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[RP] Oeil pour Oeil , Dentier pour Dentier...!

Johanara
Alors qu’elle mirait sa liste d’invités tout en mordillant sa plume d’oie, énonçant parfois à voix haute un nom douteux pour avoir l’avis éclairé d’une Linon brodant près de la fenêtre et confortablement installée dans une chaise à bascule , la jeune fille souleva un problème épineux.

Sancte , vous pensez qu’il viendra?

Moue dubitative de la part de la brunette à laquelle répondit la Baronne par un haussement d’épaules.

Certes il y a eu ce malheureux incident…

Pour ceux qui n’auraient point eu vent de cette affaire -c’est très mal! On devrait toujours se tenir au courant des aventures de la grande rousse! Non mais! - lors de la consécration de la Chapelle Saint Louis à Lignières -cette même Chapelle qui ce vendredi sera le lieu du mariage de nos deux rouquins fous d’amour l’un pour l’autre , mais treve de digression!- la mère Eulalie avait eu l’outrecuidance de jeter au visage d’un Sancte passablement énervé une cruche de vin en guise de réprésailles à ses manières jugées trop frustres par la vieille domestique grincheuse. S’en était suivi lacrimable scène, dont tous les protagonistes s’étaient retirés fâchés. Linon avait mordu le fier soldat Guyennais au nez , celui-ci avait répliqué vertement , Johanara avait été profondément blessée dans son orgueil de maîtresse de maison s’évertuant à donner belles réceptions et pour finir on s’était brouillé pour un cruchon de vin et une servante trop zélée!

Pourtant , la jeune damoiselle d’Ambroise avait souvenance d’une rencontre fort sympathique dans un bouge de Cahors et d’une discussion animée et des plus plaisantes entre la dame aux lys , Sancte au fratrouillage franc et de ce brave Montalban.

Quand à sa compagne , elle lui avait laissé une vive impression, autant pour l’amour incommensurable qu’elle semblait porter à son soudard , que par sa chevelure de feu et son caractère emporté qui n’était pas sans lui rappeler sa propre personne.


J’envoie une invitation , il serait agréable de les revoir. L’eau a coulé sous les ponts après tout et puis il est porte-parole maintenant , plus n’importe quel houlier de Guyenne! Il aura appris à se tenir!

Choisissant ses mots avec soin , relisant le billet à son amie afin de ne point commettre d’impair , elle scella la missive et la fit porter à Iohannes.


Citation:
Salutations!

J’espère que cette missive vous trouvera bien portant , vous et votre famille en ces temps troublés pour votre Duché.

Nous n’avons guère eu l’occasion de nous revoir depuis votre trop courte visite à Lignières bien que Linon et moi ayons séjournés depuis à maintes reprises en Guyenne.

Par la présente je tenais à vous féliciter pour votre poste au conseil ducal et à vous inviter à mes noces , votre charmante épouse et vous , le vingt-quatrième jour du mois d’avril en la Chapelle Saint Louis de mon domaine.

Soyez assurés que votre présence nous réjouira toutes deux.

Amicalement





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Unie par le plus fort des liens à Valezy, son grand amour adamantin...
Sancte
Installé dans la cabine de l'Equator qui lui servait de bureau officiel lors de ses déplacements, le fier porte-parole au talent d'orateur certain mais infiniment décrié se balançait sur sa chaise en osier, sa main fouillant les plis de son courrier abondant.

Ainsi allait sa vie depuis son accession aux nobles fonctions du conseil ! Chaque matin était moment passé au milieu des documents officiels, des demandes en mariage de ses fans trempées d'la culotte, et des courriers bardés d'insultes de ses détracteurs.

Or, ce matin là, parmi ce fatras de lettres, il fut surpris d'en apercevoir une qui sortait du lot. Un pli pour le moins hors du commun. Mais oui, vous savez, ces plis avec un scel énorme, assortis d'une signature fière, pédante et pompeuse qui vous bouffe bien stricto sensu la moitié d'la page, comme si l'identité de l'expéditeur était bien plus intéressante que ce qu'il avait à dire.

Johanara machin ...
Pensif, il porta grosse écharde à sa bouche, et se balança de plus belle sur sa chaise, surveillant du coin de l'oeil Muninn qui picorait allègrement les restes de son repas. En en foutant partout comme un gros dégueulasse. Evidemment.


C'est la baronne qui nous écrit, cher ami. Crois tu seulement qu'elle aurait bon goût de nous inviter à l'enterrement de l'autre radasse ?

Difficile de dire s'il parlait là de Linon ou de sa servante, mais qu'importe: c'était sans compter sur le manque de délicatesse total de la Baronne, qui dans la fameuse lettre qu'il parcourait désormais de ses yeux d'acier, éclipsait totalement, comme par magie, l'ignoble farce dont il avait été le jouet lors de sa précédente visite.

Ben voyons ! Femme sans-gêne ! Je vais t'en conter, moi, des règles de civilité !

