Alzin
[Il était une fois...]
Dans un cimetière, à l'orée des cimes une âme en peine, erre. Embrasse-t-elle la terre nourricière ? Ou est-elle juste au crépuscule de sa vie ? Des volutes blanchâtres émanent de sa bouche par intermittence. La vapeur immaculée s'évade, tournoie et s'évanouit dans l'air. Un peu à l'image du temps qui passe. Une fleur de sa naissance à sa fin, de la beauté à l'instant où elle se fane. Une existence fait de son lot de surprises, d'évènements heureux et malheureux, de ses ires, de ses rires, de ses moments de désirs aussi. Tout en nuance, voici la véritable quintessence de ce cadeau ou ce fardeau que l'on nomme la vie. Dans le cas présent, elle fait acte d'une extrême nonchalance. Puisque l'être presque inerte allongé de tout son long sur ce sol verglacé ne représente pas la flamme dansante et crépitante. Se faisant enchanteresse, contant des légendes chevaleresques. Non, rien de tout cela. C'est juste un homme reposant auprès d'éminents ancêtres enterrés, enveloppés dans leurs couches éternelles. Ces illustres, défunts depuis un jour ou bien des lustres, représentent bien le fatras habituel, celui des fripons, des gueux, des nobles et de leurs politiques.
Quand à lui, qui est-il au juste ? Sans doute une personne perdue, une brebis égarée ayant trop consommé d'alcool et consumé plus que de raisons des substances dites illicites. Même si ce n'est point encore leurs appellations. Des champignons "magiques" séchés et avalés. Des fumées que l'on inhale à s'en déchirer le corné ou la cornée. Et voici le triste résultat, un homme laissait en pâture aux loups et aux chiens errants. Affublé d'un "maquillage" grotesque, d'une perruque de fortune confectionnée avec la chevelure "offerte" par un pendu. Ceci lui donne un aspect inquiétant. Surtout quand la couleur fait des ravages. Une mine blafarde, une tignasse verdâtre teintée de violet. On se demande où est-ce qu'il a bien pu trainer. Et surtout d'où sort-il...? D'un asile pour enfants de nobles dégénérés par un surplus de consanguinité ? Ou alors d'une folie que seuls les bouffons savent mimer à la perfection ? Toujours, est-il là. Songeur, atteint d'une amnésie sélective. Ne pas se souvenir de la raison de sa présence en ce lieu, ni du pourquoi être vêtue d'une manière aussi extravagante, ni même être conscient de ce que l'on fait.
Non loin de là, une large motte. De la terre fraichement retournée, il s'approche dans une posture étrange. Se balançant de droite à gauche, d'avant en arrière tel un funambule glissant sur son fil. Celui d'un espoir, qui sera irrémédiablement gâché. Et le voici, déjà en fin de représentation, le public est amorphe. On ne peut dire que la compagnie d'un cimetière soit des plus vivante. Il s'agenouille devant la tombe. Il s'agit d'une femme, plus précisément d'une noyée. Une aubaine pour notre fou puisque ses prochaines actions vont justifier allégrement ce sobriquet. L'excès d'alcools et d'hallucinogènes ne sont pas prompts à assurer la raison et une bonne cohésion de l'esprit. Il commence a creuser avec acharnement sans outils, juste ses mains. Au bout d'un petit moment, le fossoyeur intérimaire a les doigts en sang. Mais il ne sent rien, l'effet anesthésiant des "produits" sus-cités. Après des efforts, il est enfin récompensé. Un cercueil. Il l'ouvre doucement et ses yeux s'émerveillent du "spectacle". Elle git là comme endormie. Sa beauté est toute relative et par chance le corps est encore intact. Il la sort de sa prison d'outre-tombe et se redresse. Son poids est comparable à une plume. Et dans sa folie, il commence à lui faire la conversation. Nul besoin de retranscrire la teneur de celle-ci, elle n'a pas vraiment d'intérêt. Puisque orpheline de toute forme de répondant et pour cause. Et pour cause...
Il l'observe en détail et croit apercevoir tour à tour ses quatre saisons. Qui file et défile sans raison, au gré des fenaisons et des oraisons. Ce qui semble être de circonstance en ce lieu funèbre.
