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[RP ouvert] Cette lettre ne vous était pas destinée

Ellya
Votre courrier ma sœur! J'ai tout lu!
... Et vous en êtes fier?
Grrmmmblll!
Bon. Donnez.
Vous avez une amie pêcheuse, vous?
Pêcheuse?
De maquereaux!
Ah bon?

La nonnette se mit aussitôt à lire le courrier que le Super Pigeon avait apporté jusqu'à La Rochelle. Elle ne manqua pas de s'empourprer en imaginant son frère Cistercien, préposé aux courriers par ordre du maistre orfèvre, lire les derniers mots de la lettre. Allait-il répéter à Watelse que sa douce épouse avait révélé ses déboires aux geôles parisiennes à une parfaite inconnue?
La blonde Duranxie releva la tête, intriguée. Le pataud barbu semblait penser à autre chose. Il fallait qu'elle s'en assure.


Oui. Apparemment!

En effet, dans la tête de religieux aussi coincés et dépourvus de toute lubricité, une maquerelle ne pouvait être autre qu'une brave pêcheuse qui retroussait ses jupes pour attraper des maquereaux. Et à mains nus, peut-être même!

Elle pourrait pas vous en envoyer?
Ma foy! Je demanderai. Je vous dois bien cela, ajouta-t-elle, signifiant ainsi que c'était plutôt lui qui lui en devrait une.

Quelques heures plus tard, elle revint pour lui donner la réponse à envoyer.



Douce amie,

Les journées furent pleines d'émotion, dernièrement. Mais pas des meilleures, je le crains. Nous passons nos journées à prier et lire. Entre autres choses. Mon époux nous rejoindra d'ici quelques jours et je crains son comportement. Le laisser croupir? Oh, non! Je n'aurais pas osé. Tel n'est pas mon devoir, n'est-ce pas? Tant qu'il me laisse vivre à ses côtés, je puis m'estimer heureuse.

Je suis tellement soulagée à l'idée que vous n'ayez plus le poids des secrets sur la poitrine. Quel bonheur ce doit être. Mais l'idée d'enfanter sans lui doit être désolant. Aurez-vous quelque ami près de vous, tout de même? Il faut mieux être prudente.

Je crois que j'aimerais bien monter sur un grand bateau, un jour, à mon tour. Je ne pense pas avoir le pied marin, mais j'aimerais.

Je pense à vous tous les jours.
Que le Très-Haut vous garde.

Ellya.

PS: croyez-vous qu'il serait possible de nous faire parvenir quelques poissons?

_________________
La.maquerelle


[Arles. Une chambre d'auberge.]

La jeune blonde est assise dans la pénombre. Auprès d'elle un enfant joue. Seul.



    Ma chère amie,


Pardonnez je vous prie ce long silence.
Nous avons voyagé beaucoup et d'une traite. Les cahots de la voiture n'étaient qu'un odieux supplice pour mon dos malmené.
Nous sommes arrivés depuis quelques jours. Arles est le nom de cette ville.
Je suis installée pour l'instant à l'auberge, avec mon fils et ma belle fille. Mon gendre effectue en ce moment une retraite spirituelle au monastère le plus proche. Il se sentait très las, et étant toutes deux enceintes, il nous a semblé préférable de l'éloigner de nous le temps qu'il se refasse une santé.
Je n'ai plus de nouvelles du père de mes enfants. Je ne sais pas ce qu'il lui est arrivé en Espagne.
Je n'ose pas écrire. Il n'a pas répondu à mon dernier courrier.
Je vais sûrement écrire à sa compagne ces jours cis. Elle me répondra certainement, elle. S'il ne lui est pas arrivé malheur !
C'est surtout pour mon fils que je crains. Son frère parti, il est de nouveau seul. Et je voudrais tant lui épargner la douleur d'avoir perdu frère, père et belle mère !

