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[RP ouvert] Mutation d'une brebis en ... lou-tre?!

Gypsi
[Languedoc, 20 Janvier 1460]

Promenade au bord de l'eau, un soir morose de Janvier. Morose? Comme un manque dans le coeur de la brune. Comme une petite tristesse au fond du coeur. Comme un léger énervement aussi, chatouilleux dans la gorge.
Elle longea la plage, où ses pas l'avait guidé, pendant que ses pensées avaient défilé.
Elle marchait, la gitane sur les galets piquants de la plage, chausse à la main, vièle sous le bras, besace à l'épaule. Elle marchait, laissait le froid l'imprégner, par les pieds, par les oreilles. Elle marchait en fixant l'horizon, droit devant, sans vraiment l'apercevoir, perdue dans ses pensées. Elle marchait au bord de l'eau, flirtant avec les vagues, qui venait tenté vainement de lui lécher les pieds. Elle marchait. Et elle revoyait sa vie. L'heure du bilan avait peut être sonner.

Elle finit, après avoir parcouru une distance assez longue par s'asseoir, légèrement plus haut, face à l'étendue noirâtre que formait alors la mer. Regard fixé sur le mince remous des vagues qu'elle percevait, malgré la noirceur environnante, elle se laissa un instant bercer par le clapottis de l'eau, et le ressac des vagues. Elle contempla la mer, l'eau, première partie des pires moments de son histoire, avant de s'allonger sur les galets glacés, laissant tomber sa vièle, sa besace et ses chausses sur le sol, un peu plus loin. Cape ouverte, seulement mince rempart contre le froid du sol et la peau de son dos, elle contemplait le ciel étoilé, dans lequel passait quelques nuages sombres, eux aussi, de temps à autre, cachant la douce et apaisante clarté de la lune.

Elle ferma un instant les yeux, repensant à son histoire, sautant délibéremment le début, ne reprenant sa vie qu'au moment de sa retrouvaille avec Meval... Un voyage... accompagné. Pour une fois. Amusant. Follement amusant. Que de bons souvenirs! Et le comptage de nids de poule, en pleine nuit, alors que toute la troupe dormait derrière, ou du moins essayait de dormir, s'ils n'étaient pas trop bousculé dans leur sommeil. Elle revit son arrêt à Guéret. Son Albert... La rencontre avec sa garce, les fou rires sur Gargamel. La rencontre aussi avec une reyne et un berger hors du commun. Les insultes. La réputation merveilleuse qu'elle s'était alors faites. Une esquisse de sourire, mi amer mi amusé flotta brièvement sur ses lèvres et elle ouvrit les yeux, pour revoir la suite de ce voyage... Avec un berger et une reyne. D'autres rencontres qui succédèrent... Dont un libraire au charme certain... Une étoile qui brillait dans le ciel maintenant. La poursuite, l'arrivée à Uzès... quitter le duo de choc.

Et retrouver celui qui lui avait tant manqué pendant toutes ces années. Le seul homme qu'elle aimerait à jamais. L'homme de sa vie. Son frère. Son jumeau. Son amour. Sa moitié et son tout. Lui... Et puis, son fils, maintenant. Enzolt. Elle qui n'aimait pas les enfants. Enfin pas tant. Il l'avait fait craqué ce petit bonhomme, avec son minois de petit coquin adorable. Elle soupira. Trop sensible. Ils lui manquaient les deux amours de sa vie... Tata complétement gaga... Et soeur à l'haleine de chameau. En manque de son chiant de frère et de son insupportable neveu! Et puis, les retrouvailles avec Lais, la rencontre d'un roux. Un voyage. Se quitter, se retrouver, s'aimer un soir, puis se quitter à nouveau, jusqu'aux retrouvailles suivantes. Et la rencontre d'un blond. Chiant, insupportable, trop franc, trop... dragueur, trop tout, mais qu'elle appréciait tant. Un départ à Marseille... Un nain... Une fuite. Un aveuglement. Qui lui permet de rencontrer finalement, peut être l'homme avec qui elle aurait pu être heureuse... Si...

Sa sulfureuse lui revint en mémoire. La pestouille d'Anghell qu'elle adore malgré tout aussi. Et le conflit. L'énervement, le doute. La distance. Les retrouvailles. Qui créent un lien bien plus fort avec son berger. Lui semble-t-il. Il est là, ce castor, pour la soutenir quand tous la tiraille de toutes parts, sans que personne ne se rendent compte vraiment de ce qu'elle vit. Il est là, et sa présence seule lui fait du bien, à la gitane. Une amitié plus que sincère, une complicité incroyable. Et la fuite de la Reyne. Qui fait prendre conscience à la brebis qu'elle n'est pas la seule à souffrir... Accompagné son ami rejoindre sa tendre, ne pas l'abandonner en ce moment, même si elle n'a rien à faire là, lui dira-t-on. Un jour, et reprendre la route en sens contraire. Le rejoindre. D'abord pour l'aimer peut être, envers et contre tout. Malgré l'amour qu'elle porte au duo de choc. Et puis, retrouvailles... décevantes. Elle prend une décision. Sa décision. Influencée? Peut être. Regrettée? Surement. Du moins au début. Elle n'est plus à une souffrance prêt la brebis. Pis vivre pour elle, elle ne sait pas.

Une rencontre d'un homme encapuchonné. Qui lui fait prendre conscience de nombreuses choses. Et, même s'il dit ne pas être un acteur, même s'il dit n'être qu'une ombre, n'être rien, il aura fait beaucoup pour elle. Lui permettre peut être de tourner la page. Continuer à avancer. Chose que la rencontre d'une louve lui permit...


Elle se rasseya, oubliant les frissons qui lui parcourait le corps, fixant à nouveau la mer, dans son immensité, dans sa richesse, dans sa simplicité. Prendre du recul, et se laisser apaiser en admirant un lac, une étendue d'eau. Elle lui avait dit. Elle le faisait. Mais toujours en pensant à elle. Malgré la noirceur environnante, elle retrouva sa besace, sortit un vieux morceau de parchemin, un peu froissé, ainsi que sa plume, tira sa dague de sa ceinture. Elle posa le parchemin sur sa cuisse, l'applatissant un peu, puis, utilisant sa dague, elle serra sa lame dans sa main, avant de tremper sa plume, comme à son habitude, dans son sang et d'écrire. Une missive. Lui écrire. A elle...



SulfurA,

Mes mots ont sans doute mis longtemps avant de te revenir. Mais, tu l'avais dit toi même, même la distance ne suffira pas à nous séparer. Même la distance, même les moments de crise. Du moins je l'espère...

Mes mots ont mis longtemps avant de te revenir, et pourtant, ils te reviennent ce soir. A toi, l'amie qui m'a toujours conseillé. A toi l'amie qui a toujours été présente pour moi. A toi, la soeur que je n'ai jamais eu...

Mes mots te reviennent, et mes larmes ne coulent plus. Puits asséchés, ou raison retrouvée, je l'ignore encore. Même si, au vue de mon voyage, au vue de mon sourire qui revient, au vue de mon entourage, je pencherais pour le côté de la raison retrouvée. Du moins de mon sang-"froid". Si tant est qu'il l'est un jour été.

Mes mots te reviennent et te racontent certains des derniers événements. Tu le sais, j'écrivais toujours à Thomus. Lui qui m'a soutenu, sans me juger... Comment ne pas lui écrire? Mes mots ne t'étaient plus destinés pendant quelques temps. Mais je ne doute pas que Thomus te faisait part de mes missives, et il a bien eu raison de le faire. S'il l'a fait. Mes missives ne t'étaient plus destinés. Tu me l'avais recommandé toi-même, j'avais besoin de prendre du recul. De faire le point, de faire le tri.

Je ne sais si c'est chose réussie, mais je me sens plus légère en tout cas aujourd'hui. Plus de ton ex dans ma vie. Plus de raison de crise dans mon coeur. Même si un léger déchirement l'a tiraillé pourtant. Je ne veux pas oublier cette histoire. Je veux m'en souvenir, retenir, mais tourner la page et continuer à avancer. Avec toujours toi à mes côtés si tu l'acceptes. Je ne saurais t'en vouloir, mais tu le sais déjà cela, non? J'espère que tu pourras pardonner mon comportement, toi aussi...

Le vent m'éloigne de toi, et de Thomus, à nouveau. A moins que vous ne vouliez me rejoindre. Que dis-je, nous rejoindre. Car maintenant, je ne suis plus seule. Et quelle troupe! Je suis sure que tu les apprécierais, te connaissant, les connaissant... Enfin voilà. Là n'est pas la question je crois. Le vent m'éloigne de toi, ma Reyne, mais mes pigeons sauront toujours te trouver. Les tiens me retrouver... je l'espère. Mais trop d'espoir risque de tuer l'espoir. Alors je m'arrête ici, ma sulfureuse. Je laisse ton coeur, ta rancoeur, et ta plume décidée du reste.

Prends soin de toi, et veille sur le berger.
Avec toute mon affection, et mon amitié à vous deux.

LA Brebis.


