Suzanne
(Il)
Elle n'attendit pas la nuit pour se rendre en sa demeure. L'indication seule que cette dernière se trouvait dans les bois, avait suffit à la décider de s'y rendre dans l'après midi.
Chemin faisant, Suzanne se posait enfin les questions qu'elle aurait dû se poser plus tôt, ce qu'elle fait habituellement... jamais elle ne fait quelque chose sans réflexion. La proposistion était tombée, et fût acceptée.
Le pas était hâtif, le froid la mordant de tous côtés. Les rues défilaient, laissant les masures se disperser. Le petit chemin menant à la lisière du bois s'ouvrait maintenant devant elle... l'appréhension monta d'un cran.
Cependant, elle poursuivit sa route, plus rapidement encore, refermant ses bras autour d'elle, pour se réchauffer.
les arbres se refermèrent bientôt autour d'elle, la luminosité baissant par la même occasion... le chemin devint sentier, qu'elle suvit jusqu'à arriver au domaine décrit par Judas.
Qu'il était-il ? Que faisait-elle là ?
le nez levé vers les hauts murs de la bâtisse, elle avança encore... et en effet, il ne lui avait pas menti... nombre de personnes étaient à oeuvrer dehors... et peut-être davantage en dedans...
La voix jamais bien forte héla un quelconque valet, lui demandant de prévenir le maitre des lieux de son arrivée.
Suzanne
(Découverte)
Attendre encore un peu dans le froid. Le valet partit à la recherche de Judas, dont elle ne connaissait, au final, rien. Si ce nest cette aura spéciale quil dégage. Des mots contre lui ? Oui, elle en avait entendu. Mais Suzanne se faisait son opinion
sans se préoccuper de celle des autres.
Elle pénétra dans la demeure à la suite de son guide du moment
une lourde porte laissa place à une atmosphère partagée entre langueur et fourmillements. Comme un cur qui palpite au ralenti, où chaque artère pulse avec peine le flux doxygène pour maintenir la vie
. luttant contre une armée douvrières, traquant le moindre grain de sable qui bloquerait le rouage bien huilé du domaine
Nombre de gens, femmes surtout
il lui avait dit
Si donc la surprise nest pas dans cette découverte, elle lest plus par lattitude des dites femmes et autres valets
regards fuyants ou autres plus directs
Donnèrent à Suzanne une impression détouffement.
Des portes, des tentures... Matières riches et lourdes, étouffer les bruits, les rumeurs
les secrets.
Tout cela ne lempêche pas davancer, de suivre et dobserver. Jusquà une grande salle
une cheminée immense, une longue table
une envergure par laquelle la brune se sentit avalée
Sommée dattendre là, elle laissa ses yeux saccoutumer au décor
à son décor. Cherchant la moindre adéquation avec le personnage
des bruits la tirèrent de son observation. Tournant la tête vers la porte qui seffaça pour laisser place à Judas
et à un chien.
Déglutition. Que faisait-elle là ? Les joues déjà rougies par le froid, devinrent pourpres, tandis que le frisson dappréhension lui parcouru léchine
Impossible pourtant de se soustraire de ce lieu.
Le silence est imposé, par lun et lautre. Par jeu ? Peut-être
par timidité ? Sûrement pour la brune.
Bonsoir
Judas.
Suzanne
Pour Suzanne, il suffit de pas grand chose pour la faire douter. En l'occurence, la phrase qui venait de retentir était une de ses choses...
Etait-elle arrivée à un moment inoportun ? Voulait-il vraiment la recevoir chez lui ?
Le flot de questions qui arrivait en son esprit s'évapora à l'instant où le frisson dû au chaud contact de l'étoffe... ou au frôlement des doigts... sur ses épaules, lui traversa l'échine.
Merci...
Elle se sentit mieux bien vite, autant par ses mots, qu'elle sentait rassurants... ou pas, que par la chaleur dégagée dans la pièce.
