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[RP Fermé] Un voyage insensé

Theos



[Ventadour - Theos]


Citation:
L'homme prétentieux, narcissique et narquois que je suis vous adresse ses plus sincères excuses. Et je vous concède que mes mots, dignes porteurs d’une majestueuse acerbité et d’un sincère puritanisme sont à la hauteur de mon ingratitude. J’espère que vous cueillerez les fleurs du pardon avec délice, et que vous saurez ignorer les reproches qui vous traversent et qui me visent.

Car si j’ai rompu notre accord et déchiré le contrat de mariage qui devait nous unir, j’aurais dû me montrer plus élégant et plus courtois.

Je maintiens néanmoins que je nourris une franche aversion pour la misère et la médiocrité. Aussi, vivre à vos côtés, vous femme laide et antipathique, aurait été pour moi une véritable torture. Car malgré le semblant de féminité que laissaient paraître vos traits, votre moustache est venue titiller mon dégoût. Ne pleurez guère sur ces propos ; un homme aveugle ou désespéré, un prisonnier en mal d’amour, ou mon ami Canalim pourraient vous trouver à leur goût.

Aussi, je viens vous annoncer que je ne souhaite pas abandonner ma condition actuelle de célibataire.

T.

PS : Je vous invite à ne pas quitter votre demeure. Votre disgrâce pourrait effrayer et traumatiser les enfants.


Theos. Explosion de délice et de provocation. Rebelle ingrat et insolent. Etre aimé ou détesté… qu’importe tant qu’il ne laisse pas indifférent.

La missive porteuse de cette cuisante rupture mit fin à un bref séjour à Ventadour. Il était temps pour l’éloquent de revenir sur ses pas, armé d’une indescriptible énergie. L’ambition et l’espoir faisaient vibrer sa tempe, et, lorsque son regard se relevait, un troublant pétillement naissait. L’ébauche de nouveaux projets courait dans son esprit, l’invitant à ne pas sombrer dans la monotonie. Le mariage étant annulé, un sentiment de liberté prit possession de son être. Et déjà, ses pensées se dispersaient vers Murat…





Malireva
[ Murat - Mali ]

Ne pouvant se dépétrer de ce sourire qui illuminait sa frimousse, la blonde, enfin la presque blonde, mais certainement pas rousse, était partie une fois de plus dans une vadrouille aux alentours de Murat pour sa cueillette de cailloux. L'air était frais, ses pieds étaient nus et pourtant elle ne ressentait que de doux frémissements dans ses cheveux et les mouvements de sa robe le long de son corps pendant qu'elle arpentait une magique clairière qu'elle venait de découvrir.
Insouciance et légèreté, c'était Mali ça. Elle n'était pas que ça mais elle pouvait en donner l'illusion, à la plupart, à tous, mais non en fait, pas à tous. C'était merveilleux et incroyablement déroutant à la fois d'être devinée.
Et comment tout cela avait changé, à quel moment, pour quelles raisons ?
Même elle ne le savait pas vraiment, une succession d'évidences s'était peu à peu emparée d'elle et avait fait rejaillir chez elle toute sa spontanéïté et ses sourires, ses rêves et la découverte de complicités magiques. Et c'est ainsi qu'elle se retrouva à entamer un "voyage insensé", avec eux, Elle, lui, lui et Lui. Il y aurait peut-être lui aussi d'ailleurs. En effet, un nouveau comparse semblait s'immiscer dans la troupe, un blond, un vrai de vrai, enfin elle n'avait pas vérifié.
En quelques semaines, voire mois, tout avait changé dans la vie de la collectionneuse de cailloux. D'une vie d'ermite chinonaise, chinonienne, chinoise, chinomaniaque, elle n'en avait aucune idée en fait, du nom des habitants de Chinon, probablement car elle n'en avait jamais été vraiment une, elle avait choisi de se terrer dans une grotte non loin de la ville mais ne se plaisait guère à s'approcher des êtres humains. Elle préférait "son grotte" (dixit Cana, rendons à César ce qui appartient à César ... ou à Cana) et son nain (car il est bien évident que dans toute grotte il y a un nain), en réalité ses nains. Elle ne précisera pas combien il y en avait, préférant laisser planer l'imagination de chacun. Bref, de cette vie, cette ville, qu'elle avait choisie de fuir un fameux jour d'on ne sait plus quel mois, il ne restait plus que des souvenirs aujourd'hui, et c'est grâce à une rencontre hors du commun que sa vie se mit à changer radicalement, lorsqu'elle fit la connaissance de son évidence blonde et que peu à peu se forma la troupe.
En pensant à sa blonde, à Izy, un sourire s'afficha sur ses lèvres, des étoiles brillèrent dans ses yeux et elle s'arrêta net dans sa quête de cailloux pour tourbillonner sur elle-même, pour faire voler sa houppelande étincelante de reflets couleur de ciel. Ne s'interrogeant même pas si on pouvait l'observer, Mali tendit les bras en continuant de tourbillonner, un certain monsieur T lui avait suggéré que ça pourrait l'aider à voler dans les airs et s'évader, et comme elle était naïve la presque blonde, elle essaya. Bras tendus, tête en arrière, yeux fermés, elle tourbillonait sans s'arrêter, laissant s'envoler tous les démons pour ne garder que l'insouciance et la spontanéïté. Tout ce qu'elle pouvait dorénavant exprimer librement grâce à sa blonde qui avait su la libérer. Elle savait que même si elle la surprenait à faire ses folies, elle ne la jugerait pas, ou alors viendrait se joindre à elle dans une danse endiablée et complice.
De fil en aiguille, de nuage en rêve, sa blonde lui avait redonné goût à la vie et surtout fait découvrir l'enrichissement de la vie de groupe. Elle l'avait prise sous son aile et l'avait ramenée à la vie, laissant s'exprimer sa fantaisie, son côté farfelu et sa sincérité, cessant de se cacher derrière ... derrière elle-même.
Continuant de tourbillonner à en perdre l'équilibre, elle se retrouva étalée sur le sol, sur l'herbe fraîche, laissant ses longs doigts se perdre entre les brins. Face au ciel, regardant les démons s'envoler loin pour laisser place à un ciel d'un bleu immaculé, elle réalisa qu'elle était heureuse, oui heureuse. Et pourtant ils n'avaient cesse, tous, de la chahuter, de la taquiner, de la comparer à une indigne gamine repousseuse et repoussante, et pourtant elle n'avait de cesse de se moquer d'eux au moins autant ... Et pourtant elle était bien ... Comme jamais !
Les yeux toujours rivés sur le ciel, elle murmura dans un souffle un mot dont elle avait toujours ignoré la signification :

Famille

Du bout de ses doigts, elle scrutait le sol, en quête de la découverte d'un trésor caillouteux et c'est avec un sourire béat qu'elle en sentit un se réfugier au creux de sa main. Elle n'osa le regarder, elle préférait le sentir, l'imaginer, le vivre ce caillou ... ô folle illuminée collectionneuse de cailloux et ô folle tourbillonneuse voulant chasser les démons de tous pour laisser place aux rêves et à la fantaisie.