Elle enroula la missive, de sa main non coupée, en un mince tube, la rangea dans sa besace, afin de la mener vers un pigeonnier le lendemain matin. Elle n'écrirait pas au berger cette fois-ci. Elle n'écrirait plus. Ni à l'un ni à l'autre, sauf pour répondre à leurs missives, s'ils lui en écrivaient. Redevenir le mirage qu'elle décrivait à son ami encapuchanné. Enfin, plutôt rester ce mirage, ou ce nuage... Elle ferma sa besace, tira sa vièle, et commençant à jouer sa mélodie habituelle, se mit à fredonner dessus, histoire de s'apaiser davantages.. A l'aube de cette nouvelle année, la gitane changeait. Brebis voulait avoir du chien, du mordant. Brebis se mettait à grogner en parallèle des bêlements. Mais brebis restait aussi un peu rêveuse, s'égarant dans des moments de contemplation, et de rêverie, caractéristiques de sa personnalité. Des moments solitaires, la plupart du temps.
Passée la nuit au bord de la mer. La belle étoile. Elle n'aimait pas les auberges. Elle n'aimait pas tant que cela les roulottes. Ce qu'elle aimait, elle, c'était le souffle du vent dans ses cheveux, l'embrun salé sur son visage, et la fraîcheur glacée des nuits hivernales sur sa peau tânée...
Astana
[Océan d'orages, mer de tranquilité, lac de rêves, lac de mort]

Narbonne, et sa mer.
Narbonne, et… sa ville déserte.

Mais ici, la mer reste son seul point de repère.
Une sorte de havre de Paix, au milieu de tout se foutoir.

Doucement la blondeur, emmitouflée dans une longue cape noire hivernale et masquée par son capuchon, s'avance. Ombre. Ses pas sont rythmés par son souffle court. Epuisée, harassée, par les nuits passées à veiller sur le reste du clan, à dresser l'oreille au moindre bruit, la main sur le pommeau de l'épée prête à en découdre. Quiconque toucherait à un cheveux de ses protégés goûterait les joies de sa main leste. Car c'est ce que font les membres d'un clan : ils se protègent les uns les autres.

Oh que non, c'était franchement pas le jour à venir lui chercher des noises.
Déjà qu'habituellement fallait pas pousser, mais là encore moins. Pouvait en témoigner l'homme, croisé un peu plus tôt, à qui elle avait salement amoché le nez, pour un Rien du Tout. Une réflexion mal placée. Pouvait en témoigner tout son entourage, avec qui elle faisait preuve d'une irritabilité hors du commun ces derniers jours ; se faisant ombre, fantôme ; claquant la porte d'un coup pour ne revenir que quelques heures plus tard, une fois calmée.

Deux ans, déjà. Aujourd'hui même.

Dans ces cas là, Astana filait droit, en direction d'un point d'eau. Mer, lac, ruisseau… tout y passait. L'eau tantôt tumultueuse, agitée, se faisait aussi doux murmure, courant venant caresser des doigts fins qu'elle plongeait dedans presque religieusement. Etrangement, la louve avait toujours trouvé la présence d'un point d'eau à proximité apaisante, voire salvatrice. Parfois même, sous le coup d'une émotion un peu trop forte, elle se surprenait à se plonger intégralement dans l'eau. Été ou Hiver, peu importe.
Illusions d'hiver(ses).

Et tout ça pour quoi ?
Pour un…

Poison !

SON poison. Le sien, à elle, Et à personne d'autre.
Rien qu'à elle, pour le meilleur et pour le pire, et surtout pour le pire. Jusqu'à ce que mort s'en suive. Jusqu'à ce que l'un ou l'autre meure dans les bras de l'Etre aimé. Quitte à ce qu'il soit achevé d'une main tremblante. Leur dernier souffle respectifs entremêlés. A jamais.
Mais ça… oui ça… c'était Avant.
Parce que quoi qu'il arrive, l'on dira toujours que : "c'était mieux avant". On n'aime pas le changement.

Avec la personne qu'on aime le plus, on partage le monde. Quand cette personne n'est plus là, le monde demeure mais ce n'est plus la même chose. Une certaine distance s'instaure entre lui et vous.
En fait, ce n'est plus de même monde. Il a si peu de prise sur vous que vous pourriez aussi bien vous en éloigner, dériver jusqu'à… la lune, par exemple.

Du moins, oui, elle avait vu les choses comme cela un Temps. Durant un certain Temps T, Astana avait choisi de ne plus ressentir. De faire barrière entre le reste du Monde et elle.
Et doucement, grace à des personnes bien choisies, elle était revenue au monde. Elle avait réapprit à ressentir, à se muer sans avoir l'impression de dégringoler... et... oh... oh...

La voilà qui écrit déjà, plongée dans un de ses nombreux accès de mutisme.




A toi,

J'aimerai poser des mots sur le Silence. Sur le vide. Sur le néant feutré de la page qui reste immaculée. Tacher de salir, m'abîmer dans les cris, hurler, oui, les vérités qu'on a pas assez dites, celles qu'on n'a aucune envie d'entendre ; choisir les mots les plus aptes à détruire, pour forcer à reconstruire. Je suis aphone, sans voix devant la catastrophe. Témoin et passive, donc coupable. J'aimerai me retrouver. Il n'y a plus que des phrases comme des îles, esseulées, comme des brins d'herbe au milieu du désert, qui ont le toupet de laisser espérer la vie, encore. Des phrases comme des épaves. Qui n'ont plus d'origine, et dont l'avenir n'est plus guère envisageable. Mon rêve, pourtant, noué à mon poignet. Je me suis égarée.
Le pire ce n'est pas le chagrin, ce n'est pas la douleur, ce n'est pas même la solitude ; le pire c'est d'être anesthésiée et de ne plus avoir accès à aucune émotion. D'être imperméable et de tout laisser glisser, tomber. Le pire, c'est d'être absent du monde. Je voudrais des mots pour m'accompagner, pour ne plus jamais avoir à être seule. Je voudrais des mots pour ressentir, pour avoir mal, pour avoir conscience, pour être mouillée par la pluie, brûlée par le soleil, pour me savoir en vie.

Ces mots, répétés, écrits tant de fois… Aujourd'hui sont scellés.
Tu n'es plus… et j'ai choisi de Vivre, au sens propre, sans Toi. Ton fantôme ne viendra plus me hanter.
Ne m'en veux pas...


- Ne m'en veux pas...

Ces mots sont répétés en un souffle, un murmure, un battement de coeur.
Tandis qu'une louve brisée mais un peu plus vivante chaque jour plie le vélin et glisse à l'intérieur un anneau de fer soigneusement gardé jusque là.
Et de laisser le tout dériver... aller on ne sait où... sans y accorder ne serais-ce qu'un regard.

Se relever. Serrer les dents. Se sentir plus légère...
Parce que plus Jamais. Non. Mais la Louve vivra.

Mais au loin de distingue une silhouette, et un air connu pour avoir entendu la brebis le fredonner, une fois.
Que fait sa brebis, au bord de la mer, en pleine nuit ? Ne devrait-elle pas être dans la grange avec les autres ?
Ou alors...

Doucement Astana s'approche, et tout aussi doucement, sans un bruit, elle s'assoit aux cotés de son Amie. Car les femmes, toujours, savent reconnaître les oiseaux au coeur blessé.
Glissant sa main dans le dos d'une Gypsi quelque peu tremblante, dans un effort de réconfort, elle la regarde gravement :


- Tu veux en parler, ma brebis ?
_________________
Gypsi
*[On a beau s'éloigner des cimetières, on finit toujours par s'y installer.]

Assise, cape sur les épaules, tirées sous ses fesses, elle regardait l'horizon en fredonnant. Les étoiles. La lune. La mer. La confusion du ciel avec celle-ci. Les reflets des premières dans celle-là. En fredonnant. Un fredonnement rituel presque maintenant. Habituel. Journalier, presque. Un fredonnement comme pour permettre à son coeur, à son âme d'éliminer le surplus de douleur et de peines accumulé en bien des années. Un fredonnement qui lui permettait de se libérer. De se sentir plus légère. Un fredonnement qui lui donnait des impressions illusoires. Comme celle de lui faire du bien, quand tout cela n'était qu'utopie. Mais, les jours passaient, la vie filait. Comme un vent irrésistible, elle suivait ses courbes invisibles et va toujours vers l'avant. Elle devait faire de même la brune.

Son ouïe perçu une approche avant son regard. Malgré le fredonnement qui ne se terminait pas. A croire que les brebis ne sont pas si sourdes que cela. Son regard, figé sur la toile noire de l'horizon semblait perdu, égaré dans le lointain. Il ne se détourna pas pour voir la source du très léger bruit. Elle n'a pas peur, la gitane. Elle ne se sent pas en danger. Alors que pourtant, la voie qu'elle avait choisi aurait du l'inciter à la méfiance.

Une femme qui s'asseoit à ses côtés, sans un bruit. Sans un mot d'abord. Une femme qu'elle a reconnut. Plus qu'une femme. Une louve. Plus qu'une louve. Une blonde qu'elle considère déjà comme une amie. Après si peu de jours. Une louve qui glisse sa main dans le dos de la brebis. Brebis tremblante. Est-ce le froid? Ou les illusions perdues? Ou la page qui achève de se tourner, lentement? Ou la tristesse? Tant de raisons... Tant d'options différentes. Pour une seule voie. Une seule issue. Elle devait choisir la bonne.

Elle termine sa "chanson" la gitane, avant de tourner son visage vers la louve. Louve qui a un regard grave. Elle n'aimait pas pourtant, la brebis montrer ses faiblesses. Elle n'aimait pas exposer son passé. Si peu le connaissait. En fait, ... une seule le connaissait. Vraiment. Quelques mots lâchés, aussi gravement que les yeux le laissait deviner. Quelques mots qui brisent le silence nocturnes. En parler...

