne.
Elle semblait sur ses gardes, se retournant fréquemment, il se tapissait alors, félin, caméléon d'un instant.
Elle était si belle lorsqu'il la devinait dans un rayon de lune.

Les souvenirs le hantaient, lui broyant l'âme, le coeur.
Un instant, il fermait les yeux, reprenant son souffle, s'appuyant au tronc d'un arbre, la pistant à nouveau.
Mais où allait-elle donc?

Il avançait à pas de loup, à pas de lune.
La bâtisse qui émergeait des ténèbres ne lui disait rien qui vaille.
Pire, un frisson lui parcouru l'échine.
Il ne voulait pas savoir ce qu'elle venait faire ici et pourtant, il ne se décidait pas à rebrousser chemin.

Jusqu'au bout l'ours grognerait, la rancœur s'était accentuée.
Et alors qu'elle invectivait la garde, tapis dans les ténèbres, il serra les poings.


* Platon, La République.
Anaon
    A l’étage, les couloirs sont calmes, aucun pas feutré ne vient en perturber le silence. Une fenêtre est ouverte et une silhouette s’en détache à la lueur de la lune. Assise sur le rebord, une jambe repliée contre sa poitrine, elle est là, l’Anaon, immobile, fixant le voile obscure, perdue dans ses pensées. Une simple chemise fait rempart au froid nocturne qui couvre de temps à autre sa peau d’une légère chair de poule et elle accueille la morsure avec autant d’indifférence qu’une statue de marbre sous la pluie. Voilà comme s’occupe la mercenaire quand le travail lui fait défaut. Elle s’offre à la faveur de la nuit, perchée sur une fenêtre pour penser, ruminer, broyer du noir. Le spectacle la laisse pourtant sceptique. Petit Bolchen et son calme. Voilà qui diffère bien des rues parisiennes qui trouvent toujours âme qui vive même aux heures les plus sombres de la nuit. Et c’est à cela qu’elle pense, l’Anaon, à sa capitale.

    Paris la Belle, criblée de vice. Il lui tarde de retourner sombrer dans ses folies. Le retour de Bretagne l’avait plongé dans un profond mutisme et à peine étaient-ils arrivés à Nevers que l’Anaon était partie à l’aube du lendemain, presque comme une voleuse, pour aller trouver les terres de la fameuse mâle-ratée. De nouveau à Petit Bolchen, elle orchestrait déjà son départ pour la capitale. Elle a beau apprécier la compagnie de Judas, elle ne peut renier son caractère solitaire et indépendant et encore moins oublier les affaires qui la retiennent à Paris. Mais plus que cela, elle veut changer d’air. Oublier l’incident qui l’a rendu si maussade. Boucler la page. Ce n’est pas en voyant chaque jour le visage de son amant, de Moran ou bien de la frêle qu’elle y arrivera. La distance sera des plus salvatrice. Les bras se resserrent contre son ventre désormais plat.

    Les azurites ne quittent pas les ténèbres nocturnes glissant de temps à autre sur les murs de l’écurie. Les lueurs de quelque flambeaux parsèment le parterre du domaine d’halos dorés, contrastant d’avantage les ombres qui les entourent. D’ombre, s’en est pourtant une toute autre qui attire les prunelles sombres. Une silhouette emprunte nonchalamment le chemin qui conduit aux portes de la bâtisse. Féminine. Une visite nocturne? Les azurites curieuses suivent l’avancée de l’inconnue qui pénètre sans gêne chez le Von Frayner. Une habituée? Une amante? Certes pas une voleuse. La balafrée essaye de se souvenir d’une quelconque conversation qu’elle aurait put avoir avec le Maistre des lieux annonçant l’arrivée de cette femme qui lui laisse un air de déjà vu. La voix féminine résonne alors, en bas, étouffée par la pierre qui les sépare et le regard froid de la mercenaire vient fixer le dallage sous son pied. Silence. Le visage se redresse pour fixer le couloir.

    _ Judas?!

    Pas de réponse. Bon. Un geste et l’Anaon quitte le chambranle de la fenêtre qu’elle laisse ouverte, bien décidée à la retrouver au plus vite. D’un pas mesuré, elle rejoint le hall d’entrée.

