Della
Baronnie de Seignelay.
La bibliothèque de Seignelay était bien garnie.
Tous les précieux recueils ayant appartenu à son frère Eldwin, un amoureux des livres, avaient été déménagés et installés sur d'épais et solides rayons.
D'autres oeuvres étaient venues rejoindre les premières, celle que Della affectionnait ainsi que les incontournables de l'époque et tous les écrits traitant des recettes de cuisine et des nombreuses boissons que l'on pouvait obtenir à partir d'à peu près n'importe quoi.
L'endroit se prêtait bien à la tâche longue et ardue que la Baronne s'était imposée.
Depuis quelques semaines, elle avait sous son toit, une petiote sans famille.
A cette petiote, elle s'était attachée rapidement.
Et follement, elle avait décidé de la prendre à sa suite.
Le souci était que l'enfant n'avait aucune idée de ce que pouvait bien être une "bonne éducation".
Livrée à elle-même, abandonnée sans vergogne sans doute par ses parents, elle n'avait du sa survie qu'à sa seule volonté et à la rencontre avec une certaine Lulu et avec Della qui lui avait offert son toit, à Sémur, afin qu'elle puisse y reprendre des forces.
Il allait donc s'agir, maintenant de faire de la petite sauvage, une gentille petite fille capable d'évoluer dans le monde sans merci de la Noblesse où un pet mal mis pouvait vous faire bannir à tout jamais des meilleurs salons.
La bibliothèque était donc l'endroit le plus approprié pour cet enseignement puisque l'on avait à portée de main tous les ouvrages pouvant servir de référence...depuis les Saintes Ecritures jusqu'au Ménagier de Paris.
De bon matin, la Baronne, vêtue d'une simple robe, sans atours, se rendit dans la pièce sombre, éclairée par de nombreuses chandelles.
Elle avait demandé qu'on allume un feu et qu'on laisse assez de bois pour la journée, elle avait aussi averti qu'elle prendrait son repas de la mi-journée à la bibliothèque avec Amellia.
Cela promettait donc d'être long...Ce que Della ignorait, c'est qu'un enfant se lasse vite, très vite même. Elle devait avoir oublié les nombreuses réprimandes faites par son précepteur lorsque elle-même alors enfant préférait étudier le vol d'une mouche plutôt que le texte en latin soumis à ses neurones.
Le feu crépitait.
La bonne odeur des livres planait dans la pièce.
Della attendait l'enfant, admirant une récente acquisition, un recueil de François Villon dans lequel l'on trouvait la Ballade des Dames du temps jadis. Plaisir...
La bibliothèque de Seignelay était bien garnie.
Tous les précieux recueils ayant appartenu à son frère Eldwin, un amoureux des livres, avaient été déménagés et installés sur d'épais et solides rayons.
D'autres oeuvres étaient venues rejoindre les premières, celle que Della affectionnait ainsi que les incontournables de l'époque et tous les écrits traitant des recettes de cuisine et des nombreuses boissons que l'on pouvait obtenir à partir d'à peu près n'importe quoi.
L'endroit se prêtait bien à la tâche longue et ardue que la Baronne s'était imposée.
Depuis quelques semaines, elle avait sous son toit, une petiote sans famille.
A cette petiote, elle s'était attachée rapidement.
Et follement, elle avait décidé de la prendre à sa suite.
Le souci était que l'enfant n'avait aucune idée de ce que pouvait bien être une "bonne éducation".
Livrée à elle-même, abandonnée sans vergogne sans doute par ses parents, elle n'avait du sa survie qu'à sa seule volonté et à la rencontre avec une certaine Lulu et avec Della qui lui avait offert son toit, à Sémur, afin qu'elle puisse y reprendre des forces.
Il allait donc s'agir, maintenant de faire de la petite sauvage, une gentille petite fille capable d'évoluer dans le monde sans merci de la Noblesse où un pet mal mis pouvait vous faire bannir à tout jamais des meilleurs salons.
La bibliothèque était donc l'endroit le plus approprié pour cet enseignement puisque l'on avait à portée de main tous les ouvrages pouvant servir de référence...depuis les Saintes Ecritures jusqu'au Ménagier de Paris.
De bon matin, la Baronne, vêtue d'une simple robe, sans atours, se rendit dans la pièce sombre, éclairée par de nombreuses chandelles.
Elle avait demandé qu'on allume un feu et qu'on laisse assez de bois pour la journée, elle avait aussi averti qu'elle prendrait son repas de la mi-journée à la bibliothèque avec Amellia.
Cela promettait donc d'être long...Ce que Della ignorait, c'est qu'un enfant se lasse vite, très vite même. Elle devait avoir oublié les nombreuses réprimandes faites par son précepteur lorsque elle-même alors enfant préférait étudier le vol d'une mouche plutôt que le texte en latin soumis à ses neurones.
Le feu crépitait.
La bonne odeur des livres planait dans la pièce.
Della attendait l'enfant, admirant une récente acquisition, un recueil de François Villon dans lequel l'on trouvait la Ballade des Dames du temps jadis. Plaisir...
Citation:
Ballade des Dames du temps jadis
Dites-moi où, n'en quel pays,
Est Flora la belle Romaine,
Archipiades, ne Thaïs,
Qui fut sa cousine germaine,
Echo, parlant quant bruit on mène
Dessus rivière ou sur étang,
Qui beauté eut trop plus qu'humaine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?
Où est la très sage Héloïs,
Pour qui fut châtré et puis moine
Pierre Esbaillart à Saint-Denis ?
Pour son amour eut cette essoine.
Semblablement, où est la roine
Qui commanda que Buridan
Fût jeté en un sac en Seine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?
La roine Blanche comme un lis
Qui chantait à voix de sirène,
Berthe au grand pied, Bietrix, Aliz,
Haramburgis qui tint le Maine,
Et Jeanne, la bonne Lorraine
Qu'Anglais brûlèrent à Rouen ;
Où sont-ils, où, Vierge souvraine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?
Prince, n'enquerrez de semaine
Où elles sont, ni de cet an,
Que ce refrain ne vous remaine :
Mais où sont les neiges d'antan ?
Dites-moi où, n'en quel pays,
Est Flora la belle Romaine,
Archipiades, ne Thaïs,
Qui fut sa cousine germaine,
Echo, parlant quant bruit on mène
Dessus rivière ou sur étang,
Qui beauté eut trop plus qu'humaine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?
Où est la très sage Héloïs,
Pour qui fut châtré et puis moine
Pierre Esbaillart à Saint-Denis ?
Pour son amour eut cette essoine.
Semblablement, où est la roine
Qui commanda que Buridan
Fût jeté en un sac en Seine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?
La roine Blanche comme un lis
Qui chantait à voix de sirène,
Berthe au grand pied, Bietrix, Aliz,
Haramburgis qui tint le Maine,
Et Jeanne, la bonne Lorraine
Qu'Anglais brûlèrent à Rouen ;
Où sont-ils, où, Vierge souvraine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?
Prince, n'enquerrez de semaine
Où elles sont, ni de cet an,
Que ce refrain ne vous remaine :
Mais où sont les neiges d'antan ?
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