J'espère que vous allez bien, ma dame. Ma chère. Dites moi vite si votre mari vous a retrouvée. S'il a été violent avec vous. S'il l'a été, madame, quittez le. Un homme ne mérite pas que l'on souffre de ses poings. Jamais. Vous serez aussi bien au couvent, si vous n'osez vivre seule. Je suis sure que Deos, lui, vous protégera.

Dites mi je vous en prie si votre voyage vous entraîne vers le Sud. Je ferai tout mon possible pour vous rencontrer. Je n'ai hélas plus de poissons, mais je puis vous offrir un verre de cordial à l'auberge !

Je me languis d'une amie, si vous saviez...

Bien à vous,

D.

__________

© ~elkinimage, création Atelier des Doigts d'Or
Ellya
[Fougères ~ A l'angle d'un chemin bouseux et d'une allée caillouteuse]


Assise sur la charrette en arrêt, la plume levée en l'air le temps de trouver l'inspiration, la religieuse relisait la lettre reçue quelques jours plus tôt par sa chère inconnue. Malgré tous les tracas qui l'assommaient depuis quelques semaines, les mots grattés réussirent à lui tirer un léger sourire.




Lointaine Désirée,

Arles est malheureusement bien éloignée de ma position présente. Alors que vous veniez d'accepter de me voir, voilà que le destin s'acharne et nous sépare. Mes pas m'ont portée vers le nord. La Bretagne, pour tout vous dire. Je ne sais pas vraiment ce que je fais là-bas. Avec mon époux, qui plus est. Tout est si... étrange. Flou. Il m'a offert de partir en mer, voyez-vous. En échange, et bien, je devrais la rencontrer. Sa fille. Vous ne pouvez imaginer combien écrire cela me brise le cœur et l'âme. Et je ne puis hélas pas vous conter pour cela me cause un tel chagrin. Un jour, peut-être. Quant au couvent, ... Non, certaines discussions doivent avoir lieu de vive voix.

Avez-vous finalement eu des nouvelles du père de vos enfants? Et des autres? J'ai longtemps prié pour eux. A quoi passez-vous vos journées, ma chère amie? Arrivez-vous à trouver le repos nécessaire à votre état? Votre fils s'amuse-t-il? Que ferez-vous après tout cela?

Je pense à vous, Désirée. J'ai grand besoin d'une amie, moi aussi.

Ellya.

_________________
La.maquerelle



L'été provençal est chaud.
Très chaud.
Et la blonde ? Bah elle a chaud. Elle en bave. Elle s'enferme dans la pénombre de sa chambre. Et dans le silence.
Devant elle, sous un rai de lumière filtrant à travers les lourds panneaux de bois apportant un peu d'obscurité, vélin et écritoires sont sortis.



    Chère Ellya,

Comme je suis heureuse de vous savoir en bonne santé !
Vous voilà si lointaine à présent ! Soyez prudente, je vous en conjure !

Quant à moi, ici... Non, je n'ai pas de nouvelles de mon compagnon. Je ne pense pas pouvoir l'appeler ainsi encore longtemps. Je n'ai de nouvelles ni de lui, ni des autres. J'envisage d'écrire à sa compagne. Elle, au moins, disait être mon amie.

Mais qu'importe. J'ai mon fils. J'ai mon enfant à venir. Je veille comme je le peux sur l’aînée de Thorvald. La petite attend un enfant elle aussi, et si jeune ! Elle n'a que quatorze ans, pensez vous !

Une oreille amie me manque, Madame.

Puisse vos pas vous rapprocher du sud bientôt...

Bien à vous,

Désirée.


Et puisqu'elle était lancée...



    Chère Aubanne,

Voilà bien longtemps qu'aucune nouvelles de vous ne nous sont parvenues dans le sud où nous séjournons.
Nous ne savons même pas où vous vous trouvez.
Ici, nous allons... Comme nous le pouvons. La chaleur est accablante. Artur se languit de revoir Florian.

