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Information and comments (1)

Info:
fin février 1460. précède le mariage Ayena / Adrien.

[RP] La dernière ligne droite

Ayena
[Date : Le 23 février 1460. Veille du mariage comtal.
Lieu : Montpellier, dans un hotel particulier, loué pour un Contrat à Durée Déterminée.]





Nerveusement, Ayena froissa le mouchoir qu'elle tenait entre ses mains blanches et délicates et soupira, presque de rage.
Elle était assise sur le lit, les jambes battantes, sans chausses. Son regard ne cessait d'aller vers le sol où un plateau encore garni de victuailles reposait là, désolé de n'avoir pu réjouir l'estomac auquel il était destiné. L'odeur du ragout de mouton embaumait la chambre alors même qu'une couche de graisse commençait à se figer au sommet de l'écuelle. D'Alquines, qui était à la veille du jour de ses épousailles, avait perdu l'appétit depuis un moment. A coups surs, il faudrait serrer un peu plus la ceinture que prévu demain. Sa robe boufferait.

Dans un coin de la pièce, la demoiselle de compagnie d'Ayena brodait maladroitement. Ou faisait semblant. Ou peut importe, mais cela agaçait Ayena. Car tout l’agaçait ce jour d'hui. Elle était dans un état tout simplement lamentable, et le mariage n'était pas pour rien dans tout cela.
Indéniablement, au fur et à mesure que le grand jour approchait, la future épouse avait perdu le sommeil autant que le rose de ses joues. La fatigue accumulée par son nouvel office de Porte Parole et par la préparation du mariage, avait eu raison du peu d'entrain qui lui restait. Mais le Conseil Comtal avait alloué au couple quelques jours de repos et ce n'était donc plus que l'incertitude de ce qui l'attendait dans l'avenir qui rongeait Ayena.

L'incertitude. Car ce mariage lui rappelait l'autre. Celui qu'elle avait fait à ses 14 ans. Quand son père, avare d'une réputation avait vendue sa fille à un noble déchu dans l'espoir de pouvoir se gargariser d'une particule en plus d'une richesse honorable. Un mari repoussant, brutal, sadique. Lui qui avait fait d'Ayena une poupée maléable, que l'on pouvait battre à souhait. Même si elle était enceinte. Ha, les grossesses... Comment accepter qu'un enfant de monstre grandisse en soit ? Ils ne pouvaient-être que des monstres eux même. Et d'ailleurs, n'avaient-ils pas mis à mal la vie de leur mère, volontairement, en voulant sortir avec tant de violence ? Comment avouer à Adrien qu'elle ne souhaitait pas subir de nouveau cela ?

Ayena se leva, boita jusqu'à la porte qu'elle ouvrit sèchement et cria, par delà l'escalier en direction de son intendante de maison, la si attentive Saurelà :


- Maaayhri !

Et la Boiteuse, ne sachant comment calmer la tempête qui rugissait en elle, se mit à faire les cent pas. Plus qu'une nuit. Plus qu'une nuit avant le grand jour.
Sa dernière journée de veuve inavouée était passée. Beaucoup, beaucoup trop lentement : il aurait été plus agréable pour notre angoissée de se réveiller un beau jour et pouf ! d'être déjà mariée. Mais Dieu aimait à jouer avec ses sujets et avait fait durer cette ultime journée comme cent. Ayena avait réussit à prendre sur elle, alors que le jour était encore là. Elle avait fait semblant de s'occuper, semblant de manger, semblant de s'inquiéter de sa vesture. Mais là, alors que la nuit été tombée depuis une bonne heure, tout la pression accumulée venait de la prendre d'assaut. Et, comme une petite fille qui se retrouve tout à coup sans parents, elle se prenait à avoir peur du noir


- Ha ! Mais que fait-elle !? Catarina, allez donc voir où est passée cette Mhayri qui ne répond jamais quand on a besoin d'elle !

C'était donc au tour de la demoiselle de compagnie d'en prendre pour son grade. La mauvaise humeur d'Ayena avait ça de particulier qu'elle se transformait vite en foudre... Et d'ailleurs, par la Foudre elle semblait bien avoir été frappée : elle qui tenait habituellement tant de soin à ses cheveux, à sa coiffe surtout, qui cachait sa tignasse épaisse et revêche à l'abri des regard, avait ce soir, les cheveux libres et fous.
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Héraldique
Mhayri
La blonde était en train de profiter d'une rare minute de calme dans la tornade qui agitait depuis maintenant des jours et des jours le castel comtal. Les charettes de produits qu'elle avait commandés commençaient à arriver, lentement mais surement. Trop lentement pour ses pauvres nerfs, mais assez surement pour ne pas être gâtés, ce dont elle remerciait régulièrement la providence.

La Saurèla savourait donc une minute de repos bien mérité lorsque...


"Maaayhri ! "

Un grognement lui échappa. Allons bon... Elle se redressa, avec un soupire, levant les yeux au ciel comme pour le prendre à témoin de son supplice.

Oh, elle imaginait sans peine l'angoisse qui devait grimper et vriller les nerfs de l'Alquines. Pour la blonde, le mariage n'était qu'un piège qu'elle avait déjà fui une fois et qui tenait sa famille en otage : autant vous dire qu'elle n'avait aucune intention de mettre les doigts dedans, et qu'elle avait un respect tout mitigé matiné de pitié pour ceux, un peu naïfs à son sens, qui s'y engageaient. Elle avait donc essuyé les remarques acides et les piques nerveuses de sa maîtresse sans mot dire, souriant avec bonne grâce et s'exécutant de son mieux pour lisser les difficultés, réelles ou imaginaires, que celle-ci entrevoyait sur son chemin.

D'un autre côté, elle tâchait de faire de même pour l'organisation générale du Château comtal, bataillant sur tous les fronts pour que le banquet du Conseil soit digne de ce nom, que le Coms ait toujours de quoi écrire, sceller, boire, manger, se réchauffer; il en allait de même pour les conseillers, mais également pour l'armée de messagers qui courraient à en perdre haleine tous les jours. On les oubliait trop souvent, ceux-là. Les pauvres !


"Ha ! Mais que fait-elle !? Catarina, allez donc voir où est passée cette Mhayri qui ne répond jamais quand on a besoin d'elle ! "

Nouveau soupire. Zut. Elle s'était laisser emporter par ses rêveries, se demandant si oui ou non elle avait fait porter la nourriture aux pigeons du château et fait changer la paille des écuries. C'est qu'à la veille du mariage, il était hors de question qu'on accueille tous les convives avec des écuries crottées ! Et ça, personne n'y pensait jamais. Ha !

Elle inspira longuement et s'élança dans le couloir, en direction de la voix nerveuse de sa maîtresse.


"J'arrive, Dòna ! Me voilà, me voilà !"

Et de fait, quelques instants plus tard, la voilà. Dans sa hâte, la blonde n'avait pas remis sa coiffe en place et ne s'en rendit compte qu'en voyant l'Alquines et sa dame de compagnie. Elle retint de justesse une grimace : allons bon, autant tendre le bâton pour se faire battre ! Quoique, vu la dégaine de la brune, ce jour, c'était à se demander si elle ne perdait pas complètement pied : l'Alquines sans sa coiffe, mais où allait-on ?

Avec un soupire, elle carra les épaules en arrière en une posture droite et digne, souriant comme à son habitude : de toute façon, vu l'humeur de sa maîtresse, il fallait bien que quelqu'un y passe...

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Lovly


Une journée comme les autres pour certains, banales. Pour certains... Oui. Ce n'était absolument pas le cas dans la maison de Crussol en ce jour. Le baron était loin de toute l'agitation qui régnait dans la pièce dans laquelle la demoiselle se trouvait et c'était bien sa chance au nobliau...

Non parce que c'était bien peu de dire que l'atmosphère de la pièce était fort tendue et que l'ancienne soldate, même si elle ne craignait que peu de chose, avait choisit de se taire et de broder tranquillement. Mais bien facile à dire quand l'on arrivait pas même à se concentrer. C'est qu'elle était très agitée l'Alquines. Mais cela, Lovly le comprenait parfaitement. Faut pas croire ! Ce n'est pas parce qu'on a choisit de rester célibataire et vierge de toute impureté - si si ! - qu'on ne sait pas comprendre les appréhensions des autres.

