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[RP]Le Dol est une cause de nullité

Marzina
La plume se pose sur le vélin, elle crisse puis le caresse, le recouvrant de sillons noirs.



Je te renvoie la bague, je ne pense pas avoir le courage de


Brusque arrêt de la plume qui se soulève, portée par une main d’albâtre. Phrase restée en suspens tandis que la plume part se délasser dans son bain d’encre. La princesse se laisse retomber dans le fond de son siège, visage renfrogné. La Bretagne est fébrile, la Bretagne est attaquée, et elle ne pense qu’à cette maudite bague et à son âme tourmentée. Elle sera incapable de penser correctement aujourd’hui, incapable de travailler, incapable de finir cette lettre…
Les mains attrapent le vélin en tremblant et le déchirent frénétiquement jusqu’à ce qu’il n’en reste que des confettis illisibles. Elle restera longtemps au fond de son fauteuil, regardant fixement les confettis tombés en pluie sur le sol, perdue dans ses pensées.
Et puis brusquement elle se lève et attrape bottes et cape qu’elle enfile prestement, lançant vaguement un
:

« Je pars faire un tour, dites à Papou que je serais pas de retour pour le dîner. »

Et puis elle s’enfonce dans la tempête, sa cape noire et ses cheveux blonds emportés par le vent seront la dernière chose que verront les valets avant qu’elle ne récupère sa monture. Elle avait besoin de ça, des galops effrénés dans la lande bretonne en plein milieu de la tempête, se retrouver seule comme au milieu de nulle part. Finalement totalement rincée par une averse, elle arriva au pas vers le château de Dol. A la personne de faction qu’elle croisa à l’entrée, elle décréta d’une voix lasse :

« Je sais que l’Ours est ici. Faites-moi entrer, je suis trempée jusqu’aux os, je vais attraper la mort. »

Sourire mesquin de la petite chose.

« S’il hésite, dites-lui que je suis venue complètement nue. »

Esprit pervers dans un corps d’ange.
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Lemerco
L'ours en question, lui, était bien au chaud dans sa chambre du château de Dol. Emmitouflé dans une épaisse couverture, il scrutait le feu dans la cheminée qui crépitait. Le regard perdu porté sur les flammes dansantes, il se demandait encore quand il retrouverait pleinement ses forces. Lui qui n'avait jamais souffert d'une quelconque maladie avait rattrapé d'un coup toutes ces années dispensé de coups de froids ou autres problèmes de santé, et c'était au prix fort. Passer ses journées assis dans un fauteuil, à feuilleter des manuscrits, faire la sieste ou jouer aux échecs avec ses amis ou domestiques n'était pas à son goût. Il y était forcé et il s'était résigné.

On frappa à sa porte de chambre, et Tudal, ancien valet d'Azilliz, entra. Il regarda Lem et se dit que le temps où l'on pouvait le charrier sans craindre de représailles touchait hélas à sa fin. Il s'approcha de son maitre, un peu embêté. Lemerco tourna sa tête et dit au valet...


Ah, mon bon Tudal! Vous venez égayer ma journée avec l'une de vos chansons? Ou bien risqueriez-vous une partie avec moi?

Tudal faisant non de la tête répondit...

Du tout mon bon maitre. A vrai dire le garde en faction à l'entrée du château m'a informé que vous aviez de la visite.

Si c'est encore un marchand de tapisseries, qu'il déguerpisse avant que je ne le change en carpette!

Pas cette fois, hélas...


Tudal aurait aimé voir Lemerco chasser le marchand ambulant. Il faut dire que l'ours a toujours eu beaucoup de tact et de doigté. Le dernier marchand, qui eut le malheur hélas d'être trop insistant, a détalé comme un lapin alors que Lem allait pour lâcher les chiens de chasse de feue son épouse. Tudal, un brin nostalgique, reprit.

A vrai dire c'est son altesse Marzina qui se trouve en bas.

Qu'elle y reste!

Elle demande le gîte, le temps que la pluie se calme.

La réponse est toujours non.

La pauvre femme est seule et détrempée, elle pourrait attraper froid... une pneumonie même!

Je vais pleurer.

En plus elle est toute nue, ce qui n'aide pas...

Faites-la entrer!


Silence entre les deux, puis éclats de rire.

Je vous reconnais bien là mon bon maitre.

Bon ca va hein! Envoyez-la dans le petit salon, allumez un feu dans la cheminée pour qu'elle puisse se sécher. Et dites lui que je la rejoins. Préparez des vêtements aussi. J’imagine bien que c’est un mensonge le fait qu’elle soit nue. Mais au moins elle pourra se changer.


Le valet s'exécuta et se rendit auprès de la blonde pour lui indiquer le chemin. Pendant ce temps, Lemerco s'habilla. Il se regarda dans un miroir. Il était bien pâle. La sagesse aurait voulu qu'il descende au petit salon emmitouflé dans sa couverture. Cependant il estimait que ce serait un signe de faiblesse. Sa relation avec la blonde étant principalement conflictuelle, il était tout simplement hors de question de paraitre devant elle diminué. Il attrapa une bouteille de tord-boyaux, en but une grande gorgée, ce qui lui redonna des couleurs, et bien que grelotant, il ne mit rien de plus sur ses épaules qu'une chemise et une espèce de gilet jaune et bleu confectionné de manière hasardeuse par feue son épouse.

Il descendit rejoindre la blonde par la suite.

