Twa_corby
Le temps du matin avait l'odeur des fruits acides.
Un goût acre dans la bouche qui rendait sa langue pâteuse, comme le reste d'un soir trop arrosé ou d'une mâchoire qui est resté trop longtemps serrée.
Il marchait sur les sentiers, évitant la route pour ne pas croiser de voyageurs.
Un besoin de solitude et de réflexion, et une réponse à trouver de ce que ce monde lui demandait.
Le bruit doux de ses pas qui cassaient les brindilles et soufflaient sur les nombreuses feuilles étaient une mélodie rassurante.
L'odeur changeait doucement, odeur des bois humides, des champignons... La nature s'amusait à le distraire.
Réfléchir... Marcher sans un bruit, sans un mot, pour se souvenir.
"Il n'y a que ce vent léger qui joue avec les branchages."
Des oiseaux surpris senvolaient dans des bruissements d'ailes, brisant d'un instant le silence et sa réflexion.
De tant à autres, il entendait quelques voix qui provenaient de la route principale.
Elle se trouvait à main courante et le renard pouvait à sa guise observer les rares passages.
Seuls, quelques buissons épais le rendait invisible, ajoutant à sa grâce de renard tout l'élégance de la discrétion.
Des marchands sur une carriole grinçante, une troupe de milicien riant grassement ou un seul voyageur... Isolé, comme lui.
Le bruit des pas de ce dernier accompagnait un bâton qui frappait le sol d'une cadence régulière. C'était là la seule conversation entre le bois et l'homme.
Puis le sentier le dirigea vers une clairière. Des pierres posées maladroitement semblaient désigner une propriété privée. Un champ assez grand et parsemés de pommiers maladroitement rangés.
Comme si la culture appartenait au vent et au hasard.
Il vit au loin quelques fermes et se rassura d'être bientôt arrivé... Arriver, où?
Il ne savait plus trop en fait. Avranches?
Oui... C'était vers Avranches qu'il se dirigeait.
Des craintes encore présentes sur les activités des voisins Bretons et ce besoin de protéger son pays, absolument.
Laissant ainsi lindifférence de ceux qui préféraient les cérémonies, laissant les tactiques étonnantes des armées qui étaient plus éloignées que rapprochées, laissant maintenant, ses mots de colères ou bien d'appel à l'ignorance.
Il n'avait plus envie de s'investir alors que rien ne venait à son encontre...
La motivation est celle des hommes qui veulent construire un projet, sauf quand les écoutes se font sourdes et aveuglées par l'orgueil des affaires personnelles et... De l'apparat.
Assis sur une pierre, il s'adossa contre un arbre et croisa les mains sur ses genoux.
Le frisson qui passa à ce moment le mis en garde sur la traitrise du temps.
Serait-il en train d'attraper un quelconque mal?
Beaucoup qu'il avait croisé ces derniers temps toussaient affreusement, et l'hiver encourageait la maladie.
Il ferma les yeux un instant... La tête lui tournait.
Il se remémora ces derniers écrits... Inspiration de ces derniers moments.
Puis il sortit ce bout de papier chiffonné. L'encre n'avait pas tout à fait séchée...
- Si tout ce qui pousse commence à s'estomper, commence à faiblir, alors laissez-moi partir.
Laissez-moi ce vent, laissez-moi ce vide, ne vous souciez plus de moi...
Que ces renards qui courent aux travers des champs, au travers du calme, au travers du vent, vous apportent le bonheur de mes sourires dantan...
Lorsque létoile était proche de moi, issue de cette terre, épouse de la mer, au fil de nos années, si riches à mes souvenirs, à nos sourires... Je vivais.
Et quand les actes de cet homme quon appelle renard, parce quil a brisé le sol sous ses pieds, efface pour le temps, son regard et efface lespoir...
Laissez-moi dans ce vent, laissez-moi dans ce temps, ne vous souciez plus de moi...
Immense est le bruit de tout ce qui vit, car de tout ce que l'homme peut tenir, jai tenu bien plus que cela. Jai tenu ma vie, mon rêve
Lorsque létoile sen va et se déplace loin de moi, loin de tout ça, je pleure ma honte et ses blessures. Je pleure vraiment, son amitié..
Si tout ce qui pousse commence à s'estomper, commence à faiblir, la vie ne compte plus.
Oh!, laissez-moi dans mon vent, laissez-moi à l'intérieur de l'ombre, ne vous souciez plus de moi...
Infini est la lumière de lhomme et de tout ce quil peut tenir. Je navais quun phare, quune lune, quune muse.
Je nai peur que dune chose maintenant
Ce nest pas de mourir Cest de la perdre Je ne veux pas la perdre. Mon dieu, pardonnez-moi. Aidez-moi.
Le vent se levait...
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