Hiver, une poussière cristalline. Dame Nature enfile sa pèlerine ivoirine pour un mois glacial, pour une période de vie en blanc. Ailleurs, dans la vallée, l'haleine des chevaux se fait brume. Ce spectre éphémère, témoin du froid se perd au sein de la campagne fumante. Vint alors le temps d'un instant fugace, celui de vaquer au sein de la rudesse hivernal le long de l'Ariejà, la demeure de la trutta fario. La marionnette ou statue cadavérique se fait louve. Alors que la danse macabre continue. Il l'imagine arborant une peau de bête recouvrant sa poitrine et ses hanches. Laissant deviner juste ce qu'il faut pour espérer, pour faire miroiter à quelques phantasmes inavoués.
Printemps, celui de la naissance d'une rose. Épine harmonieuse, effluves ensorceleuses. Douce rosée venant déposer un baiser sur ses exquises pétales. Reflet scintillant dans cette goutte d'eau ruisselant le long de ce corps si angélique. Céleste ne désire plus les étoiles mais la terre nourricière de cette fleur divine. Et là, sa poupée se transforme en une colombe qui prend son envol. A la fois saisissante, ravissante et aussi exténuante. Une tornade qui vient pour tout dévaster sur son passage. Comme l'ange passe, quand l'ombre trépasse, et laisse des désirs inassouvis.
Automne, celui des splendeurs rayonnantes. Feuilles flamboyantes, irisant de tout son éclat, dans un face à face avec nocturne et lumière. Un jeu de cache-cache entre la lune et la terre. Rougeoyante telle une braise incandescente, bouillonnante d'une envie qui ne veut s'éteindre. Peinture étincelante pour ce peintre fou dont le tableau flirte avec les feux du firmament. Et cette fois-ci, le corps sans vie se mue en Belette. Du moins, l'allégorie de cette dernière, il est déjà adepte - avec circonstances atténuantes - de la nécrophilie, n'allons pas pousser le vice dans ses extrêmes. Quand le destin ne laisse que des instants déchus et des passions fardées, ensevelies.
Été, il ne reste plus que cette saison. Celle qu'il partage pour l'instant. Jusqu'à cet éternel recommencement. Il laisse choir sa proie et tombe au sol. A cause d'une sensation vicieuse, celle du tournis. Et il se met à ricaner alors qu'au loin des bruits de pas se font entendre. Et lui, son ouïe hystérique arrive à lui faire chanter les cigales alors que souffle la bise hivernale...
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[Avatar provisoire pour le RP "la folie des grandeurs"...]
Dans un cimetière, à l'orée des cimes une âme en peine, erre. Embrasse-t-elle la terre nourricière ? Ou est-elle juste au crépuscule de sa vie ? Des volutes blanchâtres émanent de sa bouche par intermittence. La vapeur immaculée s'évade, tournoie et s'évanouit dans l'air. Un peu à l'image du temps qui passe. Une fleur de sa naissance à sa fin, de la beauté à l'instant où elle se fane. Une existence fait de son lot de surprises, d'évènements heureux et malheureux, de ses ires, de ses rires, de ses moments de désirs aussi. Tout en nuance, voici la véritable quintessence de ce cadeau ou ce fardeau que l'on nomme la vie. Dans le cas présent, elle fait acte d'une extrême nonchalance. Puisque l'être presque inerte allongé de tout son long sur ce sol verglacé ne représente pas la flamme dansante et crépitante. Se faisant enchanteresse, contant des légendes chevaleresques. Non, rien de tout cela. C'est juste un homme reposant auprès d'éminents ancêtres enterrés, enveloppés dans leurs couches éternelles. Ces illustres, défunts depuis un jour ou bien des lustres, représentent bien le fatras habituel, celui des fripons, des gueux, des nobles et de leurs politiques.
Quand à lui, qui est-il au juste ? Sans doute une personne perdue, une brebis égarée ayant trop consommé d'alcool et consumé plus que de raisons des substances dites illicites. Même si ce n'est point encore leurs appellations. Des champignons "magiques" séchés et avalés. Des fumées que l'on inhale à s'en déchirer le corné ou la cornée. Et voici le triste résultat, un homme laissait en pâture aux loups et aux chiens errants. Affublé d'un "maquillage" grotesque, d'une perruque de fortune confectionnée avec la chevelure "offerte" par un pendu. Ceci lui donne un aspect inquiétant. Surtout quand la couleur fait des ravages. Une mine blafarde, une tignasse verdâtre teintée de violet. On se demande où est-ce qu'il a bien pu trainer. Et surtout d'où sort-il...? D'un asile pour enfants de nobles dégénérés par un surplus de consanguinité ? Ou alors d'une folie que seuls les bouffons savent mimer à la perfection ? Toujours, est-il là. Songeur, atteint d'une amnésie sélective. Ne pas se souvenir de la raison de sa présence en ce lieu, ni du pourquoi être vêtue d'une manière aussi extravagante, ni même être conscient de ce que l'on fait.