C'est pour cela que je suis là... si tôt. je voulais éviter de me trouver dans le bois, la nuit.
Retenant d'une main les pans du vêtement dont elle pouvait sentir l'effluve si particulière, elle n'avait pas réussi à détacher ses yeux de lui. Chose étrange encore une fois. Suzanne n'était pas de celles qui n'avaient pas froid aux yeux... et ne savait pas dire pourquoi son regard était porté sur lui constamment.
Un bruit de pas, une demande faite. Impertubables.
Elle le suivit, jusqu'à dans la cheminée... et prit place, ne lâchant pas les pans du bliaud.
Regardant autour d'elle, elle ne put s'empêcher de sourire.
Je ne m'étais jamais assise dans un âtre ! Celui de la maison était à peine plus grand que le chaudron qu'il pouvait contenir.
Lancinante interrogation qui se faisait écho dans sa tête : que fais-tu là ?
L'arrivée de la servante avec le vin la sauva quelques instants de cette futilité.
Suzanne
Dormir ? comment ça... dormir... là ? et en compagnie ?! Mais que dit-il ? Un éclair de panique passa dans le regard de la brune.. si elle avait effectivement imaginé venir de jour... elle pensait pouvoir repartir.. à bord d'un quelconque chariot... même à la nuit tombée.
Seulement, Lui, semblait en avoir décidé autrement... Et elle... ne semblait pas vouloir, et encore moins pouvoir, le contrarier. Elle ne but qu'une petite gorgée de vin, pour cacher son trouble... qui n'allait pas s'arranger.
Elle était soulagée que la chaleur du feu lui cuise les joues... cachant du même coup, l'émoi qu'il venait de provoquer...
Boire aussi... deux gorgées, pas plus. Elle cacha une légère grimace, pas coutumière de l'alcool, elle aimerait au moins garder toute sa tête, à défaut de son âme... Elle ne l'interrompit pas. Se laissant ainsi le temps de remettre un peu d'ordre dans ses idées.
Occulter les premiers mots... Elle vrilla ses yeux noirs dans les siens.
Votre hospitalité me touche, Judas. Je vous remercie de ne pas me laisser en proie aux ombres et autres créatures sylvestres... bien qu'ayant un attrait particulier pour ces mystères...
Elle n'en dit pas plus, elle n'avait pas envie d'être mise au bûcher pour sorcellerie... et se mordit la lèvre d'en avoir sûrement trop dit... et fort heureusement qu'il eut l'idée de faire servir quelques mets, coupant court, du moins pour un temps, à la discussion.
Elle avait faim et lui sourit doucement
hmm... ça sent bon.
Suzanne
Merci.
Tenant en main l'écuelle au fumet agréable, elle avait pronnoncé son murmure sans jamais quitter des yeux son hôte. Ainsi donc, lui aussi était attiré les légendes, ou du moins, semblait en connaître. Elle l'écouta sans toucher au repas servi... attendant que lui le fasse en premier.
La première cuiller entamée, elle goûta elle aussi, et mangea aussi lentement que Judas fit durer le temps du repas... Ne pas finir de manger avant l'hôte...
Me conteriez-vous cette légende ? Elle esquissa un léger sourire, surprise elle même par sa demande... jetant à peine un oeil à l'os perdu dans la gueule du chien, elle poursuvit
Et me feriez vous connaître l'âme de votre castel ?
A peine un tremblement dans sa voix... Depuis quand fait elle montre d'audace la brune ?! Jamais elle ne demandait quoique ce soit...
La chaleur du feu, le tissu toujours posé sur ses épaules qu'elle n'osait même pas ôter, et son regard vrillé dans le sien auquel elle n'arrivait pas à se soustraire... lui donnèrent vives couleurs aux joues...
Suzanne
(Attraction)
Suspendue à ses lèvres, elle en avait oublié le bouillon qui refroidissait dans ses mains, posées sur ses genoux.