    Les bottes se font de velours quand la pièce se dévoile dans l’embrasure de la porte. La balafrée vient s’immobiliser à quelque pas de la visiteuse. Le visage ne s’ébranle pas, mais la surprise est là. Les cheveux bruns, les yeux bleus. Une silhouette qu’elle ne peine pas à reconnaitre. Les perles d’un bleues sombres considèrent l’autre mercenaire tandis que les bras se nouent de nouveau sur sa poitrine. Les lèvres sciées ne s’ouvrent pas. Le visage se tourne mollement vers le fond du hall dans l’attente de voir apparaitre une domestique ou même Judas accueillir ou bien répudier la visiteuse nocturne. Sans en éprouver aucune gêne, elle laisse le silence s’installer durant de longue seconde avant de jauger froidement Cerdanne une fois de plus.

    _ C’est pour?

    Ton placide. Clair et bref. Ce n’est pas aujourd’hui qu’elle mettra de la fioriture dans les mots. Derrière le visage inébranlable, la méfiance s’anime. Pour l’avoir croisé lors de divers contrat, l’Anaon sait ce don est capable Cerdanne... Une égale. Un danger.

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Absente jusqu'au 11 Mars
Cerdanne
Pur bonheur que de sentir les murs épais tout autour d’elle, l’odeur du feu et la chaleur...
Tout ce dont elle rêvait.

Elle n’attend même pas l’arrivée d’un domestique, d’un geste sec, elle dénoue les pans de sa cape et la laisse choir contre un banc.
La besace suit le même chemin…
Ses doigts caressent le ceinturon qui pend sur ses hanches, lourd des écus qui tout à l’heure trouveront un autre propriétaire.
Une main négligemment posée sur sa dague, elle tourne sur elle-même, prenant la mesure de la pièce dans laquelle elle se trouve.

Le regard se perd sur les pierres, les lourdes tentures, les meubles. Première fois qu’elle rencontre Judas sur ses terres.
L’habit quelquefois fait le moine…


Son pas est léger, La Provençale le perçoit juste assez pour se retourner vers lui.
Si elle est surprise de se retrouver face à Anaon, Cerdanne n’en laisse rien paraitre.
Le temps s’étire de longues secondes tandis qu’elles se jaugent sans la moindre gêne.

L’allure de la mercenaire sous entend qu’elle vit ici, plus qu’elle n’y travaille. Et qu’elle y est à son aise.
Les armes ont l’air absent de la silhouette tout juste cachée par une fine chemise…


_ C’est pour?

Un sourire sarcastique étire ses lèvres… Judas, Judas, Judas...
Ainsi le Von Frayner ramène ses trophées au manoir et les couve amoureusement ou inversement…
Le regard de la Provençale se détache brusquement de celui de la balafrée et reprend sa fouille des lieues.
Un pas, un autre et la voilà tout près d’Anaon. .


Dans l’ordre qu’il te plaira un bon feu, un bon vin, un bon bain, un bon lit.
Pour le reste, Judas y pourvoira…



Le regard perdu vers l’escalier, elle avance encore, dépassant la mercenaire...


C’est l’escalier qui mène aux chambres ?
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Anaon
    Elle s’approche, sourire narquois et bien que la balafrée ne cille pas, une infime tension vient se loger dans le creux de son dos. Réflexe, une main glisse le long de sa hanche puis la cuisse, cherchant le contact rassurant de sa dague… mais elle n’y trouve que le touché des braies. Arf. Désarmée, l’Anaon ne l’est pourtant jamais réellement. Confiante non plus. Paranoïaque jusqu’au bout des ongles, elle se méfie de tout. Des autres mercenaires à plus forte raison. Et de Cerdanne encore plus. Trop de ressemblance entre les brunes. La même froidure dans les yeux bleus, cette même désinvolture qui frôle l’impertinence. Pour peu qu’elle soit aussi timbrée qu’elle et on aura trouvé le duo de l’année…

    Côte à côte, elle ne bouge pas, mais quelques mots et la balafrée tique. Il ne lui en faut pas plus pour en arriver à des conclusions hâtives. Sous-entendus volontaires ou non, n’étant pas au fait de la relation qui lie Cerdanne et Judas, mais n’étant pas dupe sur l’intérêt que ce dernier voue à la gente féminine, dans l’esprit de l’Anaon çà s’éclaire. Ou pas… Il aime les femmes, grand bien lui fasse, c’est sa vie, c’est son lit! Il n’est pas son époux, à ce titre il ne lui doit aucune fidélité. C’est-ce qu’elle se dit la brune, mais malgré sa souplesse d’esprit sur le sujet, elle aurait de quoi se vexer si Judas faisait venir une autre de ses conquêtes alors qu’elle se trouve elle-même soit son toit. Hypothèse qui plomberait définitivement sa journée.