Et puis, il fallait bien reconnaître que ce n'était absolument pas difficile de comprendre ce qu'il se passait quand on observait la jeune Ayena balancer pensivement ses pieds dans le vide puis, toujours aussi tracassée, faire les cent pas dans la chambre.

Mayhri n'ayant pas répondu au premier appel de leur chère maitresse, ce fut la Der Worcester qui fut finalement impliquée sans le vouloir. Déjà qu'elle sentait les regards noirs qui la couvaient, étant donné qu'elle avait bien du mal à se concentrer et broder les mouchoirs de sa maitresse correctement...

Sans complainte, elle se leva, quitta le coin dans lequel elle s'était "réfugiée" et s'approcha de sa maitresse, faisant une révérence.

Bien sûr mi Donà. Tout de suite.

Elle terminait à peine de se retourner et de faire un pas vers la porte dans sa longue robe blanche quand celle-même que lui avait mander chercher se présenta de part elle-même. Bon. Parfait. Ça lui ferait de la marche en moins, tout comme des recherches dans la vaste demeure.

Adressant une discrète grimace-sourire pincée à l'intendante, l'air de dire "Désolé... Je sais vraiment pas comment procéder pour la calmer"...
Toutefois, la rouquine s'inclina légèrement vers la patronne et lui suggéra d'une vie mielleuse - même si malgré ces efforts, elle risquait d'en prendre pour son grade elle aussi - :

Vous devriez vous asseoir madame. Je pourrai vous aider de mes massages pour vous relaxer si vous le désirez. Et cela ménagera quelque peu votre jambe. Il faut que vous soyez en pleine demain comme vous le savez...
Ayena
Certainement, un docteur aurait été affolé de savoir à quelle vitesse pulsait son coeur. La tension d'Ayena était tant physique que morale. Et si l'un des deux constituant flanchait, s'en était fini du mariage. Sur.

Mhayri apparu comme venue de nulle part et la Demoiselle se demanda alors pourquoi Grand Dieu elle avait appelé son intendante. Il devait bien y avoir une raison à cela... Mais l'énervement lui avait fait perdre le cour de ses idées. Mais il ne fallait pas perdre le pieds devant ses domestiques, c'était une règle d'or. Vite, vite, inventer quelque chose... Pour lui faire rabattre son air de "madame je sais tout", à la Mayhri qui se tenait trop droite et trop calme du point de vue d'Ayena. Mais personne ne comprenait donc ? Elle allait se marier DEMAIN ! Woh ! Réveillez vous, paniquez !


- Remporte moi ce ragout de mouton, il me donne envie de vomir.

Et de désigner le plateau qui gisait à terre. Il avait eu de la chance, lui aussi : elle aurait pu se défouler en lui jetant un grand coup de pied... Son sursis ne serait que de courte durée s'il restait là.
Ayena aurait voulu demander si tout était prêt pour demain, si aucun mets n'était en retard, si tous les invités étaient bien arrivés, si, si,si... Mais finalement, elle préférait ne pas parler de cela. Ca aurait été raviver ses angoisses, et la coupe étant déjà fort pleine, la moindre goutte pourrait faire déborder le tout.
Mais voilà que Lovly lui propose un massage. C'est donc avéré, la demoiselle de compagnie est folle, elle aussi. Décidément, personne n'est de bonne constitution dans cette maisonnée, personne ! Comment voulez vous qu'Ayena s'asseye et se laisse aller au massage alors même qu'elle a de l'énergie à dépenser, à revendre, même ! Et puis, avant qu'elle n'y fasse allusion, d'Alquines en avait oublié sa douleur.


- Quelle idée saugrenue !

Elle serre des dents et lance un regard noir à Catarina.

- Et oui, JE SAIS ce qu'il y a demain, merci !

En plein forme, en pleine forme... Elle se fiche de sa tronche, en supplément ?

- Rhaa !

Son regard passe de Lovly à Mhayri, se demandant bien comment utiliser ces deux personnes pour son bien être personnel. Mais les rouages de son cerveau, quoique mesquins, sont peu productifs, ce soir. Et puis, et puis... Ayena s'écroule sur son lit. Elle se laisse aller, tombe assise et les larmes lui montent aux yeux. Phase numéro deux, après l'énervement, les pleurnicheries.

- Vous pensez que je pourrais voir le Coms avant la cérémonie ?

Dites oui, dites oui ! Tout le monde sait que cela contreviendrait aux traditions, aux volontés même du couple... On sait fort bien que la famille trouverait ça un peu honteux, fort peu décent... Et puis, en pleine nuit, c'est inconvenant. Le Coms lui même la prendra pour une demeurée... Mais elle le sait, elle a besoin de lui. Là, tout de suite, maintenant. Et tout en jetant des regards mouillés à ses deux domestiques, elle prie pour qu'elles acceptent. La situation s'est inversée : maintenant c'est la Demoiselle qui dépend de ses servantes.
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Héraldique
Mhayri
La blonde capta le regard de la rousse et lui retourna un sourire fatigué, où perçait tout de même une pointe de compassion amicale : les deux jeunes femmes se connaissaient à peine, mais Mhayri avait de la sympathie pour Lovly, obligée de supporter les humeurs - bonnes ou mauvaises - d'Ayena en permanence, or que son propre rôle le lui épargnait.

Elle se retourna, captant au passage un domestique pour lui ordonner de ramener le ragoût aux cuisines : ça ne serait pas gâché pour tout le monde. Puis elle se concentra à nouveau sur Ayena et la scène burelesque qui se jouait devant elle. Le trop plein d'énergie de l'Alquines était tellement criant qu'elle s'étonnait de ne pas voir de fumée lui sortir des oreilles. Cette image faillit lui arracher un gloussement, qu'elle retint à temps derrière une petite toux. Au même moment, Ayena s'affalait sur son lit, aux prises cette fois avec un désespoir aussi profond que son agacement précédent. Mhayri leva les yeux au ciel : allons bon !


"Vous pensez que je pourrais voir le Coms avant la cérémonie ?"

Ben voyons... La Saurèla grimaça. Si elles acceptaient de l'y laisser aller, elles seraient toutes deux accusées de l'avoir mise dans l'embarras. A contrario, si elles ne lui laissaient pas faire, elles en seraient quites toutes les deux pour passer une sale nuit. Cruel dilemne dont la blonde mit quelques secondes à se dépêtrer. Puis, avec résignation, elle s'approcha du lit de la future épousée éplorée et usa de sa voix la plus douce.

"Vous savez bien que non, Dòna. A l'heure qu'il est, le temps de vous raffraichir un peu, de coiffer vos cheveux, de remettre votre coiffe et de préparer un alibi cohérent, il sera déjà la mi-nuit passée et le Coms sera parti se coucher depuis longtemps pour vous faire honneur demain. J'ai moi-même donné les instructions au personnel du Castel pour qu'il ne soit plus dérangé après l'heure du souper, comme vous me l'aviez demandé : sans aucun doute, le Coms y verra là une tendre attention de la part de sa promise pour sa santé et rentrera bien vite se reposer."

Elle avait préféré enrober ce refus d'un tas de raisons aussi pragmatiques que fausses, évitant avec tact d'évoquer le désohonneur et l'impudeur d'une visite pré-maritale à cette heure indue. L'heure du souper venant justement de se terminer, la blonde tenait là une excuse en or. Que l'ordre soit de sa propre initiative et non de celle d'Ayena relevait du menu détail qu'elle espérait bien voir passer à l'as, dans la nervosité du moment.

"Souhaitez-vous que l'on vous apporte quelque chose d'autre pour vous restaurer ? Ou préférez-vous prendre un bain ? J'ai entendu dire que certaines plantes rendaient le teint particulièrement beau si l'on s'y infusait la veille avant de dormir."

