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[RP] Vers l'infini, et au delà (si ça fait pas le buzz ça )

Dioscoride.
[14 octobre 1459.]

Premières gouttes...glaciales.

Piotr, vaillant cheval de labeur, massif, rude et puissant tirait la charrette sur le chemin rocailleux qui menait au hameau accroché au flanc du Crêt de la Neige à l'ouest de Genève, là où résidait le menuisier, celui à qui commande d'un berceau et d'un petit lit avait été faite.
Avant la pierre, les premières planches d'un désir souvent évoqué, partagé, et sur le point de se réaliser : revenir chez elle, à Genève, en famille pour Phonya, s'ancrer à une vie si éloignée de celle qui fut la sienne, la découvrir, en épouser les moindres aspects et la revendiquer, pour Dioscoride.

Le temps tranchait avec les routes ensoleillées qu'ils avaient laissé dans le sud, la pluie imprévisible qui venait de franchir l'arrête montagneuse rendait la progression délicate, et sollicitait une charrette modifiée, rendu plus longue et mieux équilibrée pour transporter les multiples malles jusqu'à Genève et pour le confort de la petite famille (nous partîmes deux, mais par un prompt désir nous nous vîmes trois en arrivant au Phare)...mais aussi moins apte à subir les chocs et moins adaptée aux mauvais sentiers.

Enveloppés sous la large pelisse des temps de guerre, les amants/époux dans le fracas de l'averse sur la maigre toile au-dessus d'eux (qui ne leur servait plus vraiment d'abri, par contre pour l'ombre rien à dire...mais bon l’Helvétie...) échangeaient peu, sinon des regards si intenses que de mots ils pouvaient se passer....un temps.

Et voilà que depuis qu'ils avaient commencé l’ascension, suite à un soubresaut, le tombereau oscillait sensiblement de droite à gauche. Perdu dans ses pensées, emporté dans les vagues des révélations de la veille le borgne ne l'avait pas remarqué immédiatement mais le balancement des bras de chaque côtés de Piotr éveilla son attention.
Ronchonnant et râlant après son inattention, il stoppa l'attelage, sauta dans la boue, manqua de glisser sur les pierres pour vérifier la charrette. Son attention se portant plus précisément sur les moyeux et les grande roues cerclées.

Le ciel s'ouvrait un peu plus pour déverser sur eux l'onde froide.

Le Borgne constata les dommages. L'essieu se fissurait sur sa partie droite, et laissait apparaitre les premières éclisses.
Il se glissa sous le véhicule pour à l'aide de sa ceinture entourer la fente béante, renonçant à la diminuer, se contenta de la maintenir fermement serrée.
Un moment dissipé dans son ouvrage par la présence de sa moitié, il songea à utiliser également les lacets de sa chemise, de ses bottes, qu'ils jugeaient souvent tout deux bien superflus...
Les dents, le bras droit pour aide, une main gauche unique, il refusa, orgueil misérable, protection exagérée, l'aide de son épouse...

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Phonya
Accroupie Phonya retenait tous les tissus qu'elle pouvait pour qu'ils ne trainent pas dans la boue.
Elle évitait soigneusement de dire quoique ce soit, sa proposition d'aide ayant vécue, se contentant d'observer les gestes de Dioscoride des soupirs retenus. Elle lui aurait bien encore proposé sa propre ceinture, voire ses dents, mais elle sentait confusément que l'heure n'était pas à la distraction.
Elle ne voulait pas l'agacer un peu plus.
Mais elle ne put s'empêcher de parler.


Tu sais ?
Nous ne sommes pas à une journée près, et puis nous n'avons pas encore de murs.
Enfin pas vraiment.
J'ai vu une maison, mais je ne sais pas si tu vas l'aimer.
Elle est grande …

La veille, elle n'avait pas eu le temps de tout lui raconter. Ils avaient tellement à se dire que parfois l'important s'évanouissait dans l'étreinte qui les accompagnait jusqu'au lendemain. Elle s'interrompit vite au regard noir.
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Dioscoride.
La pluie redoublait, martelant le bois du chariot, bruit sauvage d'une nature sans concession avec ses enfants.
Empêché par sa taille, le Borgne ne cessait dans son ouvrage de se cogner, de se griffer, l'irritant un peu plus encore.