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Marzina
Elle attendait la réponse de l’hôte de ces lieux, juché sur son Islandais à la robe alezane, montant comme un homme, mis à part cette robe peu adaptée qui remontait le long de ses jambes bottées, révélant sa peau blanchâtre mordue par le froid. L’attente se faisait longue, et le premier endroit qu’elle pouvait considérer comme chez elle était bien loin, elle ne pourrait y arriver avant la nuit avec son cheval qu’elle avait déjà poussé à bout de forces, elle espérait donc que l’Ours ne ferait pas trop de manières. Enfin un valet revint et on lui ouvrit les portes du domaine. Elle avança au pas à travers la Cour, regardant autour d’elle en tremblotant à cause du froid. Elle ne se souvenait pas être déjà venue ici. Le valet semblant être au fait de la façon dont se comporter avec une dame lui tendit la main en détournant les yeux des jambes dénudées afin de l’aider à descendre au bas de sa monture.

Elle s’avança dans les couloirs, suivant le valet, tandis qu’elle inscrivait son passage de gouttes qui marquaient les tapis.
Ploc ploc ploc faisait la bretonne détrempée, fluc fluc fluc faisaient ses bottes inondées. Ses cheveux blonds collaient à sa peau et sa robe semblait plus lourde qu’une armure. Elle afficha un sourire radieux en arrivant dans le petit salon en question, appréciant le plaisir simple d’un feu de cheminée crépitant tandis qu’à la fenêtre le vent hurlait sa plainte. Tout le charme du pays qu’elle affectionnait. On lui apporta quelques vêtements tout en refermant les portes. Elle observa la robe apportée d’un air pensif.

Quand l’Ours arriva en son domaine, il avait déjà été envahi par la blonde : affalée sur une causeuse devant la cheminée, elle semblait à moitié nue, emmitouflée dans une couverture avec juste le nez, les yeux noirs et la crinière blonde détrempée qui dépassaient. La robe, elle, reposait consciencieusement pliée sur un fauteuil non loin, tandis que ses affaires à elle étaient éparses sur le reste des sièges de la pièce. Alors qu’il entrait, un rire léger s’envola à travers la pièce.


« Papy Ours…tu as sorti ta petite laine pour l’hiver ? »

Ses yeux se posèrent sur lui, et le trouvèrent en mauvais état, mais elle n’en fit pas mention, seule une vague lueur d’inquiétude passa sur ses yeux noirs. Elle se tourna alors à nouveau vers le feu qui commençait à prendre de la vigueur dans l’âtre. Elle enserra ses genoux contre sa poitrine et déclara d’une voix morne :

« C’est comme ça qu’on reçoit les jeunes femmes à Dol ? J’ai le gosier complètement desséché ! »

Légère moue boudeuse de la princesse, tandis qu’elle sort prudemment la tête hors de la couverture.
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Lemerco
Grumpf!

Lemerco arpentait le couloir qui menait au petit salon, le même qu'avaient emprunté la blonde et Tudal quelques instants avec lui. Il grogna en voyant les trainées d'eau que laissa sur son passage la princesse avec sa robe et ses bottes trempées. Non pas qu'il était devenu propre et soigné, loin de là, mais en fait il manqua de glisser à cause de l'eau et de ces chaussons ridicules qu'on lui a offerts pour ne pas aggraver sa maladie en attrapant froid avec son habitude de marcher pieds nus, cause de son grognement.

Les sourcils froncés il décida d'avancer lentement et surtout prudemment, faisant attention à assurer chaque pas qu'il faisait, et maugréant sur l’interdiction qu'on lui avait faite de marcher pieds nus. Finalement il parvint au petit salon, et non sans appréhension, mais se donnant un air faussement dédaigneux, il pénétra dans la salle éclairée du feu de cheminée et de quelques torches flambant fixées aux murs de pierres.

L'atmosphère y était chaleureuse, et la pièce suscitait un petit sentiment de plénitude de la part des occupants... tout de moins chez Lem. Cela devait provenir de son agencement, son joli mobilier ainsi que les décorations sobres avec les armoiries du domaine.


« Papy Ours…tu as sorti ta petite laine pour l’hiver ? »

Premier pas, première raillerie. Papy... Lem réprima une grimace de sorte de ne pas montrer son agacement. Certes, il prenait de l'âge. Certes, son état de santé n'arrangeait pas les choses... mais tout de même! Le papy en avait encore sous le coude!

Non, marmonna-t-il alors qu'il sentait le regard de la blonde posé sur lui. Il se renfrogna et bomba le torse afin de paraitre, vainement probablement, en pleine santé. Il la regardait près du feu, sous la couverture alors qu'elle se retournait avait d'ajouter...

« C’est comme ça qu’on reçoit les jeunes femmes à Dol ? J’ai le gosier complètement desséché ! »

Lemerco éclata de rire; ce qui déclencha quelques douleurs dans le corps... la contraction de ses muscles endoloris le faisant encore un peu souffrir. Mais c'était de bon coeur qu'il riait de sorte qu'il occulta malgré tout ces maux.

Tiens donc! Une jeune femme? J'aurais dit un monstre plutôt.
Puis... à te voir, qui aurait cru qu'une partie de ton corps pouvait être asséchée! Toi, qui sans vilain jeu de mots, est toute mouillée!


