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[rp] L'invitation

Suzanne
(Il)

Elle n'attendit pas la nuit pour se rendre en sa demeure. L'indication seule que cette dernière se trouvait dans les bois, avait suffit à la décider de s'y rendre dans l'après midi.

Chemin faisant, Suzanne se posait enfin les questions qu'elle aurait dû se poser plus tôt, ce qu'elle fait habituellement... jamais elle ne fait quelque chose sans réflexion. La proposistion était tombée, et fût acceptée.

Le pas était hâtif, le froid la mordant de tous côtés. Les rues défilaient, laissant les masures se disperser. Le petit chemin menant à la lisière du bois s'ouvrait maintenant devant elle... l'appréhension monta d'un cran.

Cependant, elle poursuivit sa route, plus rapidement encore, refermant ses bras autour d'elle, pour se réchauffer.

les arbres se refermèrent bientôt autour d'elle, la luminosité baissant par la même occasion... le chemin devint sentier, qu'elle suvit jusqu'à arriver au domaine décrit par Judas.

Qu'il était-il ? Que faisait-elle là ?

le nez levé vers les hauts murs de la bâtisse, elle avança encore... et en effet, il ne lui avait pas menti... nombre de personnes étaient à oeuvrer dehors... et peut-être davantage en dedans...

La voix jamais bien forte héla un quelconque valet, lui demandant de prévenir le maitre des lieux de son arrivée.
Judas
(Elle)

Crapaud Baveux. Illustre taverne de Nevers où Judas se plaisait à noyer son ennui ou son temps en trop. Trop peu de temps en trop. La Siaam avait laissé sa place à une inconnue, ce qui ne manqua pas d'interpeller l'habitué. Bousculer les habitudes, c'est tout ce qui bouleverse les frileux. Judas lui, restait sur la reserve.

L'envie était simple comme bonsoir. Il l'avait repérée depuis déjà quelques jours, mutique et observatrice derrière son comptoir qui certainement constituait un bien apaisant rempart au monde de "derrière"... Le joli mur que voilà, bouclier aux "autochtones" et aux " alors, quoi de nouveau à l'ouest". Car il ne faut pas mépriser les détails, alors, laissons leurs leur instant, pour que plus tard ils ne disparaissent pas au fin fond de notre mémoire, engloutis par d'autres plus récents qui partirons à leur tour au gré de l'écume des jours. De détails, il en avait retenu quelques uns.. Sa bouche dejà, souvent fermée, qu'il voulait ouverte, mais c'est une autre histoire. Sa pudeur ensuite, délicieux défi qui ne manquait jamais d'exciter les idées terribles qui étreignaient son esprit.

Elle avait les yeux noirs desquels on voit du bleu.

Et comme cette femme là n'était pas du genre à faire le pas, c'était naturellement qu'il avait laissé sa verve s'en occuper. Quelques mots sans détour, du bon Judas à l'état pur et quelques silences invitant l'intéressée à les combler, quand lui prendrait l'envie. On jette parfois des graines au vent, sans grande conviction si ce n'est le besoin de se dire que peut-être le destin se chargera de les couver et de les laisser germer, un jour. Le geste était de ce bord là. Judas proposait, Suzanne disposerait. Ou pas.

Le Von Frayner avait joué franc jeu, il lui faudrait venir en toute connaissance de cause... Des femmes, dans sa vie, dans son lit peut-être. Des femmes de tous âges et de tout bord pour animer le neant pernicieux de son "célibat" d'homme sans épouse, de chasseur solitaire et de maistre despote. Des corps raidis par sa froideur naturelle, meurtris par ses lubies de perfection toutes personnelles. Des chiens et des chiennes, qui trainent le domaine, à la recherche de peut-être de plus verts pâturages.

Assis près de Nyam, il lisait quelques lignes à haute voix, forçant la gamine à écrire correctement. Une dictée pour sa jeune obligée, qu'il voulait instruite au possible, parée à ne jamais lui faire honte en public et à le servir en toute occasion. Dehors, on dit servante. Chez lui, c'est une esclave. On frappa à la porte, brisant la dernière syllabe du mot "Lettrine". Levant le nez de la besogne, le duo s'interrompit.


- Une jeune femme cherche à vous voir.

- Bien.
- Je la fais patienter dans la grand salle?
- Oui.
- Bien maistre.
- Attend.
- Oui maistre?
- Est-elle ... Apeurée?
- Non.
- J'arrive.