Tu sais ?
Nous ne sommes pas à une journée près, et puis nous n'avons pas encore de murs.
Enfin pas vraiment.


Dioscoride jeta un regard sombre à sa moitié et grommela:
Hum....tu as sans doute raison, on va difficilement pouvoir continuer. Pourtant ce berceau, ce petit lit...." . La déception raisonnait dans chaque mot.

Puis le regard s'éclaira dans la promesse d'un refuge à eux, évoquée.
Elle était ainsi, trempée, penchée sur lui, faisant fis des tourments égoïstes du borgne pour le rappeler à la réalité du temps, du lieu. Et du temps ils en avait devant eux, et d'un lieu....aussi à présent.
C'est l'horizon qui s'ouvrait devant lui, sous l'eau, les pans de sa robe à la main, des étoiles plein les yeux. Toujours était-elle ainsi dans les moments délicats, toujours attentive aux débordements ombrageux d'un routier devenu sédentaire.

Allons...je jette un dernier coup d’œil de l'autre côté, et on essaie de faire comprendre à Piotr qu'il existe d'autre chemins que toujours tout droit. Puis on va voir cette maison....cette grande maison.
Plus une once d'obscurité dans l’œil, mais des braises, ardentes : Deux moitié, une maison et des enfants, le Tout blottis dans la neige.

Empressé, heureux de la nouvelle...il aurait pu sortir de sous la charrette et contourner la roue, il aurait pu. Mais il préféra se glisser sous l'essieu pour faire plus simple, et plus vite...il pouvait moquer le canasson...

Hors, l'essieu de n'avoir travaillé dans son axe s'était bien plus dangereusement rompu près de la roue gauche, fendu de moitié sous le plancher, et le masquant à la vue.
Un mouvement d’impatience de Piotr, un soubresaut de la carriole, un bruit sinistre déchirant le voile de pluie...
La poutre soutenant les roues céda, écrasant la poitrine du manchot, lui étouffant un râle de surprise et de douleur, le projeta sur le sol rocailleux.
Papier Pierre Ciseaux Tête.....Pierre contre Tête, la pierre gagne toujours, les ténèbres et l'infini sans doute, aussi.

L'eau qui ruisselait du talus pour traverser le chemin et courir jusqu'à la plaine gorgée de brouillard, pris une teinte différente au sortir de la charrette, la même que les roses qui si souvent avaient ponctué leur histoire...

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Phonya
Le sourire du manchot éclaira son visage comme le rayon de soleil qui manquait ce jour.
Elle aurait voulu lui tendre la main pour qu'il sorte de dessous du chariot et qu'il l'étreigne en l'embrassant, mais il s'échappa plus loin vers l'autre roue.
La brune se releva, le sourire aux lèvres malgré ses nattes qui pendaient lamentablement trempées, l'Unique savait l'envelopper de cette douce chaleur emplie de promesses qui repoussait loin tous les obstacles.
Dans un instant son époux amant réapparaitrait et il la prendrait dans ses bras. Boueux, trempé, mais si aimant.
Il lui offrirait ces secondes de bonheur, que nul ne peut partager, celles où ils se retrouvent s'étant à peine séparés.

Le craquement sinistre de l'essieu, interrompit les espoirs de la Genevoise. Sa première pensée fût qu'elle avait eu raison encore une fois … que les meubles attendraient…
Elle s'était retournée s'attendant à accueillir un borgne dépité, mais qu'elle aurait su réconforter.
Elle n'avait pas entendu le souffle coupé, ni le choc de la tête rencontrant la pierre.

Comprendre …
Un silence ...
Une absence ...

Elle se précipita sous la carriole, le coeur arrêté et le souffle retenu.
Face au corps étendu, à l'écarlate qui filait, elle cria.


NOoon!!!

A quatre pattes, elle rampa repoussant de toutes ses forces le bois qui devait être savoyard.
La chemise déchirée rougeoyait mais le flot venait d'ailleurs.
Tu n'as pas le droit !!!
Elle criait de colère, s'acharnant dans la boue pour soutirer sa moitié au cercueil suspendu. Les pensées les plus folles se télescopaient.
Elle lui en voulait d'avoir tenu à venir ce jour, elle lui en voulait de cette histoire de bas de soie, elle lui en voulait de ne pas finir ses phrases, elle voulait une fille ...
Un dernier effort et la tête sanglante se posa sur ses cuisses laissant la Genevoise démunie.
Les mots restèrent coincés dans sa gorge, nouée par la vision du visage blême au regard fermé.
Un seul gémissement animal passa ses lèvres quand elle l'enlaça doucement, sanglotant, incapable de quoique ce soit sauf de murmurer comme une litanie.


