Il avait retourné la question dans tous les sens encore et encore. Pour en arriver enfin à une conclusion : c'est toujours plus facile de lire à l'endroit, de gauche à droite. Malheureusement cette avancée majeure ne réglait pas son problème. Il semblerait bien que chasteté et conception soient définitivement incompatibles.
Et le duc semblait intransigeant. Sa poigne faisant trembler la table ne laissait pas de place au doute : il va falloir jouer finement.
Il lui restait tout de même une carte maitresse à jouer. On lui avait assez souvent reproché d'être toujours trop long, perdant son auditoire sous d'innombrables détails et apartés. Il était temps de faire un exposé afin de se défiler.
Un sourire rassurant vers sa chère CaM que ce duc à l'imagination prolifique saura interpréter à sa manière.
Votre grâce, vous permettez ? Vous savez combien j'ai à cœur de vous aider dans vos projets, au service de l'Anjou et ses trop peu nombreux habitants. Aussi je me suis permis de me pencher plus en avant sur le sujet. Il est vrai que la question du peuplement est sans nul doute centrale. Votre acuité politique l'a remarqué avec brio et c'est tout à votre honneur.
Un sourire malicieux parait, accentuant les plis de son visage.
Je ne puis qu'approuver le fait que ce soit aux conseillers ducaux et maires de montrer la marche à suivre. Mais il me semble qu'une amélioration d'importance peut être apportée au projet. Qui permettrait, au lieu de doubler la population sur le long terme, de la doubler à court terme et la faire croitre exponentiellement par la suite.
Votre plan de natalité implique de faire naitre de jeunes angevins par l'union d'autres Angevins. Maintenant, si nous orientions plutôt les unions vers des étrangers, imaginez un peu l'efficacité ! Grâce au regroupement familial nous serons pas loin de doubler notre population avant même toute naissance. Et nous aurons dès lors bien plus de couples pouvant transmettre ce cadeau du Très Haut qu'est la vie.
De plus, les routes d'Anjou, Bretagne, France seront bondées, D'Irlande à l'Italie des navires seront affrétés. Tant de personnes convergeant vers notre fier duché pour rejoindre leur promis ou promise. Imaginez la joie et la curiosité de tout un chacun en voyant passer par chez eux ces radieuses personnes, l'âme comblée, déclarant chaleureusement à qui voudra l'entendre ''j'venions en Anjou pour que j'vécure heureux et eure beaucoup d'enfants''.
Les rangs des nouveaux angevins grossiront au fur et à mesure. Je vois déjà les personnes en quête d'amour se joindre à la procession, en emmenant d'autres avec eux. J'entends déjà les troubadours conter cette épopée :
Il leva les yeux et clama théâtralement :
Citation:Nous partîmes deux cents ; mais par un prompt renfort
Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port,
Tant, à nous voir marcher avec un tel visage,
Les plus sédentaires, prenaient gout au voyage !
Embarquent les deux tiers, aussitôt décidés,
Dans le fond des vaisseaux qui lors furent trouvés;
Les autres, dont le nombre augmentait à toute heure,
Brûlants d'impatience, tous ensemble ils demeurent,
Se couchent contre terre, et sans faire aucun bruit
Passent une bonne part d'une si belle nuit.
Pour l'amour en Anjou, combien ont fait de même ?
Le duché bien aimant récolte ce qu'il sème.
Sous les yeux bienveillants d'un bon duc nommé Fou
Ils peuplèrent la terre promise d'Anjou.
*Saleté de Corneille qui a lâchement plagié Regort !*
Et avec un tel engouement, la passion exacerbée durant les jours de marche ou de bateau, c'est avec fougue qu'ils iront se marier avant de fonder sans tarder des familles nombreuses. Et ce ne sera qu'une question de temps de grossesse pour que Craon soit plus peuplée que le domaine royal tout entier.