Doute. Suzanne? Eliane? Quoi qu'il en soit, l'un de ses deux dernières rencontres avait décidé de prendre le chemin de Petit Bolchen... Il abandonna la Frêle à sa plume tout en indiquant quelques papelards à noircir encore un peu. Pas de cape, pas de gants, le Von Frayner gagna la pièce des ripailles suivit d'un lévrier curieux, l'esprit tourné vers la surprise du soir, les yeux vers le défilé de tapisseries habillant les pierres des couloirs. Peut-être était-ce Moran qui lui avait ouvert, ou Ayoub, ou encore... l'Anaon. Qu'importe, elle était venue.

Puisqu'on vous le dit... L'envie, est simple comme bonsoir.
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Suzanne
(Découverte)

Attendre encore un peu dans le froid. Le valet partit à la recherche de Judas, dont elle ne connaissait, au final, rien. Si ce n’est cette aura spéciale qu’il dégage. Des mots contre lui ? Oui, elle en avait entendu. Mais Suzanne se faisait son opinion… sans se préoccuper de celle des autres.

Elle pénétra dans la demeure à la suite de son guide du moment… une lourde porte laissa place à une atmosphère partagée entre langueur et fourmillements. Comme un cœur qui palpite au ralenti, où chaque artère pulse avec peine le flux d’oxygène pour maintenir la vie…. luttant contre une armée d’ouvrières, traquant le moindre grain de sable qui bloquerait le rouage bien huilé du domaine…

Nombre de gens, femmes surtout… il lui avait dit… Si donc la surprise n’est pas dans cette découverte, elle l’est plus par l’attitude des dites femmes et autres valets… regards fuyants ou autres plus directs… Donnèrent à Suzanne une impression d’étouffement.

Des portes, des tentures... Matières riches et lourdes, étouffer les bruits, les rumeurs… les secrets.

Tout cela ne l’empêche pas d’avancer, de suivre et d’observer. Jusqu’à une grande salle… une cheminée immense, une longue table… une envergure par laquelle la brune se sentit avalée…

Sommée d’attendre là, elle laissa ses yeux s’accoutumer au décor… à son décor. Cherchant la moindre adéquation avec le personnage… des bruits la tirèrent de son observation. Tournant la tête vers la porte qui s’effaça pour laisser place à Judas… et à un chien.

Déglutition. Que faisait-elle là ? Les joues déjà rougies par le froid, devinrent pourpres, tandis que le frisson d’appréhension lui parcouru l’échine… Impossible pourtant de se soustraire de ce lieu.

Le silence est imposé, par l’un et l’autre. Par jeu ? Peut-être… par timidité ? Sûrement pour la brune.


Bonsoir… Judas.
Judas
La senestre attrape au passage un bliaut au col d'hermine qui gît négligemment sur un dossier et le seuil de la grand salle est franchi d'un pas volatile. Les prunelles grises rencontrent la silhouette de Suzanne, imperceptiblement le seigneur de déride. Il s'étonne tout de même, c'est que la maitresse du Crapaud Baveux ne semblait pas être prompte à répondre à son invitation. Au fond, ce qui lui plaisait en elle était bien là: à quoi peut-être prompte cette femme qui ne parle que peu et ne semble hanter que les murs de son monde...? Difficile à cerner, discrétion incarnée, elle était le genre de femme qu'il appréciait d'imaginer secouée. D'envies, de désirs, ou simplement de vie. Une petite pause pour la considérer et finalement il la rejoint dans un murmure.

Bonsoir Suzanne. Je ne vous attendais pas si tôt.


Ou si tard, si l'on se base sur l'heure de la journée.


Mais en soit, c'est une bonne chose que de vous voir franchir les portes de ma demeure.

Les mains baguées viennent couvrir les épaules fines de l'étoffe lourde encore toute imprégnée de son odeur dans un mouvement protecteur. Malgré sa réputation, Judas n'est pas si monstrueux que cela... Du moins quand il aime. Et aimer le beau, c'est aimer les femmes. Et aimer les femmes, c'est aimer celle-ci, qu'il couve et couvre avec une sérénité étrange. Naturelle.


J'espère que vous n'avez pas rencontré de difficulté à gagner Petit Bolchen, surtout à la tombée de la nuit.