Armé de sa plume sanguinolente comme duelliste s'arme de son pistolet chargé, le voilà qui se lance à l'assaut d'une correspondance épistolaire dont il pressent d'ores et déjà tout le potentiel épique.

Johanara
Les mirettes s’ouvrirent bien grand!

Mais! Que!

Jetant un regard courroucé à Linon , la jeune fille agita la missive sous son nez , frénétiquement, manquant l’éborgner à maintes reprises tout en s’épanchant en batelage :

Peste soit de faquin! Il ose! Ah ça le siège de Porte-Parole lui aura chamboulé l’esprit! Mossieur prend ses aises , Mossieur donne des conditions!

Cessez de ricaner! Lisez!


Le billet est transmis avec un petite moue dubitative.

Et puis mirez moi ce velin! A-t-on idée d’envoyer un parchemin noir et sang à une future mariée? C’est de très mauvais goût! Pour sûr ça va nous porter la guigne! Et ce sceau! Vous avez vu le sceau?

La chapelle va prendre feu je vous le dis! Où l’évêque plus tout jeune va nous mourir dans les pattes en pleine cérémonie! Norf de norf!

Enfin! Trèves de babillages, je lui réponds!




Citation:
Salutations!

Vous n’y pensez pas ? Eulalie est au service de ma famille depuis moult générations!

Allons, cher Sancte, oublions ce fâcheux incident ! La pauvre femme n’a plus toute sa tête , elle ne devrait d’ailleurs pas passer l’été , une toux fort mauvaise enserre ses poumons et nous craignons la recouvrer morte chaque matin.

Des excuses publiques vous conviendraient? Je suis certaine qu’elle est encore toute mortifiée de son acte et qu’elle se rachètera sitôt votre venue à Lignières.

A bientôt donc.

Portez vous bien.





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Unie par le plus fort des liens à Valezy, son grand amour adamantin...
Sancte
Ahahah !

Il est décidément de ces engeances qui ne changeront jamais ! Les nobles, quelle bouffonnerie lorsqu'ils se couvrent sous le monticule hétéroclites de leurs atours. A force, on ne voit même plus le coeur difforme qui palpite obscurément derrière la quintuple épaisseur de leurs apparâts.

A la lueur des candélabres et sous regard approbateur de Muninn, réplique se structure.




Le combattant de Guyenne relu une dernière fois sa lettre qu'il jugea fort bien tournée et la confia à Muninn, fidèle messager de ses basses oeuvres. Un mariage ... Si jamais la Baronne accédait à ses conditions, ce qu'elle ne manquerait pas de faire dans le but inavouable d'épater la galerie avec de rares invités qui gagnent à être connus, il devrait cependant faire le sacrifice de traverser le royaume pour s'emmerder lors d'une cérémonie pompeuse. Non, décidément, ce qu'il demandait, au regard du poids des concessions qu'il consentirait en acceptant, n'était que simple formalité.
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"Entrer en Guyenne, c'est sortir de la civilisation."
Amiral Sancte Iohannes
Linon
Linon rejeta avec agacement la broderie que Jo lui avait collée dans les mains, trop délicat pour elle.... ou plutôt, trop agaçant tous ces petits points... Elle savait coudre, mais des choses utiles. Dans la ferme ou elle avait grandi comme servante, les femmes avaient bien trop d'ouvrage pour perdre leur précieux temps sur ce genre de niaiserie.

En revanche la réponse de Sancte avec laquelle Jo essayait de la trucider la faisait bien rigoler.


J'vous l'avais dit... mais vous voulez jamais m'écouter ! Tout conseiller qu'il soit maint'nant, ça reste un vil pendard de soldat au fond...


La jeune femme n'avait pas oublié la violence de Sancte à son égard lors de leur dernière rencontre.... Elle avait essayé de le retenir alors qu'il quittait le château où elle venait juste d'arriver, et s'était ramassé en retour de son amabilité un violent coup dans la mâchoire, dont elle avait gardé les traces plusieurs jours... C'était juste avant d'être massacrée par ces chiens de poitevins, elle s'en souvenait très bien. D'ailleurs, elle n'oubliait jamais rien....

Alors qu'est-ce qui prenait à la fiancée de vouloir ramener à Lignières cet ex-ami? des envies prénuptiales... ou pire?

Sourire narquois aux lèvres, Linon détailla la silhouette de son amie.

Z'êtes pas en cloque au moins???

Hum.... dites bien à Sancte que je m'occupe du paté hein? Mais lui parlez pas de la mort-aux-rats...
Johanara
Nez froncé, mains qui viennent se poser sur ses hanches chaloupées , Johanara se campa devant la brunette et la fusilla du regard , les lèvres pincées.

C’est fini oui? Je suis pas enceinte!

La main longue et fine caressa son ventre avec une petite moue dubitative.

Non tout au plus la poularde d’hier qui me reste sur les hanches! Comment on sait qu’on est enceinte d’abord? Vous dîtes des sottises, ne me portez pas la poisse et priez Aristote pour que je sois stérile!

