Dante.tommaso
[Quelque part dans le Royaume de France - Mai 1460]
- Tiens mon gars, il y a assez dans cette bourse pour toi, te nourrir et prendre soin de ta monture. Pas besoin dattendre une réponse, quand tu reviendras, je ne serais déjà plus là
Posant la bourse de cuir dans lune des mains du cavalier, Dante prit le temps de tendre le vélin à lautre, hésitant encore un instant avant de toutefois lâcher prise. Le courrier écrit le matin même devait trouver sa destinataire et le Vénitien le savait que trop bien. Il regarda le cavalier prendre le chemin que lui-même suivrait un peu plus tard dans la soirée avant daller panser son cheval. La solitude avait du bon ces derniers temps et Dante la recherchait plus que de raison.
Balloté entre des sensations quil ne maitrisait pas et son imagination qui venait souvent le titiller, Dante se sentait un tantinet égaré, ce qui nétait guère un sentiment répandu chez lui. Il avait perdu de sa hargne légendaire surtout depuis quil avait, à nouveau, blessé Ellis. Un énième coup du sort ou lenvie de la pousser à bout afin quelle fasse tomber les barrières qui la protégeaient une bonne fois pour toute, il naurait su le dire.... La jeune fille était une énigme pour lui et bien quelle ait tendance à souvrir un peu dernièrement, il suffisait dun rien pour que tout dérape entre eux Et son emportement avait eu leffet escompté. La blonde sétait retranchée dans un silence qui finissait par punir le Vénitien et largement lénerver. Et pourtant, il aurait souhaité être autrement avec elle, elle qui avait pris soin de lui alors quil était seul et désemparé, elle qui était resté à ses côtés, à le soigner et laider à retrouver ses souvenirs perdus, elle qui avait essuyé bien des tempêtes quand Dante, impatient, explosait de ne pouvoir mettre un nom sur une situation ou simplement un banal mot, voir son nom mais à croire que cétait impossible entre eux car en retour, il lavait humiliée une fois de plus.
Passant et repassant la brosse sur les flancs de son cheval, le Vénitien revoyait encore clairement la scène. Une taverne, un soir, paumée à Nevers. Une conversation qui avait fini par tourner autour dun sujet bien récurrent entre eux Depuis quils faisaient route ensemble, depuis quEllis était venue se mettre entre les pattes du vieux loup, Dante navait eu de cesse de tourmenter loisillon autant physiquement que moralement. Et cela faisait des semaines quil ne sapprochait plus vraiment de la douce innocente. Non pas quil se désintéressait delle mais Mais quoi ? Il ne le savait plus lui-même. Laccident, la mémoire perdue puis retrouvée tout ceci avait contribué à changer certains de ses comportements mais son appétit pour les femmes sétait réveillé doucement. Mais Ellis avait de lentêtement et à ce petit jeu là, elle ne cédait pas dun pouce si bien quil avait fini par dire tout haut ce quil pensait tout bas et devant témoin. Et là les réflexions fusèrent. Peu enclin à lui accorder un quelconque soutien, Dante sétait complètement désintéressé des moqueries dont loisillon était lobjet. Mais depuis, la blondine était silencieuse et jouait les absentes, rongeant son frein, échafaudant certainement une façon de lui faire payer cette cuisante soirée. Mais peu lui importait. Il lui avait demandé pourquoi rester à ses côtés si cétait pour agir ainsi et sans laisser le temps à la jeune femme de sexprimer, il lui avait montré le chemin droit devant elle en lui affirmant quelle était libre de son destin. Mais lobstination dEllis avait une fois de plus offert une réponse négative au voyageur. Dante avait haussé les épaules et comme une réflexion bien connue, sen était lavé les mains.