Elle se demandait vers où s'annonçait la suite de leur voyage, dont la destination n'avait eu cesse de changer. Cela aurait pu être Auch, ou Castelnaudary, ou Montauban ... Un voile passa sur le regard de la presque blonde à l'évocation de cette ville, pour s'envoler aussi vite en pensant à Murat. Murat. Murat.
Un frémissement d'imaginer que la troupe aurait pu se séparer, qu'un mariage aurait pu tout changer même si les protagonistes du voyage seraient restés les mêmes, qu'un malaise aurait pu voir s'éloigner leur Canabrun, que leur barbu aurait pu repartir vers une mystérieuse mission, qu'une nouvelle évidence s'imprégnant en elle aurait pu la faire fuir ... Mais rien de tout ça n'arriverait.
Jouant avec le caillou dans sa main, sans bouger d'un pouce, ni même d'un index, elle se remémora des mots, des missives, des complicités

Essentielle ?

L'instant d'après, elle était debout sur ses jambes, scrutant au loin pour essayer de deviner Ventadour ou apercevoir une silhouette beaucoup trop lointaine mais imaginable ... avec beaucoup d'imagination.
L'instant suivant, elle zieutait vers Murat, un peu perdue, se demandant par où elle devait aller pour aller retrouver la roulotte, leur roulotte ... à trois. Le sens de l'orientation n'avait jamais été sa spécialité, personne ne l'ignorait. Elle partit en courant, mourant d'impatience de voir son exquise blonde, pensant déjà à toutes les questions dont elle allait l'abreuver


On part ce soir ? On part où ? Avec qui ?

Elle connaissait la plupart des réponses mais elle voulait l'entendre encore et encore. Où qu'ils aillent, elle ne se sentirait plus "perdue". Elle avait trouvé ... ses évidences et laissait de nouvelles émotions s'emparer de son coeur de p'tite donzelle non envisageable.
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Exquiz
[Sur le départ - Grimoire]


Pensées égrainées qui prennent la route du vent,
S'arrêtant parfois, bousculant le temps
Jolie farandole de mots qui s'agitent
S'enfilant chacun sur le fil des mythes

Au bout de ma face trône votre sourire
Au bout de mes yeux d'futurs souvenirs
Les cailloux valdingues au bout de mes pieds
Et l'herbe attendrie rend le sol douillet



Quelques mots qui s'étaient étalés sur l'ivoire du papier... attirant un sourire sur le visage de la sorcière, lui faisant miroiter des espoirs impensés, des sensations éthérées, mais si merveilleuses... Jamais elle n'aurait pensé, avoir cette réminiscence. La lumière avait percé les pages de l'histoire, l'invitant à lever le nez vers l'horizon, à voir plus loin. A détaler en courant, chantant un refrain incessant... celui d'l'heureusité.

La boite à souvenirs se rempliraient donc à nouveau, d'ailleurs, elle le faisait à l'instant même, débordant de rires, de bouderies, de railleries, d'esclafades sans pareils, de rêveries fantaisistes et d'ébauches de projets...

Le grimoire lui aussi se remplissait, débordant de mots, et de maux, de pensées insoupçonnées et de confessions inavouées. Les derniers évènements s'étaient enchaînés assez rapidement, perdant la blonde dans une mélasse d'incompréhensions , de doutes, de craintes et d'envies...
Mais finalement, là ou certaines limites avaient été fixées, les frontières se dessinaient, plus proches qu'elles n'auraient dû. Elle ne pouvant donc pas se livrer, plus. Et c'est à son seul grimoire qu'elle écrirait. Osant les mots qui la dérangeaient, qui l'agaçaient. Déversant ses sentiments avec une satisfaction apaisante.

La nuit tombait, est déjà il lui fallait refermer son grimoire...Fermer son baluchon. La brise légère avait emporté jusqu"à ses narines un parfum doucement sucré, et c'était sans surprise qu'en relevant ses yeux elle y trouva sa Licorne. Ce p'tit bout de donzelle qu'elle avait pris sous son aile, comme une évidence. Qui avait fait surgir en elle tout un tas de sentiments qu'elles ne connaissait pas, lui apportant une nouvelle réflexion sur la vie, et sa vision des choses. Etonnante complicité comme rarement approché dans sa petite vie, intense altérité qu'elle savourait à chaque instant passé...


On part ce soir..vers un ailleurs, toujours meilleur. Au goût de nous...
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Theos


[Murat – Theos]

Colliers ! Colliers ! J’vends des colliers !

Un bonimenteur s’égosillait sur la place principale de Murat, brandissant des myriades de breloques et de bijoux sophistiqués, trafiqués et farfelus. Intrigué, Theos s’avança jusqu’à l’individu, heurtant les épaules de quelques passants sans même s’excuser. Son regard captivé s’enhardit à découvrir les objets exotiques et colorés qui brisaient la mélancolie manifeste qui régnait à Murat.

Messire a l’air fin connaisseur ! Colliers de dents d’enfants ingrats, bracelets en poils de loup sauvage, boutons faits en étoiles de mer… Je vous invite à contempler tous mes trésors !

L’homme s’agite, s’improvise commerçant, décline avec ardeur le caractère précieux de chacun des bijoux qu’il présente. Et dans une semblant de confession, il se penche vers Theos :

Je dispose même d’une bague qui a appartenu à notre Reine… Si si, je vous assure !