Ne pars pas.
Je t'aime.


Elle ne sait combien de minutes s'effilochèrent avant que ses maigres connaissances médicales firent surface, prenant la place aux sentiments éperdus.
Ses doigts tremblants, malgré les yeux troublés d'eau salée, enveloppèrent la tête de la chemise qu'elle venait d'enlever pour la reposer doucement sur la pelisse qu'elle avait repliée.
Il y avait urgence, détacher Piotr qui s'impatientait lourdement.
Elle desserra les cuirs qui retenaient le cheval. Les rênes d'une main, et de l'autre attirer les yeux du cheval pour qu'il la suive au plus court.
Ils n'avaient pas le droit à plusieurs tours de roues. La genevoise savait que tout allait verser, mais elle espérait retarder ce moment , qu'elle pourrait éviter la panique du cheval et … pire encore.
Une éternité, jusqu'à ce la charrette se mette lentement en travers du chemin un peu plus bas.
Des paroles impatientes mais encourageantes quand une roue s'effaça dans un ultime craquement .
Phonya lâcha toutes les brides pour que la monture se libère sans entrainer ce qui ressemblait maintenant à une carcasse de bois.

_________________
Phonya
Le nez penché sur la chemise qu'elle ravaudait, Phonya revivait les jours passés, un léger goût d'amertume aux lèvres.

Déjà, le bûcheron moqueur qui les avait ramassés sur le chemin en descendant vers Genève.
Son rire étouffé quand il se tournait vers eux.

C'est qu'une grosse bosse, ma petite Dame ! lui avait-il asséné après avoir constaté les blessures de Dioscoride.
Elle l'avait envoyé paître vertement, prétextant ses connaissances médicales.
Mais le bonhomme avait éclaté de rire.
Dépitée, la Genevoise avait dû accepter son aide et tous les regards rieurs quand la carriole s'était arrêté devant l'auberge.

Il en fût de même quand Berthe - la jeune et gironde Berthe - fille de l'aubergiste avait décidé d'y mettre son grain de sel.
C'est vrai qu'elle s'occupait des enfants et qu'elle commençait à bien connaitre la famille.
Ce fût elle qui décida comment installer le blessé, qui décida que Phonya avait besoin d'un baquet d'eau chaude et lui étrilla l'échine pour la revigorer.
Mais ce fût quand elle houspilla Phonya en lui tendant un casque pour le tournoi, que la Genevoise prit conscience que les heures, les décisions lui échappaient.

Une brève rébellion.
Anthelme viendrait avec elle. Pas question qu'il goute autre étreinte nourricière que celle de sa mère.
Phonya dût tout de même écourter les recommandations envers Dioscoride, devant se contenter d'un baiser sur le front pâle.
Berthe avait tout prévu.
Girouette attendait, les fontes pleines, un panier doublé de peaux de moutons en travers de la selle...

Ensuite Tatou … seule … qui avait mis à mal ses croyances dans la protection du chef.
Aubanne n'avait pas flanché.
Phonya devait accepter que devant ses amis, elle n'était capable de rien.
Le retour vers Genève, la faim au ventre, le fils grognant de ne pas avoir pitance se fit très discret.

L'aiguille s'immobilisa sur le tissu.
Ses yeux gris se posèrent sur le visage rayé endormi.
Le sourire revenait aux lèvres de la Genevoise.
Les rêves et l'avenir reprenaient leurs places.

_________________
Dioscoride.
L'après-midi s'étirait lentement sous les rayons trop brefs du soleil helvète. S'en saisissant tant qu'ils étaient encore à portée en occupant une pierre devant chez eux, Dioscoride tenait Léandre sur ses genoux, le ventre rond et repus d'avoir dévoré son repas.
Ils laissaient ainsi Phonya endormie sur l'inévitable fauteuil, le bébé l'accompagnant dans ses rêves, blottit tout contre elle, près de l'âtre bien vivant.