Il s'était quand même permis de le faire dans la tête, ce jeu de mot. Il s'avança vers un coffre en bois massif. Après avoir tourné la clé dans la serrure, il ouvrit le meuble orné de boiseries pour en extirper une bouteille de chouchen ainsi que deux verres menuisés.

Une bonne cuvée. C'est pas tous les jours après tout qu'on reçoit une princesse chez soi.

Petit rire goguenard. Ce faisant il la regarda, et nota qu'elle n'avait pas encore enfilé de vêtements. Scrutant la pièce, il releva ces choses dont il ne s'était pas rendu compte en entrant. Les vêtements de la blonde jonchaient les sièges ca et là, et les habits de rechange mis à disposition occupaient toujours l'un des fauteuils. Petit rictus puis froncement de nez avant de dire...

Non pas que l'idée farfelue d'habiller les fauteuils du château ne m'aie jamais traversé l'esprit, mais les vêtements là, tous beaux tous propres, sont pas là pour la décoration! Tu devrais les passer!

Prude le Lem?
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Marzina
Vraiment, Papy Ours était sûrement le meilleur surnom qu’on pouvait lui attribuer en ce moment. Plus ronchon que jamais, faiblard voire maladif, pâle comme la mort et semblant se raccrocher à ce qui lui servait de vêtements, mal assuré sur ses jambes dont les pieds étaient pourvus de l’accessoire indispensable à un papy de ce nom. Au moins semblait-il content de la voir, et elle avait besoin de compagnie, au fin fond de la Bretagne, loin de ses responsabilités, près de quelqu’un qui la connaissait comme elle était et ne la jugerait pas. Néanmoins, elle n’était pas rassurée sur son état, qu’il réponde un simple « non » sur sa raillerie n’était pas habituel, le plus souvent il en rajoutait une couche, ce qui n’était pas le cas aujourd’hui.
Au moins lui aurait-elle arraché un rire. Bien qu’elle ait une âme sombre et égoïste, on lui avait déjà dit plusieurs fois qu’elle apportait chaleur et lumière avec elle. Ça l’étonnait souvent, mais ça l’arrangeait aussi.


« Tiens donc! Une jeune femme? J'aurais dit un monstre plutôt. »

Un monstre sans cœur qui collectionne ceux des hommes pour remplacer celui qui lui manque…Une petite chose sans gêne qui apporte désordre et ennuis aux endroits où elle pose les pieds.

« Puis... à te voir, qui aurait cru qu'une partie de ton corps pouvait être asséchée! Toi, qui sans vilain jeu de mots, est toute mouillée! »

A son tour de laisser échapper un grognement animal. Faire des jeux de mots sur ce sujet…elle qui est abstinente depuis tant de temps maintenant ! Tout cela pour un homme et une bague. Elle se demande quand même si elle n’est pas en train de se voiler la face. Le corps blanchâtre semble reprendre vie, peu à peu revigoré par la chaleur des flammes, ses extrémités commencent à s’aventurer hors du nid douillet formé par la couverture, tantôt un pied, tantôt une main, tantôt ses frêles épaules nues. Sourire malicieux de la blonde alors qu’elle observe le maitre des lieux.

« Non seulement je suis toute mouillée mais en plus je meurs de froid ! »

Faux ! La couverture et sa proximité avec les flammes suffisent amplement à la réchauffer, mais elle aime bien embêter le Lem, notamment quand il s’agit de le titiller, c’était devenu un jeu depuis bien longtemps, et il perdurerait sûrement bien plus longtemps encore.

« Une bonne cuvée. C'est pas tous les jours après tout qu'on reçoit une princesse chez soi. »

Hop, un bras opalescent fait son apparition, prêt à accueillir le verre.

« Toi tu sais parler aux bretonnes… »

Les jambes se déplient maintenant, viennent prendre appui sur la table basse tandis que la blonde se prélasse comme un chat devant le feu.

« Non pas que l'idée farfelue d'habiller les fauteuils du château ne m'ait jamais traversé l'esprit, mais les vêtements là, tous beaux tous propres, sont pas là pour la décoration! Tu devrais les passer! »

Petit rire amusé.

« C’est que je pensais vraiment que tu m’aurais dit de faire comme chez moi, j’ai anticipé ! Tu tiens vraiment à ce que je me change là, devant toi ? »

Sourire pervers alors que la couverture ne couvre déjà plus que l’essentiel. Le Lem avait toujours fait preuve de beaucoup de pruderie avec elle, et elle s’amusait beaucoup à faire référence à son propre manque flagrant de pudeur en sa présence. Profitant de l’effet produit, elle se redresse avec sa couverture et saisit alors prestement le verre, sa bague venant choquer le verre avec un bruit discret. Joueuse :

« Quand on me promet du chouchen, faut savoir assumer en conséquence ! Je repars pas sans mon chouchen moi ! »
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Lemerco
« C’est que je pensais vraiment que tu m’aurais dit de faire comme chez moi, j’ai anticipé ! Tu tiens vraiment à ce que je me change là, devant toi ? »

A ces paroles Lemerco manqua de s'étouffer. Chez lui, chez elle... Il ne lui serait jamais venu à l'esprit de dire une chose pareille. Quant au reste...

Et chez le vieux croûton tu te trimballes aussi en tenue d'Eve ou bien le "chez moi" bénéficie d'un traitement de faveur? Et non, je n'y tiens pas plus que ca. Par contre si tu te sens l'âme d'une exhibitioniste, je peux inviter mon ami le Borgne à venir se rincer l'oeil!