Il avait deviné que sa voisine n'avait pas d''attaches, si ce n'est éventuellement quelques légitimes fantômes, sans quoi elle ne se permettrait pas de vaquer comme bon lui semblait à l'heure où les familles se réunissent. Judas lui, évoluait dans les moeurs qui désunissent, choyé par sa cour étrange, et s'il avait mandé à la jeune femme de céder à sa curiosité c'était simplement parce qu'il avait décidé qu'elle en ferait partie. Il réclama du vin à une esclave qui passait, sans quitter des yeux la brune et le tendron qu'elle lui inspirait. Elle devait avoir dix ans de moins que lui. Il s'amusait à la vouvoyer, elle, roturière, et appréciait qu'elle le laissa faire chaque fois dans un simulacre d'amour courtois.

Lorsqu'il l'invita d'un geste à venir s'asseoir dans la cheminée*, il sût qu'il la voulait, au moins pour la soirée, et plus encore tant qu'elle le voudrait.

* Les cheminées des grandes pièces communes au MA étaient assez vaste pour abriter des bancs et des batteries casserons, chaudrons, assez hautes pour y entrer comme dans une seconde pièce.

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Suzanne
Pour Suzanne, il suffit de pas grand chose pour la faire douter. En l'occurence, la phrase qui venait de retentir était une de ses choses...
Etait-elle arrivée à un moment inoportun ? Voulait-il vraiment la recevoir chez lui ?

Le flot de questions qui arrivait en son esprit s'évapora à l'instant où le frisson dû au chaud contact de l'étoffe... ou au frôlement des doigts... sur ses épaules, lui traversa l'échine.

Merci...

Elle se sentit mieux bien vite, autant par ses mots, qu'elle sentait rassurants... ou pas, que par la chaleur dégagée dans la pièce.

C'est pour cela que je suis là... si tôt. je voulais éviter de me trouver dans le bois, la nuit.

Retenant d'une main les pans du vêtement dont elle pouvait sentir l'effluve si particulière, elle n'avait pas réussi à détacher ses yeux de lui. Chose étrange encore une fois. Suzanne n'était pas de celles qui n'avaient pas froid aux yeux... et ne savait pas dire pourquoi son regard était porté sur lui constamment.

Un bruit de pas, une demande faite. Impertubables.

Elle le suivit, jusqu'à dans la cheminée... et prit place, ne lâchant pas les pans du bliaud.
Regardant autour d'elle, elle ne put s'empêcher de sourire.

Je ne m'étais jamais assise dans un âtre ! Celui de la maison était à peine plus grand que le chaudron qu'il pouvait contenir.

Lancinante interrogation qui se faisait écho dans sa tête : que fais-tu là ?

L'arrivée de la servante avec le vin la sauva quelques instants de cette futilité.
Judas
Ha! C'est agréable n'est-ce pas... Quand toute la maisonnée est aux prises des courants d'air il est plaisant de s'y réfugier. Quant au bois... On raconte qu'il es habité par de bien étranges créatures une fois le soleil couché.

Mais si elle était venue avant la tombée de la nuit, pour éviter les dangers et l'obscurité du soir, il savait désormais qu'elle ne repartirait pas - en toute logique - jusqu'au lendemain. Judas toucha du bout d'une poulaine la crémaillère, comme un enfant pensif.


Vous dormirez seule si tel est votre désir, cependant je ne saurai vous conseiller de partager votre lit pour quérir un peu de chaleur...

Au culot, il pourrait toujours lui suggérer de coucher avec un gros dogue aux tendres babines si jamais son hôte elle s'offusquait. Laissant de coté les détails du couchage pour plus tard, il but quelques gorgées de vin chaud avant de reprendre une conversation là ou elle avait été laissée.


Vous me plaisez, c'est un fait. Je pense que je pourrai vous trouver de quoi vous occuper à Petit Bolchen, parmi nous. Rien de bien fastidieux bien entendu, et puis, cela ne vous empêcherai pas de tenir le Crapaud... J'ai tous les matins l'heur d'entendre les chariotes des récoltes faire des aller-retour vers la ville. Le domaine n'est pas si coupé du monde qu'il n'y parait.


Surtout les soirs de débauche, mais la sagesse de Judas l'empêcha d'aborder le sujet entre deux gorgées de vin, histoire de ne pas voir la Paisible prendre ses jambes à son cou.

Il héla la valetaille, soucieux de ne pas laisser Suzanne s'affamer au coin du feu. C'est qu'il y avait de fameuses poulardes au coeur des casserons...