Devant la déception du petit garçon, le borgne se justifia :
Il faut la laisser se reposer, tu sais…ça n'a pas été facile ces derniers temps, et elle doit souvent donner le sein à ton frère si tu veux qu'il grandisse pour un jour jouer avec toi.
Alors quand elle est aussi paisible, on ne doit la réveiller, et même s'il n'est pour elle plus doux éveil qu'apercevoir tes petites joues en ouvrant les yeux, il faut lui laisser un peu de répit auparavant.


Vengeance du rejeton :

Comment ma'an elle aime plus Papa ? Comment c'est toi qu'elle aime? T'es tout rayé!
La remarque fut accompagnée de la petite main appuyant sur les balafres que par ses cheveux le borgne masquait de moins en moins.

Euh…et bien…il y a des choses que moi-même je ne m'explique pas…et tu sais, les rayures ne sont pas ce qui devraient la rebuter le plus par moment…mais ce n'est pas important ça, il faut que tu saches qu'elle t'aime toi surtout.

Même quand 'suis pas là ?

Le regard du borgne se planta dans les petites billes bleues.

Ta Maman t'aime et t'aimera toujours, il en est ainsi des maman et de leurs enfants…et même quand tu es absent de la maison elle ne songe qu'à toi et prépare ton retour.
Lorsqu'elle dû partir, ton absence déversa sur elle les flots amers du chagrin et parfois les vagues l'emportaient bien loin de moi. Je n'ai pas toujours pu la consoler, et tu sais, elle préférait parfois rester seule auprès de Girouette, avec serré contre elle, très fort la mèche de cheveux que ton papa t'a coupée et lui a fait parvenir.
Même…j'ai été jaloux de toi, démuni par une tendresse trop abrupte, écorchée et sensible aux vieux démons, de ne pouvoir te remplacer. Même dans mes bras, quand elle ne soufflait mot, je voyais ses yeux se perdre et te retrouver, comme si tu avais été devant elle et non au-delà de son horizon.
Alors le gris de ses yeux s'assombrissait de mélancolie et la presser contre ma poitrine, lui promettre l'éternité à ses côtés ne suffisait que difficilement à raviver l'éclat de son iris. Elle a un cœur immense, grand comme…un océan, comme la mer et il est garni de tendresse, d'affection, d'amour.

Même s'il neigeait dans nos cœurs, si nos âmes se retrouvaient brulantes et enlacées dans l'univers immaculé, il y avait près de nous de petites traces de pas, les tiennes et ce sont elles aussi qui nous ont mené à Genève. Depuis de nouvelles marques se sont jointes aux nôtres et de nouvelles viendront.

Alors comme elle nous donne tout son amour, il faut qu'en échange nous donnions nous aussi, tout le notre, et comme on est deux…trois avec Anthelme en attendant une nouvelle Aube, on lui en donnera au moins trois fois plus. On la serrera dans nos bras pour lui montrer combien nous la trouvons extraordinaire, combien sans elle nous sommes perdus et tristes. Elle nous accueillera contre elle et elle nous étreindra doucement, se réchauffera comme elle réchauffera nos cœurs.
Maintenant nous sommes ici avec toi ou non loin, ensembles et animés de la force de ce qui sont convaincus que rien ne peut les détruire.


Le regard de Dioscoride alla vers les eaux du Lac qu'il percevait au bout de la rue…

Et puis…tu sais…un jour tu devras toi aussi prendre soin d'elle, quand tu seras plus grand, tu m'y aideras. Elle est fragile comme le coquelicot que tu dois connaitre, ces fleurs rouges aux grands pétales qui paraissent résister aux fantaisies du vent et aux caprices de la pluie mais qui dès que tu les touches, dès que tu les cueilles sans précaution se dispersent et ne laissent qu'un souvenir bien trop vivant.

Il faut prendre soin d'elle, elle a souffert et le plus souvent de n'être pas compris par son amant. Elle s'est sacrifiée, pour…pour lui…s'est battue pour qu'Ils existent, plus que lui n'eut à le faire. Un amant, démon à ses heures qui toujours veillera à ce qu'elle fleurisse là où il pourra la porter, même si parfois avare de discernement il froisse bien vite les ailes de son ange. Il n'en demeure pas moins qu'amant ou époux, il est heureux comme aucun démon ne l'est avec un ange, qu'aucun homme ne puisse l'être avec une femme…heureux aussi de t'avoir non loin de lui.