    La Roide se retourne plantant ses prunelles dans la nuque du Chardon. Et le bras se délie tendu vers la grande salle.

    _ La cheminée et les fauteuils, c’est par ici.

    Timbre clame, mais appuyé, comme une incitation à la détourner des escaliers . Ma fille, tu peux te gratter pour que je te monte aux chambres… La balafrée attend, une réaction, qu’elle voit son geste. Elle ne compte pas faire le poireau ainsi bien longtemps. Elle n’est pas maitresse de maison, ni domestique, encore moins l’épouse du seigneur. Faire patienter les hôtes, c’est pas son boulot, et si Cerdanne s’avère être une compagne de couche du sybarite, çà lui fait une raison de plus pour ne pas s’en occuper. Exécrable de tempérament, çà, elle l’est la balafrée et le pire c’est qu’elle le sait. Elle n’est pourtant pas dénué d’éducation ni même de politesse, encore faut-il lui sortir l’argument pour qu’elle en fasse l’usage.

    Le corps s’ébranle d’une démarche lente espérant trainer la visiteuse dans son sillage. Légère crispation. L’avoir dans son dos, ce n’est pas pour lui plaire non plus.

    _ Attends ici. Je vais aller te chercher quelqu’un qui saura te satisfaire.

    Un bain, du vin, le premier clampin qui passera dans les couloirs fera l’affaire. Un bref regard est lancé à Cerdanne avant que l’Anaon ne l’abandonne près de la cheminée, disparaissant dans l’un des couloirs. Trouve les chiens, esclaves ou bêtes, tu trouves le Maistre. La mercenaire tend l’oreille, à l’affut du moindre aboiement, du moindre éclat de voix connu. Prestement elle ordonne sa tenue, coinçant sa chemise dans les braies, resserrant les liens qui en ferment le col. C’est alors que la silhouette d’Ayoub se dessine sous ses yeux, prête à s’engouffrer dans une pièce, mais avant qu’il ne s’y enfonce la main féminine l’attrape fermement par l’épaule avant de le lâcher tout aussi rapidement.

    Moment de latence où la mercenaire le jauge avant qu’elle ne daigne ouvrir les lèvres.

    _ Y’a une Cerdanne qui a envahit la grande salle...

    Traduction: qu’est-ce que je fais et où est Judas? Durant le silence qui se creuse, l’Anaon se prépare psychologiquement à devoir faire acte de sociabilité. Si elle doit tenir la conversation à Cerdanne le temps que Judas arrive… Autant dire qu’ils ne sont pas sortis de l'auberge.

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Absente jusqu'au 11 Mars
Baudouin.
Silencieux et discret, il s'était glissé dans le sillage de son Chardon. Chaque pas lui était douloureux.
La sensation étrange de s'enfoncer lui-même le couteau de la plaie lui vrillait les entrailles et lui courbait l'échine.
C'est un vieil ours qui rasait les murs. Traquant ou traqué? Un peu détraqué surtout.
Plus il sentait qu'il s'approchait d'elle, plus son obsession grandissait.
Ne l'avait-elle pas ensorcelé?
Il s'était souvent posé la question jusqu'à cette fameuse nuit au monastère ou elle l'avait tiré de sa retraite, où ils avaient frôlé la mort, ensemble.

Ensemble... un tout, une entité pleine et entière.
Il n'y avait qu'auprès d'elle qu'il se sentait entier.
Sinon il n'était qu'un vieil homme amputé.
Ce nous, elle n'en voulait plus et à petit feu, son ego se mourrait.
Amour? Haine? Folie? Amertume? Déception? Vide? Néant...

Il sombrait dans les abysses de la folie, sa passion le dévorait de l'intérieur, le seul fil qui le tenait fébrilement à une réalité éphémère était cette petite brune qu'il avait laissé accrochée à son foulard-maman dans les bras de Morphée. Il l'avait fui, possédé.