Caressant le chanfrein de son cheval, Dante remontait lentement ses doigts jusquentre les deux oreilles, laissant sa paume onduler sur le velours de lanimal jusquau toupet quil lissa légèrement entre ses doigts. Fermant les yeux, le Vénitien apprécia le soyeux de la robe de lanimal tandis que ce dernier sébrouait à plusieurs reprises. Dante rit doucement en recommençant sa caresse.
- Et bien toi au moins, tu es content de me voir ça devient rare les gens qui mapprécient ces derniers temps ! Je vais finir par croire que je suis plus doué avec les bêtes quavec les hommes
Et Dante posa son front contre celui de son cheval, lui flattant doucement lencolure de sa dextre avant de faire quelques pas en arrière puis de prendre la direction de lauberge qui les accueillaient, lui et ses compagnons pour quelques heures. Un bon bain, une chemise propre et il serait frais et disponible pour reprendre la route. Vérification dusage, le Vénitien chercha les courriers quil échangeait avec sa marquise et dont il ne se séparait jamais. Il les trouva enroulé précieusement les uns dans les autres, entouré dun ruban de satin bleu vénitien. Il navait pas le temps de se replonger dans lune de ses lectures mais il navait quà fermer les yeux pour relire mentalement lun des courriers de la jeune femme. Ses mots restaient gravés dans sa tête, le touchant plus que de raison. Les semaines quil venait de passer lavait rendu plus sensible et plus à lécoute des autres trop sans aucun doute, il devait se reprendre et vite. Entre une innocente au cur pur qui lignorait avec maestria et une Marquise au cur tendre qui avait déjà quelquun dans sa vie, il était bien loti ! Il était temps pour lui de reprendre la direction des femmes aux murs plus légères, évitant ainsi de cogiter plus longuement sur ce quil pourrait avoir ou quil aurait pu connaitre Les regrets nétaient pas des sentiments dont il sencombrait dordinaire alors que diable, oublier les tourments dun temps et regarder devant lui allait devenir sa nouvelle devise. Ellis naurait quà bien se tenir, quant à la douce Marquise, il serait pour elle ce quil aurait toujours dû être, un ami et rien dautre.
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- Tiens mon gars, il y a assez dans cette bourse pour toi, te nourrir et prendre soin de ta monture. Pas besoin dattendre une réponse, quand tu reviendras, je ne serais déjà plus là
Posant la bourse de cuir dans lune des mains du cavalier, Dante prit le temps de tendre le vélin à lautre, hésitant encore un instant avant de toutefois lâcher prise. Le courrier écrit le matin même devait trouver sa destinataire et le Vénitien le savait que trop bien. Il regarda le cavalier prendre le chemin que lui-même suivrait un peu plus tard dans la soirée avant daller panser son cheval. La solitude avait du bon ces derniers temps et Dante la recherchait plus que de raison.
Balloté entre des sensations quil ne maitrisait pas et son imagination qui venait souvent le titiller, Dante se sentait un tantinet égaré, ce qui nétait guère un sentiment répandu chez lui. Il avait perdu de sa hargne légendaire surtout depuis quil avait, à nouveau, blessé Ellis. Un énième coup du sort ou lenvie de la pousser à bout afin quelle fasse tomber les barrières qui la protégeaient une bonne fois pour toute, il naurait su le dire.... La jeune fille était une énigme pour lui et bien quelle ait tendance à souvrir un peu dernièrement, il suffisait dun rien pour que tout dérape entre eux Et son emportement avait eu leffet escompté. La blonde sétait retranchée dans un silence qui finissait par punir le Vénitien et largement lénerver. Et pourtant, il aurait souhaité être autrement avec elle, elle qui avait pris soin de lui alors quil était seul et désemparé, elle qui était resté à ses côtés, à le soigner et laider à retrouver ses souvenirs perdus, elle qui avait essuyé bien des tempêtes quand Dante, impatient, explosait de ne pouvoir mettre un nom sur une situation ou simplement un banal mot, voir son nom mais à croire que cétait impossible entre eux car en retour, il lavait humiliée une fois de plus.