L'œil du manchot se posa sur l'enfant.
Depuis longtemps, des paupières étaient venues clore le regard azur de Léandre, et le borgne cessa son monologue…

Il n'y a pas à dire, le borgne, pour parler aux enfants il s'y entend…déjà qu'avec ses semblables il devait s'employer pour terminer ses phrases et ôter la rudesse du langage de ceux qui trop longtemps étaient restés sur les sentiers…
Laissant le sommeil tous les emporter, il resta avec Léandre contre lui, un peu culpabilisé par l'affection qu'il portait au fils de Phonya.

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Phonya
Il y avait des matins sublimes.
Des matins où même le ciel chargé de nuages menaçants semblait éclairé d'une lumière indicible.
C'était un de ces matins.
Quand le corps se réveillait lentement, ne voulant pas vraiment quitter la chaleur des draps, que le bras tendu cherchait aveugle une partie de soi, et qu'un soupir accompagnant la quête infructueuse, restait un soupir de plénitude, souffle des heures passées.
Quand les paupières encore fermées sur le plaisir qui creusait les reins, que les lèvres rouges de passion se mordillaient au souvenir, et que les oreilles bruissaient toujours des gémissements où s'entremêlaient des mots brûlants

C'était un de ces matins où l'Aube resplendissait.
Où il avait fallu la voix tonitruante d'un fils affamé pour sortir sa mère de sa torpeur alanguie et qu'un autre, alerté les rejoigne...

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Dioscoride.
Habillé des fantômes bien réels de baisers parcourant entier son corps
Arraché à l'incendie à peine contenu d'une nouvelle nuit éternelle
De ces nuits qui des écueils de l'existence, ne laisse qu’accrocs aux bas
Il avait laissé l'ange s'endormir enfin
Pour savoir la maison s'être agrandie dans la nuit d'un poulain aux jambes frêles mais déjà déterminées
Résultat selon sa belle d'une impressionnante rencontre de Girouette avec un étalon sauvage.

Enfin retrouver là où tant de braises s'étaient enflammées le foyer que composait
Le bébé qui remplaçait les lèvres du borgne de sa fine bouche vorace et de ses petites mains
et le petit garçon jouant avec un rayon de soleil, occupant les jambes auxquelles le manchot s'était mêlées.
Un sein, une famille, un Tout, plus fort encore qu'hier, plus frêle que demain
Un Tout qui fait les S voyageurs et les Aubes prometteuses.

Au gris pétillant tourné vers lui, dans son entier l'amant se donne
Et penché sur son épouse, échange le baiser d'une vie...


...jusqu'au prochain.

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Dioscoride.
Mi janvier 60, enfin de retour chez eux, presque.

Les portes de la cité genevoise encore fermées les faisaient patienter au milieu d'innombrables voyageurs et marchands qui s’amassaient sous les murs de la riche et belle cité, sous le pouvoir d'un phare.

Le Borgne et son chien en profitèrent pour quérir le nécessaire au retour à une vie sédentaire, crème, miel, peaux de mouton... auprès des fermiers qui attendaient là de pouvoir écouler leurs productions.
Dans la lueur naissante, il adressa un signe de tête à la silhouette du Primus veillant amoureusement tout à côté de leur roulotte sur son chargement de grumes, un signe qui valait bien des mots, et dont Mélian en saisira le sens, sans aucun doute.

Dioscoride laissait un instant dans la carriole deux anges qui repoussaient encore un peu l'aube et sur la robe de son amoureuse un billet.


Citation:
Une main ferme sur ton bras,
Ce "vous" brûlant couvé de flocons
Ici, en cette même cité liés.

Elle peut être bien démesurée cette passion,
Elle tient entre tes doigts.
Rêves d'amants, d'époux, de princesse ou de brigand,
Tout, mystérieux et sans secret
Complices brulants portés par des rêves bleus ou enflammés,
Partagés….

Les ouvrages refusés, la plume maladroite me laissent voleur
De mots plus justes:

"Donne-moi tes mains que mon cœur s'y forme
S'y taise le monde au moins un moment
Donne-moi tes mains que mon âme y dorme
Que mon âme y dorme éternellement." *

Tien.



