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[rp] L'invitation

Judas
Ha! Non, je ne parlais pas des lévriers...

Il eut un petit rire dénué de suffisance, entraina Suzanne au dehors en ayant pris soin au passage de se couvrir d'un garde corps aux emmanchures fourrées. On fit de même avec l'hôte, ce qui lui donnait un air plus costaude pour affronter le froid de cette fin d'hiver qui tenait encore ça et là quelques flaques gelées. Non loin d'une tour de garde il lui désigna des enclos où les limiers et les dogues s'affolèrent à leur vue dans une cohue de jappements. Certains, attachés par deux vinrent lier sur eux-même leurs lien de chanvre jusqu'à se retrouver étriqués, ce qui ne calma pas leur ardeur.


Ho la bonne question... Je ne sais, une soixantaine peut-être... En tout et pour tout.

Judas les découpla, ouvrit la totalité des portillons pour voir avec amusement une nuée de cabots s'envoler sur l'herbe figée du domaine comme autant d'abeilles sortir d'un essaim malmené. Le Von Frayner aimait trop la chasse pour ne pas s'enorgueillir d'une telle compagnie, bruyante et envahissante, qu'il se plaisait à comparer à celles de ses amis ou ennemis seigneurs. Il les observa tourner en rond la langue pendue pendant une bonne minute, avant de reprendre sa progression vers les écuries.

Sur la porte de bois qui protégeait les stalles et leurs pensionnaires, une chouette blanche était clouée par les ailes grand déployées, pour conjurer un mauvais sort quelconque. Judas avait sommé Moran de ne laisser en paix aucun oiseau de malheur des les granges et autres réserves de Petit Bolchen, il fut satisfait de constater que ce n'était pas parole veine. Lorsqu'ils pénétrèrent dans lesdites écuries, une salve de chaleur vint leur caresser les joues, chaleur animale, humide et lourde. Il y avait là une dizaine de montures de toute utilité, deux gros traits, trois palefrois et quelques destriers bien couvés par leur couvertures. Le seigneur jeta son dévolu sur deux de ces derniers qu'il s'enquit de seller en silence, méthodiquement.

Avec l'obscurité, on n'y voyait goutte, il chercha Suzanne des yeux pourtant, soucieux de ne pas la perdre de nuit sur les terres.

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Nous sommes les folles plumes des inspirations sans règles...
Suzanne
Resserrant les pans du vêtement dont on l’avait parée, le regard noir vagabonda sur les chevaux, qu’on l’on devinait plus qu’on ne les voyait. L’ouie aux aguets, le souffle des montures se faisait plus fort, résonnant en écho avec le léger cliquetis des harnais que Judas attachait, apparemment avec soin, vu le silence relatif qui régnait dans les écuries.

Le silence n’avait jamais gêné Suzanne, tant qu’il y avait une harmonie, une quiétude présente. Et là, étrangement et malgré la folie qu’ils s’apprêtaient à faire, car oui, partir dans un bois où erre une âme torturée en geignant sa peine, c’est une folie - la brune se sentait sereine…

Sérénité brisée d’un cran quand Judas mit en branle les montures harnachées pour les sortir de l’écurie. Elle se hâta de le rejoindre, car perdue une nouvelle fois dans ses rêves, elle s’était un peu éloignée de lui…Les volutes blanches qui s’échappaient des bouches trahissaient le froid qui mordait encore, mais l’excitation du moment faisait rempart, Suzanne ressentant plus de chaleur qu’autre chose.

Rênes lui furent tendues, le silence devenait presque amusement… deviner un sourire sur le visage du ténébreux seigneur devant l’infime hésitation de Suzanne à grimper sur le cheval…

Les chiens s’impatientaient, aussi, plus par peur d’agacer Judas, elle se mit en selle avec une aisance…. très relative.
Cuisses crispées sur le dos de l’animal, tenant les rênes courtes, elle tenta un :

Je suis prête !

La lune n’était pas pleine, la lueur qu’elle diffusait donna à l’expédition une atmosphère encore plus étrange.

Elle se pencha doucement sur l’encolure de l’animal, lui chuchotant : doucement hein… j’espère que tu connais le chemin, parce que je ne sais pas comment te mener !