Sans compter la chaleur du bain qui adoucirait et son humeur et son grain de peau, ce qui ne pouvait qu'être bénéfique, tout en chassant l'énervement au profit d'une douce langueur qui faciliterait d'autant le sommeil.
Et avec ça, une petite tisane d'herbes somniphères, et hop ! Emballez, c'est pesé !
Enfin, elle l'espérait ...

Elle glissa un regard vers Lovly,quêtant son soutien.


Edit pour suppression de joyeux néologismes >.
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Ayena
Son regard allait de l'une à l'autre, espérant un peu de compassion, un acquiescement, un "truc". Le petit "truc" qui lui ôterait toute envie de se mettre à pleurer, de crier et de s'enfouir sous les draps tout en même temps. L'estomac ayenien, vide depuis quelques temps, avait une tendance très forte à vouloir remonter en direction de sa gorge, ce qui, manifestement, n'était pas une bonne idée. On contredirait les lois de l'organisme une autre fois, s'il voulait bien.

Sur le ton presque maternelle de son intendante de maison, Ayena se mit à balancer la tête de droite à gauche, en signe de refus ou de déni. Non, non, non. Lorsqu'elle posait une question, ne devait-on pas lui répondre par l'affirmative ? Et puis, pourquoi lui parlait-on comme à une petite fille qui faisait un caprice ? Comme à une pucelle qui nécessitait les bons soins d'une matrone ?
Pucelle ? Matrone ? Ayena rougit, venant ajouter à son état physique désolant une marque supplémentaire d'égarement.


- Ou alors il est aussi soucieux et... Et...

Allez quoi, facilitez lui la tâche ! La pauvrette n'avait même pas remarqué le mensonge éhonté de Mhayri qui romançait les ordres passés.
Et puis, on lui propose un bain. Et de la nourriture? Nausée.
Ayena se lève, et lance un doigt accusateur vers sa domestique.


- Manger ? Manger ? Je ne pourrais rien avaler ! Je jeune depuis des jours et des jours. Pour sur, je vais être prête à merveille pour la cérémonie !

Ironie du soir, bonsoir. Il était vrai que si les recommandations religieuses réclamaient de jeûner les jours des cérémonies importantes, Ayena avait pris de l'avance pour plusieurs années.
Quant à se plonger dans l'eau, elle n'avait vraiment pas l'esprit à ça. Elle y aurait le droit le lendemain en long en large et en travers...


- Et mon cérémonial du bain est prévu demain matin. Je ne vais pas craindre de me friper la peau volontairement. C'est que le Coms va la voir, cette peau, à un moment où un autre.

Comprenez l'allusion à la nuit de noce, qui plonge Ayena dans une suite de mimiques indescriptibles et presque terrifiantes. Qui aurait cru qu'une bouche pourrait sourire à l'envers via une crispation aussi inesthétique que répugnante ? Sans doute est-ce le moment où le public commence habituellement à fuir.
De nouveau, elle se laisse tomber assise sur le lit. Et dans un souffle, sa voix se brise alors qu'elle confie :

- J'ai peur. Allez le chercher.

Sortez les mouchoirs. Si vous ne vous êtes pas encore carapatées, les filles.
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Héraldique
Lovly


Pour être d'humeur massacrante, la jeune demoiselle d'Alquines presque baronne de Crussol l'était. Lovly pourrait le confirmer sans aucun doute vu la réponse qu'elle avait reçu alors qu'elle lui proposait d'essayer de la relaxer un minimum. Tant pis... Pour peu, elle en aurait presque regrettée d'être devenue la Dame de Compagnie de la jeune fille. Comme quoi, la réorientation sociale, ce n'était pas toujours facile... Pas pour tout le monde en tout cas !

Catarina retourna un regard à la hauteur du sourire qu'elle reçut de Mayhri et de la situation et laissa cette dernière s'exprimer face à Ayena qui venait de passer de chaud à froid. C'est qu'elle devait pas être bien dans sa tête actuellement la p'tite Ayena... Déroger aux coutumes ancestrales et voir le Coms avant la veille? Pi quoi encore ? Il était certain d'une, Lovly n'était pas du tout diplomatique - ou très peu - comparé à l'Intendante.

Sans dire un mot pour le moment, la rousse se rapprocha de Mayhri pour être bien en face de leur employeuse.

Nous ne doutons point qu'il soit soucieux, tout comme vous. Mais, Donà, n'oubliez pas que cette coutume de la séparation est aussi un test pour voir à quel point vous tenez à être mariée et la force que vous employée à cela, dit-elle tout doucement mais avec non moins de conviction... Vous désirez vous engager sur ce chemin là avec pureté comme nous le savons toutes trois. Et puis, vous ne prendriez pas le risque de sortir à cette heure-là...

Mais c'était comme si ses paroles avaient survolés la pensée de sa patronne qui renchérit... Voilà qu'elle avait peur maintenant... Et qu'elle ordonnait qu'on aille chercher son futur... Ah non ! Pas ça ! Et pas besoin de parler pour que l'Intendante sache ce qu'il en était vu qu'elle devait penser la même chose... Un regard à la sus mentionnée puis, tentative de combattre le mal... par le mal.

Ayena, eh oui, fallait bien la rassurer la jeunôte - pi elle ne le remarquerait qu'à peine -, voudriez-vous risquez de paraître comme une dérangée aux yeux du Coms ? Ou de le voir dans ses plus faibles apparats avant l'heure ? Il serait ma foy plus sage d'attendre et de penser à autre chose - difficile, va -. Puis, c'est qu'il y a des bandits dehors, cachés dans la nuit... Vous ne voudriez pas prendre un risque qui ruinerait votre mariage et le bonheur qui vous attend, tous les deux, ensembles.

"Ce ne sont que quelques heures de plus à attendre"... Bouh... C'est qu'elle allait se faire taper la Lovly... Elle s'en mordrait presque les doigts.
--_lumiere_
Lulu était adossé au mur, une jambe pliée qui le tenait bien calé. Il croquait une pomme qu'il avait chipé le matin même sur le marché de Montpellier, regardait les quelques personnes qui osaient encore passer dans les rues à cette heure tardive.

Un homme bien vêtu, un seigneur pour sûr, un bouquet coloré à la main, s'approche de lui, Lulu le dévisage de haut en bas, l'air inquiet. Et c'est qu'il s'adresse à lui, le beau mâle.


Jeune homme, pourrais-tu me faire une course contre un bel écu ?

La piécette brillante tournoyait entre ses doigts gantés.

Lulu ouvre de grands yeux ronds.

Ben, faut voir, dites toujours.

Je voudrais que tu remettes ce bouquet de capucines à la demoiselle qui loge dans cet hôtel, là en face.
Et en toute discrétion. Je sais que l'heure est avancée et qu'il est d'ordinaire inconvenant d'aller frapper à la porte des dames si tardivement, mais c'est pour éviter des rencontres inopportunes.
Si tu sais te faire discret, tu auras droit à un autre écu, en retour.


Pas très généreux le bourgeois, Lulu grimace.

C'est d'accord.

Il se décolle du mur, retrouve ses deux jambes bien droites, prend le bouquet et la missive cachetée qui l'accompagnait. S'il avait été curieux et qu'il savait lire, il aurait pu découvrir la belle écriture.


Citation:
Ayena,

Mon coeur a vacillé lorsque j'ai appris que vous alliez prendre en épousailles un vieillard.
C'est à genoux que je vous supplie de ne pas faire cette folie.

L'étincelle dans vos yeux est le témoin d'un désir de vie.
Ne vous engagez pas vers l'ennui.

Je vous prie de pardonner ma maladresse, mais le temps presse.

Depuis que nos regards se sont croisés, depuis que nos mains se sont effleurées,
mes jours et mes nuits me torturent, dans l'espoir de vous revoir.

Votre dévoué,
R.

Il frappe, il frappe à nouveau un petit coup, colle son oreille à la porte histoire de percevoir des bruits de pas. Le porte s'ouvre sur une belle blonde à croquer comme sa pomme.

T'nez, c'est pour la d'moiselle qui loge ici.

Le gamin flanque le paquet dans les mains de la belle.

Ya une réponse ?