Son regard cherchait l'ombre ou se dissimuler dans ce Petit Bolchen qu'il ne connaissait pas.
Il ne se faisait pas d'illusion, bientôt il serait démasqué, débusqué.
Il s'était tapi à l'abri d'une tenture, non loin de la salle où la belle prenait ses aises.
Attendre.
Veiller.
Guetter.
Juste un murmure, entre ses lèvres.


Cerdanne...
Judas
Le satrape n'a pas perçu le bruit ni les échanges peu cordiaux qui venaient tout droit de la grand salle. Le jeu s'est poursuivi, jusqu'à le pousser tout près de la porte des cuisines. Mais si le maistre s'est rendu sourd en pétaudière, les chiens eux ne manquent pas de pointer esgourde vers les visiteurs inattendus. Et de renifler au seuil les fragrances qui excitent leur sens protecteur; il y a sur leur terrain des indésirables qui méritent bien une présentation en bonne et due forme... Se redressant avec mollesse, intrigué par le signe avant coureur de ses protégés, Judas les libère, les observant détaler anarchiquement vers l'objet du conflit en aboyant frénétiquement. Par delà la cohue la voix de la Roide lui parvient, et c'est avec un air tout sceptique qu'il se pointe en se rembraillant un peu.

Une Cerdanne tu dis? Je n'attends personne...

Surtout dans cette tenue. Tandis qu'une main chasse l'esclave, l'autre vient se mouler sur les reins adorés. Un bref baiser sur la tempe claire de l'Anaon qu'il aime à voir vaquer à Petit Bolchen... Tête à tête laissé au silence d'un instant, les chiens ont déserté pour la grand salle. Cerdanne, Cerdanne... L'Angevine, chez lui? Pas de méprise, la brune qu'il n'avait jamais cherché à conquérir s'en venait quérir ses addictions en fioles... Mais ça, l'Anaon n'en avait cure. Et elle avait raison. Chassant une fine tresse brune derrière son oreille, il l'observe, perplexe.


Mais je crois que je sais ce qu'elle est venue chercher.

Un air de déjà entendu? C'est normal, la brune n'apparaissait jamais sans raison. Et bien qu'elle ne soit pas dénuée de charmes, c'est toujours au Marchand qu'elle s'adressait, fort peu à l'homme.... Petite moue a demi contrite, toute à point de se justifier pour que ne se courroucent pas plus les yeux cobalt de son amante. C'est con un homme qui se disculpe... L'index fier pointe la pièce aux drogues, celle-là même qui a su les faire rêver souvent. Il finit sa course sur le cou tendre, l'épaule ronde puis sur la petite fiole que porte pour son plus grand plaisir la Roide. Saisissant sa main, il l'attire dans son sillage pour aller à la rencontre du Chardon angevin, avant qu'elle ne soit dévorée par les chiens... Une façon de dissiper toute l'animosité que le "Une Cerdanne" a trahi, un façon aussi de chasser la gêne d'apparaitre seul dans une tenue qui ne le met pas du tout en valeur...

Apparition en demi teinte, il se pare du sourire de l'hôte.

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Nous sommes les folles plumes des inspirations sans règles...
Cerdanne
Le regard perdu vers le sombre d’un escalier sans fin, elle entend vaguement les propos d’Anaon.
D’ailleurs, machinalement, elle balaie l’air d’un vague signe de la main et marmonne...


Oui, oui...Les fauteuils...

Le regard scrute une dernière fois les marches qui mènent, elle en est sure maintenant, aux lits douillets.
Demi-tour de la Provençale suivi d’un soupir agacé, les yeux trouvant nouvelle proie à dévorer…
La silhouette de son hôte improvisé qui s’éloigne déjà.
Les pas lent de celle-ci s’accorderaient mieux…


En Robe, tu dois être méconnaissable…

Le rire narquois accompagne l’ombre qui déjà s’éloigne, la laissant seule.

Ben et le vin ???

Autre soupir fugace qui se perd dans le sillage de L’Anaon…

Fauteuils…Confortables. Digne du Seigneur qui habite ici.
La cheminée…Flammes hautes, amoncellement généreux de buches … Premier vrai sourire de la journée…
Les doigts caressent doucement le velours des fauteuils, le corps offert à l’enfer des flammes.
Que c’est bon…
La chaleur après ce maudit froid qui l’entoure depuis son départ d’Anjou. Faut-il que le Judas soit bon pourvoyeur, pour qu’elle se tape autant de marche.