La brebis regarde un instant sa louve. Yeux dans les yeux, elle sent qu'elle aussi a eut une soirée difficile. Elle sent qu'elle aussi est venue prêt de l'eau, à la recherche peut être, d'un lieu apaisant. Pour effacer de mauvais souvenirs. Ou essayer de continuer à avancer. Le masque de bonne humeur et de sourire de la gitane venait de tomber ce soir là. Ce masque qu'elle avait mit des années à perfectionner. Ce masque que seules ses amies la solitude et la nuit avaient pu lui faire ôter. Elle n'était pas si drôle que ça, la brebis. Elle n'avait pas autant d'humour que ça. Juste un masque, qu'elle s'était fabriqué, pour cacher sa peine, sa tristesse. La cacher aux autres, mais peut être plus encore, se la cacher à elle-même.

Tu veux en parler, ma brebis?

Des mots qui résonnent dans sa tête pendant quelques instants. Elle qui déteste parler d'elle. Elle laisse le silence s'installer quelques instants, et retourne à nouveau son regard vers l'infini... vers la rencontre du ciel et de la mer. Vers la rencontre des deux noirceurs.

Et toi, ma louve, tu veux en parler?

Détourner la question. Préférant écouter que parler finalement. Même si elle se doute qu'avec Tana, ça ne marchera pas. Alors, après un autre instant de silence, elle ajoute:

En fait, un jour et une nuit combinée, ça doit formé le miroir d'une vie. Une vie divisée en deux... Un jour et une nuit. Plus long ou plus court et proportionné différemment selon les personnes... Non?
...
**Ça commence par un moment de flottement quand le soleil recule
Un parfum d’hésitation qu’on appelle le crépuscule
Les dernières heures du jour sont avalées par l’horizon,
Pour que la nuit règne sans partage , elle a gagné , elle a raison.


Un regard qui se tourne à nouveau vers la louve. Un regard qui ne se contente pas de regarder. Un regard qui voit. Elle enchaîne à nouveau:

Tu sais, la nuit c'est mon domaine. C'est mon moment. Brebis nocturne. Un peu d'originalité quoi! En fait la nuit...*léger soupir, avant de reprendre, un peu plus sure d'elle*
**Comment exprimer ce que la nuit m’inspire
Ce qu’elle nous suggère et ce qu ‘elle respire
Ce moment d’obscurité qui met en lumière nos fissures
L’ambiguïté en manteau noir, la nuit fait peur, la nuit rassure....


Sa main, qui n'est pas prêt de Tana va se poser sur les galets, et se met à jouer avec eux. Les faire glisser entre ses mains. Les laisser la griffer pour mieux tenter de les retenir. En prendre trop, pour tenter d'en garder quelques uns. Finalement elle en prend un qu'elle jette dans l'eau, au loin. Pas de ricochet. Juste un PLOF et quelques ondes circulaires un bref instant.

Et toi, Tana, tu veux en parler?

* Michel Clément, Confidences d'une prune.
**Grand Corps Malade, La nuit
Astana
[Submergée par tous ces sentiments sans mots, je m'effacerais comme une mer sans eau.]


Maintenant, Elle voit. Oui. La brebis voit l'âme de la louve. Tout comme la slave lit en sa brebis. Comme en un livre ouvert.
Parce qu'il est parfois des moments où les regards en disent plus que les mots. Les maux.


« Il est de ces évènements qui sortent tout le reste de nos pensées.
Certaines circonstances qui nous stoppent net dans notre lancée.
Il est de ces realités qu'on etait pas prêts à recevoir.
Et qui rendent toutes tentatives de bien-être illusoires. »


Mais quand les mots surviennent brusquement, venant bousculer le calme parfait qui s'était instauré entre elles, ses prunelles s'assombrissent.
Elles se figent, Noires, sur l'obscurité environnante, sur l'immensité qui s'étend au loin devant.
Et elle l'écoute.

Ces mots-là, ceux-là même que Gypsi prononce du bout des lèvres… laisse Astana songeuse. Mais elle l'écoute et ne cherche pas à comprendre.
Parce qu'elle Sait. Elle Sait, ce que son amie si proche et si loin en même temps veut dire.
Ces phrases s'imprègnent en elle, doucement. Frayant leur chemin des veines jusqu'au coeur, dans un léchement de flammes.


« J'ai pas les mots pour exprimer la puissance de la douleur.
J'ai lu au fond de tes yeux ce que signifiait le mot "malheur".
C'est un souvenir glacial, comme ce soir de decembre.
Où tes espoirs brulants, on laissé place à des cendres. »


De temps en temps, elle hoche la tête et regarde Gypsi, sa brebis, leur brebis, au castor et elle.
Et lorsque sa main vient chercher des galets, qu'elle prend entre ses doigts frêles, Astana sourit.
Un contact. Se raccrocher à du Vrai. Quelque chose de concret.


PLOF.

Instinctivement, sa main vient se porter sur l'épaule de son amie.

- Et toi, Tana, tu veux en parler?

« J'ai pas trouvé les mots pour expliquer l'innexplicable.
J'ai pas trouvé les mots pour consoler l'inconsolable.
Je n'ai trouvé que ma main, pour poser sur ton epaule.
Attendant que les lendemains se depechent de jouer leur rôle. »


En parler ? Mais parler de quoi ? Parce que pour parler, il faudrait avoir des choses à dire... et... et par où commencer ? Imaginons qu'il y ait un miroir : vous comptiez sur sa surface parfaitement unie pour vous donner une image du monde... Lorsqu'il se brise soudain en mille morceaux dont chacun révèle des angles de vue miniaturisés, neufs, et qui pourtant avaient dû être là tout le temps, cachés derrière la surface lisse du miroir sans que vous l'ayez su. Par où commencer, alors ? Où regarder ?
L'espace d'un instant, son regard se perd de nouveau... dans les méandres de ses pensées.

Elle se mord la lèvre, hésitante, cherchant un quelconque soutient extérieur. Mais des mots se forment en sa bouche, et sortent soudain... Impossible de les en empêcher :


- Je suis fatiguée, je crois. Fatiguée, tu sais ? De toujours devoir garder la tête haute. Pas le droit à l'erreur, pas le droit de montrer ses faiblesses. Porter un masque, se planquer derrière... et en venir à prier pour qu'il ne tombe pas au mauvais moment. Nuit Blanche lors d'une Nuit Noire. J'aimerai bien.... hmpf... j'en sais rien, ma brebis. Je sais pas, je sais plus. Et au fond, est-ce que j'ai envie de savoir ?
Je sais que tu comprends...


Son regard grave se pose de nouveau sur sa brebis, ne cherchant pas une affirmation. Elles se regardent ainsi, de longues secondes, minutes... Sans un mot.

Grand Corps Malade : J'ai pas les mots

_________________
Andrea_
[Conquérir sa joie vaut mieux que de s'abandonner à sa tristesse.*]



Narbonne, Narbonne cinq jours d'arrêts.

Cinq jours d'arrêts ? Berdol, j'vais finir par sentir l'autochtone !
Et c'est vrai qu'l'autochtone Narbonnais, quand il sort - et faut qu'il sorte limite faut le débusquer - est ... particulier. Particulier ça veut rien dire et tout dire en même temps. Mais Narbonne, faut l'voir pour le croire. Une ville quasi fantôme, et où les rares survivants à la bétise Cricrio- Bentichienne ne méritent même pas qu'on leur porte de l'intérêt.

'Fin bref, Narbonne, les retrouvailles de la Colombe avec son Lou', l'enlèvement de la fille du Comte, le pillage de la cuisine du Castel, la rupture du Lou' et d'la belle - je vous autorise à chanter ... Riche en rebondissements et c'est pas fini !
Nous noterons deux éléments majeurs, deux éléments qui méritent d'être développé. Et y a matière...



[ Critiqué vient du latin Critish, raccourci de cricri et bentish, Blaireaux du Languedoc ]


Ah bah là... Que dire que dire... Ou plutôt par où commencer !
Humm... Cricri et la Colombe s'était déjà rencontrées - à l'aller - suivez merd'!- et la belle - la colombe donc- avait été ô combien surprise du langage de la capitaine...

Et oui mesdames messieurs, la capitaine de l'armée parle le " aime des airs. " Parfois, en taverne, hop des mots lui échappent. " aime des airs" donc, un peu comme certains diraient "alleluia"," berdol" ou encore "'tain ", et une petite variante parfois avec le désormais bien connu " l'aule ". Formidable, elle avait laissé une Colombe subjuguée, fascinée et ... silencieuse - et ça faut l'faire!-.

Bref, c'était une femme, avec un langage bizarre et une armée y en fallait pas plus à la belle pour la détester.
Son armée... L'Etendard... Un grand moment en taverne ça, quand la chiasse et la blonde -pas moins chiasse - avait révé en faire un p'tit quelque chose. Tout en finesse comme elles savent le faire.

D'ailleurs la blonde... La blonde ? j'y viens...



[ Tana = animal indéfini ]


Tana, bah c'pas un animal, c't'une femme. Mais après la Colombe, la chêvre, le renard et heu... -je passe- Sisley ça f'sait bizarre, alors la Colombe a désormais décidé d'inventer une nouvelle espèce d'animal - sortez les "la rousse" et rajoutez-

" Sisley : animal issus de plusieurs croisements consécutifs. Cheval - pour la crinière pas pour l'haleine rhoooo- , le paresseux - pour heu...- nan en fait j'abandonne on va la garder comme ça. Pis avant d'trouver un animal avec autant d'goule et une descente que même à ch'val j'aimerais pas r'monter on n'est pas couchés."