Il laissa volontiers le verre à la blonde et acquiescça à sa dernière phrase. Quand le chouchen est tiré, il faut le boire. Ce n'est pas un soiffard comme l'ours vénète qui ira lui faire la morale... et des conséquences de ses états éthyliques... il a du en assumer plus d'une. Quoiqu'il aurait préféré des reins plus solides pour l'occasion.

Il déplaça un de ces vêtements qui occupaient les sièges, et avec une légère grimace défigurant le visage, il s'assit péniblement. Des restes de rumatismes perduraient encore un peu. Le chapelain qui s'y connaissait en médecine parlait d'une semaine encore avant qu'ils ne disparaissent en même temps que les derniers maux de cette maladie... Lem serait un miraculé? Oui et non car le chapelain craint aussi la rechute. Mais il est confiant... l'effet de surprise passé, on est prévenu et sur le qui-vive.

Lem toisa du regard la blonde. Elle était belle et sensuelle. Elle avait toujours eu du charme, c'était indéniable. Toutefois, l'ours ne s'était jamais laissé aller à y succomber. Il se renfrogna pour réprimer quelques idées lubriques qui envahissaient son cerveau, puis après avoir bu une gorgée de son chouchen, il demanda tout simplement à la blonde, avec son amabilité légendaire...


Que me vaut le déplaisir de ta venue?
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Marzina
« Et chez le vieux croûton tu te trimballes aussi en tenue d'Eve ou bien le "chez moi" bénéficie d'un traitement de faveur? »

Le sourire s’élargit. Certes non, c’était bien un traitement de faveur, déambuler nue dans les quartiers privés de Nantes n’aurait eu aucun intérêt, si ce n’est celui d’abréger la vie de son père par une crise cardiaque.

« Et non, je n'y tiens pas plus que ca. Par contre si tu te sens l'âme d'une exhibitionniste, je peux inviter mon ami le Borgne à venir se rincer l'oeil! »

Le sourire disparait brusquement. Non, elle ne tient pas à voir débarquer ses amis gueux dans le coin, il n’avait pas beaucoup de tact, mais ceux-là n’en avait pas du tout. Les yeux noirs se posèrent un instant sur l’Ours, et elle resta ainsi pensive quelques secondes, se demandant comment qualifier la façon dont elle le voyait. Un cousin sur lequel on a pu avoir des idées toutes autres que familiales ? Un vieil ami avec qui, le temps de l’amitié aidant, la pudeur avait disparu ? Elle cligna des yeux, chassant les pensées de son esprit, et vida le verre d’un trait.

Voilà bien longtemps qu’elle n’avait bu, et longtemps qu’elle n’en avait pas ressenti le besoin. Douce sensation d’ivresse, charmante poussée d’Archimède expulsant toute idée de responsabilité et d’ennuis hors de la tête…Poison éthylique poussant au vice et anéantissant la raison pour petit à petit céder la place aux démons de toute forme qui se pressent à l’extérieur…Et des démons, elle en avait depuis la guerre. Un verre ne subirait pas à tous les faire disparaitre…Notamment ce fantôme qui réapparaitrait sitôt qu’elle serait seule dans la pièce pour venir la torturer, encore une nuit blanche qui s’annonce et qui agrandirait les poches qu’elle avait sous les yeux.


« Que me vaut le déplaisir de ta venue? »

Elle penche la tête et affiche un sourire forcé.

« Ne peut-on venir rendre visite à un vieil ami sans forcément avoir une idée derrière la tête ? »

Elle se penche en avant sans retenir la couverture, dévoilant son corset, et claquant bruyamment le verre sur la table.

« Fais-moi voir la p’tite sœur, j’ai le gosier qui s’lasse… »

Les yeux noirs insondables se plantent avec aplomb dans ceux de l’Ours. C’est pas du 10 ans d’âge qu’elle veut, c’est atteindre l’ivresse.

« Et toi, pourquoi tu trembles comme un petit vieux ? »
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Lemerco
« Ne peut-on venir rendre visite à un vieil ami sans forcément avoir une idée derrière la tête ? »

A ces paroles Lemerco pensa que certaines choses devaient la tracasser, et pas qu'un peu. "Ne devrais-je pas arrêter de railler un esprit déjà tourmenté?" se demanda-t-il en son fort intérieur. La question trouva rapidement réponse. L'ours est bourru, mais il n'est pas cruel. Ce sentiment de compassion se renforça par ailleurs alors qu'elle demanda un verre pour la seconde fois. Lemerco possédait un certain stock d'alcool dans le domaine, et le contenu du coffre était assez conséquent pour survivre à une semaine de beuverie démesurée à deux. Mais il était surtout perspicace sur le plan psychologique.

Il ne dit mot et servit la princesse avant de remplir son propre verre et de reposer la bouteille sur la table. Ce faisant, il ne se rendait pas compte que ces tremblements faisaient valser hors de la bouteille et de son verre quelques gouttes de chouchen qui finirent leur chute sur la table ou sur les tapis cachant le sol froid fait de pierres taillées.