Cherchant apparemment dans ses souvenirs pour nomettre aucun détail
Il avait narré la légende sans hésitation, Il venait de la faire voyager, sans quelle nait à bouger. Embarquée par sa voix, elle navait eu de cesse de laisser glisser son regard sur lui
Vrai quelle ne lavait jamais vraiment regarder dans son entier, hormis son visage, elle-même toujours dissimulée en partie derrière son comptoir.
La première fois quil était entré au Crapaud, elle sétait sentie à la fois écrasée et happée par son charisme
Dualité de sensations contradictoires
Etrange.
Limage de la pauvresse tordue de douleur sur le rocher sétait à jamais imprimée dans son esprit. Ce nest que quand le bruit dun os broyé dans la mâchoire du canidé resté là retentit que Suzanne reprit conscience de lendroit où elle se trouvait.
A nouveau, le crépitement du feu se fit entendre, des pas autour deux, des portes qui souvraient et se refermaient... mais elle ne voyait que lui.
Et comment reprendre parole suite à cela ?
Lui dire :
Quelle merveilleuse histoire !
non.
Jaimerai bien découvrir cette grotte !
sotte que tu es, Suzanne
nimporte quoi.
Embrassez-moi !
moui, non, menfin !
La brune se releva lentement, après avoir reposé lécuelle, afin dôter le vêtement qui lavait réchauffée plus que nécessaire. Et de nouveau capter son regard
Lavez vous entendue ?
Toujours debout, Suzanne sourit doucement et reprit en jetant une regard circulaire :
Vous aviez raison
je passerai donc la nuit icilieu
c'est plus sage...
Ou pas.
--Judas
Il leva le nez vers elle lorsqu'elle se découvrit un peu. L'invitée avait pris ses aises, c'est du moins ce que révélait ses gestes et mouvements, ses mots aussi. La sagesse était bien étrangère à leur relation étrange, c'est leur regards qui le trahissait.
Je l'ai entendue, plusieurs fois lorsque je quittait le castel pour sortir en ville la nuit...
Au bordel, au tripot, ou encore pour régler quelques histoires de créancier. Le Von Frayner avait sa façon bien à lui de se faire payer ses dettes...
Laissant les mythes de Petit Bolchen à leur mysticisme le seigneur s'appliqua à couver la brune, détaillant sa vesture et les pan gracieux de sa robe. Les mèches corbeau et leur retombée charmante sur ses épaules fines. La roture a ses charmes... Et l'homme ne s'était jamais privé de les exploiter, officieusement. Il avait appris avec les années qu'au lit, une duchesse avait souvent moins de talent qu'une gueuse. Et cette femme-là, comment se comportait-elle avec un homme? Elle était du tendron, Judas supposait que son innocence s'en ressentait, peut-être était-ce ce qui l'attirait en elle.
Il l'imita en se redressant et retrouva sa hauteur masculine, dominatrice. Dehors, la nuit était tombée en recouvrant le domaine d'un voile léger, l'atmosphère était paisible. Les esclaves vinrent allumer un a un les candélabres, donnant à la grande salle principale une luminosité croissante. Judas s'en saisit d'un, puis invita d'un signe de tête la jeune femme à le suivre dans les dédales du château.
Je vais vous conduire à la chambrine que vous pourrez occuper à votre guise.
Il la devança dans un imperceptible bruissement de cape, cape qu'il défit au col pour la laisser choir dans un coin. Un servant viendrait bien la ramasser tôt ou tard. Leur progression fut ponctuée de rencontres, canines ou humaines, et à chaque fois le même regard baissé. Dieu que le sol devait être intéressant à Petit Bolchen! Il évita de s'attarder devant la pièce aux fioles, encore condamnée depuis les récents évènements qui avaient valus un coquard au marchand d'esclave... Déboucha dans une aile silencieuse et déserte où il stoppa devant une porte.
Nous y sommes.