Ses pensées s’amollissent et en deviennent heureuses.
Demain, marchandises en sa possession, elle pourra remonter sur Paris…
Paris !
Perspective de revente et de bénéfice, perspective de plongée dans ses ruelles puantes qu’elle n’avait plus traversées depuis…
Depuis…
Les doigts nerveux touchèrent instinctivement l’anneau d’or qui retenait un de ses doigts prisonnier…Sad…

Jambes étalées, le regard perdu dans les flammes, elle dérive vers les souvenirs avant que la pierre sanglante qui orne la chevalière ne déchire la pulpe tendre de son doigt.
La vieille, la précieuse amie, de là haut, veille…
Le juron, marmonné entre ses lèvres l’arrache à ses fantômes.

Juste à temps pour entendre la meute enragée qui se pointe dans la grande salle.
Leurs aboiements ne sont pas vraiment sympathiques et son arrivée, les gueules ouvertes sur elle ressemble à une vraie chasse.
Chasser, elle sait faire.
Tout autant qu’être chassée.
Et le sourire qui peu à peu se devine sur son visage devient tout aussi carnassier que celui des chiens qui se bousculent vers elle.
Une meute a cela de bien. La prévisibilité.
Chercher, trouver le chef, l’isoler et frapper.
Elle n’a jamais eu peur des chiens, la Provençale.
On pourrait même dire qu’elle les aime bien les corniauds.
Le meilleur ami de l’homme. …
Comme si l’homme était capable d’amitié…

Devant Cerdanne qui reste impassible malgré leurs hurlements, le groupe de lévriers gronde, perplexe, et s’approche dangereusement.
La main de la brune à déjà la lame prête à trancher..

L’un d’eux, plus fou, va savoir, avance un peu trop les crocs de ses bottes. Le coup de pied part sans prévenir et frappe le museau de plein fouet. L’instant d’après, la brune est debout, les deux bras ouverts, lame étincelante, prête.
Le chien recule en couinant lamentablement.
Judas aime surement ses bestioles, mais elle ne leur laissera pas le plaisir de gouter à sa chair.
Soit ils reculent soit elle tuera…


Reculez ou je vous éventre…
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Anaon
    C’est une meute déchainée qui lui file entre les pattes, chiens relevant à peine la tête en passant près d’elle. C’est qu’ils ont trouver plus intéressant dans la grande salle et ils détalent en quelque secondes, abandonnant dans leur passage l’échos de leur aboiement hystériques. Ah, les chiens. Si naïf, si prompt à déborder d’un amour aveugle pour l’homme. L’Anaon préférait les chats, ingrats et susceptibles, certes, mais tellement plus silencieux. Son attention reste un instant figé sur le chemin emprunté par les lévriers. Elle trouvait la race trop nerveuse, trop grêle, mais c’est qu’ils avaient du coffre et çà, çà a toujours eu le don de lui clouer le bec pendant un temps.

    La main qui vient trouver ses reins la tire de sa contemplation. Ainsi le Von Frayner n’attendait personne. Bref œillade examinatrice. La tenue le confirme en effet. Silence et regard qui en disent longs. Un sourcils se rehausse quand le doigt se pointe, attirant dans sa courbe les deux azurites. L’antre aux milles poisons. Les prunelles s’éclairent d’une lueur envieuse. Du rêves en bouteille. Du cauchemar en poudre. Folie aux milles saveurs. Elle se pare d’un frisson quand la main d’homme vient frôler son cou avant de toucher l’Ipomée. Du Judas et du poison. Que demande le peuple? Elle, rien de plus en tout cas. Dans la caboche brune, milles et une pensées s‘attisent… Mais à défaut de satisfaire ses lubies soudaines, l’Anaon s’apprête à retourner dans les bras glaciale de cette nuit d’hiver. Puisqu’il ne s’agit que d’affaires, elle n’a plus rien à faire dans ce trafic qui ne la regarde pas. Laissons donc l’oiseau solitaire rejoindre son perchoir…

    Echec de la manœuvre. La main du seigneur emprisonne la sienne et il l’entraine sans lui laisser le loisir de la moindre réplique. La grande salle a perdu tout calme et dans les couloirs résonne le concert d’aboiement à s’en crever les tympans. Ils débarquent alors face à la meute qui montre les crocs à une Cerdanne toute aussi menaçante. Lame au claire de surcroit. Et la menace qui cingle pour les protégés de Judas. Mon Dieu ma fille, la connerie que t’as pas faite….

