Blanche_
Citation de W. Shakespeare.
Ce que Blanche peut, Blanche pouvait le tenter. C'est ainsi qu'elle s'en alla, le jour dit, vers Decize où Aimbaud devait l'attendre... Mais ça, personne ne le savait à part elle. Il avait été question, pour ses dames de compagnie et elle, que d'aller se rendre en visite sur des terres bourguignonnes, et de se recueillir pour le salut de leurs âmes... Elle qui avait voyagé, qui avait vu, elle se rendait à Décize pour prier, était accompagnée d'un nombre conséquent de dames de compagnie, et de gardes. Il n'était plus question de retourner en Bretagne, et elle avait donc avec elle deux amies très proches, Maeve de Dénéré-Malines et Aricie de Brocéliande. Dans le premier carrosse, celui qui au confort surpassait sans équivalence tous les autres de son cheptel, se trouvaient les trois femmes, et une place vide au coté de Blanche, là où devait se trouver Astaroth, ou Johann, ou Lestan, en fonction duquel des hommes de sa vie elle était accompagnée. Par défaut protocolaire, la place était vide, et Blanche y trouvait goût pour poser près d'elle la paire de gants dans leur coffin en bronze afin de les avoir à disposition à chaque fois que l'une d'elle demandait à ce qu'on arrête la voiture. Les arrêts furent fréquents, assurément parce que l'excitation qu'elle ressentait depuis une vingtaine d'heures l'avait poussé à s'hydrater très fréquemment, et qu'elle n'était plus apte à saccommoder d'une seule distraction. Il lui en fallait plusieurs, elle passait de l'une à l'autre, insatisfaite par l'une et l'autre, jamais heureuse, jamais soulagée, victime d'un perpétuel enchantement, martyre de son sévisse : tant qu'elle ne l'aurait pas revu, elle serait à demi-elle, sans lui tout à fait, sans elle pas du tout.
Et alors qu'elle était ainsi ballottée, dans sa charrette d'âme et de roues, la mariée d'Espagne n'avait en tête que l'instant où elle retrouverait son être entier, et où cesserait l'insurmontable souffrance de ces mois et semaines dernières, de ce mariage, de cette rupture, et de leur séparation. L'odieuse machination contre elle, menée par des personnes dont elle n'avait pas conscience, elle s'en doutait, elle l'espérait, elle la redoutait d'avance, et sa résolution prochaine, le paroxysme retrouvé en ses bras tel qu'elle le souhaitait en lisant ses mots charriait en elle des sentiments si intenses qu'elle était tour à tour, privée de toute énergie, ou gorgée d'elle. L'air venait à lui manquer, et elle faisait arrêter le carrosse, marchait un peu, sentait alors en elle la folle vitesse d'un palpitant qui crépitait d'impatience, et remontait donc, ragaillardie, intensément pleine de cette attente, et n'en pouvant plus de ne pas être dans ses bras.
Elle qui avait voyagé, et vu, trouvé l'homme bon, parce qu'il redoublait d'attention envers elle, qui avait fait d'elle une suzeraine et bientôt une reine, et pourtant elle se trouvait presque à Decize, Decize où le venin coulait dans les rivières, où les flatulences empestaient l'air, et où en guise de paradis, Aimbaud lui offrait le repère de sa femme.
La haine imbibait l'air autant que son amour gonflait ses poumons ; ici les paysages n'avaient rien de romantiques, l'atmosphère était oppressante et tuméfiée, et certes les fleurs perçaient le tapis de mousse, et les génisses étaient prêtes à mettre bas, et il existait d'ors et déjà des fragrances du nouveau printemps, mais enfin même si l'air autour d'elle chantait le renouveau, son âme elle peinait à s'extirper du fléau qu'on avait tissé autour d'eux.
Voila, c'était ainsi l'esprit de Blanche... Un quiproquo de sérénité et d'impatience, sur une base de vengeance ravalée ; c'était un amour absolu qu'on avait voulu éconduire, et qu'elle, victorieuse, emplie d'espoir, tenait à mener à son terme. On avait voulu les abattre, les essouffler, les punir ; fourbue mais déterminée, elle revenait à son véritable maître.
Nous nous tairons à partir de maintenant, pour mieux nous recueillir, mentit elle effrontément en soutenant et le regard roux, et le regard blond, de ses deux amies présentes.