Elle apprendra sur le tas…
Judas
( Témérité )

La maladresse n'avait pas échappé au Maistre, cette façon de monter comme une jouvencelle... Cette assiette mal assurée. Mais Frayner ne dit mot, plutôt surpris que la jeune femme s'essaye à une discipline qu'elle ne maitrise pas, par lubie d'exaucer une envie. Un désir valable est un désir immédiat parait-il...

Prenant la tête du duo, Judas ouvre le chemin à Suzanne, perché sur sa monture tranquille. Les sentiers de Petit Bolchen n'ayant pas de secrets pour lui, c'est un éclaireur avisé qui progresse au pas vers le bois qui empiète sur le terrain. Ils contournent le vivier endormi où la moitié de la meute plonge le museau, lapant bruyamment son eau claire.

Le Bois se dresse bientôt, majestueux, au devant de leur couple silencieux. Judas lance un regard par dessus son épaule, cherchant la silhouette de Suzanne, comme pour s'assurer qu'elle suit dans son sillon sans trop s'effrayer des bruits qui peuplent l'endroit objet de sa curiosité. Entre les arbres, une étrange musique alimente le mystère du bosquet, ce sont les mains de la nuit qui alimentent les peurs des hommes. Ils s'enfoncèrent lentement vers l'intérieur de la forêt, passant parfois par des endroits escarpés aux fourrés griffus, surprenant la chasse d'un hiboux ou la malice d'un renard supposé... Le seigneur ralentit à hauteur d'une muraille, marquant les limites de Petit Bolchen, au delà la lumière de la lune n'éclaire plus assez suffisamment les talus pour continuer d'avancer, les reliefs environnants s'effaçant, noyés par la densité des arbres centenaires, engloutis par leur ombre. Quelque part, l'oubli d'une torche n'était peut-être pas innocent. L'invitée n'avait pas idée des dangers réels que représentaient la ballade nocturne. Passé les gibiers dont il grouillait, évidemment...

Resserrant son col, il pointa du doigt le mur aux pierres grossièrement taillées, éventré par deux endroits et ouvrant un duo de portes improvisées vers le coeur du bois, noir comme le diable.


Ici s'achève mes terres. Derrière s'étale encore le bois sur une lieue jusqu'au village de Nevers...

Même les chiens ne franchirent pas la barrière invisible matérialisée par le mur aux deux mâchoires béantes, reniflant l'enchevêtrement de roc qui avait succombé aux intempéries et aux années. Le temps, ennemi mortel et intraitable qui emporte à ses filets toutes les frêles oeuvres humaines.

Judas se fige et se fond dans le paysage. Il couve l'âme blessée d'un regard incolore et aveugle.

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Suzanne
Dés que le cheval se mit à marcher, Suzanne crispa encore plus les cuisses, retenant un petit cri de surprise. Son corps se mit à dodeliner au rythme de la cadence de l’équidé… réalisant que ce dernier n’était pas plus à son aise qu’elle, elle rendit un peu de mou aux rênes, se forçant à se tenir le plus droite possible, mais ça, ce n’était pas gagné.
Elle se laissa toutefois envahir par l’atmosphère de ce qu’il l’entourait… dans le sillage du Judas, elle regardait de droite et de gauche l’environnement baigné de la lumière blanche qu’apportait la lune.
Le reflet étincelant du vivier fut troublé par les chiens, éclatant les diamants éphémères à sa surface…
La progression se faisait, lentement, dans un silence encore une fois relatif. Le bruissement des feuillages, les craquements des branchages… jusqu’à même deviner l’éclat d’une paire d’yeux d'un quelconque animal…

L’âme sylvestre enchante, hypnose…avant d’effrayer.

La muraille se dressait comme un avertissement… un frisson parcourut l’échine de Suzanne, cherchant la silhouette de Judas… une ombre noire se découpant sur la roche à peine plus claire, et la lune qui se jouaient d’eux, disparaissant partiellement derrière une écharpe de nuage…

A cet instant, la raison l’emporta sur la folie, nul esprit un peu censé ne s’aventurerait jamais au-delà de ce rempart…. sans torche !

Toute addiction aux choses peu communes qu’elle avait, elle talonna doucement sa monture afin de rejoindre Judas, l’appelant en un murmure…

Peut être est-il temps de rentrer maintenant ?