Où que vous soyez, soyez prudents, je vous en conjure. Dans son dernier courrier, il y a des semaines de cela, Thorvald me disait que vous aviez renoncé à aller combattre vous même et que vous attendiez les autres...

J'espère que vous vous portez bien.

A bientôt.

Désirée.

__________

© ~elkinimage, création Atelier des Doigts d'Or
Ellya
[En Guyenne ~ Dans l'attente & entre deux prières]



Désirée,

Reconnaitrez-vous ma plume? Les courbes de mon nom réveilleront-ils votre mémoire sur votre lointaine amie?
J'ai hésité. Quand ai-je reçu votre dernière lettre? Il y a des mois. Tout s'était alors bouleversé. Je devais vous répondre et mon époux s'est emballé. "Nous ne rentrerons pas, Ellya!". Il m'a blessée.
Je ne saurai vous dire comment nous en sommes arrivés à cette extrémité mais trois bateaux et un long périple plus tard, nous étions à Jérusalem. Je ne coucherai pas ces souvenirs sur le papier.

Nous sommes finalement rentrés. Le Très-Haut lui-même n'aurait pu le prédire! Moi, l'âme fourbue et les pensées démêlées. Lui, les bras chargés de richesse et l'esprit embrouillé.
J'ai mis longtemps à reprendre contact avec mes proches. Il ne manquait que vous. Mais comme je vous l'ai dit, j'ai hésité. Ne suis-je pas la pire amie qui soit, vous laissant ainsi sans nouvelle et, pis, sans en prendre de vous?
J'ai prié pour votre fils, et pour cette jeune fille que vous aviez prise sous votre tendre aile. Comment vont-ils? A-t-elle survécu à ses couches?

Je comprendrais votre courroux en lisant ce courrier. "L'infâme, elle m'écrit après tant de temps et espère que je lui réponde!". Ayez pitié de moi, mon amie, et de cette cruelle erreur.

La première de mes lettres jamais n'aurait dû vous parvenir. Et pourtant, le destin a fait croiser nos chemins. Puissent-ils ne pas se séparer déjà.

Que Sainte Illinda vous garde,

Ellya.

_________________
La.maquerelle
Citation:


    De Désirée


A ma chère Ellya


      Ma chère, très chère Ellya


    Quelle joie de recevoir de vos nouvelles !
    Oh, je vous ai crue morte ! Quelle inquiétude ! Quelle angoisse d'être sans nouvelles de vous...
    Et puis...
    Et puis je me suis trouvée seule.

    Ma fille est née, elle se porte bien et moi aussi. Elle se nomme Iseult, comme le personnage des contes si connus du Roi Arthur.
    Nous sommes rentrés à Genève.
    Ma belle fille est, je crois, au service de l'épouse de l'homme qu'elle aime, du père de son enfant.
    Je sais qu'il est né, que c'est un fils. Je n'ai pas eu d'autres nouvelles depuis. Je me languis d'eux.
    Ils sont en Bourgogne me semble-t-il, et les temps sont trop troubles là bas pour que je me risque à voyager avec deux enfants.
    Aussi dois-je me convaincre qu'ils vont bien.

    Du père des mes enfants, je n'ai point de nouvelles non plus.
    De sa compagne, de ses amis, rien.
    Je ne sais ni où ils sont, ni combien de temps ils vont y rester, ni même s'ils sont encore en vie.

    Je suis seule.
    C'est en couchant ces mots là sur le papier, pour vous, que je réalise à quel point.

    Je me suis fait des amis durant l'hiver, je vais vous choquer ma chère, mais l'un d'eux était un bien doux ami, qui a réchauffé mes nuits, parfois, de temps en temps.

    Et puis eux aussi sont partis, après que l'on se soit promenés un peu en Bourgogne (il s'agissait d'aller faire quelques emplettes à l'Atelier des Doigts d'Or).