Passant et repassant la brosse sur les flancs de son cheval, le Vénitien revoyait encore clairement la scène. Une taverne, un soir, paumée à Nevers. Une conversation qui avait fini par tourner autour dun sujet bien récurrent entre eux Depuis quils faisaient route ensemble, depuis quEllis était venue se mettre entre les pattes du vieux loup, Dante navait eu de cesse de tourmenter loisillon autant physiquement que moralement. Et cela faisait des semaines quil ne sapprochait plus vraiment de la douce innocente. Non pas quil se désintéressait delle mais Mais quoi ? Il ne le savait plus lui-même. Laccident, la mémoire perdue puis retrouvée tout ceci avait contribué à changer certains de ses comportements mais son appétit pour les femmes sétait réveillé doucement. Mais Ellis avait de lentêtement et à ce petit jeu là, elle ne cédait pas dun pouce si bien quil avait fini par dire tout haut ce quil pensait tout bas et devant témoin. Et là les réflexions fusèrent. Peu enclin à lui accorder un quelconque soutien, Dante sétait complètement désintéressé des moqueries dont loisillon était lobjet. Mais depuis, la blondine était silencieuse et jouait les absentes, rongeant son frein, échafaudant certainement une façon de lui faire payer cette cuisante soirée. Mais peu lui importait. Il lui avait demandé pourquoi rester à ses côtés si cétait pour agir ainsi et sans laisser le temps à la jeune femme de sexprimer, il lui avait montré le chemin droit devant elle en lui affirmant quelle était libre de son destin. Mais lobstination dEllis avait une fois de plus offert une réponse négative au voyageur. Dante avait haussé les épaules et comme une réflexion bien connue, sen était lavé les mains.
Caressant le chanfrein de son cheval, Dante remontait lentement ses doigts jusquentre les deux oreilles, laissant sa paume onduler sur le velours de lanimal jusquau toupet quil lissa légèrement entre ses doigts. Fermant les yeux, le Vénitien apprécia le soyeux de la robe de lanimal tandis que ce dernier sébrouait à plusieurs reprises. Dante rit doucement en recommençant sa caresse.
- Et bien toi au moins, tu es content de me voir ça devient rare les gens qui mapprécient ces derniers temps ! Je vais finir par croire que je suis plus doué avec les bêtes quavec les hommes
Et Dante posa son front contre celui de son cheval, lui flattant doucement lencolure de sa dextre avant de faire quelques pas en arrière puis de prendre la direction de lauberge qui les accueillaient, lui et ses compagnons pour quelques heures. Un bon bain, une chemise propre et il serait frais et disponible pour reprendre la route. Vérification dusage, le Vénitien chercha les courriers quil échangeait avec sa marquise et dont il ne se séparait jamais. Il les trouva enroulé précieusement les uns dans les autres, entouré dun ruban de satin bleu vénitien. Il navait pas le temps de se replonger dans lune de ses lectures mais il navait quà fermer les yeux pour relire mentalement lun des courriers de la jeune femme. Ses mots restaient gravés dans sa tête, le touchant plus que de raison. Les semaines quil venait de passer lavait rendu plus sensible et plus à lécoute des autres trop sans aucun doute, il devait se reprendre et vite. Entre une innocente au cur pur qui lignorait avec maestria et une Marquise au cur tendre qui avait déjà quelquun dans sa vie, il était bien loti ! Il était temps pour lui de reprendre la direction des femmes aux murs plus légères, évitant ainsi de cogiter plus longuement sur ce quil pourrait avoir ou quil aurait pu connaitre Les regrets nétaient pas des sentiments dont il sencombrait dordinaire alors que diable, oublier les tourments dun temps et regarder devant lui allait devenir sa nouvelle devise. Ellis naurait quà bien se tenir, quant à la douce Marquise, il serait pour elle ce quil aurait toujours dû être, un ami et rien dautre.
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