Perplexe, Theos demeure impassible, ne l’écoutant vraisemblablement que d’une oreille distraite. La barbe grasse du petit homme cesse de remuer alors qu'il remarque l’impassibilité de son client potentiel. Mieux vaut le ménager et cesser de l’inonder de sa publicité bancale et maladroite. D’une voix suave, il lui demande :

Mais peut-être avez-vous vu quelque chose à vous plaire ?

Ses mains se croisent sur son ventre rebondi dans l’attente d’une réponse.

Moui… Qu’est-ce donc ?

Très vite, une réponse fuse face à l’objet aperçu par Theos.

Un collier de perles ! Bien sûr, on ne les aperçoit pas encore… Les huitres qui les recouvrent devraient bientôt s’ouvrir ; mais ce n’est pas encore la saison.

Vraiment ?

Theos affiche un large sourire, ayant une culture des crustacés assez limitée… Et, après quelques minutes de négociation, il s’en va retrouver les pavés humides de la ville, fier de son acquisition. Une ficelle sur laquelle sont accrochées des coquilles d’huitres qui renferment soi-disant des perles fera certainement plaisir à sa prochaine conquête…

******************

Mais très vite, son achat est oublié et son esprit s’éveille à nouveau sur un monde moins fantaisiste et plus cruel. Ses pensées divaguent, s’égarent dans des considérations douteuses, dans des envies troublées. Eternel tourmenté, il vogue et dérive au gré de ses passions, sans savoir se satisfaire de ce qu’il obtient. Animé par le goût du risque et celui du triomphe, il joue de tout, s’amuse d’un rien. Pourtant, l’intouchable qu’il est s’adoucit, s’humanise, se libère doucement de sa dureté naturel, de son sauvage délétère. Car le groupe qui l’accompagne lui procure l’impression d’être membre légitime d’une famille.

Et même s’il cultive les non-dits, la tromperie et le cynisme, une nouvelle légèreté le transporte. S'il prétend savoir manier la duperie, il pourrait être lui-même victime des desseins qu'il forme non sans véhémence et sans vice. Serait-il en train de faiblir et de se laisser aller à des sentiments, pour une fois, sains, sincères et fidèles?

Les noms de ses compagnons de voyage s’accrochent à ses pensées. Il est lié à chacun d’eux par au moins un secret. Futiles ou conséquents. Destructeurs ou vivifiants. Et c’est plein de promesses qu’il souhaite construire avec eux un avenir aventureux, cuisant et captivant. D’ailleurs, le manque d’actions l’étouffe et la frustration l’accapare. A quand le prochain pillage, la prochaine déraison ?

Montluçon les attend, une halte s’impose.
Malireva
La main était amputée. Oui !!!! Amputée !!! Et pas de n'importe quel doigt. Lequel était-ce d'ailleurs, lequel avait-il perdu ? Cana était l'auriculaire, à son grand désespoir. Monsieur T rêvait d'être le majeur ou l'index, l'hésitation le torturait, comme d'autres tortures le hantaient, mais celle-ci n'était pas des moindres. Question essentielle de savoir quel doigt de la main on est hein ! Mali imaginait bien sa blonde être le pouce, l'élément clef de la main, celui sur lequel tout l'équilibre de la main reposait. Et Mali, elle était donc l'index, elle en avait cruellement envie, d'être cet index. Monsieur T n'aurait plus d'hésitation ! De toute façon, il avait l'allure du majeur, magistral, enfin c'est ce qu'elle lui dirait pour le convaincre que le majeur était le meilleur choix. Quoique, pas sûre qu'un jour elle dise à qui que ce soit que les membres du groupe étaient des doigts. Ils disaient déjà tous qu'elle était un peu déjantée, elle ne leur donnerait pas l'occasion d'apporter de l'eau à leur moulin de moqueries. Non non !
L'index, c'était bien l'index, celui qu'elle utilisait pour souligner les contours de ses cailloux, les détaillant avec précision les uns après les autres, ses désormais treize cailloux, tous uniques et précieusement soignés, même Gaston, qui ne serait plus jamais le même. Ce doigt, l'index, qui pouvait désigner ô bien des choses, celui qui pouvait caresser la paume d'une main en y faisant des dessins imaginaires, celui qui s'avérait le complice du pouce et à proximité du majeur, et qui pouvait aller taquiner l'auriculaire de temps à autre, tout en sachant la présence sage de l'annulaire pas très loin.
Haaaaaaaannn, elle s'égarait. L'annulaire ... Elle redescend de ses rêveries farfelues sur les doigts de la main, enfin à moitié.
Retour à la réalité, la main était amputée, pour de vrai, et c'était grave, la main avait donc perdu son annulaire. Le groupe qui correspondait à une main normalement constituée de cinq doigts avait perdu son annulaire, avait perdu Yuyu !


Yuyuuuuuuuuuu
T'es oùùùùùùùùù ???


Une main sans annulaire n'est plus une main. Un groupe de cinq à quatre n'en est plus un. Comment une main pouvait-elle perdre un doigt ?
Bref moment de panique, la presque blonde commence à chercher dans tout Montluçon, cherchant tantôt la tête relevée en quête d'un visage barbu familier, tantôt la tête en bas, le regard rivé sur les pieds des passants pour repérer des bottes roses, qui n'étaient pas roses d'ailleurs, mais chut ! Il lui fallait garder sa part de rêveries insouciantes.


Elle avait reçu une missive de sa blonde ce matin-là :



Oyé Oyé braves Gens. Nous avons semé Yuyu. où alors il a fuit. Allez savoir!


C'est en proie à une profonde panique qu'elle la retrouva dans une taverne que trop déserte de Montluçon, soi dit en passant on s'y ennuyait ferme dans ce village hanté par un profond silence étouffant et des fantômes que trop fantômatiques.

On a perdu Yuyu ??????
Réponse amusée de sa blonde : T'es perspicace toi...

Mali était blonde, enfin presque, mais pas Demi, nan nan ! Pas Demi blonde ! Alors forcément, il lui fallait un peu de temps pour percuter.

Mais, mais, mais ... On fait quoi ? Il est où ? Vous l'avez semé ? C'est le blond qui l'a jeté dans un ravin ?