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Suzanne
Dormir ? comment ça... dormir... là ? et en compagnie ?! Mais que dit-il ? Un éclair de panique passa dans le regard de la brune.. si elle avait effectivement imaginé venir de jour... elle pensait pouvoir repartir.. à bord d'un quelconque chariot... même à la nuit tombée.

Seulement, Lui, semblait en avoir décidé autrement... Et elle... ne semblait pas vouloir, et encore moins pouvoir, le contrarier. Elle ne but qu'une petite gorgée de vin, pour cacher son trouble... qui n'allait pas s'arranger.

Elle était soulagée que la chaleur du feu lui cuise les joues... cachant du même coup, l'émoi qu'il venait de provoquer...

Boire aussi... deux gorgées, pas plus. Elle cacha une légère grimace, pas coutumière de l'alcool, elle aimerait au moins garder toute sa tête, à défaut de son âme... Elle ne l'interrompit pas. Se laissant ainsi le temps de remettre un peu d'ordre dans ses idées.

Occulter les premiers mots... Elle vrilla ses yeux noirs dans les siens.

Votre hospitalité me touche, Judas. Je vous remercie de ne pas me laisser en proie aux ombres et autres créatures sylvestres... bien qu'ayant un attrait particulier pour ces mystères...

Elle n'en dit pas plus, elle n'avait pas envie d'être mise au bûcher pour sorcellerie... et se mordit la lèvre d'en avoir sûrement trop dit... et fort heureusement qu'il eut l'idée de faire servir quelques mets, coupant court, du moins pour un temps, à la discussion.

Elle avait faim et lui sourit doucement

hmm... ça sent bon.
Judas
Un attrait particulier... La Suzanne n'était-elle pas un peu sorceresse? Quoi qu'elle n'avait rien à voir avec la vieille ombre qui monnayait parfois quelques prédictions hasardeuses au Von Frayner en sacrifiant de pauvres poulets... Judas aimait savoir de quoi serait fait ses lendemains, la teneur de ses récoltes, l'ampleur de ses placements... La véracité de ses jugements.

Il fit servir une écuelle fumante, cuillère en main.


On dit du bois qu'il est hanté par une pauvresse... Sa légende ne donne pas envie de s'y attarder à la nuit tombée.

Un sourire mesuré, Judas plonge sa cuillère dans le bouillon avant de le gouter curieusement. Ne pas attendre que les choses refroidissent, une spécialité de notre homme.

De mémoire, j'ai toujours connu ces fabliaux, et j'aime bien l'atmosphère du domaine. Les pierres ne parlent pas, mais elle s'imprègnent de l'âme du castel.

Un os de poulet fut jeté au sol où il ne resta pas longtemps, vite happé par les babines furtives d'un chien qui s'était bien gardé de s'approcher du repas du maistre des lieux.

Judas pourlécha ses doigts, fixant de ses prunelles sombre celles de Suzanne.

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Suzanne
Merci.

Tenant en main l'écuelle au fumet agréable, elle avait pronnoncé son murmure sans jamais quitter des yeux son hôte. Ainsi donc, lui aussi était attiré les légendes, ou du moins, semblait en connaître. Elle l'écouta sans toucher au repas servi... attendant que lui le fasse en premier.

La première cuiller entamée, elle goûta elle aussi, et mangea aussi lentement que Judas fit durer le temps du repas... Ne pas finir de manger avant l'hôte...

Me conteriez-vous cette légende ? Elle esquissa un léger sourire, surprise elle même par sa demande... jetant à peine un oeil à l'os perdu dans la gueule du chien, elle poursuvit

Et me feriez vous connaître l'âme de votre castel ?

A peine un tremblement dans sa voix... Depuis quand fait elle montre d'audace la brune ?! Jamais elle ne demandait quoique ce soit...

La chaleur du feu, le tissu toujours posé sur ses épaules qu'elle n'osait même pas ôter, et son regard vrillé dans le sien auquel elle n'arrivait pas à se soustraire... lui donnèrent vives couleurs aux joues...
Judas
Il hocha un peu la tête, rassemblant ses souvenirs quant aux détails de l'intrigue.

Il se dit qu'à Nevers une Meyre veuve, travailleuse, humble mais pauvre comme les terres qu'elle cultivait difficilement gagnait chaque jour avec grand peine de quoi traire une chèvre pour nourrir son Enfançon. La femme vivait seule depuis la mort de son époux, tué à la tâche des champs et de la mine. Tous l'appréciaient, et sa vertu était connue du curé au forgeron, la femme n'avait jamais refait sa vie, concentrant toute son affection sur son unique enfant.