Drôle de rencontre pour ces deux là... Mais ça n'vous regarde pas. On avouera juste que l'alcool les a aidé.
Mac machin rencontré à Tataouine les oies - on retiendra juste qu'il était anglais- lui aurait dit qu'entre elles tout s'était fait au " feeling".
Pas si différentes les donzelles en fait...
- caractère : affirmé -pour rester polie-
- corps : libre
- coeur : hanté
- joie de vivre : épuisante
- tristesse : ...


Enfin revenons en à nos moutons, Narbonne et la Colombe déambule -presque droit- dans les rues, virevoltant là où le vent la mène et le vent la mène au large...



[Les hommes sont conduits plutôt par le désir aveugle que par la raison ** ]


L'immensité de cette mer, sous l'infini de ce ciel étoilé, où comment se sentir toute petite...
La Colombe, la première fois, avait eu besoin de solitude, mais cette fois, elle la fuit comme la peste.
Et pourtant elle est là, les yeux fermés retenant des perles salées, cheveux au vent et visage caressé par les embruns.
La belle faisait le bilan de sa vie, la triste impression de repartir de zéro, encore, mais définitivement cette fois. Rien à se reprocher. Rien à regretter. Personne à haïr. Et plus personne à aimer.
Se dire qu'il faut aller de l'avant. Que cette fois ci elle ne se battra pas.
Pour quoi faire ?
Contre qui ? un ennemi invisible ? quelqu'un qui agit dans l'ombre ?
C'est finalement plus simple de savoir que même en changeant, même en faisant tous les efforts du monde, ça ne changerait pas. Parce que la décision n'est pas de vous. Vous, vous n'avez qu'à la respecter.

Elle sait ce qu'elle veut. Elle veut tout. Et tout ce qu'elle voudra, elle l'obtiendra.Elle ouvre les yeux et esquisse un sourire en reconnaissant Tana. La belle s'approche des filles et se pose face à elles, en tailleur, et sort une bouteille de son balluchon avant de leur tendre.
La Colombe les observe, un silence qui pourtant veut tout dire, mais si la chiasse se contentait d'se taire ça f'rait plaisir à trop d'monde...



Les mecs, c'con.


Y a pas à dire, elle arrive à tout résumer en une seule phrase! Mais elle aimerait lui dire que non, il vaut mieux ne pas savoir, qu'il vaut mieux ignorer, parfois.
Savent-elles que leurs pensées se rejoignent ?






*Citation de GIDE André extrait de: Journal 1889-1939
** Citation Spinoza (de mémoire)

_________________
Gypsi
[*Une gonzesse de perdu c'est dix copains qui reviennent. On suppose qu'inversement ça marche aussi!]

Au delà du regard, les deux jeunes femmes... - oui, elle aime à croire qu'elle n'est pas encore trop vieille la Gypsi - se voient, lisent dans leurs âmes comme dans un livre ouvert. Pourtant, un certain ami encapuchonné lui avait toujours dit qu'elle était nul pour "voir" les autres. Mais juste un tout petit moins nul que beaucoup, parce qu'elle se donnait la peine d'essayer. Face à sa louve, elle n'avait pas besoin d'essayer. Elle voyait. Parce qu'elle avait vécu la même chose. Elle le savait. Elle le sentait. Mais, elle ne savait aussi que trop bien que... Oui, avec un regard, on peut tout dire. Un regard peut tout dire de nous, sans qu'aucun mot ne sorte. Un regard peut nous trahir. Un regard peut nous dévoiler. Nous démasquer. Et c'est ce qu'il se passait à cet instant. Et pourtant, elle savait aussi à merveille, combien il était facile de nier un regard. Plus facile que de nier des mots. Mais, pas de négation, pas de refus dans ce regard qui s'échange. La brebis laisse sa louve lire en elle, comme la louve laisse la brebis en faire de même. Lien qui se crée. Un peu plus, peut être.

**C'est pas vraiment des fantômes, mais leur absence est tellement forte,
Qu'elle crée en nous une présence qui nous rend faible, nous supporte.
C'est ceux qu'on a aimé qui créaient un vide presque tangible,
Car l'amour qu'on leur donnait est orphelin, il cherche une cible.


Elle pense la brune, comme la blonde pense aussi. Elle pense, elle cogite. Elle se rémémore un passé douloureux. Et elle se met à philosopher sur la mort. La mort des autres. La sienne n'a pas encore frappé. La mort des autres, ceux qu'elle aimait, et qui la tue à petit feu, à chaque disparition davantage. Pourtant, elle persiste la brune. Elle résiste. Elle se bat. Il paraît que la vie est un don. Que l'on doit la vivre et en profiter le plus possible. Il paraît que jusqu'à présent, elle a toujours vécu. Mais profiter... Non, elle noircirait le tableau de penser qu'elle n'a jamais profiter. Elle a eut des moments heureux. Oui, elle en a eut. Ils se sont seulement, au fil des ans, dans l'entrelacs des malheurs enchaînés, noyés au beau milieu d'un lac profond, au rivages vertigineux. Pourtant... ils ont bel et bien exister.

Elle regarde tour à tour, son amie, et le rivage. Brièvement, puis longuement l'autre. Lire un bref instant. Puis, détourner le visage. Ne voulant pas tout lire. Ne voulant pas tout savoir. Ne voulant pas qu'elle sache tout?! Peut être aussi. Garder une partie de sa face cachée. Elle aime garder un peu de mystère la brune. Et tandis que son regard s'égare, elle continue de penser...

Pour certains on le savait, on s'était préparé au pire,
Mais d'autres ont disparu d'un seul coup, sans prévenir.
On leur a pas dit au revoir, ils sont partis sans notre accord,
Car la mort a ses raisons que notre raison ignore.


De temps en temps, elle voit Stan hocher la tête. Stan... surnom que le castor lui a attribué. Surnom qui lui allait bien. Elle devait avouer qu'il lui manquait son castor. Son berger ailé. Il lui manquait. Mais le dire aux autres, jamais. Lui, il le savait qu'il lui manquait. Tout comme elle savait qu'elle lui manquait. Dans la noirceur environnante, elle revoit son visage, son sourire. Elle imagine ce soir là, sa déchirure et ses larmes. Peut-être est-elle aussi troublé que lui. Peut-être même plus...

Alors on s'est regroupé d'un réconfort utopiste.
A plusieurs on est plus fort mais on est pas moins triste.
C'est seul qu'on fait son deuil, car on est seul quand on ressent.
On apprivoise la douleur et la présence de nos absents.


Tandis qu'elle joue avec les galets, dans ses mains fines, longues, et froides, elle aperçoit du coin de l'oeil le sourire de Tana. Elle esquisse un sourire, à nouveau, en hochant doucement la tête. Se comprendre sans les mots. Le moindre geste parle à qui sait lire et voir. Le moindre geste parle à qui sait écouter son coeur et partager avec les autres. Les autres. Mais pas tous les autres. Elle divague la gitane. Ses pensées se mélangent. Se perdent. Comme le fond de son coeur. La solitude tente à disparaître, la tristesse aussi, tandis que l'envie, l'espoir, et le vrai sourire revienne. Pourtant, le tout restait encore mélangé incroyablement dans une enveloppe corporelle agitée. Agitée de frissons. Parcourue d'émotion.

On se rassure face à la souffrance qui nous serre le cou,
En se disant que là où ils sont, ils ont sûrement moins mal que nous.
Alors on marche, on rit, on chante, mais leur ombre demeure,
Dans un coin de nos cerveaux, dans un coin de notre bonheur.


Jeter le galet, pour essayer de remettre de l'ordre dans tout ce "berdol" comme qui dirait. Jeter le galet, le lancer de toutes ses forces, le plus loin possible. Ne pas le voir disparaître, ne pas le voir s'éloigner et entendre seulement le PLOF significatif de sa perte. Entendre le Plof qui annonce sa fin. Il coule. Mais plus rien ne laisse ne rappelle à l'extérieur qu'un instant avant il était sur le sol, bien entouré, bien ancré. "Les pieds sur terre" si pour un galet cela voulait dire quelque chose. Plus rien ne laisse à penser cela. Il n'est pas là. Et si l'on n'a jamais su qu'il était là, on ne constate même pas sa disparition.

Chaque vie est un miracle, mais le final est énervant.
J'me suis bien renseigné, on en sortira pas vivant.
Faut apprendre à l'accepter pour essayer de vieillir heureux,
Mais chaque année nos absents sont un peu plus nombreux.


La main de la louve se pose sur son épaule. Son visage se tourne alors vers elle. Instinctivement. Elle répète sa phrase. Connaissant la réponse. Réponse inutile. Parler de quoi? Pourquoi? Elle sait. Elle a senti. Elle a vécu aussi. La même chose, vraissembablement. Alors pourquoi lui demander si elle veut en parler? Dans son regard, se lit l'absurdité de sa question. Elle s'en rend compte. Même elle n'a pas voulu en parler. Ce ne sont pas des choses dont on parle facilement. Dont on parle souvent. Et finalement, c'est peut être mieux ainsi. Finalement, il n'y a pas besoin d'en parler. Le coeur doit se cicatriser, seul. Seul. Et les mots ne peuvent rien contre les maux qui le trouble. Ils ne permettent pas à la souffrance de sortir. Ils ne permettent pas à la souffrance de s'atténuer. Ils lui permettent juste de s'exprimer. Mais les deux semblent avoir décider de ne pas la laisser trop s'exprimer en public. Après tout, toutes deux vont "toujours bien". Réplique de la louve, que la brune pourrait reprendre aisément. Et finalement, à force de se le répéter, on finit par le croire. On espère en tout cas.