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Absente jusqu'au 11 Mars
Judas
Gelegt! *

Une main levée en direction des hargneux et c'est toute la meute qui éclate la queue entre les pattes, non sans jeter à la visiteuse un regard "d'on se reverra". L'effet de groupe excite les protégés de Petit Bolchen, ce qui a le don d'agacer leur maistre. Et voix cassée ou pas, le timbre est assez claquant pour se faire entendre... Les yeux de Judas tombent sur Cerdanne, sa posture défensive et ce qu'elle tient offensivement entre les mains. Moment de flottement... Le calme revenu, c'est un éclair d'étonnement qui lui dans les prunelles grises.


Tu viens me rendre visite pour trucider mes chiens Distel**? Voilà donc d'où tu tires ton surnom... Allez, range cela, tu risquerais de te blesser.

Un peu vexé le Frayner... Et la façon dont il tutoie Cerdanne pour la première fois est un aveu. Regard à l'Anaon, retour à la visiteuse. Un chien grogne près de la porte, farfouinant du coté d'épais rideaux. Mouvement impulsif, la beste est chassée.

Reihe!***

Sans savoir ce que dissimulait les étoffes brodées - a savoir un inconnu qui les épie - , le seigneur lâche un soupir exaspéré en s'approchant de la mercenaire et l'invitant à le suivre. Il la détaille, s'étonne encore de sa présence. La façon dont les femmes se jaugent annonce une inimitié exacerbée par on ne sait quoi, peut-être de fausses idées plutôt légitimes... Il vient baiser la main de la Roide, qu'il laisse à ses occupations, pour couper court à l'ambiance étrange qui règne entre les égales. Sa fausse couche l'ayant affaiblie, moralement et physiquement, Judas évitait depuis plusieurs jours d'en rajouter... C'était un homme plus doux et plus sage qui évitait de solliciter son amante, pour encore quelques temps...

Je m'occupe de Cerdanne, vaque donc à tes occupations. Et repose toi, je te sens tendue.

Il y avait assez de clampins dans la maisonnée pour que l'Anaon n'ait pas à s'occuper de recevoir les visites de Judas. Puis il sentait bien le besoin de solitude qui l'étreignait, aussi respectait-il ses souhaits, ses absences... Il s'adressa à Cerdanne.


Je suppose que ce n'est pas une visite de courtoisie... Tu as de la chance qu'ainsi armée Moran t'ai laissé passer les grilles. Allons bon, ce ne sont que des chiens, ils ne feraient pas de mal à une mouche.

Ce qui était absolument faux. Mais mauvaise foi fait loi chez Judas, surtout quand on dérange sa tranquillité. Il s'agace de constater que si Cerdanne avait pu entrer sans être annoncée, n'importe qui d'autre le pouvait. En prenant la direction de l'antre aux fioles, il jette des regards circulaires sur les pièces qu'il dépasse, espérant voir l'ibère trainer dans le coin. Mais personne.


* Couchés!
** Chardon
*** File!

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Nous sommes les folles plumes des inspirations sans règles...
Nyam
Nyam dormait... C'était son seul moment privé de sa journée, quand le verrou exterieur de sa porte se refermait sur elle comme la porte d'un cachot, à la différence près qu'elle retrouvait alors un semblant de liberté, pouvant occuper son temps comme elle le souhaitait, se reposer, rêver et parfois même s'adonner à son passe-temps secret, le dessin. Oh elle n'était pas très douée... Mais depuis que le Maître lui avait fait apprendre à lire, elle avait découvert qu'un fusain ou une plume pouvait permettre de dessiner autre chose que des mots... Comme des fleurs ou des visages... Mais elle se gardait bien d'en parler à quiconque, dissimulant ses oeuvres sous une late du sol en bois, sous son lit. Elle avait trop peur qu'on lui interdise de poursuivre ce petit plaisir.

Mais pour l'instant elle dormait, s'évadant par les rêves dans un monde qui n'appartenait qu'à elle. Si bien que la porte s'ouvrant la prit par surprise, alors qu'elle était pelotonnée en boule sous sa couverture, vêtue d'une simple chemise de lin blanche. Peu de personne pouvait ouvrir sa porte... Le Maître bien sûr, Ayoub qui avait la confiance de ce dernier, et Iris... La jalouse étant bien souvent celle qui enfermait Nyam après l'avoir baigné et passée au gant de crin, moment fort désagreable pour la jeune fille entre les mains de son bourreau.