Cherchant un peu de réconfort à proximité de sa blonde, elle retrouva l'apaisement provisoire. Ce petit brin de presque blonde, sa Licorne, à l'air insouciant mais pourtant si torturée parfois. Elle qui n'avait jamais connu que l'indépendance et les voyages en solitaire, enfin presque, elle qui n'avait jamais connu l'attachement, elle qui se retrouvait avec "le" groupe et n'arrivait pas à envisager d'en perdre un des doigts. Qu'était-il advenu de Mali la solitaire sans attaches qui se trouvait désormais en proie à la peur de perdre, mais savourant également les mille et un délices de laisser s'entrouvrir son être à de nouveaux sentiments, des découvertes, et des envies. Oh oui que d'envies !
La réalité la rappelle une fois encore à l'ordre. Yuyuuuuu !
Chuchotement complice et un brin naïf à sa blonde :

On pourrait faire des affiches que j'irais pointer partout dans la ville, en quête d'un barbu kilteux à bottes roses ?

Elle savait déjà que sa blonde trouverait la solution. Elle avait toujours la solution. Sans failles et toujours débordante d'idées. Sa blonde !
Brève écriture d'une missive à Yuyu, qui reste sans réponse. Légère moue.
Puis la voilà à parcourir la ville en collant ses affichettes un peu partout.




Reprenant espoir, elle s'égara dans ses pensées en déambulant dans les ruelles de Montluçon, jouant de ses doigts avec ses cailloux, l'esprit ailleurs, parti loin, dans un loin lui apportant un certain réconfort, un réconfort certain, puis sa mine espiègle esquissa un subtil sourire à l'idée d'un nouvel apaisement. Comme une envie de filer à la roulotte, y retrouver ses repères et profiter d'un chauffage d'appoint provisoire, en attendant le retour de Yuyu seulement, bien évidemment. A côté de sa blonde, récoltant l'assurance et l'apaisement, elle comptait bien passer une douce nuit à dormir et à rêver ... ou pas d'ailleurs. La réalité était comme un joli rêve ces temps-ci, encore mieux qu'un rêve.
Les tortures existentielles s'éloignaient de son âme pour laisser place à une Mali pétillante, audacieuse et emplie de projets et de nouvelles évidences. Et puis ils le retrouveraient l'annulaire, il ne pouvait en être autrement, ô sage annulaire.
En attendant, elle irait se blottir entre le pouce et le majeur, imaginant l'auriculaire sous la roulotte. Il semblerait que ni sa blonde ni elle n'auraient l'autorisation d'effleurer le majeur, mais elle profiterait de sa chaleur réconfortante, provisoirement, en abuserait même pourquoi pas. Dans la roulotte, une vague odeur d'air iodé s'imprégnait de l'atmosphère, spéciale cette odeur, indéfinissable, comme un parfum de fruits de mer aux reflets perlés, parfum inhabituel ici, cela ne devait pas provenir de sa blonde. Esquisse de sourire en pensant à une probable nouvelle fantaisie de monsieur T, l'insupportable qui arrivait à faire scintiller dans les yeux de Mali une galaxie étoilée.
Et à Izy de lui murmurer discrètement :

Tu ne trouves pas qu'il y a une odeur ... étrange ... ici ?
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Exquiz
[Cosne - "Libérté, j'écris ton nom..."*]


Assise accroupie dans l'atmosphère confinée de sa tanière, la blonde délibère.
Ses iris dilatées se perdent dans les tourbillons de fumées, extirpés de ses lèvres grenats, qui s'évadent vers le plafond, formant une brume ambiante.
Dans sa cervelle labyrinthique s’emmêlent des hypothèses éclectiques. Le jury s'interroge, prenant la forme de petits neurones raisonnés, amenant en masse les arguments pour et contre. Il faut voter!

Et le nuage se décompose, s'envolant de part et d'autre de la roulotte enfumée, faisant deux camps, celui des anges et des démons. Celui de la morale et de la déraison.
Le sourire niais, mais les yeux plein de concentration, la blonde écoute, le procès de son moi-intérieur en cours.
D'un côté une liste éthique et morale, des bonnes manières à adopter, suivit des reproches et des des réprobations, quand à sa possible culpabilité. Invitation au repentir. Accepter de laisser passer, oublier de s'acharner.
De l'autre côté, l'appel du vice et et de ses bénéfices. Encouragement de ses caprices, et de ses pulsions prohibées. Arguments piquants, qui démontrent avec brillance qu'on ne doit pas se dérober à ses propres volontés. Quelques utilisations habiles bien que machiavéliques, de flatteries égocentriques et d'envolées existentielles.
Le calumet crépitent, et réclame d'être aspiré. Double tornade de vapeur stupéfiante qui lui picote le bout des doigts.

Elle se laisse tomber dans les vagues tourmentées de ses coussins trop moelleux. S'enfonce... sombre... s'égare.. Errance de l'esprit, qui s'emploie à contempler le plafond, s'inventant un autre monde.
Réflexion aérienne qui lui fait penser, qu'elle aurait bien besoin d'un filet... Haaaa... un filet. Un filet sans maille, pour kidnapper le temps. Bousculer la raison, s'attarder sur le vent. On pourrait voler... sans jamais s'arrêter. Déployer nos ailes et regagner le ciel... ça s'rait chouette.

La sentence est noyée. Elle n'a plus envie d'écouter. Partis ailleurs, elle se laisse voguer... parfum léger et sucré, d'un abricot d'été. Son sourire émerge des profondeurs. Une lueur... un soleil ravissant. La roulotte est baignée de lumière. Douce chaleur qui s'égare sur son épaule dénudée, lui réchauffant ce corps ankylosé par les drogues absorbées. Rêver ainsi, c'est juste le pied...




*Paul Eluard

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Theos


[Theos – Cosne et Sancerre]

Qu’attends-tu pour t’évader de ces remparts qui t’étouffent et qui font de toi leur captif ?

Abandonner le groupe pour quelques ingrates frivolités, négliger les projets communs pour répondre à l’un de tes caprices… Est-ce vraiment l’image que tu veux donner de toi ?