On raconte qu'au coeur du bois de Petit Bolchen couvait une grotte à laquelle les habitants du village prêtaient d'étranges pouvoirs. L'endroit, disait-on, se découvrait une fois le mois, ouvrant ses entrailles aux matines et ce pour une moitié d'heure seulement. L'histoire dit que l'antre fourmillait d'or et de précieux trésors de pierreries... Mais personne n'en était jamais revenu pour le confirmer... Tous les pauvres hères qui étaient partis à la brune pour s'y aventurer n'avaient jamais reparus. Les villageois racontent que leur cupidité perdaient les hommes qui voulaient tous percer le secret de la caverne et lui arracher quelques richesses. Aussi, tous se gardaient de croiser sa route lors des nuits fatidiques. Mais voilà qu'un soir ou la disette creusait ses joues, n'y tenant plus, la Meyre dont le ventre grondait plus encore que celui de son enfant chétif et affamé décida d'aller au bois, l'enfant en ses bras lorsque sonnèrent les matines... Forte de sa détermination et de son incrédulité, elle n'écouta pas sa voisine qui lui déconseilla de tenter le diable et essaya de la retenir.

Peine perdue, lorsqu'elle arriva à la grotte, ses yeux s'écarquillèrent d'envie. Jaillie des profondeurs de la terre, la manne lui tendit les bras, elle s'y engouffra en poussant des cris de joies. Longtemps elle emplit poches et besace de fortune, rubis et écus semblant lui sauter au visage. L'opulence chargea ses épaules et son cou, elle entrevit déjà la fin de la misère, la chaleur d'un feu et des repas interminables... Mais voilà qu'en mettant des bagues à ses doigts, elle se souvint de la légende mystérieuse de l'endroit, et plus par crainte que par bon sens elle se pressa de prendre ses jambes à son cou avant que la grotte ne se referme - peut-être- sur elle à tout jamais.

La femme courut, courut à en perdre haleine, son rire hystérique traversant le rideaux épais du bois, les yeux fous d'espoir et de liesse. Lorsqu'elle n'en put plus et que ses jambes refusèrent de la porter plus loin, elle reprit son souffle et ses esprits sur un rocher mousseux... Son visage se déforma en une grimace de douleur, ses mains se mirent à trembler d'effroi et le rire se transforma en une terrible complainte. Un cri perça la nuit. La Meyre avait oublié l'enfant dans la caverne. Le bois de Petit Bolchen avait tenu sa promesse...


La gravité de son visage s'évanouit doucement, revenant à son écuelle.


Je ne sais ce qu'il advint de la pauvre femme en réalité... Certainement morte de chagrin. Quoi qu'il en soit, depuis, on peut entendre une fois le mois vers matines les rires et les pleurs d'une femme résonner dans les sous bois du domaine...


Judas jeta un dernier os aux lévriers.
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Suzanne
(Attraction)


Suspendue à ses lèvres, elle en avait oublié le bouillon qui refroidissait dans ses mains, posées sur ses genoux.

Cherchant apparemment dans ses souvenirs pour n’omettre aucun détail…Il avait narré la légende sans hésitation, Il venait de la faire voyager, sans qu’elle n’ait à bouger. Embarquée par sa voix, elle n’avait eu de cesse de laisser glisser son regard sur lui… Vrai qu’elle ne l’avait jamais vraiment regarder dans son entier, hormis son visage, elle-même toujours dissimulée en partie derrière son comptoir.

La première fois qu’il était entré au Crapaud, elle s’était sentie à la fois écrasée et happée par son charisme…Dualité de sensations contradictoires… Etrange.

L’image de la pauvresse tordue de douleur sur le rocher s’était à jamais imprimée dans son esprit. Ce n’est que quand le bruit d’un os broyé dans la mâchoire du canidé resté là retentit que Suzanne reprit conscience de l’endroit où elle se trouvait.

A nouveau, le crépitement du feu se fit entendre, des pas autour d’eux, des portes qui s’ouvraient et se refermaient... mais elle ne voyait que lui.

Et comment reprendre parole suite à cela ?

Lui dire :
Quelle merveilleuse histoire !… non.
J’aimerai bien découvrir cette grotte ! … sotte que tu es, Suzanne… n’importe quoi.
Embrassez-moi ! … moui, non, m’enfin !


