Gypsi
[Languedoc, 20 Janvier 1460]
Promenade au bord de l'eau, un soir morose de Janvier. Morose? Comme un manque dans le coeur de la brune. Comme une petite tristesse au fond du coeur. Comme un léger énervement aussi, chatouilleux dans la gorge.
Elle longea la plage, où ses pas l'avait guidé, pendant que ses pensées avaient défilé.
Elle marchait, la gitane sur les galets piquants de la plage, chausse à la main, vièle sous le bras, besace à l'épaule. Elle marchait, laissait le froid l'imprégner, par les pieds, par les oreilles. Elle marchait en fixant l'horizon, droit devant, sans vraiment l'apercevoir, perdue dans ses pensées. Elle marchait au bord de l'eau, flirtant avec les vagues, qui venait tenté vainement de lui lécher les pieds. Elle marchait. Et elle revoyait sa vie. L'heure du bilan avait peut être sonner.
Elle finit, après avoir parcouru une distance assez longue par s'asseoir, légèrement plus haut, face à l'étendue noirâtre que formait alors la mer. Regard fixé sur le mince remous des vagues qu'elle percevait, malgré la noirceur environnante, elle se laissa un instant bercer par le clapottis de l'eau, et le ressac des vagues. Elle contempla la mer, l'eau, première partie des pires moments de son histoire, avant de s'allonger sur les galets glacés, laissant tomber sa vièle, sa besace et ses chausses sur le sol, un peu plus loin. Cape ouverte, seulement mince rempart contre le froid du sol et la peau de son dos, elle contemplait le ciel étoilé, dans lequel passait quelques nuages sombres, eux aussi, de temps à autre, cachant la douce et apaisante clarté de la lune.
Elle ferma un instant les yeux, repensant à son histoire, sautant délibéremment le début, ne reprenant sa vie qu'au moment de sa retrouvaille avec Meval... Un voyage... accompagné. Pour une fois. Amusant. Follement amusant. Que de bons souvenirs! Et le comptage de nids de poule, en pleine nuit, alors que toute la troupe dormait derrière, ou du moins essayait de dormir, s'ils n'étaient pas trop bousculé dans leur sommeil. Elle revit son arrêt à Guéret. Son Albert... La rencontre avec sa garce, les fou rires sur Gargamel. La rencontre aussi avec une reyne et un berger hors du commun. Les insultes. La réputation merveilleuse qu'elle s'était alors faites. Une esquisse de sourire, mi amer mi amusé flotta brièvement sur ses lèvres et elle ouvrit les yeux, pour revoir la suite de ce voyage... Avec un berger et une reyne. D'autres rencontres qui succédèrent... Dont un libraire au charme certain... Une étoile qui brillait dans le ciel maintenant. La poursuite, l'arrivée à Uzès... quitter le duo de choc.
Et retrouver celui qui lui avait tant manqué pendant toutes ces années. Le seul homme qu'elle aimerait à jamais. L'homme de sa vie. Son frère. Son jumeau. Son amour. Sa moitié et son tout. Lui... Et puis, son fils, maintenant. Enzolt. Elle qui n'aimait pas les enfants. Enfin pas tant. Il l'avait fait craqué ce petit bonhomme, avec son minois de petit coquin adorable. Elle soupira. Trop sensible. Ils lui manquaient les deux amours de sa vie... Tata complétement gaga... Et soeur à l'haleine de chameau. En manque de son chiant de frère et de son insupportable neveu! Et puis, les retrouvailles avec Lais, la rencontre d'un roux. Un voyage. Se quitter, se retrouver, s'aimer un soir, puis se quitter à nouveau, jusqu'aux retrouvailles suivantes. Et la rencontre d'un blond. Chiant, insupportable, trop franc, trop... dragueur, trop tout, mais qu'elle appréciait tant. Un départ à Marseille... Un nain... Une fuite. Un aveuglement. Qui lui permet de rencontrer finalement, peut être l'homme avec qui elle aurait pu être heureuse... Si...