Les aventures, majestueuses, les découvertes, phénoménales… Tout cela te ronge, te fait frémir et t’appelle ! Cours vers d’autres chemins et d’autres rencontres ! Tu es voyageur et non l'un de ces sédentaires qui ont de l'urine de ragondin dans les veines !

Tu devrais te sentir coupable. C’est mal. Comme la fois où tu as cuisiné du poney pour le groupe et que tu as prétendu que c’était du bœuf… Ou encore comme lors de l’incident à l’Eglise… Quand tu as mis le feu à la barbe du curé… Involontairement… Tu parles… Et aussi…

Oui oui, c’est bon, tais-toi ! Chacun a besoin de libertés pour s’épanouir, alors pars, file vers d'autres terres !


Ainsi s’agitent et tergiversent deux petites voix dans la caboche de Theos. D’un côté, celle qui lui dicte de se conduire en homme raisonné et respectueux ; de l’autre, un monstre d’audace et d’insolence qui le pousse à assouvir son cruel besoin de voyage. Sous l’aspect austère et impassible que cultive le jeune scandaleux, se dissimule une personnalité complexe, parfois contradictoire et souvent en effervescence. Il se lève brusquement, achevant ainsi le dialogue éprouvant qui captive son esprit. Et déjà, il rassemble ses affaires éparpillées dans l’endroit dans lequel il a trouvé refuge le temps d’une nuit et griffonne quelques lignes à l’attention de ses compagnons de voyage.

Citation:
Entendez-vous ce murmure qui me souffle de quitter cette ville désolée ? C’est l’appel du voyage, l’invitation du vent. Aussi, fervent courant d’air, je m’enhardis de le suivre, ne sachant comment le contrer. Je reviendrai très vite, je serai de nouveau là lundi.

T.


L’arrivée à Sancerre se fait solitaire. La neige cache la crasse et la torpeur de la ville. Sa marche fut grisante, le temps cherchant à le corrompre et à éprouver ses forces. Les stigmates du froid se sont ancrés sur son visage et ont brulé la douceur de ses traits. Mais son regard, aussi bleu que profond, clame une insolente vitalité et une hargne démesurée. Une taverne l’accueille, des chopes l’enivrent, des rencontres se font. Un homme qui lui ressemble, qui partage ce pan de fantaisie et d’audace qui le caractérise. Une femme, austère, vulgaire et mystérieuse, provocatrice et tragédienne. Puis une donzelle captivée, qui le suit, le noie de questions, le harcèle. Mais déjà, l’heure du départ s’est dessinée. Une dernière voix s’insinue en lui :

Le trouble qui t’accapare, le doute qui te torture, la déraison qui fleurit en toi, la passion qui ébranle ton âme… Cette escapade clandestine aura-t-elle vraiment suffi à atténuer tout cela ?

Lundi. Retrouvailles.
Yany
[ Ventadour ? Tout un détour ! ]

Voyageur solitaire. Parti sans un regard en arrière. Sa vie lui appartient et n'en dit rien. Mystérieux pour certains, énigmatique pour d'autres il n'en n'a que faire. Ce n'est pas son affaire. Savoir qu'il dérange les habitudes, les certitudes, peu lui importe . Il avance sans lendemain. La solitude est sa vie ? Il s'en porte plutôt bien.

Un grain de sable. Un cailloux dans une botte. Inquiétude. Comment s'est-il frayé chemin ? Les bottes sont neuves. Roses mais neuves ! On lui aurait refilé des bottes percées ? De moindre qualité !
Inconvenant qui blesse l'épiderme. Arrêter ses pas pour s'en défaire. Se reposer. Souffler. S'alimenter. Ne plus penser. Le barbu kilteux n'aime pas penser. Ça le fatigue plus que de marcher.

Cailloux posé au creux de la main, il le fait sauter en l'air, regard dans le vide, plongé dans ses pensées.
Les pensées s'échappent. Autre lieu, autre temps. Images qui s'impriment. Défilent. Retour en arrière. Involontaire.
Rencontre particulière. Casanier il ne parle guère. Sauvage le brun ? Prudent et sage.
Pas assez prudent ni assez sage face à cette rousse qui se dit blonde. Confident. Confidences. Les dés sont jetés. A son détriment. Pas assez méfiant.
Pas assez d'une blonde ? Il en fallait deux ! Pas des moindres. Une folle dingue ! Des horreurs pleins les cheveux.

Une roulotte. Deux blondes. De quoi changer un destin.

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Maloeil
Sancerre L'éveil



Un rayon de Soleil traversant un glaçon suspendu aux branches d'un arbre. Sa chaleur réchauffant l'eau figée, la libérant de sa forme contrainte, sur la surface gelée, un pellicule d'eau se forme, elle glisse, emportée par la gravité et elle coule jusqu'à l'extrémité du stalactite de glace. Peu à peu, une goutte se forme, son ventre se rebondit et enfle, elle filtre la lumière en un arc coloré sur sa surface, elle s'alourdit, frémit et enfin son poids devient tel qu'elle ne tient plus. Elle se sépare de la glace, chutant dans l'air, sa peau traversée de millier de vagues, vaporisée parfois mais gardant son essence, sa forme originelle. Le sol se rapproche, couvert de neige brillante, pailletée d'éclats de jour. La goutte la percute, brisant l'harmonie cristalline, partageant sa chaleur, liquéfiant un instant sa soeur puis se figeant à nouveau. Après elle, une autre goutte suit, puis une autre, et encore une autre, ainsi des milliers de gouttes chutent de l'arbre, comme des milliers d'autres chutent d'autres arbres. Le jour se lève sur Sancerre, accompagné par le battement irrégulier des gouttes qui percutent la neige.