La brune se releva lentement, après avoir reposé l’écuelle, afin d’ôter le vêtement qui l’avait réchauffée plus que nécessaire. Et de nouveau capter son regard…

L’avez – vous entendue ?

Toujours debout, Suzanne sourit doucement et reprit en jetant une regard circulaire :

Vous aviez raison… je passerai donc la nuit icilieu… c'est plus sage...

Ou pas.
--Judas
Il leva le nez vers elle lorsqu'elle se découvrit un peu. L'invitée avait pris ses aises, c'est du moins ce que révélait ses gestes et mouvements, ses mots aussi. La sagesse était bien étrangère à leur relation étrange, c'est leur regards qui le trahissait.

Je l'ai entendue, plusieurs fois lorsque je quittait le castel pour sortir en ville la nuit...

Au bordel, au tripot, ou encore pour régler quelques histoires de créancier. Le Von Frayner avait sa façon bien à lui de se faire payer ses dettes...


Laissant les mythes de Petit Bolchen à leur mysticisme le seigneur s'appliqua à couver la brune, détaillant sa vesture et les pan gracieux de sa robe. Les mèches corbeau et leur retombée charmante sur ses épaules fines. La roture a ses charmes... Et l'homme ne s'était jamais privé de les exploiter, officieusement. Il avait appris avec les années qu'au lit, une duchesse avait souvent moins de talent qu'une gueuse. Et cette femme-là, comment se comportait-elle avec un homme? Elle était du tendron, Judas supposait que son innocence s'en ressentait, peut-être était-ce ce qui l'attirait en elle.

Il l'imita en se redressant et retrouva sa hauteur masculine, dominatrice. Dehors, la nuit était tombée en recouvrant le domaine d'un voile léger, l'atmosphère était paisible. Les esclaves vinrent allumer un a un les candélabres, donnant à la grande salle principale une luminosité croissante. Judas s'en saisit d'un, puis invita d'un signe de tête la jeune femme à le suivre dans les dédales du château.


Je vais vous conduire à la chambrine que vous pourrez occuper à votre guise.

Il la devança dans un imperceptible bruissement de cape, cape qu'il défit au col pour la laisser choir dans un coin. Un servant viendrait bien la ramasser tôt ou tard. Leur progression fut ponctuée de rencontres, canines ou humaines, et à chaque fois le même regard baissé. Dieu que le sol devait être intéressant à Petit Bolchen! Il évita de s'attarder devant la pièce aux fioles, encore condamnée depuis les récents évènements qui avaient valus un coquard au marchand d'esclave... Déboucha dans une aile silencieuse et déserte où il stoppa devant une porte.

Nous y sommes.
Suzanne
Ainsi donc, Judas, vous êtes un oiseau de nuit… Si les mystères du bois de Petit Bolchen, resteraient sans doute à jamais dans les méandres énigmatiques des légendes, Lui, distillait avec une parcimonie toute calculée, les éléments qui ponctuaient son quotidien…et ses nuits.

Le regard de la brune accrochait maintenant quelques détails de la salle où ils se trouvaient. Malgré l’immensité de la pièce, Suzanne sentait une atmosphère confinée, presque chaleureuse… mêlée à quelque chose d’intense et de plus froid… mais elle ne définissait pas ce « quelque chose » Toujours cette confrontation de sensations contraires depuis leur rencontre…
Elle tourna la tête vers lui, comme pour répondre, mais rien ne sortit… il l’observait. Il n’en fallut pas plus pour que ses joues s’empourprent… Encore.

Un silence de plus, un mouvement… une pulsation trop rapide. Sourire doucement et le suivre… dans un hochement de tête approbateur.

La flamme légère semblait vouloir s’éteindre à tout moment, dansant au rythme des pas du Maistre des lieux. La cape glissa des épaules masculines pour venir s’échouer au sol, dans la fragrance qu’elle avait senti sur le bliaud laissé là-bas… Bliaud qu’elle regrettait presque, la chaleur de l’âtre lui faisant maintenant défaut, elle frissonnait régulièrement, dû autant au manque de chaleur qu’au trouble qui ne cessait de grandir en elle. Petit à petit, le grouillement fit place aux pas feutrés, aux regards baissés, silhouettes furtives devenant rares qui longeaient les murs chargés de tapisseries, découpés de portes fermées… quels secrets cachaient ce castel ? Tout en avançant dans les circonvolutions du castel, elle murmura, sans s’en rendre compte

J’aurais tôt fait de me perdre dans ces couloirs…
Suzanne sourit à la vue d’un chien qui arrivait vers eux, intriguée, la bête se mit à tourner autour de Suzanne, et les suivit jusqu’à une porte.