Pour leur protection, elle n'avait pas voulu les mettre dans la confidences, et elle avait décidé de ne leur en parler qu'une fois que les choses, vécues, n'auraient pour coupable qu'elle-même.
Pensez, si Astaroth venait à savoir la chose, n'en serait il pas fol de rage ? N'en serait il pas blessé, meurtri, comme le corps de ces yack de Tolède que l'on abat en terre de sable, sous les yeux des spectateurs qui scandent un ¡Aún! ¡Aún! si perfide qu'elle manque de vomir, n'en serait il pas si victime, si poussé à la violence qu'il en perdrait la raison, qu'il pourrait serrer son cou, violer ses chairs, fouetter son sang ? N'aurait-il pas assez de tristesse, n'aurait-il pas assez de douleur pour lui ordonner par ses mains qu'elle aussi, souffre à l'équivalence un étau, fourré contre son cur, qu'elle soit brûlée, coupée en deux en place publique, humiliée, ne souffrirait-il pas tellement de l'évidence de la trahison de sa femme pour la faire meurtrir ?
Si.
Elle le savait, elle en était sûre, autant qu'elle se savait souffrir si elle ne voyait pas Aimbaud ; en venant à lui, au prix de mille sacrifices, elle sacrifiait son intégrité et le serment d'affection, elle crachait sur ses idéaux, bafouait son sang. Sang de race*...
Elle se mit à gémir.
Arrêtez la voiture !
L'ordre mit un temps à être accompli ; pourquoi ce changement, brutal, alors qu'elle disait, quelques secondes plus tôt, ne vouloir plus parler, ne vouloir que se consacrer à ses prières ?
Elle bondit hors de la voiture, délia le bouton de sa robe, qui lui opprimait la gorge tel un licol de soie ; et puis, happant l'air à grandes bouffées, elle sentit le gaz du délice monter à sa tête et ternir sa vue. Ciel, ciel, fit-elle en ouvrant un bouton supplémentaire...
Et puis elle chavira, pendue à ses cordages de tissus lourds, amarrée aux bombardes pendantes et trainantes à ses bras, se hissant à un tronc en y posant le bras, constante, somme toute, du naufrage de sa condition dès lors qu'un pied serait posé à Decize, et qu'Astaroth, jamais, jamais ne pourrait lui pardonner cet écart, et qu'il tuerait Aimbaud, son Amour, Oh !
Elle voulut faire marche arrière, songea la chose possible, et, déjà, retrouvant des couleurs, comprit, fut persuadée en l'instant qu'il serait aisé d'expliquer son retour ; elle inventa un mensonge à Aimbaud, se vit retrouvant la chaleur sacrée et sainte du lit de son époux, imagina même qu'elle pourrait aimer leur intimité, qu'il suffirait de se persuader de sa douceur et du confort pour que son intrusion drue en son intimidad, oui, tout cela était possible ! Elle lâcha l'arbre, croqua l'air et en aspira la pureté évidente. Il fallait revenir. Pour Lestan et Johann, sans lesquels sa vie n'aurait plus de sens, pour sentir sa condition de femme et d'épouse, et pour qu'encore une fois, son sein porte l'enfant d'un homme.
Elle appela, mais l'on n'entendit guère ses mots, tant le vent soufflait ; elle-même, prise par son malaise, n'avait pas vu les pas et les pas faits pour s'enfuir de son oppressante trahison. Elle entendit bien que l'on répondait, mais ma foy, cela n'avait point d'importance, rassurée qu'elle était sur la conduite que le Créateur escomptait d'elle, sur son attitude à adopter, sur sa rédemption future. Dieu, sans nul doute, lui avait instamment ordonné une retraite, et ce message, ce message Seigneur...
Madame ! Voyez, au loin c'est déjà la chapelle tel que vous l'aviez ordonné !
Elle crut mourir.
Condamnée.
Trépassée.
Le pied posé sur les terres de Decize, le mal fait, sa rédemption échappée, elle recouvrait l'impatience de voir son amour, perdait espoir pour ses enfants, trouvait réponse à ses interrogations.
Va, ma fille, au berceau du créateur, retrouver ton fol Amour, car ça n'est que pour lui désormais que tu vis.
[cf le rp "Belle du Seigneur"]
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La royauté? Bof.