Doucement, Maloeil émerge, ses paupières s'ouvrant et se fermant tandis que ses yeux cherchent à s'accoutumer à la luminosité du jour nouveau. Son corps engourdit s'éveille en s'étirant dans un soupire d'aise, ses doigts viennent se glisser dans ses cheveux, les démêlant des déboires de la nuit. Alors qu'il inspire, la douce odeur de la femme à ses côtés monte à ses narines, il s'en enivre et se tourne sur le côté, entrouvrant les yeux pour admirer ce visage encore endormi. Ces traits délicats, peut-être pas aux yeux de tous mais aux siens indéniablement, se présentent devant lui comme le symbole de ses rêves, il n'a qu'à tendre la main et effleurer ces lèvres, caresser ces joues, remettre ces cheveux derrière une oreille. Maloeil se redresse dans le lit et sourit face à ce rouge insensé, colorant la lumière, marquant tout ce qu'il voit d'un aura passionnée. Il se glisse hors des draps avec attention, voulant éviter de réveiller la belle, il se saisit de ses braies qu'il enfile rapidement et passe sa chemise, rouge… elle aussi. Il avance, pied nu, sur le parquet et ouvre la porte en jetant un oeil au lit, limitant les grincement des gonds autant que possible.
Il descend quelques marches, pose ses pieds dans la neige et, les yeux plissés, il regarde vers l'horizon sur lequel se découpe une forêt de feuillus décharnés en cette saison, inspirant l'air frais à l'odeur particulière de la neige fondante. S'étirant à nouveau, il avance de quelques pas et se baisse, ramassant une poignée de neige qu'il se passe dans les cheveux, se les plaquant contre le crâne, en arrière. Maloeil avise un arbre non loin de là, au branches massives et basses, il s'y rend, goûtant au plaisir particulier de la morsure du froid sur la plante de ses pieds, il grimpe dans l'arbre, rejoignant la branche la plus haute. Il laisse l'un de ses pieds balancer dans le vide tandis qu'il ramène l'autre sous lui croisant ses bras sur sa poitrine. Le Soleil chaud sur sa peau le réchauffe malgré l'air et ses vêtements désormais humides, le blond couvre la ville de son regard clair puis ferme les yeux. Il inspire à nouveau, s'imprégnant de l'atmosphère, les oreilles ouvertes, il écoute le son de l'eau qui coule des glaçons, il écoute le chant timide des oiseaux, il écoute l'écho de la ville qui s'éveille, du marché qui s'ouvre et des animaux qui se manifestent chacune à leur manière.
Dans cet état paisible, il se laisse vagabonder en songes, rejoignant ce monde libre qu'il n'avait vu depuis longtemps et peu à peu, il redevient celui qu'il est… Mirael.


Celui qui fut Roy d'un Reyne, celui qui eut sa cours à ses pieds, celui qui… Libéré de toutes emprises s'était laissé allé aux fers délicieux de l'amour, celui qui doucement s'était laissé aveuglé par la confiance, celui qui fut trahi comme tout souverain était là. À nouveau sur le sol impalpable du seul Royaume qu'il pouvait savoir sien, Mirael, le Roy Soleil en ses songes. Il traverse à nouveau cette salle pavée de marbre au plafond ennuagé, ses yeux se pose sur son trône, fait de lumière et d'ébène, confortable comme seul peut l'être le sommeil paisible d'un enfant. Il s'y assied, parcourt du regard cette cour désertée, cette cour que lui même a dissolu. Il se souvient, nostalgique, de la Compteuse qui fut ici assise à ses côtés, il observe le sol, là où son bon Pape rit encore en écho, entouré comme il l'était de jeunes femmes adoratrices.
D'un geste de la main, comme seul un souverain peut le faire, il balaie tout ça, et regarde la porte immense, incrustée d'eau et sculptée de flamme, il la laisse s'entrouvrir, de l'autre côté, des fumées enivrantes tourbillonnent dans une lumière d'un rouge intense, caressant de douceur la porte, elles l'ouvrent, et un long tapis écarlate se déroule sur le marbre. Comme mu par sa propre volonté, il court et traverse la salle pour s'arrêter, entièrement découler, aux pieds du Roy. Lequel sourit de sa lumière et se lève… Observant l'or qui s'avance de l'autre côté de la porte.

Les murs fondent et s'étiolent, tel une aquarelle plongée dans l'eau, la lumière disparait et une fine pluie tombe sur la salle, mouillant tout, l'emportant dans un léger torrent, le Roy lève les yeux grimace tandis que le rouge du tapis se dissout dans l'eau…

Maloeil se passe la main sur le visage, réveillé par une goutte glacée tombée sur son front, il regarde au bas de l'arbre, et son visage s'illumine d'un sourire à ce qu'il vient de rêver.

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Exquiz
[Chinon - Arrivée ... ?]


Les derniers évènements s'acharnaient, avec méprise, comme tous ligués contre la blonde, pour la faire reculer.
Mais rebrousser le chemin n'était pas de son genre. Et encore moins quand il s'agissait d'elle seule dans la ballade.
Vouloir poser bagage en Touraine est une des choses les plus incongrues qu'on puisse vouloir, surtout en connaissant les tensions qui y règnent et l'amusement certain des faucheurs à tout vas, qui agissent au quatre coins du duché. M'enfin. Fallait tenter. Mali avait besoin de retrouver son échoppe et eux, de se poser un peu. Souffler, prendre le temps, laisser faire les choses... On ne parle pas d'attendre! Mais de ralentir la dynamique excessive des plans sur plans qui commençaient à dévaster sa folie douce.
La chose n'est pas aisée, les gens hauts placés jouent l'indifférence, tandis que certain font preuve de patience. L'arrivée est décevante. On pensait y trouver du repos, mais aussi de la vie. Seulement là, c'est presque l'inertie. L'intelligence alentours est déplorable. Il faudra donc trouver de quoi s'occuper, en attendant d'reprendre la route...

Dans sa caboche s'égare une proposition déroutante...
Autour d'elle, les choses vacillent, tanguent, elle ne sait plus vraiment par où elle doit regarder.
L'horizon est brumeux, et les éclaircies ne sont qu'hypothèses. L'ambiance est pesante, lourde comme un temps d'orage, seulement ça n'éclate pas, ça l'oppresse... elle aimerait entendre l'éclat sourd qui fait trembler la terre, et voir dans le ciel la zébrure d'or traverser les nuages, pour enfin se laisser doucement noyer, sous l'eau qui ruisselle, laver de ses chimères, pour mieux sécher au soleil...propre et purgée, l'esprit vif et nettoyé. Mais non.. plane la brume lancinante comme un soir d'automne, éveillant ses doutes et ses peurs, à l'aube de son ennui.