« Et toi, pourquoi tu trembles comme un petit vieux ? »

Lemerco aurait bien renvoyé une pique bien placée. Mais à quoi bon. Mentir? Blême et tremblotant comme il était, cela semblait assez vain. L'envoyer balader? Quand on souffre de solitude à cause de cette impossibilité de sortir, il serait malvenu de faire fuir l’une des rares personnes à rendre visite au malade. Autant dire la vérité quitte à la renvoyer dans ses pénates pour le "petit vieux". Sa mine s’assombrit momentanément le temps de réfléchir aux mots à employer pour avouer son état de santé chancelant.

Même les hommes les plus forts ne sont pas à l’abri de tomber malade. Il semblerait que j'ai attrapé un petit coup de froid qui m’indispose présentement.

"Petit au point de me clouer au lit trois semaines" pensa-t-il.

Et le petit vieux il a encore assez de tonicité dans les muscles pour te coller une fessée si tu continues de lui manquer de repect en le traitant d'ancêtre! Crotte, je suis jeune encore! Beau et fort comme à mes 17 ans!

Il avait repris des couleurs grâce à son mécontentement. Les afflux sanguins lui donnaient maintenant une légère teinte pivoine. Cela se ressentait également dans sa poigne. Ses tremblements étaient toujours présents mais il tenait son verre avec plus de fermeté et de force qu’auparavant. Comme quoi, les sanguins, il faut les énerver pour qu’ils exultent. Vidant son verre en marmonnant et maugréant, il se recadra sur l'invitée et lui demanda :

Je vois bien que quelque chose te turlupine. Quand tout va bien je ne te vois pas, quand tu te maries j'entends plus parler de toi, alors quel malheur dans ta vie t'a guidée jusqu'ici?
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Marzina
Le verre est resservi, le verre est repris. Elle laisse son dos retourner s’appuyer contre le dossier, tandis que ses orteils se crispent nerveusement sur le tapis. L’un des pieds dont la couleur violacée tendait à s’estomper lui arracha tout de même une légère grimace, la douleur n’était pas totalement partie. Elle finissait par avoir l’habitude de ce corps chétif qui se brisait si facilement, la douleur devenait plus supportable, mais la faiblesse qu’elle impliquait, elle, ne l’était toujours pas. Elle espérait surtout ne rien avoir de cassé. Et pourtant, malgré la maigreur imposée par son manque d’appétit, elle se trouvait en bien meilleure forme que lui.

« Même les hommes les plus forts ne sont pas à l’abri de tomber malade. Il semblerait que j'ai attrapé un petit coup de froid qui m’indispose présentement. »

Elle ne dit rien, petit sourire à l’évocation des « plus forts ». Cela ne passe pas inaperçu à ses yeux, qu’il veut se valoriser malgré son état de faiblesse. Le sourire discret disparait lorsque les lèvres se collent au verre…qui n’est vidé qu’à moitié, finalement. Et lorsqu’il finit par s’agacer, elle part d’un rire franc. Une fois calmée, elle repose son verre sur la table et susurre :

« La fessée ? Je croirais entendre le Chiffré… »

Elle imite d’un ton particulièrement agacé :

« Tu n’es pas une Penthièvre, tu vas recevoir une punition ! »

Grimace de dégoût.

« Peuh ! Doué lui a-t-il permis de lire en mon sang ? »

A vrai dire, elle s’en fiche. Elle sait d’où elle vient, et si elle n’a jamais connu son père, sa famille maternelle elle l’a connue suffisamment pour savoir qu’elle leur ressemble, par certains cotés. Autodestructrice comme sa mère, libertine comme son grand-père, et bourrée de vices comme sa grand-mère. Mais ça lui fait du bien d’avoir quelqu’un à diaboliser, si 19 savait…

« Je vois bien que quelque chose te turlupine. Quand tout va bien je ne te vois pas, quand tu te maries j'entends plus parler de toi, alors quel malheur dans ta vie t'a guidée jusqu'ici? »

Son regard se détourne, se porte vers l’âtre, contrarié. Finalement, elle reprend le verre, et le termine en silence. On n’entend plus que le feu qui ronge le bois. Lentement elle vient chercher le solitaire de son annulaire, le retire, et le dépose avec un bruit discret sur la table à coté de son verre maintenant vide. Calmement, elle répond d’une voix morne.

« Tout va bien. »

Il n’y a rien d’autre à en dire de toute façon. Elle se redresse, sa couverture en étole autour de son corps menu, et vient s’asseoir à coté de l’Ours.

« Je te fais peur ? »

Les yeux noirs se posent vers le Lem juste à coté maintenant, et un sourire en coin s’étire, et elle vient ramener à nouveau ses genoux vers sa poitrine, au chaud sous la couverture. Et puis le sourire s’efface, elle regarde devant elle et annonce :

« Je vais me marier… »

Pose la tête sur l’épaule masculine.

« …ou pas. »

Ame tourmentée qui ne sait pas ce qu’elle veut, typiquement féminine. Fragile oisillon épris de liberté…
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Lemerco
Alerte rouge! Alerte rouge! Intrusion féminine dans le périmètre de sécurité! Forte proximité de nich... d'attributs intrinsèques à la femme à portée de griffe. Et en plus elle dépose la tête sur les épaules. Ou comment réprimer les afflux sanguins pour parfaire une relation amicale parfaitement asexuée dans le respect d'un esprit chaste sans aucune manifestation de pulsion indésirable. Bref, physiquement ca s'exprime par une profonde inspiration, la fermeture des paupières, la contraction de ces petits muscles fichés dans le nez, puis une lente expiration. Ajouter à cela l'image ringarde d'une prairie remplie de petites fleurs à con parmi lesquelles gambadent des vaches et des lapins et vous obtiendrez un mâle castré psychiquement.