Bon on lui répond quoi au maroufle? Il délire le Sancte! Vivre dans ce Duché de tordus ne l’a pas arrangé!


Maugréant de plus belle , elle trempa la plume dans l’encre noire et la laissa courir sur le velin.

Citation:
Salutations!

M’enfin , l’air de Guyenne vous fait dire de bien vilaines choses!
Une cage! L’idée est toute aussi folle que celle de vous envoyer sa tête!

A bien y réfléchir qu’en feriez vous? Eulalie n’est tout de même pas un prix de beauté , fripée comme une vieille pomme,décatie, l’œil vitreux et la lèvre tombante! Elle jetterait l’effroi sur votre maisonnée , remerciez moi , je vous évite bien des désagréments.

Avez-vous proposition plus raisonnable?

Voyez comme votre présence me tient à cœur , je suis prête à marchander!

Je vous fais grâce des égarements de Linon qui est au moins aussi cinglée que vous, rien que pour ça vous devriez accepter mon invitation et fêter vos retrouvailles!

Nous vous attendons donc.



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Unie par le plus fort des liens à Valezy, son grand amour adamantin...
Sancte
En prenant connaissance du dernier pli, le gros bonhomme se prit à soupirer. Quelle conformisme, quel manque d'audace, quel manque de savoir-vivre ! Ah ça, si jamais un de ses laquais s'était permis la moitié des droits que la vieille peau s'était arrogée ce jour là, il aurait été pendu par ses propres tripes après avoir bouffé le libre des vertus, la gueule élargie à la dague s'il le fallait !

Mais non. Point d'honneur chez les grandes gens. On préfère médire dans le dos de ses domestiques pour essayer d'arracher once de pitié à qui ne saurait en avoir. Il était grand temps de mettre un terme à cette mauvaise mascarade. Face à Dieu, on ne se moquerait pas de lui impunément une seconde fois.



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"Entrer en Guyenne, c'est sortir de la civilisation."
Amiral Sancte Iohannes
Linon
Pigeon grattant à la fenêtre, baronne occupée à gratter des réponses sur vélin aux félicitations, Linon récupéra discrètement pigeon et missive. Reconnaissant le rouge sang qu'affectionnait Sancte, elle tourna le dos à Jo et face à la fenêtre déroula la missive.

Froncement de sourcils exaspéré alors que son regard se durcit... Le pendard! Oser répondre ainsi à sa chère Jo, une femme certes frivole et agaçante, mais au grand coeur, et qui avait immédiatement admis Linon pourtant très gueuse dans son entourage, avait tendu la main à Sancte...

Discret coup d'oeil à son amie concentrée sur ses lettrines... Autant ne rien lui dire, une telle réponse blesserait inutilement son coeur généreux et Linon ne voulait pas voir ne serait-ce qu'une ombre de tristesse dans ses beaux yeux verts à la veille de son mariage, surtout du fait d'un soldat qui s'était choppé la grosse tête en s'élevant socialement... Qui l'eut cru...? La jeune femme se souvenait du rustre si surprenant de finesse quelle avait croisé un soir en Guyenne. Comme quoi... Elle secoua légèrement la tête en soupirant silencieusement et jeta la missive au feu.

Puis attrapant le pigeon par une aile, ce qui affola complètement le volatile, elle rejoignit Jo et lui plaçant l'oiseau qui se débattait sous le nez, s'exclama gaiement :


Regardez ça Jo, à l'odeur, c'est un pigeon de Guyenne, sûrement envoyé par ce pendard que vous voulez à tout prix nous imposer... Mais les pigeons de là-bas sont aussi nuls que leurs soldats, ce crétin de pigeon n'a rien à la patte... M'est avis qu'il a perdu la lettre.

Voyant que son amie s'emparait d'un nouveau vélin, elle s'empressa d'ajouter


Allons, laissez donc Sancte là où il est... il y a déjà beaucoup d'invités, non? Il détonnerait avec ses manières de rustre, souvenez-vous de la dernière fois... Vous n'allez quand même pas sacrifier une fidèle servante pour le plaisir d'être humiliée chez vous le jour de votre mariage, n'est-ce pas?

Et si jamais la réponse était positive, nous le verrons bien arriver...


Jo hésitait encore...


Mais! Toutes ces félicitations... !! Vous n'avez pas terminé encore? Allez ouste, au boulot, feignasse !! Je dicte, écrivez

Cher messire bidule,

Vos félicitations me touchent particulièrement, aussi ai-je convaincu mon futur de donner votre si beau prénom au premier de nos nombreux enfants. Je compte bien que vous en serez le parrain...


Tout en ricanant, Linon réfléchissait déjà à la façon dont elle ferait ravaler sa morgue à Sancte... Un jour ou l'autre, ils se recroiseraient. Ce jour-là... il comprendrait que Linon n'oubliait jamais rien, et qu'à ses yeux, rien n'était plus précieux que ses amis.
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