Et à cette heure de la nuit, ce fut sans surprise que ce soit Iris donc, qui troubla son moment de paix. Tirant l'adolescente du lit, elle l'envoya prestement hors de sa chambre. Le Maître la réclamait tout de suite, cela ne pouvait attendre... Pas même qu'elle passa sa robe.

Les pieds nus, encore trop endormie pour penser à un piège, Nyam se pressa dans les couloirs sombres du Petit Bolchen. Tirant machinalement sur sa chemise qui ne couvrait son corps que jusqu'à mi-cuisse, dévoilant ses longues jambes fines à la peau blanche, elle tenait dans sa main la chaîne reliée à son collier qu'elle ne quittait jamais, pas même pour dormir, son cliquetis accompagnant sa vie.

Les jappements des chiens la tirèrent de son ensommeillement, et elle fronça les sourcils. Pourquoi tant de raffut ? A cette heure la meute devait être au pied du Maître... S'en suivit la voix claquante du Maître, et voilà la meute qui déboula dans le couloir où se trouvait la jeune fille. Elle lacha un petit cri effrayé, n'aimant guère ces animaux que l'on entrainait à la chasse, sans doute par peur d'un jour ainsi chassée à son tour. Les chiens, habitués à son odeur passèrent leur chemin après avoir sauté autour d'elle un instant.

Ce fut donc d'une marche hésitante que l'adolescente entra dans la grande salle, vide à présent... Poussant un soupir résigné, serrant contre son ventre un de ses bras, frissonnante d'être ainsi si peu vêtue dans les salles refroidie par la nuit, elle reprit le couloir et repartit dans l'autre embranchement. Arrivée au coin, elle vit enfin le Maître, mais il n'était pas seul. La femme croisée en taverne le jour où Moran avait rejoins leur groupe était là, et vu la tenue du Maître, visiblement pas attendue. Se figeant sur place, hésitante, tirant machinalement sur le bas de la chemise trop courte, elle se manifesta sans le vouloir en faisant cliqueter sa chaîne.


Pa...Pardon Maître... Je ne voulais pas vous déranger... Iris m'a dit que vous aviez besoin de moi...

Les regards tournés vers elle la gênaient... Elle baissa la tête, voilant son visage derrière le rideau de ses cheveux d'or blanc. Pour une fois au moins, Iris ne pourrait pas lui mettre sur le dos la faute, car la porte ne s'ouvrait que de l'extérieur et que si elle avait pu sortir d'elle-même, Nyam n'aurait certainement pas été à la recherche de la personne qui la terrifiait le plus...
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*Frédéric Régent, Historien
Moran
Le Lisreux avait pris ses aises dans le domaine du Von Frayner. A présent il se plaisait à se promener aux alentours tout en surveillant les intrusions.
Aujourd'hui, il s'était un peu plus attardé à discuter et flirter avec une petite paysanne aux abords d'un champ voisin et n'avait donc pas pu remarquer l'arrivée de l'inconnu.

Fallait dire qu'il se permettait quelques écarts de temps en temps.
Comme il arrivait que certains jours fussent plus calmes que d'autres, le boiteux allait parfois boire une chopine ou offrir quelques tendresses à une femme en manque d'amour.
A son retour, alors que sa monture fut rapportée aux écuries, et pendant qu'il parcourait le couloir, le brun aperçut une silhouette en partie cachée derrière une tenture qui semblait concentrée et cherchait à comprendre ce qu'il se passait dans l'autre pièce.
Pour être le second homme à vivre dans cette maison et à en juger par la position discrète de l'intrus, Moran sut qu'il ne s'agissait pas d'un invité.
Il n'en revenait pas que sa vie soit devenue aussi agitée depuis sa rencontre avec le Von Frayner. Ennui ne rimait pas avec le nom de son maître.

Son rôle auprès de Judas allait donc devoir se révéler une fois de plus. Son petit couteau fétiche fut sorti, inutile de prendre l'épée, le but était d'intimider et d'intercepter le curieux vivant.
En avançant, l'homme finit par se rendre compte de sa présence et le Lisreux dut s'écrier pour tenter d'éviter d'en causer la fuite.

Qui va là ? Ne bougez pas !