Cana était partis, sans revenir, sans ni même prévenir. Yuyu était aux anonymes absents et Maloeil parlait de se tirer, en Bretagne. "Tu m'suivras dis?" ça...ça restait à voir. Mali et Théos quant à eux vivaient leur p'tite histoire, dans une frénésie insensé et parfois incompréhensible, planant tout deux dans leur monde parfois imperméable.


Amoureuse fourrure qu'elle caresse du bout des doigts, rêveuse.

Heureusement que toi tu es là. Tu m'tiens chaud, et tu m'embêtes pas.

Elle savoure sa victoire, silencieuse, relisant les quelques mots qui lui ont valu ce p'tit trésor.

Du Sang t'y mens

Envolée dérisoire d'une ardeur sans espoir
Qu'importe ce silence, qui brouille ma déraison
Je divague et me noie, au large de tes saisons
Me perdant dans les songes d'une troublante histoire

Tes lents soupires s'évadent sur ma peau en suspend
Voltigeuses volutes qui tournoient dans le vent
Ma boussole devient folle, mes souvenirs déraillent
Mes pieds tremblent sur le sol, et mon esprit s'émaille

Licencieuse caresse, de tes lèvres sur ma joue
Déroutante, l' ivresse, de ton souffle dans mon cou
Je m’égare au hasard de nos songes insouciants

Frénétique poésie de tes mots qui m'enlacent
Erotique hérésie de mes maux si tenaces
Je succombe aux abois de tes rêves insolents



Sourire aux lèvres accroché, elle referme son grimoire, pleine d'envie et de nostalgie. Demain sera un autre jour.

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Malireva
[ Chinon - Départ ... ? ]

Insensé ??? Le mot semblait bien faible pour décrire leur périple depuis qu'il avait commencé ce jour insensé de ce mois insensé de cette année insensée en cet endroit insensé et en direction de cette destination insensée, ces destinations insensées d'ailleurs. Tellement insensé toussa que la presque blonde ne savait plus ni où ni quand tout avait commencé et ni où ni quand tout se terminerait, mais ça c'était à peu près "normal". Pour savoir la fin, il aurait fallu savoir lire l'avenir, or Mali avait beau se motiver chaque jour davantage pour apprendre de sa muse champagne, elle ne lui arrivait encore pas à la cheville, notamment pas pour ce qui en était de la divination.
Jamais elle n'aurait pu imaginer il y a encore quelques semaines que tant d'évènements se produiraient et en si peu de temps. In-sen-sé !
Cette constatation titillait son enthousiasme et non pas ses regrets. Oh non ! L'ennui ne faisait plus partie de son quotidien, la solitude non plus, le silence encore moins. C'est à peine si elle en avait le temps de dormir car les rares heures qui lui étaient accordées à se reposer dans leur roulotte, elle les occupait à penser ou à détailler ces rocailles. Car autant, elle ne savait plus ni où, ni quand, ni comment avait démarré tout ça, autant ses cailloux, elle les maîtrisait sur le bout des doigts, de leur nombre, à leur taille, en passant par leur nom et leur symbolique.
D'ailleurs, en parlant de doigts, une légère moue venait transfigurer sa douce frimousse, car de la main il ne restait pas l'entièreté. Entre tristesse et déception, qu'elle s'avisait bien de montrer, Mali ressentait un léger vide, un déséquilibre de la main, amputée probablement définitivement de l'auriculaire, et porteuse d'un annulaire si invisible qu'il semblait être un membre fantôme, dont on devinait la présence sans jamais le voir. Ce sage annulaire qui savait apaiser comme personne les pires des tourments, ... lorsqu'il était présent. Elle en venait à avoir des hallucinations parfois, à voir des bottes roses au milieu de la foule mais jamais elles ne s'avéraient avoir comme propriétaire un barbu kilteux.


De l'auriculaire, il lui restait quelques mots sur un parchemin :



Cette décision n'a pas été facile à prendre, je ne sais même pas véritablement l'expliquer, je te demande juste de croire que...C'etait mieux pour moi.
Je ne crois pas être fait pour la vie en groupe durable, d'autant plus lorsque les choses se complexifient.

D'autres mots étaient sur le vélin mais elle ne retenait que cela sans vraiment les comprendre, ayant l'impression de ne pas avoir tous les éléments en sa possession pour pouvoir comprendre.


De l'annulaire, quelques mots également :




Désolé les filles, les gars aussi, pour mon absence.
Je vis comme un fantôme et je le regrette bien. Je mine et je remine, à peine le temps de me reposer, à choisir j'aimerais passer mon temps avec vous.
Mali, je prends grand soin de l'Obstiné et de la Méduse tout comme mes bottes roses qui ne me quittent pas .. je les enlève quand même pour dormir et dégourdir mes petons pendant mon sommeil ! Ma barbe est en manque de vos bisous à toutes deux
.

D'autres mots se baladaient également sur la missive mais l'essentiel était là.


Et enfin, du passé silencieux, quelques mots étaient venus se rappeler à sa mémoire :




Et oui, les fantômes reviennent toujours sur leurs pas, simple petit courrier pour demander de tes nouvelles, j'espère que ton chemin fait naitre des moments de joie, ou quelques bonheurs plus simple, sache que je ne t'oublie pas même si je me fais silence, peut être qu'il vaut mieux, quoi qu'il en soit je t'embrasse et ne te perds pas de vue même si parfois tu dois en douter.


