Leandre
[Posté dans cette partie car nos persos vont sans doute aller jusqu'au pont-levis. On va ainsi éviter de disperser les sujets =)]
Trois jours. Voilà le temps qu'il leur avait fallu pour parvenir jusqu'ici, dans l'antre de l'animal mythique.
La chose n'avait pas été aisée, imaginez donc deux enfants - puisque c'est ce qu'ils étaient malgré qu'ils n'aimaient, ni l'un ni l'autre, se l'entendre dire - prendre la route depuis Dieppe pour parcourir la Normandie vers l'ouest, en direction de Ryes. L'idée avait germé dans la petite tête du jeune garçon depuis qu'il avait rencontré ce Chevalier en taverne. Déjà auparavant, il avait expliqué à Louve et à qui voulait l'entendre qu'il souhaitait servir le Roy du mieux qu'il le pouvait, et comme il l'avait écris à son géniteur, la voie des armes était de loin la plus noble et la plus utile pour ce faire. Et cette rencontre avec Ethan Newton l'avait littéralement et définitivement convaincu : le charisme dégagé par le Chevalier de la Licorne était stupéfiant, et il semblait servir la cause de la Chevalerie avec ferveur et enthousiasme, comme Leandre le désirait maintenant. Le Valfrey s'était instruit sur le sujet du mieux qu'il le pouvait, parfois même en autodidacte, et avait même été capable de sortir le nom des derniers Grands Maîtres de la Licorne, comme Rhuyzar de la Louveterie, originaire tout comme lui des terres impériales. On le lui avait ensuite rapporté à quoi le Chevalier Newton l'avait comparé : à une bibliothèque ; Et bien entendu le jeune normand n'était pas resté insensible à telle qualification venant de ce qui représentait pour lui un modèle, et il fut bien difficile de ne pas se gonfler d'orgueil par la suite. En faisait-il trop ? Certainement, mais il n'était qu'un... enfant, après tout. Avec ses rêves, ses désirs et ses envies. Certains resteront inaccessibles, et il ferait en sorte que d'autres puissent se réaliser. Ce voyage vers Ryes était la prime étape de la seconde chose qui lui tenait le plus à cur en ce moment-même. Avec un sourire, le futur Chevalier s'était tourné vers la première.
Louve s'était déjà assise à l'arrière de la charrette et avait signifié à Leandre de venir la rejoindre au plus vite, ce qu'il fit bien évidemment. Grimpant à l'aide de ses bras sur le rebord en bois de la carriole, il n'avait pas défait pas ce sourire naïf qui ornait ses lèvres tandis qu'il attrapa la main tendue par la jeune fille, à peine plus vieille que lui. Il ne résignait pas, ou plutôt plus, à accepter de l'aide de la part de son amie ; après tout il pouvait toujours invoquer l'excuse de l'âge. Etant plus âgée que lui, il était normal que parfois elle puisse lui être d'un quelconque secours, même si, il fallait bien l'avouer, son aide était souvent réclamée par l'impérial normand.
Plus loin, en un autre véhicule, le vieux René avait prit place, accompagné de quelques vivres mais rien de plus gênant. Le vieux René, tel était le surnom donné par le Valfrey, c'était l'homme qui s'occupait habituellement de la maisonnée en Normandie, là où les parents de Leandre l'avaient laissé. Mais il est sans doute nécessaire de préciser que le jeune garçon avait quitté la demeure depuis quelques temps, agacé par les crises pas si passagères de la gouvernante, pour trouver refuge auprès de, accrochez-vous bien... Louve ! Etonnant alors que ce vieux René puisse les accompagner en ce jour si la raison n'est pas explicitée. Pour être bref et concis, nous dirons que Leandre a su avancer les bons arguments pour le convaincre de venir, comme en détaillant plus ou moins le châtiment que son père pourrait lui infliger pour ne pas avoir obéi.
Le cocher de leur voiture avait signifié aux autres qu'il était prêt au départ pour Ryes. Les hommes d'armes qui accompagnaient la caravane de marchands se mirent en marche aussi, et le convoi dans son intégralité s'ébranla. Leandre était fier d'avoir osé demandé des informations à ces commerçants, il s'en était d'ailleurs vanté plus d'une fois auprès de Louve, lui montrant à quel point il pouvait être courageux. Cela faisait plusieurs jours qu'ils stationnaient en Dieppe, et au vu des quantités astronomiques de denrées en tout genre qu'ils achetaient auprès des commerces locaux, il avait espéré que leur route les mène d'une façon ou d'une autre par Ryes, et il ne s'était pas trompé. La force de persuasion, et surtout la candeur caractéristique qui faisait de lui un être appréciable, du jeune garçon avait fait le reste : les commerçants avaient accepté de les prendre avec eux, avec seulement deux conditions. La première était de rester calme durant la durée du voyage, et la seconde impliquait d'amener avec eux leurs propres provisions pour se sustenter. Une poignée de main - comme les adultes aimaient à le faire en toute circonstance - avec ce qui semblait être leur meneur, et l'accord était passé.