NOOOOOOON, pas peur! Faudrait que tu pèses une centaine de livres de plus, que tes mains soient remplacées par des haches finement aiguisées, que ton corps soit recouvert de pustules, que tes yeux lâchent des éclairs et que ta bouche crache du feu! Ou alors tout simplement que tu ressembles à ton père version fille!

Lemerco se gausse en imaginant la première chose, et frémit en pensant à la seconde... ou était-ce l'inverse? Machinalement il vide son verre, et se demande comment le remplir maintenant que son épaule est entravée par un poids blondesque. Il se demandait si le Très Haut, quand il a la flemme de lever ses fesses de son trône pour boire un coup, arrivait par la pensée à faire léviter le récipient jusqu'à ses grosses paluches. Il se dit que c'était fort possible et se dit qu'il aurait pu faire un effort et donner au genre humain au moins cette faculté qui simplifie tellement la vie d'un alcoolique.

« Je vais me marier… »

Seigneur!

« …ou pas. »

Misère!

Un petit silence entoura sa dernière intervention on ne peut plus constructive. Il se frotta la barbe en faisant la moue... Bon sang, une histoire de mariage, avec tous les atermoiements typiques des femmes. Il faut fuir... fuir les histoires de coeurs des bonnes femmes avant de voir son cerveau être liquéfiée en guimauve fondue... sauf que... Lem l'aimait bien la Marzina, dans le fond. Alors il pouvait bien faire un effort pour UNE fois. Il réfléchit à une phrase choc, recherchée, galvaudée, qui pourrait la mettre en confiance pour qu'elle vide son sac sans être gênée, naturellement...

Ouais bah... d'une ce serait bien de se décider hein... et de deux... c'est quoi les raisons de ton hésitation?

La vache Lem, tu as vraiment du te casser la tête pour sortir cette phrase si avenante et si attrayante.
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Marzina
Elle réfléchit un moment avec un sourire à ce que serait Elfyn en version féminine…Et apparut devant ses yeux la vision de Marilou. C’était à peu près ça oui. Elle reste avec son sourire, la tête sur l’épaule du Lem, et elle commente :

« Alors pour te faire peur, il faut être une arme humaine ? Pour ma part, je pense qu’on peut faire peur sans avoir ce genre d’armes. »

Elle tourne les yeux vers lui, et voit son regard se diriger avec un air affolé de son verre vide à la bouteille sur la table. Ca tombe bien, elle a bien besoin d’un autre verre elle aussi…Sans mot dire, elle attrape son verre et le pose à coté du sien, versant des doses généreuses avant de prendre son propre verre et de lui rendre le sien. Elle trempe ses lèvres dans son verre, et lâche quelques mots.

« S’il m’était si facile de me décider, ce serait déjà fait… »

Nouvelles gorgées d’alcool, et elle sent qu’elle se détend à nouveau.

« Ce qui me fait hésiter…c’est juste…moi, en fait. »

Regard vague perdu dans la contemplation du chouchen de son verre, ses pensées divaguent en tous sens, et elle sent que son corps anémié ne supporte plus l’alcool comme il le faisait lorsqu’elle était en pleine santé.

« En fait, je me sens pas prête pour le mariage, je pensais l’être, et maintenant que ca devient de plus en plus concret… »

Encore quelques gorgées.

« Je me rends compte que je ne suis pas faite pour ça, j’ai horreur qu’on me tienne en laisse ou qu’on m’enferme. Je ne me sens pas encore prête à combattre le plus grand de mes vices… »

Elle finit ce qu’il reste de son verre d’un trait, et le repose maladroitement sur la table, manquant le renverser, mais saisit encore la bouteille pour remplir son verre. La table reçut bien plus d’alcool que le verre, et les yeux vitreux, la bretonne vient installer ses jambes par-dessus celle de l’Ours, appuyée derrière elle sur ses bras. Elle penche la tête et affiche un sourire ivrogne, en petite tenue, affalée sur l’Ours. Ses cheveux avaient commencé à sécher et les boucles indisciplinés constituaient une crinière apparemment indémêlable. Après un petit rire d’ivrogne, elle sort d’une voix mutine :

« La nuit est tombée, tu vas pas me mettre dehors, hein, Lem ? »

Léger hoquet de la blonde qui fait tressauter son corps maigrichon et semble l’étonner elle-même, comme si elle n’avait pas vu arriver son état. Et puis finalement, elle va chercher la bouteille sur la table, avant de venir se blottir dans les bras faiblards du malade, la bouteille contre elle comme si c’était ce qu’elle avait de plus cher, bougonnant :

« Je veux pas dormir dehors… »
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Lemerco
La situation semblait irréaliste. Quelques verres et la blonde était en vrac. Quelques verres couplés au traitement que Lem suivait pour son bon rétablissement, et l'esprit de Lem aussi commençait à valser. Sa volonté de maintenir des barrières avec les gens, et plus particulièrement les membres de la gente féminine, s'évanouissait dans un laisser aller à la fois gênant et agréable. Il avait froid à cause de cette fièvre, et pourtant le corps de la blonde le réchauffait. On peindrait la scène et peut-être que le tableau quelques siècles plus tard se vendrait à prix d'or entre différents musées. Aux doutes qui assaillaient la princesse, Lemerco tentaient de trouver en lui quelques réflexions qui permettraient à la femme en détresse de s'y opposer.