Non loin de là, une large motte. De la terre fraichement retournée, il s'approche dans une posture étrange. Se balançant de droite à gauche, d'avant en arrière tel un funambule glissant sur son fil. Celui d'un espoir, qui sera irrémédiablement gâché. Et le voici, déjà en fin de représentation, le public est amorphe. On ne peut dire que la compagnie d'un cimetière soit des plus vivante. Il s'agenouille devant la tombe. Il s'agit d'une femme, plus précisément d'une noyée. Une aubaine pour notre fou puisque ses prochaines actions vont justifier allégrement ce sobriquet. L'excès d'alcools et d'hallucinogènes ne sont pas prompts à assurer la raison et une bonne cohésion de l'esprit. Il commence a creuser avec acharnement sans outils, juste ses mains. Au bout d'un petit moment, le fossoyeur intérimaire a les doigts en sang. Mais il ne sent rien, l'effet anesthésiant des "produits" sus-cités. Après des efforts, il est enfin récompensé. Un cercueil. Il l'ouvre doucement et ses yeux s'émerveillent du "spectacle". Elle git là comme endormie. Sa beauté est toute relative et par chance le corps est encore intact. Il la sort de sa prison d'outre-tombe et se redresse. Son poids est comparable à une plume. Et dans sa folie, il commence à lui faire la conversation. Nul besoin de retranscrire la teneur de celle-ci, elle n'a pas vraiment d'intérêt. Puisque orpheline de toute forme de répondant et pour cause. Et pour cause...
Il l'observe en détail et croit apercevoir tour à tour ses quatre saisons. Qui file et défile sans raison, au gré des fenaisons et des oraisons. Ce qui semble être de circonstance en ce lieu funèbre.
Hiver, une poussière cristalline. Dame Nature enfile sa pèlerine ivoirine pour un mois glacial, pour une période de vie en blanc. Ailleurs, dans la vallée, l'haleine des chevaux se fait brume. Ce spectre éphémère, témoin du froid se perd au sein de la campagne fumante. Vint alors le temps d'un instant fugace, celui de vaquer au sein de la rudesse hivernal le long de l'Ariejà, la demeure de la trutta fario. La marionnette ou statue cadavérique se fait louve. Alors que la danse macabre continue. Il l'imagine arborant une peau de bête recouvrant sa poitrine et ses hanches. Laissant deviner juste ce qu'il faut pour espérer, pour faire miroiter à quelques phantasmes inavoués.
Printemps, celui de la naissance d'une rose. Épine harmonieuse, effluves ensorceleuses. Douce rosée venant déposer un baiser sur ses exquises pétales. Reflet scintillant dans cette goutte d'eau ruisselant le long de ce corps si angélique. Céleste ne désire plus les étoiles mais la terre nourricière de cette fleur divine. Et là, sa poupée se transforme en une colombe qui prend son envol. A la fois saisissante, ravissante et aussi exténuante. Une tornade qui vient pour tout dévaster sur son passage. Comme l'ange passe, quand l'ombre trépasse, et laisse des désirs inassouvis.
Automne, celui des splendeurs rayonnantes. Feuilles flamboyantes, irisant de tout son éclat, dans un face à face avec nocturne et lumière. Un jeu de cache-cache entre la lune et la terre. Rougeoyante telle une braise incandescente, bouillonnante d'une envie qui ne veut s'éteindre. Peinture étincelante pour ce peintre fou dont le tableau flirte avec les feux du firmament. Et cette fois-ci, le corps sans vie se mue en Belette. Du moins, l'allégorie de cette dernière, il est déjà adepte - avec circonstances atténuantes - de la nécrophilie, n'allons pas pousser le vice dans ses extrêmes. Quand le destin ne laisse que des instants déchus et des passions fardées, ensevelies.
Été, il ne reste plus que cette saison. Celle qu'il partage pour l'instant. Jusqu'à cet éternel recommencement. Il laisse choir sa proie et tombe au sol. A cause d'une sensation vicieuse, celle du tournis. Et il se met à ricaner alors qu'au loin des bruits de pas se font entendre. Et lui, son ouïe hystérique arrive à lui faire chanter les cigales alors que souffle la bise hivernale...
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