* Aragon (Les mains d'Elsa)

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Phonya
Jamais elle n'aurait pensé être si heureuse de retrouver Genève.
A chaque retour de ses vagabondages, elle avait était envahie d'une joie sereine, d'un bonheur simple à savoir qu'elle revenait chez elle.
Mais cette fois-ci, assise à l'avant de la carriole qui avançait plus que lentement dans les rues encombrées, elle ne retenait pas son émotion.
Ses yeux brillants se vidaient sur ses joues alors qu'elle souriait aux enseignes reconnues, aux visages entraperçus.
Anthelme tenu assis contre elle, dévorait de ses billes noires la ville qui le verrait grandir, agitant ses jambes et ses bras comme s'il manifestait tout autant de plaisir que sa mère.

L'autre partie du Tout menait sagement un Piotr placide pour une traversée urbaine qui les conduirait vers cette rive du Lac qu'ils n'avaient pas eu le temps d'investir vraiment.

Les pieds tapotant malgré elle la planche qui les soutenaient, traduisaient son impatience fébrile.
Une grande maison les attendait.
Du miel, de la crème ... une grande cheminée ...

Girouette et son poulain !!

Phonya grognait, pestant sur ce qui les ralentissait, alors qu'ils avaient traversé d'une bonne moitié du Royaume de France bien plus vite, laissant des braises papales fumantes, que des petits poucets s'étaient découverts ...
Et qu'elle avait encore à fouiller dans ses malles pour trouver une toilette pour un mariage.

_________________
Meliandulys
De peur qu'un vandale ne vienne leur subtiliser quelques troncs, le Capitaine avait décidé de terminer la route sur le tas de bois, coute que coute, au point même d'y passer les nuits. Oui, faut être idiot pour croire qu'un stère, ça se subtilise comme ça, je sais bien. Allez donc le lui dire à notre capitaine huguenot si vous êtes si malins. Toujours est-il que ça avait rendu son retour à Genève pour le moins compliqué. Le foutu mal de s't'air comme dise les bucherons.

La tête qui dodeline continuellement un coup à droite, un coup à gauche, en avant, en arrière... et au bout d'un moment, ça finit irrémédiablement par filer la nausée, le contenu de l'estomac semblant par moment remonter jusqu'à vouloir taquiner la glotte. Et comme en plus, il avait du finir la route seul, son papillon ayant voleté un peu plus longtemps à Bourg, notre brave homme n'était pas forcément d'humeur joviale. Surtout que si le convoi avait fait halte aux portes de Genève, le cœur et la tête continuaient eux d'osciller comme bon leur semblait.

Concentré pour maitriser la tempête dont son estomac était le théâtre, il tachait de ne pas bouger, jugeant que ça tanguait suffisamment ainsi. Mais quand Dioscoride lui adressa un signe de la tête, tout en sobriété, le Capitaine le lui rendit... et ce n'est malheureusement pas la seul chose qu'il rendit. Mais on vous épargnera les détails. De toute manière, nous perdons de vue le Capitaine au moment où descendant, une main devant la bouche, de son tas en hâte, celui ci disparait derrière.

Des minutes passèrent et les repas de la veille trépassèrent avant qu'il ne réapparaisse, tout sourire, soulagé comme si on venait de lui ôter un pal du fondement.


Bon, qu'est-ce qu'on mange ?
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Phonya
Elle ne savait pas si Melian avait apprécié le menu proposé.
Compote, miel et pain ... Mais il n'avait pas insisté, préférant surveiller le déchargement des grumes plutôt que de goûter à ce qui composait le dessert .
De la bonne crème bien épaisse que les pâturages alpins épiçaient d'une douce saveur de noisettes.

Au milieu du jour, la maison se dressa enfin devant eux. Toute de bois vêtue, aux petites fenêtres closes de volets, n'attendant qu'un geste pour s'ouvrir sur le Lac.
Tout restait à y faire, ils n'avaient eu que si peu de temps que cet endroit n'était pas encore devenu le refuge qu'ils espéraient.
En contrebas de la maison, une prairie surmontée d'une grange s'étendait vers le Lac.
Cet hiver, la neige ne voulait pas enfermer une jument et son jeune poulain qui galopèrent vers la clôture.

Girouette ...

La main tendue vers les naseaux bruissants, Phonya souriait de plaisir.
Contre les flancs de sa plus vieille compagne, se tenait un fruit béarnais, tête et oreilles dressées, la crinière sombre contrastant avec sa robe caramel héritée de sa mère, les jambes impatientes.