♥ Je marie le Prince de Castille, Mesdemoiselles si vous êtes intéressées, mp! ♥
Ce que Blanche peut, Blanche pouvait le tenter. C'est ainsi qu'elle s'en alla, le jour dit, vers Decize où Aimbaud devait l'attendre... Mais ça, personne ne le savait à part elle. Il avait été question, pour ses dames de compagnie et elle, que d'aller se rendre en visite sur des terres bourguignonnes, et de se recueillir pour le salut de leurs âmes... Elle qui avait voyagé, qui avait vu, elle se rendait à Décize pour prier, était accompagnée d'un nombre conséquent de dames de compagnie, et de gardes. Il n'était plus question de retourner en Bretagne, et elle avait donc avec elle deux amies très proches, Maeve de Dénéré-Malines et Aricie de Brocéliande. Dans le premier carrosse, celui qui au confort surpassait sans équivalence tous les autres de son cheptel, se trouvaient les trois femmes, et une place vide au coté de Blanche, là où devait se trouver Astaroth, ou Johann, ou Lestan, en fonction duquel des hommes de sa vie elle était accompagnée. Par défaut protocolaire, la place était vide, et Blanche y trouvait goût pour poser près d'elle la paire de gants dans leur coffin en bronze afin de les avoir à disposition à chaque fois que l'une d'elle demandait à ce qu'on arrête la voiture. Les arrêts furent fréquents, assurément parce que l'excitation qu'elle ressentait depuis une vingtaine d'heures l'avait poussé à s'hydrater très fréquemment, et qu'elle n'était plus apte à saccommoder d'une seule distraction. Il lui en fallait plusieurs, elle passait de l'une à l'autre, insatisfaite par l'une et l'autre, jamais heureuse, jamais soulagée, victime d'un perpétuel enchantement, martyre de son sévisse : tant qu'elle ne l'aurait pas revu, elle serait à demi-elle, sans lui tout à fait, sans elle pas du tout.
Et alors qu'elle était ainsi ballottée, dans sa charrette d'âme et de roues, la mariée d'Espagne n'avait en tête que l'instant où elle retrouverait son être entier, et où cesserait l'insurmontable souffrance de ces mois et semaines dernières, de ce mariage, de cette rupture, et de leur séparation. L'odieuse machination contre elle, menée par des personnes dont elle n'avait pas conscience, elle s'en doutait, elle l'espérait, elle la redoutait d'avance, et sa résolution prochaine, le paroxysme retrouvé en ses bras tel qu'elle le souhaitait en lisant ses mots charriait en elle des sentiments si intenses qu'elle était tour à tour, privée de toute énergie, ou gorgée d'elle. L'air venait à lui manquer, et elle faisait arrêter le carrosse, marchait un peu, sentait alors en elle la folle vitesse d'un palpitant qui crépitait d'impatience, et remontait donc, ragaillardie, intensément pleine de cette attente, et n'en pouvant plus de ne pas être dans ses bras.
Elle qui avait voyagé, et vu, trouvé l'homme bon, parce qu'il redoublait d'attention envers elle, qui avait fait d'elle une suzeraine et bientôt une reine, et pourtant elle se trouvait presque à Decize, Decize où le venin coulait dans les rivières, où les flatulences empestaient l'air, et où en guise de paradis, Aimbaud lui offrait le repère de sa femme.
La haine imbibait l'air autant que son amour gonflait ses poumons ; ici les paysages n'avaient rien de romantiques, l'atmosphère était oppressante et tuméfiée, et certes les fleurs perçaient le tapis de mousse, et les génisses étaient prêtes à mettre bas, et il existait d'ors et déjà des fragrances du nouveau printemps, mais enfin même si l'air autour d'elle chantait le renouveau, son âme elle peinait à s'extirper du fléau qu'on avait tissé autour d'eux.
Voila, c'était ainsi l'esprit de Blanche... Un quiproquo de sérénité et d'impatience, sur une base de vengeance ravalée ; c'était un amour absolu qu'on avait voulu éconduire, et qu'elle, victorieuse, emplie d'espoir, tenait à mener à son terme. On avait voulu les abattre, les essouffler, les punir ; fourbue mais déterminée, elle revenait à son véritable maître.
Nous nous tairons à partir de maintenant, pour mieux nous recueillir, mentit elle effrontément en soutenant et le regard roux, et le regard blond, de ses deux amies présentes.