    Et puis ma petite Opaline est morte.
    Elle était mon employée, ma favorite, et elle a réussi à attraper une maladie honteuse. Alors que je veille sur mes filles comme ma gouvernante surveille le lait sur le feu.
    Ma pauvre petite a été envoyée dans un couvent de sœurs charitables, qui ont su veiller sur elle et adoucir sa fin. Elle repose à présent auprès des autres malades. Je ferais ériger pour elle une stèle au cimetière de Genève, quand le sol dégèlera.

    Et j'ai décidé de m'inscrire à l'université. Je veux devenir médecin, mon amie. Je ne l'ai confié à personne encore. Je ne sais pas si j'y arriverais, je ne suis pas très intelligente. Je sais écrire, vous le voyez, mais mon intelligence n'est pas celle d'une noble personne.
    Je voudrais vraiment pouvoir soigner des gens, tout de même. Alors je travaillerais dur.

    Je parlais plus haut de l'Atelier des Doigts d'Or. Le connaissez vous ? Je m'y fais faire toutes mes robes.
    Savez vous qu'il a entièrement brûlé très récemment ? J'ai subventionné les travaux et suis ainsi maintenant mécène officielle de l'établissement. J'espère pouvoir y retourner sous peu, quand la Bourgogne sera un peu calmée. Si je trouve une escorte.

    Enfin !

    Ecrivez moi, mon amie. Je suis bien seule sans vous.

    Désirée.

__________

©Linda Ravenscroft, création Atelier des Doigts d'Or
Ellya


Merveilleuse Désirée,


Vous portez si bien votre nom. Savez-vous comme j'ai prié dans l'espoir d'obtenir une réponse de vous, tout en sachant ne pas la mériter? Je l'ai désirée si intensément que vous m'en avez fait le présent et cela a suffi à réchauffer mon cœur et à élargir mon sourire.

Longue et belle vie à Iseult! J'espère qu'elle a la beauté de la femme qui porta ce nom avant elle.
Vous êtes vous remise promptement de vos couches? Probablement.
Toujours est-il que votre solitude m'a attristée, autant probablement que le départ vers l'Astre Solaire de celle que vous appelez Opaline. Certains temps sont si sombres.

Mais avec la douceur du printemps, vos jours se sont peut-être illuminés. Avez-vous pu partir pour la Bourgogne, retrouver les vôtres?
J'ai entendu parler de cet Atelier dont vous m'écrivez mais n'ai jamais eu l'occasion d'aller en un tel lieu. Mon époux m'achète de quoi me suffire et je passe la plupart de mes journées en *phrase rayée*. Mon époux se charge de ces achats.
Quand j'étais plus jeune, je me rappelle avoir fait des essayages avec mon aînée, pour ses noces. C'était un temps agréable! Un jour, peut-être, aurais-je l'occasion de refaire cela.

Sur l'heure, je pense à quitter la Guyenne, à la recherche d'une nouvelle *raye les deux derniers mots* d'un emploi. Périgueux va être ma première destination. Mon époux resté à Paris, cela me laisse de quoi vaquer à mes projets.
Peut-être vous en toucherai-je un mot, un jour.

J'aurais aimé vous parler de mon fils mais est il auprès de la bâtarde de mon époux. Il se porte probablement bien. Comme ces mots font monter en moi une rage sourde! Me trouvez-vous méchante? Comme j'aimerais me confier à vous, en toute intimité. Comme je l'aimerais, cette oreille attentive.

Mais en attendant ce jour qui n'a peut-être que le goût du rêve, je prie pour vous.


Ellya.


PS: J'aurais aimé vous écrire avec un aussi beau papier que le vôtre mais il n'existe aucun artisan digne de ce nom en Guienna pour ces objets-là. Il me faudra attendre mon prochain voyage à Paris pour espérer m'en procurer. Jusque là, j'espère que vous me pardonnerez de vous écrire sur ces parchemins mités.
A

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