Lulu n'avait pas pour mission d'attendre une réponse mais dans sa petite tête c'était un bon moyen de rester planter là un moment histoire de voir s'il augmenterait son petit pécule.
Ayena
Ruiner son mariage et son bonheur ? Argument pris en compte. Seulement si Ayena ne réussissait pas à se calmer tout de suite, là, maintenant, le mariage serait légèrement entaché. Car pour qui ne le sait pas, apprenez qu'une jeune femme d'à peine 17 ans peut faire pas mal de dégâts lorsqu'elle est dans ce genre de situation. Le mot "furie" est bien féminin, non ?
La jeune femme, dans un moment de lucidité comprit que les deux acolytes face à elle tentaient de faire au mieux pour ne pas entacher la belle image qu'elle avait auprès du Coms. Mais d'Alquines secoua la tête : elle avait des choses à lui dire; avant le mariage. Elle ne pouvait pas laisser leur union se faire sans qu'il soit au courant de tout. Pour se marier en connaissances de causes. Pour ne pas ensuite avoir à regretter son choix.. Pour ne pas avoir à répudier sa nouvelle épouse. Car la jeune femme ne pensait pas tant à elle qu'à son fiancé et à sa réputation. Après tout, il épousait une inconnue aux yeux de tous, et c'était déjà preuve de courage... Ou de folie ?

Sa décision est prise.


- Mhayri, je sais que ce n'est point pour cela que je te paye... Mais va au castel comtal, et ramène moi le Coms.
Catarina, vous m'aiderez à passer une tenue d'intérieur décente...


Elle leva un doigt.

- Pas de protestation. C'est mon honneur, pas le votre.

Quoique si Ayena perdait son honneur, sans doute celui de ses domestiques serait-il aussi mis à mal, mais elle n'y pensa pas un seul instant, la pauvrette. Et elle n'imagine pas non plus que Mhayri va récupérer un message à la porte. Et que ce message deviendra ce qu'il devra devenir... Mais en l'occurence, l'Intendante de maison a lourd sur ses épaules : elle doit faire venir un Coms en pleine nuit dans l'hotel de la futur épouse et à la veille du mariage, encore, et doit faire ce que bon lui semblera du message...
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Héraldique
Mhayri
"Heing ?" fit la blonde en fixant Ayena d'un air stupéfait. Elle battit bêtement des paupières avant de lancer un regard à Lovly signifiant à peu près "mais pourquoi moi ?!"

"Ramène-moi le Coms", qu'elle avait dit ! Comme elle aurait dit "allez chercher de l'eau au puit", ou encore "faites-moi de la pintade pour ce midi"... Ramenait-on un Coms comme on appelait un coursier ? Miladeu, la future Baronne avait vraiment perdu le bon sens ! Du moins avait-elle eu la grâce de reconnaître qu'elle n'était pas payée pour ça. Et qui donc, par le Sans-Nom, accepterait donc de l'être pour aller essuyer le courroux du Coms de Lengadòc, je vous le demande ?

Elle inspira longuement, carra les épaules courageusement et... s'inclina.


"Oc ben, meuna Dòna."

Sa voix calme semblait résignée, mais l'éclat de son regard, qu'elle conservait prudemment baissé, aurait totalement démenti cette impression à quiconque l'eut croisé à cet instant.
D'une façon ou d'une autre, elle trouverait un moyen de "se perdre", ou d'arriver "en retard", voire même de simuler une attaque - après tout n'était-ce pas crédible, à cette heure du soir ? - pour ne pas revenir avant le levé du soleil. D'ici là, avec un peu de chance, l'Alquines aurait été vaincue par la fatigue et enfin prit le repos dont elle avait tant besoin au lieu de s'affoler les sangs inutilement.

Elle se releva et se tourna vers Lovly avec un sourire encourageant.

"Dònaisela, auriez-vous quelques minutes ? Je vais avoir besoin que vous supervisiez certaines choses ici en mon absence."
Et de fait, elle entendait bien confier à la demoiselle de compagnie la lourde mission d'endormir la méfiance d'Ayena, à défaut de l'endormir tout court.

Quelques minutes plus tard, après avoir remis à Lovly un petit sachet d'herbes "qui l'aideront à dormir du sommeil du juste", la blonde se dirigeait vers la porte lorsqu'elle entendit qu'on y frappait. Plusieurs coups furent portés avec insistance, et en l'absence des gardes - tiens, il faudrait qu'elle en parle à Uc, c'était inadmissible - elle alla ouvrir elle-même... et se trouva nez à nez avec un gamin qui lui remit avec une autorité désarmante un paquet pour la maîtresse des lieux.


"T'nez, c'est pour la d'moiselle qui loge ici.
Ya une réponse ?"


Bonne question ! Elle observa le paquet avec curiosité, avant de se tourner vers le gamin. Etait-ce le Coms ? Cela ne lui ressemblait pourtant pas...

"Je ne sais pas petit. Entre un instant, je vais te faire amener aux cuisines en attendant."

Elle recula et laissa entrer l'enfant. Captant l'attention d'une domestique qui passait par là, elle la hêla.
"Amenez donc cet enfant aux cuisines et servez-lui un peu de soupe : Dòna Ayena nous en voudrait de laisser partir ce gamin dans la nuit sans en prendre un peu soin, non ? Je reviendrai le chercher plus tard."

Puis, sans plus s'en soucier, sa curiosité totalement tournée vers le bouquet et la missive qu'elle tenait en main, elle se rendit à nouveau auprès des deux jeunes femmes qu'elle avait quittées plus tôt.
Elle frappa à la porte et entra en s'inclinant à nouveau.


"Meuna Dòna, j'ai croisé un messager qui délivrait ceci pour vous. Surement le Coms qui vous souhaitera le bonne nuit..."

Puis elle s'approcha et lui remit le bouquet et la lettre, sans la quitter du regard, espérant entrevoir quelques lignes dudit message.
Étonnant qu'elle ne l'eut pas lu d'abord ? C'est que la Blonde, tout récemment instruite, et encore très novice dans la lecture, n'était pas encore à son aise avec l'écriture et n'imaginait certainement pas quel danger pouvait receler un innocent message.

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Ayena
Mhayri sort. Ayena jette un regard coupable vers Lovly. Rholala. Elle vient encore de faire une bourde, la Demoiselle, sans doute. Mais Mhayri entre à nouveau. D'Alquines s'apprête à s'excuser d'avoir été trop sévère, mais voilà qu'on lui tend un message qui lui coupe la chique.

Avec un regard interrogateur vers son intendante de maison qui doit bien savoir quelque chose sur l'origine du message, la jeune femme décachette doucement le pli. Puis, après un dernier regard à ses domestiques, comme pour retarder le moment de la lecture, elle baisse enfin ses azurs vers les quelques lignes. Elle s'attendait à trouver l'écriture familière du Coms. Elle se trouve face à tout sauf à quelque chose de familier.

Au fur et à mesure de sa lecture, ses sourcils frémirent, se contractèrent et s’effondrèrent. R ? Qui était ce "R" ? Les méninges fonctionnant le plus rapidement possible, elle chercha un prénom familier qui commençait par un R avant de se rendre compte de l'absurdité de la chose : jamais, jamais ses mains n'avaient effleuré d'autres mains que celles de son promis. Un peu secoué, elle s'assit de nouveau sur son lit et regarda sa servante :


- A quoi ressemblait le messager ?

Comme attiré vers un aimant, son regard retourna vers le message. Qui, mais qui donc se cachait derrière cette initiale ? Quel est le but de cet homme ? Que cherche t-il, sinon à la troubler un peu plus ?

- Non, qu'importe. Cette fois, il faut faire venir le Coms. Je crains une menace. Partez avec Uc et quelques hommes d'armes, Mhayri.

La jeune femme est étrangement bien plus calme que quelques minutes auparavant. Au moins, maintenant, elle a une excuse pour faire venir son fiancé. Et pour la peine, elle venait de vouvoyer son intendante : sur elle reposait elle ne savait trop quoi. Mais cette chose ne lui plaisait pas. Du tout.