Sa sulfureuse lui revint en mémoire. La pestouille d'Anghell qu'elle adore malgré tout aussi. Et le conflit. L'énervement, le doute. La distance. Les retrouvailles. Qui créent un lien bien plus fort avec son berger. Lui semble-t-il. Il est là, ce castor, pour la soutenir quand tous la tiraille de toutes parts, sans que personne ne se rendent compte vraiment de ce qu'elle vit. Il est là, et sa présence seule lui fait du bien, à la gitane. Une amitié plus que sincère, une complicité incroyable. Et la fuite de la Reyne. Qui fait prendre conscience à la brebis qu'elle n'est pas la seule à souffrir... Accompagné son ami rejoindre sa tendre, ne pas l'abandonner en ce moment, même si elle n'a rien à faire là, lui dira-t-on. Un jour, et reprendre la route en sens contraire. Le rejoindre. D'abord pour l'aimer peut être, envers et contre tout. Malgré l'amour qu'elle porte au duo de choc. Et puis, retrouvailles... décevantes. Elle prend une décision. Sa décision. Influencée? Peut être. Regrettée? Surement. Du moins au début. Elle n'est plus à une souffrance prêt la brebis. Pis vivre pour elle, elle ne sait pas.
Une rencontre d'un homme encapuchonné. Qui lui fait prendre conscience de nombreuses choses. Et, même s'il dit ne pas être un acteur, même s'il dit n'être qu'une ombre, n'être rien, il aura fait beaucoup pour elle. Lui permettre peut être de tourner la page. Continuer à avancer. Chose que la rencontre d'une louve lui permit...
Elle se rasseya, oubliant les frissons qui lui parcourait le corps, fixant à nouveau la mer, dans son immensité, dans sa richesse, dans sa simplicité. Prendre du recul, et se laisser apaiser en admirant un lac, une étendue d'eau. Elle lui avait dit. Elle le faisait. Mais toujours en pensant à elle. Malgré la noirceur environnante, elle retrouva sa besace, sortit un vieux morceau de parchemin, un peu froissé, ainsi que sa plume, tira sa dague de sa ceinture. Elle posa le parchemin sur sa cuisse, l'applatissant un peu, puis, utilisant sa dague, elle serra sa lame dans sa main, avant de tremper sa plume, comme à son habitude, dans son sang et d'écrire. Une missive. Lui écrire. A elle...
SulfurA,
Mes mots ont sans doute mis longtemps avant de te revenir. Mais, tu l'avais dit toi même, même la distance ne suffira pas à nous séparer. Même la distance, même les moments de crise. Du moins je l'espère...
Mes mots ont mis longtemps avant de te revenir, et pourtant, ils te reviennent ce soir. A toi, l'amie qui m'a toujours conseillé. A toi l'amie qui a toujours été présente pour moi. A toi, la soeur que je n'ai jamais eu...
Mes mots te reviennent, et mes larmes ne coulent plus. Puits asséchés, ou raison retrouvée, je l'ignore encore. Même si, au vue de mon voyage, au vue de mon sourire qui revient, au vue de mon entourage, je pencherais pour le côté de la raison retrouvée. Du moins de mon sang-"froid". Si tant est qu'il l'est un jour été.
Mes mots te reviennent et te racontent certains des derniers événements. Tu le sais, j'écrivais toujours à Thomus. Lui qui m'a soutenu, sans me juger... Comment ne pas lui écrire? Mes mots ne t'étaient plus destinés pendant quelques temps. Mais je ne doute pas que Thomus te faisait part de mes missives, et il a bien eu raison de le faire. S'il l'a fait. Mes missives ne t'étaient plus destinés. Tu me l'avais recommandé toi-même, j'avais besoin de prendre du recul. De faire le point, de faire le tri.
Je ne sais si c'est chose réussie, mais je me sens plus légère en tout cas aujourd'hui. Plus de ton ex dans ma vie. Plus de raison de crise dans mon coeur. Même si un léger déchirement l'a tiraillé pourtant. Je ne veux pas oublier cette histoire. Je veux m'en souvenir, retenir, mais tourner la page et continuer à avancer. Avec toujours toi à mes côtés si tu l'acceptes. Je ne saurais t'en vouloir, mais tu le sais déjà cela, non? J'espère que tu pourras pardonner mon comportement, toi aussi...