Nous on a des projets, on dessine nos lendemains.
On décide du chemin, on regarde l'avenir entre nos mains.
Et au cœur de l'action, dans nos victoires ou nos enfers,
On imagine de temps en temps que nos absents nous voient faire.


Elle voit Tana se mordre la lèvre. Regard superficiel qui se pose sur elle cett fois-ci. Elle arrête de voir. Elle sent que la louve va parler. Plus besoin de voir, mais d'écouter cette fois-ci. Des yeux pour voir. Des oreilles pour écouter. Et un coeur pour aimer. Finalement, tout garde une fonction simple. Peut être pas tant. La nuance entre les personnes résideraient surement dans la nuance entre "voir" et "regarder", "entendre" et "écouter", "aimer" et... Aimer...

Chaque nouvelle disparition transforme nos cœurs en dentelle,
Mais le temps passe et les douleurs vives deviennent pastelles.
Ce temps qui pour une fois est un véritable allié.
Chaque heure passée est une pommade, il en faudra des milliers.


Elle remarque son étonnement, presque invisible, face à ses mots qui jaillissent sans qu'elle le veuille vraiment? Sans qu'elle l'ai réellement prémédité? Ils sortent, naturels, fluides. Sincères. Et elle l'écoute la brebis, sans rien dire, en silence, le regard dans le vide. Elle l'écoute, la laissant déverser ce flot de paroles qu'elle a retenu peut être un peu trop. Elle l'écoute, laissant les mots jaillirent d'elle telle une cascade vive. Elle l'écoute, le plus possible, navigant sur le cours d'eau de mots de Tana. La source de son âme.

Ce grand mystère qui nous attend, notre ultime point commun à tous.
Qui fait qu'on court après la vie, sachant que la mort est à nos trousse.
C'est pas vraiment des fantômes, mais leur absence est tellement forte,
Qu'elle crée en nous une présence qui nous rend faible, nous supporte.
C'est ceux qu'on a aimé qui crée un vide presque infini.


Elle comprend oui. Mais elle ne hoche pas la tête. Elle ne dit mot. Laissant le silence s'installer à nouveau. Tout était dit. Et la brebis savait que ce que venait de dire la louve, c'était ce qu'elle ressentait au fond d'elle-même également. Elle savait que la louve et elle avait le même sentiment. Et elle savait que la louve savait. Alors, les mots étaient futiles. Les mots n'étaient pas utiles. Elle comprenait oui. Elle vivait la même chose. Elle ne pouvait pas lui dire grand chose. Ce fut à son tour de poser sa main sur l'épaule de Tana. Et de la serrer doucement, pour lui transmettre un peu de réconfort. Lui signifier qu'ici, ce soir là, face à elle, le masque n'était pas tombé au mauvais moment. Que leur masque respectif s'était étiolé. Mais face à une amie. Et au fond... c'était sans doute le meilleur endroit, le meilleur moment. Il vallait mieux qu'il tombe maintenant. Pour qu'elles reprennent la route, sereines. Du moins le plus possible. Leurs regards sont figés l'un dans l'autre, pendant de longues minutes. Le silence les enveloppe.

Finalement, entre temps, une colombe s'est approché. D'abord identifié par les pas qu'elle fait sur les galets pour se rapprocher. On a déjà vu plus discret qu'une surface de galets pour avancer sans bruit! Elle est de dos, la brebis, quand cette source de bruit lui parvient aux oreilles. Entendre... Mais, face au regard de la louve, qui ne bronche pas, elle ne bouge pas non plus. Confiance. Finalement, c'est une belle colombe qui s'asseoit face à elles, laissant tomber sa besace, et sortant une bouteille, tandis que Tana finissait sa tirade. Un mince sourire se dessine sur les lèvres de la brebis. Elle ne pouvait venir sans bouteille. Trois femmes blessées, qui se retrouve, en pleine nuit, sur la plage au bord de l'eau... Si on lui avait dit cela, elle n'y aurait pas cru. Elle regarde alors la colombe, qu'elle connait si peu, mais tout de même... elle attend qu'elle dise quelque chose. Il n'y a qu'elle pour parler et relancer une conversation. Les brides d'une conversation. Les brides d'un humour qu'il leur fallait retrouver.

Les mecs, c'con.

La brune laisse un sourire se dessiner sur son visage, et flotter un moment. Elle n'a pas tort. Et elle arrive à la faire sourire en une réplique. Un regard entendu, un léger hochement de tête avant de répliquer:

ça y'a pas à dire!

Elle se disait que parfois, les femmes aussi... Mais ne dit mot pour une fois. Elle regarde tour à tour les deux jeunes femmes. Et reprend:

Fais tourner ta bouteille! Un p'tit remontant. Y'a qu'ça d'vrai tiens!

Bon, un peu extrémiste surement. Elle n'est pas si alcoolique que cela pour vouer un véritable culte à l'alcool, mais, elle ne disait jamais non quand on lui proposait. Et ce soir, elle en avait besoin.

Bon par contre, avec une bouteille pour trois, on va pas aller loin j'crois hein!

Tire sa besace et fouille dedans, à la recherche de la vieille bouteille que lui avait donné un ami connaisseur en vin. Vieille bouteille maintenant.... Elle finit par la trouver et la sortit pour la déposer au milieu des galets, bien calée pour ne pas qu'elle risque de tomber. Ce n'était pas son "alcool" préféré, m'enfin... elle ferait avec. ElleS feraiENT avec.

*Renaud, Manu
*Grand Corps Malade, Nos absents
Astana
[J'suis stoïque en apparence mais en tempête à l'intérieur] *


La tirade une fois terminée, les regards longuement échangés, lus, compris ; elle se mord de nouveau la lèvre. Regrettant peut-être, de s'être adonnée à une telle mise à nu. Parce que l'on aime jamais voir son âme révélée, le coeur ouvert, même à une amie. Parce que cela signifie que le masque est tombé, et qu'il n'y a plus de repli possible. Il n'y a pas de marche arrière, dans ces cas là. Aucun retour dans l'Espace Temps.

« Alors je tombe et je me redresse, alors je m'enfonce et j'encaisse
Alors je me trompe et je progresse, alors je compte mes faiblesses
Alors j'échoue comme tout le monde mais je reste sincère
Et comme la vie n'est pas longue, j'essaie juste de bien faire »


Alors regretter ? Oui. Non. Peut-être ? Non.
Ne pas regretter, parce qu'Astana comprend, sait, qu'elles ont vécu la même chose. Qu'elles ont partagé les mêmes sentiments, les mêmes tourments. Les mêmes heures de doutes. Et qu'au bout du Doute se trouvait des heures meilleures. De partage, de soutient. Pour en arriver - si elles y arrivaient - à une sorte de Rédemption.

Elle se contente de sourire alors. Tout simplement. Un vrai sourire. Sincère. Et même plus que cela. Pas un de ces sourires habituels qu'elle servait au premier venu, l'air de dire « Je vais toujours bien, moi, voyez comme je souris ! ». La famille « Toujours ! » : c'est ainsi que Gypsi appelait Astana et son frère, Fandango.
Aucun regret, alors. Se livrer ainsi demande du courage, un profond et sincère courage. La confiance. Cette confiance, entre elles ; qui s'est instaurée après si peu de temps. Certains pourraient dire que c'est trop dangereux, ou bien qu'elles font preuve d'une naïveté hors du commun. Mais non. La brebis et la louve ne sont pas naïves - rêveuses sûrement, utopistes peut-être - mais pas naïves. Ne dit-on pas que les yeux sont le reflet de l'âme ? Si. Parfois, il suffit d'un regard pour que l'on sache que l'on se trouve en présence d'un être qui nous est semblable.
Alors voilà.


« Et si je mets de la lumière sur certaines de mes zones d'ombre
Et si je mets quelques mots sur mes silences les plus sombres
C'est pour mieux les comprendre et reprendre ma route
C'est pour foncer sans attendre le prochain jour de doute »


Voilà pourquoi elle s'est livrée sans crainte.

Une espèce de joie euphorique s'insinue bientôt en elle. Heureuse, oui, d'avoir pu apposer des mots sur son ressenti. Sur ce qu'Elle Est. Elles Sont.

Et lorsque des bruits de pas se font entendre sur les galets, dressant alors l'oreille instinctivement, Astana - ou Stan comme l'appelaient le Castor et sa Brebis - n'a nul doute. Qui pourrait oser s'approcher d'elles ? Pas le renard, ni son gitan de frangin… car elles les auraient entendu gueuler depuis la ville. Un seul choix était alors possible : la Colombe, Andrea. Et effectivement, lorsque les prunelles argentées de la louve dévièrent en direction de l'Inconnu(e)… ce fut Andrea qu'elles découvrirent. Jetant un regard, subitement ranimé d'une étrange flamme, à sa brebis ; la Danoise sourit de nouveau.

La fine équipe réunie.


- Les mecs, c'con.

Des rires alors. Libérateurs.
« Les mecs c'est con » ; on ne pouvait guère résumer la situation plus clairement.


- Tu m'étonnes, tiens !