Dans l'ensemble, le trajet s'était passé dans le calme le plus absolu. Les secousses les avaient amusés, dans un premier temps, mais elles avaient rapidement fait place à ce qu'ils décriraient ensuite comme un tumulte fort ennuyant. A plusieurs reprises la main de Leandre s'était emparé de celle de Louve pour la serrer, parfois de manière fort intense, sans même aucune raison apparente, si ce n'est ce réconfort qu'il venait y chercher de manière presque naturelle, et surtout pratiquement inconsciente. Seules les grimaces de la jeune fille lui signifiaient qu'il serrait trop fort, alors il relâchait son étreinte, tout simplement, pour recommencer plus tard.
Ce fut un voyage parsemé d'arrêts, mais aussi de paroles. Ils n'avaient rien d'autre à faire que de discutailler, de longues heures durant, de leur avenir et ce qu'ils comptaient faire de leur vie. Même s'ils savaient déjà tout de ce que l'autre désirait être plus tard, les exprimer sembler les réconforter dans leurs envies, les rassurer dans leurs choix. Ce qui n'était pas un sujet de conversation sérieuse pour des adultes l'était au plus haut point pour eux.
« J'aurais dû dire au Chevalier Newton que je t'avais laissé me battre la dernière fois. Il aurait sans doute trouvé cela très courtois, et digne d'un Chevalier. J'en suis sûr ! »
La moue habituelle de Louve pour seule réponse ; après tout, les provocations de Leandre ne valaient guère plus.
Le convoi s'arrêta à plusieurs reprises durant le voyage pour permettre à tous de prendre un peu de repos. Le dernier stationnement fut effectué en Lisieux, et s'ensuivit alors un chemin traversant une épaisse forêt. D'étranges hommes furent rencontrés durant cette partie du trajet. Ils traversaient parfois le chemin, ou bien mettaient en place de grands feux aux abords de la lisière, et avaient parfois le visage tout noir. Leandre ignorait bien sur qu'il ne s'agissait que de simples charbonniers et non pas de barbares comme il l'eut pensé tout d'abord. Il ne fit pas part de ses observations à Louve, s'évitant ainsi quelques moqueries quant à ses craintes de ces étrangetés. Il était un homme, il n'avait surtout pas à montrer qu'il avait peur !
Enfin, le bourg était visible. Il ne leur suffisait plus que de sortir de cet amas de végétaux, dont l'épaisseur suffisait à elle seule pour filtrer les rayons du soleil, pour atteindre les postes de garde. Disposant des laisser-passer nécessaires, les marchands purent rapidement faire entrer le convoi dans son intégralité au sein de Ryes, dans un vacarme encore moins discret que le tintamarre habituel du trajet, puisque immédiatement les pavés du sol prirent le soin de faire remuer les véhicules avec vigueur. Constatant avec amusement que Louve s'accrochait comme elle pouvait pour ne pas choir au sol, le jeune Valfrey l'attrapa ferment par le bras pour lui éviter une mauvaise chute. Ils parcoururent quelques rues qui semblaient bien plus riches que celles de Dieppe, les jambes enfantines ballotant dans le vide, avant que l'entièreté de la caravane ne s'arrête non loin de ce qui devait sans doute être la place principale du bourg. Sautant de son perchoir sans perdre une seconde - après avoir bien évidemment pris la peine de lâcher son amie pour éviter de l'entraîner avec lui - Leandre s'empressa de jeter un regard circulaire tout autour de lui. Ils y étaient enfin parvenus. Là où les plus preux de ce Royaumes sont réunis. Là où le simple mot "Licorne" est capable d'évoquer un mélange audacieux de respect, de crainte et de bravoure. Là où peut être se trouvait sa destinée, leur destinée. Cessant soudain de tourner sur lui-même, il pointa un doigt tremblant dans une direction bien précise, un sourire franc illuminant son visage d'ange.
« Vois ! La forteresse de Ryes ! Nous y sommes parvenus, enfin ! »
Et effectivement, dans la direction pointée par l'index du gamin, l'on pouvait voir la fameuse forteresse, dressée sur sa colline, solennelle et majestueuse, sombre et pourtant si resplendissante. Leandre n'avait absolument pas la prétention de vouloir y pénétrer, ni même de postuler à l'Ordre Royal de la Licorne - il avait trop bien étudié tous les documents pour savoir que seize d'années d'existence en ce monde terrestre étaient nécessaires pour y avoir le grade d'escuyer. Mais cette vision ne pouvait qu'être à graver dans sa mémoire, et c'était tout ce qui lui importait véritablement.