Pour leur protection, elle n'avait pas voulu les mettre dans la confidences, et elle avait décidé de ne leur en parler qu'une fois que les choses, vécues, n'auraient pour coupable qu'elle-même.
Pensez, si Astaroth venait à savoir la chose, n'en serait il pas fol de rage ? N'en serait il pas blessé, meurtri, comme le corps de ces yack de Tolède que l'on abat en terre de sable, sous les yeux des spectateurs qui scandent un ¡Aún! ¡Aún! si perfide qu'elle manque de vomir, n'en serait il pas si victime, si poussé à la violence qu'il en perdrait la raison, qu'il pourrait serrer son cou, violer ses chairs, fouetter son sang ? N'aurait-il pas assez de tristesse, n'aurait-il pas assez de douleur pour lui ordonner par ses mains qu'elle aussi, souffre à l'équivalence un étau, fourré contre son cur, qu'elle soit brûlée, coupée en deux en place publique, humiliée, ne souffrirait-il pas tellement de l'évidence de la trahison de sa femme pour la faire meurtrir ?
Si.
Elle le savait, elle en était sûre, autant qu'elle se savait souffrir si elle ne voyait pas Aimbaud ; en venant à lui, au prix de mille sacrifices, elle sacrifiait son intégrité et le serment d'affection, elle crachait sur ses idéaux, bafouait son sang. Sang de race*...
Elle se mit à gémir.
Arrêtez la voiture !
L'ordre mit un temps à être accompli ; pourquoi ce changement, brutal, alors qu'elle disait, quelques secondes plus tôt, ne vouloir plus parler, ne vouloir que se consacrer à ses prières ?
Elle bondit hors de la voiture, délia le bouton de sa robe, qui lui opprimait la gorge tel un licol de soie ; et puis, happant l'air à grandes bouffées, elle sentit le gaz du délice monter à sa tête et ternir sa vue. Ciel, ciel, fit-elle en ouvrant un bouton supplémentaire...
Et puis elle chavira, pendue à ses cordages de tissus lourds, amarrée aux bombardes pendantes et trainantes à ses bras, se hissant à un tronc en y posant le bras, constante, somme toute, du naufrage de sa condition dès lors qu'un pied serait posé à Decize, et qu'Astaroth, jamais, jamais ne pourrait lui pardonner cet écart, et qu'il tuerait Aimbaud, son Amour, Oh !
Elle voulut faire marche arrière, songea la chose possible, et, déjà, retrouvant des couleurs, comprit, fut persuadée en l'instant qu'il serait aisé d'expliquer son retour ; elle inventa un mensonge à Aimbaud, se vit retrouvant la chaleur sacrée et sainte du lit de son époux, imagina même qu'elle pourrait aimer leur intimité, qu'il suffirait de se persuader de sa douceur et du confort pour que son intrusion drue en son intimidad, oui, tout cela était possible ! Elle lâcha l'arbre, croqua l'air et en aspira la pureté évidente. Il fallait revenir. Pour Lestan et Johann, sans lesquels sa vie n'aurait plus de sens, pour sentir sa condition de femme et d'épouse, et pour qu'encore une fois, son sein porte l'enfant d'un homme.
Elle appela, mais l'on n'entendit guère ses mots, tant le vent soufflait ; elle-même, prise par son malaise, n'avait pas vu les pas et les pas faits pour s'enfuir de son oppressante trahison. Elle entendit bien que l'on répondait, mais ma foy, cela n'avait point d'importance, rassurée qu'elle était sur la conduite que le Créateur escomptait d'elle, sur son attitude à adopter, sur sa rédemption future. Dieu, sans nul doute, lui avait instamment ordonné une retraite, et ce message, ce message Seigneur...
Madame ! Voyez, au loin c'est déjà la chapelle tel que vous l'aviez ordonné !
Elle crut mourir.
Condamnée.
Trépassée.
Le pied posé sur les terres de Decize, le mal fait, sa rédemption échappée, elle recouvrait l'impatience de voir son amour, perdait espoir pour ses enfants, trouvait réponse à ses interrogations.
Va, ma fille, au berceau du créateur, retrouver ton fol Amour, car ça n'est que pour lui désormais que tu vis.
[cf le rp "Belle du Seigneur"]
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La royauté? Bof.
♥ Je marie le Prince de Castille, Mesdemoiselles si vous êtes intéressées, mp! ♥