Andrea, mi-colombe mi-louve désormais, sort une bouteille, qu'elle fait aisément tourner aux deux jeunes femmes. Chose à laquelle Gypsi ne semble pas résister et s'empresse d'attraper le divin breuvage en ses mains pour s'en abreuver avant d'en sortir une deuxième de son paquetage. Vrai qu'à trois, elles n'allaient pas aller bien loin avec une seule et même bouteille ! Et encore, même avec deux… Et forcément, une louve mi-danoise mi-bretonne alcoolique ne se baladant jamais sans une bouteille de Chouchen ou d'alcool de prune dans sa besace…

- Et bah y'avait qu'à demander mes jolies !

Jamais sans alcool, non non.
Sur ces mots elle dépose sa bouteille de Chouchen aux cotés de celle de sa brebis, bien au chaud au milieu des galets.


- N'empêche hein… On dit que les mecs sont cons… Mais je crois qu'on est pareilles, voire pire, en fait. Parce que Nous, et je me permets de parler au nom de nous trois… oui… bah… 'Hem. On sait pas forcément ce qu'on veut non plus. Un jour, un jour il faudra qu'on m'explique pourquoi on passe notre temps à nous plaindre qu'on nous aime pas assez. Mais dès qu'on nous Aime, avec un grand A, bah on s'barre. Parce qu'on se sent enchaînées, privées de notre Liberté. Donc si je résume la situation : on aime pas les chaînes mais on demande qu'à être apprivoisées ?

Un rire cristallin vient couper sa longue tirade alors qu'elle reprend une gorgée de la bouteille arrivée en ses mains comme par magie ; tout en les regardant, interrogatrice, amusée... aussi. Parce qu'Astana a le pouvoir de faire apparaitre de l'alcool entre ses mains frêles dès qu'elle le désire ; c'est un truc à savoir…

- Excusez-moi, je crois… et j'ai bien dis je crois… que j'suis blasée !

Et la voilà qui pouffe de rire, tout en s'allongeant sur le sable fin et glacé de la plage de Narbonne, profitant de ce moment privilégié qu'elles partageaient alors.

* Grand Corps Malade, Jour de doute

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Andrea_
[ Aimer, la meilleure préparation à la mort.* ]

Un sourire, des rires, une bouteille, deux bouteilles et trois bouteilles, le tableau est idyllique. Manque plus qu'un homme.... -Chut!- manque plus qu'un feu d'camps alors.
La Colombe regarde les filles, amusée, se demandant pourquoi elle n'a pas pris ses boites, ça r'semble à une réunion " tupe et rouare", et la belle ne s'étonnera même pas si bientôt, la discussion tourne aux frusques.

Ca n'a jamais été trop l'truc de la chiasse ça, d'se confier. D'ailleurs même quand elle va mal, elle évite d'en parler, et elle fait en sorte que ça s'voit pas. Toujours joyeuse, un humour un peu gras -pour pas dire lourd -, le rire facile - autant qu'les moqueries- c'est comme ça qu'les gens la voient. Et c'est bien d'cette façon.

Sa main se saisit d'une bouteille - c'est sûrement ce qu'on appelle les cellules mémoires-, préférant le chouchen d'ailleurs, arrachant et envoyant valser le bouchon des dents, la belle s'en rince le gosier de quelques généreuses gorgées. Le liquide ne brûle pas, d'toute façon vu la soirée à picoler au coin du feu, tout coulera comme du p'tit lait.
Elle n'est pas membre du club des PQA ** pour rien, d'ailleurs fallait observer si la Brebis y méritait sa carte d'adhésion. Mais elle v'nait d'sortir une bouteille de son sac, et rien que pour ça, elle prenait dix points d'avance. -le système de calcul des points en vue de l'attribution de la carte membre ne sera pas étalée ici pour éviter toute copie de... vous m'avez compris je fais ça à la gueule du client-.

Un léger ricanement lorsqu'Asta commence sa tirade puis le regard qui s'assombrit. Doucement sa main repose la bouteille, lentement, du bout du doigt elle caresse son annulaire gauche. Vide. L'anneau a disparu.
Redonné à son brun lorsqu'il a fait son choix. Redonné sans y réfléchir. Rendu ce qui la liait à lui, pour avancer.
Il est des choses qui ne sont que justice quand même. L'anneau n'est plus là, mais le doigt reste marqué, abîmé, comme si un anneau transparent l'enserrait toujours. Histoire de bien enfoncer le clou, histoire de chaque jour, chaque instant, vous rappeler que oui, vous avez été heureuse, oui vous avez aimé, oui vous y avez cru mais que finalement, vous vous êtes joliment rétamé. Non vraiment les choses sont bien faites. Quand vous penserez retomber amoureuse, un regard au doigt marqué, et hop, on reprend deux claques, ça nous remet dans le droit chemin. Quoiqu'y a toujours la solution d'en mettre un autre à la place mais franchement faudrait être suicidaire.

Mais elle avance, elleS avanceNT. Elles ont choisi de vivre, c'est bien le plus dur à faire sur cette fichue Terre et ça s'f'ra pas sans dégats.

Elle hoche la tête gravement aux dernières paroles d'Astana. S'en suit un regard amusé, un petit sourire en coin en passant d'une fille à l'autre.


Voilà, t'as tout compris, faut juste réussir à l'tourner pour qu'EUX l'comprennent, parce que si tu dis " m'attaches pas, apprivoises moi", à part passer pour une tabanas, j'vois pas c'que ça f'rait.

La Colombe éclate de rire avant de reprendre un rasade ou deux de la première bouteille qu'elle touche, appréciant la légèreté de l'instant. Puis s'essuie à sa manche en regardant Tana

Blasée, j'crois... qu'j'le suis aussi Du bout du menton la colombe vise Gypsi Et toi ?

Mais blasée... c'était p't'être qu'mieux que la colère.
La Colombe avait toujours dit - et pensé- que la haine -comme n'importe quel autre sentiment- était un moteur. Qu'il permettait d'avancer et évitait l'indifférence.
Mais avancer si c'est pour partir dans la mauvaise direction...
Aujourd'hui pourtant, pas de haine, pas d'indifférence, juste revoir ses prétentions à la baisse. Vivre, être amoureuse, être riche ... C'est bien.

Mais commencer par vivre c'est pas plus mal finalement...

Et la belle est là, sur la plage, avec deux femmes qu'elle connait à peine et qu'elle comprend déjà, admirant Tana qui pouffe de rire, jetant un oeil au regard si profond de Gypsi, et fouillant sa besace à la recherche d'un truc à grailler... L'air d'la mer que voulez vous.




* Citation de JANKÉLÉVITCH Vladimir
** PAQ : Pochtronnes Qui s'Assument. Club créé et copyright Andrea De La Colombière, qui compte désormais plus d'un membre.

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Gypsi
*[L'amitié est la similitude des âmes.]

Et les bouteilles tournent et les rires commencent à partir. A fuser. A se propager. A réchauffer les coeurs. Comme ils peuvent. Du mieux possible. Tandis que l'alcool se charge de réchauffer les corps. Les rires brisent le silence nocturne, et envahissent l'atmosphère. Nuit noire qui devient nuit blanche, pour le coup. La noirceur s'évapore légèrement remplacé par un brin d'humour et de joie. Fallait dire qu'elles en avaient bien besoin les belles. Fallait dire que l'alcool les y aidait surement aussi. Une bouteille qui fait des petits. L'alcool a des propriétés inconnus par certains encore. Mais, on ne refuse jamais des bouteilles de remontant. Et finalement, même si elle les connaît peu, quoi qu'un peu plus ce soir, surtout la blonde, mais... Même si elle les connaît peu, elle se sent proche de ces deux folles la gitane. Il ne tenait qu'au temps de confirmé ou infirmé cette sensation, ce sentiment. Elle verrait bien...

**On a su dès nos débuts qu’y avait quelque chose de spécial
Mes lascars m’ont convaincu que leur présence m’était cruciale
Alors on se souffle dans le dos pour se porter les uns les autres
On s’est compris sans même s’entendre chaque fois qu’on a commis de faute


Les bouteilles tournent, et tournent et tournent, et se vident, plus surement que lentement d'ailleurs. Et les deux parlent, tandis que Gypsi reste dans ces moments de mutisme. Ils sont rares. Très rare. Faudrait qu'elles s'en rendent compte les deux demoiselles, et qu'elles profitent. Qu'elles savourent ce calme apparent de la brune. Parce qu'elle sait, elle, que ça ne va pas durer. Pas durer du tout même. Mais pour le moment, elle écoute. Tirade de la louve qui se termine par son rire. Clair. Cristallin. Elle venait de faire là un beau résumé. Un résumé qui se termine sur une constatation ... qui ne surprend guère la gitane pour le coup. Blasée. Pas étonnant. Ce que le genre humain pouvait être compliqué! Pourtant...

Et puis c’est en équipe qu’on a traversé les hivers
Et les étés ensoleillés, les barres de rire et les galères
Ils m’ sont devenus indispensables comme chaque histoire a ses héros
Ils sont devenus mes frangins, mes copains , mes frérots


Réplique de Stan, à laquelle la colombe surenchérit. Trouver une autre formulation, pour pas passer pour une cinglée. Pas faux, et la gitane, finalement, se marre aussi, avec ses deux jeunes femmes. Presque des amies. Déjà. Une amie certainement. L'autre qui le devenait lentement. Les gitans sont toujours un peu méfiant. Mais malgré l'humour "gras" comme on pouvait le penser, les répliques cinglantes, et le côté déjanté d'Andrea, la brebis lui avait trouvé un côté attachant. Disons qu'elle la faisait rire. Peut être finalement que c'était son côté cinglée et son humour, plus particulier, plus cru, mais tellement vrai, qui lui plaisait. M'enfin chut. Elle était blasée aussi. Mouvement de menton. Interrogation. La gitane regarde la louve puis la colombe.