- Je vous en prie, pressez vous.

Car le billet pressant, faisait encore plus peur à Ayena que ce qui se déroulerait le lendemain : et pour la peine, elle avait presque oublié sa détresse...

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Héraldique
Mhayri
La blonde fronça les sourcils, surprise et inquiète. Après un bref instant d'hésitation, et voyant que la Dame de compagnie ne le faisait pas, elle s'avança en se raclant la gorge discrètement, cherchant les mots qui ne feraient pas passer son impertinence pour ce qu'elle était.

"Meuna Dòna... sur quel motif dois-je le faire chercher ? Que contient donc ce message de si inquiétant ?"

Oui parce que bon, une fois encore, aller se promener dans la nuit noire juste pour une angoisse pré-maritale, merci, mais non merci ! Plus les minutes s'égrainaient, et plus la blonde prenait en grippe le mariage, ceux qui avaient eu l'idée de l'inventer, Aristote et le reste avec. Heureusement pour elle, elle était bien partie pour y échapper.
Cette pensée, au lieu de la consoler, assombrit encore d'avantage et son humeur et son visage. Sombre humeur heureusement attribuable à l'inquiétude initiale qui était la sienne.

_________________
Ayena
Elle veut froncer les sourcils, elle veut gronder sa servante : pourquoi n'est-elle pas encore partie ? Parler d'une menace ne suffit-il plus ? Cette impertinente va payer son manque d’obéissance. Ayena sert les dents et... finit par douter. Dans les prunelles de son intendante, qui n'attend qu'un signe d'elle pour prendre la poudre d'escampette, d'Alquines voit son reflet : celui d'une femme qui croit peut dans le mariage, qui doute et qui a envie de tout laisser tomber. Mais la Demoiselle a su résister jusque là; parce que malgré la peur qui lui tord l'estomac, elle ne peut le nier, elle est amoureuse. Et partir, fuir, lui ferait plus de mal qu'autre chose. Même, elle réussit à s'en convaincre : elle vit pour épouser Adrien. C'est son destin, sa vocation. Dieu a choisit cet homme pour elle, et elle n'est pas si folle que cela pour s'opposer aux desseins de Dieu.

- Je euh...

Le message. Hof... Après tout, est-ce si important ? Est-ce si menaçant ? La future Comtesse Consort du Languedoc reporte son attention sur les lignes. Après tout... Un secret de plus, un secret de moins...
Une, deux. Respirations calmes. Trois quatre. Décisions prises.
Le message est plié soigneusement en huit, seize, mille. Comme autant de serrures pour l'en éloigner. Qu'en faire ? Le brûler ? Non. Ce "R" l'intrigue. Malgré tout, malgré elle. Il est posé sur une table. Et comme Ayena s'en détourne, elle range ce dossier dans les "affaires classées".

Puis, après un geste de pardon envers ses domestiques, Ayena souffle :


- Bien. Puisque vous ne voulez point obéir... Nous ferons porter des mots au Coms.

Deux coups secs frappés dans les mains.

- Écritoire !

Elle a tenté d'extérioriser le mal qui la ronge en maltraitant ses domestiques, en exigeant, en faisant des caprices. Mais ce qui doit sortir sortira, alors si tout le monde se ligue contre elle, ça sera par le biais de l'encre que les lignes déliant le secret seront tracés.

Installée enfin, restée muette, elle inspire, expire et se lance, sous le regard qu'elle juge accusateur de sa mesnie.



A vous Adrien,
De nous Ayena,...


Comment commencer ? C'est toujours difficile. Parler de la pluie, du beau temps. Retarder l'échéance de se livrer au papier.



...Voici le dernier soir, la dernière nuit. Et puis, viendra le premier matin, d'une nouvelle vie...


Vinrent les banalités. Ayena jettent un coups d'oeil à Catarina :

- Préparez moi donc ce bain dont vous parliez plus tôt.

Occuper les autres pour pouvoir ne pas sentir leurs regards sur elle. Sur, demain sa réputation sera faite : la folle-mariée.



...Ami, l'angoisse des derniers jours m'étreint le coeur...


L'odeur des plantes qui infusent dans l'eau. Elle a soif, tout à coup. Mais il ne faut plus interrompre le plus d'encre. La plume d'oie crisse de plus en plus vite. Un peu de sueur perle dans le cou blanc de la Demoiselle.



... Adrien, vous ne serez pas le premier. J'ai déjà été mariée...


La gorge serrée, les yeux qui se brouillent. Une goutte, sur le velin, qui est séchée d'un coin de manche.



...même si cela n'était point en notre contrat de mariage, peut être vous attendiez vous à une pucelle. Vous avez le droit de refuser de prendre ma main demain, celle que mon père vous proposera...


Se moucher. Dans sa manche. On est plus à ça prêt.



Voici ma confession...


Et puis on affirme que l'on aime, on signe, on se relit. On pleure, sur son sort : c'est normal, on vient de proposer à celui qu'on aime de ne pas se présenter à l'église. Quel foin ça ferait... On s'enfuirait, cette fois. Encore.
La cire coule, rouge, écarlate. On enfonce un scel. On appel le messager qui déjà dormait, le fidèle Audelien et on lui ordonne, avec nos yeux rouges, notre chevelure folle, notre voix qui déraille de porter cela instamment au Coms. On lui donne en même temps la tenue de mariage du marié : c'est qu'avec la mort de la Reyne, le mariage a été décalé et qu'on en a profité pour ajouter quelques broderies.

Puis, comme un zombie, un automate, une poupée de chiffon, on se laisse faire : un bain, un massage, au lit. Audelien n'est pas revenu. Peut être Adrien a t-il prit une décision. au moins, il n'y aura pas grand chose à annuler : déjà le deuil royal empêche banquet et bal. Alors, un évêque qui se lève pour rien, ça n'est pas si grave...

Ayena, docile, fait semblant de dormir. Jusqu'au petit matin, où, comme d'habitude, elle est la première levée. Sauf que cette fois, rien ne sera plus pareil : cette journée va tout bouleverser, tout.
Mais ne pas penser au pire. Faire semblant, encore, de se réjouir. Quelques femmes se présenteront-elles pour la cérémonie du bain de la mariée ? Pour l'habillage ? Certaines amies oseront-elles venir jusqu'à l'hotel particulier, frapper, entrer ?

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Héraldique
Mhayri
Si l'anxiété d'Ayena l'avait inquiétée, sa soudaine docilité et son évidente affliction le fit bien plus encore ; c'est le cœur serré d'angoisse que Mhayri vit partir le message.

Comment décrire sa culpabilité, à l'idée que peut-être son étourderie et son effronterie avaient aggravé une situation déjà ô combien compliquée ? Comment défaire ce qui a été fait et remonter le cours du temps ? Mission impossible quand on n'est qu'une paysanne en territoire si peu connu.

Les yeux baissés en une attitude de soumission qui ne lui ressemblait que peu, la Nîmoise se mit en devoir de préparer sa Dame pour la nuit, avec l'aide de la Dame de compagnie, puis de veiller à ce que lui soient apportés douceurs et tisane, auxquels l'Alquines ne toucha même pas.

Elle soupira : le deuil royal avait déjà durement touché les festivités, forçant la blonde à annuler la plupart des préparatifs qu'elle avait engagés. Si certains l'avaient acceptés de bonne grâce, d'autres lui en tiendraient rigueur pendant encore longtemps, et c'était le cœur lourd que la Nîmoise avait vu repartir certains chariots, tandis que d'autres étaient venu gonfler de façon inquiétante les stocks du Castel Comtal. Désormais, à sa charge de trouver comment écouler intelligemment tous ces surplus.

Mais plus que tout, Mhayri avait le cœur serré de voir se réduire à vue d’œil la joie de sa Dame pour ce qui aurait pourtant dû être le plus beau jour de sa vie. Et que pouvait-elle faire que d'accomplir sa tâche du mieux qu'elle le pensait ?