Le vent m'éloigne de toi, et de Thomus, à nouveau. A moins que vous ne vouliez me rejoindre. Que dis-je, nous rejoindre. Car maintenant, je ne suis plus seule. Et quelle troupe! Je suis sure que tu les apprécierais, te connaissant, les connaissant... Enfin voilà. Là n'est pas la question je crois. Le vent m'éloigne de toi, ma Reyne, mais mes pigeons sauront toujours te trouver. Les tiens me retrouver... je l'espère. Mais trop d'espoir risque de tuer l'espoir. Alors je m'arrête ici, ma sulfureuse. Je laisse ton coeur, ta rancoeur, et ta plume décidée du reste.
Prends soin de toi, et veille sur le berger.
Avec toute mon affection, et mon amitié à vous deux.
LA Brebis.
Elle enroula la missive, de sa main non coupée, en un mince tube, la rangea dans sa besace, afin de la mener vers un pigeonnier le lendemain matin. Elle n'écrirait pas au berger cette fois-ci. Elle n'écrirait plus. Ni à l'un ni à l'autre, sauf pour répondre à leurs missives, s'ils lui en écrivaient. Redevenir le mirage qu'elle décrivait à son ami encapuchanné. Enfin, plutôt rester ce mirage, ou ce nuage... Elle ferma sa besace, tira sa vièle, et commençant à jouer sa mélodie habituelle, se mit à fredonner dessus, histoire de s'apaiser davantages.. A l'aube de cette nouvelle année, la gitane changeait. Brebis voulait avoir du chien, du mordant. Brebis se mettait à grogner en parallèle des bêlements. Mais brebis restait aussi un peu rêveuse, s'égarant dans des moments de contemplation, et de rêverie, caractéristiques de sa personnalité. Des moments solitaires, la plupart du temps.
Passée la nuit au bord de la mer. La belle étoile. Elle n'aimait pas les auberges. Elle n'aimait pas tant que cela les roulottes. Ce qu'elle aimait, elle, c'était le souffle du vent dans ses cheveux, l'embrun salé sur son visage, et la fraîcheur glacée des nuits hivernales sur sa peau tânée...
Promenade au bord de l'eau, un soir morose de Janvier. Morose? Comme un manque dans le coeur de la brune. Comme une petite tristesse au fond du coeur. Comme un léger énervement aussi, chatouilleux dans la gorge.
Elle longea la plage, où ses pas l'avait guidé, pendant que ses pensées avaient défilé.
Elle marchait, la gitane sur les galets piquants de la plage, chausse à la main, vièle sous le bras, besace à l'épaule. Elle marchait, laissait le froid l'imprégner, par les pieds, par les oreilles. Elle marchait en fixant l'horizon, droit devant, sans vraiment l'apercevoir, perdue dans ses pensées. Elle marchait au bord de l'eau, flirtant avec les vagues, qui venait tenté vainement de lui lécher les pieds. Elle marchait. Et elle revoyait sa vie. L'heure du bilan avait peut être sonner.
Elle finit, après avoir parcouru une distance assez longue par s'asseoir, légèrement plus haut, face à l'étendue noirâtre que formait alors la mer. Regard fixé sur le mince remous des vagues qu'elle percevait, malgré la noirceur environnante, elle se laissa un instant bercer par le clapottis de l'eau, et le ressac des vagues. Elle contempla la mer, l'eau, première partie des pires moments de son histoire, avant de s'allonger sur les galets glacés, laissant tomber sa vièle, sa besace et ses chausses sur le sol, un peu plus loin. Cape ouverte, seulement mince rempart contre le froid du sol et la peau de son dos, elle contemplait le ciel étoilé, dans lequel passait quelques nuages sombres, eux aussi, de temps à autre, cachant la douce et apaisante clarté de la lune.