On forme un bloc où l’intégrité s’ pratique pas à moitié
Et je reste entier aussi parce qu’ils m’ont jamais diminué
Au cœur de cette cité ils m’ont bien ouvert les yeux
Pour éviter les pièges à loup des jaloux envieux de notre jeu


Bin pétard! Une louve et une colombe blasée, c'pas c'qui y'a d'mieux hein! Niveau "resplendissement" extérieur j'parle. J'vous laisse imaginer la brebis blasée! ça m'fout les bouloches tiens! J'en perds ma laine! Arrêtez vos anneries. Blasée, blasée...! Bêêêêêêêêêêêêêêêh! tiens! non mais alors! rho!

Elle pique alors une bouteille, et s'enfile une bonne gorgée. La repose, avant de secouer la tête. Elles ne peuvent pas être blasées... Pas maintenant. Non, ce n'est pas le moment. Finalement, elle en a marre de faire la gueule et de cogiter la gitane. Trop de réflexion pour ce soir. Les choses allaient changer... Enfin, elle allait essayer.

Leur présence m’est essentielle, elle aide à se tenir debout
Nos rêves se conjuguent au pluriel
Quand j’ parle de moi, moi je dis « nous »

L’amitié c’est une autoroute avec de belles destinations
Elles sont toutes bien indiquées et ça devient vite une addiction
Ça ressemble un peu à l’amour mais en moins dur j’ vais m’expliquer
C’est plus serein, moins pulsionnel donc forcément moins compliqué


Nan mais franchement, hein, c'est pas nous qui sommes compliquées, c'est les mecs qui savent pas s'adapter. C'tout. Franchement hein! nan mais voilà quoi!

*Alcuin
** Grand Corps Malade, Avec eux
Astana
[Une suite de petites volontés fait un gros résultat] *


Et voilà. Les bouteilles tournent, sa tête aussi, elle tourne. A mesure que les bouteilles se descendent, vidées avidement par les trois jeunes femmes, la jeune danoise, elle, commence à porter un autre regard sur l'immensité qui les entoure. Il semblerait même que les étoiles lui parlent, mais ça, c'est une autre histoire.

Allongée dans le sable, une main derrière la tête, l'autre fermement accrochée sur sa bouteille de Chouchen, elle lui jette un regard interrogateur. Se demandant subitement si… par quelque hasard, cette bouteille ne serait pas celle qu'il lui restait du mariage d'Errance. CE mariage, foutu mariage, malheureux mariage… et à la fois terriblement jouissif, aussi. Jouissif, carrément ? Mais oui ! Parce qu'Errance, Deos la bénisse, avait eu la magnifique idée de glisser quelques champignons, disons porteurs de bonheur, à l'intérieur. Et… et…

Astana se retient d'éclater de rire devant l'Evidence même.
Voilà donc pourquoi elle se sent drôlement bien, depuis quelques minutes.
Libérée, plus légère. Non pas que cela ne soit pas dû à l'agréable compagnie de la brebis et de la colombe, non. Car cette proximité entre elles, grandissante, bien que récente, lui faisait un bien fou. Être avec ses semblables, se comprendre sans mots. Des amies, en somme.
Mais il fallait tout de même avouer que le chouchen agrémenté des champignons aidait grandement aussi. Maintenant, la question qui se posait obligatoirement était : leur dire, ou pas ?

- Les filles…

- Bin pétard! Une louve et une colombe blasée, c'pas c'qui y'a d'mieux hein! Niveau "resplendissement" extérieur j'parle. J'vous laisse imaginer la brebis blasée! ça m'fout les bouloches tiens! J'en perds ma laine! Arrêtez vos anneries. Blasée, blasée...! Bêêêêêêêêêêêêêêêh! tiens! non mais alors! rho!

Eclatement de rire soudain, à l'entente de ce « Bêêêêêêêêêêh ! » qu'elle aime tant entendre. Vivifiant.
Tant pis. Elle leur dirait plus tard.
Parce qu'une brebis énervée, c'était déjà pas beau à voir. Mais une brebis blasée… pire encore ! Et mine de rien, cet appel, elle y répond la Louve. Tellement bien qu'elle se lève, prête à hurler que « c'est fini le temps des lamentations ! », mais hélas, n'étant plus stable, elle s'affaisse aussitôt sur le sable blanc. Ses mains se glissent entre les fins grains qui constituent cette foutue plage sur laquelle elles sont si bien, toutes les trois réunies. Elle cherche, elle cherche… mais quoi ? Même pas sûr qu'elle le sache elle-même.


- Nan mais franchement, hein, c'est pas nous qui sommes compliquées, c'est les mecs qui savent pas s'adapter. C'tout. Franchement hein! nan mais voilà quoi!

- T'as raison ! C'est EUX ! S'ils nous aimaient vraiment, ils avaient qu'à s'adapter ! Parce que… hein ! on est exceptionnelles ou pas ? Berdol !

D'un geste elle se relève alors, ahurie, rebelle, surprise aussi… de constater qu'elle tient sur ses jambes. Puiser en une force intérieure insoupçonnée, cachée jusqu'alors. Dans le même temps elle rattrape sa bouteille et en boit une lampée, puis deux, puis trois, avant de la plaquer dans les mains d'Andrea.

- Hé tiens ! Bois ça ! Tu vas voir… comme dirait mon Errance, « c'est aussi doux à la gorge que redoutable pour l'esprit » ! Et pis faut aussi en donner à Gypsi ! Vous m'en voudrez pas hein ? Non parce que j'ai chaud là… trop chaud, en fait. Faut que j'me rafraichiiiiiiiiiiisse !

Et tandis qu'elle prononce ces derniers mots tout en s'éloignant en courant vers une mer aussi calme qu'attirante, elle balance derrière elle sa chemise, sa jupe, sa chaise… même jusqu'à ses bottes - et manque de s'affaler de tout son long. Pas une minute à perdre ! Il caille hein ? C'est l'hiver, hein ? Et bien tant pis ! Elle a chaud.

Si chaud qu'elle plonge dans l'eau, totalement nue. Habituellement, l'eau était là pour qu'elle s'oublie… mais là… clairement… elle en vient presque à regretter d'avoir plongé là dedans. Et voilà une Stan, intégralement gelée, qui ressort la tête de l'eau, rabattant sa tignasse blonde en arrière, faisant de grands gestes aux filles restées sur la plage, la regardant bouche-bée.

- V'nez, elle est bonne !

Mauvaise blague, mauvaise foi ?
Naaaaaaaaaaaaaan.


* Charles Baudelaire, Mon coeur mis a nu

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Andrea_
[ L'amitié double les joies et réduit de moitié les peines.* un peu comme l'alcool ]


La nuit les enveloppe et les rires fusent.
La légèreté, enfin...
Se laisser aller, se laisser porter, ne pas mesurer ses paroles, se ficher de ce que les autres penseraient, la Colombe savoure.

D'ailleurs, la belle est totalement à l'ouest.
A peine le temps d'éclater de rire en entendant le cri de guerre de la brebis, et de lancer un



Ouai *hips* c'est EUX !


Que déjà Stan avait disparue dans un " rafraichiiiiiissssee".
Légère moue sceptique de la Colombe, et p'tit papillon dans les yeux déjà vitreux, détour vers la gitane avec un jolie sourire niais dessiné sur le visage.


J'crois *hips* qu'elle est faite *hips* ! On y va ?


Le tout dans cet état - que nous qualifierons d'ébriété avancé- c'est de se lever. Passer de la position assise à la position " debout" c'est assez comique. La Colombe a l'habitude et c'est donc en grande professionnelle qu'elle roule sur le coté, se retrouve à quat'pat', remonte le postérieur, et se redresse, d'abord sur les genoux, puis sur les pieds dont elle envoie valser les bottes.

Ensuite ? heu... z'avez d'jà vu un crabe ?
Bah pareil en fait... Sans les pinces. De travers. Faut dire que personne à penser à allumer les bougies sur la plage donc elle se fie au bruit de Stan qui s'égosille toute seule. Hoplàààà, les pieds se prennent dans les fringues de la blonde et la colombe qui.. miracle! la Colombe ne tombe pas elle se rattrape même plutôt joliment, s'inclinant à... bah a la lune tiens, puisqu'elle est là autant qu'elle serve.

La robe glisse sur ses épaules, jusqu'à ses pieds, laissant apparaître une Colombe nue - elle a pas d'culotteuh!- marquée d'une cicatrice à l'épaule.

Un regard vers Tana



bonne? Tu déconnes t'as les lèvres bleues !


Nan c'est pas vrai... 'fin c'est p't'être vrai mais la belle peut pas voir parce qu'il fait noir, premièrement elle chasse le faux pour savoir le vrai et secondement - hahin- elle gagne du temps.
Ne pas réfléchir, et ricaner bêtement - sans comprendre pourquoi- et partir en courant vers le large, jusqu'à lâcher un



p'tainnnnnn c'est g...


Bah oui c'est froid, mais elle va pas l'dire sinon la gitane viendra pas !
Et... oh mais c'est bizarre cet état qui la gagne... Et ce ricanement qui ne veut pas cesser !




