Miramaz
[...un barbare et une casse-pieds si!]
Un chemin traversant la campagne guyennoise, terre gelée et paysage recouvert d'un fine couche de givre où l'hiver et ses frimas frappent tout ce qui n'est pas emmitouflé sous plusieurs couches de tissus. Un bosquet d'arbres dénudés flanque le bas-côté, illusion d'abri pour deux silhouettes planquées derrière, la plus petite n'est qu'un amas de frippes ternes presque plus large que haut, un bonnet crasseux cachant la moitié de sa caboche. Couverte par le sifflement du vent, une voix bougonne s'élève inaudible sauf pour son comparse:
On fout quoi ici..et ç'peut pas êt' l'printemps d'jà? J'ai les pieds g'lés.. tu m'portes? J'suis sûre qu'tu sens rien toi..'spèce d'barbare.. puis ça fait des heures qu'on attend..ya personne qui passe par ici.. s'planquent tous au chaud tu parles.. ya qu'nous d'assez crétin pour êt' dehors à c'te saison..
D'humeur râleuse la Mira, le froid et son scandinave compagnon n'essuient là qu'une énième salve de geignements, seule échappatoire à son manque de patience. Ce défaut, qu'elle pensait pourtant dominé depuis le temps, avait refait surface sitôt l'attente entamée, la lecture des textes religieux conseillée par son mentor n'avait rien arrangé à l'affaire. Doigts gourds et esprit empli de contradictions ne faisant qu'empirer le moral de la pénible femme, la poussant à asticoter un peu plus son compère.
J'te dis qu'c'est pas un bon endroit ici..t'as mal choisi même les bestioles n'y passent pas...j'vu aucune trace..ya rien à chasser et j'ai faim..t'as pas aut'chose qu'du pain par hasard? On bouge? J'te parie qu'j'peux trouver un endroit mieux qu'c'ui là..l'lieu parfait à l'abri du vent, avec une vue dégagée sur l'chemin tout en nous dissimulant..et même qu'il y...Humpf
Personne ne saura jamais quel autre atout est lapanage de ce lieu idéal car une douleur brutale au niveau des côtes fit taire la grognonne. Le silence était requis autant pour assurer la paix aux oreilles du danois que pour mieux surprendre l'individu qui approchait. Car enfin il y avait quelqu'un sur ce fichu sentier, le craquement de la glace cédant sous des pas humains, et les ronds de buée flottant dans l'air glacial le prouvaient.
Les yeux braqués sur le détour du chemin qui cachait encore leur future victime, la geignarde se tint prête à bondir dès l'instant où la proie s'arrêterait étonnée de voir une rame abandonnée en bordure de route. Cet objet en bois était LA technique prodigieuse développée par Mira pour faciliter leur récolte, elle en avait vantée les mérites à son complice pendant tout leur trajet, lui assurant que la méthode était infaillible. La rame au sol..un voyageur intrigué qui s'arrête..eux deux qui lui sautent dessus..et hop le tour est joué. Sauf que la pratique n'égale jamais la théorie...
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Un chemin traversant la campagne guyennoise, terre gelée et paysage recouvert d'un fine couche de givre où l'hiver et ses frimas frappent tout ce qui n'est pas emmitouflé sous plusieurs couches de tissus. Un bosquet d'arbres dénudés flanque le bas-côté, illusion d'abri pour deux silhouettes planquées derrière, la plus petite n'est qu'un amas de frippes ternes presque plus large que haut, un bonnet crasseux cachant la moitié de sa caboche. Couverte par le sifflement du vent, une voix bougonne s'élève inaudible sauf pour son comparse:
On fout quoi ici..et ç'peut pas êt' l'printemps d'jà? J'ai les pieds g'lés.. tu m'portes? J'suis sûre qu'tu sens rien toi..'spèce d'barbare.. puis ça fait des heures qu'on attend..ya personne qui passe par ici.. s'planquent tous au chaud tu parles.. ya qu'nous d'assez crétin pour êt' dehors à c'te saison..
D'humeur râleuse la Mira, le froid et son scandinave compagnon n'essuient là qu'une énième salve de geignements, seule échappatoire à son manque de patience. Ce défaut, qu'elle pensait pourtant dominé depuis le temps, avait refait surface sitôt l'attente entamée, la lecture des textes religieux conseillée par son mentor n'avait rien arrangé à l'affaire. Doigts gourds et esprit empli de contradictions ne faisant qu'empirer le moral de la pénible femme, la poussant à asticoter un peu plus son compère.
J'te dis qu'c'est pas un bon endroit ici..t'as mal choisi même les bestioles n'y passent pas...j'vu aucune trace..ya rien à chasser et j'ai faim..t'as pas aut'chose qu'du pain par hasard? On bouge? J'te parie qu'j'peux trouver un endroit mieux qu'c'ui là..l'lieu parfait à l'abri du vent, avec une vue dégagée sur l'chemin tout en nous dissimulant..et même qu'il y...Humpf
Personne ne saura jamais quel autre atout est lapanage de ce lieu idéal car une douleur brutale au niveau des côtes fit taire la grognonne. Le silence était requis autant pour assurer la paix aux oreilles du danois que pour mieux surprendre l'individu qui approchait. Car enfin il y avait quelqu'un sur ce fichu sentier, le craquement de la glace cédant sous des pas humains, et les ronds de buée flottant dans l'air glacial le prouvaient.
Les yeux braqués sur le détour du chemin qui cachait encore leur future victime, la geignarde se tint prête à bondir dès l'instant où la proie s'arrêterait étonnée de voir une rame abandonnée en bordure de route. Cet objet en bois était LA technique prodigieuse développée par Mira pour faciliter leur récolte, elle en avait vantée les mérites à son complice pendant tout leur trajet, lui assurant que la méthode était infaillible. La rame au sol..un voyageur intrigué qui s'arrête..eux deux qui lui sautent dessus..et hop le tour est joué. Sauf que la pratique n'égale jamais la théorie...
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