Elle ferma un instant les yeux, repensant à son histoire, sautant délibéremment le début, ne reprenant sa vie qu'au moment de sa retrouvaille avec Meval... Un voyage... accompagné. Pour une fois. Amusant. Follement amusant. Que de bons souvenirs! Et le comptage de nids de poule, en pleine nuit, alors que toute la troupe dormait derrière, ou du moins essayait de dormir, s'ils n'étaient pas trop bousculé dans leur sommeil. Elle revit son arrêt à Guéret. Son Albert... La rencontre avec sa garce, les fou rires sur Gargamel. La rencontre aussi avec une reyne et un berger hors du commun. Les insultes. La réputation merveilleuse qu'elle s'était alors faites. Une esquisse de sourire, mi amer mi amusé flotta brièvement sur ses lèvres et elle ouvrit les yeux, pour revoir la suite de ce voyage... Avec un berger et une reyne. D'autres rencontres qui succédèrent... Dont un libraire au charme certain... Une étoile qui brillait dans le ciel maintenant. La poursuite, l'arrivée à Uzès... quitter le duo de choc.
Et retrouver celui qui lui avait tant manqué pendant toutes ces années. Le seul homme qu'elle aimerait à jamais. L'homme de sa vie. Son frère. Son jumeau. Son amour. Sa moitié et son tout. Lui... Et puis, son fils, maintenant. Enzolt. Elle qui n'aimait pas les enfants. Enfin pas tant. Il l'avait fait craqué ce petit bonhomme, avec son minois de petit coquin adorable. Elle soupira. Trop sensible. Ils lui manquaient les deux amours de sa vie... Tata complétement gaga... Et soeur à l'haleine de chameau. En manque de son chiant de frère et de son insupportable neveu! Et puis, les retrouvailles avec Lais, la rencontre d'un roux. Un voyage. Se quitter, se retrouver, s'aimer un soir, puis se quitter à nouveau, jusqu'aux retrouvailles suivantes. Et la rencontre d'un blond. Chiant, insupportable, trop franc, trop... dragueur, trop tout, mais qu'elle appréciait tant. Un départ à Marseille... Un nain... Une fuite. Un aveuglement. Qui lui permet de rencontrer finalement, peut être l'homme avec qui elle aurait pu être heureuse... Si...
Sa sulfureuse lui revint en mémoire. La pestouille d'Anghell qu'elle adore malgré tout aussi. Et le conflit. L'énervement, le doute. La distance. Les retrouvailles. Qui créent un lien bien plus fort avec son berger. Lui semble-t-il. Il est là, ce castor, pour la soutenir quand tous la tiraille de toutes parts, sans que personne ne se rendent compte vraiment de ce qu'elle vit. Il est là, et sa présence seule lui fait du bien, à la gitane. Une amitié plus que sincère, une complicité incroyable. Et la fuite de la Reyne. Qui fait prendre conscience à la brebis qu'elle n'est pas la seule à souffrir... Accompagné son ami rejoindre sa tendre, ne pas l'abandonner en ce moment, même si elle n'a rien à faire là, lui dira-t-on. Un jour, et reprendre la route en sens contraire. Le rejoindre. D'abord pour l'aimer peut être, envers et contre tout. Malgré l'amour qu'elle porte au duo de choc. Et puis, retrouvailles... décevantes. Elle prend une décision. Sa décision. Influencée? Peut être. Regrettée? Surement. Du moins au début. Elle n'est plus à une souffrance prêt la brebis. Pis vivre pour elle, elle ne sait pas.
Une rencontre d'un homme encapuchonné. Qui lui fait prendre conscience de nombreuses choses. Et, même s'il dit ne pas être un acteur, même s'il dit n'être qu'une ombre, n'être rien, il aura fait beaucoup pour elle. Lui permettre peut être de tourner la page. Continuer à avancer. Chose que la rencontre d'une louve lui permit...
Elle se rasseya, oubliant les frissons qui lui parcourait le corps, fixant à nouveau la mer, dans son immensité, dans sa richesse, dans sa simplicité. Prendre du recul, et se laisser apaiser en admirant un lac, une étendue d'eau. Elle lui avait dit. Elle le faisait. Mais toujours en pensant à elle. Malgré la noirceur environnante, elle retrouva sa besace, sortit un vieux morceau de parchemin, un peu froissé, ainsi que sa plume, tira sa dague de sa ceinture. Elle posa le parchemin sur sa cuisse, l'applatissant un peu, puis, utilisant sa dague, elle serra sa lame dans sa main, avant de tremper sa plume, comme à son habitude, dans son sang et d'écrire. Une missive. Lui écrire. A elle...