Toi, Toi, mon toiiiiiiit, toi toi mon tout mon roiiiiiiii
Prends un petit poisson
Glisse-le entre mes jambes
Il n'y a pas de raison
Pour se tirer la langue
Toi toi mon toiiiiiiiiiiiit, toi toi mon tout mon roiiiiiiiii**

Tintint TIN TINNNNNNN



Bin croyez le ou pas, même gelée, même à poils, même dans l'eau, même la nuit, même avec des filles, même... Bin même comme ça elle se dandinne !




*Citation de Francis Bacon
** toi mon toit elie Medeiros

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Astana
[La Joie partagée grandit] *


Elle se dandine, elle bouge. La louve plonge sous l'eau, remonte à la surface, fait quelques brasses et s'attèle à faire de grands signes aux filles, pour leur montrer que « tout va bien ». Tiens tiens… comme un air de déjà vu, ça….
Bouger, bouger. Pour ne pas avoir froid. Pour ne pas se transformer en foutu stalactite. Parce qu'il faut dire ce qui est : l'eau est glacée. Si glaciale, même, que la morsure infligée à ses os lui fait l'effet d'être agressée par un million de petites aiguilles venant se planter en sa peau diaphane.

Mais elle continue à remuer du popotin en voyant Andrea la suivre, titubante, manquant de s'étaler non loin. Cette vision lui arrache un fou rire, incontrôlable… si bien qu'elle se rapproche du bord de peur de sombrer en cette eau sombre, qui pourrait dissimuler bien des trésors, dangers et compagnie. Et manque de pot - ou heureusement ? - elles n'ont pas de garde du corps. Aucun homme à l'horizon ! Pas de renard, de gitan, ou encore de castor…

Et puis de toute façon : elles n'en ont pas besoin !


- Y'a pas d'hommes et c'est tant mieux ! On est liiiiiiibres !

Associant le geste à la parole, presque ailleurs, elle se jette en arrière, les bras écartés, certaine d'atterrir sur un nuage ou une quelconque chose agréable. Dans une profonde Allégresse. Mais SPLASH ! Sur le dos. Astana revient à elle si brutalement qu'elle ressort le buste de l'eau, le souffle court, croisant ses bras sur sa poitrine, les mains agrippées sur ses épaules et regarde Andrea, clairement amusée.

Prise au piège désormais, elle aussi. Et de une !


- Chhhht, dis pas qu'c'est glacé ou Gypsi viendra pas !


- Elle est bonne, hein ?!


Coup de coude furtif à Andrea, avant de hocher la tête vivement.


- Allez Gyps' ! Vieeeens !


L'état de la Colombe, passablement éméchée aussi, est contagieux. Bientôt, la Louve est prise du même ricanement qu'elle. Ricanement qui résiste envers et contre tout. Qui est significatif, révélateur… de l'euphorie qui les unit. Elles ricanent, rient et se dandinent comme des gamines - ô combien splendides gamines, il faut le souligner. Parce qu'elles se libèrent, peu à peu, des chaînes qui les retenaient ; parce que beaucoup plus fortes ensembles qu'isolées ; parce que Tout.

Et alors qu'Andrea chante haut et fort les paroles d'une chanson qu'elles ne connait pas, voyant Gypsi qui les rejoint, elle se surprend à chanter elle aussi :


Ne me regarde paaaaas
Comme ça tout de travers
Qui fait le premier pas
Pour s'aimer à l'enveeeeeeeeeers

Toi toi mon toiiiiiiiiiiiit !


Bras levés vers le ciel, corps qui se meut avec grace malgré l'eau, regards qui s'accrochent et qui se lisent de la même euphorie qui les gagne...
Ouais… dans quelques années, nul doute que Leur chanson serait connue partout…


* Massa Makan Diabaté
** Toi toi mon toit, Elie Medeiros

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Bibosor
[Piège en eau trouble]

Ca faisait un bon moment qu'il les épiait.

Les intrigantes avaient le verbe haut et le lever de coude bien maitrisé. Elles se la mettaient sévère les louves.
De si loin, ils n'entendaient que des sons inaudibles et in-interprétables. Les visages étaient tantôt sombres, tantôt lumineux. Encore une discussion de femmes se dit-il.

Elles se mirent alors à chanter et à... à ?

Il ouvrit grand les yeux pour ne pas en perdre une miette.

Elle se déshabillait, complètement. Joie et bonheur envahirent ses rétines. L'obscurité de la nuit perturbait néanmoins sa vision. Les formes étaient révélées sans pour autant être parfaitement définies mais, que la sainte boulasse en soit témoin, quel spectacle !

Un peu renard sur les bords, une idée lui vint. Comme ça. Ping.

Il s'éloigna encore du groupe pour ne pas se faire repérer et enleva lui aussi ses affaires. Enfin "son" affaire, il ne portait encore qu'une ridicule tunique. Tant mieux, il ne faisait guère de différence entre à poil et habillé. Pas de choc thermique en vue. Il se glissa dans l'eau (froide) et sans un bruit, se dirigea vers le groupe encore assez éloigné en faisant quelques brasses coulées. Il ne sortait de l'eau que le haut du visage afin de respirer. Arrivé pas trop loin, il prendrait une grande respiration pour ne ressortir qu'au milieu du groupe. Mais il n'en était pas là, il avançait doucement se rapprochant chaque seconde un peu plus des sirènes qui s'ébattaient.
Andrea_
[ Tel est pris qui .... bin non tel est pris ]




Mais oui Gyps', TROP BONNEUUUH !

P'tain elle est g'lée, on s'ra jamais trop d'trois pour la réchauffer c'te mer



Pas d'panique, elle n'a pas encore fait pipi ! Rhoo comment vous la voyez ! Ah... Ah ?! on me souffle dans l'esgourde que ça y est, c'est fait, mais un p'tit pipi d'Colombe dans une mer si grande hein... ça va tuer personne sauf peut ètre le petit poisson qui lui passe entre....


AAAAAAAAHHHHHhh


De loin, - de près aussi d'ailleurs- on pourrait croire qu'elle chante - faut dire que la barrière est mince pour l'oiselle, entre gueuler et chanter, peu arrivent à faire la différence. Les bras en l'air en train de se mouvoir dans l'eau glaciale, poitrine balottante et oeil vitreux, la Colombe plonge soudain sous l'eau pour choper ce qui lui caresse l'entre-cuisse et ressort, victorieuse, brandissant un... Oui bon c'n'est qu'une algue, mais ça aurait pû être un animal heu dangereux, le truc qui tue au simple contact, comme heu.. une crevette !
Les crevettes tueuses de Narbonne vous connaissez pas ? bah... faut s'culturiser un peu ! Mais du coup faut r'trouver d'l'aplomb là..



MES SOLOS sous les draps ahahaha ahah
A DEUUUUUUx nos corps à l'envers à l'endroitttt *
Allez Gyps' A POIL, A POIL A POILLLLLLLLLLL, y a pas d'mec, profites ! Personne pour r'luquer nos poumons !LIBERTAAAAAAAD !



La belle en vient quand même à s'demander, c'que contenait cette bouteille, parce que du Chouchen elle a déja bu - et à outrance- mais JAMAIS ô grand jamais il lui avait tapé comme ça... En fait, ça lui fait l'même effet qu'quand elle avait fumé du coussin, ou pire! les champipis avec c'lui de Lectoure... Mais lui d'mandez pas d'réfléchir.. Elle danse, elle gueule et c'est d'jà pas mal hein... Berdol, on la perd !


* Mozart Opéra Rock

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Astana
[Même pas vrai qu'on a eu peur !]


Elle s'en fout.
Elle est à poil, dans une mer glacée, avec des trucs louches qui risquent de venir les attaquer ? elle s'en fout.
Le chouchen a cette particularité là… de faire en sorte que rien ne compte, qu'on envisage pas le moment futur… simplement le Présent. Là. Maintenant. Tout de suite.

Les reflets de la lune viennent caresser sa nudité, confondue avec l'eau. En y regardant de plus près l'on distingue toutes ses cicatrices. Mises à part celles de sa cuisse et le S&F gravés sur sa nuque, qui sont étrangement moins visibles… celle qui saute au yeux parcourt sa nuque, frôle sa colonne vertébrale, pour terminer sa course au milieu de son dos. Et puis, bien entendu, comment ne pas remarquer ? Cette entaille qui longe son sein droit et qui vient se loger près de son nombril…

Mais tout à coup… Malheur ! Enfer ! Au s'couuuuuuuuuuuurs !


Tin tin tin tin !


- AAAAAAAAHHHHHhh


Et presque en même temps :


- AAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHH


Parce que oui, les femmes ont ce point en commun de crier en même temps. Il suffit que l'une d'elles crie pour que les autres joignent leur voix à la première.

Même pour une… crevette.
Si si, les crevettes de Narbonne sont hautement surprenantes ! C'est vicieux, ces machins-là. Faut pas croire.

Elle éclate de rire alors. Amusée par cette frayeur pour un Petit Rien du Tout. Avant de reluquer Gypsi qui commence à se déloger de ses vêtements, elle aussi, mais qui semblait s'être figée sous le coup de leurs hurlements. Avait-elle hurlé elle aussi ? Fort probable.

- Allez ! T'arrêtes pas en si bon chemin ! C'était qu'une foutue crevette ! LIBERTAAAAAAD ! Pour une fois qu'on peut s'reluquer entre filles tranquillement ! Ouaaaaaaaaaaaaaaaais !

Bah quoi ? Oui oui, elle assume parfaitement, la blondeur… de reluquer ses congénères.

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