Les chevaux renâclaient un peu nerveusement, les chiens s’éloignaient… A cet instant, on aurait pu entendre la plainte d’une femme éplorée…. légende ou imagination… ?
Judas
Un sourire étrange s'accrocha à son faciès. L'invitée reculait. Enfin, du moins retrouvait un semblant de raison. Les chevaux se frôlèrent, puis se rapprochèrent jusqu'à ce qu'ils puissent sentir leur jambes se toucher. Le visage de Suzanne était diffus, ses traits avalés à demi par l'obscurité. Judas vint poser son index sur ses lèvres, écoutant le bruit inquiétant d'un oiseau de nuit semblable au cri lointain d'une femme éplorée. Peut-être était-ce là toute l'histoire d'une légende...

Rentrons.

Le chemin du retour fut moins paisible, accusant la nervosité des chiens qui se savent déjà condamnés à retrouver leur huis clos et l'empressement des chevaux à rentrer chez eux. Judas dut donner un peu de la voix, cette voix cassée qu'il a naturelle, pour calmer la meute. Lorsqu'ils retrouvèrent Petit Bolchen, l'heure était déjà avancée, et le Maistre fatigué. Il confia à Suzanne un trio de chandelles sur leur pied d'étain, là haut le feu avait été attisé avec soin et les édredons certainement posé devant l'âtre pour que l'hôte puisse se coucher avec la chaleur qui faisait défaut aux corridors du castel.

Le seigneur observa une dernière fois pour la nuit ce visage qui lui plaisait, chassant une mèche brune derrière son oreille féminine.


Vous avez éludé ma demande.

Par une jolie pirouette d'ailleurs, lorsqu'il lui avait proposé de rester à Petit Bolchen.
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Suzanne
Traîtres flammes qui vacillèrent légèrement au geste du Seigneur… Un frisson naquit dans la nuque de Suzanne pour descendre au creux de ses reins, aussi vite que le trouble déguisa ses yeux.

Oui… elle avait sciemment éludé le sujet. Au fond d’elle-même, elle savait que la réflexion n’avait pas besoin d’investigation trop poussée… bien que cela ne lui ressembla pas d’accepter des choses aussi… vite. Elle « vivait » dans une chambre à l’étage du Crapaud, n’ayant pour seul horizon que les murs de ladite taverne, et les étals du marché quand elle étouffait un peu.

Et Lui… Il était là. Ce fut suffisant pour la brune aux joues rouges…

J’accepte de rester... parmi vous.

*Avec Vous, Vous et vos serviteurs, ou nommés comme vous souhaitez, même si je ne connais rien de vous, ou presque. Vous êtes un mystère, Ténébreux Seigneur, et pour mon plus grand malheur… j’aime les mystères*.

Les yeux vrillés dans les siens, sentant le trouble la gagner graduellement, elle lui sourit doucement. Et de le suivre une nouvelle fois dans les dédales du castel, pour rejoindre l’aile isolée…
Judas
Ainsi s'achevait la première Nuitée de Suzanne au castel. Judas la raccompagna, il ne l'embrassa pas ni ne la toucha, se contentant de refermer sa porte avec des projets plein la tête. Les choses changeraient... C'était certain.

En attendant le seigneur regagnait sa couche vide, désertée par l'Anaon. Combien de jours qu'elle n'animait plus les dédales du chateau...? Combien de nuits que sa présence faisait défaut aux nuit de Judas? La Rose Noire l'avait vu trainer ses insomnies, et Nyam déverser sa frustration, pourtant la sourde et détestable impression de vivre en suspend grignotait toutes ses journées. S'occuper, oui, mais jusqu'à quand?

Il s'assit sur sa couche, les pensées ailleurs. On ne pleure pas son amertume lorsqu'on ne fait rien pour l'apaiser. Judas n'avait pas cherché à la retenir, encore marqué par les scènes tragiques qui s'étaient jouées en sa présence. La mort de l'engeance, la mort du cerbère... La mort, toujours et partout. Les mains elles, avaient retenu toute intention de lui écrire, occupées à jouir de la vie.

Ses yeux se fermèrent, il resta immobile à écouter le crépitement du feu. Le sommeil viendrait, tôt ou tard. Plus tard que tôt.

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