Il se remémora alors cette période, cet âge d'or, durant lesquels Lemerco fut marié. Un grand tourbillon de sensations et d'émotions prit forme en son fort intérieur. A la joie succéda le désir, au désir l'amusement, à l'amusement le bonheur, au bonheur la nostalgie, à la nostalgie la torpeur. Il se souvint de la rencontre avec celle qui devait devenir son épouse, repensa à cette folle nuit de beuverie pendant laquelle il la connut charnellement, puis à ce soir incongru où Clodeweck appris la grossesse de sa petite nièce. Il ne put réprimer un rire en revoyant la tête endormie qu'avait le Primat avant d'entrer dans une colère certes maitrisée, mais assez terrifiante. Puis le jour du mariage, la nuit de noces ratées, le quotidien des mariés, la disparition d'Azilliz, puis la nouvelle de sa mort par les bonnes soeurs. Combien de temps à ruminer le passé? Lemerco ne saurait le dire. Peut-être les vagues de l'alcool et de la fatigue ont su guider un esprit si anarchique à l'essentiel, éradiquant toutes les pensées parasites d'un cerveau survolté qui pense tout le temps à tout et rien. Mais les paroles qui suivirent était en parfait contraste avec toutes ces choses violentes et inutiles, ironiques et sarcastiques, qu'il avait pour habitudes de dire.


Tu sais, quand j'étais plus jeune... ce qui ne veut pas dire que tu as le droit de me traiter de vieux, hein!... moi aussi j'étais libre de tout, affranchi de tout engagement. J'ai toujours souhaité vivre ainsi. Mais l'homme est ainsi fait. Il peut vivre en adéquation avec ce qu'il est, il y a une constante qui gouverne le royaume du genre humain : il finit toujours par désirer ce qu'il n'a pas.

Qu'est-ce qu'une personne éprise de liberté n'a pas? Justement, une chaine, une entrave, ou tout simplement un lien... pourquoi vouloir toujours faire dans le négatif?

Aussi ai-je désiré ce lien. La destinée a voulu que je puisse en tisser un, aussi éphémère fut-il. Mais il fut rempli de sens, il fut tellement enthousiasmant que jamais je n'aurais voulu qu'il se brise.

Aujourd'hui, je pense que tout est bon à prendre, le mariage, comme la liberté. Cependant... pour ce que j'ai vu du mariage, il me semble compliqué de persévérer sur ce chemin si avant même qu'il soit prononcé, on doute à son sujet. Il arrive certes, parfois, qu'une chose non désirée cachait en fait une grande joie, et un grand bonheur. Mais cela ne semble pas être ton cas. Pour la bonne et simple raison que tu as déjà pu expérimenter ce que cachait ta relation avec l'homme en question.

Peut être que ce n'est pas le mariage le problème, mais l'homme?


En disait-il trop? Peut-être. Aussi se tut-il. Au dehors la pluie tombait avec la même intensité. Le bruit l'interpella et il regarda à travers la vitre située à coté d'une petite bibliothèque.

Je pense qu'il serait effectivement malvenu de te renvoyer maintenant chez toi. Aussi tu passeras la nuit ici.

Comme il est tard et que je n'ai pas envie d'embêter Anne et Tudal pour préparer une chambre, tu prendras la mienne.


Lemerco ne dormait plus dans la chambre conjugale. Trop de souvenirs, il n'y trouvait plus le sommeil. Il s'y rendait encore parfois par pure nostalgie. Cherchant du regard la bouteille maintenant presque vide, il l'ôta des mains de la blonde pour y boire directement au goulot. Il ressentait des courbatures au niveau des reins et des abdominaux. Aussi chétive que pouvait être Marzina, un être humain pesait son poids. Mais il ne dit rien. De manière insidieuse maintenant un conflit l'avait gagné. Et sa main posée sur le bras de la blonde, qui se voulait amicale au début, hésitait à persévérer dans cette voie.
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Marzina
Elle était bien là, elle était au chaud. Elle s’amusait à tout détruire, et puis ensuite ressentait le manque d’équilibre de sa vie, elle était comme ça. Le discours de l’Ours avait peu d’écho en elle, elle n’avait certes pas sa sagesse, elle en était loin. Disons aussi que le chouchen n’aidait pas, elle avait ses périodes d’absence…Dans les moments où sa conscience finissait par émerger un peu des vapeurs alcoolisées de son cerveau, elle hésitait entre reprendre sa bague et reprendre son verre…

« …il finit toujours par désirer ce qu'il n'a pas. »

Elle est au courant déjà, de ça…C’est bien pour ça aussi, qu’elle boit un peu. Elle ne supporte pas la contrariété, elle a l’habitude que les portes s’ouvrent avec un seul de ses regards aguicheurs. Elle est tombée sur un os dernièrement, et l’échec fait mal. Presque aussi mal que quand on lui avait annoncé la mort d’Ailvin. Elle n’avait plus de larmes à offrir, le revers l’avait poussée à la remise en question, et l’introspection l’avait plongée dans l’alcool. Et maintenant, l’esprit mis à nu vient chercher la tendresse auprès de la seule personne qu’il pense capable de lui en offrir, dans toute sa fragilité.