Toi aussi, ma douce ...

Dans le bras de la genevoise un autre fruit gazouillait, en agitant ses bras et ses jambes d'excitation. Il avait abandonné les tresses, tenté par la crinière.
Les retrouvailles et les découvertes s'éternisaient quand les narines de Phonya frémirent.
Le vent apportait cette odeur de bois , synonyme de douceur et de chaleur, et au sommet de leur maison s'élevait un panache blanc.

Son regard se porta sur la bâtisse en même temps que son sourire s'élargit.
Serrant son fils contre elle, après une dernière promesse à la jument, elle rejoignit cette autre promesse.

_________________
Dioscoride.
Juste une porte poussée, refermée dans son dos.
Son Tout, son monde.

Devant les flammes révoltées, elle était là, à attendre qu'il la rejoigne dans ses rêves.
Sa moitié, son épouse, sa princesse des glaces, l'ouvrage de marine posé sur son ventre habité.
Manquerait plus qu'ils en fassent un marin.
La chaleur d'un foyer, plus précieuse encore que le reste, que tout engagement.

Elle.
Derrière ses paupières closes, un horizon brillant, sous ses mains les lignes de vie, dans sa poitrine, l'au-delà.
La soulevant dans ses bras, il la tint contre son torse, sa joue contre son épaule, et les jambes fines aux orteils toujours gelés, émergeant de sa robe.
Sa chaleur, l'odeur de sa peau, le mouvement de ses seins à chaque inspiration…
L'élevant ainsi dans les marches il se prit à songer à cette mélodie venue les cueillir à Mauléon, à leur cabane de La Teste, à son escalier flambant neuf, qui les menait aux ébats enroulés dans le fracas de l'océan.

Arraché du parfum des pinèdes iodées et des écureuils polissons par le grognement d'un petit fruit dans la pièce d'à côté, toujours en lutte avec ses dents, il coucha son épouse sur leur lit.
Doucement, il lui ôta ses effets pour une chemise, abandonna les siens au pied de leur couche, et se glissa sous les draps, près d'elle.
Contre ses mollets, lui arrachant un sourire, des bris de glace.

Parfois, tout était si simple.

_________________
Shirine
Le bras sur le berceau, le menton sur ce même bras, Shirine observe le bébé qui dort profondément. Il semble apaisé et dort du sommeil du juste. Ce même sommeil qu'elle aimerait avoir, celui de l'innocence...

Un peu plus tôt, elle était assise, avec le nourrisson dans les bras, sur le lit de Léandre qui s'était blottit contre elle. Dans ses efforts pour être une nounou parfaite, elle avait accepté de raconter une histoire. Sauf que des histoires toutes prêtes, elle n'en connaissait pas. Il lui avait fallut inventer.

Après quelques secondes de réflexion, elle s'était mise à parler d'une histoire de lions et de lionnes qui vivaient en communauté et en bonne entente. Il se respectaient tous, et agissaient pour le bien commun. Chassant pour tous se nourir, se protégeant mutuellement... Les décisions étaient prises en commun et tout se passait parfaitement.

Jusqu'au jour où éclata une querelle. La cause était une lionnne, la plus jolie et la plus sage du groupe. Deux lions se la disputaient malgré qu'elle n'en aima qu'un seul.
Le lion rejeté par sa belle ne le supportait pas et usait de tous les stratagèmes pour discréditer son rival aux yeux de tous et semer la discorde. La tension fut telle que les deux amoureux furent obligés de partir...

Là, Shirine avait fait une pause. Elle avait cherché comment terminer son histoire. Il fallait une fin heureuse, elle parlait à des enfants !

Dans un sourire, elle expliqua alors à Léandre, tout ouïe, qu'au moment ou les amants quittaient la tribu, un énorme Lion ailé descendit du ciel. Elle s'amusa de voir le petit garçon ouvrir de grands yeux. Le grand Lion se posa au milieu de ses simples congénères. Il était beau, ses pattes musclées trahissaient sa force, ses ailes d'un blanc immaculé étaient majestueuses et son regard en imposait à quiconque le regardait.
Il se mit alors à parler et délivra un message de paix. Il n'était pas venu pour leur faire la morale, seulement pour leur rappeler que les querelles intestines et personnelles n'avaient pas leur place au sein de leur communauté et que cela devait cesser, pour le bien de tous.