Haussant les épaules, la jeune fille quitta le seuil de la chambre de l'Alquines, où elle s'assurait par l’entrebâillement que le sommeil était venu prendre son dû. Puis, dans le silence de la nuit, elle regagna sa propre couche, non pour y dormir mais pour tenter d'y démêler encore les multiples problèmes qui constitueraient son quotidien pendant les semaines à venir.

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Ayena
Son regard allait de l'une à l'autre, espérant un peu de compassion, un acquiescement, un "truc". Le petit "truc" qui lui ôterait toute envie de se mettre à pleurer, de crier et de s'enfouir sous les draps tout en même temps. L'estomac ayenien, vide depuis quelques temps, avait une tendance très forte à vouloir remonter en direction de sa gorge, ce qui, manifestement, n'était pas une bonne idée. On contredirait les lois de l'organisme une autre fois, s'il voulait bien.

Sur le ton presque maternelle de son intendante de maison, Ayena se mit à balancer la tête de droite à gauche, en signe de refus ou de déni. Non, non, non. Lorsqu'elle posait une question, ne devait-on pas lui répondre par l'affirmative ? Et puis, pourquoi lui parlait-on comme à une petite fille qui faisait un caprice ? Comme à une pucelle qui nécessitait les bons soins d'une matrone ?
Pucelle ? Matrone ? Ayena rougit, venant ajouter à son état physique désolant une marque supplémentaire d'égarement.


- Ou alors il est aussi soucieux et... Et...

Allez quoi, facilitez lui la tâche ! La pauvrette n'avait même pas remarqué le mensonge éhonté de Mhayri qui romançait les ordres passés.
Et puis, on lui propose un bain. Et de la nourriture? Nausée.
Ayena se lève, et lance un doigt accusateur vers sa domestique.


- Manger ? Manger ? Je ne pourrais rien avaler ! Je jeune depuis des jours et des jours. Pour sur, je vais être prête à merveille pour la cérémonie !

Ironie du soir, bonsoir. Il était vrai que si les recommandations religieuses réclamaient de jeûner les jours des cérémonies importantes, Ayena avait pris de l'avance pour plusieurs années.
Quant à se plonger dans l'eau, elle n'avait vraiment pas l'esprit à ça. Elle y aurait le droit le lendemain en long en large et en travers...


- Et mon cérémonial du bain est prévu demain matin. Je ne vais pas craindre de me friper la peau volontairement. C'est que le Coms va la voir, cette peau, à un moment où un autre.

Comprenez l'allusion à la nuit de noce, qui plonge Ayena dans une suite de mimiques indescriptibles et presque terrifiantes. Qui aurait cru qu'une bouche pourrait sourire à l'envers via une crispation aussi inesthétique que répugnante ? Sans doute est-ce le moment où le public commence habituellement à fuir.
De nouveau, elle se laisse tomber assise sur le lit. Et dans un souffle, sa voix se brise alors qu'elle confie :

- J'ai peur. Allez le chercher.

Sortez les mouchoirs. Si vous ne vous êtes pas encore carapatées, les filles.
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Héraldique
Lovly


Pour être d'humeur massacrante, la jeune demoiselle d'Alquines presque baronne de Crussol l'était. Lovly pourrait le confirmer sans aucun doute vu la réponse qu'elle avait reçu alors qu'elle lui proposait d'essayer de la relaxer un minimum. Tant pis... Pour peu, elle en aurait presque regrettée d'être devenue la Dame de Compagnie de la jeune fille. Comme quoi, la réorientation sociale, ce n'était pas toujours facile... Pas pour tout le monde en tout cas !

Catarina retourna un regard à la hauteur du sourire qu'elle reçut de Mayhri et de la situation et laissa cette dernière s'exprimer face à Ayena qui venait de passer de chaud à froid. C'est qu'elle devait pas être bien dans sa tête actuellement la p'tite Ayena... Déroger aux coutumes ancestrales et voir le Coms avant la veille? Pi quoi encore ? Il était certain d'une, Lovly n'était pas du tout diplomatique - ou très peu - comparé à l'Intendante.

Sans dire un mot pour le moment, la rousse se rapprocha de Mayhri pour être bien en face de leur employeuse.

Nous ne doutons point qu'il soit soucieux, tout comme vous. Mais, Donà, n'oubliez pas que cette coutume de la séparation est aussi un test pour voir à quel point vous tenez à être mariée et la force que vous employée à cela, dit-elle tout doucement mais avec non moins de conviction... Vous désirez vous engager sur ce chemin là avec pureté comme nous le savons toutes trois. Et puis, vous ne prendriez pas le risque de sortir à cette heure-là...

Mais c'était comme si ses paroles avaient survolés la pensée de sa patronne qui renchérit... Voilà qu'elle avait peur maintenant... Et qu'elle ordonnait qu'on aille chercher son futur... Ah non ! Pas ça ! Et pas besoin de parler pour que l'Intendante sache ce qu'il en était vu qu'elle devait penser la même chose... Un regard à la sus mentionnée puis, tentative de combattre le mal... par le mal.

Ayena, eh oui, fallait bien la rassurer la jeunôte - pi elle ne le remarquerait qu'à peine -, voudriez-vous risquez de paraître comme une dérangée aux yeux du Coms ? Ou de le voir dans ses plus faibles apparats avant l'heure ? Il serait ma foy plus sage d'attendre et de penser à autre chose - difficile, va -. Puis, c'est qu'il y a des bandits dehors, cachés dans la nuit... Vous ne voudriez pas prendre un risque qui ruinerait votre mariage et le bonheur qui vous attend, tous les deux, ensembles.

"Ce ne sont que quelques heures de plus à attendre"... Bouh... C'est qu'elle allait se faire taper la Lovly... Elle s'en mordrait presque les doigts.
--_lumiere_
Lulu était adossé au mur, une jambe pliée qui le tenait bien calé. Il croquait une pomme qu'il avait chipé le matin même sur le marché de Montpellier, regardait les quelques personnes qui osaient encore passer dans les rues à cette heure tardive.

Un homme bien vêtu, un seigneur pour sûr, un bouquet coloré à la main, s'approche de lui, Lulu le dévisage de haut en bas, l'air inquiet. Et c'est qu'il s'adresse à lui, le beau mâle.


Jeune homme, pourrais-tu me faire une course contre un bel écu ?

La piécette brillante tournoyait entre ses doigts gantés.

Lulu ouvre de grands yeux ronds.

Ben, faut voir, dites toujours.

Je voudrais que tu remettes ce bouquet de capucines à la demoiselle qui loge dans cet hôtel, là en face.
Et en toute discrétion. Je sais que l'heure est avancée et qu'il est d'ordinaire inconvenant d'aller frapper à la porte des dames si tardivement, mais c'est pour éviter des rencontres inopportunes.
Si tu sais te faire discret, tu auras droit à un autre écu, en retour.


Pas très généreux le bourgeois, Lulu grimace.

C'est d'accord.

Il se décolle du mur, retrouve ses deux jambes bien droites, prend le bouquet et la missive cachetée qui l'accompagnait. S'il avait été curieux et qu'il savait lire, il aurait pu découvrir la belle écriture.


Citation:
Ayena,

Mon coeur a vacillé lorsque j'ai appris que vous alliez prendre en épousailles un vieillard.
C'est à genoux que je vous supplie de ne pas faire cette folie.

L'étincelle dans vos yeux est le témoin d'un désir de vie.
Ne vous engagez pas vers l'ennui.

Je vous prie de pardonner ma maladresse, mais le temps presse.

Depuis que nos regards se sont croisés, depuis que nos mains se sont effleurées,
mes jours et mes nuits me torturent, dans l'espoir de vous revoir.

Votre dévoué,
R.

Il frappe, il frappe à nouveau un petit coup, colle son oreille à la porte histoire de percevoir des bruits de pas. Le porte s'ouvre sur une belle blonde à croquer comme sa pomme.

T'nez, c'est pour la d'moiselle qui loge ici.

Le gamin flanque le paquet dans les mains de la belle.

Ya une réponse ?