« …avant même qu'il soit prononcé, on doute à son sujet. »

Elle avait toujours douté du mariage, l’idée même lui déplaisait. Ce qu’elle avait voulu, c’est que le mainois ne soit qu’à elle, rien qu’à elle…Avant de se rendre compte que le mariage ne lui offrirait pas ce qu’elle voulait.

« Peut être que ce n'est pas le mariage le problème, mais l'homme? »

Elle pose la tête contre son épaule, se blottit un peu plus contre lui. Ils se connaissent depuis si longtemps, son odeur lui est familière. Elle sourit, elle n’a pas grand-chose qu’elle puisse qualifier de familier dans sa vie, même sa famille est une suite de rapiècements. Un père pour la conception, un autre pour l’éducation, un autre pour s’occuper d’elle…Une famille maternelle qui la rejette, une famille d’adoption en plein déchirement…Un logement à Vannes, un autre à Rennes, et un à Nantes…Elle ne savait pas s’arrêter, planter ses racines, s’attacher…

« Aussi tu passeras la nuit ici… une chambre, tu prendras la mienne. »

Sourire de la blonde qui s’abandonne dans ses bras tandis que la bouteille s’enfuit de ses mains sans qu’elle ne se rende compte de quelle façon. Ses bras maintenant libres viennent passer derrière les larges épaules, serrer l’Ours contre elle, chercher le contact…Elle est comme ça.

« Je suis fatiguée » murmure-t-elle. Elle ferme les yeux, et blottit son nez dans le creux de sa nuque. L’une de ses mains se fait aventureuse, glisse sur la peau du dos, caressante. La blonde est apaisée, son souffle est régulier. Lentement, les lèvres se posent sur la nuque, y apposent leur sceau invisible.
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Lemerco
Et paf!

Tout s'enchaine tout se bouscule. La main est froide, ca dissipe l'ivresse. Les lèvres sont chaudes, ca ravive l'ivresse. Lemerco est un mât de cocagne sur lequel on grimpe, mais dans le cas présent c'est pour attraper... quoi? Lemerco vida le bouteille d'un trait, il ne restait presque rien de toute façon pas grand chose. L'esprit de l'ours qui quelques instants auparavant y voyait clair, se troubla et s'enfonça inexorablement dans un épais brouillard. Ce ne sont ni l'alcool ni la fièvre les responsables de cette transition, mais juste l'évolution de la situation. Lemerco tentait péniblement de réfléchir à ce sujet.

Une mère caresse ces enfants, il n'y a aucun "désiré dans cette action. Juste une manifestation de tendresse envers des êtres aimés, mais pas dans le sens homme/femme = mariage et bébés.
Une mère embrasse ses enfants aussi, bis repetita, on a compris la suite.

Satisfait de cette réflexion, Lemerco se détendit. La blonde est fiancée, c'est juste qu'il n'a pas pour habitude d'avoir une femme proche de lui dans sa vie. Petite moue et patatra.
"Non mais n'imp, toi! Genre elle te prend pour son gosse! Ou même son pater! Tu cherches une échappatoire qui n'existe pas!"
"Oui mais d'un autre coté c'est prétentieux de penser que ce n'est pas innocent!"
"Gros nigaud! Je suis parfait après tout!"
"Oui oui, t'as raison!"
"Farpaitement!"
"Bref, on verra bien!"
"Et voilà, deux heures de réflexion pour cette décision!"
"Oh ca va hein!"
"Monsieur parfait est un vraie flèche... Hey, qui a éteint la lumière!"

La grande porte de l'esprit ursidé s'est refermée.


Oui oui, il fait fatigue!

Dans un élan de tendresse mal contrôlé, faut dire qu'il a toujours été assez rude et peu expressif, il monta une main jusqu'à la nuque de la blonde, puis entreprit de caresser maladroitement la crinière blonde encore un peu humide. Depuis combien de temps n'avait-il pas eu une telle proximité avec une femme? Hors catin, bien évidemment! Les catins étant des femmes à part entière, mais faut dire que le moteur de la relation entre le client et la gourgandine n'est pas vraiment la tendresse. Et finalement sur un air faussement détaché il demanda tout en continuant ses va et viens sur la chevelure blonde...

Ahem, c'est pas si mal en fait quand on se crèpe pas le chignon! J'y prendrai presque goût!
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Marzina
« Oui oui, il fait fatigue! »

Elle soupire doucement. Ce n’est pas ce genre là de fatigue, qu’elle ressent…C’est de la lassitude. Elle laisse ses yeux fermés, elle sent que ses dernières insomnies associées à l’alcool ont petit à petit raison des forces qu’il lui reste. Elle sent sa main sur ses cheveux, et pousse un nouveau soupir. Il n’a pas compris, et comme au jour de leur rencontre, il la traite comme une enfant.

« Tu es un idiot… » murmure-t-elle d’une voix froide.

Elle ne bouge pas pourtant, elle le laisse faire, la douceur n’est pas plus mal. Morphée l’appelle doucement de ses vœux…Elle ouvre ses yeux noirs et réunit ce qu’il lui reste d’énergie pour se redresser. Elle pose une main maigre et froide sur la joue de l’ursidé, et dépose un baiser au coin de ses lèvres. Elle se réinstalle ensuite sur son épaule, et avec la même voix froide murmure :


« Tu vieillis, ça fait longtemps que je ne suis plus…une gamine… »

Son souffle dans sa nuque se ralentit, et son corps se fait plus lourd, elle s’est endormie…
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