Tout un tas de missives s'étaient donc accumulées en son absence après le désastre de Chinon. Car oui, avec elle, ils étaient venus pour se poser à Chinon, pour qu'elle vide son échoppe, qu'elle y travaille avant, pour enfin pouvoir se libérer de ce passé et s'orienter vers l'avenir. Mais rien ne s'était passé comme ils l'auraient tous souhaité. L'ambiance de la ville semblait créer des tensions, des orages, des angoisses et des doutes chez chaque membre du groupe. Enorme sentiment de malaise. La presque blonde s'y perd, ne sachant que faire devant le désarroi de chacun, même le sien. Elle n'avait pas su présager le malaise de sa blonde, sa blonde si précieuse à ses yeux, elle ne l'avait pas devinée, n'avait pas vu le mal-être s'emparer de sa blondeur, ni ressenti son tempérament de feu cherchant l'eau pour l'éteindre, l'apaiser.
Alors, qu'à cela ne tienne, comme le plus important était l'équilibre et comme à tout problème il existe une solution, Chinon ne serait pas leur point de chute, ils reprendraient tous la route direction ... Direction la Bretagne ! Pourquoi pas !!??!! Elle en avait toujours rêvé de la Bretagne alors ni une, ni deux, le départ de Chinon se profile à l'horizon. Elle récupère ses quelques biens, embarque sous son bras sa paire de bottes unique et c'est à cinq qu'ils reprennent la route vers de nouveaux projets. Et quel projet d'ailleurs ? La Touraine ? Nan !!! La Bretagne ? Nan !!! Le Périgord ? Ah peut-être mais pas sûr. Il y en avait eu tellement de projets depuis le départ que Mali ne savait plus où donner de la tête, ni ne se rappelait le dernier en date, les projets changeant d'un jour à l'autre d'un simple courant d'air. Courant d'air, ce fameux courant d'air qui avait dérouté le petit être tourmenté qu'elle était en lui faisant ressentir tout un flot de sensations dont elle se croyait à jamais privée, depuis ... Et aussi fulgurante que débuta cette tempête de sentiments entre eux, aussi fulgurante que s'arrêta cette belle histoire pour laisser place à une douce et sincère complicité. Il était fait pour être courant d'air, elle était faite pour être solitaire. D'un commun accord, ils conserveraient leur lien unique et la promesse resterait à jamais la promesse.
A défaut d'une main complète, le trio existait bel et bien et il était inaltérable. Et désormais, chacun y trouverait sa place à part égale.


Et enfin, probablement le plus important pour la superficielle presque blonde qu'elle était, à l'humour soi-disant lacunaire, elle s'était découvert une nouvelle passion, une nouvelle lubie, lorsqu'un jour par le plus grand des hasards, en se baladant au marché, elle découvrit sur un étal une chope de bière. Sans l'ombre d'une hésitation, elle zieuta le vendeur, pour en savoir le prix. Et à un écu, elle en acheta une, puis deux. Restant des jours à les regarder sans ne savoir qu'en faire, elle finit par prendre son courage à deux mains pour utiliser l'une d'entre elles et c'est avec un plaisir sans pareil qu'elle fit cette merveilleuse découverte :

"Mais ça ne sert à rien voyons !"

Sourire béat aux lèvres, elle savait déjà qu'elle venait de commencer une nouvelle collection et que sa blonde râlerait en apprenant que dorénavant elle ornerait les étagères de la roulotte de chopes de bière en plus de toute sa rocaille, créant ainsi un musée dédié aux objets totalement inutiles. Elle adorait l'idée ! L'enthousiasme était à son paroxysme.
Et elle savait comment faire accepter tout ça à sa blonde car elle avait un cadeau pour elle, pas une chope ni un caillou mais autre chose.
C'est donc avec une impatience non dissimulée que Mali fila à la recherche de son exquise muse, ressassant encore et toujours :

J'ai une surprise pour toi, j'ai une surprise pour toi, j'ai une surprise pour toi, j'ai une surprise pour ...
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Exquiz
[Bretagne - Destination finale ?]



Les p'tits pieds d'Exquiz trouvèrent leur place dans les poulaines moelleuses, après que la divine cervelle aie du trancher entre rouge et gris, longue réflexion tortueuse, pour finalement finir par se dire qu'elle s'en achèterait une autre paire, histoire de n'pas avoir à choisir. Quelle argument réconfortant pour une blonde hésitante. Ainsi elle gambadait, joyeusement dans la neige incertaine, qui tendait à disparaître d'un jour à l'autre, un jour où le soleil déciderait de briller plus fort, un jour où le Printemps se ferait plus insistant. Joli cadeau accroché à ses orteils...Un chemin, main dans la main, pied dans les siens, ou presque.

Dans sa tignasse quelques grelots tintinnabulant flottaient joyeusement sous les mèches de champagne, lui rappelant à ses petites oreilles les souvenirs bruyants d'une Calyce en émois,heureuse rencontre au détour d'une taverne, étrange amitié qui désormais les lié, sous les coups mesquins d'un destin taquin. On n'choisit pas toujours ses amis, non, c'est pas vrai. Pour le coup, Exquiz avait oublié de regarder la notice de Calyce avec écrit "Dangereux pour la santé, contient des traces de Trellamine"
Bein trop tard. Elle était droguée. Et pas qu'un peu! Elle l'avait élue profil numéro 1 pour le port de fourrure Tanzanique! Quelle magnifique trophé.

Difficile de prendre la décision de fuir. Fuir l'Anjou pour continuer sa vie, ses projets, ses amis... Le coeur n'a pas de regrets, juste des songes qui attendent d'être réalisés. Elle y retournera, un jour, bientôt, peut-être.

Pour l'heure, ses amis, son voyage, ses projets, tout avait l'air de tanguer sur un bateau trop lourd. La bicoque menaçait de couler, et l'équipage de se noyer. Ils avaient déjà perdu un membre, maintenant deux, avec Yany qui ne suivait plus, qui se faisait encore plus fantôme que le fantôme lui-même. Et maintenant... tout l'monde s'éparpillait. Panique à bord, c'est la grande marée. Saoulé à l'eau salée. L'esquisse de l'horizon devenait brumeuse et la donzelle n'voyait plus rien, n'comprenait rien. A quel moment du voyage s'était t'elle perdue?

Tempérament de feu...
Peut être avait t'elle, à elle seule, brûlée tout l'bâtiment, l'invitant à sombrer sans même s'en rendre compte. Peut être...

Pour l'heure, fallait tenter de n'pas se noyer, d'garder la tête hors de l'eau, de nager jusqu'à la rive. "ça va aller"... Rare que sa conscience soit si avenante.

Dans la tempête subsistait encore un invincible miroir de poche. Celui dans l'quel on aimait se regarder pour refaire son chignon et s'assurer qu'aucune crotte de zieux nous gâchait la face. Heureuse trouvaille ramassée sur l'bord d'un fossé qu'elle adorait se trimbaler. Elle l'avait bien promis à quelqu'une, mais hors de question.

Les p'tits mensonges font les grandes vérités!

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