Lulu n'avait pas pour mission d'attendre une réponse mais dans sa petite tête c'était un bon moyen de rester planter là un moment histoire de voir s'il augmenterait son petit pécule.
Ayena
Ruiner son mariage et son bonheur ? Argument pris en compte. Seulement si Ayena ne réussissait pas à se calmer tout de suite, là, maintenant, le mariage serait légèrement entaché. Car pour qui ne le sait pas, apprenez qu'une jeune femme d'à peine 17 ans peut faire pas mal de dégâts lorsqu'elle est dans ce genre de situation. Le mot "furie" est bien féminin, non ?
La jeune femme, dans un moment de lucidité comprit que les deux acolytes face à elle tentaient de faire au mieux pour ne pas entacher la belle image qu'elle avait auprès du Coms. Mais d'Alquines secoua la tête : elle avait des choses à lui dire; avant le mariage. Elle ne pouvait pas laisser leur union se faire sans qu'il soit au courant de tout. Pour se marier en connaissances de causes. Pour ne pas ensuite avoir à regretter son choix.. Pour ne pas avoir à répudier sa nouvelle épouse. Car la jeune femme ne pensait pas tant à elle qu'à son fiancé et à sa réputation. Après tout, il épousait une inconnue aux yeux de tous, et c'était déjà preuve de courage... Ou de folie ?

Sa décision est prise.


- Mhayri, je sais que ce n'est point pour cela que je te paye... Mais va au castel comtal, et ramène moi le Coms.
Catarina, vous m'aiderez à passer une tenue d'intérieur décente...


Elle leva un doigt.

- Pas de protestation. C'est mon honneur, pas le votre.

Quoique si Ayena perdait son honneur, sans doute celui de ses domestiques serait-il aussi mis à mal, mais elle n'y pensa pas un seul instant, la pauvrette. Et elle n'imagine pas non plus que Mhayri va récupérer un message à la porte. Et que ce message deviendra ce qu'il devra devenir... Mais en l'occurence, l'Intendante de maison a lourd sur ses épaules : elle doit faire venir un Coms en pleine nuit dans l'hotel de la futur épouse et à la veille du mariage, encore, et doit faire ce que bon lui semblera du message...
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Héraldique
Mhayri
"Heing ?" fit la blonde en fixant Ayena d'un air stupéfait. Elle battit bêtement des paupières avant de lancer un regard à Lovly signifiant à peu près "mais pourquoi moi ?!"

"Ramène-moi le Coms", qu'elle avait dit ! Comme elle aurait dit "allez chercher de l'eau au puit", ou encore "faites-moi de la pintade pour ce midi"... Ramenait-on un Coms comme on appelait un coursier ? Miladeu, la future Baronne avait vraiment perdu le bon sens ! Du moins avait-elle eu la grâce de reconnaître qu'elle n'était pas payée pour ça. Et qui donc, par le Sans-Nom, accepterait donc de l'être pour aller essuyer le courroux du Coms de Lengadòc, je vous le demande ?

Elle inspira longuement, carra les épaules courageusement et... s'inclina.


"Oc ben, meuna Dòna."

Sa voix calme semblait résignée, mais l'éclat de son regard, qu'elle conservait prudemment baissé, aurait totalement démenti cette impression à quiconque l'eut croisé à cet instant.
D'une façon ou d'une autre, elle trouverait un moyen de "se perdre", ou d'arriver "en retard", voire même de simuler une attaque - après tout n'était-ce pas crédible, à cette heure du soir ? - pour ne pas revenir avant le levé du soleil. D'ici là, avec un peu de chance, l'Alquines aurait été vaincue par la fatigue et enfin prit le repos dont elle avait tant besoin au lieu de s'affoler les sangs inutilement.

Elle se releva et se tourna vers Lovly avec un sourire encourageant.

"Dònaisela, auriez-vous quelques minutes ? Je vais avoir besoin que vous supervisiez certaines choses ici en mon absence."
Et de fait, elle entendait bien confier à la demoiselle de compagnie la lourde mission d'endormir la méfiance d'Ayena, à défaut de l'endormir tout court.

Quelques minutes plus tard, après avoir remis à Lovly un petit sachet d'herbes "qui l'aideront à dormir du sommeil du juste", la blonde se dirigeait vers la porte lorsqu'elle entendit qu'on y frappait. Plusieurs coups furent portés avec insistance, et en l'absence des gardes - tiens, il faudrait qu'elle en parle à Uc, c'était inadmissible - elle alla ouvrir elle-même... et se trouva nez à nez avec un gamin qui lui remit avec une autorité désarmante un paquet pour la maîtresse des lieux.


"T'nez, c'est pour la d'moiselle qui loge ici.
Ya une réponse ?"


Bonne question ! Elle observa le paquet avec curiosité, avant de se tourner vers le gamin. Etait-ce le Coms ? Cela ne lui ressemblait pourtant pas...

"Je ne sais pas petit. Entre un instant, je vais te faire amener aux cuisines en attendant."

Elle recula et laissa entrer l'enfant. Captant l'attention d'une domestique qui passait par là, elle la hêla.
"Amenez donc cet enfant aux cuisines et servez-lui un peu de soupe : Dòna Ayena nous en voudrait de laisser partir ce gamin dans la nuit sans en prendre un peu soin, non ? Je reviendrai le chercher plus tard."

Puis, sans plus s'en soucier, sa curiosité totalement tournée vers le bouquet et la missive qu'elle tenait en main, elle se rendit à nouveau auprès des deux jeunes femmes qu'elle avait quittées plus tôt.
Elle frappa à la porte et entra en s'inclinant à nouveau.


"Meuna Dòna, j'ai croisé un messager qui délivrait ceci pour vous. Surement le Coms qui vous souhaitera le bonne nuit..."

Puis elle s'approcha et lui remit le bouquet et la lettre, sans la quitter du regard, espérant entrevoir quelques lignes dudit message.
Étonnant qu'elle ne l'eut pas lu d'abord ? C'est que la Blonde, tout récemment instruite, et encore très novice dans la lecture, n'était pas encore à son aise avec l'écriture et n'imaginait certainement pas quel danger pouvait receler un innocent message.

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Ayena
Mhayri sort. Ayena jette un regard coupable vers Lovly. Rholala. Elle vient encore de faire une bourde, la Demoiselle, sans doute. Mais Mhayri entre à nouveau. D'Alquines s'apprête à s'excuser d'avoir été trop sévère, mais voilà qu'on lui tend un message qui lui coupe la chique.

Avec un regard interrogateur vers son intendante de maison qui doit bien savoir quelque chose sur l'origine du message, la jeune femme décachette doucement le pli. Puis, après un dernier regard à ses domestiques, comme pour retarder le moment de la lecture, elle baisse enfin ses azurs vers les quelques lignes. Elle s'attendait à trouver l'écriture familière du Coms. Elle se trouve face à tout sauf à quelque chose de familier.

Au fur et à mesure de sa lecture, ses sourcils frémirent, se contractèrent et s’effondrèrent. R ? Qui était ce "R" ? Les méninges fonctionnant le plus rapidement possible, elle chercha un prénom familier qui commençait par un R avant de se rendre compte de l'absurdité de la chose : jamais, jamais ses mains n'avaient effleuré d'autres mains que celles de son promis. Un peu secoué, elle s'assit de nouveau sur son lit et regarda sa servante :


- A quoi ressemblait le messager ?

Comme attiré vers un aimant, son regard retourna vers le message. Qui, mais qui donc se cachait derrière cette initiale ? Quel est le but de cet homme ? Que cherche t-il, sinon à la troubler un peu plus ?

- Non, qu'importe. Cette fois, il faut faire venir le Coms. Je crains une menace. Partez avec Uc et quelques hommes d'armes, Mhayri.

La jeune femme est étrangement bien plus calme que quelques minutes auparavant. Au moins, maintenant, elle a une excuse pour faire venir son fiancé. Et pour la peine, elle venait de vouvoyer son intendante : sur elle reposait elle ne savait trop quoi. Mais cette chose ne lui plaisait pas. Du tout.

- Je vous en prie, pressez vous.

Car le billet pressant, faisait encore plus peur à Ayena que ce qui se déroulerait le lendemain : et pour la peine, elle avait presque oublié sa détresse...