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Leandre Lazare de Valfrey
Trois jours. Voilà le temps qu'il leur avait fallu pour parvenir jusqu'ici, dans l'antre de l'animal mythique.
La chose n'avait pas été aisée, imaginez donc deux enfants - puisque c'est ce qu'ils étaient malgré qu'ils n'aimaient, ni l'un ni l'autre, se l'entendre dire - prendre la route depuis Dieppe pour parcourir la Normandie vers l'ouest, en direction de Ryes. L'idée avait germé dans la petite tête du jeune garçon depuis qu'il avait rencontré ce Chevalier en taverne. Déjà auparavant, il avait expliqué à Louve et à qui voulait l'entendre qu'il souhaitait servir le Roy du mieux qu'il le pouvait, et comme il l'avait écris à son géniteur, la voie des armes était de loin la plus noble et la plus utile pour ce faire. Et cette rencontre avec Ethan Newton l'avait littéralement et définitivement convaincu : le charisme dégagé par le Chevalier de la Licorne était stupéfiant, et il semblait servir la cause de la Chevalerie avec ferveur et enthousiasme, comme Leandre le désirait maintenant. Le Valfrey s'était instruit sur le sujet du mieux qu'il le pouvait, parfois même en autodidacte, et avait même été capable de sortir le nom des derniers Grands Maîtres de la Licorne, comme Rhuyzar de la Louveterie, originaire tout comme lui des terres impériales. On le lui avait ensuite rapporté à quoi le Chevalier Newton l'avait comparé : à une bibliothèque ; Et bien entendu le jeune normand n'était pas resté insensible à telle qualification venant de ce qui représentait pour lui un modèle, et il fut bien difficile de ne pas se gonfler d'orgueil par la suite. En faisait-il trop ? Certainement, mais il n'était qu'un... enfant, après tout. Avec ses rêves, ses désirs et ses envies. Certains resteront inaccessibles, et il ferait en sorte que d'autres puissent se réaliser. Ce voyage vers Ryes était la prime étape de la seconde chose qui lui tenait le plus à cur en ce moment-même. Avec un sourire, le futur Chevalier s'était tourné vers la première.
Louve s'était déjà assise à l'arrière de la charrette et avait signifié à Leandre de venir la rejoindre au plus vite, ce qu'il fit bien évidemment. Grimpant à l'aide de ses bras sur le rebord en bois de la carriole, il n'avait pas défait pas ce sourire naïf qui ornait ses lèvres tandis qu'il attrapa la main tendue par la jeune fille, à peine plus vieille que lui. Il ne résignait pas, ou plutôt plus, à accepter de l'aide de la part de son amie ; après tout il pouvait toujours invoquer l'excuse de l'âge. Etant plus âgée que lui, il était normal que parfois elle puisse lui être d'un quelconque secours, même si, il fallait bien l'avouer, son aide était souvent réclamée par l'impérial normand.
Plus loin, en un autre véhicule, le vieux René avait prit place, accompagné de quelques vivres mais rien de plus gênant. Le vieux René, tel était le surnom donné par le Valfrey, c'était l'homme qui s'occupait habituellement de la maisonnée en Normandie, là où les parents de Leandre l'avaient laissé. Mais il est sans doute nécessaire de préciser que le jeune garçon avait quitté la demeure depuis quelques temps, agacé par les crises pas si passagères de la gouvernante, pour trouver refuge auprès de, accrochez-vous bien... Louve ! Etonnant alors que ce vieux René puisse les accompagner en ce jour si la raison n'est pas explicitée. Pour être bref et concis, nous dirons que Leandre a su avancer les bons arguments pour le convaincre de venir, comme en détaillant plus ou moins le châtiment que son père pourrait lui infliger pour ne pas avoir obéi.
Le cocher de leur voiture avait signifié aux autres qu'il était prêt au départ pour Ryes. Les hommes d'armes qui accompagnaient la caravane de marchands se mirent en marche aussi, et le convoi dans son intégralité s'ébranla. Leandre était fier d'avoir osé demandé des informations à ces commerçants, il s'en était d'ailleurs vanté plus d'une fois auprès de Louve, lui montrant à quel point il pouvait être courageux. Cela faisait plusieurs jours qu'ils stationnaient en Dieppe, et au vu des quantités astronomiques de denrées en tout genre qu'ils achetaient auprès des commerces locaux, il avait espéré que leur route les mène d'une façon ou d'une autre par Ryes, et il ne s'était pas trompé. La force de persuasion, et surtout la candeur caractéristique qui faisait de lui un être appréciable, du jeune garçon avait fait le reste : les commerçants avaient accepté de les prendre avec eux, avec seulement deux conditions. La première était de rester calme durant la durée du voyage, et la seconde impliquait d'amener avec eux leurs propres provisions pour se sustenter. Une poignée de main - comme les adultes aimaient à le faire en toute circonstance - avec ce qui semblait être leur meneur, et l'accord était passé.