Suzanne
Ainsi donc, Judas, vous êtes un oiseau de nuit
Si les mystères du bois de Petit Bolchen, resteraient sans doute à jamais dans les méandres énigmatiques des légendes, Lui, distillait avec une parcimonie toute calculée, les éléments qui ponctuaient son quotidien
et ses nuits.
Le regard de la brune accrochait maintenant quelques détails de la salle où ils se trouvaient. Malgré limmensité de la pièce, Suzanne sentait une atmosphère confinée, presque chaleureuse
mêlée à quelque chose dintense et de plus froid
mais elle ne définissait pas ce « quelque chose » Toujours cette confrontation de sensations contraires depuis leur rencontre
Elle tourna la tête vers lui, comme pour répondre, mais rien ne sortit
il lobservait. Il nen fallut pas plus pour que ses joues sempourprent
Encore.
Un silence de plus, un mouvement
une pulsation trop rapide. Sourire doucement et le suivre
dans un hochement de tête approbateur.
La flamme légère semblait vouloir séteindre à tout moment, dansant au rythme des pas du Maistre des lieux. La cape glissa des épaules masculines pour venir séchouer au sol, dans la fragrance quelle avait senti sur le bliaud laissé là-bas
Bliaud quelle regrettait presque, la chaleur de lâtre lui faisant maintenant défaut, elle frissonnait régulièrement, dû autant au manque de chaleur quau trouble qui ne cessait de grandir en elle. Petit à petit, le grouillement fit place aux pas feutrés, aux regards baissés, silhouettes furtives devenant rares qui longeaient les murs chargés de tapisseries, découpés de portes fermées
quels secrets cachaient ce castel ? Tout en avançant dans les circonvolutions du castel, elle murmura, sans sen rendre compte
Jaurais tôt fait de me perdre dans ces couloirs
Suzanne sourit à la vue dun chien qui arrivait vers eux, intriguée, la bête se mit à tourner autour de Suzanne, et les suivit jusquà une porte.
Ils y étaient. Oui.
Une chose était sûre pour elle, elle ne voulait pas le voir partir.
Puis-je ?
Joignant le geste à la parole, elle ouvrit la porte doucement
le battant laissa place à une chambre éclairée par un pâle rayon de lune. Lâtre était mort depuis longtemps, la couche immense trônait au fond de la chambre, et lon pouvait deviner les riches tentures cachant les murs, la ramenant à son rang de paysanne
Elle se retourna vers lui, souriante malgré tout, les yeux animés du reflet de la flamme qui les éclairaient.
Je vous remercie, Judas.
Elle cherchait léclat des yeux de son hôte
Je n'ai pas sommeil... et il fait froid.
Non elle n'avait pas envie d'être dans une chambre, en tout cas pas maintenant. Elle vrilla ses prunelles noires dans celles de son vis-à-vis, et la question fusa, presque malgré elle.
Si nous allions dans le bois ? Maintenant...
Moment de folie, moment d'audace... inhabituel chez elle...
Suzanne
Bien sûr que c'est déraissonnable, mais où est la limite du raisonnable ?
Amusée, elle regardait droit dans les yeux. Mais que lui passait donc t-il par la tête ? si elle l'avait encore, parce que là, on pourrait croire qu'elle avait tout bonnement perdu la raison.
Elle referma la porte de la chambre, se trouvant du fait très, trop proche de Judas..
A cheval ? oui, oui je sais.
Non, elle ne savait pas. Puis elle le suivit de nouveau, dans le dédal des couloirs, jusqu'à ce qu'il se retrouve face à une meute de chiens, pour le moins mpressionante. l'assurance éphémère de la brune s'était un peu évaporée sur les dalles, mais elle ne saurait reculer désormais.
Combien en avez-vous ?
Désignant d'une main timide la meute qui s'était agitée à l'apparition du Maistre.
Il choisit leurs accompagnateurs pour cette sortie des plus... des moins... enfin pas banale, et elle se laissa guider vers les écuries, bien que pas effrayée par la bête, (le cheval, pas Judas) elle n'avait aucune idée de comment mener la monture...