Ils y étaient. Oui.

Une chose était sûre pour elle, elle ne voulait pas le voir partir.

Puis-je ?

Joignant le geste à la parole, elle ouvrit la porte doucement… le battant laissa place à une chambre éclairée par un pâle rayon de lune. L’âtre était mort depuis longtemps, la couche immense trônait au fond de la chambre, et l’on pouvait deviner les riches tentures cachant les murs, la ramenant à son rang de paysanne…

Elle se retourna vers lui, souriante malgré tout, les yeux animés du reflet de la flamme qui les éclairaient.

Je vous remercie, Judas.

Elle cherchait l’éclat des yeux de son hôte…

Je n'ai pas sommeil... et il fait froid.

Non elle n'avait pas envie d'être dans une chambre, en tout cas pas maintenant. Elle vrilla ses prunelles noires dans celles de son vis-à-vis, et la question fusa, presque malgré elle.

Si nous allions dans le bois ? Maintenant...

Moment de folie, moment d'audace... inhabituel chez elle...
Judas
Ainsi donc, belle enfant, vous n'avez pas sommeil.

Froncement de sourcil soucieux, c'est qu'il ne comptait pas la laisser coucher ainsi... Il fallait faire ranimer le feu puis lui faire remplir un baquet d'eau chaude, accessoirement lui indiquer la porte de sa propre chambre... Non décidément, il ne comptait pas la laisser coucher ainsi.

Les flammèches vacillent, il la laisse prendre ses marques. La jeune femme a quelque chose d'étrange dans les gestes, mélange de retenue et d'audace justement, la dualité n'échappe pas à Judas qui saisira toutes les occasions qu'elle lui mènera sur un plateau.

Ses merci l'agacent, mais il le taira; pour le moment. Judas aime bien prendre sans demander, et le comportement similairement rendu ne lui déplait pas en certaines circonstances. Surprendre est toujours agréable, être surpris l'est plus encore. Baissant un peu le candélabre, il s'étonne lorsqu'elle lui demande d'aller au bois.

Suzanne, Suzanne... Et la sagesse s'enfuit.

Au bois? A cette heure?

C'est qu'après le coucher du soleil, il était plutôt malséant de sortir promener. A croire que la légende de la Meyre avait eut l'effet contraire que celui escompté. Judas se trouva penaud, réfléchissant bon gré malgré à cette demande saugrenue. Il ne cacha pas son hésitation, se grattant l'aile du nez en observant sa voisine. Le "Maintenant" était séduisant, il ressemblait au sien lorsqu'il galvanisait ses désirs despotes.

Mafoy, c'est complètement déraisonnable.


Il toussa, puis ajouta.

J'espère que vous savez monter à cheval... Nous irons avec la meute de vènerie, des fois que nous fassions une mauvaise rencontre.

Il fut avant de choisir la compagnie des limiers, tenté de faire mander le sénéchal. Mais l'idée d'aller le déranger au soir pour une farfelue décision qu'il ne manquerait pas de commenter l'en dissuada.
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Suzanne
Bien sûr que c'est déraissonnable, mais où est la limite du raisonnable ?

Amusée, elle regardait droit dans les yeux. Mais que lui passait donc t-il par la tête ? si elle l'avait encore, parce que là, on pourrait croire qu'elle avait tout bonnement perdu la raison.

Elle referma la porte de la chambre, se trouvant du fait très, trop proche de Judas..

A cheval ? oui, oui je sais.

Non, elle ne savait pas. Puis elle le suivit de nouveau, dans le dédal des couloirs, jusqu'à ce qu'il se retrouve face à une meute de chiens, pour le moins mpressionante. l'assurance éphémère de la brune s'était un peu évaporée sur les dalles, mais elle ne saurait reculer désormais.

Combien en avez-vous ?

Désignant d'une main timide la meute qui s'était agitée à l'apparition du Maistre.

Il choisit leurs accompagnateurs pour cette sortie des plus... des moins... enfin pas banale, et elle se laissa guider vers les écuries, bien que pas effrayée par la bête, (le cheval, pas Judas) elle n'avait aucune idée de comment mener la monture...
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