Un, deux, trois, pas du géant et il était sur l'inconnu, sa lame à distance mais sa main sur son bras.

Que vous a permis d'entrer ?!
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Baudouin.
Vieux soldat fou, il s'était plaqué contre le mur, espérant passer inaperçu. Jusque là, tout semblait se passer correctement, même si sa curiosité était un peu plus aiguisée par ce qui s'était tramé entre Cerdanne et l'homme qu'il avait reconnu avec effroi, alors que les chiens qui avaient surgis, la gueule ouverte, l'avaient rendu plus discret encore, tout attentifs qu'ils étaient à la présence du Petit Chardon

Cet homme, il l'avait déjà vu, à la Rose Noire et il le vomissait, le mettant dans la catégorie des pervers et autres détraqués de ce genre. La petite cour qui l'entourait n'était pas pour rassurer le vieux cerbère. Mais que foutait la brune avec ces gens?

Il n'eut pas le temps de se poser la question bien longtemps. Il était repéré. Fuir aurait pu être la solution, ou provoquer l'homme qui s'avançait, mais Baudouin n'en voyait pas vraiment l'intérêt d'autant que le géant en face de lui, même s'il n'était pas beaucoup plus grand que lui, avait la moitié de son âge et ne tarderait pas à mettre le vieillard à terre. Jeunesse quand tu nous tiens...

Il s'arrêta donc dans sa lancée et regarda l'homme, plongeant ses yeux d'ébène dans le regard du sénéchal.


Hum... J'ai suivi la... femme, je devais lui parler.

Débile. Comment justifier l'injustifiable. N'avait-il pas dit qu'il l'oublierais? Et puis qui avait-il suivi? L'amie, l'amante, l'amour? Ou seulement, la rancoeur, le désespoir, la folie? Et lui parler de quoi à Cerdanne? Tout avait déjà été dit, tout avait été consommé. Il était faible le vieil homme. Pourtant un sursaut d'orgueil, il jeta un regard froid sur la main posée sur son bras.

Otez votre main, je n'opposerai pas de résistance.

A quoi bon? L'amertume qui lui rongeait l'âme lui ôtait même l'envie de se défendre. Il lâcha un soupire et se voûta un peu plus, sans quitter l'homme de main des yeux.
Judas
Tandis que la progression des deux silhouettes s'enfonce dans les corridors éclairés de Petit Bolchen, L'apparition soudaine de la Frêle arrache un petit cri de stupeur à Judas. Surpris, et soudain furieux d'avoir laissé échapper une marque de faiblesse il lève la main sur la gamine au collier d'argent, prêt à lui coller une bonne claque... Mais le poing se serre, et tout comme il s'est retenu de défigurer la Corleone à Paris il se suspend sur le visage trop délicieux de son esclave. Un grognement de colère, le maistre des lieux s'exaspère à voix haute comme pour chercher l'approbation de la mercenaire en mal d'illusion.

Ha! Mais quelle folie de ne s'entourer que de femmes!! N'ont-elles pas encore vu le loup qu'elles s'amusent déjà à lui tirer les oreilles!


La pucelle est attrapée avec sècheresse par le bras, et la Frêle n'a jamais si bien porté son sobriquet. Persifflement emplit de promesse à l'esgourde craintive, las des petites manigances de l'une et de l'autre, Judas ne fait plus que d'un cas les deux.

Je vais m'occuper de votre cas lorsque Cerdanne sera repartie, et vous faire passer l'envie de me déranger!

Le seigneur la rejette en avant, la poussant en tête de groupe. L'animal est de mauvais poil... Il ne prend même pas la peine de s'excuser auprès de l'invitée surprise du contretemps puérile que provoque son esclave.


Allez, va donc ouvrir la pièce aux fioles puisque tu n'as pas sommeil! Hâte toi! Il me faut encore nourrir les chiens...

Sous entendu fait, n'oublions pas que le Judas avait été coupé dans sa façon toute personnelle de nourrir ses bestes... Soin qu'il ne laissait encore à personne, sauf quand ses affaires le menaient hors de Bourgogne. Parfois, lorsqu'il restait en le duché mais partait quelques jours, son orgueil le poussait à ordonner qu'on ne les nourrisse pas jusqu'à son retour, laissant ainsi les dogues et autres limiers affamés et bien moins accueillant... Et il était certain qu'aucun esclave ne s'amusait à manger en leur présence.
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