Le Lion ailé dégageait tellement de sagesse que tous ne purent qu'admettre qu'il avait raison. Les coeurs s'apaisèrent et le calme et l'entente revinrent au sein du groupe...

Shirine aurait aimé que sa fin soit prémonitoire...

Puis elle avait couché les enfants et s'était retrouvée seule avec elle-même et ses pensées.
S'il avait survécu, son bébé aurait dans les ages d'Anthelme. Elle eut un pincemet au coeur en y repensant. Si elle avait pu retourner en arrière, elle n'aurait pas agi aussi stupidement. Elle serait allée immédiatement voir Glover et il aurait pris soin d'elle pendant la grossesse. Elle ne doutait pas non plus qu'il aurait fait un bon père, paliant à sa propre incompétence maternelle.

Depuis la veille Shirine avait envie de boire. Elle avait ce besoin de se sentir légère et de laisser s'envoler ses soucis avec les vapeurs d'alcool. Mais par respect pour parents et enfants, elle s'était résignée à rester à jeun...
Elle soupire et se frotte les yeux avant de s'endormir.

_________________
Dioscoride.
Enfin achevée.
La dernière mission close d'un soupir amer, seulement soulagé de savoir que rien ne leur sera reproché, encore que parfois l'objectivité dans les clairières fût suspendue à la jalousie, faisant alors des ravages.

Ils avaient cheminé à l'écart du reste du convoi, non loin pourtant d'un ami mais murés dans le silence, leurs doigts seulement mêlés sous la lourde pelisse.
Le manchot les serrait fort parfois, sans même y songer. Comme l'évidence même de gestes qui ne seraient jamais anodins.
Puis ce fut le déchargement rapide des troncs sous leurs yeux, ils ne voulaient pas passer plus de temps là où n'était pas leur place, là où le silence était devenu si explicite, tellement significatif, bien plus que les vœux mensongés, bien plus que les références mystiques et superficielles qui contribuaient à "tasser" jusqu'à la prochaine fois, jusqu'à la prochaine trahison.

Leur demeure, enfin, l'odeur du feu, le parfum de la vie dès la porte poussée, Deos veillait donc à parsemer la route du rayé de signes, pour le cas où il avait pu croire que la Vérité n'appartenait qu'à quelques-uns.
Le regard amputé débordant de gratitude se posa sur son épouse grâce à qui il avait emporté le bon ouvrage.


Citation:
"Homme, je souffle chaque jour ma parole dans le creux de ton oreille
et la profondeur de ton cœur
mais toi, pécheur et profiteur,
tu changes les Ecritures,
et pervertis mes dires en me faisant parler à travers toi.
Nombreux sont ceux à qui j’ai transmis ma parole,
Mais tous ont souhaité la détourner,
Ne serait-ce que pour attirer sur eux la gloire,
Ne serait-ce que pour justifier une de leurs propres paroles.
[…]
Si je t’obligeais à me suivre tu ne comprendrais pas en quoi il est bon de me suivre.
Tu mets du temps à comprendre, Homme, Et pourtant je t’aime.
Ne cherche pas,
Le bonheur est là,
Dans la simplicité de ton cœur."


Montant embrasser ses enfants à la lueur d'un cierge, le borgne découvrit dans le lit de Léandre, Berthe, la fille de ferme qui souvent venait veiller les enfants quand ils étaient appelés ailleurs. Il allait lui secouer l'épaule et lui indiquer qu'elle pouvait rentrer chez elle au moment où la tignasse rousse le laissa un moment perplexe quant à l'identité de celle qui dormait là.

Dans la tempête, dans le fracas des vagues sur les récifs, dans son naufrage il avait aussi oublié qu'un service fut demandé.
Son égoïsme était sans limite, il entrainait Phonya sur des rives hachées par les vents où seule la neige pourrait venir les cueillir, il oubliait déjà le second soutien dont il avait bénéficié là bas, la seconde à comprendre la réalité des choses.

Il tira sur elle une couverture, embrassa ses enfants, s'attarda sur Anthelme si paisible, épargné pour une fois par ses dents, puis regagna sa moitié, l'aida à enlever ses bottes et réchauffa la glace dans ses mains, il espérait aussi, dans ses mots qui au contraire des maux étaient immortels.

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