Dans l'ensemble, le trajet s'était passé dans le calme le plus absolu. Les secousses les avaient amusés, dans un premier temps, mais elles avaient rapidement fait place à ce qu'ils décriraient ensuite comme un tumulte fort ennuyant. A plusieurs reprises la main de Leandre s'était emparé de celle de Louve pour la serrer, parfois de manière fort intense, sans même aucune raison apparente, si ce n'est ce réconfort qu'il venait y chercher de manière presque naturelle, et surtout pratiquement inconsciente. Seules les grimaces de la jeune fille lui signifiaient qu'il serrait trop fort, alors il relâchait son étreinte, tout simplement, pour recommencer plus tard.
Ce fut un voyage parsemé d'arrêts, mais aussi de paroles. Ils n'avaient rien d'autre à faire que de discutailler, de longues heures durant, de leur avenir et ce qu'ils comptaient faire de leur vie. Même s'ils savaient déjà tout de ce que l'autre désirait être plus tard, les exprimer sembler les réconforter dans leurs envies, les rassurer dans leurs choix. Ce qui n'était pas un sujet de conversation sérieuse pour des adultes l'était au plus haut point pour eux.
« J'aurais dû dire au Chevalier Newton que je t'avais laissé me battre la dernière fois. Il aurait sans doute trouvé cela très courtois, et digne d'un Chevalier. J'en suis sûr ! »
La moue habituelle de Louve pour seule réponse ; après tout, les provocations de Leandre ne valaient guère plus.
Le convoi s'arrêta à plusieurs reprises durant le voyage pour permettre à tous de prendre un peu de repos. Le dernier stationnement fut effectué en Lisieux, et s'ensuivit alors un chemin traversant une épaisse forêt. D'étranges hommes furent rencontrés durant cette partie du trajet. Ils traversaient parfois le chemin, ou bien mettaient en place de grands feux aux abords de la lisière, et avaient parfois le visage tout noir. Leandre ignorait bien sur qu'il ne s'agissait que de simples charbonniers et non pas de barbares comme il l'eut pensé tout d'abord. Il ne fit pas part de ses observations à Louve, s'évitant ainsi quelques moqueries quant à ses craintes de ces étrangetés. Il était un homme, il n'avait surtout pas à montrer qu'il avait peur !
Enfin, le bourg était visible. Il ne leur suffisait plus que de sortir de cet amas de végétaux, dont l'épaisseur suffisait à elle seule pour filtrer les rayons du soleil, pour atteindre les postes de garde. Disposant des laisser-passer nécessaires, les marchands purent rapidement faire entrer le convoi dans son intégralité au sein de Ryes, dans un vacarme encore moins discret que le tintamarre habituel du trajet, puisque immédiatement les pavés du sol prirent le soin de faire remuer les véhicules avec vigueur. Constatant avec amusement que Louve s'accrochait comme elle pouvait pour ne pas choir au sol, le jeune Valfrey l'attrapa ferment par le bras pour lui éviter une mauvaise chute. Ils parcoururent quelques rues qui semblaient bien plus riches que celles de Dieppe, les jambes enfantines ballotant dans le vide, avant que l'entièreté de la caravane ne s'arrête non loin de ce qui devait sans doute être la place principale du bourg. Sautant de son perchoir sans perdre une seconde - après avoir bien évidemment pris la peine de lâcher son amie pour éviter de l'entraîner avec lui - Leandre s'empressa de jeter un regard circulaire tout autour de lui. Ils y étaient enfin parvenus. Là où les plus preux de ce Royaumes sont réunis. Là où le simple mot "Licorne" est capable d'évoquer un mélange audacieux de respect, de crainte et de bravoure. Là où peut être se trouvait sa destinée, leur destinée. Cessant soudain de tourner sur lui-même, il pointa un doigt tremblant dans une direction bien précise, un sourire franc illuminant son visage d'ange.
« Vois ! La forteresse de Ryes ! Nous y sommes parvenus, enfin ! »
Et effectivement, dans la direction pointée par l'index du gamin, l'on pouvait voir la fameuse forteresse, dressée sur sa colline, solennelle et majestueuse, sombre et pourtant si resplendissante. Leandre n'avait absolument pas la prétention de vouloir y pénétrer, ni même de postuler à l'Ordre Royal de la Licorne - il avait trop bien étudié tous les documents pour savoir que seize d'années d'existence en ce monde terrestre étaient nécessaires pour y avoir le grade d'escuyer. Mais cette vision ne pouvait qu'être à graver dans sa mémoire, et c'était tout ce qui lui importait véritablement.
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Leandre Lazare de Valfrey