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Héraldique
Mhayri
La blonde fronça les sourcils, surprise et inquiète. Après un bref instant d'hésitation, et voyant que la Dame de compagnie ne le faisait pas, elle s'avança en se raclant la gorge discrètement, cherchant les mots qui ne feraient pas passer son impertinence pour ce qu'elle était.

"Meuna Dòna... sur quel motif dois-je le faire chercher ? Que contient donc ce message de si inquiétant ?"

Oui parce que bon, une fois encore, aller se promener dans la nuit noire juste pour une angoisse pré-maritale, merci, mais non merci ! Plus les minutes s'égrainaient, et plus la blonde prenait en grippe le mariage, ceux qui avaient eu l'idée de l'inventer, Aristote et le reste avec. Heureusement pour elle, elle était bien partie pour y échapper.
Cette pensée, au lieu de la consoler, assombrit encore d'avantage et son humeur et son visage. Sombre humeur heureusement attribuable à l'inquiétude initiale qui était la sienne.

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Ayena
Elle veut froncer les sourcils, elle veut gronder sa servante : pourquoi n'est-elle pas encore partie ? Parler d'une menace ne suffit-il plus ? Cette impertinente va payer son manque d’obéissance. Ayena sert les dents et... finit par douter. Dans les prunelles de son intendante, qui n'attend qu'un signe d'elle pour prendre la poudre d'escampette, d'Alquines voit son reflet : celui d'une femme qui croit peut dans le mariage, qui doute et qui a envie de tout laisser tomber. Mais la Demoiselle a su résister jusque là; parce que malgré la peur qui lui tord l'estomac, elle ne peut le nier, elle est amoureuse. Et partir, fuir, lui ferait plus de mal qu'autre chose. Même, elle réussit à s'en convaincre : elle vit pour épouser Adrien. C'est son destin, sa vocation. Dieu a choisit cet homme pour elle, et elle n'est pas si folle que cela pour s'opposer aux desseins de Dieu.

- Je euh...

Le message. Hof... Après tout, est-ce si important ? Est-ce si menaçant ? La future Comtesse Consort du Languedoc reporte son attention sur les lignes. Après tout... Un secret de plus, un secret de moins...
Une, deux. Respirations calmes. Trois quatre. Décisions prises.
Le message est plié soigneusement en huit, seize, mille. Comme autant de serrures pour l'en éloigner. Qu'en faire ? Le brûler ? Non. Ce "R" l'intrigue. Malgré tout, malgré elle. Il est posé sur une table. Et comme Ayena s'en détourne, elle range ce dossier dans les "affaires classées".

Puis, après un geste de pardon envers ses domestiques, Ayena souffle :


- Bien. Puisque vous ne voulez point obéir... Nous ferons porter des mots au Coms.

Deux coups secs frappés dans les mains.

- Écritoire !

Elle a tenté d'extérioriser le mal qui la ronge en maltraitant ses domestiques, en exigeant, en faisant des caprices. Mais ce qui doit sortir sortira, alors si tout le monde se ligue contre elle, ça sera par le biais de l'encre que les lignes déliant le secret seront tracés.

Installée enfin, restée muette, elle inspire, expire et se lance, sous le regard qu'elle juge accusateur de sa mesnie.



A vous Adrien,
De nous Ayena,...


Comment commencer ? C'est toujours difficile. Parler de la pluie, du beau temps. Retarder l'échéance de se livrer au papier.



...Voici le dernier soir, la dernière nuit. Et puis, viendra le premier matin, d'une nouvelle vie...


Vinrent les banalités. Ayena jettent un coups d'oeil à Catarina :

- Préparez moi donc ce bain dont vous parliez plus tôt.

Occuper les autres pour pouvoir ne pas sentir leurs regards sur elle. Sur, demain sa réputation sera faite : la folle-mariée.



...Ami, l'angoisse des derniers jours m'étreint le coeur...


L'odeur des plantes qui infusent dans l'eau. Elle a soif, tout à coup. Mais il ne faut plus interrompre le plus d'encre. La plume d'oie crisse de plus en plus vite. Un peu de sueur perle dans le cou blanc de la Demoiselle.



... Adrien, vous ne serez pas le premier. J'ai déjà été mariée...


La gorge serrée, les yeux qui se brouillent. Une goutte, sur le velin, qui est séchée d'un coin de manche.



...même si cela n'était point en notre contrat de mariage, peut être vous attendiez vous à une pucelle. Vous avez le droit de refuser de prendre ma main demain, celle que mon père vous proposera...


Se moucher. Dans sa manche. On est plus à ça prêt.



Voici ma confession...


Et puis on affirme que l'on aime, on signe, on se relit. On pleure, sur son sort : c'est normal, on vient de proposer à celui qu'on aime de ne pas se présenter à l'église. Quel foin ça ferait... On s'enfuirait, cette fois. Encore.
La cire coule, rouge, écarlate. On enfonce un scel. On appel le messager qui déjà dormait, le fidèle Audelien et on lui ordonne, avec nos yeux rouges, notre chevelure folle, notre voix qui déraille de porter cela instamment au Coms. On lui donne en même temps la tenue de mariage du marié : c'est qu'avec la mort de la Reyne, le mariage a été décalé et qu'on en a profité pour ajouter quelques broderies.

Puis, comme un zombie, un automate, une poupée de chiffon, on se laisse faire : un bain, un massage, au lit. Audelien n'est pas revenu. Peut être Adrien a t-il prit une décision. au moins, il n'y aura pas grand chose à annuler : déjà le deuil royal empêche banquet et bal. Alors, un évêque qui se lève pour rien, ça n'est pas si grave...

Ayena, docile, fait semblant de dormir. Jusqu'au petit matin, où, comme d'habitude, elle est la première levée. Sauf que cette fois, rien ne sera plus pareil : cette journée va tout bouleverser, tout.
Mais ne pas penser au pire. Faire semblant, encore, de se réjouir. Quelques femmes se présenteront-elles pour la cérémonie du bain de la mariée ? Pour l'habillage ? Certaines amies oseront-elles venir jusqu'à l'hotel particulier, frapper, entrer ?

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Héraldique
Mhayri
Si l'anxiété d'Ayena l'avait inquiétée, sa soudaine docilité et son évidente affliction le fit bien plus encore ; c'est le cœur serré d'angoisse que Mhayri vit partir le message.

Comment décrire sa culpabilité, à l'idée que peut-être son étourderie et son effronterie avaient aggravé une situation déjà ô combien compliquée ? Comment défaire ce qui a été fait et remonter le cours du temps ? Mission impossible quand on n'est qu'une paysanne en territoire si peu connu.

Les yeux baissés en une attitude de soumission qui ne lui ressemblait que peu, la Nîmoise se mit en devoir de préparer sa Dame pour la nuit, avec l'aide de la Dame de compagnie, puis de veiller à ce que lui soient apportés douceurs et tisane, auxquels l'Alquines ne toucha même pas.

Elle soupira : le deuil royal avait déjà durement touché les festivités, forçant la blonde à annuler la plupart des préparatifs qu'elle avait engagés. Si certains l'avaient acceptés de bonne grâce, d'autres lui en tiendraient rigueur pendant encore longtemps, et c'était le cœur lourd que la Nîmoise avait vu repartir certains chariots, tandis que d'autres étaient venu gonfler de façon inquiétante les stocks du Castel Comtal. Désormais, à sa charge de trouver comment écouler intelligemment tous ces surplus.

Mais plus que tout, Mhayri avait le cœur serré de voir se réduire à vue d’œil la joie de sa Dame pour ce qui aurait pourtant dû être le plus beau jour de sa vie. Et que pouvait-elle faire que d'accomplir sa tâche du mieux qu'elle le pensait ?

Haussant les épaules, la jeune fille quitta le seuil de la chambre de l'Alquines, où elle s'assurait par l’entrebâillement que le sommeil était venu prendre son dû. Puis, dans le silence de la nuit, elle regagna sa propre couche, non pour y dormir mais pour tenter d'y démêler encore les multiples problèmes qui constitueraient son quotidien pendant les semaines à venir.

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