Si nécessaire je vous apporterais les graphiques des projections d'évolution de la population. Mais je ne voudrais pas importuner d'autres conseillers. Il me semble que notre procureur a autant en horreur les chiffres que l'idée de concorde nationale impliquant son époux.
Évidemment une telle orientation politique demande à réviser les rôles des conseillers. Je m'engage personnellement à me faire ordonner au plus vite afin de prononcer les innombrables mariages qui ne tarderont pas à devoir être célébrés.
Se retourne vers Fibinath.
Fibinath, n'oubliez pas que vous êtes commissaire aux mines ET aux grands travaux. Il est indispensable que vous organisiez au plus vite des travaux d'expansion urbaine de nos fières villes pour pouvoir être prêt à accueillir chaleureusement les futurs moitiés des angevins, et qu'ils puissent
fonder dans de bonnes conditions leurs familles.
Il va être également indispensable d'agrandir nos ports pour pouvoir gérer la situation. Vous avez du pain sur la planche qui vous laissera malheureusement bien peu de temps pour procréer. Je sais ce sacrifice difficile mais je fais confiance à votre sens des responsabilités.
Un discret clin d'oeil. Sauvé d'affaire. Reste à compter sur la compréhension de sa chère Aeline qui était fort emballée par ce projet de plan de natalité.
Linon et Letiti, votre union contrevient quelques peu à l'exemple à donner. Je fais toute confiance à notre bon duc pour trouver une solution acceptable pour tous afin de régler ce litige.
Un sourire innocent au couple, un regard suspicieux vers le maje, de peur de se prendre quelconque artifice.
Si l'on veut que les candidats à une union en Anjou affluent, il faut une visibilité à ce mouvement. Il faut donc quelques rapprochements familiaux marquants. Calyce, je pense que votre nom est tout indiqué pour viser le gratin parisien. Argael, vous connaissez ? Mais il va falloir faire vite, les rumeurs courent sur le fait qu'il ait une folle envie de finir sur un bucher.
Quand à votre suzeraine, elle montre déjà l'exemple en favorisant ce mouvement du côté de l'Artois.
Le regard se posant sur la tête couronnée, discret sourire.
Votre grâce, je suis certain que dans les couloirs de Rome vous saurez trouver une personne avec qui vous pourrez tisser d'impérissables liens fusionnels. Oh, je sais que vous avez beaucoup souffert lorsque celle dont vous vous étiez épris est partie hors d'Anjou ; que votre sensible personne en souffre encore. Cependant j'ai confiance dans le fait que votre sens incomparable du devoir reprendra le dessus.
Le regard scrutant les personnes présentes, il s'attarda sur Esmerald.
Esmerald, c'est le moment de mettre à profit les réseaux que tout CaC développe à l'étranger. Si en plus la personne peut venir avec les stocks de son duché ou de sa mairie, ça permettra d'améliorer l'accueil.
Qui reste-il ? Une bulle. Léger baissement de tête, mais il fallait passer par là pour pouvoir se défiler.
Chère Fanta, il me semble avoir vu il y a peu une publication vous concernant avec un inconnu mainois, un certain Jack.sparrow. Vous comprendrez que par commodité le plus simple est de conclure ce mariage. Economie de vélins oblige.
Une petite pause, finir de noyer le poisson.
M'est avis que Richy trouvera sans doute une personne d'égale passivité du côté du Rouergue.
Quant à Thibauld, une mission d'importance l'attend. Il devra charmer de la rouquine. On m'avait promis des Irlandais à exploiter dans nos mines et j'attends toujours. Alors il va falloir changer d'approche. Il partira user de ses charmes pour inciter les Irlandais à venir tous s'installer chez nous.
Pour les autres, j'ai confiance dans leurs capacités pour mener à bien ce projet remanié.
Sourire angélique à l'assemblée.
Avouez, vous en frissonnez déjà à l'idée de voir ce projet en application !
A Fou, fou et demi, la sénilité en bonus. L'imagination n'a plus de limite quand il s'agit de préserver sa chasteté.