SulfurA,
Mes mots ont sans doute mis longtemps avant de te revenir. Mais, tu l'avais dit toi même, même la distance ne suffira pas à nous séparer. Même la distance, même les moments de crise. Du moins je l'espère...
Mes mots ont mis longtemps avant de te revenir, et pourtant, ils te reviennent ce soir. A toi, l'amie qui m'a toujours conseillé. A toi l'amie qui a toujours été présente pour moi. A toi, la soeur que je n'ai jamais eu...
Mes mots te reviennent, et mes larmes ne coulent plus. Puits asséchés, ou raison retrouvée, je l'ignore encore. Même si, au vue de mon voyage, au vue de mon sourire qui revient, au vue de mon entourage, je pencherais pour le côté de la raison retrouvée. Du moins de mon sang-"froid". Si tant est qu'il l'est un jour été.
Mes mots te reviennent et te racontent certains des derniers événements. Tu le sais, j'écrivais toujours à Thomus. Lui qui m'a soutenu, sans me juger... Comment ne pas lui écrire? Mes mots ne t'étaient plus destinés pendant quelques temps. Mais je ne doute pas que Thomus te faisait part de mes missives, et il a bien eu raison de le faire. S'il l'a fait. Mes missives ne t'étaient plus destinés. Tu me l'avais recommandé toi-même, j'avais besoin de prendre du recul. De faire le point, de faire le tri.
Je ne sais si c'est chose réussie, mais je me sens plus légère en tout cas aujourd'hui. Plus de ton ex dans ma vie. Plus de raison de crise dans mon coeur. Même si un léger déchirement l'a tiraillé pourtant. Je ne veux pas oublier cette histoire. Je veux m'en souvenir, retenir, mais tourner la page et continuer à avancer. Avec toujours toi à mes côtés si tu l'acceptes. Je ne saurais t'en vouloir, mais tu le sais déjà cela, non? J'espère que tu pourras pardonner mon comportement, toi aussi...
Le vent m'éloigne de toi, et de Thomus, à nouveau. A moins que vous ne vouliez me rejoindre. Que dis-je, nous rejoindre. Car maintenant, je ne suis plus seule. Et quelle troupe! Je suis sure que tu les apprécierais, te connaissant, les connaissant... Enfin voilà. Là n'est pas la question je crois. Le vent m'éloigne de toi, ma Reyne, mais mes pigeons sauront toujours te trouver. Les tiens me retrouver... je l'espère. Mais trop d'espoir risque de tuer l'espoir. Alors je m'arrête ici, ma sulfureuse. Je laisse ton coeur, ta rancoeur, et ta plume décidée du reste.
Prends soin de toi, et veille sur le berger.
Avec toute mon affection, et mon amitié à vous deux.
LA Brebis.
Elle enroula la missive, de sa main non coupée, en un mince tube, la rangea dans sa besace, afin de la mener vers un pigeonnier le lendemain matin. Elle n'écrirait pas au berger cette fois-ci. Elle n'écrirait plus. Ni à l'un ni à l'autre, sauf pour répondre à leurs missives, s'ils lui en écrivaient. Redevenir le mirage qu'elle décrivait à son ami encapuchanné. Enfin, plutôt rester ce mirage, ou ce nuage... Elle ferma sa besace, tira sa vièle, et commençant à jouer sa mélodie habituelle, se mit à fredonner dessus, histoire de s'apaiser davantages.. A l'aube de cette nouvelle année, la gitane changeait. Brebis voulait avoir du chien, du mordant. Brebis se mettait à grogner en parallèle des bêlements. Mais brebis restait aussi un peu rêveuse, s'égarant dans des moments de contemplation, et de rêverie, caractéristiques de sa personnalité. Des moments solitaires, la plupart du temps.
Passée la nuit au bord de la mer. La belle étoile. Elle n'aimait pas les auberges. Elle n'aimait pas tant que cela les roulottes. Ce qu'elle aimait, elle, c'était le souffle du vent dans ses cheveux, l'embrun salé sur son visage, et la fraîcheur glacée des nuits hivernales sur sa peau tânée...